QuoiLire

361 votes

  • Camisoles

    Martin Winckler

    7/10 Comme à chaque fois Martin Winckler par le biais d'un roman policier cherche à dénoncer les dérives du monde médical dans les pays occidentaux et plus particulièrement la France. Mais cette fois-ci, si le roman date de 2008, je le trouve particulièrement d'actualité.

    Tout d'abord en introduction du roman, l'auteur positionne la France au lendemain d'un mouvement politique qui a mis en place un président avec une majorité forte à l'Assemblée Nationale; la castration chimique pour les auteurs de délits sexuels, ou encore les scandales sanitaires en démontrant les méthodologies des études "scientifiques" pour constituer le dossier destiné à la mise sur le marché d'un médicament.

    Heureusement pour les amateurs de romans policier, Martin Winckler nous offre une histoire intelligente, drôle, à la limite de parodier des classiques du genre. Si l'on retrouve bien le juge Watteau et le médecin légiste Charly Lhombre, les principaux personnages de Mort In Vitro, Camisoles est un roman autonome et ne tire pas de lien avec son prédécesseur. On notera au passage quelques clins d’œil à Bruno Sachs.

    Même si ce roman n'offre pas l'énigme la plus inextricable, on passe un bon moment à le lire. Le style de Martin Winckler est impeccable, fluide et agréable.

    26/05/2018 à 21:13 3

  • Le Manuscrit inachevé

    Franck Thilliez

    7/10 Que dire de Franck Thilliez que nous n'ayons pas dit : que c'est un écrivain de thrillers formidables, qui maîtrise parfaitement le style de cette littérature, qui sait habilement donner tous les indices pour résoudre un énigme tout en jalonnant son récit de fausses pistes, qui dresse des personnages consistants, réfléchis, vivants, sensibles et abîmés mais plein d'humanité, qui dresse deux histoires en parallèle sans rapport logique en apparence mais qui forcent le lecteur à tourner les pages.

    Mais cette fois-ci, Franck Thilliez est plus retors : mêlant fiction et réalité, tout en rendant hommage aux plus grands du roman policier, par exemple, en donnant comme noms de code à ses personnages les patronymes des personnages des fictions de Sherlock Holmes, Franck Thilliez joue avec le lecteur. car au final qu'est-ce que lecteur désire plus que tout en lisant un thriller, trouver la solution à l'énigme. or il se trouve que pour narguer son lecteur, non seulement Franck Thilliez annonce la couleur dès le début du roman, mais en plus, rappelle tout au long du livre les indices en les soulignant.... peut être un peu trop à mon goût.

    Malheureusement, bien que tous les ingrédients soient présents pour faire un excellent roman, il y a un je-ne-sais-quoi qui fait que la mayonnaise prend moins bien que pour les autres romans. Est-ce l'absence de Sharko et Henebelle ? Est-ce cette idée de manuscrit inachevé qui n'apporte rien au récit, mais perturbe plus le lecteur qu'autre chose, l'empêchan de se projeter dans l'histoire ? Aucune idée mais je n'ai pas retrouvé dans ce roman la petite étincelle qui rend d'habitude les romans de Franck Thilliez magiques.

    Mais encore une fois, c'est un très bon roman qui vaut bon nombre de thrillers présents sur les bacs des libraires.

    Serait-ce le succès d'Entre deux mondes d'Olivier Norel, mais tous les derniers romans que j'ai lu se déroulent à un moment ou à un autre entre la baie de Somme et Calais : La nuit de l'ogre de Patrick Bauwen, 7/13 de Patrick Saussey, et Le manuscrit inachevé de Franck Thilliez. Ces auteurs se rencontrant souvent dans des salons, je suis venu à me demander s'ils ne s'étaient pas lancé un petit défit : que le roman se déroule dans la Côte d'Opale et ses envions proches. Et comme cela est plutôt la région favorite de Franc Thilliez, je penserais qu'il est l'instigateur.

    21/05/2018 à 22:14 6

  • La Nuit de l'ogre

    Patrick Bauwen

    8/10 Patrick Bauwen semble se plaire à rester en France (quoique) en place de son territoire favori les Etats-Unis. Après Le jour du chien, l'auteur poursuit sa série du Chien avec La nuit de l'ogre. Cependant dans ce second tome (est-on en droit d'en espérer au moins un autre ?), le Chien n'est pas au centre de l'aventure, mais seulement comme un élément connexe, secondaire. Ce qui n'est pas sans nous déplaire car cela donne à ce personnage une dimension supplémentaire : un être de l'ombre, qui a l'intelligence de n'intervenir que quand il l'estime nécessaire, et donc qui peut avancer ses pièces de manière cachée.

    Dans La nuit de l'ogre, on retrouve également Chris Kovac, ce médecin charmant, curieux de tout, qui pour rendre service à sa collègue de travail, part à la recherche de sa fille portée disparue. Mais cette fois-ci, sauf au démarrage de l'histoire, le lecteur ne va plonger dans les bas fond de Paris, mais dans les bas fond de la société et de son rapport avec les morts. Je ne peux en dire plus de peur de dévoiler une grosse partie de l'histoire. Mais le domaine dans lequel Patrick Bauwen entraîne son lecteur m'était inconnu, tout comme je pense pour la majeure partie de son lectorat. On sent que l'auteur s'est documenté sur le sujet pour nous en retransmettre toute la substantifique moelle.

    Lui-même étant médecin urgentiste et responsable d'un service d'urgences dans une clinique à L'Isle-Adam en région parisienne, l'auteur nous fait également bénéficier de son expérience du milieu hospitalier et des confréries estudiantines. D'ailleurs il ne manque pas de faire quelques clins d’œil à ceux-ci. On ne peut que se demander si le rythme de vie et le "régime alimentaire" de Chris Novac s'inspirent d'une connaissance professionnelle de l'auteur.

    Même si dès ses premiers romans Patrick Bauwen avait montré un sens aigu du suspense et une maîtrise du rythme donné au roman, il faut l'avouer, de roman en roman, le niveau monte. Les personnages sont solides et s'étoffent encore un peu dans ce second tome. L'écriture est parfaite, d'une grande fluidité; les yeux glissent sur les pages et au final les 500 pages sont rapidement lues. Il est intéressant de voir l'affaire au travers des différents points de vue des personnages qui alternent au fur et à mesure des chapitres. On remarquera que pour accentuer la projection du lecteur dans le roman, l'utilisation de la première personne du singulier est toujours employé lorsqu'il s'agit de Chris Kovac.

    L'intrigue est bien ficelée mais je formulerais un petit reproche à l'auteur qui ne nous donne pas tous les éléments nécessaires pour solutionner l'énigme; mais à près tout, le héros a les mêmes et trouve bien le coupable (certes il est un peu aidé par Patrick Bauwen). Ou encore sur la description un peu légère de la Croix de Cayeux sur Mer qui ne nous permet pas d'imaginer son aspect réel... mais cela est anecdotique.

    En conclusion, un excellent roman qui pourra vous accompagner à la plage cet été... si vous résistez à la tentation de le lire d'ici-là. Et c'est donc avec une réelle impatience que j'attends le troisième tome de la série du Chien.

    13/05/2018 à 15:08 4

  • Signe de vie

    José Rodrigues dos Santos

    5/10 J.R. dos Santos ne déroge pas à ses principes : fournir annuellement un gros pavé (presque 700 pages pour Signe de vie) mêlant aventure et intellect.

    Cette fois-ci on abandonne les religions et la théologie (quoi que comme dit l’adage : chassez le naturel, il revient au galop) pour une approche beaucoup plus scientifique : l’origine de la vie. Aussi les deux premiers tiers du roman prend la forme d’échanges entre scientifiques et, ou, personnes cultivées sur les possibles origines de la vie et les théories permettant d’expliquer les signes de vie extra-terrestres. Si cette partie est très intéressante et que la vulgarisation des théories et concepts scientifiques parfaitement réalisée, il n’en est pas moins lassant que cela s’étire sur les 400 premières pages du roman. Par conséquent, il faudra attendre le dernier tiers du roman pour avoir un peu d’actions en propulsant le roman dans l’espace, ce qui paradoxalement donne une grande bouffée d’air au lecteur.

    L’écriture, et donc la traduction, est toujours aussi impeccable et d’une grande fluidité; ce qui n’est pas chose aisée pour l’exposition des théories scientifiques. Aussi ne faut-il pas se laisser impressionner par l’épaisseur du livre, les pages défileront; quitte à ce que le lecteur lassé par la partie théorique la saute, quitte à y revenir un peu plus tard. Le scenario est habillement construit même si celui-ci est un peu trop linéaire à mon goût, sans grande surprise, même dans le final.

    Le lecteur habitué aux romans de J.R. dos Santos retrouvera avec grande joie le héros favori de l’auteur, Tomás Noronha, de le voir plonger dans cette aventure et de suivre sa vie. On est cependant toujours un peu surpris de voir l’homme de connaissances en histoire et en cryptanalyse, être également à l’aise et aux faits des théories d’astronomie et de physique.

    Le principal intérêt que j’ai vu à lire ce roman est la partie sur la préparation des hommes de l’espace. Bien que celle-ci soit partielle dans le contexte du livre, c’est avec plaisir que nous découvrons les protocoles, entraînements et autres modalités auxquels doivent se soumettre ces aventuriers de l’espace avant d’intégrer une mission. L’auteur dévoile avec grand humour certains aspects « techniques » sur les commodités sur lesquelles nous nous sommes toujours interrogé.

    Enfin, nous ne pouvons que faire un rapprochement au dernier Dan Brown, Origine, qui traite sensiblement du même sujet : l’origine de la vie. Contrairement à ce dernier, Signe de vie est bien meilleur à de nombreux points de vue : la présentation des concepts scientifiques est bien plus accessibles et facilement illustrées pour leur compréhension, sans que l’on est l’impression lire une encyclopédie. L’aspect science-fiction est réduite à l’essentielle donnant à la fois plus de réalisme à l’histoire et facilitant le lecteur à se projeter dans celle-ci.

    En conclusion, si ce n’est pas le thriller de l’été par son manque de suspense et de son poids difficile à trimballer sur les plages, Signe de vie est intéressant par l’aspect scientifique sur les origines de la vie qu’il nous présente.

    09/05/2018 à 09:32 3

  • Le Silence des loups

    Eric Robinne

    3/10 Si le roman commence bien et fait appel à un sujet original le clonage, on arrive rapidement à un roman qui file en ligne sans surprise, sans originalité, et parfois à peine crédible (genre le souterrain proche d'un monument touristique qui n'aurait pas été visité depuis 50 ans). Bizarrement, on continue à lire en espérant que le roman ait une nouveau souffle dans la seconde moitié, mais quelle déception.

    Les personnages sont d'un cliché sans comparaison : le héros principal est une sorte de flic, tout juste sorti de l'école, à l'ego surdimensionné qui ne semble plus avoir connaissance des procédures légales dès qu'il est en vacances. Un sorte de John MacLane à la française qui n'a pas peur aux yeux, qui est prêt à foncer dans le nid de frelons et que rien n'arrête, pas même une balle dans la jambe.

    Pour ce qui est du style... comment dire ? C'est lourd, avec plein de répétitions (et malheureusement souvent pour les mêmes sujets), avec ces réflexions de haute voltige comme "ses fesses très rondes et encore très fermes pour son demi-siècle ne laissaient pas imaginer qu'elle était mère de trois enfants", et le branding (citation de noms de marque) à outrance.

    Bref par moment, je me demandais si je lisais un livre de la série du Poulpe qui parodierait les romans policiers.

    Moralité, ce n'est pas parce que l'on a été désigné (par qui ?) roman de l'été 2014 qui faut absolument se jeter dessus.

    04/05/2018 à 20:28 3

  • Terminus Elicius

    Karine Giebel

    5/10 Que ce soient les amateurs de romans policiers ou les habitués de Karine Giebel, ce roman va les déstabiliser.

    Terminus Elicius n'est pas un roman policier à proprement parler. Certes il y a des meurtres, une enquête pour découvrir l'auteur de ces faits tragiques, mais ce n'est pas le point central du roman. Donc que les habitués de Karine Giebel ne s'attendent pas à une profusion de détails sanguinolents,de tensions dans l'investigation.

    Non, ici, l'auteure cherche à exploiter la petite histoire parallèle à l'affaire : le criminel installe un échange épistolaire avec une policière réservée et proche de l'enquête, lui confessant ses crimes, mais la charmant par la même occasion. S'engage alors une guerre psychologique pour la policière : que faire face un homme qui lui témoigne sa confiance, son amour, mais qui en même temps enlève des vies.

    Pour ce premier roman, Karine Giebel fait appel à ses connaissances : Marseille, la côte méditerranéenne, le train jusqu'à Miramas. Sans aucun problème le lecteur est rapidement projeté dans l'univers du roman, et se laisse embarquer dans cette correspondance ben loin de ses habitudes littéraires.

    Mais si le tueur charme la policière; Karine Giebel n'a pas eu le même effet sur moi. Si le style et le rythme sont plutôt maîtrisés pour un premier roman ce n'est pas au niveau des derniers romans comme dans Meurtres pour rédemption. De plus, les personnages et le mobile du crime sont un peu trop caricaturaux, ce qui gâche quelque peu le plaisir de la lecture.

    Si vous décidiez de le lire, je vous conseille de trouver la dernière édition qui inclut une nouvelle où les personnages croisent ceux de Terminus Elicius. Ce "crossover" est particulièrement savoureux.

    03/05/2018 à 21:55 3

  • L'Anneau de Moebius

    Franck Thilliez

    6/10 Plus qu'un roman policier, ce livre est avant tout un roman fantastique, de science-fiction où le principal suspect dans un enquête semble voir des éléments du futur dans ses rêves. Avec un jeune policier tout frais promu, ils vont chercher à identifier le véritable tueur en série dans le monde des freaks, ces gens "anormaux" atteints d'une anomalie génétique, une malformation ou d'un handicap physique.

    Franck Thilliez s'invite donc dans un genre auquel on ne l'associe pas forcément, la science-fiction, dans un roman qui rappelle fortement le roman Ubik de Philippe K. Dick (que je vous recommande au demeurant), mais qui est bien plus accessible et moins perturbant que ce dernier. Une incursion réussit sans être exceptionnelle comme nous a habitué Franck Thilliez qui excelle plus dans l'imagination d'une intrigue bien ficelée que dans la logique des mondes parallèles.

    Malheureusement, et c'est le gros défaut de ce roman, l'adoption de ce genre littéraire vient au détriment de la qualité du roman policier : certes l'enquête est bien menée, on s'amuse du bizutage de Victor Craise (j'adore son surnom), l'évolution dans le monde étrange des freaks est quelque peu déstabilisante mais je mets à carton rouge à Franck Thilliez qui ne donne aucun indice pour découvrir le meurtrier.

    Par contre l'auteur prend un malin plaisir à jouer avec son lecteur, et ne donne volontairement pas toutes les explications sur les flashes perçus par Stéphane. Sauriez-vous comprendre ce qui se cache derrière le série de chiffres ? Faites bien attention, à la fin d'un chapitre, l'auteur en donne la signification de manière détournée.

    Malgré tout cela, c'est un roman agréable à lire, que je conseillerai aux habitués de romans policiers qui veulent s'initier gentiment à la science-fiction sans être trop regardant sur la qualité de l'énigme.

    25/04/2018 à 19:27 2

  • L'enfant des cimetières

    Cédric Sire

    3/10 Autant le dire tout de suite, je n'ai pas accroché à ce premier roman commercial de Sire Cédric.

    Ni roman policier ni fantastique, ce roman est un thriller que l'on pourrait qualifier de gothique, où la noirceur des mondes prend place. Noirceur qui sera l'élément principal de l'histoire : d'où vient-elle, que veut-elle, pourquoi tue-t-elle ?

    Pour l'aspect fantastique, la narration pourrait faire penser à du Stephen King, mais il n'y a pas cette magie du maître qui nous transporte immédiatement dans ce monde imaginaire. Pour les habitués du genre, on reste dans un monde onirique à la limite du cliché, cherchant à tirer le dégoût du lecteur avec force détails peu ragoûtant, dégoulinant de sang, mais n'allant pas à un niveau supérieur, celui qui nous file la chaire de poule avec des éléments du réel mis dans un contexte extraordinaire (comme dans le Ca).

    Ce thriller mélangeant rêve et réalité évoque également l'univers lynchien. Mais ici une nouvelle fois, l'auteur reste au premier niveau là où David Lynch aurait déjà suggéré plus niveaux d'interprétation, aurait joué avec le lecteur pour le perdre en rêve, réalité, fantasmé, ressent.

    Cet assemblage un peu maladroit plaira certainement à des amateurs de romans policiers classiques en recherche d'originalité et de légers frissons; mais décevra tant les amateurs de romans policiers aux intrigues bien ficelées, l'enquête étant réduite à sa plus simple expression; ou les passionnés du fantastique en quête d'une dimension policière.

    20/04/2018 à 21:49 2

  • Soeurs

    Bernard Minier

    9/10 S'il est des auteurs qui s'essoufflent au fur et à mesure de leur publication ou qui sombrent dans la facilité en copiant-collant leurs histoires, Bernard Minier progresse, s'améliore, et s'approche invariablement de la perfection.

    Car Soeurs n'est pas un très bon roman policier, c'est un excellent thriller.

    Tout y est pour faire le succès de ce roman et satisfaire tant les amateurs du genre que les fidèles lecteurs de Bernard Minier. Pour ces derniers, il y aura la découverte des débuts dans la police de Martin Servaz qui va être rapidement confronté à la dure réalité des meurtres, la diabolicité des meurtriers et des pratiques douteuses des enquêteurs. Pour tous, une intrigue bien ficelée mais difficile à résoudre bien que tous les indices soient fournis au lecteur, parsemés au milieu des 480 pages du roman.

    Mais la lecture de ce roman ne se limite pas uniquement à l'intrigue policière.

    L'auteur en profite pour montrer l'évolution du métier enquêteur car si nous sommes familiers, ou du moins habitués, aux usages des caméras de surveillance, du traçage des appels téléphoniques sur réseau mobile, mais surtout aux analyses ADN, il n'y pas si longtemps les enquêteurs ne pouvaient compter que la filature, les auditions musclées et les indics.

    Et puis, il y a enfin le rapport du lecteur à l'auteur. Sur ce point on pense forcément à la folie du fan dans le Misery de Stephen King. Bernard Minier a eu la bonne idée de ne pas en faire une pâle copie, ici il pousse la "dépendance" un cran au dessus (je ne peux en dire plus sans dévoiler le roman).

    Le seul petit point négatif qui empêche Bernard Minier de nous fournir un roman parfait est l'utilisation, quoiqu'en moindre nombre par rapport à ses précédents romans, à des phrases à rallonge, de celles qui n'en finissent pas et dont on ne se rappelle plus du début de la phrase une fois arrivé à la fin (un peu comme celle que je viens de vous écrire). Si cette verbosité peut se prêter aux réflexions des personnages, elle est pour le moins gênante aux situations pressantes, quand l'action s'accélère, et où le lecteur ne peut suivre le rythme du fait de la complexité de la phrase. Heureusement, cela n'arrive plus qu'à quelques rares occurrences, et du coup les pages défilent et comme le dit si bien Olivier Bureau du Parisien : "Pour éviter d’être frustré, prenez une RTT ! La grosse difficulté avec « Sœurs », de Bernard Minier, c’est de devoir le lâcher".

    Enfin, un gros carton rouge à XO Editions qui n'a pas fait son travail de relecture sérieusement : mot manquant, fautes d'orthographes, lettres oubliées dans un mot; cela est tout simplement inadmissible alors que l'usage d'un correcteur orthographique de base aurait détecté tous ces problèmes.

    Avec Soeurs, Bernard Minier rentre dans les très grands maîtres du roman policier et devrait être anobli pour cela et obtenir le titre de Sir.

    15/04/2018 à 20:52 5

  • Les Limbes

    Olivier Bal

    9/10 Les limbes d'Olivier Bal est un coup double pour un premier roman.

    A la lecture de ce premier roman j'avais la sensation de retrouver le plaisir de lire un roman de Stephen King d'avant son accident, de cette période où le maître de l'horreur méritait ce titre. Par des mots simples, sans digressions interminables, Olivier Bal arrive a parfaitement décrire les personnages, leur psychologie, leur vécut, les situations, les actions. De par cette efficacité, le lecteur se projette rapidement dans l'histoire, se met rapidement dans la peau du héros, ou alors tourne les pages à toute vitesse durant les phases d'action.

    Au début j'avais un peu peur de l'ouverture du roman pendant la guerre du Vietnam. Il y a longtemps j'ai lu Koko de Peter Saul, j'avais trouvé que les phases de guerre ou leurs souvenirs s'éternisaient. Ici, la guerre n'est que prétexte mais le héros aurait tout aussi bien pu vivre un autre moment fort et dramatique, cela aurait été la même chose. Le lecteur n'aura pas besoin de grande motivation car ces épisodes de guerre sont ... épisodiques.

    Par contre je dois avertir les âmes les plus sensibles, l'histoire faisant (pan pan), la tension monte, les morts pullulent et l'hémoglobine se répand plus vite que la traînée de poudre; les autres verront leur rythme cardiaque monter d'un cran.

    Second coup parce que ce roman est édité par une toute nouvelle maison d'édition, De Saxus, dont Les limbes est le premier titre de leur catalogue. Autant dire que si tous les livres que cette maison d'édition va publier son de la qualité de celui d'Olivier Bal, elle va rapidement se faire une place et une renommée dans le monde de l'édition.

    Maintenant, nous attendons le prochain roman d'Olivier Bal pour confirmer l'éclosion d'un nouvel auteur talentueux.

    10/04/2018 à 21:27 7

  • Sleeping Beauties

    Owen King, Stephen King

    3/10 Il y a des bons Stephen King, et il y a les autres. Je classerais Sleeping Beauties dans cette seconde catégorie.

    Un simple indicateur pour cela : 3 semaines le lire. Autant dire que pour un aficionado du maître de l’horreur, c’est long, très long. A titre de comparaison, juste après, j’ai lu Coupable de Jacques-Olivier Bosco (400 pages) en moins de 48 heures. Je vous laisse comparer les ratios et en tirer.

    Alors pourquoi autant de temps ?

    Il faut bien le reconnaître le lire est imposant en soit avec ses 832 pages densément remplies avec une petite police sans usage du double interlignage comme on peut le voir chez certaines auteurs pour faire du volume avec une histoire épaisse comme une feuille à cigarette (e;g. Amélie Nothomb). Mais ce n’est pas la seule explication à ce marathon de lecture.

    Stephen King nous a habitué à de grandes sagas avec moultes personnages (Le fléau, Le dôme), mais dans le cas de Sleeping Beauties on a du mal à sympathiser avec les personnages, de se projeter dans l’histoire, leurs affaires, leurs problèmes; ils ne sont pas assez approfondis voire caricaturaux. De ce fait le roman a du mal à décoller et on s’oriente en première partie sur une vitesse de croisière plan-plan. Même quand les femmes s’endorment et se couvrent d’un cocon, la magie n’opère pas. Confronté à cet événement défiant toute logique scientifique, le monde devrait être complètement chamboulé, devenir fou (comme dans Cellular), ici à part quelques mouvements éparses, le monde semble l’accepter de fait. Il faudra attendre les deux tiers du livre pour que les personnages décident de passer à l’action et par la même à donner un second souffle au roman.

    Certains verront dans ce livre un élément rare à Stephen King, un roman engagé où l’auteur prenne la défense du droit des femmes, affirme clairement son opposition à Donald Trump, le consumérisme exacerbé et l’individualisme de la société généralisée.

    Enfin, pour un quatre mains, il n’est pas évident de voir les parties écrites par Stephen et celles par Owen. Il semblerait qu’il se soit échangé les parties du roman, repris et complété chacun les parties de l’autre. Il y a bien quelques passages où ne retrouvant pas le style imagé de Stephen King, on devine qu’elle a été écrite par son fils.

    S’il y a bien un point positif à ce roman est sa couverture que je trouve particulièrement réussie.

    05/04/2018 à 19:49 3

  • Coupable

    Jacques-Olivier Bosco

    9/10 Troisième livre de Jacques-Olivier Bosco que je lis, le second de la série des Anne-Elisabeth Lartéguy, et une nouvelle fois une grande claque. Un aller-retour pour un amateur de roman policier un peu noir.

    Comme à chaque fois, le rythme est effréné où l’auteur laisse à peine respirer son lecteur avec des flash-back expliquant la jeunesse et les origines de la violence de l’héroïne. De rapides trêves qui s’intercalent entre courses poursuite, meurtres, bastons et enquêtes suivies par les plus hautes sphères policières et politiques.

    Si l’intrigue n’est pas l’élément le plus travaillé, l’introduction progressive des indices permettant de découvrir l’identité du meurtrier assez facilement, cela ne constitue pas un handicap à la lecture. Au contraire cela laisse un peu plus d’oxygène pour nos neurones respirer.

    Bref, tout comme la moto de l’héroïne dévore la route en faisant brûler la gomme des pneus, j’ai tracé tout le long des 400 pages en à peine 2 jours.

    Enfin, un point supplémentaire pour la superbe couverture qui résume à elle seule tout le livre : une femme fatale à la fois élégante mais dangereuse, armée, qui n’hésite pas à se mouiller… ou tout du moins à marcher dans le sang qu’elle a répandu.

    A propos de femme fatale, est-ce que « fatale » ne pourrait pas être le titre du troisième tome ? A suivre.

    03/04/2018 à 20:55 4

  • Ce soir je vais tuer l'assassin de mon fils

    Jacques Expert

    8/10 Jacques Expert offre un roman très original. Nous avons bien affaire à un roman policier mais nous connaissons d'entrée le meurtrier et nous n'allons pas suivre l'enquête.

    Alors allez vous me dire que reste-t-il ? La psychologie du meurtrier et celle de la famille de la victime.

    Et contrairement à ce que cela peut paraître, ce n'est pas aussi intéressant et mou que cela pourrait laisser paraître. Alors que d'habitude je ne suis pas attiré et encore moins conquis par un thriller psychologique, j'ai été particulièrement séduit par Ce soir je vais tuer l'assassin de mon fils. On est à la fois touché par la détresse des parents de la victime, et écœuré par l'attitude du meurtrier (je ne vous dis pas pourquoi pour ne pas divulguer le roman).

    Bien entendu, à son habitude, Jacques Expert laisse une petite surprise pour la fin du roman, même si les lecteurs avertis de ce genre de littérature la devineront facilement.

    Nulle question de remettre en question les qualités littéraires de Jacques Expert. L'écriture est impeccable et intelligente pour équilibrer fluidité et phrasé typique d'alcooliques.

    En conclusion, nous avons ici un roman policier constituant un excellent intermède entre des thrillers de plus grandes ampleurs.

    18/03/2018 à 21:19 4

  • Le Cramé

    Jacques-Olivier Bosco

    8/10 Décidément, je me dis de plus en plus, que j'ai eu de la chance de découvrir (puis de recommander) cet auteur l'an passé au travers de son dernier roman Brutale (depuis est paru Coupable). Car si je suis tombé sous le charme de son 7ème roman, on pourrait être en droit d'être déçu de son second roman Le cramé.

    Que nenni !

    Car déjà Le cramé a tous les ingrédients qui m'ont séduit chez son petit frère : actions, violence, intrigue, humour, véracité. Sur ce dernier point, l'auteur prend un malin plaisir à situer son action en région parisienne, sa région natale. Autant vous dire que les lieux sont tels qu'ils sont racontés.

    Certes la cocasserie de l'histoire (le flic obligé d'infiltrer la police pour découvrir la personne qui l'a balancé) n'est pas originale mais elle prend toute sa saveur de la part d'un brigan intègre qui tient promesse et qui ne devra pas prendre son rôle à la légère pour la tenir.

    On sent chez l’auteur cette culture issue du cinéma américain et hongkongais : Gosta et les flics tombés inopinément sous ses ordres se récitent des répliques du Parrain, culture commune aux flics et aux truands.

    Même si le style est un peu moins efficace que dans ses derniers romans, Jacques-Olivier Bosco nous offre un roman fluide, bien structuré : les pages se tournent aussi rapidement que les voitures des truands filent sur les autoroutes.

    Enfin, on ne peut s'empêcher de voir dans le rôle d'Angelie, la fliquette survitaminée, une ébauche de Lise la policière aux méthodes expéditives de Brutale.

    11/03/2018 à 21:03 5

  • Origine

    Dan Brown

    2/10 Depuis Le Da Vinci Code qui m'avait littéralement séduit, j'ai lu l'ensemble de l’œuvre de Dan Brown, avec un plaisir inégal. Aussi à chaque nouvelle parution me pose la question de savoir si cela en vaut la peine. Cette fois-ci, je peux vous dire que vous pouvez économiser l'achat de ce livre pour le consacrer à meilleur.

    Si cette impression s'est accentuée au fur et à mesure des livres de Dan Brown, cette sensation m'a sauté aux yeux au point d'en être désagréable : la formule de Dan Brown n'est qu'un mélange de pages Wikipédia, un petit peu de sites pseudo-scientifiques, de conspirationnisme et d'aventure (on ne peut pas parler d'actions pour ne pas l'assimiler à des Robert Langdon à un Jack Ryan ou à un Jason Bourne).

    En effet la description des lieux, des œuvres d'art, des théories scientifiques ou de principes technologiques semblent tout droit sortie de l'encyclopédie en ligne gratuite, ponctuée de quelques pensées ou impressions du héros. Cela en est tellement frappant que c'en est lourd, barbant, et quand bien même cela plaisait dans le Da Vinci Code, autant ici le lecteur souffre.

    Je ne parle pas de l'action qui se réduit au stricte minimum, histoire de sortir le lecteur de sa léthargie causée par la lenteur du récit. Ainsi, l'intrigue arrive seulement au quart du livre; l'auteur fait appel à de nombreux rappels....

    En puis le sempiternel recours au conspirationnisme devient lassant et exaspérant, comme l'est celle des francs-maçons par Giacometti et Ravenne.

    Personnellement, je ne l'ai pas lu mais écouté. Si le lecteur a une diction parfaite, serait-ce la côté soporifique du livre mais sa vitesse de lecture est à l'image du rythme du livre : lente et aérée. Il est dommage que le lecteur que j'utilisais n'avait pas une fonction d'accélération.

    08/03/2018 à 20:41 3

  • Cyanure

    Laurent Loison

    8/10 Après avoir lu La disparue de la cabine n°2 de Ruth Ware, la lecture de Cyanure de Laurent Loison est un véritable changement, mais agréable changement.

    Les deux auteurs ne jouent pas dans la même catégorie. Mais attention, ce n'est pas forcément celui qui bénéficie d'une moindre politique de publicité qui est le moins talentueux. En effet, Laurent Loison nous offre un roman d'un dynamisme incroyable. A peine débuté, et pan un meurtre de grande envergure; patientez quelques pages et vous aurez votre second lot de mort. et ne croyez pas que vous allez vous reposer de sitôt, il vous faudra attendre la dernière page pour souffler (et encore, voir ma remarque de fin de critique).

    L'autre bon point de Laurent Loison est de faire adopter à ces personnages un langage proche de ce que cela pourrait être dans la réalité. La gouaille parisienne mélangée à l'argot des banlieues donne un réalisme profond qui projette encore plus le lecteur dans l'histoire.

    Si vous êtes fidèle lecteur de cet auteur, vous aurez plaisir à retrouver les héros de Chrade son précédent roman qui lui a valu reconnaissance dans le monde de la littérature policière. Hauts en couleur et à forts caractères, ils sont attachants même s'ils sont un tantinet caricaturaux (le flic qui perd des proches et sombre dans l'alcool).

    Roman parfait ? Presque car un très gros point négatif vient avec la version numérique. Sachez que pour profiter de la fin, les versions papier présentent un code unique, ce qui n'est pas le cas pour la version numérique. Mais vous pouvez en acquérir un sur le site www.lafindecyanure-lelivre.com moyennant la "modique" somme de 2,50€. Malheureusement, je n'ai trouvé nulle part sur les sites vendant la version numérique la mention de ce surcoût.

    Et puis on voit que ce n'est que le second roman de Laurent Loison car il ne joue pas assez avec son lecteur. L'histoire est un peu trop linéaire, l'auteur ne met pas assez de fausses pistes pour son lecteur cherche, cogite, ou tout simplement se fasse surprendre par l'issue de l'histoire. Ici, tous les éléments, ou presque, contribuent à la résolution de l'énigme.

    04/03/2018 à 20:53 4

  • La Disparue de la cabine n° 10

    Ruth Ware

    4/10 La critique du journal The Sun à propos de ce roman le résume parfaitement : "Agatha Christie rencontre La Fille du train...".

    Il y a dans ce roman le plaisir suranné du roman policier à l'ancienne, sans hémoglobine, ou tout repose sur le témoignage et la perception des personnages... façon Agatha Christie. Donc ne vous attendez pas à lire roman au rythme effréné avec plein d'actions et de rebondissement. Nous sommes bien en présence d'un roman à l'ancienne en pièce fermée, sur les ressentis des personnages.

    Le principe de l'histoire ressemble étrangement à La fille du train de Paul Hawkis, où une personne alcoolique sous traitement médicamenteux voir (croit voir) un meurtre. De là découle une enquête personnelle menée par l'héroïne, où le lecteur s'interroge sur la perception de celle-ci : ivresse, hallucinations, folie ou bien crime parfait... mais un lecteur averti trouvera facilement la clé de l'énigme.

    Enfin, je tiens à féliciter les éditions du Fleuve Noir qui ont mis en place une couverture originale (les gouttelettes d'eau sont en relief) car si cette mise en valeur est fréquence dans les pays anglo-saxons, elle est encore bien trop rare en France.

    En conclusion, un roman reposant comme une croisière.

    28/02/2018 à 20:37 3

  • Seul à savoir

    Patrick Bauwen

    5/10 Si Le jour du chien de Patrick Bauwen se passe en France, il faut savoir que ce n'est pas à l'habitude de l'auteur. Comme dans Seul à savoir, l'histoire se déroule aux Etats-Unis, un univers que l'auteur aime et connaît bien. Attention, ici, l'auteur envoie du lourd avec les principaux clichés de la société américaine : police, FBI, armée, spring break et coûts exorbitants des soins. Ce cliché va jusqu'au début de l'histoire qui semble inspiré des films d'horreur américains dans laquelle la fille va désespéramment dans la forêt sombre alors qu'on l'a averti que si elle y allait, elle y serait trucidée. Ici, c'est sur l'usage de l'Internet : la fille se laisse convenir par un inconnu rencontré sur Facebook d'ouvrir une PJ qu'il lui envoie par mail. Même ma mère ne fait pas cela (enfin si mais quand c'est une copine qui lui expédie ces sottises par mail).

    Ce qui est plus drôle ce sont les explications de certaines technologies aujourd'hui communément utilisées de nos jours : explications sur ce que sont les réseaux sociaux, un iPad et des GPS intégrés. De même, il est drôle de voir l'auteur employé une solution technique qui n'est même pas encore au point sur les dernières versions des smartphones (lecture de l'empreinte sur l'écran). Comme quoi il est difficile de faire un roman technologique et de le pérenniser dans le temps.

    Si l'on omet ces facilités et ces quelques détails, le lecteur y trouvera une histoire très rythmée, une intrigue haletante qui va se transformer en une course poursuite infernale. Mais, l'auteur sait laisser son lecteur respirer périodiquement avec de fréquents flashbacks expliquant les relations entre l'héroïne et le Dr Nathan Chess qu'elle recherche. Il dévoile ainsi au compte gouttes la psychologie et le passé de ses personnages. Dans les deux cas, l'auteur mettra des pièges, de faux indices, des rebondissements.

    Au final, Seul à savoir est un bon roman avec lequel on passe un excellent moment même s'il manque un peu d'originalité.

    23/01/2018 à 20:30 3

  • Couleurs de l'incendie

    Pierre Lemaitre

    8/10 Plus de 4 ans se sont écoulés depuis la récompense au Prix Goncourt de Au revoir, là-haut! et la parution de Couleurs de l’incendie ce second tome de la nouvelle trilogie de Pierre Lemaitre.

    Nul besoin d’avoir lu le premier tome, même si quelques éléments essentiels du premier tome sont rappelés pour une meilleure appréciation du contexte de l’histoire, rappels qui vont dévoileront malheureusement l’issue de Au revoir, là-haut!. Aussi vous conseillerais-je de lire cette trilogie dans l’ordre.

    Si le roman démarre fort par une description incisive d’un enterrement national qui se conclut tragiquement, tel un soufflet sorti un peu trop tôt du fort, il se dégonfle dans la première moitié. Habitué à une description acide, l’humour noir et une mise en situation tragique par l’auteur, le lecteur reste sur sa fin dans cette première moitié en voyant devant lui tournes les pages d’un roman historique.

    Mais si son courage le porte au-delà de la moitié du roman, il en sera grandement récompensé car alors il retrouvera le Pierre Lemaitre qui l’avait séduit avec ses précédents ouvrages : une machination machiavélique qui conduira tant les héros que le lecteur sur de fausses pistes avant de les faire tomber dans les pièges qui leur étaient tendus. Si l’on devait faire le parallèle avec la cuisine, l’auteur tel un grand chef fait mariner son lecteur, le cuisine à petit feu, le mitonne aux petits oignons, celui se délite pour finir à la casserole, dindon de la farce.

    Je ne parlerai pas de l’histoire pour ne pas en dévoiler le contenu, mais le lecteur verra en l’héroïne du roman, Madeline Péricourt, le symbole de la société de l’époque : une femme qui peut sombrer dans la pauvreté du jour au lendemain, pour rebondir le sur-lendemain, se venger, bousculer les codes, entreprendre et de ce fait s’émanciper.

    L’écriture est toujours aussi impeccable, à la fois soutenue mais d’une très grande fluidité, elle permet au lecteur d’atteindre le Saint Graal de la seconde partie. L’auteur aura fait attention d’employer le langage de l’époque, de s’être grandement documenter pour reconstituer fidèlement le monde, les modes et coutumes, les mouvances politiques de la France (voire de l’Europe) dans cette période d’entre deux guerres.

    Si Couleurs de l’incendie n’est pas aussi efficace que son prédécesseur, le lecteur passera un bon moment en sa lecture.
    (quoilire.wordpress.com/2018/01/20/pierre-lemaitre-couleurs-de-lincendie/)

    20/01/2018 à 18:26 10

  • La Soif

    Jo Nesbo

    9/10 Après trois années d’abstinence de Harry Hole, j’avoue que ce fût un grand bonheur de retrouver le héro favori de Jo Nesbo. Et sans vous dévoiler le livre, je peux vous dire qu’une fois encore, il n’est pas épargné, ne serait-ce que d’être retiré de sa pré-retraite d’enseignant à l’école de police pour partir un une nouvelle fois aux trousses d’un serial killer vampiriste.

    Les amateurs de thrillers ne manqueront pas de remarquer que le domaine dans lequel évolue le meurtrier est similaire à celui du dernier roman de Franck Thilliez Sharko. Phénomène de mode ? Connaissance du projet de l’autre ? Même fait divers comme source d’inspiration ? Nous ne le saurons certainement jamais à moins de confronter les deux auteurs, Jo Nesbo plaide pour un hommage à Bram Stocker. Mais pour le plus grand plaisir des lecteurs, ce thème est abordé de façon différente, et les histoires à mille lieux l’une de l’autre.

    Une nouvelle fois Jo Nesbo excelle comme romancier policier en nous servant une histoire à multiples rebondissements ancrée dans la société actuelle et ses technologies (réseaux sociaux, impression 3D, …), une thématique différente. Les expériences passées des personnages aux fondations solides (c’est tout de même la onzième histoire avec Harry Hole) sont exploitées au mieux. Leur psychologie et leurs interrogations ne cessent d’évoluer.

    Son écriture est toujours aussi limpide, fluide, avec des rapides qui relancent le flux, mais contrairement à l’eau claire, les lecteurs ne voient pas qui se cachent dans les fonds troubles, ou du moins pas tout de suite.

    Pourrions-nous trouver un défaut à ce livre ? Oui, son titre, qui je l’avoue m’a laissé quelque peu sceptique lorsque j’ai découvert le livre en libraire, au point où, si je n’avais pas été fidèle lecteur de Jo Nesbo, je ne suis pas sûr que j’aurais été convaincu d’acheter le livre.

    Pour conclure, nous pourrions résumer la critique en disant que ce roman est quasi-parfait et que c’est avec regret que nous devions tourner sa dernière page.

    13/01/2018 à 21:41 6