JohnSteed

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  • L'homme qui revient de loin

    Gaston Leroux

    6/10 Jacques de la Bossière et sa femme, Fanny, vivent dans la luxueuse propriété donnée par André, frère de Jacques. Avant son départ précipité, il leur a en plus confié les rênes de son entreprise prospère et la garde de ses deux enfants.

    Depuis, plus aucune nouvelle d’André… Enfin, si… La voisine, Marthe Saint-Firmin, jure que tous les soirs, son fantôme lui apparaît, traînant une chaîne aux pieds. Et ce spectre lui a parlé de son assassinat.
    Des révélations qui tourmentent fortement Jacques, qui confie à sa femme qu’il a tué son frère sur la route le conduisant à Bordeaux… Alors, les revenants existent-ils ? La communauté scientifique huppée de Paris s’en mêle…

    Entre loufoquerie et véritable mystère fantastique, L’homme qui revenait de loin reflète l’attrait et les théories du début XXème siècle pour l’au-delà. On sent à la lecture que Gaston Leroux s’amuse et on prend au second degré ces explications pseudo-scientifiques, nous lecteurs du XXIème siècle. Il y a malheureusement des longueurs (le livre ne comporte que 250 pages !) mais l’explication rationnelle sauve le livre.

    03/01/2021 à 16:21

  • Buveurs de vent

    Franck Bouysse

    8/10 Sandrine Collette et Franck Bouysse sont deux écrivains comparables. Outre leur indéniable talent, leurs histoires se veulent ancrées dans des espaces temps indéfinis. Cela en fait des œuvres atemporelles que l’on peut comparer aux contes et fables classiques.

    Buveurs de vent n’échappe pas à cette règle. Quatre jeunes de la même famille vivent leur jeunesse dans leur vallée enclavée, où la seule activité économique est rythmée par un barrage électrique et où le patron y règne en despote.
    Tous prénommés par leur mère selon les saintes écritures, Marc, passionné de littérature, Matthieu, amoureux de la nature, Mabel, jeune fille à la beauté troublante aussi bien pour ses frères que pour le village, et Luc, le simplet de la famille, voient leur jeunesse et leur innocence basculée après la mort de deux gardes forestiers.

    Véritable poésie sur la vie et la liberté, Buveurs de vent constitue un magnifique moment de lecture qui procure de véritables instants d’émotion, de plaisir et d’espoir. Moins fort que Né d’aucune femme, chef d’œuvre pour ma part, ce livre n’en est pas moins un livre aussi envoûtant que lumineux.

    02/01/2021 à 10:36 5

  • Un homme dans la brume

    Dorothy B. Hughes

    9/10 Avec ce roman noir, on plonge dans l’atmosphère des 50’s à LA. Des images viennent à l’esprit à la lecture de cette ville et de cette époque : les grosses voitures, les aspirantes stars hollywoodiennes, les pin-ups, le soleil, les plages à perte de vue… Cette ambiance d’après-guerre, où tout sourit aux audacieux. Mais si Dorothy B. Hughes prend ce cadre paradisiaque c’est pour mieux peindre le portrait d’un démon.

    Dickson - alias Dix - Steele, un ancien GI, séjourne dans un appartement prêté par un ex-copain d’armée, Mel Terriss, parti quelques mois à Rio. Prétextant l’écriture d’un roman policier, il a obtenu le soutien financier (trop faible) de son oncle. Il aspire à vivre sans travailler, à lever les filles, à passer les soirées aux différents clubs des célébrités. Il se rapprochera de son ancien ami, Brub Nicolai, devenu inspecteur de police. Mais Dix Steele a des pulsions meurtrières rapportées de la Guerre. Et les belles et jeunes filles de LA en seront les victimes. On découvre ainsi, page après page, l’image de ce psychopathe, que Dorothy B. Hugues nous dépeint de l’intérieur. L’auteure américaine trouve le ton et les mots justes, tout en retenu, pour faire de ce roman noir un classique.

    27/12/2020 à 17:58 7

  • La Cinquième femme

    Henning Mankell

    8/10 Wallander, à peine rentré de son voyage d’Italie passé avec son père, est confronté à un meurtre des plus atroces : un amoureux des oiseaux, poète et ancien marchand de voitures est retrouvé empalé sur des pieux dans un fossé creusé sur sa propriété.
    Il sera suivi d’un autre crime des plus abominables : un amateur d’orchidées a été retrouvé étranglé ligoté après plusieurs jours de séquestration.
    Qu’est-ce qui relie ces deux assassinats ? Car Wallander est persuadé qu’une seule et même personne est derrière tout cela. Dans une Suède en profonde mutation, où le célèbre enquêteur constate de manière impuissante la montée en force de la violence, les milices s’organisent dangereusement. La vie continue malgré tout pour Wallander qui voit sa vie amoureuse mise en pause et le décès de son père.
    La cinquième femme n’est pas un roman phare de la série « Wallander » mais Henning Mankell sait dépeindre voire dénoncer l’évolution que prend son pays. Certains regretteront la lenteur de l’enquête, les autres, les amateurs de l’auteur suédois, prendront le temps de savourer chaque phrase, d’apprécier chaque mot, et de voir combien Mankell voyait avec lucidité et justesse le virage sociétal du monde.

    25/12/2020 à 19:47 6

  • L'affaire Clara Miller

    Olivier Bal

    8/10 Première incursion dans l’œuvre d’Olivier Bal avec la lecture de cette « Affaire Clara Miller » aux résonnances helvétiques de Joël Dicker. Et pas que dans le titre, je trouve. La structure de l’histoire se rapproche du style de l’écrivain suisse avec cette narration polyphonique et ces des aller-retour dans le temps. Voilà pour la forme : sans originalité.

    Ce qui a sauvé ma lecture, ce sont l’histoire et les personnages tout aussi intrigants qu’attachants. Mon attrait pour le rock et son univers fascinant a été plus qu’assouvi. On découvre page après page l’histoire de cette rock star, les groupies, … Sex, drogue & rock’n roll !!! Voilà pour le fond. Ah oui ! Il y a cette enquête sur les suicides de jeunes filles, autour de ça. J’ai passé somme toute quelques soirées agréables en lisant cette affaire Clara Miller.

    29/11/2020 à 17:05 7

  • Ésaü

    Philip Kerr

    7/10 Etre légendaire voire mystique ayant fait l’objet de beaucoup de croyance, de doute, de conjecture, le yéti ou « l’abominable homme des neiges » (quelle affreuse définition) fascine autant qu’il peut faire sourire.
    C’est la quête de cet anthropomorphe que Philip Kerr prend comme thème dans ce livre. Le lecteur est loin des enquêtes de Bernie Gunther, ce personnage au cynisme attachant. Ici on est plus proche de la quête d’un sens à la vie, de la recherche philosophique de l’humanité, du haut du Machapuchare, cette montagne sacrée et interdite des Annapurnas. Si on prend un cours de philosophie, l’auteur britannique nous sèmes de leçons de paléoanthropologie et d’alpinisme. Un peu déconcertant au premier abord, mais la magnifique plume de Kerr rend ludique cette entreprise.

    29/11/2020 à 16:45 4

  • Le Tueur intime

    Claire Favan

    8/10 Ma rencontre avec ce Tueur intime est grâce/à cause d’Olivier Norek. Dans son livre Surface, Norek, non dénué d’humour (noir, bien sûr !), s’est amusé à mettre Claire Favan au cimetière. Hommage ou non (ils régleront ce sujet entre eux), mon sens de la curiosité n’a fait qu’un tour. Je me suis lancé dans la lecture du Tueur intime de Claire Favan.
    J’en suis ressorti mitigé. Car ce livre a les défauts de ses qualités. Le sujet des tueurs en série est usé jusqu’à la trame. Mais quand il est bien exploité, comme c’est le cas ici, la lecture est intéressante. Ecrire un livre de 700 pages sur le sujet, obligatoirement, il y a des longueurs. Mais le style de Claire Favan permet de digérer cette lourdeur. Il exploite toutes les ficelles pour accrocher le lecteur à l’histoire (le méchant, le gentil et au milieu la belle princesse qu’il faut sauver. Et au final, ils se marièrent et eurent… vous la connaissez la suite), mais il y a de l’originalité (le lecteur peut se trouver dans la tête du tueur).

    Au final, ce Tueur intime ne rentrera pas dans le classement dans mes livres les plus mémorables, mais il m’a permis de passer un agréable moment de lecture. Ce qui est déjà pas mal.

    20/11/2020 à 17:13 4

  • L'Affaire Isobel Vine

    Tony Cavanaugh

    8/10 C’est dans son ancien commissariat que Darian Richards revient. Mais pas en tant que retraité. Son ancien chef, Copeland, lui demande de reprendre du service à Melbourne, pour rouvrir une ancienne affaire : le meurtre d’Isobel Vine. Cette jeune fille d’à peine 20 ans avait été retrouvée pendu à sa porte de chambre, avec une cravate. L’enquête menée il y a 25 ans n’avait pu conclure à un suicide, à un accident d’un jeu sexuel, ou à un meurtre. La fille venait d’être arrêtée pour possession de drogue, suite à son séjour en Bolivie. Et les flics mettaient la pression sur Isobel pour dénoncer les commanditaires. Alors qui de son professeur avec qui elle entretenait une relation, son petit ami jaloux, les trafiquants locaux ou les flics pourraient l’avoir tuée ? Puisque des flics sont dans le giron de l’enquête et qu’il convient de les blanchir pour pouvoir assurer le remplacement du commissaire Copland, ce dernier demande à Darian Richards de reprendre l’enquête.

    Moins rythmée que les premières enquêtes de Darian Richards, L’affaire Isobel Vine n’en est pas moins prenante. On retrouve avec plaisir les différents protagonistes (la belle et troublante Maria, le talentueux geek Isosceles) dans cette enquête palpitante et aux multiples (trop ?) rebondissements. Par moment, on a le sentiment que Tony Cavanagh veut en faire trop. Pas grave. Si on a été séduit par La Promesse et Requiem, on ne pourra que savourer cette affaire Isobel Vine (et inversement).

    15/11/2020 à 18:32 3

  • Requiem

    Tony Cavanaugh

    8/10 Darian Richards poursuit sa retraite, retranché dans la Sunshine Coast, près de la Noosa. L’Australien qui se qualifie comme celui qui agit avant de réfléchir est appelé par Ida, une jeune fille qu’il a aidée quelques mois plus tôt. « Darian, il faut venir. Vous seul pouvez m'aider. Il y a tellement de corps ! » La conversation est coupée. Arrivé sur les lieux, il découvre le cadavre du policier dont il avait sollicité l’intervention, ceux de deux jeunes, et le portable d’Ida, près des corps. Mais pas de trace de la jeune fille. Darian Richards, ex-flic sans foi ni loi, va employer les services de son inséparable geek, Isosceles, et de la belle policière, Maria, pour retrouver la disparue. Il comprendra qu’il va mettre les pieds dans un trafic de filles, dans lequel les flics corrompus ne sont jamais loin.

    Lire Tony Cavanaugh c’est s’offrir un moment de fraîcheur, de détente. L’écriture de l’Australien favorise le rythme à la réflexion, renforcée par son personnage attachant et outlaw : Darian est le mélange entre Bernie Gunther pour ses propos acerbes et Harry Bosch, pour le flic que rien n’arrête. Et si par moment Tony Cavanaugh revêt l’habit de guide touristique pour nous faire découvrir la Gold Coast du pays des kangourous, cela ne fait qu’accentuer le plaisir de cette lecture. Une lecture plaisante.

    15/11/2020 à 18:10 4

  • Surface

    Olivier Norek

    7/10 Noémie Chastain, capitaine à la brigade des stups au 36, est renommée et appréciée. Lors d’une intervention, elle reçoit une décharge de plombs au visage. Verdict sans appel : défigurée. Après quelques semaines d’hospitalisation, elle reprend du service. Mais personne n’ose la regarder en face. Y compris son fiancé. Ses supérieurs choisissent de l’écarter en l’envoyant dans un commissariat de l’Aveyron, à Decazeville. Elle a pour mission officielle de faire un rapport en faveur de la fermeture du poste de police locale.

    Si son arrivée est difficile pour elle, No (comme elle aime désormais s’appeler, laissant pour morte son autre Noémie) est assez bien accueillie, même si ses méthodes parisiennes font sourire ses collègues. Lors d’une partie de pêche, un habitant découvre un fût. Il provient de l’ancien village d’Avalone qui a été submergé avec la création du barrage. A l’intérieur, se trouve les restes du corps d’un des trois enfants du village disparus en 1994. Mais où sont les deux autres ? Il ne reste qu’à vider le lac. Et c’est toute la vérité, ensevelie avec l’ancien village, qui fera surface.

    Polar lu en moins de 24h. Tous les éléments d’un page-turner sont présents : chapitres courts et rythmés, empathie pour le personnage principal, cold case avec des enfants, sans oublier la rubrique « fleur bleue »,… J’ai eu plaisir à enchaîner les pages, à découvrir l’intrigue, et les personnages même si j’avais un sentiment de déjà lu. Pas de surprise, sauf celle de voir Olivier Norek faire un clin d’œil à ses collègues Claire Favan et Jacques Saussey enterrés dans le cimetière d’Avalone.

    25/10/2020 à 19:06 5

  • La Nuit de l'accident

    Élisa Vix

    8/10 Pierre, fermier cantalien, traverse un moment délicat. Il est sommé par les contrôleurs environnementaux de mettre aux normes l’exploitation familiale. Et son couple en pâtit. Sa femme, la belle Nat, (trop belle pour lui ?) attend peut-être trop de lui. Le jeune Momo, venu en camp de vacances de sa banlieue parisienne, est vu comme un peu d’oxygène. Pour lui qui prend en exemple, son oncle, ancien résistant de la 2nde Guerre mondiale, un héros mort au combat, la lutte devrait être un leitmotiv. Mais il préfère se taire et subir. Un lâche ?

    Nat, vétérinaire, est harcelée sexuellement par son patron. Et délaissée par Pierre. L’arrivée d’un séduisant campeur va troubler les sens de Nat. Et au milieu de tout ça, un mystérieux accident survenu dernièrement va bouleverser cet équilibre précaire.

    Elisa Vix livre un roman attachant. Racontée à deux voix (Pierre et Nat expriment de manière alternative leur point de vue sur les événements, retracent leur vie, leur amour…), l’histoire est captivante, tant on veut en connaître plus sur cette nuit de l’accident. Petit à petit, on découvre la personnalité des deux protagonistes et on en apprend plus sur ce mystère. Mais surtout, ce qui fait de ce livre un polar à part, on se prend en pleine face un final aussi inattendu que terrifiant.

    23/10/2020 à 10:50 9

  • Bergelon

    Georges Simenon

    8/10 En ce dimanche matin, le Docteur Bergelon, médecin de famille dans cette ville provinciale de Bugle, se réveille avec la gueule de bois. Ce n’est pas tant la soirée très arrosée de la veille que l’accouchement malheureux de Mme Cosson qui le met dans cet état : l’enfant et la mère sont décédés. Le mari demande des comptes à Bergelon et le menace de mort. C’est l’effondrement pour Bergelon. Il se rappelle la soirée où le Docteur Mandalin, chef de la clinique, avait voulu fêter leur partenariat. Ils avaient bu plus que de raison, et repoussé l’accouchement de Mme Cosson.
    Mais cette menace, Bergelon la voit de manière positive. Et si c’était après tout un mal pour un bien ? Une ouverture vers la liberté, sa liberté ?

    Avec Bergelon, Simenon nous dépeint un homme prisonnier des valeurs de la société, de ses principes et obligations. Mais peut-on vraiment s’affranchir de notre vie ? L’auteur belge nous offre une merveilleuse introspection d’un homme en pleine période de crise identitaire.

    23/10/2020 à 10:13 3

  • Cour d'assises

    Georges Simenon

    9/10 Louis Bert, dit Petit Louis, est un jeune paumé crâneur qui a lâché son petit travail de menuisier. Il préfère jouer au loubard, et se met en contact avec le Milieu de la Côte d’Azur. Mais il n’est pas pris au sérieux. Il joue au mac avec Louise. Mais surtout il se met à courtiser Constance Ropiquet, alias la Comtesse d’Orval, avec qui il s’installe à Nice. S’il abuse des biens de la veuve, c’est de manière complétement nonchalante qu’il demande à Louise de venir avec le couple hors norme. La Comtesse ferme les yeux, le jeune homme restant à ses yeux unique et séduisant. Mais quand la veuve est assassinée, Petit Louis n’a pas d’autre choix que de faire disparaître le corps s’il ne veut pas être accusé. Il profite de cette disparition pour imiter la signature de la morte pour s’accaparer son argent. La police qui le surveillait pour un vol commis quelques semaines plus tôt, l’arrête. S’ensuit le procès où le juge d’instruction s’emploie avec acharnement et zèle à rendre coupable Petit Louis aux yeux de la cour d’assises.

    On tient ici un très bon roman du Belge. Découpé en deux parties, on suit d’une part les magouilles de Petit Louis et d’autre part son procès ou plutôt un simulacre de justice humaine que Simenon, avec toute la qualité qu’il peut déployer, tourne en dérision.

    17/10/2020 à 18:04 3

  • Trop de morts au pays des merveilles

    Morgan Audic

    7/10 Pas évident de faire la comparaison entre De bonnes raisons de mourir avec lequel j’ai découvert Morgan Audic, et ce livre, le premier de l’auteur. Je n’aurais certainement pas lu Trop de morts au pays des merveilles si je n’avais pas beaucoup apprécié le lauréat du Prix Découverte 2019 de Polars Pourpres. Alors pourquoi comparer, vous pouvez me rétorquer ? Parce que la nature humaine (du moins la mienne) est ainsi faite, pourrais-je vous répondre !

    Si De bonnes raisons de mourir offre un cadre et des personnages assez extraordinaires (au sens littéral du terme), ici Morgan Audic offre un polar « classique ». Paris, un avocat, Christian Andersen cherche désespérément sa femme disparue. Ses recherches le font tomber sur des femmes assez proches physiquement sans être sa femme. Et ces personnes vont être tuées. Tout accuse l’avocat. D’autant qu’un procureur veut sa peau. La police enquête sur des cadavres retrouvés en forêt pour lesquels elle soupçonne un tueur en série déjà emprisonné, le « marionnettiste ». Une ancienne flic, Diane, qui suivait l’affaire et qui a été écartée, est sollicitée par l’équipe de flics pour collaborer à l’enquête.

    L’histoire est rondement bien menée. On trouve les prémices du talent de l’auteur. Mention spéciale au trip psychédélique de Christian Andersen… Mais la fin ne rend pas hommage aux attentes du lecteur : la fin « western » où ça tire ça flingue à tout va, et l’aveu du père qui explique toute l’histoire… Pas pour moi.

    10/10/2020 à 19:47 8

  • Fakirs

    Antonin Varenne

    7/10 Fakirs propose une rencontre improbable entre deux policiers chargés des suicides, Guérin et son larbin, Lambert, et John, un Franco-Américain qui vit reclus dans une cahute de Peaux-Rouges au fin fond de la campagne du Lot. C’est l’enquête sur la mort de l’ami de John, Alan Mustgrave, un showman fakir, qui va réunir ces personnages décalés.

    C’est prenant, on suit l’enquête avec intérêt grâce surtout ces êtres décalés et abimés. Fakirs ne fera pas parti des livres incontournables du polar mais sa lecture ne laisse pas insensible aux amateurs des personnages cassés et hors normes.

    10/10/2020 à 19:05 2

  • A coeur perdu

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    6/10 Eve est une chanteuse à succès des chansons écrites par son mari, Maurice Faugères, compositeur talentueux. Leur couple, comme une concession mutuelle, connaît des histoires parallèles. Maurice a séduit sa nouvelle protégée, Florence Brunstein, et Eve a pour amant, un jeune pianiste ambitieux, Jean Leprat. Lors d’une explication dans laquelle Maurice voulait qu’Eve revienne à lui, Jean tue Faugères. Il arrive à maquiller le meurtre en accident de voiture.
    Mais quelques jours après la mort de Faugères, une nouvelle chanson de l’auteur arrive par courrier à Eve et Jean. Comme un pied de nez à l’amour des amants, chanté par Florence, ce morceau est diffusé sur les radios, et devient un immense succès. Mais qui a envoyé cette lettre ? Est-ce l’imprésario ? Et si Maurice n’était pas mort ? D’autres lettres avec des disques où Maurice parle à Eve arrivent. Il annonce qu’il va tout dénoncer au procureur. Les amants sont sous pression. Et leur amour est mis à l’épreuve.

    L’histoire débute vraiment bien : on retrouve les ingrédients (la dissimulation du crime) qui a fait de Les Diaboliques un succès. On espère ainsi avoir entre les mains un autre chef d’œuvre. Sauf que l’histoire s’essouffle. Les auteurs proposent une approche plus sentimentale que psychologique de cette histoire. Dommage.

    10/10/2020 à 18:08 2

  • Le sang ne suffit pas

    Alex Taylor

    7/10 Dès les premières lignes de ce roman d’Alex Taylor, la qualité d’écriture de l’auteur nous émerveille. C’est beau, voire poétique. Et l’histoire de ces personnages durs, empreints d’une violence nécessaire pour survire dans cette contrée hostile rend hommage à la pensée chère à Hobbes.

    Dans ces montagnes enneigées de la Virginie, en cette moitié du XVIIIème siècle, Reathel et son chien vont être confrontés à la méchanceté et la perversité de l’être humain. Pour sauver leur vie, les hommes d’un fort ont promis à Blacktooth, le chef de la tribu des Shawnees, l’enfant à naître de Della. Dans ce monde sans foi ni loi, chacun défend ses intérêts avec ses propres valeurs (humaines ou pécuniaires) et convictions. Et, selon la logique de l’espèce humaine, le sang va couler.

    Si Alex Taylor signe avec Le sang ne suffit pas un roman fort, on ne peut que regretter l’absence d’originalité dans le thème et dans le style. Le western et notamment la période des pionniers américains a le vent en poupe depuis quelques années dans le monde de l’édition. En lisant ce livre, je n’ai pu m’empêcher de le comparer à, entre autres, Wilderness de Lance Weller et à Dans le grand cercle du monde de Jospeh Boyden. Mais, comparé à ces livres monuments, le second opus d’Alex Taylor est loin d’arriver à tant de magnificence.

    30/09/2020 à 15:55 6

  • La Terre des morts

    Jean-Christophe Grangé

    7/10 A chaque nouvel opus, Grangé tisse l’intrigue autour d’un thème de prédilection : le Japon et ses codes d’honneurs dans Haïken, le Diable et les anges dans Le serment des limbes, … Et, à chaque fois, le thème y est décrit avec tant de détails, de précisions, qu’on a le sentiment de suivre un cours. Mais Grangé a l’art et la manière de rendre cette leçon agréable et ludique. Oui, il est romancier, auteur de polars.

    Dans La terre des morts, on rentre dans le monde du SM, du bondage mais également dans l’Art de la peinture. Même si les résumés soulignent avec, parfois, trop de prévenance, la présence de scènes politiquement incorrectes, de pratiques sexuelles « hors normes », l’écriture de Grangé est, malgré tout, mesurée et polie. Mais comme on dit : les goûts et les couleurs… Sinon, allez lire 50 nuances de Grey si ce n’est pas trop « hard »…

    On retrouve également dans ce livre le fameux policier rebelle, Corso, à la gueule d’ange mais aux mœurs dissolues ; au passé malheureux et à l’esprit « no futur » ; à celui qui a sacrifié sa vie de famille pour sa vocation de flic mais qui veut se racheter auprès de son fils ;… Oui, c’est stéréotypé à souhait.

    Malgré tout, La terre des morts propose une lecture intéressante et une histoire qui se laisse lire. Et j’ai trouvé pour ma part la connexion (même fictive) des meurtres avec le peintre Goya assez intéressante. Je passerai, cependant, sous silence le non-sens du mobile du meurtrier. Mais c’est comme la perception des pratiques sexuelles, c’est complément subjectif.

    25/09/2020 à 14:24 3

  • Battues

    Antonin Varenne

    9/10 Rémi Parrot est agent de l’ONF, dans son pays d’origine, la Creuse, entre le Parc Naturel Régional et les Pierres Jaumâtres, où l’on peut voir au loin la Chaîne des Puys. Défiguré suite à un accident agricole à son adolescence, Rémi vit seul sur l’ancienne ferme familiale : plus de parents, une sœur avec qui il n’a que des relations épisodiques, et un amour de jeunesse, Michèle trop belle pour lui et pour le pays, et pour qui il n’a plus que de faibles espoirs. Surtout qu’elle a pour patronyme Messenet, une famille qui se dispute, avec les Courbier, les terres du pays. Alors Rémi se réfugie dans son métier qui lui permet de plonger corps et âme dans cette nature aussi belle que secrète.

    Quand Philippe, le collègue de Rémi, disparaît, il redoute le pire. Et le dossier sur lequel Philippe travaillait en douce, un projet touristique sur les terres des Courbier, ne fait qu’empirer les craintes de Rémi, d’autant qu’il devient la cible lors d’une battue aux sangliers. Il lui tient à cœur de faire la lumière sur cette disparition qui ne va être que la première étape à une série de drames.

    Battues est une très belle ode noire au milieu rural avec ses affaires de famille, la puissance des notables locaux, ses règlements de compte, la haine des étrangers au pays,… L’écriture d’Antonin Varenne est aussi belle (les descriptions de la nature) que tendue (l’enquête et l’histoire sont bien menées au lecteur). Aucune longueur. L’intrigue est maîtrisée. Je découvre avec ce roman noir cet auteur dont je vais continuer de lire ses autres œuvres, sans aucun doute et avec beaucoup d’excitation.

    20/09/2020 à 19:26 6

  • Marseille 73

    Dominique Manotti

    9/10 A la suite de ma lecture de Le corps noir, ma première rencontre littéraire avec l’auteure française, j’écrivais pour souligner la note que je lui attribuais que « Dominique Manotti rendait avec justesse compte de la tension de l’époque ».

    Je partage encore cette vision suite à la lecture de Marseille 73. J’ai eu le sentiment de lire un documentaire. Mais pas au sens péjoratif, lourd et pénible que je peux avoir de ce style littéraire.

    Non, la lecture de ce roman social noir est très addictive tant la peinture de l’époque est bien détaillée, les personnages bien précis. Et encore une fois, Dominique Manotti nous plonge dans l’ambiance tendue, lourde et chargée de racisme, d'assassinats, de corruption et de trafics en tout genre. Mais pas facile de ne pas tomber dans les clichés, les stéréotypes, quand on s’attèle à ces sujets ultra-exploités. Dominique Manotti arrive à nous séduire. Marseille 73 est indéniablement un polar ambitieux et réussi.

    18/09/2020 à 15:22 9