Dany33

535 votes

  • Le Cri

    Nicolas Beuglet

    8/10 C’est le premier roman que je lis de cet auteur ; Il est présenté comme un polar sur la 4ème de couverture mais en fait il est bien plus que ça.
    Certes l’enquête démarre dans un hôpital psychiatrique autour d’une mort suspecte aux yeux de Sarah. Mais au hasard d’un faux témoignage et de suspicion de mauvais traitements, l’intrigue va prendre une tout autre dimension et progressivement interpeller les lecteurs sur les religions et les débuts de l’univers … oui, pas moins ! Et notre fliquette va rencontrer les méchants héritiers spirituels de Menguele et embarquer Christopher dont le frère récemment décédé n’est sans doute pas étranger à ce mystère.
    Extrêmement riche et documenté, la quête de la vérité si elle existe va nous tenir tout au long de ces 560 pages, au fil de (parfois trop) nombreux rebondissements. Le cri c’est la manifestation de l’ultime approche de LA vérité, car « nous vivons sans savoir d’où nous venons et nous mourons sans savoir où nous allons. Comment vivre entre les deux ?”
    En fermant ce thriller il reste le doute existentiel.

    30/03/2019 à 16:05 7

  • Le Supplément d'âme

    Matthieu Biasotto

    9/10 Que d’émotions en refermant ce livre, véritable parcours initiatique et métaphorique. Thomas est dans le coma et il a perdu ses souvenirs. Au moment de l’accident, on peut dire que c’est un vrai « connard » ! Le jeune garçon qu’il a été, va le guider, comme Virgile dans la Divine Comédie dans un espace parallèle : le supplément d’âme, … de l’autre côté. L’histoire pourrait être celle d’un triangle amoureux classique, celle d’un ambitieux qui fait passer sa carrière avant sa famille. C’est bien plus que ça, c’est celle des choix de la vie. Quand donc Thomas a-t-il rompu avec ses rêves, quand donc a-t-il trahit TK ? Sa quête de vérité, il va la faire pendant son coma, aux portes d’une mort annoncée et ainsi découvrir les malversations de ses collaborateurs, jusqu’au dénouement final, révélation inattendue et violente. La narration de Thomas rend le lecteur complice.
    Inclassable roman à suspense, très fort et dérangeant, c’est le premier que je lis de Matthieu Biasotto. Sa sensibilité à fleur de peau, son style affuté et surréaliste à la fois m’ont fait penser aux Thanatonautes de Bernard Werber.

    11/09/2018 à 11:06 7

  • Luca

    Franck Thilliez

    9/10 Objets connectés, allez-vous prendre le pouvoir ? Il semble bien que nos auteurs y croient … Le prologue de Luca n’est pas sans rappeler celui de Sylvain Forge dans Tension extrême (2017) et a tout lieu de nous inquiéter ! Bien moins optimiste que ses précédents romans (oui c’est possible !), Franck Thilliez nous questionne sur l’avenir de l’humanité, capable des pires horreurs au nom de la science. C’est donc avec ce roman très noir, que l’auteur nous propose une intrigue pleine d’imprévus, construite en deux temps : deux enquêtes qui pourraient rester parallèles, se rejoignent, puis une descente aux enfers.
    Les enquêteurs bien connus des lecteurs de Franck Thilliez, reprennent du service après une année de mise en sommeil. Si Sharko et Hennebelle y sont moins mis en avant (pour autant toujours aussi borderline), et c’est Nicolas qui va d’avantage révéler ses émotions, encore dans la quête de la sérénité après la disparition de Camille il y a quatre ans maintenant. La nouvelle recrue, son nouveau binôme, Audra, a elle aussi connu un traumatisme majeur qu’il n’aura de cesse de découvrir.
    Du sang et des mutations, voire des mutilations génétiques, pour sélectionner la férocité de chiens de combat, les dangers à connecter tous nos objets quotidiens, une arnaque à la GPA, des recherches ADN qui ouvrent des horizons malsains aux nouveaux Mengele , mais aussi une « humanité » en profonde transformation, subie ou volontaire, à faire frémir Nestor Burma dans sa version revisitée par Danielle Thiery … (cf. Piquette à la Roquette). Une flopée de dérangés, propres à nous interpeller l’éthique ! … et l’éthique, sans en faire un pilier de la morale bien-pensante, il en faut pour juguler tous les excès de notre société du paraître, de l’argent, du gain etc.
    Que dire des détournements de l’internet, de l’objectif de communication à ce qui pourrait devenir un palliatif à l’absence … ?
    Un très bon cru que cette parution 2019. La précision et le soin apportés à la démonstration scientifique n’en sont pas les moindres qualités. En prime une visite du Bastion …Franck Thilliez a réussi encore une fois à me surprendre !
    Pour ceux qui craignent de se perdre parce qu’ils ne connaîtraient pas les personnages récurrents de la série « Sharko », sachez que vous pouvez télécharger gratuitement le fascicule Sharko Henebelle couple de flic https://www.epagine.fr/listeliv.php?base=ebook&mots_recherche=Franck%20Thilliez%20-%20Sharko%20/%20Henebelle,%20Couple%20de%20flics%20-%20Petite%20anthologie%20biographique
    qui vous permettra de combler les manques et … de vous donner envie de remonter dans la bibliographie de l’auteur

    28/09/2019 à 16:25 7

  • Madame B.

    Sandrine Destombes

    9/10 Blanche, madame B est nettoyeuse … non pas femme de ménage mais bien celle qui rend propre une scène de crime, célibataire, la quarantaine et un très bon carnet d’adresses. Son mentor et beau-père Adam prend soin de sa santé fragilisée par des épisodes douloureux de sa jeunesse.
    En littérature noire il y a les énigmes à tiroirs où chaque fausse piste se referme pour que le lecteur en ouvre une nouvelle. C’est propre et net. Ici je dirais que nous sommes en présence d’une poupée russe … on ouvre une poupée … on secoue pour savoir si c’est la dernière et bien non … encore une … Oui c’est l’effet déroutant que m’a fait cette lecture : rien de convenu, aucun acquis. En plus à certains moment on se dit « non elle ne va pas oser ! » Et bien si, elle ose tout Sandrine Destombes : elle vous met mal à l’aise, vous secoue les convictions manichéennes. Seule ou presque dans ce monde de brutes, Blanche ne peut compter que sur elle. Certes ici les méchants ont un code d’honneur et c’est pour cela que la défaillance est d’autant plus grave, qu’elle est inexcusable. Blanche va sombrer.
    Sandrine Destombes nous offre une plongée chez les méchants, tueurs à gages, trafiquants, etc, mais une plongée en apnée. Sans le salut de la police, elle largue Blanche pour plus de 300 pages rythmées par ses déconvenues. Alors Blanche … ange ou démon, victime ou complice, spectatrice ou maître du jeu ? Lisez et vous saurez … peut-être et prenez garde en ouvrant la porte de votre réfrigérateur !

    Par ce roman l’auteure confirme son talent de conteuse et malmène avec une réelle réussite le lecteur qui a coup sur va en redemander. Merci Sandrine !

    05/03/2020 à 09:22 7

  • Mon Ombre assassine

    Estelle Tharreau

    9/10 Les constats : le nombre de femmes criminelles augmente, celui des tueuses en série aussi … phénomène récent. Le plus sur moyen d’échapper à la justice est de faire reconnaître comme victime, ainsi on peut considérer que le crime parfait existe….
    Forte de cette constatation, Estelle Tharreau va confier la narration à Nadège, son héroïne qui sera le fil rouge de cette saga familiale, sur plusieurs décennies. Son récit chronologique est ponctué d’extraits d’auditions de l’instruction d’une enquête contemporaine, pour le meurtre d’un policier Fabien Bianchi …
    Méticuleusement, l’auteure nous distille le parcours de celle qu’elle annonce d’emblée comme une tueuse réfléchie et calculatrice, manipulatrice et excellente comédienne s’il en est. Elle se présente comme la nouvelle Némésis, l’expression de la juste colère.
    Excellent moment de lecture … le lecteur est pris à partie par le personnage
    Crimes parfaits en cascade et art de la dissimulation au sommet de l’art.
    Laurent Scalese fait dire à Samuel Moss dans Je l’ai fait pour toi :
    « Première loi : le crime parfait existe.
    Deuxième loi : le criminel parfait n'existe pas.
    Troisième loi : l'enquêteur doit donc concentrer ses efforts non pas sur le crime, mais sur le criminel. »
    Démonstration réussie !
    J’avais lu Impasse en 2017, 2018 est assurément un très bon cru pour Estelle Tharreau qui tient toutes ses promesses.

    27/01/2019 à 11:02 7

  • Né d'aucune femme

    Franck Bouysse

    10/10 Comme à son habitude, l’auteur ancre son action dans la ruralité. Pour autant les horreurs qu’il nous décrit ne sont pas l’apanage de la campagne. En effet le thème principal est proche de celui qu’évoque Karine Giébel dans Toutes blessent, la dernière tue à une époque et dans un lieu différents. La nature humaine est capable des plus grandes perversités et la domination en est une des armes les plus efficaces.
    Rose est vendue par son père et devient l’esclave d’un maître de forges affublé d’une épouse malade et d’une mère intransigeante. Le lecteur vit l’effondrement moral de cette jeune fille de quatorze ans, partage ses quelques moments de répit avec une jument et sa relation salutaire avec Edmond. Tout s’emballe quand elle cherche à connaître LA vérité, elle va se confronter aux secrets de famille les plus obscurs.
    L’auteur nous avait déjà convié à une quête des origines dans Grossir le ciel, une quête du père et ici il s’agit d’une quête de la mère. Il entretient la confusion sur ses personnages au point où la fin de l’intrigue, le dénouement du suspense peut paraître improbable … quoique …
    Enfin on a connu l’auteur plus descriptif de la nature, plus bucolique, plus contemplatif. Ici le ton est différent puisqu’il y a avant tout, « enfermement » des êtres et des esprits, domination, asservissement, bassesse et lâcheté. Le style est tout aussi efficace qu’en pleine nature, la noirceur peut inviter à la rêverie, au cauchemar.
    Si la ruralité s’avère un environnement propice à ce type d’intrigue, parce que tout le monde y connait tout le monde, on peut cependant valablement redire que ça aurait pu se passer en ville, de nos jours et pourquoi pas à côté de chez nous ? La lâcheté est une « valeur » partagée par les témoins passifs de tous temps et en tous lieux !

    19/01/2020 à 11:01 7

  • Pandemia

    Franck Thilliez

    10/10 La parution du Thilliez de l'année est toujours un événement pour ses lecteurs assidus. En 2015 on en a pour son argent et ses 644 pages ne dérogent pas au rituel. Au moment de fermer cet opus il m’apparaît clairement qu'une étape s'achève avec ce qu'on pourrait qualifier de troisième épisode d'un triptyque qui a commencé avec Atomka. Il me semble donc bon de conseiller aux lecteurs de passer par les deux épisodes précédents pour pleinement profiter du troisième, même s'il peut se lire isolément mais … c'est dommage.
    Oui Lucie et Sharko y soufrent encore, mais moins que d'habitude et surtout moins que d'autres personnages ! On retrouve avec plaisir Nicolas et Camille …
    L'auteur nous entraîne dans le milieu de la recherche et de la lutte contre le bioterrorisme. Tom Clancy avait en 1996 répandu Ebola sur la terre à partir d'un congrès international aux Etats-Unis et cette année Thilliez nous fait frémir avec la « grippe des oiseaux » mais attention, tout à côté de chez nous, et … une épidémie peut en cacher une autre … bien plus terrible ! Et comme les premières cibles sont policières, au lieu cette fois d'assister à la guerre des polices et bien on voit au contraire la solidarité des différents corps pour le plus grand bénéfice des civils.
    Outre le suspens qui ne nous lâche pas, on apprend plein de choses sur les mesures de précaution et procédures de décontamination qu'on est bien loin d'imaginer. Quelques réflexions plus philosophiques également, sur l'avenir de l'humanité comme dans les romans de Bernard Werber.
    Ce thriller haletant est un très bon cru et un très bon Thilliez où l'auteur fidèle à son souci de précision, confirme son travail d'horloger qui a présidé à l'élaboration de ce roman. Il y confirme aussi sa place de grand-maître du polar français qui ne prend pas son lecteur pour une buse !
    Difficile d'en dire plus sans nuire à la découverte de cette intrigue … ô lecteur, sus aux frissons et aux angoisses et plonge toi dans ce nouveau Thilliez !

    29/06/2015 à 18:38 7

  • Sans pitié, ni remords

    Nicolas Lebel

    9/10 J’ai fait cette première rencontre littéraire avec cet auteur grâce à un concours organisé par http://ce-livres-et-fourneaux.blogspot.fr/ et plus particulièrement Céline que je tiens à remercier chaleureusement. Quelle belle découverte …
    On pourrait sous titrer ce roman « la vengeance du gardien des esprits » car il s’agit d’une chasse au trésor où l’enjeu est une statuette chamanique disparue une dizaine d’années avant notre lecture … Même si elle ressemble à celle de « Lontano » de Grangé, si l’énigme codée fait penser au « mystère Fulcanelli » de Loevenbruck ou si encore, en rencontrant Daniel Mehrlicht vous pensez à Camille Verhoeven de Pierre Lemaître, ne vous y trompez pas : il s’agit bien d’une enquête tout à fait originale. Elle mêle les différents corps de la police criminelle bien sûr, mais aussi l’OCBC moins connu, chargé de retrouver les œuvres d’art disparues. Se créé ainsi un duo improbable de traqueurs qui vont souffrir tout au long de ces 378 pages que l’on lit d’une traite.
    J’ai aimé le ton de cette écriture mêlant la dérision à la gravité des situations. J’ai aimé le rythme soutenu de l’action et la diversité des personnages.
    Enfin je me demande s’il y a un message caché dans la page 383 parce que « j’ai envie de dire » que je serai bien incapable de le décrypter …

    19/10/2015 à 14:06 7

  • Surface

    Olivier Norek

    9/10 Après Entre deux mondes, magistral roman sociétal en 2017, on attendait Olivier Norek : Coste ou pas Coste en 2019 ?
    C’est un dépaysement que nous offre l’auteur, dans une région qu’il connaît bien puisqu’il y a passé son enfance. C’est sans doute pour cette raison que son évocation des lieux est particulièrement sensible.
    Avalone, englouti pour la construction d’un barrage a gardé ses secrets tout comme le capitaine Noémie Chastain, écartée de son habituel lieu de travail, suite à une blessure par balle, qui a elle aussi englouti une moitié de son visage, révélant un étrange parallèle avec le village disparu. Tout aurait dû être paisible, la surface du lac apaisant les troubles refoulés depuis vingt cinq années. Tout aurait dû permettre à Noémie de mener sa mission d’évaluation mais semble-t-il les secrets crèvent la surface …
    Bien loin des cités qu’il a décrites dans sa trilogie « Coste », bien loin de l’émotion qu’il nous a transmise dans Entre deux mondes, tout aussi prenant, après un prologue dérangeant, nous suivons sans relâche Noémie et sa nouvelle équipe. Une plongée sous la surface à mi-parcours de l’intrigue, commence comme une respiration zen et salutaire, pour se transformer en cauchemar pour les claustrophobes.
    Très documenté, ce thriller nous ouvre de nouveaux horizons avec Olivier Norek qui au passage, pour notre plus grand plaisir élimine quelques uns de ses potes et confrères. J’ai beaucoup aimé, apprécié ce changement d’ambiance et de personnages.

    25/05/2019 à 15:00 7

  • Une putain d'histoire

    Bernard Minier

    9/10 Un titre très bien choisi (tout comme la couverture) et qui fait mouche pour ce quatrième roman de Bernard Minier. Il nous transporte dans l’état de Washington aux USA, alors que les précédents opus nous dépaysaient nettement moins avec comme décors le sud-ouest français.
    Ça serait très dommage de passer à côté de cette putain d’histoire où l’auteur nous mène en kayak de mer et en ferry, pour ne pas dire en bateau.
    Alors que dire de plus sans spolier … l’arroseur arrosé, bien mal acquis ne profite jamais (encore que …), tel est pris qui croyait prendre … et une descente « aux enfers » pour le jeune héro, Henry. Palpitant tout au long de ses 441 pages (version numérique) avec, pour moi, un seul bémol, le côté club des cinq déjà rencontré dans « le cercle » qui me rappelle aussi le premier Chattam « le cinquième règne ». Cela ne nuit aucunement au plaisir que le lecteur prend à découvrir cet univers froid, brumeux et humide.
    A lire absolument quand les beaux jours se font attendre …

    29/04/2015 à 17:25 7

  • Yeruldelgger

    Ian Manook

    10/10 Il s’agit là du premier volet d’une série de trois romans qu’il faut lire dans l’ordre.
    Ce flic au nom imprononçable va nous entraîner dans son sillage en Mongolie, état indépendant, limitrophe de la Chine et sous son influence … néfaste.
    Respectueux de la tradition, héritier d’une éducation religieuse et empreint de la philosophie des moines Shaolin, il va avoir fort à faire, aidé (ou pas) par les trois femmes de sa vie, sa fille, sa partenaire et son amie de cœur par ailleurs médecin légiste.
    Un roman riche : à la fois une enquête bien menée et une description de cette région du monde quasi inconnue. L’auteur nous décrit le mode de vie de ces nomades transplantés à la ville, de ces exclus qui habitent les tunnels de la capitale, des Chinois qui achètent tout et des Coréens qui ont trouvé un terrain de jeu … un roman d’ambiance ou il ne manque pas de flics ripoux et de spéculateur foncier !
    Une énorme découverte et … je me rends compte que j’ai lu le tome 3 avant le deuxième … je vais remettre dans l’ordre très vite.

    09/09/2017 à 10:32 7

  • Alex

    Pierre Lemaitre

    9/10 La trilogie Verhoeven de Pierre Lemaître : 3 volumes à lire dans l’ordre
    2 – Alex : tantôt ange et/ou démon, cette jeune femme dont on connaîtra le secret en fin de roman, déroule sa vengeance en usant de la manipulation de haute volée. Pierre Lemaitre nous secoue tout au long de ce second roman de la « trilogie Verhoeven ». Comment cet enquêteur meurtri s’en sortira-t-il ? Saura-t-il renouer avec les « rescapés » de son ancienne équipe ? Et le lecteur dans tout ça … touché !!!

    01/07/2015 à 14:13 6

  • Au fer rouge

    Marin Ledun

    8/10 Il s’agit là de la suite de « l’homme qui a vu l’homme ». Nous y retrouvons des références et des personnages secondaires qui prennent la relève de tous les morts de ce premier tome qu’il est préférable d’avoir lu auparavant. Tout aussi déstabilisant, l’auteur nous conte la face cachée des luttes territoriales au Pays Basque avec la drogue et les magouilles immobilières sur terres polluées et … radioactives. Très secouée, j’ai comme pour le premier opus été obligée de me mettre sur le mode « pause » avant de faire part de ces observations. Nous sommes loin des investigations médiatisées et nous souffrons avec les protagonistes … où sont les bons et où sont les méchants ? Toujours est-il que l’auteur nous fournit-là une chronique réaliste et très documentée, références historiques à l’appui et peuplée de caractères ambigus dont l’histoire personnelle pour certains, est classée secret défense. En filigrane, des relents de l’Espagne franquiste ce qui nous fait nous questionner sur la nature de la lutte anti-terroriste. En prime une fliquette rescapée des attentats de Madrid soumise à ses phobies bien légitimes nous fait trembler avec son enquête parallèle.
    Un moment de lecture à la fois palpitant et instructif à ne pas bouder tout comme cet auteur très prometteur.

    29/10/2015 à 17:17 6

  • Au nom de l'art

    Cetro

    7/10 Un véritable ovni que ce roman … c’est une fois arrivée à la fin de l’épisode que je me suis rendue compte que la publication numérique comportait deux versions (une qui se veut « normale » et une autre intégrale et non censurée). Bien m’en a pris car toute chamboulée par la version expurgée, je n’ose imaginer l’autre … La chute vers l’horreur absolue ! Une famille séquestrée va connaître les pires tortures mentales et physiques. « Des nœuds d’acier » de Sandrine Colette ressemble maintenant à la comtesse de Ségur ! Que dire d’autre : un style incomparable qui flotte entre humour et narration bien sanglante, un rythme infernal, maîtrisé à souhait, des dialogues tranchants … un moment stupéfiant mais avant tout un très bon moment de lecture ! Bref, une découverte à la hauteur des chroniques que j’ai lues sur ce roman, le premier d’une série de deux pour le moment. Une belle écriture … auteur à suivre !

    20/11/2017 à 14:51 6

  • Cadres Noirs

    Pierre Lemaitre

    8/10 Chaque fois que je termine un roman –classé roman par l’éditeur alors que j’y voies un vrai thriller - de cet auteur, il me faut un temps de récupération. Pas de flics, pas de Camille Verhoeven, pas de (vrai) sang et (très) peu de morts, mais des vrais salauds … Quel suspens et que de rebondissements dans cette suite de coups de bluff, sur un rythme intense où nous avons de l’empathie, plus que raisonnable, avec cet anti-héro chômeur en fin de droit, prêt à tout pour retrouver un emploi et une image gratifiante aux yeux de sa femme et de ses filles. Les « seconds rôles » bien léchés avec une mention particulière à Charles, aussi je verrais bien cet ouvrage adapté au cinéma.
    Donc … j’ai beaucoup aimé et je vous invite à le lire bien sur.

    01/07/2015 à 14:02 6

  • Cap canaille

    Christophe Gavat

    8/10 Lorsque le lecteur entame un prix du quai des orfèvres il sait que ça parlera de flics, qu’il y aura aussi de la procédure, de la vraie, de la consistante. Par ailleurs il y a fort à parier que l’auteur sache de quoi il parle. Cap Canaille c’est tout ça mais bien plus. Pour son troisième roman Christophe Gavat ne se met pas en scène, il a créé des personnages bien typés, souvent attachants et antipathiques pour certains.
    Ici les us et coutumes de la Canebière sont confrontés aux usages franciliens, différence de culture, différence d’approche pour viser un même résultat : arrêter les méchants ! Qui donc mène le jeu sur le Vieux Port, sur les Calanques, … sur le Cap Canaille ?
    Une « grande dame » du banditisme a fait l’objet d’un barbecue et Henri Saint-Donat en charge de l’enquête et qui l’a connue à Paris dans un contexte douloureux et sanglant, suggère que l’affaire ne doit pas être si simple qu’elle n’y paraît, sans doute liée à un braquage dans la banlieue de Paris. Les services vont devoir échanger leurs infos et ça se passe plutôt bien : pas de conflit de territoire et une vision harmonieuse. Pendant ce temps le milieu marseillais se cherche un nouveau patron semble-t-il. Légionnaires ou petits caïds des quartiers ?
    Une enquête bien menée, une bonne intrigue avec les bons rebondissements, un vrai polar où les femmes ne s’en laissent pas compter, où la hiérarchie ambitieuse est plutôt conciliante et … les paysages superbes et quelques poursuites qui mériteraient une adaptation pour le cinéma ou la télévision.
    J’ai beaucoup aimé ces 400 pages sans temps morts qui nous en apprennent long sur la police et ses professionnels vus de l’intérieur. La part d’exotisme est assurée par Marseille et ses Calanques. Une lecture que je recommande chaudement pour son efficacité.

    13/12/2020 à 14:55 6

  • Dans la brume écarlate

    Nicolas Lebel

    9/10 Cette fois Nicolas Lebel nous propose une narration chronologique, sans retours arrière comme c’était le cas dans De cauchemar et de feu et avec ce qui ressemble à deux intrigues parallèles et dont le lecteur se demande si elles ont un rapport entre elles. Une résurgence du mythe des vampires côtoie en plein Paris, le bien cruel problème des immigrés en provenance de la Syrie, confrontés au rejet de l’extrême droite.
    Mehrlicht fume toujours autant, Dossantos interpelle le lecteur car il est impossible de le détester et pourtant …, Sophie n’en finit pas d’attendre les papiers de Djibril !
    Côté détente on apprécie que Daniel se mette à la magie, qu’il n’abandonne pas « questions pour un champion » et surtout et toujours ses sonneries de téléphone.
    L’auteur confirme s’il était besoin, son grand talent de conteur, son don du suspense, sa qualité d’écriture et l’attachement particulier à ses personnages.
    Mais ne nous trompons pas, au-delà de cette histoire qui a su me captiver, retenir toute mon attention au cours de ses 320 pages, de nombreux thèmes sociétaux actuels sont abordés : l’immigration et la théorie fumeuse du « grand remplacement », les violences conjugales, la dure réalité des services qui ont pour mission d’assurer notre sécurité au quotidien. Un bien beau bouillon de culture dans la tête de Nicolas Lebel, pour notre plus grand plaisir …
    Tous mes vœux de bonne santé à Mehrlicht !
    Au fait, Nicolas Lebel n’aurait-il pas une affection particulière au Père Lachaise … ?

    12/05/2019 à 18:40 6

  • Djihad à Paris

    Marc de Borcheim

    9/10 Il est rare que le titre et la 4ème de couverture soient aussi pertinents. L’auteur nous entraîne dans une traque au contexte on ne peut plus actuel. Nous découvrons la complexité des enjeux qui plombent les relations avec le Moyen-Orient, les moyens au service de la lutte anti-terroriste et surtout le déroulement d’une enquête. Une traque qui perturbe la collaboration affichée entre les Etats occidentaux, englués qu’ils sont par les reliquats de la guerre froide et notamment les cellules « stay behind » véritable révélation pour moi. Je le sais on ne nous dit pas tout certes, et c’est bien heureux car il y a vraiment de quoi frémir au cours de ces 446 pages.
    Sur le devant de la scène, un militaire, Aymar, au passé incertain, va se questionner, nous questionner sur l’éthique dans ce type de situation : dilemme existentiel … il va mener cette enquête d’un nouveau type en côtoyant voire en s’immergeant au cœur de milieux glauques et interlopes et en se confrontant aux rivalités des différents services de renseignements.
    Espionnage, polar, thriller … en fait tout à la fois avec brio pour cet auteur issu du sérail qui nous offre un témoignage très explicite et tout autant inquiétant.
    Une révélation !

    23/10/2016 à 14:22 6

  • Dolores

    James Osmont

    8/10 Oui je pourrais tout à faire faire « copier-coller » sur ma chronique de Sandrine l’année dernière et l’appliquer mot pour mot au troisième volet de la trilogie psychiatrique de James Osmont.
    Il s’agit bien d’une trilogie à lire impérativement dans l’ordre sous peine de sombrer comme les héros … car on y retrouve ses personnages, du moins ceux qu’il a eu la délicatesse de ne pas tuer au cours des deux premiers tomes. Et là je copie : l'auteur nous immerge dans les cerveaux que l'on qualifie communément de malades mais dont les affections guettent chacun(e) d'entre nous, fragilisés que nous sommes par les accidents de la vie. Éprouvante lecture car elle nous renvoie au jugement que nous portons sur l'autre et pour cela même elle est incontournable. Au-delà du fond « psychiatrique », notons une galerie de personnages hauts en couleurs, qu'il ne ferait pas bon de rencontrer dans un bois …
    James Osmont nous étonne encore dans ce récit atypique, émaillé de citations poétiques et musicales … peut-être un tome 4 avec les rescapés ?

    21/07/2017 à 19:50 6

  • Du feu de l'Enfer

    Cédric Sire

    8/10 Ça y est je suis réconciliée avec Sire Cédric. Je n’étais pas fâchée avec sa plume ni son style mais comme je ne suis pas friande du fantastique, j’avais buté à la page 143 de l’enfant des cimetières.
    Ici, point de fantastique mais des personnages bien atteints, de la violence et de l’hémoglobine (pas exclusivement humaine d’ailleurs), une guerre des polices délocalisée à Montpellier, une secte libertine et sanglante, des policiers ambigus, … . L’héroïne, Manon, nous fait découvrir en outre, les spécificités et les gestes de son métier de thanatopractrice avec force détails.
    Mais c’est au-delà du contexte que l’auteur nous entraîne dans une époustouflante lutte pour la survie. Ariel, frère de Manon découvre qu’il est le principal suspect d’une série de meurtres. Sa sœur le maternera au-delà du raisonnable. Ils cherchent des alliés dans la police et chez les collègues de Manon mais ont-ils raison ? Le suspense ne prendra fin qu’aux toutes dernières pages. Haletant !

    16/04/2017 à 15:54 6