El Marco Modérateur

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  • Terreur terminus

    Chris Anthem

    7/10 Un jour de grève à la gare de Lille-Flandres. Quelques passagers un peu paumés grimpent dans un TGV, parfois au hasard, trop heureux de pouvoir quitter les lieux, ou pour d’autres raisons. Sans savoir que l’horreur sera au rendez-vous.

    Chris Anthem : voilà un sacré nom pour un pseudonyme, non ? La fleur traditionnelle des cimetières. Un choix de sobriquet pour cet écrivain de l’ombre qui s’illustre parfaitement lorsque l’on lit cet opus. Largement inspiré du cinéma d’épouvante, on y retrouve tous les codes inhérents au genre : les personnages variés, plongés dans un univers fantastique et anxiogène, se débattant pour leur survie, au gré de péripéties toutes plus atroces les unes que les autres. Hallucinations morbides, scènes de grande tension, tortures endiablées et scènes bien gores, il n’y a qu’à demander le programme. Le cinéphile averti reconnaîtra sans mal des références à des films comme Le Blob, la série desSaw, ou encore quelques clins d’œil appuyés à Alien. En cela, Chris Anthem ne réinvente rien, et ce n’est d’ailleurs probablement pas son but : il propose ici un pur ouvrage de gare, dans son acception première, à savoir un ouvrage idéal pour se divertir, trembler, voire être secoué, de la première à la dernière page, et qui passe dans un mixeur zélé et averti tout ce qu’il a dû visionner de sa vidéothèque personnelle. Une véritable pépite pour les amateurs, et qui, en outre, ne verront jamais plus un train de la même manière.

    08/08/2017 à 23:52 2

  • Menace à Arras

    Gaylord Kemp

    7/10 Mathéo, collégien, est assurément un gamin intelligent, sensible au sacrifice des soldats lors de la Première Guerre mondiale. Quelle n’est pas sa surprise lorsque son papy André disparaît subitement, prétextant un voyage en Australie ? Se doutant qu’il y a là anguille sous roche, avec l’aide de la belle et habile Olivia et son petit frère Antoine, il va tenter de dénouer cette énigme, jusqu’à approcher un secret datant de la Der des Ders.

    Cet ouvrage jeunesse signé Gaylord Kemp séduit du début à la fin. Sur un ton alerte, avec une belle économie de moyens – langage simple et efficace, et guère plus de quatre-vingt-dix pages, il nous fait également découvrir ce trio improvisé de limiers, unis sous la bannière de « Section Orion ». Le mystère gagne rapidement le récit, et l’on se plaît à vouloir rapidement comprendre le pourquoi du comment. Les personnages, laconiquement dépeints, n’en sont pas moins sympathiques et attachants, au point que l’on a véritablement envie de les recroiser dans d’autres enquêtes. Le suspense est habilement érigé et maintenu, jusqu’à ce que le secret soit levé. A cet égard, même si la fin paraît un peu brutale et que l’on aurait eu peut-être envie d’en savoir un peu plus sur ce qu’avait découvert le soldat Dexter Ward – son origine, sa mise en œuvre, comment il a été décelé, on doit louer l’auteur pour l’originalité de la nature de cette énigme qui sort des sentiers battus.

    Un bon petit polar, enjoué et atypique, si charmant que l’on ne peut que souhaiter retrouver Gaylord Kemp et son agréable gang de détectives amateurs, ou alors carrément sous d’autres latitudes littéraires.

    08/08/2017 à 23:49 1

  • Carton rouge ou Mort subite

    Philippe Barbeau, Roger Judenne

    7/10 Une sympathique histoire, où se mêlent chantage, corruption du monde footballistique, et histoires de familles. Un rythme trépidant, une (double) plume efficace, et des pages qui défilent allègrement. Peut-être rien de bien nouveau sous le soleil de la littérature policière pour les jeunes, mais il m’a été très agréable d’y flâner, moins pour un coup de soleil que pour un léger et plaisant rosissement.

    08/08/2017 à 09:02 1

  • Mémoire à vif d'un Poilu de quinze ans

    Arthur Ténor

    8/10 A mes yeux, alors qu’il porte sur le même sujet et a été écrit par le même auteur, ce roman est bien meilleur que « Il s’appelait… le soldat inconnu ». Un sujet toujours aussi fort, traité avec, à la fois, la rudesse liée au thème et une certaine rondeur pour mieux parler au lectorat. Beaucoup d’émotions pour Maximilien qui connaîtra l’engouement pour le journalisme, l’engagement, la vie dans les tranchées, sous les balles et les obus, jusqu’au final, avec aussi une belle histoire d’amitié avec Gaston. De bien belles pages de la littérature jeunesse, pour ne jamais oublier.

    08/08/2017 à 09:02 2

  • J'irai cracher sur vos tombes

    Boris Vian

    9/10 Honte à moi, je n’avais jamais lu ce classique de la littérature, et pas seulement noire, et voilà que je viens de corriger cette lacune. Un très grand moment, j’ai été vraiment fauché. Par le style, d’une simplicité létale, où les mots, quoique spontanés et décharnés, n’en sont pas moins d’une rare puissance. Il y est tout de même question de sexe, de pédophilie, de sodomie, et autres joyeusetés qui condamnèrent le livre à sa sortie. J’ai également beaucoup apprécié l’histoire, sur fond de vengeance, de racisme et de vitriol jeté à la tronche des bonnes mœurs américaines. Je garderai longtemps en mémoire le plan de Lee Anderson pour mener à bien ses représailles, ses relations ambiguës avec les adolescents et jeunes adultes locaux, ses ballets avec les frangines Jean et Lou, et ce final, en deux étapes, comme la double détonation d’un fusil de chasse, avec ces simples quelques lignes pour achever un ouvrage surpuissant. Un sacré coup de masse, en ce qui me concerne. Je serai assurément au rendez-vous d’autres livres de Boris Vian.

    08/08/2017 à 09:01 4

  • La Maison des morts

    R. L. Stine

    8/10 Comme d’habitude chez R. L. Stine, une histoire bien construite, avec de bons moments de suspense et d’angoisse à la clef. Un ton bien plus âpre et « mature » qu’à l’accoutumée, pour cet opus qui sera l’un de mes préférés.

    08/08/2017 à 09:00 1

  • Aveugle, que veux-tu ?

    Robert Destanque

    6/10 Un bon petit polar bien noir, qui m’a littéralement pris par la main pour m’accompagner du début à la fin du récit. Je me suis laissé prendre par cette étrange – et assez peu plausible, reconnaissons-le – histoire d’amitié entre Robert Nolan, ancien comptable et homme de main de Goldman, un mafieux, et Michel Cotin, gamin un peu délaissé par sa famille opulente. Un roman court, qui va à l’essentiel, à l’image du vocabulaire employé et des tournures en général, assez simples. Un règlement de comptes en milieu varois, où le gosse se montra sacrément utile à Nolan, notamment pour lui prêter ses yeux lors du combat final, nécessairement violent. Cependant, là où je reste un peu sur ma faim, c’est au niveau des sentiments, des textures humaines : tout y est assez plat, froid. Robert Destanque, à force d’économiser ses mots, en est, selon moi, venu à trop peu dépeindre les émotions. Cela manque de chair entre Nolan et Michel, à moins que cela ne soit voulu ; je m’imaginais une relation fils/père de substitution, voire une forme d’envoûtement auprès de ce mioche déjà passionné par les armes et les figurines de soldats. Au final, un joli moment de lecture, mais trop décharné en termes de psychologie pour entièrement me faire adhérer.

    08/08/2017 à 08:57 1

  • 6000 tome 1

    Koike Nokuto

    8/10 Un manga saturé d’hallucinations et de beaux moments d’angoisse, passés à 6000 mètres sous la surface de l’eau dans une structure où a eu lieu un étrange accident trois ans plus tôt. Un graphisme très travaillé pour une intrigue soutenue qui s’achève ici avec l’ouverture du garde-manger et une étrange découverte. Je souhaite que les opus suivants soient à la hauteur scénaristique et esthétique de celui-ci.

    08/08/2017 à 08:55 1

  • Le Manchot à peau noire

    Philippe Declerck

    8/10 Le cadavre d’un Noir, massacré, vraisemblablement torturé, la main tranchée. Ce cas rappelle à Luc Mandoline un autre carnage : un autre Black supplicié et à qui on a tranché la langue. Aidé par quelques amis, celui que l’on connaît également sous le sobriquet de « L’Embaumeur » est bien décidé à tirer cela au clair.

    Philippe Declerck nous a séduits avec ses précédents ouvrages, notamment ceux consacrés à son personnage fétiche Olivier Béjot. Ici, il reprend le flambeau de la série consacrée à Luc Mandoline, et régale le lecteur. D’entrée de jeu, on est plongé dans cette histoire sombre et glauque, avec le convoyage d’une dépouille qui va vite se révéler suspecte. Par la suite, les rebondissements vont s’enchaîner en une véritable noria. Luc Mandoline goûtera à des amours soudaines et sanguines en la personne d’Amélia, et sera également poursuivi, battu, torturé, avant d’aller affronter ses propres démons lors de l’ultime épisode, dans un bordel ougandais. Philippe Declerck signe un roman particulièrement noir et nerveux convoquant sous sa plume des tyrans, des pays brutalisés, des enfants tourmentés, et des trafics nauséabonds. Un opus singulier et diablement efficace, qui démontre, s’il en était encore besoin, à la fois les qualités littéraires de son auteur ainsi que la fougue et la plasticité d’une série littéraire policière dont le grand intérêt ne se dément pas.

    31/07/2017 à 08:38 3

  • La Confrérie du corbeau

    Peter Tremayne

    9/10 Etonnante découverte que celle faite par Eadulf et Aidan. Dans un convoi de forains, un incendie attire leur attention : ils découvrent d’abord un corps puis un second. D’autres saisissements interviennent : les victimes ne sont pas ce qu’elles paraissent. Le premier jeune homme est en fait une jeune femme, enceinte, et l’autre un probable moine. De même, ils ne sont pas morts lors de l’incendie mais empoisonnés. Avec leur équipe de guerriers issus de la Nasc Niadh, la garde d’élite du roi, Fidelma, avocate des cours de justice, et son mari Eadulf tentent de remonter la piste laissée par les deux victimes.

    Ce vingt-sixième épisode de la série consacrée à Sœur Fidelma est un petit bijou. L’auteur, Peter Tremayne, nous replonge avec virtuosité dans l’Irlande du VIIe siècle, avec une immense culture, sans que cette dernière ne devienne trop envahissante. C’est un plaisir de tous les instants que de découvrir la culture des lieux et de l’époque, sa gastronomie, ses rites, son organisation sociétale, ainsi que ses lois. A cet égard, de nombreux poncifs explosent, tant on se rend compte que des notions que l’on croyait modernes, comme le divorce pouvant être favorable à l’épouse, existaient déjà. Dans le même temps, l’intrigue est particulièrement soignée et captivante. Le lecteur se laisse guider du début à la fin par l’écrivain. Tant Fidelma que Eadulf vont mener une enquête passionnante, qui va les faire s’approcher d’un complot pouvant bouleverser les Cinq Royaumes. A cet égard, Fidelma est décidément une très fine détective : sagace, obstinée tout en restant ouverte aux propositions de ses camarades, et – joli clin d’œil de la part de Peter Tremayne offert à Arthur Conan Doyle – qui fait sienne, à quelques mots près, la citation de Sherlock Holmes : « Lorsque vous avez éliminé l’impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité ». On retiendra également de magnifiques moments de littérature, comme la joute verbale entre Eadulf et Frère Finnsnechta, l’ermite, à propos du sort judiciaire réservé à la belle Rechtabra, les déductions finales de Fidelma à propos de l’identité du chef de cette terrible confrérie, ou encore le sort peu enviable réservé à ce dernier dans les ultimes pages.

    Un roman d’une remarquable tenue, aussi instruit qu’instructif et distrayant, pouvant être lu même si l’on n’a jamais pris connaissance des précédents opus.

    31/07/2017 à 08:38 2

  • Ranko Tango

    Brigitte Aubert, Gisèle Cavali

    7/10 Une histoire assez classique dans le fond, mais qui distrait sacrément par sa forme. Un jeune gamin, placé à la DDASS, se persuadant que son géniteur l’attend à La Réunion où il vit du métier de pirate, décide de prendre la poudre d’escampette, et, dans sa cavale, affronte bien des péripéties, dont se retrouver avec un truand malintentionné auquel il subtilise une clef de consigne et un gros pétard. Des personnages croustillants, dont Jo, le grand-père de Victoria, son amoureuse, un papy amateur de Perfecto, possesseur d’une Cadillac ancienne et ancien virtuose de l’accordéon. Un ton amusé et amusant, avec des répliques bien sympathiques, un langage mêlant celui des jeunes des quartiers (quoique le langage soit assez daté, le livre datant de 1999), les propos du titi parisien et les formules proches de celles de Michel Audiard. Rien de nouveau sous le soleil de la littérature policière pour la jeunesse, certes, mais un agréable moment où l’on se laisse bronzer en toute quiétude par la pétillance des mots et la joie qui a visiblement animé les deux écrivaines, Brigitte Aubert et Gisèle Cavali.

    29/07/2017 à 08:28 1

  • L'Attaque du mutant

    R. L. Stine

    7/10 Une histoire qui commence bien et m’a agréablement surpris, dans la mesure où elle tranche singulièrement avec les autres écrits de R. L. Stine. Un habile panachage de suspense, de phénomènes inexpliqués, avec une intrusion dans les milieux de la BD et des superhéros, en plus de touches d’un humour sympathique (come Wilson et sa collection de tampons). Par la suite, l’ensemble tient un peu moins ses promesses à mes yeux, et la scène finale, quoiqu’originale, ne m’a pas vraiment surpris. Mais cela demeure un ouvrage plaisant et qui se détache bien dans la bibliographie de l’auteur.

    29/07/2017 à 08:26 1

  • Tu seras la risée du monde

    Jean-Paul Nozière

    8/10 Une autobiographie sacrément dure, et en même temps si humaine, où Jean-Paul Nozière nous conte son enfance et son adolescence, victimes de l’énurésie. Sur un tel sujet, on pouvait craindre le réalisme forcené, les blagues de mauvais goût, les traits forcés :il n’en est strictment rien. Beaucoup d’humanité, un amour évident pour les siens : ses parents, instituteurs, écœurés par la grossièreté, ou son frère, toujours prêt à le secourir. De beaux moments de littérature, comme sa relation à la religion, notamment pour un Dieu qui ne fait rien pour l’aider à lui couper le robinet, ou ses relations ambivalentes avec ses camarades. Et toujours ce problème de « pipi-au-lit », qui le fera un temps penser à se couper le pénis. Un problème moral, social et psychologique évoqué avec une immense tenue, ainsi que la distance et une porte ouverte sur un handicap d’une rare intimité, qui a le bon goût de ne pas s’achever sur des bons sentiments étalés à la truelle ou un happy end déplacé.

    29/07/2017 à 08:25 3

  • Real Account tome 2

    Okushô, Shizumu Watanabe

    8/10 Une série dont la qualité, au deuxième tome, ne faiblit pas. Son lot de pièges, de jeux pervers, avec la dénonciation frontale des réseaux sociaux et des comportements et réflexions qu’ils induisent chez leurs affidés. Un scénario tendu et une sacrée découverte quant au passé d’Ataru, et un intéressant rebondissement dans les dernières pages du manga. J’en redemande !

    29/07/2017 à 08:23

  • Il s'appelait... le Soldat inconnu

    Arthur Ténor

    6/10 Un joli roman, ou la biographie romancée d’un Français lambda appelé à devenir, bien évidemment sans le savoir ni le demander, le Soldat inconnu. De sa naissance à la manière dont il a été choisi – de manière non conforme à la réalité – pour devenir ce symbole, en passant par ses premières amours et les horreurs de la guerre, la plume d’Arthur Ténor rend honneur à la petite comme à la grande histoire. Peut-être rien de très original ou de mémorable, mais un livre qui se lit vite et bien.

    29/07/2017 à 08:22 2

  • La Double disparition

    Serena Blasco

    7/10 Une habile adaptation du premier tome de la série écrite par Nancy Springer. Une intrigue classique mais bien menée, où l’on prend plaisir à découvrir Enola, sœur de Sherlock et Mycroft Holmes. Mais là où cette BD prend toute sa mesure, c’est grâce à l’esthétique prodiguée par Serena Blasco : tout y est charmant, attachant, avec cette beauté toute en pastels qui tranche avec ce que l’on trouve habituellement dans le domaine. Un délicat ravissement, probablement pas mémorable, mais surprenant, visuellement magnifique, et qui fait passer un agréable moment.

    29/07/2017 à 08:20 1

  • Ajin tome 3

    Tsuina Miura, Gamon Sakurai

    7/10 Un ouvrage dense et mené à un rythme frénétique, qui se divise finalement en deux parties : l’évasion de Kei du centre et quelques cercles habilement dessinés autour de la manipulation et des expérimentations. Des scènes de combats habilement menées, un graphisme nerveux, et même si le scénario passe au second plan derrière l’action pure, un délassement prenant et efficace.

    29/07/2017 à 08:20 1

  • Piégés dans le train de l'enfer

    Hubert Ben Kemoun

    8/10 Quand Teddy prend place dans le TGV, avec un sac rouge pris à la consigne de la gare quelques instants plus tôt, il se doute de son contenu. De la drogue. Son rôle : passeur, ou « mule », selon le terme approprié. Il est rodé à l’exercice. Mais les événements vont vite lui démontrer qu’il n’existe pas de tranquillité pour les convoyeurs de mort, surtout quand le hasard s’en mêle…

    Hubert Ben Kemoun est un auteur reconnu de la littérature jeunesse, et ce dernier opus démontre, s’il en était encore besoin, l’étendue de son talent. Serré et tonique comme un café, il emporte le lecteur pour cet aller-simple vers le chaos. Les rebondissements, nombreux et vraiment inattendus, ne cessent de chambouler le récit, avec, notamment, la présence de multiples protagonistes à bord du train. Teddy, bien sûr, fournisseur de drogue pour le terrible Gabor, parrain redouté. Dimitri, voleur compulsif, dont la cleptomanie va le conduire à une énorme bêtise. Ousmane et Grégoire, hommes de main de Gabor, montés dans ce TGV et dont la violence va exploser. Mathilde et Solène, amoureuses du même homme, et que ce périple ferroviaire va voir s’affronter. Tous ces individus, très crédibles et denses, rendent ce roman choral particulièrement prenant, dans la mesure où les interactions entre eux vont bouleverser le cours « normal » du voyage.

    Un ouvrage singulier et efficace, prenant du début à la fin, et qui, comme l’affirme la première de couverture, ne laisse que « 3H pour s’en sortir ». Et autant d’heures d’une lecture énergique et intelligente, car ce joli moment de détente n’en oublie pas de s’intéresser avec tact et discernement au sort des personnages placés sur les rails de cette intrigue excellente.

    26/07/2017 à 08:44 3

  • L'oeil du témoin

    Carole Martinez

    9/10 Dans le village de Rochesson, il ne se passe habituellement pas grand-chose. Noé, déçu de ne pas avoir pu partir avec ses camarades en voyage scolaire, observe les alentours avec son télescope. Il voit alors Marguerite, la brave bibliothécaire, se faire étrangler. Il y a un autre témoin, une jolie jeune fille de son âge, qu’il surnomme dans un premier temps « Vague ». Qui a bien pu assassiner une quinquagénaire aussi inoffensive que la victime ? Aidé de sa nouvelle amie – pour laquelle il a le béguin, Noé enquête.

    Avec ce roman, Carole Martinez enchante. Certes, le postulat du malheureux témoin a déjà été moult fois employé. Mais il y a un véritable envoûtement qui se dégage des pages au fur et à mesure de l’histoire. La plume de l’écrivaine est admirable ; ce n’est pas parce qu’elle s’adresse à des jeunes lecteurs qu’elle est simpliste, au rabais. Tout y est poétique, joliment tourné. Les personnages, nombreux – les deux limiers comptabilisent soixante-deux suspects – et tous sont admirablement retranscrits. Depuis les parents de Noé – des aveugles à qui leur fils joue un tour pendable en mettant le capharnaüm dans l’appartement pour qu’ils pâtissent de leur décision de le garder avec eux – en passant par ces inénarrables personnes âgées vivant dans le village, chaque description et chaque situation mettant en scène ces individus deviennent, au choix, un petit délice d’humour ou d’humanité, quand ce n’est pas les deux à la fois. L’intrigue est également habilement tournée, et l’on s’achemine lentement vers une résolution très crédible, habile et efficace, mettant en relief l’accablement humain. Et la manière dont Noé et sa camarade découvriront le coupable du meurtre est adroite et marquante.

    Un exquis moment de littérature policière pour les jeunes, magnifiquement rédigé, et qui emporte de la première à la dernière page.

    26/07/2017 à 08:38 1

  • Dansons la camisole !

    Carter Brown

    8/10 Un roman typique de l’œuvre de Carter Brown, et plus encore de la série consacrée à Rick Holman. Un récit sympathique sans pour autant défier la machine à cambrer les bananes en terme d’inventivité, un détective privé entêté et doté d’un solide sens de l’humour, sans compter de bien jolies poupées ensorcelantes et peu prudes. Une histoire de chantage, avec d’inquiétantes photographies prises lors d’une soirée libertine où l’on voit la cliente de Rick plonger un couteau dans le ventre d’une malheureuse. Pas mal de heurts entre Rick et les divers suspects jusqu’à la résolution de l’intrigue. C’est comme un bon blues : on connaît les mesures par cœur, on en devine presque la mélodie, mais on se laisse toujours prendre par cette musique noire intemporelle. Du moins, est-ce mon cas. Et je serai encore au rendez-vous d’autres ouvrages de Carter Brown.

    16/07/2017 à 09:05 3