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9/10 Luthier parisien, Antoine raconte sa découverte de la « vraie » Irlande, l’Irlande du Nord, remplie d’herbes vertes sentant la tourbe, et de ses hommes et femmes solidaires dans leur lutte contre l’envahisseur britannique. Il raconte surtout sa colère et son cri de douleur envers « son traître ». Le traître s’appelle Tyronne Meeban, lieutenant au sein de l’IRA. A l’instar des héros irlandais que sont James Connolly ou le martyr Bobby Sands, Antoine voue sinon un culte du moins une grande amitié envers cet homme qui le conseille et le protège dans cette guerre sans nom.
C’est en avril 1977, veille de Pâque, qu’Antoine arrive à Belfast. Accueilli par ceux qui deviendront ses amis, Jim et Cathy O’Leary, Antoine rencontre Tyronne Meeban dans un bar réservé aux anciens prisonniers républicains. Bercé et ému par les chansons rebelles chantant la guerre, soutenues par la douleur du violon et les notes de sanglots, Antoine épouse la cause de ces hommes et femmes remplis de fierté et d’amitié. Et à chacun de ses voyages, il partage leur quotidien : la révolte, la douleur et les pintes de Guinness, seule boisson qui représente le mieux ce pays : âpre, amère mais attachante. Bien que Français et donc étranger à cette lutte, il continuera d’être fidèle à cette amitié jusqu’au jour où, en 2006, il découvrira la traîtrise de Tyronne Meeban.
Journaliste et écrivain français, Sorj Chalandon raconte dans « Mon Traître » une histoire personnelle : son amitié avec Denis Donaldson, membre de l'IRA et du Sinn Féin qui a trahi la cause irlandaise. La prose de Chalandon est émouvante, remplie de poésie sombre, de mots pesants. Mais avant tout, sans porter de réponse, ni de jugement, « Mon traître » interroge sur toutes les amitiés brisées, les amours déçus et de la fragilité de l’homme. Un roman court (200 p.) mais puissant.
(A noter : Dans son livre « Retour à Killybegs », Sorj Chalandon raconte par la voix de Tyrone Meehan une autre version des faits).
23/07/2019 à 21:21 JohnSteed (631 votes, 7.7/10 de moyenne) 3