clemence

339 votes

  • Éden

    Monica Sabolo

    9/10 Mon Goncourt personnel.
    Magnifique univers que celui de Nita, Kishi, Lucy et toutes ces femmes, "de la Réserve" ou blanches, qui habitent en bordure de la Forêt, en pleine exploitation.
    Il est question de passage à l'âge adulte, de révolte et de quête, on pense a Tallent et sa Turtle ou aux deux sœurs malmenées de Jean Hegland. Eden est toutefois plutôt moins dérangeant dans ma hiérarchie propre.
    Mais Eden est plus que tout cela. Conte fabuleux où les chouettes communiquent avec les esprits des animaux, récit féministe noble, pamphlet écologique sur l'exploitation des ressources.
    Le tout écrit avec une plume économe, sauvage, filante et majestueuse.
    On a l'impression de pénétrer l'âme de la Forêt, sans le tralala mystique. Et pourtant Eden a quelque chose de sacré.
    Diabolique, tragique et réussi.

    10/11/2019 à 14:52 5

  • Summer

    Monica Sabolo

    9/10 Summer vibre d'une tendresse dramatique et intense.
    Summer Wassner, c'est cette jeune fille de 19 ans qui disparaît en bord du lac Léman l'été de son bac. Cette silhouette évaporée lors d'une partie de pique nique au milieu de ses amies laisse planer sur les vingt cinq années suivantes son ombre chargée de mystère, son fantôme vaporeux dans la vie de son frère.
    Benjamin , donc, est le narrateur de ce conte poétique. Il a 38 ans et est défoncé H24 par la situation qui renaît par tous les pores de sa peau à la faveur d'un parfum de peinture fraîche qui vient faire ressurgir le passé dans son présent.

    Ce que cache la fortunée et notable famille Wassner, on l'apprendra à la fin du livre. En effet, si ce roman détient une part de contemplation, on suit toutefois très clairement la progression de Benjamin qui fera jour, avec l'aide de son psy, de ce qu'il a caché en lui.

    J'avais lu Eden, cet automne, et j'ai poursuivi avec Summer. Monica Sabolo écrit de manière sensible de façon pudique et touchante sur ce drame familial.

    13/01/2020 à 08:32 2

  • Aller simple

    Carlos Salem

    6/10 Un road movie que cet aller simple, en fait, une vrai comédie très folle et très rythmée. La portée du roman se fait à deux niveaux, les tribulations d'Octavio qui se découvre un nouvel homme après la mort de sa femme n'ont aucun sens sans l'humanité qui lui apparait, éclatante de possibilités, dans un ersatz de polar diablement enlevé.
    Le tango constitue la bande son de ce livre, mais il m'a manqué quelques clés pour être adepte de ce voyage parfaitement barré.

    05/07/2019 à 11:55 3

  • Attends-moi au ciel

    Carlos Salem

    8/10 " - Maintenant, à toi de faire en sorte que ça en ait valu la peine.
    Drôle d'expression, non ? On nous apprend que réussir sa vie vaut la peine, plutôt que la joie."

    Et bien, c'est un livre sacrément réussi.
    Drôle, cynique, amoral parfois et parfaitement écrit. Le rythme est donné d'entrée de jeu avec le chapitre d'ouverture. Piedad, fraîche veuve, découvre à l'aube de ses 50 ans et à la faveur de la mort (du meurtre) de son mari, qu'elle s'est fait berner tout au long de son mariage, de sa vie. Un peu malgré elle, son Autre Elle va l'aider à récupérer son argent dépensé par feu son mari, et sa dignité. Un roman qui oscille en polar et comédie, frais et divertissant, pas si commun dans mes dernières lectures.
    Rayonnant !

    17/02/2019 à 09:23 9

  • Grandeur et décadence d'un parc d'attractions

    George Saunders

    9/10 Ce recueil de nouvelles d'une noirceur absolue mélange les codes de la candeur, du policier et du fantastique, parsème le tout de sujets graves traités sans a priori et acceptés comme des états de fait. Le monde est pourri mais nous devons vivre avec, sauter dedans en rythme, et si possible avec épanouissement joyeux. Bon, pour cette dernière composante, la conclusion n'est pas toujours probante. C'est écrit de manière raffinée. Les différentes nouvelles ont en commun le décor des parcs d'attractions comme l'indique le titre, mais ces parcs confinent plus aux freak shows qu'au royaume de oui-oui. Excellente découverte.

    15/01/2016 à 09:24 2

  • Demain c'est loin

    Jacky Schwartzmann

    6/10 Moins drôle que Mauvais coûts, Demain c'est loin est tout de même une fable sympa qui gagne des points dans le dernier tiers du bouquin. Road trip improbable sans prétention, il n'en reste pas moins que les personnages sont attachants.

    12/01/2019 à 13:17 3

  • Mauvais coûts

    Jacky Schwartzmann

    8/10 C'est drôle, cynique, abject et cocasse, le protagoniste principal est un mec assez odieux qui rend l'histoire relativement légère . Toutefois l'auteur doit être un type lettré et intelligent car son phrasé et les réflexions de son héros sont loin d'être dénués de sens. Le propos est bien senti sous des tournures parfois cradingues (grammaticalement parlant).
    Une découverte somme toute très attachante (et très drôle), je vais poursuivre avec les autres romans Schwartzmann.

    07/01/2019 à 03:29 7

  • Faims

    Patrick Senécal

    8/10 Une descente abyssale dans les faims les plus inavouées de l'homme, de vous, de moi. Le sujet est traité 100% Sénécal, de manière originale avec l'arrivée intrigante de ce cirque dont on découvre au fur et à mesure l'histoire. Une construction bien foutue, des personnages torturés, hauts en couleurs, solidement campés. L'enquête policière, à un second plan assumé, ne semble être là que pour servir de support aux agissements les plus vils. Moins hard qu'Hell.com, mais tout de même crissement bien fucké.
    Et vous, depuis quand avez-vous faim ?

    13/05/2016 à 20:52 9

  • Hell.com

    Patrick Senécal

    9/10 Roman à ne pas mettre entre toutes les mains, assurément, au vu de la crudité des propos, à mon sens très choquants dans la précision des détails gores, sordides, sexuels, pervers. On est aux côtés de Daniel, on vit avec lui, on tombe avec lui. Magistrale écriture, réelle, spontanée, empathique. Terrible et haletante. On est selon moi à un degré supplémentaire dans l'expression de la folie des méandres du cerveau humain par rapport au Vide.

    01/06/2011 à 21:31 3

  • L'Autre Reflet

    Patrick Senécal

    8/10 Un Senecal se dévore tout simplement d'une traite, et celui ci ne fait pas exception. On y retrouve la violence des Sept Jours du Tallion, la perversité de l'âme humaine, la noirceur des thématiques chères à l'auteur. En faisant de son personnage principal un écrivain, Patrick Senécal posent les questions sous-jacentes à la profession. (D)Écrire la violence engendre-t-il la violence ? Jusqu'où un auteur met il de lui dans un thriller ? Et puis évidemment, l'accent québécois ne gâche rien. Un roman éprouvant en câline, criss ...

    02/01/2017 à 18:47 9

  • Le Vide

    Patrick Senécal

    9/10 Le Vide m'a laissée pantoise et scotchée un très long moment après avoir tourné la dernière page. Première incursion dans l'univers de l'auteur, qui place la barre haute dans la tension, la désillusion du quotidien, l'horreur voisine et toute proche, bien réelle. Le format original et le jeu d'écriture crée un "plus" qui, loin d'être dérangeant comme je le craignais, baigne le tout dans un socle mouvant où le lecteur à de quoi perdre pied ... mais retombe toujours sur ses pattes! Qu'il est fort ce Patrick Sénécal!

    01/06/2011 à 08:38 7

  • Tuer le fils

    Benoît Séverac

    8/10 Tuer le fils explore la relation paternelle , les attentes et les déceptions qui jalonnent tout lien familial.
    L'auteur choisit de commencer par l'assassinat du père, et le livre déroule l'enquête au travers des yeux d'un excellent trio de flics.
    Le personnage principal, Mathieu Fabras, s'accomplit par l'écriture , cette bulle d'air qui va pourtant l'accuser puisque son roman , qu'il a écrit en prison, décrit par le menu le détail du meurtre de son père, survenu le lendemain de sa libération.
    Alors, trop facile ?
    Ce livre possède une écriture douce et rare, très élégante, qui contraste avec un sujet plombant.
    Un polar bien réussi et très enlevé.

    07/03/2020 à 14:35 6

  • ADN

    Yrsa Sigurdardóttir

    7/10 Frissonnant polar aux noms islandais à chaque recoins de chapitre. L’histoire suit intelligemment plusieurs fils qui se retrouvent de manière surprenante pour un final rythmé (presqu’un peu rapide !) . Les amateurs de Scandinavie noire y trouveront leur compte, l’intrigue est fluide et suffisamment glauque pour qu’on ne lâche pas facilement le bouquin.
    Petit bémol, les personnages sont bien travaillés et décrits toutefois il m’a manqué l’étincelle d’humanité, d’empathie, de petit plus qui les auraient rendus attachants.
    Å lìre pøur un peu d’exøtìsme ìnsulaire !

    30/01/2019 à 19:56 5

  • Noyade

    J. P. Smith

    6/10 Un polar dans les règles qui m'a fait penser à certains de Mary Higgins Clark.
    On avance aux côtés d'Alex Mason, jadis mono de colo peu scrupuleux et élitiste , devenu magnat de l'immobilier, parvenu , et plutôt infect.
    A partir du jour où l'énigme de Joey, petit garçon disparu de la colonie de vacances 21 ans plus tôt, l'été où y travaillait Alex, revient chatouiller le promoteur, la brèche s'ouvre et tout se met à partir en vrille.
    Joey est il revenu d'entre les morts pour tirer son tortionnaire par la queue ?
    L'intrigue fonctionne bien et ne se révèle que dans les toutes dernières pages.
    Un bon petit polar des familles, peut être un peu trop classique.

    07/07/2020 à 14:36 6

  • Présumée disparue

    Susie Steiner

    5/10 Peu convaincue par la detective nymphomane et l’histoire très prévisible, sans grande qualité particulière. Il est évident que l’auteur a négligé de nombreuses pistes qui auraient enrichi l’atmosphère. Peu d’empathie entre les protagonistes, pourtant remplis de potentiel. Du coup, et bien, zéro empathie de ma part Et un roman dans lequel je n’ai pas hâte de retrouver les perso ne me donne qu’une seule envie, passer au suivant. En résumé, j’ai été déçue car il y avait beaucoup d’ingrédients intéressants !

    04/11/2018 à 08:17 5

  • Passage du désir

    Dominique Sylvain

    8/10 Lecture rafraichissante, j'ai rencontré deux sacrées nanas au détour de ces pages, un duo probable et décapant! L'histoire est rondement menée, c'est ultra agréable et plaisant.

    18/10/2010 à 21:29 2

  • Avalanche hôtel

    Niko Tackian

    7/10 Comme dans les romans de l'auteur que j'ai déjà lus, l'afflux de références dans Avalanche Hôtel va sans dire. King, Grangé, Thilliez, notamment.
    Le décor, glacial, est rapidement planté, et j'ai eu froid pendant tout le livre (qui se lit bien vite), avec Joshua.
    L'intrigue est construite comme celle des Rivières Pourpres, aussi le final ne m'a pas attendrie plus que ça (j'avais deviné la clé depuis quelques chapitres), néanmoins je salue l'initiative de l'auteur qui surfe également sur le ruban de l'anneau de Moebius et autres Replay adorés. Le thème de la mémoire est bien traité, mais la fin est bâclée, c'est dommage.
    Tackian documente énormément ses romans pour leur donner une véracité scientifique, mais selon moi il manque encore le petit plus, la lueur, le feu d'artifices pour sortir du lot. Malgré cela, j'ai passé un bon moment, simple, de lecture hivernale au coin du feu.

    20/01/2019 à 21:40 11

  • Celle qui pleurait sous l'eau

    Niko Tackian

    5/10 Ouh là là ! C'est décevant ce livre !
    A peine esquissé le tableau, on survole le tout, j'ai eu l'impression de regarder un film en m'endormant au milieu. A la fois rien de très complexe dans ces deux histoires, Tomar Khan un brin inquiété par son passé qui remonte à la surface, et Rhonda sa copine dans le civil et lieutenant dans son équipe, qui tente d'éclaircir un crime qui n'en porte pas le nom.

    Alors oui on dit "la part belle faite aux femmes" dans ce roman où les femmes qu'on appelle de manière récurrente "le sexe faible" suivent leurs instincts et s'habillent moulant et les hommes font de la boxe et se castagnent dans des caves ...
    Mouais bof.
    Un roman très genré plein de préjugés aux concepts un peu sexistes, servi par une écriture peu soignée, ce ne sera pas la sortie de l'année quoi ...

    10/01/2020 à 17:02 7

  • Fantazmë

    Niko Tackian

    7/10 J’imaginais voyager tranquillement dans la suite de “Toxique” mais j’y ai trouvé bien plus qu’une promenade de santé. J’ai pensé de nombreuses fois au Festin du Serpent (Gilberti) et au Pilgrim de Terry Hayes, références dues à la documentation précise et au contexte géopolitique permanent qui fonde la base de l’intrigue. Sans surprise, ce roman déroule ses événements de manière séquencée, brute et avec force réalité. C’est la plupart du temps très visuel et cette écriture garantit une immersion haletante du lecteur. On ferme le roman avec l’envie de vivre encore un peu avec les personnages ...

    20/01/2018 à 22:42 6

  • La nuit n'est jamais complète

    Niko Tackian

    9/10 Il y a longtemps que je n'avais pas poussé des petits cris d'effroi à la lecture d'un roman. Très visuel, ce roman cathartique alterne passages à couper le souffle et instants sensationnels. Le tempo enlevé donne sa rage au bouquin. Le rythme qui, s'il dessine une chute qu'on peut voir venir, se met au service d'une écriture plutôt fine et donne toute l'angoisse nécessaire au récit. Une très belle découverte à lire d'une traite ! Mention spéciale pour le titre qui dévoile son deuxième sens dans les toutes dernières pages.

    04/07/2017 à 21:51 11