Dany33

535 votes

  • Au nom de l'art

    Cetro

    7/10 Un véritable ovni que ce roman … c’est une fois arrivée à la fin de l’épisode que je me suis rendue compte que la publication numérique comportait deux versions (une qui se veut « normale » et une autre intégrale et non censurée). Bien m’en a pris car toute chamboulée par la version expurgée, je n’ose imaginer l’autre … La chute vers l’horreur absolue ! Une famille séquestrée va connaître les pires tortures mentales et physiques. « Des nœuds d’acier » de Sandrine Colette ressemble maintenant à la comtesse de Ségur ! Que dire d’autre : un style incomparable qui flotte entre humour et narration bien sanglante, un rythme infernal, maîtrisé à souhait, des dialogues tranchants … un moment stupéfiant mais avant tout un très bon moment de lecture ! Bref, une découverte à la hauteur des chroniques que j’ai lues sur ce roman, le premier d’une série de deux pour le moment. Une belle écriture … auteur à suivre !

    20/11/2017 à 14:51 6

  • Au pays des mille collines

    Gaspard-Hubert Lonsi Koko

    8/10 En France, politiquement c’est la cohabitation Mitterrand-Balladur à la tête de l’Etat et ce sont les prochaines élections qui occupent les esprits du personnel politique. Alors il est à espérer qu’aucune responsabilité de militaires français dans un crash aérien ayant couté la vie à des dirigeants de pays de la Françafrique ne sera mise au jour. Le gouvernement fait donc appel à un détective, Cicéron Boku-Ngoï, réplique africaine de James Bond, commandeur lui aussi, rompu aux missions secrètes : il aura la charge de retrouver les boîtes noires … si toutefois elles existent.
    En Afrique c’est le génocide des Tutsis qui fait rage au Rwanda, mais aussi la corruption, les trafics en tout genre, les intrigues, les complots sous l’influence de Mobutu, le léopard qui voit là une occasion de rétablir ses relations avec la France.
    Ceci dit, le lecteur entre dans la danse, suit notre détective doué et inspiré, qui joue sur ses multiples cultures le tout de façon assez plaisante quoique violente et teintée d’hémoglobine.
    Un roman que l’on peut qualifier d’espionnage et d’aventure, qui vaut surtout par son ambiance géo-politique obscure et glauque, peuplée de chefaillons et apprenties Mata-Hari, sous le regard conciliant de la diplomatie locale.
    Très documenté, aux multiples références, ce roman est une approche originale d’un continent qui souffre encore aujourd’hui, près de trente années après les faits, qui explique aussi l’une des raisons de l’émigration dans cette région de notre monde.
    Un bon moment de lecture en ce qui me concerne, avec carnet de notes à proximité pour suivre l’identité des personnages …

    27/11/2018 à 14:08 4

  • Au revoir là-haut

    Pierre Lemaitre

    9/10 Deux destins chamboulés par « la grande guerre »
    vont être unis dans la douleur au cours de ce qu’on appellerait de nos jours leur réinsertion… de cette union contre nature va donner lieu à une vengeance hors normes, à la fois cynique, délirante de pleine de fantaisie. Et comme il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas, une suite de hasards va faire que l’un des héros va pénétrer l’univers de l’autre,  pour le plus grand plaisir des lecteurs.

    L’auteur délaisse ici les thrillers, pour ce roman que l’on peut qualifier d’historique, tant il est documenté et nous plonge dans la France des années 1918 à 1920, avec les douleurs et les deuils, malmenés par
    quelques financiers qui ont vu là le moyens de se faire encore plus d’argent. Heureusement qu’il nous rassure en citant ses sources : tout n’est pas vrai ! Ouf pour nous et merci pour la claque ! Le prix Goncourt était largement mérité. Ce roman est pour moi le coup de cœur de mes lectures de l’été, certes pas polar mais tout aussi palpitant que la trilogie Verhoeven par son suspens inattendu.

    Il semble qu’Albert Dupontel soit en train de préparer une
    adaptation cinématographique en collaboration étroite avec Pierre Lemaître… les paris sont ouverts pour le casting … Sortie annoncée pour 2016. Gros projet,
    gros budget … grosse attente !

    15/08/2015 à 16:22 10

  • Austerlitz 10.5

    Anne-Laure Beatrix, François-Xavier Dillard

    9/10 Une présentation originale mêle l’intrigue aux collections exposées au Louvre. Un pari pour les auteurs qui nous font ainsi parcourir les couloirs et passages secrets, découvrir les maîtres des vestiges antiques inconnus ou plus classiques et oubliés, les regarder sous un angle moins académique, leurs sujets ayant toujours un rapport significatif avec l’action du roman.
    La crue centennale de la Seine a ravagé Paris, cruellement touché sa population et engendré des trafics incroyables et souterrains, au nom de la culture et de l’ambition personnelle de ceux qui fréquentent les antichambres du pouvoir.
    Un flic malchanceux se trouve happé par cette tourmente et tente d’arrêter les agissements d’un tueur en série, par ailleurs narrateur épisodique.
    On retrouve la minutie de la construction des intrigues de François-Xavier Dillard (un vrai jeu d’enfants et Fais-le pour Maman) qui sème le doute chez le lecteur et le secoue émotionnellement tant le réalisme des situations est provocant.
    Que dire de plus sans spolier … l’exercice à quatre mains, s’il a ravi les auteurs, a sans doute ajouté de la difficulté et rendu crédible le tout, pour notre plus grand plaisir.
    Même si l’auteur assure qu’il s’agit d’un pur hasard, je ne peux m’empêcher de penser à Mallock et son « principe de parcimonie » qui lui aussi fait disparaître la Joconde et submerger Paris par une crue centennale … mais c’est bien une autre histoire, autrement traitée. Simplement disons que cette menace n’a jamais été aussi préoccupante. La version que nous en lire Austerlitz dans ses prologues (Scène de déluge et jours 3 à 8) est tout simplement grandiose mais ça c’est la patte Dillard !

    23/03/2016 à 16:09 6

  • Aux Portes de l'Éternité

    Ken Follett

    8/10 Dernier volet de cette trilogie et je suis un peu déçue. L’auteur nous fait parcourir la seconde moitié du XXème siècle avec les familles dont nous avons fait connaissance au cours des deux premiers tomes. La Grande Bretagne, les Etats Unis, les deux Allemagnes et l’URSS y vivent la guerre froide, la chute du mur de Berlin et ses conséquences, ainsi que la lutte contre la ségrégation et pour l’égalité. Notons que l’Europe se résume à la Grande Bretagne et à l’Allemagne de l’ouest. C’est assez surprenant … Ce balayage historique à grande vitesse même si ce volume frôle les mille pages, m’a fait penser à la saga de la « bicyclette bleue » et au « vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire » où les héros, même s’ils sont attachants et quoi qu’ils fassent, sont au centre de tous les événements et rencontrent tous les personnages historiques qui ont compté. Un pavé bien documenté au demeurant, mais partial, qui m’a fait passer un bon moment mais dont je ne garderai pas un souvenir inaltérable comme pour les piliers de la terre. Sa construction chronologique permet par ailleurs de le lire par épisode, ça peut aider la digestion.

    02/07/2015 à 15:08 1

  • Barcelona

    Daniel Sánchez Pardos

    4/10 Annoncé comme un thriller historique dont l’action se situe dans la ville catalane que j’aime beaucoup, ce roman me semblait bien prometteur … Gaudi certes y tient un rôle essentiel mais s’il n’avait pas été l’architecte emblématique, cela n’aurait pas changé fondamentalement le fond de l’intrigue. Historique : oui puisque l’action se situe en 1874 et les souvenirs du narrateur pendant les six années qui précèdent le coup d’état contre la « première République espagnole » et le rétablissement de la monarchie. Thriller : beaucoup moins. Un jeune bourgeois, le narrateur, amoureux d’une socialiste britannique, rencontre Gaudi et tous trois vont tenter d’élucider une enquête, parallèlement à la police républicaine. Le père du narrateur, patron de presse, accusé de meurtre est en fait au cœur d’un complot monarchiste. L’auteur nous plonge dans une ambiance fin XIXème, où l’illustration dessinée remplace la photo de presse n’existe pas et où les voleurs à la tire peuvent devenir protecteurs.
    Le rythme est lent sauf dans les quelques dernières pages et l’épilogue laisse le lecteur sur sa faim car il ne sait pas en fin de compte, pour Gaudi, ce qui est réel et ce qui est pure fiction, d’autant que ce dernier est présenté comme un trafiquant de drogue et chasseur de paradis artificiels. Je pense qu’il s’agit là d’un manque de rigueur pour un auteur qui ancre son action dans l’histoire espagnole.
    Pour les vrais amateurs de Barcelone, je proposerai plutôt la lecture de « La cathédrale de la mer » d’ Ildefonso Falcones dans la lignée des « piliers de la terre » de Ken Follett ou plus récent « le bourreau de Gaudi » véritable thriller dans la Barcelone contemporaine de Aro Sáinz de la Maza, pour le coup, un vrai régal.

    03/08/2016 à 15:27 2

  • Bienvenue à Cotton's Warwick

    Michaël Mention

    9/10 C’est le troisième thriller que je lis de Michaël Mention et je suis encore surprise de sa maîtrise à changer d’environnement. Ici, il nous propulse dans le fin fond de l’Australie (ce qui fait penser au « cul de sac » de Douglas Kennedy) et si vous aimez les outrances des personnages de Tarantino alors vous allez adorer ne pas être le bienvenu dans cette communauté de dix-sept ringards dont une seule femme et un autre, visitée périodiquement par un routier qui rend possible sa survie par le trafic, un tondeur de moutons en side-car et un médecin qui arrive par les airs ! Tout ce ramassis improbable, dans cette région où l’eau est plus rare que la bière, va se déchirer pour le plus grand bonheur du lecteur qui passe du rire au dégoût voire aux larmes. N’est-ce pas en fin de compte une métaphore de ce qui attend l’humanité à trop assouvir la nature ?
    C’est si beau un kookabura mais que dire du Razorback ? Peut-être l’auteur a-t-il été inspiré par un film d'horreur éponyme australien sorti en avril 1984.
    N’en doutez pas un instant … ce roman est à ne pas rater !

    08/01/2017 à 15:42 8

  • Bienvenue à Gomorrhe

    Tom Chatfield

    8/10 Bienvenue chez les hackers 2.0 … ou plutôt 2,5.0 voire 3.0. Bienvenue ? C’est l’avenir qui le dira …
    Dans ses remerciements l’auteur précise : « il s’agit d’une œuvre de fiction qui joue délibérément avec la réalité – mélange de plausible et de fantastique, de faits historiques et de choses qui m’ont simplement amusé. Contrairement à la réalité, la fiction a l’obligation d’être crédible. » Oui crédible … pari réussi Monsieur Chatfield, vous m’avez vraiment fait flipper …
    Gomorrhe est une excroissance du Darknet, dès lors on s’attend à tout trouver dans ce supermarché de l’horreur en ligne. S’y côtoient le plus glauque de l’humanité virtuelle et les hackers redresseurs de torts, justiciers de notre monde digital. Ainsi le héros, AZI attire notre sympathie car il affiche la vertu au point de créer de fausses identités capables de rallier les plus infames idéologies comme le néo-nazisme, afin de mieux les combattre. Bien sûr les hackers les plus doués sont sous surveillance des divers services secrets de la planète, le temps de leur utilité. Loin du cliché du geek boutonneux et obèse, AZI vit en ermite dans la cabane au fond de son jardin et va dévier de ses principes quand il va être contacté par une « amie » qui l’appelle à l’aide, pour déjouer un complot djihadiste. Tout ne se passera pas au mieux et va provoquer une fuite en avant, vers Berlin, Athènes puis San Francisco où il pourra trouver des alliés ou des ennemis.
    Une histoire complexe, très documentée, au vocabulaire parfois hermétique où je me suis perdue malgré les notes en fin de chapitre. Mais peu importe, je suis passée outre ces embûches pour suivre ce thriller rapide et haletant de presque 500 pages. J’ai aimé cette vision de l’Athènes souterraine et libertaire, loin des cartes postales et l’apothéose finale digne d’une superproduction hollywoodienne.
    Ce thriller technologique mâtiné d’espionnage, son héros vertueux certes mais immergé dans un roman sans concession et néanmoins bien sanglant, nous feront par ailleurs découvrir les mécanismes d’endoctrinement au djihad en œuvre à Raqqa, dans la chronique d’une évasion avortée.
    Lu en version numérique 9.99 €
    Je remercie les éditions Hugo Thriller pour m’avoir permis de faire cette découverte dépaysante et riche d’enseignements.

    01/11/2020 à 10:28 3

  • Bill dangereuse innocence

    Chris Loseus

    8/10 Ambiance malsaine pour un (presque) huis clos ou comment un clou change le destin du monde ?
    Un pédophile veut gagner les élections et tous les souvenirs d’une enfance maltraitée reviennent en surface à la « faveur » d’une actualité télévisée !
    Ou … comment la maltraitance des adultes et des enfants peut détruire la victime et la rendre inhumaine et coupable !
    C’est bien à une plongée malsaine dans l’esprit de Bill que nous convie Chris Loseus. Puis tour à tour, il va nous inviter dans la tête de chaque protagoniste, avec ses perversités, ses moments de doutes, ses questionnements et ses rancœurs. Même les plus chanceux, les moins suspects, ont des secrets et des angoisses réprimées, les innocents des ambitions dénuées d’éthique. Quand ils décident le laisser libre cours à leurs pulsions alors, c’est le chaos. Chaos que les lecteurs vont vivre au centre de l’action, improbable au début et de plus en plus plausible au fil des pages. Et que dire des dégâts collatéraux ?
    Une angoisse grandissante au long de ces 256 pages délocalisées aux USA que l’auteur affectionne particulièrement et au cours desquelles le lecteur ne peut pas en vouloir totalement à Bill. Merci Chris Loseus pour ce bon moment de lecture, déstabilisant comme on aime … c’est bien le problème !

    12/11/2019 à 11:32 1

  • Black Coffee

    Sophie Loubière

    7/10 Ça y est je suis réconciliée avec les romans de Sophie Loubière. J’avais malencontreusement commencé par le tome 2 « white coffee » (l’éditeur indique qu’il peut se lire sans avoir lu le tome 1) et j’avais trouvé les personnages peu attachants. En fait il faut absolument lire le tome 1 car toute leur psychologie donne de l’épaisseur aux personnages, et est nécessaire à la bonne compréhension de la suite.
    Un mari disparu et voilà un road trip familial, surprenant et envoûtant à la fois, subtil et haletant. Au-delà des clichés sur la route 66, mythique comme elle se doit et pittoresque comme l’Amérique profonde, une quête du passé pour un Desmond, héros super doué, bien malmené. Je comprends l’attachement de l’auteure à ce cinquantenaire meurtri par un drame familial hors norme quand il avait 5 ans. Des seconds rôles tout aussi atypiques ajoutent une note d’humour à une intrigue bien sanglante.
    J’ai donc beaucoup aimé cet opus et relirai avec des yeux neufs la suite dans quelques temps.

    31/10/2016 à 13:13 5

  • Black-out

    John Lawton

    7/10 C’est le deuxième roman que je lis de cet auteur et en fait le premier de la saga de Fred Troy, enquêteur de Scotland Yard. L’action se situe pendant le black out de 1944 à 1948 à Londres principalement et Berlin en conclusion. Ambiance noire pour une intrigue qui ne l’est pas moins, où tout le monde se méfie de tout le monde et surtout des agents doubles, avant la police scientifique. Notre héros va souffrir avec les femmes, les flics, les militants communistes et les militaires qu’il côtoie, pour le plus grand plaisir des lecteurs, secondé par des personnages attachants et atypiques (son oncle et le légiste notamment). Ici c’est aussi l’espionnage technologique pour une guerre plus courte, du moins le souhaite Troy mais quel est véritablement son moteur ? La justice ou la traque pour la traque ? Vous le saurez en lisant ces 469 pages, alertement menées parmi les coups bas et perversions diverses et servies par un style efficace.

    14/07/2016 à 13:13 2

  • Bletchley Park

    Mark Zellweger

    9/10 C’est le deuxième tome de cette trilogie consacrée aux espionnes du Salève, roman d’espionnage qui lève le voile sur le rôle méconnu de la Suisse pendant la dernière guerre mondiale. En effet, déclaré neutre, ce pays central a cependant aidé activement à la lutte clandestine contre le nazisme.
    Le premier tome avait vu se constituer cette équipe féminine cosmopolite au service de la liberté, sous la houlette de Hannah, réfugiée polonaise. Au cours du deuxième épisode (août1941-novembre 1942), ces nouvelles espionnes vont « jouer » sur des terrains aussi différents que la Lybie, la Norvège et bien d’autres… alors qu’en Grande Bretagne les décodeurs souffrent à éclairer les chefs de guerre et s’évertuent à craquer Enigma. Ajoutons à cela les divers services secrets qui se font à peine confiance et le lecteur aura une idée des enjeux et des risques encourus par ces femmes de l’armée des ombres.
    Mark Zellweger, avec la précision qu’on lui connait, décrypte les processus, les méthodes, les faux-semblants nécessaires à la résolution des conflits au bénéfice de l’humanité malmenée. A ce titre il faut souligner cet aspect historique qui va bien au-delà de l’intrigue romanesque et qui donne davantage de profondeur à des personnages attachants.
    Passionnant, ce véritable roman d’aventure, malgré quelques coïncidences improbables, ne se lâche pas avant la fin et … il y a heureusement la perspective d’une tome 3 !

    26/11/2018 à 14:18 2

  • Block 46

    Johana Gustawsson

    8/10 C’est en hommage à son grand-père que Johana Gustawsson entraîne ses lecteurs aux côtés de Erich jeune étudiant en médecine, interné à Buchenwald … victime, coupable ou encore complice ? En parallèle, de nos jours, un tueur en série s’attaque à de jeunes enfants avec perversité et outrance dans la souffrance. Emily Roy, profileuse Canadienne va faire équipe avec Alexis Castells, amie d’une victime qui ne correspond pas au profil habituel des « objets de tortures » mais pour laquelle les ressemblances du mode opératoire ne sont pas fortuites. Un vrai thriller, dans une ambiance nordique où le coupable émerge cependant sans crier gare, sans indice pour la lectrice que je suis et qui aurait peut-être aimé être leurrée d’avantage avec de fausses pistes. Bon moment de lecture à recommander.

    26/06/2017 à 15:04 5

  • BRI : Histoire d'une unité d'élite

    Danielle Thiéry

    8/10 On connaît l’auteure, la grande dame du noir, pour ses polars en immersion. Elle sait comme personne nous faire douter avec les flics, souffrir avec les victimes et leurs proches. Ici, la première femme à avoir été nommée Commissaire Divisionnaire en France, met toute son expérience et son talent au service de la vérité sur un corps qui nourrit bien des fantasmes : la BRI (Brigade de Recherche et d’Intervention). De ses débuts sous le nom de l’Antigang, à nos jours, les hommes (les bons et les méchants) et les contextes ont changé … on ne peut pas dire évolué quand on parle de crime, cependant les techniques pour e combattre se sont affinées, les procédures ont été élaborées et confortées.
    Largement illustré par des faits qui ont rempli notre l’actualité pendant de longues périodes (Mesrine, le gang des potiches, …), dans cet ouvrage Danielle Thiery « classifie » les différents types de crimes que la BRI et ses consœurs GIGN et RAID sont amenés à combattre pour notre sécurité. Elle lève le voile sur ce qui a pu nous apparaître comme « une guerre des polices ». Elle a eu largement recours aux témoignages des « stars » de la lutte anti-gang et anti-terrorisme.
    Ce témoignage de notre temps est une réédition augmentée de la version de mai 2011, qui gagne en émotion en commençant par les témoignages sur les attentats de 2015 … ça se lit comme un roman, c’est précis comme une enquête, révélateur comme une investigation et tellement impliquant pour le lecteur-citoyen que je ne peux qu’en recommander la lecture.

    10/04/2019 à 09:01 2

  • Burn out

    Didier Fossey

    9/10 Troisième tome de la série des enquêtes de Le Guenn.
    Beaucoup plus intime que les deux précédentes, cet opus approche les angoisses et incertitudes des policiers en charge d’une affaire devenue meurtrière « par hasard ».
    Les lecteurs auront de l’empathie pour Guillaume, il serait facile de dire de lui qu’il est coupable de désintérêt pour sa compagne mais en fait nous le voyons très vite, il est victime du système qui en demande toujours plus, n’importe où et n’importe quand ! Quant à ce qu’il fera de la traque de son concurrent : sa réaction est humaine même si ses objectifs sont excessifs.
    L’autre personnage attachant c’est Franck, qui a perdu son coéquipier et ne se complaît pas dans l’attente. Il résume à lui seul toute la rancœur de ceux dont les sentiments ne sont pas écoutés
    L’auteur Didier Fossey a vécu la BAC de nuit bien trop longtemps dit-il pour ne pas en avoir gardé des traces. Ses romans sont autant d’hommages à ses anciens collègues, son écriture sans doute une délivrance, maintenant qu’il peut dire les choses.
    Notons que c’est toujours avec beaucoup de plaisir que le lecteur débusque les clins d’œil d’un auteur à ses confrères de plume. Ici j’ai pu identifier un joailler et un sous-préfet mais il paraît qu’il y en a d’autres cachés.

    Boris Le Guenn est bien le chef de clan, il paye de sa personne, il couvre ses collègues, son métier déborde sur sa vie familiale au point d’oublier constamment de donner de ses nouvelles. Tout autre (ou presque) que lui serait insupportable mais c’est Le Guenn, alors nous avons de la sympathie pour lui. Le suivre au fil de cette série procure de très bons moments de lecture.

    25/08/2020 à 08:04 2

  • Buveurs de vent

    Franck Bouysse

    8/10 La sortie du Franck Bouysse de l’année est toujours attendue. Un événement pour les amoureux du beau langage, des histoires bien noires et bien sordides, de la belle nature et ses grands espaces. J’avais donc hâte de retrouver cette plume exceptionnelle avec Buveurs de vent, toute disposée à me laisser porter au fil de ces 400 pages. Comme à l’accoutumée j’y ai trouvé des personnages attachants ou répugnants, avec une empathie acquise d’avance.
    Tout aurait dû être parfait si ce n’est la fin … non qu’elle déplaise à la lectrice de fiction que je suis, mais tout simplement abrupte, tronquée, sans vraiment solder les comptes des protagonistes comme si le développement de l’épilogue qui s’annonçait grandiose n’aurait rien apporté à l’histoire. Soit, mais une fin plus fouillée, élaborée, aurait permis à nos émotions de s’éteindre autrement que brutalement avec le mot « fin ».
    Dans une petite vallée, un barrage, une carrière et une micro-société dominée par un propriétaire entouré de ses sbires qui ne cherchent qu’à en découdre avec les villageois, un bar et ses habitués. Puis une famille, un patriarche amputé, une mère bigote, un père qui a démissionné devant son épouse et une fratrie de quatre jeunes, otages de cette vallée. Leurs destins vont basculer sous nos yeux. Une chronique villageoise, moins intimiste que Né d’aucune femme plus proche dans son esprit des précédents romans de Franck Bouysse, Plateau ou Glaise par exemple.
    Ne vous méprenez pas, Buveurs de vent est bien un Bouysse pur jus, avec son ambiance, ses jeunesses malmenées, ses ados pleins de promesses, ses nantis méprisants, ses dominants et ses dominés, ses personnes « différentes » pleines de charme, ses familles aux générations mal assumées, sa ruralité … un vrai Bouysse !
    A lire malgré ma réserve, j’y ai pris un vrai plaisir de lectrice de noir !

    20/09/2020 à 09:50 5

  • Ça peut pas rater !

    Gilles Legardinier

    9/10 Je globiche grave cette histoire de Marie. Je suis chanceuse car en précommandant la version numérique, elle s’est automatiquement chargée sur ma tablette donc en avant-première ! Je vous promets que si un jour j’ai un chat, je l’appelle « Ibuprofène ». Legardinier pour le quatrième opus comique (il ne faut pas oublier les autres facettes de cet auteur) nous fait suivre Marie, en deuil de sa rupture avec Hugues et en quête, quoi de plus normal, du bonheur. Mais, tous ses coups fumants qui ne devraient pas rater, se transforment en catastrophes, jusqu’au soir où … Allez de ce pas commander votre exemplaire, une super pause sans hémoglobine qui nous incite à nous nourrir de ses souvenirs (plutôt les bons d’ailleurs) au lieu de les fuir. Touchant et jubilatoire, plus léger que « Et soudain tout change » mais quel talent pour cette narration au féminin comme seul Gilles Legardinier en est capable.

    02/07/2015 à 15:39 2

  • Cabale pyramidion

    Samuel Delage

    9/10 C’est un peu par hasard que j’ai décidé de lire ce roman, le troisième de Samuel Delage. J’aime l’archéologie, l’histoire, l’Egypte et Le Caire cette ville « à part ». J’ai donc été gâtée par l’auteur car tous les ingrédients y sont sans oublier une intrigue bien menée. Une affaire de trafic d’œuvres d’art après la révolution de 2011 et la grande rafle sur les objets en dépôt ou en exposition au musée du Caire. Le lecteur est pris très rapidement par les personnages attachants et les autres, bien réalistes avec leurs malversations et manœuvres douteuses pour grimper dans la hiérarchie de la nomenklatura cairote.
    L’auteur nous livre un roman très documenté dans un style efficace avec la petite touche de dépaysement sans quoi le Caire ne serait pas le Caire. Une belle découverte qui engage à lire les autres romans de cet auteur qui annonce une suite à celui-ci …

    02/02/2017 à 16:56 4

  • Cadres Noirs

    Pierre Lemaitre

    8/10 Chaque fois que je termine un roman –classé roman par l’éditeur alors que j’y voies un vrai thriller - de cet auteur, il me faut un temps de récupération. Pas de flics, pas de Camille Verhoeven, pas de (vrai) sang et (très) peu de morts, mais des vrais salauds … Quel suspens et que de rebondissements dans cette suite de coups de bluff, sur un rythme intense où nous avons de l’empathie, plus que raisonnable, avec cet anti-héro chômeur en fin de droit, prêt à tout pour retrouver un emploi et une image gratifiante aux yeux de sa femme et de ses filles. Les « seconds rôles » bien léchés avec une mention particulière à Charles, aussi je verrais bien cet ouvrage adapté au cinéma.
    Donc … j’ai beaucoup aimé et je vous invite à le lire bien sur.

    01/07/2015 à 14:02 6

  • Cap canaille

    Christophe Gavat

    8/10 Lorsque le lecteur entame un prix du quai des orfèvres il sait que ça parlera de flics, qu’il y aura aussi de la procédure, de la vraie, de la consistante. Par ailleurs il y a fort à parier que l’auteur sache de quoi il parle. Cap Canaille c’est tout ça mais bien plus. Pour son troisième roman Christophe Gavat ne se met pas en scène, il a créé des personnages bien typés, souvent attachants et antipathiques pour certains.
    Ici les us et coutumes de la Canebière sont confrontés aux usages franciliens, différence de culture, différence d’approche pour viser un même résultat : arrêter les méchants ! Qui donc mène le jeu sur le Vieux Port, sur les Calanques, … sur le Cap Canaille ?
    Une « grande dame » du banditisme a fait l’objet d’un barbecue et Henri Saint-Donat en charge de l’enquête et qui l’a connue à Paris dans un contexte douloureux et sanglant, suggère que l’affaire ne doit pas être si simple qu’elle n’y paraît, sans doute liée à un braquage dans la banlieue de Paris. Les services vont devoir échanger leurs infos et ça se passe plutôt bien : pas de conflit de territoire et une vision harmonieuse. Pendant ce temps le milieu marseillais se cherche un nouveau patron semble-t-il. Légionnaires ou petits caïds des quartiers ?
    Une enquête bien menée, une bonne intrigue avec les bons rebondissements, un vrai polar où les femmes ne s’en laissent pas compter, où la hiérarchie ambitieuse est plutôt conciliante et … les paysages superbes et quelques poursuites qui mériteraient une adaptation pour le cinéma ou la télévision.
    J’ai beaucoup aimé ces 400 pages sans temps morts qui nous en apprennent long sur la police et ses professionnels vus de l’intérieur. La part d’exotisme est assurée par Marseille et ses Calanques. Une lecture que je recommande chaudement pour son efficacité.

    13/12/2020 à 14:55 6