LeJugeW

1780 votes

  • Stratèges de l'ombre

    Jean Libert, Gaston Vandenpanhuyse

    8/10 Billy Krauss est un journaliste américain installé à Paris, chargé d'écrire une chronique hebdomadaire sur la vie parisienne à destination de ces concitoyens de Chicago.
    Mais ce poste est en fait une couverture. Billy Krauss est un ennemi du capitalisme et a rejoint le camp soviétique qui va le charger d'une mission : récupérer, auprès de son meilleur ami ingénieur, des documents concernant le projet américain Pegasus, qui permettrait à l'horizon 1980 de faire voler des avions à 200 km d'altitude à la vitesse de 27 350 km/h... un projet dont on devine aisément la pertinence dans le cadre de la Guerre froide...

    Plus connus sous le pseudonyme de Paul Kenny et leur série Coplan, les auteurs belges Jean Libert et Gaston Vandenpanhuyse ont écrit quelques titres sous d'autres pseudonymes, comme celui de Jack Murray.
    Dans Stratèges de l'ombre, l'intérêt principal réside pour le lecteur de 2019 de se plonger (ou replonger pour les plus anciens) dans cette littérature d'espionnage inspirée de cette omniprésente Guerre froide. Il est parfois difficile aujourd'hui de s'imaginer la paranoïa dans laquelle vivaient des centaines de millions d'êtres humains de part et d'autre du rideau de fer et de tous les stratagèmes mis en place par les deux camps pour damer le pion à celui d'en face, notamment dans le domaine de l'armement.
    Stratèges de l'ombre est sur ce plan très réussi, aidé en plus par un vrai savoir-faire de la part des auteurs (qui s'appuie, il est vrai, sur une production industrielle à raison d'un polar publié tous les deux mois à l'époque !), avec un personnage central intéressant, une bonne intrigue, un bon rythme, bref, on a envie d'en savoir plus tout en se délectant de vivre à distance (et donc sans subir la peur d'une guerre nucléaire) cette incroyable période de l'histoire.
    Premier titre du duo belge que je lisais, et première bonne pioche !

    18/07/2019 à 00:06 3

  • L'Arracheur de Visages

    Michael Prescott

    6/10 J'ai eu un mal fou à m'intéresser à l'intrigue de ce thriller publié il y a déjà 20 ans. La faute à un tueur psychopathe vu cent fois depuis (même si celui-ci est particulièrement tordu) et aux motivations peu crédibles. La partie traqueur/traqué qui s'inverse est plus intéressante, notamment lorsque le flic Shepherd commence à se poser les bonnes questions.
    Resteront en mémoire, peut-être, quelques scènes dans l'hôpital psychiatrique ou encore dans le désert de ce coin d'Arizona, dans la banlieue de Tucson...
    Pour le reste, ce sera très probablement vite oublié, hélas.

    17/07/2019 à 23:43 2

  • A chacun sa guerre

    Gilles-Maurice Dumoulin

    6/10 John Sanders, de la CIA ("du" C.I.A. dans le livre) est envoyé à Rome pour des raisons que le lecteur découvrira au fur et à mesure de sa lecture. Sur place, il poursuivra un agent passé à l'ennemi, tentera de mettre la main sur une machine potentiellement hautement destructrice, croisera la route d'agents soviétiques, égyptiens, d'une belle italienne, Tina, d'une belle russe, Silvana, le tout dans les rues et ruelles d'un Rome bruyant et dynamique, avec des passages sur le Forum ou encore dans le Colisée.
    Autant le dire, l'intrigue ne casse pas trois pattes à un canard et peut tenir sur un post-it.
    Ce qui, en revanche, est plus intéressant, c'est le personnage de John Sanders, un agent certes très professionnel mais aussi humain, plaçant de temps en temps quelques remarques pertinentes sur l'absurdité de la guerre (on est alors en pleine guerre du Viêtnam).
    L'écriture de Gilles Maurice-Dumoulin est par ailleurs plaisante, l'auteur parsemant son texte de calembours la plupart réussis. Le tout est mené tambour battant et s'il n'échappe pas à la caricature, le roman tire son épingle du jeu par la proximité (utilisation de la première personne du singulier) que l'on a avec le héros.

    30/06/2019 à 18:08 1

  • Simetierre

    Stephen King

    9/10 C'est après avoir vu l'excellente adaptation cinématographique récente que j'ai décidé de lire, enfin, un des romans du King les mieux notés sur PP.
    Et oui, Simetierre est un excellent roman. Pendant trois semaines de lecture, j'ai suivi Louis et sa famille sur le chemin de l'inexorable. J'ai partagé le chagrin, dévastateur, d'un père de famille, poussé à commettre l'irréparable. L'ennui n'a jamais été au rendez-vous, contrairement à la tristesse de voir l'évolution de cette famille effondrée alors même qu'elle portait en elle l'espoir de lendemains heureux.
    Mais à Ludlow, le bonheur n'est pas possible, pas si près de ce qu'il y a au-delà du "simetierre" pour animaux...
    Ayant lu le roman après avoir vu le film, je n'ai pas trouvé le premier flippant (contrairement au 2nd, dont j'ai par ailleurs davantage apprécié le dénouement) mais plutôt pesant, une langueur qui s'installe à mesure que l'on avance vers le point de non-retour. Oui, ce roman est avant tout très triste, très dur sur le plan des sentiments humains. King nous interroge sur certains de nos choix, sur leurs conséquences, tout cela dans le cadre de notre rapport à la mort.
    Un immense roman, un de plus de la part d'un des plus grands auteurs contemporains.

    27/06/2019 à 11:09 8

  • Liquidation

    George P. Pelecanos

    8/10 Premier roman d'un de mes auteurs américains favoris et première réussite grâce au personnage de Nick Stefanos, un trentenaire d'origine grecque attachant qui abuse cependant un peu trop de la bouteille, ce qui ne l'empêche pas de résoudre une affaire coriace tout en changeant radicalement de métier puisque l'enfant du Péloponnèse passe de responsable de la publicité d'une chaîne de magasins à détective privé, toujours à Washington. Une ville comme un personnage, mais pas de premier plan, pas encore.
    J'ai beaucoup aimé les scènes se déroulant dans le magasin où Nick décide de retourner pour mieux enquêter, avec des personnages attachants comme McGinnes (que j'espère retrouver dans le 2e tome de la trilogie), un vendeur hors pair très porté sur la bouteille et la fumette. Les techniques commerciales pour faire du chiffre m'ont fait rire, ces passages-là allègent un peu la noirceur de l'intrigue (relative par rapport à d'autres romans noirs cependant) basée sur un trafic de drogue qui déraille.
    Ce qui m'a finalement le plus touché, c'est l'amour que porte Pelecanos à ses personnages, et la façon dont il arrive à nous le transmettre.
    Du coup, j'ai très envie de retrouver rapidement Nick Stefanos dans la suite de Liquidation, Nick la Galère.

    27/06/2019 à 10:51 4

  • Le Chat et les pigeons

    Agatha Christie

    7/10 Encore une intrigue très plaisante à suivre de la part d'Agatha Christie, avec pour départ une situation politique explosive au Moyen-Orient et des diamants convoités par de nombreuses personnes. Puis l'on suit la vie d'un pensionnant de jeunes filles au sein duquel les assassinats vont s'enchaîner... il faudra une nouvelle fois toute la perspicacité d'Hercule Poirot, qui n'apparaît que dans le dernier tiers du roman, pour démêler les nœuds de l'intrigue ayant pour centre une... raquette de tennis !
    Pas le meilleur Christie, ni le meilleur Poirot, mais ce fut fort agréable de suivre la vie du pensionnat en huis clos, avec comme d'habitude son lot de personnages que l'on soupçonnent tour à tour d'être derrière les meurtres.

    27/06/2019 à 10:36 2

  • Les Cloueurs de Nuit

    Bruno Gazzotti, Fabien Vehlmann

    7/10 Après le tome 10 centré sur le jeune Terry, c'est au tour d'Yvan d'être au coeur de l'intrigue, poursuivi par le "Ravaudeur" et les "Cloueurs de nuit". Le dessin est toujours aussi bon, l'intrigue de plus en plus tordue et violente, et avance malheureusement toujours aussi lentement... si j'en crois Wikipedia, il reste encore 11 tomes d'ici la fin de la série, ça risque d'être très long...

    26/06/2019 à 12:03 1

  • Dangereuses photos

    R. L. Stine

    7/10 Plus long (145 contre 120 pages en moyenne habituellement), plus lent, plus détaillé, Dangereuses photos est un Chair de Poule un peu différent de la production habituelle. L'auteur n'abuse pas outre-mesure des cliffhangers en fin de chapitre et sait faire monter la tension avec des moments flippants pour le jeune lectorat (la visite dans la maison abandonnée, la rencontre avec "l'Araignée" etc... sans parler des fâcheuses conséquences produites par l'utilisation de l'appareil photo).
    Un Chair de poule dans le haut du panier de la série, à n'en pas douter.

    24/06/2019 à 14:36 1

  • Une semaine en enfer

    Matthew F. Jones

    7/10 Un roman noir désespéré, entre nature writing et hard boiled. Ou quand le destin s'acharne sur un pauvre type, pas bien aidé par les aléas de la vie...
    Quelques belles scènes dans la description des paysages et des sentiments.
    Au final un bon roman mais à qui il manque quelque chose pour en faire une lecture remarquable et marquante durablement.

    13/06/2019 à 13:01 3

  • Le Petit Homme d'Arkhangelsk

    Georges Simenon

    9/10 Simenon est immense, ce n'est pas une nouveauté. Il le prouve encore avec ce Petit homme d'Arkhangelsk, alias Jonas Milk, libraire juif et collectionneur de timbres, originaire de Russie, arrivé jeune enfant en France et qui s'est marié à une jeune femme volage, Gina, de plus de 15 ans sa cadette.
    Quelques années plus tard, Gina se volatilise, emportant avec elle un carnet de timbres d'une valeur exceptionnelle. Le monde de Jonas Milk va alors s'écrouler, non de façon soudaine mais petit à petit.
    Car si le "petit homme d'Arhangelsk" croyait faire partie d'une communauté qui l'avait accepté et même adopté, il découvre qu'il n'est qu'un étranger alors que les soupçons à son encontre se resserrent et que les masques tombent...
    Un Simenon très ancré dans l'Histoire (Première et Deuxième Guerres mondiales, Révolution russe, Occupation etc...), avec un soupçon de politique, des ingrédients que je découvre pour la première fois sous la plume du grand auteur belge. Une atmosphère oppressante dans laquelle on se voit aux côtés de ce pauvre Jonas Milk, on partage son mal-être et on est entraîné dans sa paranoïa. Le final, presque inéluctable, est à la hauteur de reste.
    Encore un très grand roman de Simenon...

    22/05/2019 à 13:48 5

  • Sans Atout dans la gueule du loup

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    8/10 Boileau et Narcejac revisitent la légende de la Bête du Gévaudan, et ça prend rudement bien avec deux jeunes héros intéressants (notamment Sans-Atout), un rythme enlevé, ce qu'il faut de rebondissements, bref une lecture pour jeunes très réussie !

    22/05/2019 à 13:38 4

  • Courrier posthume

    Sylvie Granotier

    5/10 Un premier roman, vite lu et dont j'ai déjà, hélas, oublié une bonne partie de l'intrigue. Rien de déplaisant mais rien de bien marquant non plus... L'héroïne semble flotter au sein de sa vie, à subir les évènements, indécise, molle, à ne rien voir alors qu'elle a tout ou presque sous les yeux (comme le lecteur, qui comprend vite les tenants et les aboutissants du meurtre).
    Depuis l'auteure a écrit bien mieux donc je ne conseille pas ce roman pour découvrir l’œuvre de Sylvie Granotier.

    22/05/2019 à 13:35 3

  • Maigret et la Jeune Morte

    Georges Simenon

    7/10 Maigret est appelé dans la nuit suite à la découverte du corps sans vie d'une jeune femme, dont on ne sait rien. Sur place, l'inspecteur Lognon, ou "l'inspecteur Malgracieux" (dont j'avais fait la connaissance dans une nouvelle éponyme) déjà présent, doit s'effacer malgré lui devant le commissaire. Ce dernier lui propose de faire équipe. Lognon, portant sur son dos toute la misère du monde, va se démultiplier, parfois sans en informer sa hiérarchie, ce qui donne lieu à des scènes cocasses durant lesquelles Maigret passe peu de temps après l'inspecteur pour interroger des témoins et poser les mêmes questions, à quelques heures d'intervalle.
    L'intrigue est très plaisante à suivre, peu de temps morts, beaucoup "d'action" et de dialogues. Une nouveauté dans cette enquête (en tout cas par rapport aux autres Maigret que j'ai pu lire), le fait que le commissaire assiste à une autopsie, s'appuie sur ses résultats pour faire avancer l'enquête, fait aussi appel à un laboratoire pour expertise... bref, des techniques "modernes" que l'on n'a pas l'habitude de voir dans les enquêtes de Maigret.

    28/04/2019 à 14:47 4

  • L'Année du lion

    Deon Meyer

    9/10 Beaucoup de choses ont été dites dans les précédents commentaires. Plutôt que de les répéter, je résumerai mon avis au fait que j'ai adoré me plonger, jour après jour, dans ce pavé, récit dystopique aux allures de conte inscrit dans une époque peut-être pas si lointaine mais que l'on espère ne jamais arriver.
    Écriture fluide qui nous entraîne avec aisance aux cotés de personnages attachants, au cœur d'une histoire captivante, un roman fabuleux, un vrai coup de cœur.
    L'Année du Lion fait partie, à n'en pas douter, des rares romans qui marquent considérablement et durablement une vie de lecteur. A découvrir sans attendre !

    23/04/2019 à 18:35 12

  • C'est l'histoire de la Série Noire (1945-2015)

    Ouvrage collectif

    10/10 J'ai lu avec passion cet ouvrage destiné à célébrer les 70 ans de la Série Noire que j'ai découvert assez tardivement. L'approche est chronologique et plusieurs pages sont dédiées à des thèmes divers comme le projet "Série rouge" finalement abandonné, la "Série Noire et le cinéma" (passionnant) ou encore "La Série Noire et le roman noir américain", le tout agrémenté de nombreuses photos, documents d'époque, pièces d'archives (notamment p.190 à 239).

    On y découvre la genèse de la SN avec, dès les années 1920-30, des collections comme "Les Chefs-d'oeuvre du roman feuilleton" (Gaston Leroux, Gustave Le Rouge...), "Les Chefs-d'oeuvre du roman d'aventures" (Van Dine, Edgar Wallace...), "Détective" (Gaston Boca, Raymond Fauchet, Noël Vindry, Ellery Queen, Earl Stanley Gardner, Leslie Charteris...) ou encore "Le Scarabée d'Or" (1936) avec notamment Rex Stout en fer de lance.
    C'est en 1945, avec Marcel Duhamel à sa tête, que naît la Série Noire, marquéé tout d'abord par les deux anglais Peter Cheyney et James Hadley Chase. Dans une France marquée par la disette de romans noirs "américains" (écrits d'abord par des Anglais) durant la Seconde Guerre mondiale, le succès est au rendez-vous. Les 6 premiers titres (de 1945 à 1947) se vendent à 70 000 exemplaires.
    1948 marque le "véritable lancement" (p.36) de la SN avec un rythme de parution plus élevé et des tirages plus importants. Le manifeste de la collection, signé Duhamel, date d'ailleurs de cette année-là.
    Arrivent alors à la SN des auteurs mythiques comme James M. Cain, Raymond Chandler, Don Tracy... Le premier français publié (décembre 1948), Serge Arcouët, doit prendre le pseudonyme de Terry Stewart.
    Face au succès, Gallimard lance une 2e collection, intitulée "Série Blème" (1949). Sensée accueillir les "suspense stories", avec un rythme d'une parution par mois, cette collection est un échec et est arrêtée deux ans plus tard, avec 22 titres au total (dont certaines seront republiés dans la S.N.).
    Les années 1953-54 marquent la "percée des Français" avec Albert Simonin et son Touchez pas au Grisbi ! (meilleure vente de l'histoire de la SN avec 215 000 exemplaires vendus avant 1971), ou encore Auguste Le Breton et Dominique Ponchardier (avec sa série "Le Gorille").
    Après 10 ans, la SN cartonnne : plus de 230 titres parus et 10 millions d'exemplaires vendus !
    1959 marque l'entrée de l'auteur le plus prolifique jusqu'ici de la SN, Carter Brown (+ de 120 titres entre 1959 et 1974 !).
    Les années 1960-70 sont marquées par une production quasi-industrielle avec la parution de 6 titres par mois. Un tirage moyen d'un titre de la SN se situe aux environs des 30 000 exemplaires par titre dans les années 60, 22 000 en 1978.
    En 1977, Marcel Duhamel s'éteint, après 33 ans à la tête de la Série Noire, remplacé par Robert Soulat. Deux ans auparavant, la SN connaissait une crise importante avec 15 titres publiés en 1975 et seulement 5 en 1976.
    La concurrence de la "Super Noire" en 1974 n'était pas pour rien dans cette crise (Super Noire qui s'arrêtera finalement en 1979 avec 134 titres parus).
    Une partie fort intéressante est dédiée à la concurrence de la SN. En effet, pas moins de 35 collections de romans policiers et d'espionnage coexistent durant ces décennies, chez Calmann-Lévy, Denoël, Fayard, Fleuve Noir (Spécial Police, Engrenage, San Antonio), Lattès, Plon (SAS), Presses de la Cité, Rivages/Noir (1986), Rivages/Thriller, Oswald, Albin Michel (Spécial Suspense)...
    Fin années 1970-début 1980, de nouveaux auteurs français intègrent la SN : Hervé Prudon, Joseph Bialot, Philippe Conil, Tito Topin, Jean-Paul Demure suivis par, en 1984-85 (années exceptionnelles !) Didier Daeninckx, Jean-Bernard Pouy, Marc Villard, Thierry Jonquet, Daniel Pennac !
    En 1991, Robert Soulat est remplacé par Patrick Raynal (interview p. 134 à 142) qui abandonne la contrainte d'un nombre de pages maximum (jamais plus de 250 jusqu'ici, souvent aux alentours de 180) et contribue à l'arrivée d'auteurs venus du monde entier (et plus seulement français ou anglo-saxons). Il laisse à son tour la place à Aurélien Masson en 2005. En juin 2015, Le Dernier coup de Kenyatta de Donald Goines est le dernier SN numéroté (n°2743).

    Que l'on soit amoureux de cette collection ou totalement novice, on ne peut ressortir indifférent de la lecture de cet ouvrage fascinant dédié à une collection mythique tout autant fascinante. Dire que j'ai adoré cette lecture est un euphémisme !

    23/04/2019 à 17:46 4

  • Les Amants du bord de mer

    Giorgio Scerbanenco

    6/10 80 premières pages d'une tristesse abyssale, désespérantes, entre un jeune homme très pauvre, Diumio, qui rêve de voir la mer avec sa chérie, Simona, tout aussi pauvre que lui et qui, pour ce faire, réalise un cambriolage qui tourne (forcément) mal, tandis que parallèlement, une jeune bourgeoise, Edoarda, amoureuse et en couple avec un homme qui la délaisse régulièrement au profit de sa soeur névrosée, se rend compte de la vacuité de son existence.
    Heureusement, une fois la rencontre faite entre ces deux êtres que tout oppose, l'histoire décolle un peu, ou plutôt devient plus palpitante disons, on s'intéresse enfin à l'histoire, à mesure que l'espoir pointe grâce aux efforts d'Edoarda pour tirer Diumio de son cauchemar éveillé.
    Quelques beaux moments, poétiques, comme lors de la rencontre, en fin d'ouvrage, entre Duimio et une gamine sur une plage.
    Pas de quoi cependant effacer complètement la frustration de la première moitié de ce court roman, durant laquelle j'ai eu envie d'abandonner ma lecture à plusieurs reprises.
    Au final, un ressenti mi-figue mi-raisin, mais tout de même quelques belles images en tête issues de certaines scènes du roman qui resteront probablement longtemps dans ma mémoire.

    23/04/2019 à 14:17 4

  • 5 octobre, 23h33

    Donald Harstad

    7/10 Une 4e de couv' et une couv' hyper alléchantes et mystérieuses, des mots dithyrambiques de Mr Michael Connelly himself, aïe, Le Cherche Midi n'en ferait-il pas trop ? Hélas, un peu trop si. Car je n'ai trouvé le livre ni "captivant", "perturbant" ou "effrayant" pour reprendre le vocabulaire employé sur les 4e de couv'/couv'.
    En revanche, j'ai apprécié suivre cette enquête originale (un meurtre commis dans un immense manoir de l'Iowa où vivent, gratuitement, des paumés d'un genre particulier...), avec le vampirisme en toile de fond et la fascination que peut exercer un être aux pouvoirs "surnaturels" (notez les guillemets) sur une bande de jeunes à l'esprit égaré. On navigue entre l'Iowa et le Wisconsin dans les pas du shérif Carl Houseman, un personnage vraisemblablement très proche de ce que fut l'ancien flic Donald Harstad (en outre la femme de l'auteur fut institutrice, comme celle de son personnage), un héros dont on se sent proche, grâce à l'utilisation de la première personne du singulier mais aussi et surtout parce que Carl Houseman a toujours de l'humour, sans être lourd, malgré les actes ignobles auxquels il doit faire face. Un personnage particulièrement humain qui s'inscrit dans une enquête qui se veut réaliste, l'auteur utilisant sa propre expérience pour nous faire vivre de l'intérieur et au plus près l'enquête, à commencer par l'usage des codes dont se servent les patrouilles pour faciliter la communication et éviter les oreilles indiscrètes (tout cela est bien détaillé en fin d'ouvrage).
    Au final une lecture très plaisante, aucunement flippante mais plutôt accrocheuse, grâce à une intrigue originale, un héros attachant et un réalisme que l'on doit à l'expérience policière de l'auteur. Premier Harstad pour moi, sûrement pas le dernier.

    23/04/2019 à 13:41 2

  • Manhattan chaos

    Michaël Mention

    7/10 Manhattan Chaos, chaos d'une ville, chaos dans la tête d'un camé. Par n'importe quel camé, monsieur Miles Davis himself. Biographie d'un homme, biographie d'une ville, regard dans le rétro de la Big Apple, à mesure que Davis ne cesse de se retourner pour voir s'il a réussi à semer ses poursuivants. Des poursuivants, ou des fantômes, extraits du passé, XIXe comme XXe siècle.
    Le tout solidement documenté sur une époque et un contexte déjà explorés par l'auteur dans Fils de Sam notamment. Michaël Mention déborde les faits, l'imagination débridée comme l'est le cerveau déglingué de son héros. Un héros et son mauvais génie, John, qui ne cesse de relancer la roue de l'histoire, et bim, c'est reparti pour un tour ! On court, on souffle, on souffre, on suffoque, on perd haleine, on est exténué dans ce tourbillon mené à 100 à l'heure, ça va très vite, peut-être trop vite...
    Si je n'ai pas été sensible aux références musicales (novice que je suis), j'ai en revanche apprécié les pans de l'histoire de New York. Un style toujours aussi reconnaissable, peut-être plus accentué encore dans cet opus -ci et qui ne plaira pas forcément à tout le monde.
    Bref, encore une solide pierre de plus ajoutée à l'édifice de l’œuvre déjà conséquente bâtie par Michaël Mention, une œuvre qui fait écho au chaos du monde...

    22/04/2019 à 11:50 8

  • Marée d'équinoxe

    Rolf Börjlind, Cilla Börjlind

    6/10 Un meurtre absolument sordide en ouverture (j'ai rarement "lu" plus sordide), un cold case déterré par une étudiante en école de police, voilà qui a de quoi harponner l'amateur de thrillers !
    Et les deux premières heures d'écoute (livre audio) confirment ces bonnes dispositions mais le rythme perd en intensité, l'héroïne manque de personnalité, bref on en vient à s'ennuyer. Des scènes mémorables cependant, comme celle d'ouverture mais aussi celle de "kids fighting", font que le roman est loin d'être mauvais, d'autant plus que lorsque toutes les pièces du puzzle sont assemblées, l'intrigue a fière allure, avec des thèmes abordés aussi éclectiques qu'intéressants (pêle-mêle : les SDF, les combats d'enfants, l'exploitation minière en Afrique, les hautes sphères politico-économiques etc...) et un twist final excellent. Hélas, des longueurs et un rythme trop haché m'ont fait décrocher de temps en temps. En outre lecture de Françoise Miquelis manque de peps...
    Bref, un thriller qui n'a malheureusement pas tenu toutes ses promesses ; malgré d'excellents ingrédients sur le papier, la recette n'a que fonctionné par intermittence.

    19/04/2019 à 18:20 6

  • Sudestada

    Juan Sáenz Valiente

    8/10 Très belle BD, dans laquelle un détective privé de Buenos Aires pas franchement sympathique va tomber amoureux de la femme qu'il piste. Beaucoup de poésie, d'amour(s) dans cette jolie BD, très plaisante à découvrir.

    15/04/2019 à 22:39 2