El Marco Modérateur

3584 votes

  • Satan habite au 21

    Jean-Pierre de Lucovich

    7/10 11 mars 1944. La police découvre des restes humains dans un hôtel particulier. Le suspect principal : le docteur Marcel Petiot. Un peu par hasard, puisque c’est son ami Jacques, policier, qui l’invite à le suivre sur place, le détective privé Jérôme Dracéna va se lancer à la poursuite de cet étrange tueur en série.

    Après Occupe-toi d’Arletty !, Jean-Pierre de Lucovich signe donc la deuxième enquête menée par Jérôme Dracéna. C’est toujours un plaisir que de retrouver ce détective, ancien limier, fervent pratiquant de boxe française et amateur de femmes, dans ce contexte si particulier des années 1940, en pleine occupation allemande. L’auteur, guide adroit et pétillant, dresse un portrait sans concession de cette période, entre vexations, amours contrariées, déshonneurs multiples et grandes espérances. Une ère où les Français, malgré le rationnement et l’assujetissement teuton, tentent de vivre, voire de s’amuser. C’est aussi l’occasion de retrouver les compagnons de Jérôme, comme Marcel, le boxeur, Jacques, le policier, ou encore la truculente Arletty et Pierre Brasseur au cours d’une nuit que Jérôme n’oubliera pas de sitôt. L’intrigue est également savoureuse, avec ce personnage si mystérieux et inquiétant que fut le docteur Petiot. Comme il l’explique dans son avertissement en préface, Jean-Pierre de Lucovich a pris des libertés avec la réalité historique. C’est un fait qui pourra irriter voire révulser certains lecteurs, mais il faut reconnaître que l’écrivain, en faisant sien cet énigmatique monstre et en lui faisant interpréter un rôle différent, ose bouger les lignes, et qui plus est, avec beaucoup de talent. Cependant, on pourrait regretter que l’intrigue s’effiloche parfois, notamment avec les diverses actions menées par Jérôme au nom de la Résistance, au lieu de se consacrer à la traque de Marcel Petiot.

    Encore un bon roman de la part de Jean-Pierre de Lucovich, vif, élégant et enthousiasmant. Mais puisque le roman s’achève peu de temps après le Débarquement allié en Normandie, retrouvera-t-on notre héros dans un autre épisode ? L’avenir nous le dira…

    20/12/2017 à 21:51 4

  • Incendiaire

    Craig Johnson

    7/10 Une petite enquête fort sympathique, à peu près aussi agréable qu’elle n’est courte. Moi qui ne connaît pas du tout l’œuvre de Craig Johnson, je découvre un récit pétillant, espiègle dans ses dialogues et ses descriptions, avec un point d’honneur mis à peindre en si peu de mots des personnages crédibles, humains et croustillants. Une affaire d’incendies en série résolue de façon véloce, probablement trop à mes yeux, mais pour une histoire qui ne compte que quatorze pages, il ne pouvait guère en être autrement. Un joli coup littéraire qui me donne envie de lire les autres nouvelles de l’écrivain ainsi que ses romans.

    17/12/2017 à 19:43 6

  • Perfect Crime tome 1

    Yuya Kanzaki, Arata Miyatsuki

    9/10 J’ai été happé par ces histoires dures et sombres, où Tadashi Usobuki, pousse ses victimes à mourir grâce à une forme très particulière d’autosuggestion. Un graphisme et une esthétique obscures qui servent à merveille des histoires prenantes, avec souvent des chutes très intéressantes et efficaces (comme cette histoire de voisin trop curieux d’un couple en apparence parfait, ce père de famille qui veut se venger de petites frappes responsables de l’état végétatif de sa fille, ou cette jeune femme qui veut se débarrasser de son bébé trop pesant). Un pur régal, tant au niveau des ambiances que des scénarios. J’ai hâte de savoir comment va évoluer une série que j’ai trouvée très prometteuse.

    17/12/2017 à 19:42 1

  • Comment qu'elle est !

    Peter Cheyney

    7/10 Une intrigue assez original, où Lemmy Caution doit, d’une certaine manière, laver son honneur, puisque ses supérieurs sont persuadés qu’une indiscrétion de sa part durant la guerre a engendré la mort de nombreux soldats. Le voilà parti en France et en Angleterre pour comprendre qui a réellement lâché le morceau. De l’humour, avec un vocabulaire argotique fleuri, des répliques qui font mouche, et une manière enjouée de prêter à Confucius des expressions qu’il n’a bien évidemment jamais prononcées. A mi-chemin entre polar noir et espionnage, un ouvrage de la Série Noire décontracté et très plaisant, bien mené par Peter Cheyney, qui donne envie de lire d’autres opus tant de cet auteur que de cette collection.

    17/12/2017 à 19:39 4

  • Gift +- tome 1

    Yuka Nagate

    8/10 Décrit comme un « Dexter au féminin », un manga qui sort du lot. Pas mal de violence et de scènes de sexe – un passage de viol décrit avec crudité, des prélèvements d’organes réalisées quand la victime est encore vivante et consciente, et des moments très durs. La protagoniste, Tamaki Suzuhara, est très intéressante, avec des bribes de son passé juste ébauchées, une activité atypique, bref, c’est prometteur pour la suite. Un graphisme général glauque et sanglant, très efficace, et plusieurs petites intrigues fortes et marquantes, où sont évoquées le trafic du prélèvement d’organes et de leur vente. Une série alléchante à mes yeux, sombre et brillamment mise en scène, avec un premier tome qui me donne déjà envie de connaître la suite.

    17/12/2017 à 19:38 1

  • Interdit de crier !

    R. L. Stine

    6/10 Un bon petit opus de la série, avec un jeune Jack Harmon, douze ans, qui récupère un téléphone d’où s’échappe une voix féminine portée par une entité qui ne lui veut pas que du bien. L’ambiance est angoissante, du moins pour les jeunes lecteurs auxquels s’adresse ce roman, et les codes traditionnels qu’applique R. L. Stine viendront soulager les fans de l’auteur de leur addiction. Je suis en revanche plus dubitatif quant à certains rebondissements (le passage de la voix d’un appareil électronique à un autre ou son envie de trouver un pair), mais le twist final, un peu téléphoné, a au moins le mérite de contenter le lectorat et de répondre aux canons du genre.

    17/12/2017 à 19:37 1

  • Killer Instinct tome 1

    Keito Aida, Michio Yazu

    3/10 Voilà le premier tome d’une série, et je crois que je vais en rester là. Rien ne m’a vraiment plu là-dedans. Un graphisme sympa mais sans réel panache ni originalité, un scénario déjà vu et lu des milliers de fois (avec des personnages très distincts qui se retrouvent enfermés dans un espace clos sans savoir pourquoi), des protagonistes caricaturaux (la brute épaisse, l’asocial visiblement pédophile, l’escort girl, le brave type tellement transparent que ça en devient risible, etc.), une psychologie d’une rare nullité (les premières pages où ils découvrent tous les sept ce bâtiment fermé et isolé sont indignes, comme si tout ce barnum était normal, sans qu’ils en soient choqués). Aucun moment vraiment sensationnel ni mémorable, si ce n’est une inutile scène de viol figurée avec réalisme et cruauté et qui n’apporte strictement rien à l’ensemble du manga. Seul le concept historique et traditionnel du « kodoku » m’a intéressé car je ne le connaissais pas, mais ça reste bien maigre pour une œuvre que j’ai trouvée tarte, racoleuse et sans la moindre âme. Dans la série des « Stop ou encore », pour moi, c’est clairement « stop ».

    17/12/2017 à 19:36 1

  • Mortel Sabbat

    Lincoln Child, Douglas Preston

    9/10 Etrange affaire que celle que l’on vient proposer à l’agent Pendergast : Percival Lake lui demande d’enquêter sur un vol commis dans sa cave, à Exmouth, petit village côtier du Massachusetts, où trônent des vins très rares. Pendergast découvre sur place une alcôve où a été torturé, il y a fort longtemps, un homme. Puis c’est un historien, venu se renseigner sur un naufrage survenu à la fin du 19ème siècle, qui est tué non loin des marais d’Exmouth. Voilà une histoire inquiétante, d’autant que viennent s’y agglomérer les fantômes de sorciers.

    Pour ce quinzième ouvrage de la série consacrée à Pendergast, les auteurs, Lincoln Child et Douglas Preston ont fait fort, très fort. Partant d’une histoire en apparence simple, tout va très vite se compliquer et mettre à rude épreuve l’agent du FBI ainsi que sa protégée, Constance Greene. Un être sillonnant les marais que l’on surnomme le Faucheur gris, des corps mutilés sur lesquels un dément a gravé des symboles cabalistiques, un passé menaçant concernant le naufrage d’un navire à la cargaison inconnue, des sorciers… Les ingrédients ne manquent guère, et la totalité du livre se dévore, de la première à la dernière page. Comme d’habitude – et il y a comme ça des coutumes dont on ne se lasse pas, le style et le rythme que les deux auteurs impriment à l’histoire sont sidérants : les pages défilent à une vitesse effrénée, les chapitres s’emboîtent à merveille. Une véritable dépendance littéraire dont nous sommes si nombreux à nous shooter, et sans le moindre risque physiologique. Si certains passages de cette histoire sont assez glauques et effrayants (les découvertes de Constance dans le souterrain, le combat ultime contre le monstre, ou la traque de Pendergast dans les marais), des touches d’un humour salvateur viennent pétiller à la surface sombre du récit, comme les premiers échanges avec la police locale ou la manière à la fois abrupte et si délicate qu’a Pendergast de convier le cuisinier du restaurant à préparer décemment le poisson. Le héros, autant du point de vue physique que psychologique, va vivre de pénibles épreuves, et Constance, en être diaphane, à la fois angoissante et redoutable dans ses réactions, saura prendre une place singulière dans l’enquête. Et il y a ce final, qui va secouer les fans de la saga. Une intuition, née d’une observation au cours du cinquante-cinquième chapitre, qui va déboucher sur l’opus suivant, Noir sanctuaire, avec le retour d’un ennemi létal.

    Voilà une série littéraire absolument remarquable, inventive et diablement efficace, qui ne semble que très rarement perdre son souffle. Reconnaissons à Lincoln Child et Douglas Preston leur incroyable productivité qui ne cesse d’envoûter, et dont cet ouvrage, comme tant d’autres, en constitue l’un des multiples exemples. Assurément, l’une des sagas policières les plus addictives. On en redemande, encore et encore !

    07/12/2017 à 20:23 8

  • Coupable idéal

    Jean Molla

    8/10 Au village de La Chapelle, Mathieu, Henri et leurs amis forment une bande d’inséparables. Mathieu et Henri ont beau être si opposés (physiques, succès auprès des filles, caractères), ils n’en demeurent pas moins de vrais camarades, même quand les jalousies amoureuses entrent en jeu. Mais quand l’un d’entre eux, Quentin, disparaît, l’ambiance change. Et lorsque l’on découvre les cadavres du père du disparu et d’Henri, massacrés à coups de marteau, Mathieu se fait l’effet d’être un coupable idéal. Son épilepsie le fait passer par des états de grande violence, sans compter des amnésies inquiétantes. Ne serait-il pas ce terrible tueur que l’on cherche ?

    En habitué de la littérature jeunesse, Jean Molla sait comment divertir son lectorat. Mais il serait cependant très réducteur de placer une simple étiquette « pour les jeunes » sur cet ouvrage tant la plume qui l’anime est sombre. Les ambiances sont lourdes, les corps retrouvés ne sont guère présentables et donc à ne pas dévoiler à des lecteurs facilement impressionnables, et certains moments réservent de délicieux instants de tension. Mathieu, en malheureux épileptique victime d’une maladie qu’il ne parvient que partiellement à museler à coups de médicaments, constitue un personnage à la fois attachant et préoccupant. Lorsqu’il se retrouve non loin de la maison de Quentin, sans son tee-shirt, et qu’il apprend le lendemain que monsieur Bédard a été assassiné, n’est-il pas le criminel ? Une version moderne du Horla ? D’ailleurs, n’a-t-il pas, dans le passé, étranglé un pauvre chaton entre ses mains au cours d’une crise ? Est-ce que les films sanglants, d’horreur ou policiers, qu’il dévore, ne seraient pas responsables de ses désordres mentaux ? Il lui faudra beaucoup de patience, de sang-froid, ainsi que l’aide de camarades et d’un policier particulièrement flegmatique, l’inspecteur Daniel Campin, pour que cette affaire soit tirée au clair.

    Un polar, certes pour les jeunes, mais singulièrement noir. Un véritable régal, de bout en bout, débouchant sur un retournement de situation mémorable. Une nouvelle pépite que l’on doit à Jean Molla.

    07/12/2017 à 20:17 3

  • Que ta volonté soit faite

    Maxime Chattam

    8/10 J’ai beaucoup apprécié ce roman et le fait qu’il soit vraiment différent des autres livres de Maxime Chattam y est certainement pour beaucoup. L’ambiance est très réussie, au milieu de ces rednecks perclus de religion, et c’est avec régal et un certain malaise, voire un malaise certain, que j’ai vu pousser cette monstrueuse plante qu’est Jon Petersen. Rien d’atypique dans la genèse de ce démon, reconnaissons-le, mais en utilisant les bons ingrédients, la juste recette et l’adéquat tournemain, l’auteur rend cette conception prenante. Des mots très bien choisis, une écriture fluide et un rythme efficace, loin des tournures souvent ampoulées et un peu creuses que j’ai pu reprocher à l’écrivain dans d’autres opus. Un coup de cœur particulier pour le shérif Jarvis, si réussi, à la fois opiniâtre sans jamais tomber dans le cliché du policier intraitable, brillantissime et surhumain. Quant à la fin, parfois décriée, je l’ai clairement aimée. A défaut d’être très réglementaire ou acceptable de tous, chez moi, elle a vraiment fonctionné. Bref, une très agréable respiration à mon sens dans la bibliographie du monsieur, et une véritable réussite littéraire et scénaristique qui me donne envie de retrouver les rivages de Maxime Chattam que j’ai un peu délaissés depuis quelques temps.

    04/12/2017 à 17:15 7

  • La Terre du bourreau

    Bill Pronzini

    7/10 … ou comment le cowboy Roy Boone, après avoir eu le malheur de rencontrer la jeune et belle Jennifer Todd, en vient à être pourchassé par des cavaliers inconnus et mettre les pieds (plus exactement, les bottes) dans un beau marécage d’emmerdements. Un bon western, très joliment écrit et mené par Bill Pronzini, avec une plume élégante et un style très agréable. J’ai été charmé par la personnalité de Roy, veuf depuis un peu plus de quatre mois d’Emma, vraisemblablement décédée d’un problème cardiaque, toujours très calme, doué de sentiments preux et s’exprimant avec beaucoup d’élégance, au point de passer pour un véritable paladin. L’intrigue, même si elle n’a rien de remarquable, se laisse lire avec plaisir du début à la fin, et l’on est pris par l’engouement de l’histoire, depuis les terres arides du sud-ouest des Etats-Unis jusqu’à bord du Mohave, cet immense bateau où va se dérouler le presque épilogue. On a son compte de fusillades, de traques à travers le désert et de personnages douteux, mais sans jamais tomber dans l’excès. Bill Pronzini a plutôt choisi la voie de la sagesse, avec une trame simple mais efficace, où l’accent est davantage mis sur les sentiments de ses protagonistes et les belles descriptions que l’action pure ou l’éventuelle noirceur du récit. Probablement pas de quoi épiler un hérisson ni marquer durablement mon esprit, mais une lecture très distrayante, originale – moi qui ne lis que rarement des westerns – et un sympathique moment passé pour ce bouquin fort honorable qui prend, parfois, des allures de roman sentimental.

    04/12/2017 à 17:11 3

  • Peace Maker tome 2

    Ryoji Minagawa

    8/10 J’ai retrouvé dans cet opus le même charme que dans le précédent, avec une histoire mêlant intelligemment western et manga. Une esthétique léchée, un scénario prenant, et de réelles avancées dans l’histoire générale de la série. Deux adversaires de taille : Ian Wendys, un Crimson Executer, et Acrab Kassim, le champion local. Le premier, quoique phsyiquement ridicule, use des bombes avec une maestria remarquable durant ce compte à rebours sur le bateau, et le second emploie une technique très particulière de cambrure durant les duels. On en apprend beaucoup sur le secret qui concerne la jeune Nicola. Beaucoup de rythme et de tension, et malgré des passages nécessairement tirés par les cheveux – comme Beat Gabriel qui utilise une moto comme un spécialiste alors que c’est la première fois qu’il en enfourche une, la magie du premier tome est intacte et se poursuit dans ce nouvel opus.

    04/12/2017 à 17:09

  • Détective Conan Tome 26

    Gosho Aoyama

    6/10 Au programme de ce vingt-sixième tome : une histoire d’empoisonnement au cyanure, un meurtre étrange dans un building à la sortie d’un ascenseur, et une course au trésor. La première enquête est efficace et prenante, mais j’ai trouvé sa résolution un peu tirée par les cheveux. La deuxième est vraiment bonne, mais quel dommage que Gosho Aoyama ait révélé d’entrée de jeu l’identité de l’assassin et une partie de l’astuce employée. Quant à la troisième et dernière, avec cette quête de timbres rarissimes et très chers, elle ne m’a pas particulièrement bouleversée, ni par son traitement, ni par sa résolution. A mes yeux, cela reste indéniablement intéressant sans pour autant constituer l’un des meilleurs opus de la série.

    04/12/2017 à 17:07

  • Assassins tome 1

    Hirohisa Sato

    7/10 Un bon petit manga, très joliment dessiné et à l’histoire agréable à suivre, ou comment le jeune Jinsuke, voit sa mère abattue d’une balle en pleine tête, et est ensuite défendu par mademoiselle Suzuki, une tueuse à gages. Pas de scène choc ni de violence outrancière, et même un rythme assez lent, voire « mou », qui met l’accent sur les progressifs rédemption et attachement de la criminelle, assez sympathique malgré son « métier », avec le gamin, passionné de photographie, et attaché notamment à la dernière qu’il a prise, puisqu’il peut s’y voir avec sa maman, quelques instants avant son assassinat. Je suis donc plutôt séduit et ai envie de voir la suite. Mais ce qui me trouble le plus, c’est la très forte ressemblance au film « Léon », au point que j’ai parfois été mal à l’aise. A ce niveau, ce n’est plus un clin d’œil ou une légère influence, mais carrément un copier/coller, avec même certaines planches qui sentent le calque pur. Et c’est aussi ce point négatif qui me donne envie de voir comment Hirohisa Sato va s’extraire de cette ascendance… ou pas.

    04/12/2017 à 17:06

  • Mushroom tome 1

    Koike Nokuto

    7/10 Un premier tome en deux parties : la quête dans la forêt de cette île du Pacifique Sud, où la terrible tribu des Bowayas a été massacrée, puis l’enquête du petit-fils de l’agent immobilier quant au crime qui a été perpétré dans un appartement. Pas mal de suspense, de violence et de moments marquants pour ce thriller horrifique où se mêlent phénomènes inexpliqués et paranormaux, des passages de baston à la machette, d’inquiétantes duplications d’êtres humains, et de scènes de cannibalisme. A mes yeux, cela reste encore un peu tôt pour déterminer s’il s’agit ou non d’une série prometteuse ou pas, mais les interrogations légitimes que l’on peut avoir à la fin de ce premier opus et l’ambiance générale, glauque et prometteuse, me donnent envie de connaître la suite.

    04/12/2017 à 17:05

  • Les Geôliers

    Serge Brussolo

    8/10 Debbie Fevertown a massacré son époux et ses deux enfants avant de s’enfuir de la ville de Dipton. On sait qu’elle est passée ensuite dans les rangs d’une secte de survivalistes, une halte qui s’est soldée par un massacre collectif auquel elle a échappé, puis elle a disparu. Quinze ans plus tard, Jillian Caine, scénariste, est engagée par le sulfureux documentariste Dieter Jürgen afin d’écrire le synopsis d’un film qui retracera le parcours de Debbie. Mais on n’approche pas impunément des mystères de Dipton…

    Serge Brussolo nous a depuis longtemps habitués à l’orgie littéraire. Ses récits sont toujours l’occasion de plonger dans une féerie de mots et de maux, souvent hallucinés, où la folie côtoie la surabondance d’idées. Ce roman ne fait pas exception à la règle. Les épisodes s’enchaînent avec régal, et les personnages complètement déjantés sont légion. Jillian, ayant fui une parente qui l’a éduquée avec une approche rigoriste de la vie. Jürgen, cinéaste habitué des biopics consacrés aux individus extrêmes. Presse-Purée, un biker qui est chargé de la sécurité du tournage avec quelques autres motards, d’anciens mercenaires. Debbie, ancienne trapéziste devenue obèse suite à ses deux grossesses, et ayant, pour une raison que l’on ignore au départ, basculé dans la démence meurtrière, au point de découper les corps de ses trois victimes. Et encore, tous les autres protagonistes sont aussi fêlés ou démantelés que ceux-ci. Et il y a la ville de Dipton. Une étrange petite ville, où chaque habitant a lié une relation très curieuse, presque organique, avec les arbres qu’ils sont chargés de protéger. Peut-être est-ce en lien avec les phénomènes anormaux qui se déroulent sous leurs pieds et racines… Avec deux de ses derniers ouvrages, Cheval rouge et Tambours de guerre, on a amplement pu apprécier l’ampleur intacte du talent de Serge Brussolo. Ici, ce génie demeure. Chaque situation, chaque figurant, chaque idée, débouche sur un événement, une éclosion scénaristique, un rebondissement. Un véritable feu d’artifice, presque inépuisable, et qui a l’insolence de se prolonger jusqu’aux ultimes pages. Cependant, on note indéniablement un changement de trajectoire au cours du récit, qui bascule définitivement vers un surnaturel certes de grande qualité, mais frénétique. Certains lecteurs, quoiqu’amateurs de sensations fortes et d’idées novatrices, pourront être désarçonnés par cette incroyable propension de la part de l’écrivain à vouloir surprendre voire étourdir.

    Encore un remarquable roman de la part de Serge Brussolo, un véritable taulier de la littérature dans ce qu’elle peut avoir de fantasque et exubérant. Une nouvelle expérience sensationnelle, mais qui peut éventuellement crisper celles et ceux qui préfèrent les intrigues plus rectilignes ou cadrées.

    20/11/2017 à 19:46 5

  • Le Boucher de Chicago

    Robert Bloch

    7/10 1893, Chicago. L’Exposition universelle bat son plein. Un homme d’affaires, G. Gordon Gregg a fait bâtir un immense manoir afin d’accueillir les touristes. Le rez-de-chaussée abrite la pharmacie de ce docteur au charme élégant et au charisme magnétique. Jim Frazer, qui travaille pour une compagnie d’assurance, doit enquêter sur la mort récente de la femme de Gregg suite à un curieux incendie. Crystal, compagne de Jim et journaliste, va enquêter sur ce mystérieux personnage autour duquel les femmes ont une curieuse tendance à mourir ou disparaître.

    Robert Bloch, l’auteur du cultissime Psychose porté au cinéma par Alfred Hitchcock, signait ce roman en 1974. Habilement, le lecteur est transporté dans cette époque et ce lieu, avec une belle économie de moyens et de mots. Et lentement, se hisse l’ombre d’un être étrange, docteur, inventeur d’élixirs, et membre du gotha mondain. Au-delà des apparences, comme on s’en doute vite, il est en fait un dangereux psychopathe, séducteur invétéré, tueur compulsif, en plus d’un escroc de haute volée. Les autres personnages sont également intéressants, comme Crystal, chroniqueuse téméraire et féministe, ou Charlie Hogan, son patron. C’est aussi l’occasion de pénétrer dans un château bizarre, opulent et impressionnant, débordant de salles, d’escaliers et de pièces dérobées. L’intrigue est intéressante, se lit vite et facilement, et la langue de l’écrivain colle parfaitement à la période. Dans le même temps, il faut reconnaître qu’une frange du lectorat pourra être un peu déçue par le manque de noirceur de l’écriture, ou le fait que l’on ne pénètre jamais totalement dans la psyché du monstre ; certains pans de son passé n’apparaissent que brièvement, les ultimes chapitres dévoilent des éléments troublants ainsi que quelques-uns de ses terribles méfaits, mais cet individu reste, au final, une inquiétante énigme tandis que l’on reste un peu sur sa faim. Si cet homme a réellement existé, sous le nom de H. H. Holmes, Robert Bloch s’est inspiré de ses crimes pour créer une œuvre fictive, sans rapport fidèle avec la terrible histoire.

    Un polar historique intéressant, qui fait frémir, notamment dans les scènes de Crystal dans le château. On retiendra aussi le fait que H. H. Holmes apparaîtra prochainement au cinéma, sous les traits de Leonardo Dicaprio, dans un film réalisé par Martin Scorsese, et inspiré du livre Le Diable dans la ville blanche de Erik Larson.

    20/11/2017 à 19:44 4

  • Le Secret du carrousel

    Aurélien Loncke

    8/10 Baskousse, Nigon, Romina et Marsouin sont fous amoureux du manège que possède le père Guillaume. Il a beau avoir beaucoup vécu, ce carrousel séduit ce quatuor de mômes grâce à la gentillesse de son possesseur et la vitesse incroyable qui anime les montures mécaniques. Mais trois étranges personnages commencent à tourner autour de l’attraction : Scrabbe, Touppin et Galottin. Qu’est-ce qui peut donc autant attirer la convoitise de ces brigands ?

    Il existe, malheureusement, des ouvrages pour la jeunesse qui se content d’accumuler les clichés, les rebondissements faciles et les intrigues dépassionnées sous prétexte que le lectorat se laissera entraîner quoi qu’il en soit. En revanche, d’autres ouvrages osent proposer des histoires solides, une écriture admirable et des personnages différents. Assurément, Aurélien Loncke s’inscrit cet opus dans la seconde catégorie. D’entrée de jeu, on ne peut être que charmé, indépendamment de son âge, par la maturité de l’écriture, la profondeur humaine des personnages et l’intelligence des dialogues. Ici, tout vibrionne, éclate, réjouit. Les situations sont ravissantes, les répliques séduisantes (notamment les déclarations de Marsouin), et l’intrigue ne marque aucun temps mort. Le livre ne compte même pas quatre-vingts pages, et il était inutile d’en rajouter. Même le moment de l’échange de Cristiléna, que l’auteur aurait pu expédier de manière lacunaire, est un pur régal, avec la dispersion des trois kidnappeurs vers autant de guet-apens savoureux.

    Un ouvrage pour la jeunesse absolument enchanteur. On ne peut que louer la plume espiègle et succulente d’Aurélien Loncke qui propose un roman qui sort indéniablement des sentiers battus.

    20/11/2017 à 19:36 4

  • Le phénix

    Caroline Terrée

    8/10 Une autre enquête de Kate Kovacs et son équipe du CSU. Le style est toujours aussi réjouissant, avec des phrases courtes, incisives, nominales, qui appuient le rythme énergique du récit. Une histoire de prime abord déjà vue, déjà lue, mais qui sort indéniablement des sentiers battus, avec un grand nombre de rebondissements, des personnages denses et savoureux, et une crédibilité générale qui lui permet de sortir des sentiers battus. Plus particulièrement, ce qui m’a – une nouvelle fois – beaucoup intéressé, c’est cette faculté qu’a Caroline Terrée de rendre certaines rencontres particulièrement délicieuses, auréolées d’un incroyable halo de bienveillance. Avec Noah, le grand brûlé, dans le sous-sol de la maison qu’il occupe, avec cette ambiance de terreur dans cet environnement ténébreux, les rituels que la proie devenue prédatrice impose à son interlocutrice, pour un entretien éphémère mais mémorable. Le dialogue entre Kate et la femme du shérif, détruite par un cancer généralisé qui va bientôt l’emporter. Ou encore avec Dominic, fils de cette malheureuse et du shérif, riche en informations, où l’émotion, sans effet facile ni renfort de sentimentalisme lacrymal, submerge tout autant les protagonistes que les lecteurs. De petits instants de grâce et d’humanité qui transcendent un récit policier bien supérieur en qualité et en originalité à ce que j’ai pu lire dans d’autres opus de la série. Une découverte que je conseille à tous.

    19/11/2017 à 19:58 3

  • Alan Lambin et le fantôme au crayon

    Jean-Marc Dhainaut

    6/10 Une histoire très sympathique et prenante, où l’auteur montre qu’il sait habilement tisser des ambiances. Pas mal de moments de tension avec la présence de ce spectre, tout autant que de des instants d’émotions mêlées (fureur contre le pseudo médium, tristesse sans fin de la mère, etc.). Néanmoins, même si j’adore le format des nouvelles en général, celle-ci m’a un peu déçu en raison de stéréotypes déjà véhiculés dans maints films et romans, sans parler de moments très téléphonés et d’une fin que l’on voit très, voire trop, rapidement venir. Assurément, ça ne révolutionne pas le genre, mais là n’était probablement pas le vœu de l’écrivain, mais ça permet de passer quelques agréables minutes, d’autant plus que c’est offert : quand on est poli, un cadeau, ça ne se refuse jamais.

    19/11/2017 à 19:57 4