Dodger

516 votes

  • Le Sniper, son wok et son fusil

    Chang Kuo-li

    7/10 Ce polar taïwanais absolument sans complexe manie avec efficacité un sens du suspense digne des meilleurs blockbusters américains, un humour bien mordant, des recettes de riz sauté et d’autres réjouissances culinaires asiatiques à faire gargouiller l’estomac tout au long de la lecture, et une intrigue soigneusement alambiquée qui distille ses révélations au compte-gouttes jusqu’à un final intense et spectaculaire, sur fond de trafic d’armes et de corruption généralisée – une histoire sordide, inspirée de loin par l’affaire dite des « frégates de Taïwan ».

    19/09/2025 à 15:15 3

  • Le Serment

    Arttu Tuominen

    7/10 Si vous aimez les polars nordiques fidèlement… nordiques, Le Serment pourrait vous contenter, à condition que vous n’ayez pas le sentiment d’avoir fait le tour du registre depuis longtemps. Tous les ingrédients classiques sont réunis ici : une météo hostile (froid, boue, pluie), des décors bruts et fascinants, une lenteur endémique de la narration, des personnages rugueux et des secrets touffus. Rien de nouveau sous le (rare) soleil du Grand Nord.

    Ce qui fait tout de même la différence, c'est qu'il vient de Finlande, pays moins bien représenté que ses prolifiques voisins dans le genre. Et puis, surtout, la manière dont il campe son protagoniste sur un fil moral qui parvient à faire tenir l'intrigue en équilibre jusqu'à la fin, en le confrontant à un dilemme particulièrement difficile à résoudre : choisir entre sa conscience professionnelle et une part essentielle de son passé, nichée dans son enfance. Un récit des origines qui tire sa force de flashbacks consistants, au ton très juste, qui deviennent presque plus importants que l'enquête elle-même.

    19/09/2025 à 15:02 2

  • La Femme au manteau bleu

    Deon Meyer

    4/10 Service minimum à tous les étages pour Deon Meyer dans ce très court roman.

    Minimum de personnages, pour un minimum de pistes et d’hypothèses qui débouchent logiquement sur une résolution minimaliste. Doublé d’un minimum de travail sur les personnages, en particulier Benny Griessel qu’on a connu plus fracturé (et donc plus intéressant) lorsque l’alcool faisait de lui sa chose et contribuait à l’égarer dans des enquêtes autrement plus complexes.
    Minimum de recherche sur le sujet choisi. Si vous cherchez un bon polar sur le monde de l’art, il y a plein d’autres qui vous captiveront davantage que celui-ci, à peine digne de figurer en annexe d’une bibliographie sur le sujet.
    Minimum de psychologie, encore – on a droit à un alignement de platitudes analytiques qu’on jugerait indignes chez n’importe quel débutant.
    Minimum de style, enfin : narration expéditive, au présent et sans aucun relief, accélérée à grands coups de dialogues charclés à la machette.

    Bref, une déception maximale.

    19/09/2025 à 14:53

  • Après

    Stephen King

    5/10 Si ce nouveau roman de Stephen King était un célèbre soda d’outre-Atlantique, ce ne serait certes pas du Zéro, mais du Light. Avec son idée de départ ouvertement pompée sur Sixième Sens de M. Night Shyamalan – un jeune garçon voit des gens qui sont morts -, Bruce Willis et le twist de folie en moins, le septuagénaire n’invente rien de neuf et déroule rapidement une histoire bien loin de ses canons habituels. Le jeune héros est attachant, comme King sait si bien les créer, mais pour le reste, ça ne fait pas peur et ce n'est pas très prenant. Un King mineur.

    19/09/2025 à 14:48

  • L'Armée d'Edward

    Christophe Agnus

    6/10 Des partis pris originaux et une efficacité redoutable qui peuvent valoir de plonger dans ce très gros premier roman qui lorgne clairement du côté de 24 heures chrono. Les chapitres courts s’enchaînent, jour par jour, heure par heure, parfois minute par minute, sautant d’un personnage à un autre, d’un coin du globe à un autre, saucissonnant l’intrigue pour mieux la dynamiser en permanence et ne jamais relâcher la tension. C’est efficace, ça fait défiler les pages, tout en accordant un peu de place et de temps à certains personnages mieux dessinés que d’autres.
    Christophe Agnus invente presque le thriller résilient, avec sa volonté de corriger les "méchants" du monde, de redresser les torts qui affectent actuellement notre planète, et de faire passer des messages essentiels sur l'écologie, la dépendance coupable aux nouvelles technologies, et la dérive continuelle des politiques et des puissants. On peut trouver ça naïf (et de fait, ça c'est), mais quelque part, ça fait du bien !

    19/09/2025 à 14:42 1

  • L'Affaire Alaska Sanders

    Joël Dicker

    4/10 Si j'en juge par l'enthousiasme général des précédents avis, je dois avoir mal vieilli depuis ma lecture enthousiaste de L'Affaire Harry Quebert, parce que je n'ai pas retrouvé grand-chose de ce que j'y avais aimé dans ce troisième enquête de Marcus Goldman. Et j'en suis bien désolé.

    Alors si, au début, retrouver Marcus m'a plu. Ainsi que Perry Galahowood. Mais ça n'a pas duré. Très vite, la construction grossière et répétitive m'a tapé sur le système : Goldman et/ou Galahawood découvrent une information, ils partent rencontrer un témoin qui raconte sa petite histoire, puis une autre information ou le nom d’un autre témoin apparaît, contredisant en général ce qui vient d 'être dit et c’est reparti sur un tour, sans aucun répit. Sur 600 pages, c'est TRÈS long...
    Pas du tout maître finalement de la mécanique du polar, qu'il avait fait fonctionner dans Harry Quebert par pure insouciance, Dicker multiplie les fausses pistes sans intérêt, les personnages archétypaux et les feintes grossières, en oubliant totalement d’épaissir son livre avec du fond, de la réflexion, du contenu. En un mot comme en cent, ce roman ne parle de rien. Il tire des ficelles, agite des marionnettes devant un joli décor, mais le spectacle reste muet.

    On peut comprendre le désir d’indépendance d’un auteur qui a déjà gagné énormément et qui, après avoir perdu son mentor (l'éditeur Bernard de Fallois), ne se voyait sans doute pas confier la destinée de ses livres à un autre éditeur. Sauf qu’éditer est un métier (normalement), et qu’il est tout bonnement impossible d’être juge et parti – pour le dire autrement, s’improviser éditeur de son propre roman quand on n’a aucune expérience en la matière, c’est la pire idée possible. La preuve avec L’Affaire Alaska Sanders.

    19/09/2025 à 13:44

  • Dans les brumes de Capelans

    Olivier Norek

    8/10 De l'art de "réveiller" un héros récurrent dont on pensait le parcours bouclé, au terme d'une trilogie originelle ayant sapé ses fondations avec une patience non dénuée d'acharnement...

    Après trois enquêtes sur son territoire de référence, la Seine-Saint-Denis, Olivier Norek renoue donc avec Victor Coste en le délocalisant... à Saint-Pierre-et-Miquelon. Comme environnement lointain et radicalement différent, ce petit bout de France pétrifié dans l'Atlantique nord est exemplaire ! j'ai été heureux d'y retrouver un Victor Coste qui, par certains aspects, reste familier aux lecteurs des romans précédents, tout en ayant l’étonnante sensation de découvrir un nouveau personnage, tout entier habité par ses étranges responsabilités et les fantômes de son passé.

    Le décor où il évolue, que Norek prend plus le temps de décrire que d'habitude, n'y est pas étranger, bien sûr. Mais aussi l'équilibre très sûr entre polar d’investigation et thriller pur et dur, avec son tueur en série redoutable, ses surprises, ses rebondissements (dont deux twists !), qui propulse l'intrigue avec une énergie neuve jusqu'à un final saisissant dans les fameuses brumes de Capelans du titre...

    Retour gagnant donc, pour Coste comme pour Norek, qui maintient son savoir-faire à un haut niveau d'exigence et continue à combler ses nombreux lecteurs sans céder à la facilité.

    19/09/2025 à 13:28 2

  • Bonne nuit maman

    Seo Mi-ae

    3/10 Pas mieux que Fredo ! Ce n'est pas parce qu'on compare son héroïne à Clarice Darling qu'on arrive à la hauteur de Thomas Harris. Rien dans ce polar n’effleure la force, l’intelligence et la finesse des premiers livres de l'auteur américain. Autant comparer la carte d’un restaurant gastronomique avec le menu Filet O’Fish de MacDonald’s...

    Le livre fait moins de 300 pages, et j’ai quand même trouvé le moyen de m’ennuyer. Jamais réveillé par un style sans intérêt (problème de traduction ?) Souvent horripilé par l’ensemble des personnages, leurs attitudes, leurs pensées et leurs actes, que j’ai trouvés désolants et incohérents (problème peut-être de compréhension de ma part des codes culturels et sociaux coréens).
    La protagoniste criminologue est si mauvaise psychologue que cela en devient risible. Le "grand méchant" est trahi dès sa première apparition par des dialogues affligeants et des motivations ridicules. Reste le personnage de la petite fille de douze ans, la plus intrigante, mais comme elle est le fil rouge d'une trilogie dont ce roman est le premier volume, il faudrait lire la suite pour en savoir davantage...
    Ce sera sans moi, comme vous l'aurez compris.

    19/09/2025 à 12:28

  • Le Carré des indigents

    Hugues Pagan

    8/10 Je n'avais jamais lu Pagan avant ce roman (hou, pas bien !), c'est désormais chose faite, et c'est vraiment une rencontre puissante en ce qui me concerne - même si j'ai eu l'étrange impression, en même temps, de ramer à contre-courant du présent tant tout dans ce livre paraît à la fois intemporel et daté, extrait d'une époque révolue pour laquelle on garde une certaine affection en dépit de son caractère poussiéreux, un rien passéiste.

    Avant l’histoire, Pagan, c’est un style. Non pas que la forme prime sur le fond, non. Mais parce que le romancier a l’élégance d’accorder à ses récits la grâce d’une écriture éblouissante. Mouvante, imagée, parfois pincée d’ironie délicieuse, tendue à d’autres moments de colère sourde ou de désespoir face à ce que l’humain est capable de faire de pire.
    Avec tout ça, c'est vrai que l'intrigue ne marque pas tant que ça la mémoire. Les intrigues, en réalité, parce que ce roman est plutôt une sommes d'histoires, qui grouille de flics, d’indics, de types louches et d’autres malheureux, victimes, témoins ou simples badauds de passage. Toute une humanité passée au tamis judiciaire, qui offre une vision contrastée où surnagent ceux qui n’ont rien ou si peu - les indigents chers à Pagan.

    19/09/2025 à 12:11 1

  • Ce qui est enfoui

    Julien Freu

    8/10 Né en 1978, Julien Freu fait partie de cette énorme génération d’écrivains qui ont bouffé du Stephen King jusqu’à l’overdose durant leur adolescence et qui, aujourd’hui, en tirent matière à écriture. Cette inspiration est d’une évidence totale dans ce roman, dont l’intrigue pioche sans vergogne dans Ça : une monstruosité souterraine qui répand sa sombre puissance sur une petite ville jusqu’à faire péter les plombs de certains de ses habitants, une bande d’enfants « nerds » qui se retrouvent en première ligne de la résistance tout en subissant le harcèlement d’ados plus grands, bêtes et méchants…

    Autant d'éléments que l'on retrouve également dans la série à succès "Stranger Things", déjà elle-même hommage à l'oeuvre de King comme à celles de Spielberg et consorts... et que Julien Freu recycle sans complexe, mais avec une sincérité et une pureté désarmantes, en prenant soin d'y ajouter sa propre patte, en campant par exemple son intrigue dans la France des années 90 (et non pas dans une Amérique fantasmée qui n'aurait sans doute pas sonné aussi juste).

    Formidable roman sur la fin de l’enfance et l’adolescence, Ce qui est enfoui sonne très juste, grâce à une construction très habile, un sens du rythme évident, des personnages très forts, des pics de tension irrespirables, et une écriture d'une grande fluidité.
    Une belle découverte au final !

    19/09/2025 à 11:53 3

  • Délivrez-nous du bien

    Joan Samson

    7/10 La pente fatale. L’engrenage infernal. Voici ce qui intéresse Joan Samson, romancière américaine disparue prématurément en 1976, dont Délivrez-nous du bien est le seul roman publié. Une démonstration implacable qui saisit à vif les rouages de l'emprise psychologique, sur fond d'une Amérique rurale dépeinte avec justesse - à la façon du Stephen King de "Bazaar" par exemple, le côté fantastique en moins... quoique l'horreur peut s'exprimer sous différentes formes, ce que le final intense de ce roman illustre à merveille.

    19/09/2025 à 11:42

  • Presqu'îles

    Yan Lespoux

    8/10 Alors oui, ce sont des nouvelles, et oui, je sais, vous êtes nombreux à ne pas aimer les nouvelles... Mais, pardon, je pense que dans la plupart des cas, c'est un parti pris sans grand fondement, dû peut-être au fait de ne pas être tombé entre les mains des meilleurs écrivains de forme courte.

    Avec ce premier livre, Yan Lespoux ose s'y mettre, et c'est une vraie belle réussite. Avec leurs paysages de landes, de dunes, de bord de mer, mais aussi de forêts sauvages, de pistes cahoteuses qui se perdent dans les bois, ses textes racontent "son" Médoc en long, en large et en travers, sans tomber dans le mauvais cliché de la littérature de terroir, ce n'est pas du tout le propos. Non, Lespoux s'empare de ces lieux comme les grands écrivains américains racontent leurs bouts d'État, leurs coins de nature, avec une passion non dénuée d'esprit critique.
    On passe par tous les états d’esprit au fil des nouvelles du recueil. Certaines sont drôles, d’autres tragiques. D’autres encore discrètement poétiques, ou ironiques, ou cocasses, ou mélancoliques. Le tout sans rupture de ton, grâce au style maîtrisé de Yan Lespoux qui nous fait glisser de l’une à l’autre comme si des passerelles invisibles les reliaient, et que tous leurs personnages étaient plus ou moins les mêmes, tout en défendant leurs caractères propres, leurs idées, leurs perceptions de la vie.

    Bref, un premier livre qui mérite d'outrepasser sa méfiance envers les nouvelles, parce qu'il y a autant, voire plus, à y glaner que dans nombre de romans pas forcément aussi justes et inspirés !

    19/09/2025 à 11:37 1

  • Pour mourir, le monde

    Yan Lespoux

    8/10 Investissant à plein régime son XVIIème siècle romanesque, avec ses combats pour la conquête des mers et des colonies lointaines, et ses affrontements épiques entre les empires portugais, espagnols, hollandais et britanniques, Yan Lespoux s’engouffre dans la démesure de ses décors, de ses enjeux, de ses personnages, pour faire battre au vent la puissance et la variété de son style, épiçant le tout d’un humour bien senti, d’une luxuriance dans les descriptions, et d’une volonté de réalisme qui n’étouffent jamais la richesse des sentiments et la complexité humaine à l’œuvre.
    En bref, un très bon roman d'aventures historique, à la fois exigeant et ludique.

    19/09/2025 à 11:28

  • La septième fonction du langage

    Laurent Binet

    9/10 Sous ses dehors aguichants de "faux polar" dont l'enquête soupçonne que la mort accidentelle de Roland Barthes, renversé par un camion dans une rue de Paris, ne l'était peut-être pas tant que ça, La Septième fonction du langage est un roman d’une fraîcheur insolente, qui déconstruit avec férocité toute une époque au fil d’un jeu littéraire enlevé, plein de mystères et de mises en perspective. Un roman, surtout – et ce n’est pas la moindre de ses prouesses -, qui réussit le renversement ultime : celui de traiter par le romanesque le plus frénétique un mouvement intellectuel qui méprisait le romanesque.
    Un petit chef d’œuvre d’ironie, en somme, ambitieux, intelligent et rendu accessible, en dépit de la complexité de ses thèmes, par un écrivain décidément brillant.

    19/09/2025 à 11:10

  • HHhH

    Laurent Binet

    9/10 Comment faire de l'Histoire une matière romanesque ? Laurent Binet place cette question complexe au cœur d'un récit palpitant, dominé par la figure terrifiante de Heydrich, la "bête humaine" de Himmler. Un premier roman brillamment construit, passionnant et captivant comme un thriller !

    19/09/2025 à 11:06

  • Perspective(s)

    Laurent Binet

    9/10 Roman policier épistolaire historique, Perspective(s) démontre que Laurent Binet recherche tout sauf la facilité. D'autant moins qu'il convoque, non pas deux ou trois auteurs de lettres différents, comme c'est généralement le cas dans ce genre de roman, mais carrément une vingtaine ! On peut être un peu effrayé au début du livre, craindre de se perdre, mais il faut faire confiance au romancier, qui sait parfaitement ce qu'il fait, comment il le fait, et qui maîtrise surtout tous ses sujets : art bien sûr, mais aussi politique, théologie, économie, Binet brasse large et passionne partout.
    J'ai également retrouvé avec bonheur dans ce roman l'insolence dont l'écrivain s'est fait une marque de fabrique depuis "La Septième fonction du langage". Sa jubilation à soulever les jupes des faux semblants, des hypocrisies de cour, des hystéries religieuses propres à l’époque, est hautement contagieuse, et donne quelques scènes particulièrement réjouissantes.
    Farceur et spirituel, irrévérencieux et érudit, Perspective(s) flatte l’intelligence de son lecteur en le plaçant à la convergence de nombreux sujets riches et importants, sans jamais oublier que la littérature est un jeu et qu’il est plaisant de s’en divertir.

    19/09/2025 à 11:04

  • Chevreuil

    Sébastien Gendron

    7/10 Sébastien Gendron n’aime pas les cons. Voilà qui devrait suffire à rendre sympathique le plus trublion des auteurs de polar français. Il n’aime pas non plus les racistes, les extrémistes, les bas du front, les chasseurs… bref, tout ce qui bouge, parle, et donne son avis qu’on ne lui a pas demandé parce qu’on sait d’avance qu’il va être lamentable.
    Bim, manque de bol, voilà toute cette brochette d’abrutis réunis en congrégation dans un seul et même village, bouillon de culture franchouillard au pire sens du terme qui sert de laboratoire à ce nouveau roman.
    Comme tous les grands amuseurs, Gendron utilise l’humour, l’ironie, la parodie comme des armes de destruction massive contre la connerie ambiante. Son humour est un révélateur. Il tient un discours ravageur sur notre société, et c’est ça qui le rend aussi salvateur qu’indispensable à la survie de ceux qui tentent encore de surnager dans le marasme nous tenant lieu de quotidien.
    Un roman pas fait pour plaire à tout le monde, et c'est tant mieux !

    (P.S.: mention spéciale pour le prologue, horriblement réjouissant de cruauté et qui, s'il n'a pas de rapport direct avec ce qui va suivre, donne parfaitement le ton.)

    19/09/2025 à 10:50 2

  • L'Agent Seventeen

    John Brownlow

    7/10 My name is Bourne, James Bourne. Agent 017 au service d'on ne sait qui en général, et de ma propre survie en particulier.

    Oui, le bandeau apposé sur le livre proclame que ce roman est « pour les fans de Jason Bourne et James Bond ». Ce genre d’accroche vaut ce qu’elle vaut, c’est-à-dire pas grand-chose (et franchement, la plupart du temps, on s’en passerait bien) ; néanmoins, dans le cas présent, on peut reconnaître que c’est bien vu, puisque ce premier roman de John Brownlow évolue clairement dans les eaux troubles de l’espionnage fun et haletant.
    Toute la réussite du roman tient à l’excellent équilibre entre suspense, personnages de qualité, humour piquant à l’occasion, intrigue à plusieurs compartiments menant à nombre de rebondissements impeccables, et scènes d’action ébouriffantes où tous les coups sont permis, et où on n’hésite pas à attaquer à coups de lance-roquette ou d’hélicoptère de combat, dans une débauche de moyens réjouissante.

    Un épatant thriller d’espionnage, sans prise de tête et totalement addictif.

    19/09/2025 à 10:33 1

  • Sur la dalle

    Fred Vargas

    1/10 Une dalle fort pesante, fort glissante, qui écrase de tout son poids une intrigue famélique dont l’autrice fait le tour trop vite, avant de s’étaler de tout son long durant plus de 200 pages de remplissage consternant. Un ratage complet, où l'on ne retrouve rien de ce qu'on a pu follement aimer chez Vargas, que ce soit ses intrigues délicieusement invraisemblables ou ses personnages hors sol - ou plutôt si, tout est là, mais rien ne va. Les rebondissements sont ridicules, l’histoire sans intérêt, c’est du remplissage bête et méchant qui n’apporte rien et se conclut d’une manière affligeante. La musique sonne faux, les personnages évoluent dans un registre qui contredit tout ce qu'on connaissait d'eux auparavant. Une catastrophe, vraiment, et une souffrance à lire.

    18/09/2025 à 16:07 2

  • Free Queens

    Marin Ledun

    8/10 Un roman noir très noir (mais porteur d'un peu d'espoir tout de même), qui se glisse dans toutes les strates de la société nigériane, en scrute tous les défauts, les errements, les dévoiements, grâce à un réseau de personnages foisonnant et dénué de tout manichéisme.
    Coup de pied dans la fourmilière des hypocrisies et des violences faites aux femmes, Free Queens a quelque chose d’un western moderne – façon crépusculaire du Eastwood d’Impitoyable plutôt que du spaghetti sauce Leone -, plongée acide dans un univers où tous les coups sont permis, où les démunis deviennent une simple monnaie d’échange, et où la droiture morale fait figure d’aberration. Mais où l’espoir, maltraité, vacillant, ne renonce jamais au combat, et donne envie d’y croire, même un tout petit peu.

    18/09/2025 à 16:00 2