JohnSteed

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  • L'Affaire Isobel Vine

    Tony Cavanaugh

    8/10 C’est dans son ancien commissariat que Darian Richards revient. Mais pas en tant que retraité. Son ancien chef, Copeland, lui demande de reprendre du service à Melbourne, pour rouvrir une ancienne affaire : le meurtre d’Isobel Vine. Cette jeune fille d’à peine 20 ans avait été retrouvée pendu à sa porte de chambre, avec une cravate. L’enquête menée il y a 25 ans n’avait pu conclure à un suicide, à un accident d’un jeu sexuel, ou à un meurtre. La fille venait d’être arrêtée pour possession de drogue, suite à son séjour en Bolivie. Et les flics mettaient la pression sur Isobel pour dénoncer les commanditaires. Alors qui de son professeur avec qui elle entretenait une relation, son petit ami jaloux, les trafiquants locaux ou les flics pourraient l’avoir tuée ? Puisque des flics sont dans le giron de l’enquête et qu’il convient de les blanchir pour pouvoir assurer le remplacement du commissaire Copland, ce dernier demande à Darian Richards de reprendre l’enquête.

    Moins rythmée que les premières enquêtes de Darian Richards, L’affaire Isobel Vine n’en est pas moins prenante. On retrouve avec plaisir les différents protagonistes (la belle et troublante Maria, le talentueux geek Isosceles) dans cette enquête palpitante et aux multiples (trop ?) rebondissements. Par moment, on a le sentiment que Tony Cavanagh veut en faire trop. Pas grave. Si on a été séduit par La Promesse et Requiem, on ne pourra que savourer cette affaire Isobel Vine (et inversement).

    15/11/2020 à 18:32 3

  • La Promesse

    Tony Cavanaugh

    9/10 Darian Richards a quitté par la petite porte sa vie d’enquêteur au sein de la police de Melbourne. Celui qui a le meilleur taux d’élucidation d’affaires criminelles avait fait une promesse à Diane, la mère de Lorna, une victime du Violeur du Train : qu’elle retrouverait sa fille vivante. Comme les précédentes. Mais deux mois après sa disparition, le doute n’était plus permis : elle était morte. Ne supportant plus les meurtres, les enquêtes, les captures, ces morts par les tueurs, synonymes de cauchemars, de victimes qui l’appelaient dans son sommeil, il a rendu son badge.

    Ayant déménagé dans un cottage au bord de la Noosa, sur la côte est de l’Australie, Darian s’apprête à mener une vie frugale et à rester assis au bord de l’eau pendant quelques années.

    Mais plusieurs filles disparaissent mystérieusement dans le comté. Aussi, ses cauchemars reviennent. Et la promesse non tenue faite quelques mois auparavant revient le hanter. Il décide dès lors de mener son enquête. Il s’appuiera sur son meilleur ami, Casey, un ex-gangster de Melbourne, et sur sa compagne, Maria, la belle et jeune agent de police qu’il saura bien manipuler. Il pourra compter également sur le mystérieux geek, Isosceles. Quand il ne travaille pas pour la CIA ou les services secrets australiens, il rend service gracieusement à Darian.

    Dans son premier livre consacré à son personnage Darian Richards, Tony Cavanaugh nous plonge dans une affaire aussi noire que terrifiante. En faisant parler les différents protagonistes, son héro ténébreux au caractère bien trempé, et ce tueur en série aussi abominable qu’effrayant, l’auteur australien montre son talent dans ce polar qui bouleversera immanquablement ses lecteurs.

    03/07/2019 à 22:32 6

  • Requiem

    Tony Cavanaugh

    8/10 Darian Richards poursuit sa retraite, retranché dans la Sunshine Coast, près de la Noosa. L’Australien qui se qualifie comme celui qui agit avant de réfléchir est appelé par Ida, une jeune fille qu’il a aidée quelques mois plus tôt. « Darian, il faut venir. Vous seul pouvez m'aider. Il y a tellement de corps ! » La conversation est coupée. Arrivé sur les lieux, il découvre le cadavre du policier dont il avait sollicité l’intervention, ceux de deux jeunes, et le portable d’Ida, près des corps. Mais pas de trace de la jeune fille. Darian Richards, ex-flic sans foi ni loi, va employer les services de son inséparable geek, Isosceles, et de la belle policière, Maria, pour retrouver la disparue. Il comprendra qu’il va mettre les pieds dans un trafic de filles, dans lequel les flics corrompus ne sont jamais loin.

    Lire Tony Cavanaugh c’est s’offrir un moment de fraîcheur, de détente. L’écriture de l’Australien favorise le rythme à la réflexion, renforcée par son personnage attachant et outlaw : Darian est le mélange entre Bernie Gunther pour ses propos acerbes et Harry Bosch, pour le flic que rien n’arrête. Et si par moment Tony Cavanaugh revêt l’habit de guide touristique pour nous faire découvrir la Gold Coast du pays des kangourous, cela ne fait qu’accentuer le plaisir de cette lecture. Une lecture plaisante.

    15/11/2020 à 18:10 4

  • Bois aux Renards

    Antoine Chainas

    8/10 J’avais pris quelques dispositions pour pouvoir enchaîner les 530 pages du nouveau roman d’Antoine Chainas. Au regard des critiques élogieuses des premiers lecteurs de ce Bois aux renards, je voulais être entièrement disponible pour ce moment de lecture que j’espérais être un véritable moment de bonheur, voire de plaisir. Mes quelques derniers jours de vacances avaient donc pour objectif, entre autres, de lire la dernière œuvre de l’auteur français.

    Et j’ai beaucoup aimé cette histoire, comment elle commence, à la manière des meilleurs Boileau-Narcejac ou de Robert Bloch, ces auteurs qui ont donné matière aux films d’Hitchcock : on rentre dans le livre avec des protagonistes, Bernadette et Yves, des tueurs en série très particuliers, un couple très amoureux, que l’on suit pendant le long du livre mais qui ne sont pas réellement les personnages principaux de Bois aux renards. Non, l’histoire ce n’est pas non plus cette fille séquestrée qui arrive à s’enfuir de la torture de ce couple. Ce n’est pas non plus les habitants de ce petit village juché dans la montagne, ces personnes qui vivent recluses en communauté, voire de manière sectaire. Je pourrais continuer ainsi à dérouler l’histoire et les personnages. Ce Bois aux renards est une somme de tous ses personnages, de ses histoires qui se recoupent, de son ambiance, de son atmosphère et de ses légendes. C’est un tout indissociable. En tant que tel, ce Bois aux renards est fascinant.

    Mais je n’ai pas vraiment apprécié le style (voulu ?) ampoulé, grandiloquent, excessif dans les choix des tournures ou du vocabulaire qui sied mal, je trouve, c’est complément subjectif, à l’histoire.

    Mes notes donc : 9 pour l’histoire et 7 pour la narration = 8

    23/05/2023 à 16:08 9

  • Le soleil se couche parfois à Montpellier

    Antoine Chainas

    6/10 Dans cette nouvelle, Antoine Chainas nous conte l’histoire récente de cette ville de l’Hérault, la 8ème plus grande ville de France, Montpellier, le temps d'une promenade le long du Lez, à travers M. Z. un tueur à gage. Aujourd’hui, M. Z. s’est rangé en bon père de famille et en bon paysagiste.
    Mais M. Z. rencontre fortuitement Anna, son ancienne binôme, qui continue de remplir les exécutions. C’est alors tout le passé récent de la ville qui ressurgit : ses missions, la construction récente de la ville grâce au tandem Georges Frêche- Ricardo Bofill.

    Si Antoine Chainas sait nous captiver dans ses romans les plus dérangeants (« Versus ») voire loufoques (« Aime-moi Casanova »), on reste un peu sur sa faim sur ce format court.

    23/09/2018 à 19:50 4

  • Mon traître

    Sorj Chalandon

    9/10 Luthier parisien, Antoine raconte sa découverte de la « vraie » Irlande, l’Irlande du Nord, remplie d’herbes vertes sentant la tourbe, et de ses hommes et femmes solidaires dans leur lutte contre l’envahisseur britannique. Il raconte surtout sa colère et son cri de douleur envers « son traître ». Le traître s’appelle Tyronne Meeban, lieutenant au sein de l’IRA. A l’instar des héros irlandais que sont James Connolly ou le martyr Bobby Sands, Antoine voue sinon un culte du moins une grande amitié envers cet homme qui le conseille et le protège dans cette guerre sans nom.

    C’est en avril 1977, veille de Pâque, qu’Antoine arrive à Belfast. Accueilli par ceux qui deviendront ses amis, Jim et Cathy O’Leary, Antoine rencontre Tyronne Meeban dans un bar réservé aux anciens prisonniers républicains. Bercé et ému par les chansons rebelles chantant la guerre, soutenues par la douleur du violon et les notes de sanglots, Antoine épouse la cause de ces hommes et femmes remplis de fierté et d’amitié. Et à chacun de ses voyages, il partage leur quotidien : la révolte, la douleur et les pintes de Guinness, seule boisson qui représente le mieux ce pays : âpre, amère mais attachante. Bien que Français et donc étranger à cette lutte, il continuera d’être fidèle à cette amitié jusqu’au jour où, en 2006, il découvrira la traîtrise de Tyronne Meeban.

    Journaliste et écrivain français, Sorj Chalandon raconte dans « Mon Traître » une histoire personnelle : son amitié avec Denis Donaldson, membre de l'IRA et du Sinn Féin qui a trahi la cause irlandaise. La prose de Chalandon est émouvante, remplie de poésie sombre, de mots pesants. Mais avant tout, sans porter de réponse, ni de jugement, « Mon traître » interroge sur toutes les amitiés brisées, les amours déçus et de la fragilité de l’homme. Un roman court (200 p.) mais puissant.

    (A noter : Dans son livre « Retour à Killybegs », Sorj Chalandon raconte par la voix de Tyrone Meehan une autre version des faits).

    23/07/2019 à 21:21 3

  • Profession du père

    Sorj Chalandon

    9/10 Ce livre est rempli d’émotions. Profession du père ne fait que me confirmer le plaisir que j’avais eu à découvrir l’œuvre de Sorj Chalandon. Le lecteur, encore une fois, est soumis à tous les sentiments : du sourire aux larmes, dans cet ordre-là.

    Emile Chouans est un collégien médiocre. Mais il est surtout le fils d’André, créateur des Compagnons de la chanson, conseiller intime de de Gaulle, (c’est lui qui a conseillé à de Gaulle de dévaluer le franc) et dont son ami américain, Ted, parrain d’Emile, est membre de la CIA, garde du corps de JFK américain.

    Mais André est remonté contre de Gaulle qui souhaite « abandonner l’Algérie ». Le père décide alors de passer à l’offensive. Il souhaite tuer le Président français et pour cela, Emile sera son bras armé. Discipline militaire, conseils paternels en matière d’espionnage… tout se met en place pour atteindre l’objectif… Les délires du père vont avoir des conséquences malheureuses pour Emile. Si du haut de ses 13 ans, Emile courbe le dos et obéit à son père, il prend conscience, en grandissant de la folie de son père et du malheur vécu par sa mère.

    Au fil des pages, le burlesque laisse donc place à la pitié et à la tristesse. La prise de conscience de la folie du père ne laisse pas insensible le lecteur. On partage la solitude d’Emile et son malheur. Un livre très émouvant.

    01/08/2021 à 16:20 2

  • Retour à Killybegs

    Sorj Chalandon

    9/10 Après le cessez-le-feu signé par le Sinn Fein en décembre 2006, le Gouvernement britannique décide de lâcher les « agents » de l’IRA qui donnaient des renseignements. C’est dans ce contexte que Tyronne Meehan, après avoir avoué publiquement avoir trahi la cause de l’Armée révolutionnaire irlandaise, se réfugie à Killysberg, partie de la lande irlandaise qui l’a vu naître. C’est ici qu’il souhaite raconter sa vie, l’histoire du combat de cette Irlande pour sa liberté. Il dit sa vérité, un autre regard, le vrai, celui de l’homme sali. Celui du déloyal, de l’infidèle. Mais aussi de l’homme fragile.

    Dans Mon traître, Sorj Salandon avait proposé la vision du trahi. Ici, il offre, avec la parole du traître, une histoire bouleversante d’un homme conquis à sa cause, à la fois fier et rempli de honte : tout simplement humain avec ses forces et ses faiblesses. Ici pas de jugement dans ce livre attachant et rempli de poésie où l’on est confronté au questionnement profond de l’âme humaine face à la trahison.

    20/08/2019 à 16:57 3

  • Une Promesse

    Sorj Chalandon

    7/10 Je n’ai pas trop envie de dévoiler la trame de ce livre, car Sorj Chalandon a tissé son roman, comme une toile d’araignée : délicatement et avec patience. L’auteur peint l’ambiance, présente ses personnages, ces amis qui rendent visite à Fauvette et Etienne dans cette demeure de Ker Ael.

    Il faut attendre les trois quarts du livre pour que le lecteur découvre cette promesse, ce lien d’amitié pure et solennelle. Un livre écrit tout en retenu, où l’important se lit entre les lignes. Un livre intime et introspectif.

    12/09/2022 à 09:12 3

  • Que ta volonté soit faite

    Maxime Chattam

    8/10 J’avais délaissé Maxime Chattam après sa série La Trilogie du Mal lue dès sa sortie. Je ne me rappelle plus trop les raisons, certainement dû à un excès de serial killers et surtout, en ce début de nouveau millénaire, de surenchère dans le sordide des meurtres de ces monstres humains, de la prolifération des profilers, … Bref, j’étais lassé du genre.

    Et puis, vous connaissez l’histoire, on y revient, plus par curiosité malsaine que par envie ou besoin (heureusement). Et ce livre, Que ta volonté soit faite, fut une parfaite rentrée en matière avec cet auteur français.

    Et j’ai été agréablement surpris voire j’ai beaucoup apprécié le style « américanisé » de Maxime Chattam. Ces évènements racontés par un protagoniste (qui ne dévoile pas son identité, mais que l’on peut facilement reconnaître) facilitent l’immersion dans cette histoire. Le lecteur découvre la vie de Jon Petersen et l’émergence de son asociabilité, la montée en puissance de ses pulsions et l’escalade dans sa cruauté. Ses actes sont odieux, son art de la manipulation abominable : un monstre qui saura passer sous le radar du Shérif Jarvis Jefferson, qui n’abandonne pas mais fait avec les moyens d’enquête de l’époque (pas d’analyse d’ADN, pas d’ordinateur ni de fichier informatisé du FBI…).

    Un roman séduisant sur la naissance d’un psychopathe qui m’a réconcilié avec le genre.

    28/08/2023 à 12:06 7

  • Tango flamand

    Jean-Christophe Chauzy, Marc Villard

    6/10 A Ostende, Tina, danseuse au Florida, arrondit ses fins de mois en faisant le tapin pour des clients du cabaret. Un soir, un client, Francky, l'emmène sur son bateau. Mais Francky s'avère être un client un peu spécial et souhaite lui faire payer sa misérable vie.

    C'est direct comme bd, le scénario est assez pauvre mais le dessin de Chauzy, tout en retenu, relève le niveau de ce Petit Polar du Monde/SNCF.

    13/01/2019 à 18:32 2

  • Le Meurtre de Roger Ackroyd

    Agatha Christie

    9/10 Agatha Christie, la Duchesse de la mort, comme elle aimait se faire appeler, publie avec Le meurtre de Roger Ackroyd son sixième roman. Paru en 1926, ce livre a connu un immense succès, son plus grand d’ailleurs.

    Le Dr Sheppard, médecin du petit village de King’s Abbot, apprend le suicide de Mrs Ferrard. Celle qui a empoisonné son mari, n’a pu supporter la culpabilité et le chantage dont elle faisait l’objet.
    Devant se marier avec la veuve Ferrard, Ackroyd invite le Dr Sheppard à diner pour l’interroger sur les causes de la mort de Mrs Ferrard, celles de son mari et s’il savait que Mrs Ferrard faisait l’objet d’un chantage. Ackroyd doute du suicide en l’absence d’une lettre de sa future épouse. Celle-ci arrive par le courrier du soir, Ackroyd demande au Dr Sheppard de le laisser seul dans son bureau pour qu’il puisse prendre connaissance de la lettre.
    Rentré chez lui, un appel anonyme lui annonce qu’Ackroyd a été assassiné. Il se précipite à la demeure du riche anglais et ne peut que constater l’assassinat, par un coup mortel d’un poignard dans le cou.

    Venu se retirer dans la campagne anglaise et cultiver des citrouilles, Hercule Poirot est supplié par la sœur du Dr Sheppard, en bonne voisine, de prendre l’affaire en main et de résoudre ce meurtre. Un suspect tout désigné est sur les lèvres des protagonistes : le neveu d’Ackroyd, dont on ne trouve plus la trace depuis cette soirée.

    Sous la plume du docteur Sheppard, le capitaine Hastings étant en voyage en Argentine, Agatha Christie nous raconte comment les petites cellules grises de Poirot ont résolu cette affaire. Si ce roman policier est remarquable, c’est, à l’instar des grands cuisiniers, non pas grâce aux mélanges des ingrédients traditionnellement utilisés (mélanges des acteurs aux histoires et mobiles intéressants, multiplication des fausses pistes, secrets enfouis et dévoilés,…) mais à la petite touche du chef, qui permet de faire toute la différence. Et non, n’y comptez pas : je ne dévoilerai rien.
    Si, juste une chose : même relire l’histoire en connaissant la clé de l’énigme est savoureux.

    22/07/2018 à 14:17 6

  • La Volupté du billabong

    Hervé Claude

    7/10 Après une journée torride dans le bush, le groupe de touristes campe au bord du billabong, une grande mare à l’eau fraîche, dans le parc australien de Kakadu. Il y a Simone, brillante ingénieure en nucléaire et son mari Steve, écrivain sans succès, qui forme un couple au bord de l’implosion, d’autant qu’Arthur, cet écolo activiste, n’est pas insensible aux charmes de la belle Simone. Il y a également Wanda, la rouquine et ancienne (petite ?) amie de Simone et Jasper, le guide aborigène.
    Mais la randonnée tourne au tragique : Simone ayant voulu se baigner a été happée par les mâchoires d’un crocodile.
    C’est du moins la version avancée par les protagonistes à Anthony Angos, le Police Officer, en charge de l’enquête. Une enquête qui montera que chacun avait peut-être intérêt à la disparition de la défunte.

    Une enquête courte mais efficace proposée par Hervé Claude. Une lecture très plaisante au milieu du bush australien. Dépaysant.

    24/09/2018 à 08:18 2

  • Crépuscule

    Philippe Claudel

    8/10 Attiré par un nouveau roman de l’illustre Philippe Claudel, alléché par sa couverture sombre, mystérieuse et énigmatique, charmé par son titre aussi mélancolique que décadent, j’ai plongé dans cette histoire et découvert ces personnages durant quelques nuits d’hiver noires et tristes seyantes à l’atmosphère ambiante.

    Roman ou plutôt conte que nous offre l’auteur qui aurait pu commencer son histoire par « Il était une fois, dans un pays fort lointain et à une époque non moins reculée et inconnue… ». Philippe Claudel transporte son lecteur dans un univers et une contrée énigmatiques.

    Dans un village à la frontière d’un Empire, le curé est découvert dans la rue, mort, assassiné, la tête fracassée par une pierre. Le Policier, Nourio, et son Adjoint, Baraj, vont mener l’enquête ou, devrais-je dire, un semblant d’enquête. Car ce qui obsède Nourio, ce n’est pas la recherche de la vérité, la quête de la lumière sur cette affaire. Non, ce qui l’obsède, guidé par les pulsions qui le démangent en dessous de la ceinture, c’est la témoin de l’affaire, la très jeune Lémia. Et oui, vous l’avez bien compris, de la vérité Nourio s’en branle carrément, et dans tous les sens du terme. Car outre ses excès incontrôlés de libido, Nourio s’accommode de toute explication que les autorités locales voient comme vraie et véritable. Car dans cette contrée, la tension entre musulmans et chrétiens est palpable. Car qui d’autres que des non-chrétiens peuvent s’en prendre à l’autorité cléricale ? Et la fuite du médecin musulman ne fait que confirmer cette théorie. Et d’ailleurs, toute tension n’est que prémices à la violence.

    Un roman que j’ai réellement aimé même avec ses longueurs, ses personnages aux comportements déviants, immoraux, opportunistes,… avec sa fin bien amenée. Crépuscule c’est un avant-goût de la fin d’une période de lumière, de vie : dans ce livre règne une atmosphère de fin de civilisation, où plus rien n’est conforme aux attentes du monde, où le monde n’attend plus rien que le retour impossible du jour et de la vie. Une allégorie de notre temps.

    27/12/2023 à 13:35 3

  • Les Âmes Grises

    Philippe Claudel

    9/10 « Les salauds, les saints, j’en ai jamais vu. Rien n’est ni tout noir, ni tout blanc, c’est le gris qui gagne. Les hommes et leurs âmes, c’est pareil… T’es une âme grise, joliment grise, comme nous tous… »

    On est prévenu que rien ne sera rose à la lecture de ce livre de Philippe Claudel et à la rencontre avec Belle de Jour, Lysia, Destinat, le Grave, Barbe, le Petit Breton, Mierck, Gachentard, la femme de Bourrache, Hippolyte Lucy, Mazerulles, Clémence,… Tous ces personnages qui, à cette période de fin de Première Guerre mondiale, pas très loin du front, sont confrontés à la mort de cette jeune fille de 14 ans, Belle de Jour. « L’enquêteur » raconte cette « Affaire » et la vie de ce petit village, sur le ton de la confidence emprunte de tristesse voire de mélancolie. Philippe Claudel, à la manière d’un écrivain classique, nous touche par son style et nous fait côtoyer les anges. La beauté peut parer toutes les couleurs de l’arc en ciel, y compris le gris.

    04/01/2020 à 13:39 7

  • Tu me manques

    Harlan Coben

    7/10 Je m’étais promis de ne plus relire Harlan Coben. J’ai vérifié, ma dernière lecture date de 2004 avec Une chance de trop. J’avais rangé l’auteur américain dans la catégorie commercio-sentimento-polar de supermarché. Et puis, une amie m’a prêté ce Tu me manques, avec un commentaire plus qu’encourageant.

    Et si l’intrigue n’est pas des plus alambiquées, le rythme est soutenu et Kat, cette lieutenante du NYPD, est attachante. Une lecture très plaisante d’un page-turner efficace.

    19/12/2021 à 18:14 3

  • Seul le silence

    Fabrice Colin, Richard Guérineau

    8/10 Exercice périlleux mais réussi que d’adapter en BD le livre de RJ Ellory.
    Seul le silence développe une atmosphère pesante et une intrigue délétère, où chaque page est remplie de soupçon et renforce la paranoïa.
    Cette BD retranscrit avec justesse et fidélité le roman grace aux couleurs sobres et aux traits simples des personnages.

    Un complément indispensable au chef d’œuvre de RJ Ellory.

    30/05/2022 à 16:22 2

  • Devant Dieu et les hommes

    Paul Colize

    7/10 Toute jeune journaliste, Katazyrna voit son rêve professionnel se réaliser. Son rédacteur en chef lui demande de couvrir le procès pour meurtre de Donato Renzini et Francescco Ercoli. Ces deux immigrés italiens sont venus travailler dans cette Belgique d’après-guerre comme mineurs de fond à la mine au Bois du Cazier.

    Mais en ce 6 août 1956, un incendie embrase la mine et fait plus de 250 morts. Parmi eux, Gustave Fonck, un contremaître, dont le décès par suffocation est suspect. La victime aurait passé ses derniers instants avec Renzini et Ercoli, survivants à la catastrophe, et qui en voulaient à mort à ce contremaître qui volaient le salaire des ouvriers et leur pourrissait la vie au fond de cette mine inhospitalière.

    Dans cette époque où les Italiens sont traités pires que des chiens, de fainéants, de voleurs,… la justice peut être expéditive. Katazyrna est face à un double défi majeur : imposer sa vision personnelle du journalisme dans ce milieu machiste et suivre son instinct féminin pour faire la lumière sur ce drame.

    Le féminisme et le sort des immigrés mis en lumière dans cette Belgique des années 1950 par l’auteur belge via un fait divers marquant trouve encore et malheureusement écho à notre époque. Devant Dieu et les hommes est un livre attachant et plaisant mais souffre cependant de sa lente élaboration et de ses multiples évolutions. En effet, Paul Colize confie en postface que cette histoire a été d’abord conçue comme une pièce de théâtre jouée à Quai du Polar en 2021 avant de devenir livre en incorporant la jeune journaliste. Ainsi, j’ai trouvé un manque de profondeur dans l’histoire et les personnages qui ne sont qu’esquissés par l’auteur.

    11/12/2023 à 14:21 5

  • Toute la violence des hommes

    Paul Colize

    8/10 Même si je ne connais pas toute l’œuvre de Paul Colize, on peut distinguer deux types de romans du Belge, tous aussi intéressants les uns que les autres : les romans « sociaux engagés » (Back Up, Un Long Moment de Silence) et les romans « humour noir » (Concero pour Quatre Mains, L’Avocat, le Nain et la Princesse masquée). Roman noir social sur les incidences post-traumatiques de la guerre en ex-Yougoslavie, Toute la violence des hommes fait partie de la première catégorie.

    Niko est inculpé du meurtre d’une jeune femme. Tout accuse ce jeune graffeur : dernier contact téléphonique avec la victime, empreintes du jeune homme dans l’appartement de la victime, arme du crime retrouvé chez lui… Pourtant, il clame haut et fort que « ce n’est pas lui ! ».
    Son avocat tente désespérément de le faire parler. Niko se réfugie dans le silence. C’est la directrice de l’Etablissement de la Défense sociale, Pauline Derval, qui va lui permettre de se libérer, grace à son art de prédilection, la peinture murale. On découvre ainsi par un jeu d’écriture alternant le présent et le passé, l’histoire personnelle terrifiante de Niko et de la guerre en ex-Yougoslavie.

    Toute la violence des hommes, sans faire de mauvais jeu de mots, fait le portait de personnages très attachants, notamment celui de Niko pour lequel nous avons beaucoup d’empathie, profondément humains, courageux devant l’adversité, fondamentalement bienveillants et ainsi, malgré la noirceur de la trame de l’histoire, ce livre offre au lecteur, un sentiment de bien-être et surtout d’espoir face à la cruauté humaine.

    27/07/2020 à 15:46 6

  • Un Monde merveilleux

    Paul Colize

    8/10 Octobre 1973. Le maréchal des logis Daniel Sabre, dont le régiment belge est basé en Allemagne, est chargé par ses chefs d’une mission officieuse : être le chauffeur d’une personne et la conduire où elle le demandera. Il devra toutefois rendre compte tous les jours à ses supérieurs des faits et gestes de cette personne, ne rentrer en contact avec personne d’autre, y compris sa femme. Pour cette mission, il reçoit argent, véhicule et une arme.
    Voyant une opportunité d’une promotion, Daniel se transforme en chauffeur particulier de cette mystérieuse personne. Cette dernière est une femme, une cinquantaine d’années, se prénommant Marlène. Au départ de Bruxelles, les relations sont assez distantes. Les kilomètres avançant, les deux protagonistes se découvrent petit à petit…

    Paul Colize nous raconte cette histoire vue tour à tour par ces deux principaux personnages. On voit la distance émise par Daniel peu à peu, face aux sollicitations de Marlène, s’estomper. Une complicité va naître et les questions sur ce périple réalisé par les deux personnages vont trouver réponse.

    L’auteur belge offre une fois de plus un livre des plus plaisant et agréable à lire. Prétexte à faire coïncider la petite histoire à la grande histoire, Un monde merveilleux interroge le lecteur sur la notion de vengeance, la prescription des meurtres, le pardon et la vie…

    10/11/2022 à 14:10 5