JohnSteed

553 votes

  • Ce qui reste en forêt

    Colin Niel

    8/10 La Guyane est un territoire éloigné de l’hexagone. Loin des yeux, loin du cœur ? De ce département-région d’outre-mer, l’on connaît la présence du centre spatial Kourou, le fort taux de délinquance d’une population plus pauvre que la moyenne métropolitaine. Ce que l’on sait peut-être moins, c’est la présence d’une richesse faunistique et floristique du fait de la présence de la forêt amazonienne sur son territoire.

    C’est à ce titre-là, que dans le camp de Japigny*, d’éminents chercheurs se côtoient afin de mener leurs études sur différents spécimens rares et spécifiques de la région. Or quand Serge Feuerstein, naturaliste de renommée mondiale, est porté disparu depuis plus de 48 heures, la gendarmerie est appelée pour effectuer sa recherche dans cette forêt dense mais que le scientifique connaissait par cœur qu’il pouvait y survivre pendant une semaine. Dès lors, quand on découvre son corps sans vie au fond d’un gouffre, certains émettent l’hypothèse d’un meurtre, étayée par la présence d’un camp illégal de chercheurs d’or à proximité.

    C’est la brigade du Capitaine Anato, et de ses Lieutenants Vacaresse et Girbal, qui va mener l’enquête et élucider ce mystère. Celle-ci va aller de rebondissements en rebondissements. On va la suivre porté par les pérégrinations de l’histoire, de la vie des personnages du camp, des orpailleurs clandestins, des enjeux des recherches scientifiques mais également par les vies personnelles (et leurs questionnements existentiels) des gendarmes Anato, Vacaresse et Girbal. L’auteur alterne les chapitres par ces différents sujets ce qui rend la lecture addictive et très intéressante.

    * L’auteur a inventé ce camp.

    25/03/2020 à 16:26 2

  • Ce qui vient après

    JoAnne Tompkins

    9/10 Troublant, intense, bouleversant, et tout autant attachant et touchant. Ce premier roman, Ce qui vient après, de JoAnne Tompkins m’a profondément ému. Les thèmes traités ne sont pas uniques en leur genre. Mais l’autrice américaine a su transcrire toutes les émotions et autres sentiments à travers l’histoire de ce drame.

    A Port Furlong, Etat de Washington, petite bourgade, Isaac tente de surmonter la mort de son fils, Daniel tué par son meilleur ami, Jonah. Responsable de la communauté des quakers, sa foi en Dieu lui apporte le soutien dont il a besoin. Avec son fidèle compagnon canin, Rufus, Isaac laisse la vie l’emporter.
    Jusqu’à ce que Evangeline, cette jeune femme abandonnée par sa mère, débarque dans sa vie. Isaac y voit comme un signe, elle qui a connu Daniel et Jonah. D’ailleurs, la grossesse d’Evangeline correspondrait bien au moment de leur rencontre. Isaac, rempli de sa foi, de bienveillance, accueille dans sa maison la jeune fille. Evangeline, aussi effrontée qu’impétueuse, va se confronter au mutisme et à l’égo du patriarche : deux êtres qui vivent différemment leur malheur.

    Et la présence de Lorrie, amie, voisine et surtout mère de Jonah, ne facilite pas la situation. Pourtant la reconstruction de la vie de chacun semble à portée de main…

    Une magnifique histoire de rédemption, de pardon que JoAnne Tompkins nous offre avec délicatesse et profondeur. Un livre qui n’intéressera pas tout le monde mais qui, indéniablement, touchera ceux qui le liront.

    09/08/2023 à 13:39 5

  • Ce soir je vais tuer l'assassin de mon fils

    Jacques Expert

    8/10 Les livres de Jacques Expert sont addictifs. Même quand ils ont un dénouement qui, à mon goût, laisse le lecteur, au mieux, sur sa faim, au pire, dans une brutale déception. Addictifs car l’auteur sait malignement exploiter les pires cauchemars de l’être humain (la perte tragique de la chair de notre chair, nos chères « petites têtes blondes », nos enfants ; les innocents accusés à tort,… bref, ces terrifiantes injustices).

    Ce soir je vais tuer l’assassin de mon fils est, comme son le laisse supposer, une histoire de vengeance. Jacques Expert nous l’a fait vivre au travers des 4 principaux protagonistes : les couples des coupables et des victimes. Une vengeance du père dont le fils a été renversé par un chauffard qui s’est lâchement enfui en le laissant mourir dans un fossé. Une promesse faite à sa femme : tuer celui qui a osé laisser mourir leur enfant. Un roman court mais intense en émotion et en tension psychologique dont la fin, à mon grand plaisir, n’a pas été bâclée par l’auteur.

    19/06/2023 à 10:01 4

  • Celle qui n'était plus

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    8/10 Ravinelle et Lucienne, amants, répètent une dernière fois le piège qu'ils vont tendre à Mireille, la jeune épouse : la droguer et la noyer dans la baignoire puis la transporter dans le lavoir de la propriété familiale pour maquiller le meurtre en suicide. À la clé, c’est l'assurance vie et une nouvelle vie à Antibes. Lucienne, en médecin expérimenté, prend les choses en main. Plus nerveux et sensible, Ravinelle l'assiste tant bien que mal. Une fois le corps déposé dans le lavoir, le mari va devoir découvrir le corps en compagnie d’un alibi. Le père Goutte, le menuisier, fera l'affaire. Prétextant des travaux sur un apprentis, Ravinelle l'invite à venir près du lavoir. Mais le corps de Mireille n'est plus là. Disparu. Mais où est le corps ? Est-ce l'œuvre d'un maître chanteur ? Impossible. Il doit retrouver coûte que coûte ce corps. Et la torture psychologique de Ravinelle débute, passant d'interrogations à des moments de purs remords.

    Le duo Boileau-Narcejac nous propose de vivre la descente aux enfers de Ravinelle. Ce livre a merveilleusement été adapté par Clouzot dans Les Diaboliques. Mais l'histoire est sensiblement différente. On peut ainsi lire ce livre ET voir son adaptation cinématographique pour deux fois plus de plaisir.

    07/04/2018 à 21:55 7

  • Ces lieux sont morts

    Patrick Graham

    6/10 Tous les ingrédients d’un bon livre de suspense étaient réunis, avec un thème central très original : le réveil des personnes dans le coma en explorant par les sens leur mémoire.
    Mais beaucoup de facilités dans le déroulement de l’histoire, des personnages pas assez développés,… Je ne suis pas rentré dans cette histoire un peu trop convenue pour moi, bien qu’elle soit bien rythmée et qu’elle se déploie à vitesse grand V.

    05/12/2021 à 16:01 4

  • Ces Orages-là

    Sandrine Collette

    8/10 Clémence est un petit bout de femme que l’on remarque à peine. Timide, réservée, mais courageuse. Du courage, il en a fallu pour s’enfuir et fuir la relation toxique d’avec son compagnon Thomas. Une idylle pour son entourage, mais une terreur pour Clémence.

    Elle s’est trouvé une petite maison, où elle peut se cacher. Loin de Thomas, et de son emprise qu’elle subissait. Elle sait que cette cachette est éphémère. Elle est encore faible, un rien pourrait la ramener à Thomas, et toute cette folie recommencerait. Elle se doute que Thomas fera tout de son côté pour la retrouver, la ramener et faire d’elle sa chose, son jouet. Pourtant, elle veut se reconstruire, avoir des projets comme avoir sa propre boulangerie, son métier. Et son voisin, Gabriel, un homme plus âgé, saura écouter et encourager Clémence…

    Un livre poignant, au thème tristement d’actualité que Sandrine Collette traite admirablement, avec subtilité et sensibilité. Une écriture profonde et un style qui sied à ce petit bout de femme à la fois hésitante, emplie de doute mais aussi de volonté.

    09/01/2022 à 14:59 6

  • Ceux d'à côté

    M. T. Edvardsson

    7/10 Ce soir-là, quand Mike Andersson rentre à vélo du collège, où il est professeur de sport, il entend et aperçoit les sirènes des secours. Arrivé dans son lotissement, il constate avec effroi que sa femme a été victime d’un accident : Bianca a été renversée par Jacqueline, leur voisine, qui conduisait sa nouvelle BMW.

    Alors que Mike attend avec ses deux enfants aux urgences des nouvelles sur l’état de santé de Bianca, il se remémore leur venue à Köpinge, petite bourgade calme et paisible de Suède. Ayant quitté Stockholm, la famille Andersson se faisait une joie de commencer une nouvelle vie à la campagne. Au fil de fêtes et d’échanges entre gens du quartier, la découverte du voisinage rend perplexe le couple. Entre Jacqueline, l’ancienne mannequin, qui se cherche une nouvelle jeunesse en séduisant les hommes du coin, Fabian, le fils de Jacqueline, atteint de troubles psychologiques, ayant des comportements sociaux très étranges, Ola, un homme divorcé, alternant comportements violents et séduction, le couple de retraités, Âke et Gun-Britt, qui apprécie particulièrement les médisances…

    Roman choral avec aller-retours passé-présent, Ceux d’à côté met en avant des personnages aux passés troubles, dont le lecteur souhaite percer tous les mystères. Avec une construction qui rend l’histoire très addictive, ce livre propose une panoplie de voisins étranges dans la limite du stéréotype, dans une intrigue un peu fade. Du Desperate Housewives réservé aux amateurs.trices.

    08/02/2023 à 10:42 5

  • Ceux de la soif

    Georges Simenon

    6/10 Depuis 5 ans, le professeur Muller vit dans l'archipel des Galapagos, plus précisément sur l'île de Floréana. Éminent docteur allemand et professeur de philosophie, il est venu écrire un livre scientifique. Accompagné d'une de ses élèves, Rita, il met en pratique sa philosophie de vie, être en communion avec la nature. Ainsi il s'est fait arraché toutes ses dents afin de ne pouvoir manger les animaux de l'île tandis que sa compagne avec qui il entretient des relations purement platoniques vit toute nue.

    À quelques centaines de mètres de leur campement vit la famille Hermann. Ils sont venus s'installer sur l'île afin que leur fils, Jef, se soigne de la tuberculose dans un climat plus doux et chaud. La vie sur l'île est rythmée par les pluies et le ravitaillement du San Cristobal, deux fois par an. La venue de l’énigmatique comtesse von Kleber et de ses deux amants va bouleverser l'équilibre précaire de ce microcosme. L'extravagante comtesse va vouloir faire des habitants de l'île ses sujets. Muller, personnage des plus froids et taiseux, sent que tout ça va mal se finir. Elle fait construire un hôtel en vue d'accueillir les plus riches personnes du monde qui souhaitent se dépayser, se nourrit de boîtes de conserve le tout arrosé d'alcool. Kraus, un des amants de la comtesse, ne veut plus être son esclave et se rapproche de Muller. Tuberculeux lui aussi il veut quitter l'île. Et l’eau commence à se tarir. La tension entre les personnages commence à monter…

    Simenon s'est inspiré d'un fait réel pour écrire ce roman. Il est venu à l'archipel des Galapagos pour bien ressentir les lieux. La tension est bien palpable au fil des pages, sans pour autant pouvoir anticiper la fin de l'histoire. D'ailleurs Simenon nous laisse dans le flou et la liberté de nous faire notre opinion sur cette aventure que seul peut nous offrir l'écrivain belge. Si l'intrigue paraissait intéressante si l’angoisse est bien décrite, je n'ai pas trouvé ce roman de Simenon aussi puissant que d'autres plus intéressants.

    17/04/2018 à 11:59 5

  • Ceux que nous avons abandonnés

    Stuart Neville

    8/10 Ciaran Devine vient d’être libéré de prison pour mineur suite à sa condamnation pour le meurtre de M. Rolston, le père de la famille qui l’a accueilli avec son plus grand frère Thomas. Ciaran a hâte de le retrouver, lui qui fut condamné pour complicité à une moindre peine. Les deux frères nouent des relations assez particulières, depuis la mort de leur mère.

    Stuart Neville raconte cette relation ambiguë et ambivalente des deux frères, pour qui la violence semble aussi banale que naturelle. C’est dans ce contexte que l’inspectrice Serena Flanagan qui avait enquêté sur l’assassinat de M. Rolston, et Paula Cunnigham, assurant le suivi psychologique du détenu libéré, vont subir les affres des deux frères tout en essayant, pour l’une de rechercher la vérité et pour l’autre d’insérer Ciaran dans la vie.

    Ce roman fait froid dans le dos par ce détachement à la violence et par les manipulations psychologiques sans moral des deux frères.

    18/12/2019 à 18:19 4

  • Chacun sa vérité

    Sara Lövestam

    7/10 Bien que son auteure soit suédoise, il serait cavalier de faire un raccourci et de considérer Chacun sa vérité comme un « polar suédois ». D’une part parce que, même s’il a reçu différentes distinctions comme le Grand Prix de Littérature Policière (roman étranger) ou le Prix de l'Académie suédoise des auteurs de polars, Sara Lövestam ne classe pas son premier livre au rayon polar, mais le considère plus comme un roman de société. D’autre part, on est loin de l’ambiance ouatée, et de l’atmosphère éthérée, où les grands espaces donnent la réplique aux différentes contemplations des personnages. Sara Lövestam privilégie les dialogues aux descriptions des paysages. Elle concentre l’action du livre à l’enquête menée par son personnage d’origine iranienne, Kouplan, un sans papier qui pour survivre, se donne les qualités de « détective privé ». En situation illégale, il propose ses services aux personnes qui ne souhaitent pas que les autorités locales se mêlent de leur problème.

    C’est le cas de Pernilla dont sa fille, Julia, âgée de 6 ans, a disparu alors qu’elles se promenaient dans un centre commercial. N’ayant pas déclaré sa fille pour éviter que les services sociaux ne lui enlèvent, Pernilla voit dans le tout jeune Kouplan son seul espoir de retrouver Julia. Le jeune détective privé va se trouver confronter aux problèmes psychologiques des personnages et à une affaire de prostitution d’enfants.

    Un roman qui sincèrement plaît, tant on ressent la force de Sara Lövestam à dénoncer la politique menée à destination des immigrés. Mais la faiblesse du roman réside dans le manque de profondeur donné à son personnage principal, Kouplan. J’aurai aimé en effet en apprendre plus de la vie de ce jeune iranien qui est à peine évoquée ici, et que l’auteure suédoise développe plus certains aspects de l’intrigue. Un roman qui donne cependant envie de poursuivre la tétralogie de Sara Lövestam.

    09/06/2020 à 13:49 2

  • Chambres noires

    Karine Giebel

    8/10 L’exercice de la nouvelle est délicat et périlleux. Ecrire en quelques pages une intrigue est difficile, surtout si, comme on s’appelle Karine Giebel, on aime développer son histoire, proposer des rebondissements surprenants toutes les 20 pages, construire ses personnages à la psychologie complexe. Mais autant le dire de suite, l’autrice a su remporter haut la main sa composition.

    Chambres noires c’est 4 nouvelles inédites dont les titres font référence à des films qui ont marqué l’auteur (Le vieux fusil, L’armée des ombres, Un monde parfait, Au revoir les enfants). En bonus trois autres nouvelles écrits au profit des Restos du cœur et insérés dans les séries Treize à table, et une dernière parue dans Des Mots par la Fenêtre au profit de Fondation Hôpitaux de Paris. Soit au total, 8 nouvelles.

    Même si elles m’étaient totalement inconnues, ce sont les 4 nouvelles inédites qui m’ont le plus touché. Reprenant les mêmes thèmes chers de l’auteur, on se complait à se laisser embarquer dans ces histoires sombres, tortueuses, et malheureuses. Il faut avouer que même en peu de pages, Karine Giebel a su jouer du lecteur en lui tirant les larmes, en l’estomaquant mais chaque fois en le clouant de stupeur ou d’effroi. Nouvelles ou pas, l’autrice démontre son aisance quelque soit la longueur de ses histoires. Fallait-il encore une preuve de l’étendue et de la qualité de son talent ?

    19/12/2023 à 17:19 8

  • Chemin sans issue

    Georges Simenon

    5/10 Golfe-Juan, en ce dimanche avant Pâque, la routine de l'hiver continue. Tout le monde a ses petites habitudes Chez Polyte, le café des pêcheurs : Pastore, l'adjoint, Tony et Lily, la serveuse. Et puis Vladimir et ses habituels whiskys. Vladimir, un Russe qui a fui la Révolution, est le « capitaine » de l'Elektra, ce yacht où vit Mademoiselle Hélène, que Vladimir aime secrètement. Sauf que Mademoiselle Hélène préfère la compagnie de Blinis, ce matelot slave au visage d'adolescent. Et puis Vladimir se voit alpaguer par Jeanne Papelier, cette cinquantenaire, la mère d'Hélène, qui habite aux Mimosas, une villa dans les hauteurs de la ville. Elle aime rompre sa lassitude et combler le vide de son existence en soirées alcoolisées en compagnie de Vladimir.

    Mais le Russe est jaloux de Blinis. Il veut que Mademoiselle Hélène le remarque et passer tout son temps en sa seule compagnie. Il volera un brillant de Mme Papelier et fera accusé Blinis. Ce dernier ne pourra que prendre la fuite. Mais le remords rongera Vladimir…

    Simenon est connu voire reconnu pour ses romans aux multiples acteurs et aux histoires qui se laissent découvrir et apprécier au fil des lignes et des pages. Malheureusement, manque de concentration de ma part ou histoire trop complexifiée, ma lecture a souffert de la lenteur de l'action et de la multitude de personnages secondaires voire encombrants.

    19/05/2018 à 09:34 4

  • Chez Krull

    Georges Simenon

    7/10 Bien que naturalisés, les Krulls sont encore considérés comme des étrangers. Ils ne comptent pas dans le quartier, ils n’ont à rien à voir avec les habitants : on les appelle d’ailleurs les Allemands. Installés près du canal, ils possèdent un commerce, une épicerie avec un bar, qui dessert principalement les mariniers, pour leur provision qu’ils peuvent mettre sur leur ardoise. Des gens simples qui ne veulent pas faire de vague, mais vivre simplement en toute sérénité et discrétion.

    Alors quand débarque le neveu Hans, les Krull voient cette arrivée comme un élément perturbateur dans leur vie bien ordonnée. D’autant que Hans, débarqué chez son oncle et sa tante pour d’obscures raisons politiques, s’avère être un personnage extravagant et provocateur. Il séduit ses cousines, aime se montrer dans la ville, lui et ses origines allemandes.

    Un matin, Hans découvre le cadavre de Sidonie, fille d’une femme qui vit misérablement au bord du canal. Ce meurtre va déclencher un climat de tension et de suspicion. C’est Joseph, l’étudiant en médecine, le « docteur » comme on l’appelle au canal, que l’on montre du doigt. Lui aux mœurs bizarres. Maria, la tante, demande que Hans parte de chez eux, et ainsi faire croire à la populace, qui s’est lui le coupable. Mais les gens du canal ne pensent qu’à une chose : se faire justice.

    Simenon prend pour cadre de ce livre l’ambiance de l’époque. Ecrit en 1939, Chez Krull rend compte du climat de tension et de haine sous-jacente contre les exilés naturalisés allemands. Simenon, dans la deuxième partie du livre, décrit avec justesse la mise en place du lynchage des Krull. Et elle vaut à elle seule la lecture de ce roman noir.

    18/04/2020 à 09:19

  • Cinq cartes brûlées

    Sophie Loubière

    8/10 C’est en parcourant les lauréats du Prix Landerneau que j’ai découvert à la fois ce livre et cette autrice que je ne connaissais ni l’un ni l’autre. Cinq cartes brulées a remporté ce Prix décerné par les Espaces culturels Leclerc en catégorie Polars, en 2020. Sophie Loubière signe avec ce roman psychologique d’une intensité rare et éprouvante pour le lecteur.

    La romancière française nous dévoile la vie de Laurence Graissac, cette fille dont on apprend page après page, comment la vie fut dure pour elle. Et dès le début, dès sa naissance avec une sœur jumelle morte née. Le prénom dont elle fut baptisée en référence à une défunte tante suicidée. Oui, tout est sombre dans la vie de Laurence, d’autant qu’elle a un frère aîné qui ne l’épargne pas, la rabaisse au quotidien. Il n’y a que vers son père qu’elle peut se tourner, celui qu’elle aime par-dessus tout. Au point que cet amour va être la cause de la désintégration de la famille. Laurence va être la cause de la déchéance de la famille et ni son frère ni sa mère ne lui pardonneront. Elle construira sa vie faite de harcèlements et de convoitise dont elle saura mettre à profit et à en jouer de manière terrifiante.

    Cinq cartes brulées ne dévoile son mystère que page après page. Un roman noir dont le rebondissement final scotche le lecteur d’un dénouement aussi inattendu qu’effrayant.

    15/05/2023 à 14:17 3

  • Code 93

    Olivier Norek

    7/10 Après avoir apprécié les lectures de Surface et Entre deux mondes, j’ai décidé de m’intéresser aux premières œuvres d’Olivier Norek. Place donc à ce Code 93, premier volet de la série que l’auteur français consacre au capitaine de police Victor Coste dans ce Département de la Seine-Saint-Denis.

    Une entrée des plus fracassantes et spectaculaires : pas de temps morts, des chapitres courts et rythmés. Une lecture addictive sans pour autant avoir affaire au polar du siècle. Des protagonistes stéréotypés mais attachants.

    On sent que Code 93 est une première œuvre, d’un auteur ancien flic, qui maitrise son sujet mais dont l’intrigue pourrait être plus approfondie.

    27/05/2022 à 18:35 4

  • Comédia infantil

    Henning Mankell

    9/10 José Antonio Maria Vaz, seul sur son toit, sous le ciel étoilé des Tropiques, nous raconte une histoire. Celle d’un enfant dont il ne restait que quelques jours à vivre, qu’il a recueilli et protégé sur le toit de la boulangerie où il travaillait. Cet enfant s’appellait Nelio et avait une douzaine d’années. Blessé par balles, il ne souhaitait pas être soigné tant qu’il n’avait pas achevé son histoire, celle d’un enfant devenu trop vite adulte, en tuant pour sauver sa vie et son honneur, en fuyant son village et en errant pour survivre.

    Durant 9 nuits, Nelio, souffrant, agonisant, a raconté, à José, son périple et ses rencontres avec des personnages tantôt étranges, tantôt fascinants. Il a rapporté son arrivée dans cette ville et ces enfants de rue dont il était devenu le chef.

    Mankell est surtout connu pour ses polars et notamment sa série avec Wallander. Mais l’auteur suédois a développé une passion pour l’Afrique qui constitue des sujets de quelques romans. Comedia Infantil prend pour trame la jeunesse désabusée des pays africains confrontés aux guerres civiles. Ce livre est d’une sensibilité et d’une beauté magnifiques. Le premier tiers du livre m’a fait penser au Petit Prince de Saint Exépury tant il compte de tendresse, de phrases bienveillantes et de poésie. Mais ne nous trompons pas : Comedia Infantil comporte son lot de malheur et de cruauté envers les enfants. Il n’en est que plus bouleversant et touchant.

    12/02/2024 à 13:48 3

  • Comme des hommes

    Élie Robert-Nicoud

    8/10 Le livre débute par une paire de pages où l’auteur nous dévoile une scène tragique : trois corps, du sang, … des meurtres dans une maison de la campagne profonde de la Dordogne.

    Mais à qui appartiennent ces corps sans vie ? Comment en est on arrivé à ces meurtres ?

    Louis Sanders déploie son intrigue et l’on découvre au fil des pages les personnages : ce couple d’anglais, John et Georgia, venu s’installé en Dordogne et qui passent leurs soirées avec leurs « amis » anglais. Elle, femme dont le charme ne laisse pas insensibles les hommes qui la côtoient. Lui, obligé de travailler pour subvenir à son capital qui file plus vite que prévu, et surtout étant d’une jalousie plus que maladive. Il y a aussi, ces autochtones, ces hommes et ces femmes de la campagne dont les traditions et les mœurs sont bien ancrés et bien enracinés. Car entre voisins, on ne se fait pas de cadeaux, entre ragots et putasseries… Et même entre membres de la même famille.

    Comme des hommes est un bon roman noir psychologique qui décrit les mœurs de personnages ruraux ancrés en Dordogne (et sincèrement, le livre aurait pu avoir un autre cadre géographique, sans en affecter l’histoire) que n’auraient pas renié Georges Simenon ou Franck Bouysse, pour être plus contemporain. Louis Sanders a su bien décrire la vie de la campagne profonde, l’intégration plus ou moins réussie des néo-ruraux dans cet environnement plus naturel et moins urbains, où la vie s’organise différemment et où le caractère devient plus rude, et le moindre couac prend des proportions plus importantes.

    28/03/2024 à 15:29 2

  • Comme les lions

    Brian Panowich

    7/10 Après la mort de son frère, chef du clan Burroughs, Clayton devient héritier de la dynastie mafieuse tout en continuant ses fonctions de shérif du comté. Pas évident pour lui d’être le garant de l’ordre et des intérêts de la Famille.

    Clayton devenu papa assume difficilement ses missions. Sombrant dans la boisson, torturé par son passé familial, il voit son couple dépérir. Les aspirations de criminels à faire main basse sur le territoire de Bull Mountain va créer de nouveaux conflits et tensions…

    Moins captivant que le premier opus de la série, Comme les lions se lit malgré tout assez facilement. Rythmé, punchi, Comme les lions offre son lot de personnages caricaturaux et de violence nécessaire pour sortir des schémas classiques. Maigre consolation, malgré tout.

    12/10/2022 à 15:55 5

  • Comme si nous étions des fantômes

    Philip Gray

    7/10 Sur le papier, ce 1er roman de Philip Gray avait tout pour me plaire : le cadre historique (cette terrible, désastreuse mais passionnante Première Guerre mondiale qui a posé le socle du XXème siècle), le souci des précisions historiques (Philip Gray a procédé à un gros travail de recherches) et une référence littéraire alléchante plaçant ce livre à la croisée d’Au revoir là-haut et Un long dimanche de fiançailles (excusez du peu !).

    En parcourant cette histoire, cette recherche de son fiancé, le colonel Edward Haslan, porté disparu en août 1918, par Amy Vanneck, j’ai été vite séduit malgré les quasis 500 pages que compte ce roman. En ce mois de février 1919, les champs de bataille de la Somme ne sont pas désertés. Des soldats, tous volontaires, tentent de rechercher les corps des soldats enfouis sous la terre meurtrie par tant de bombes ou enterrés au fond des tranchées. C’est dans ce cadre où les fantômes sont plus présents que les vivants qu’Amy souhaite tenir sa promesse et trouver au moins le corps de son être aimé, malgré les réticences du commandement anglais.

    Si, au final cette trame fut un peu tiré par les cheveux, Comme si nous étions des fantômes m’a permis de découvrir l’importance de la drogue dans les combats, « ces pilules de marche forcée », produit de la cocaïne, du laudanum et de la morphine, et, également du rôle du Chinese Labour Coprs, ces travailleurs chinois non soldats incorporés dans l’armée britannique pour réaliser différents travaux du génie (construction de voies ferrées pour acheminer plus facilement les armes lourdes et matériels dans les zones de combat).

    Un roman qui pêche par un manque de profondeurs dans la psychologie des personnages et par une multitude de détails ou de faits secondaires qui étouffent cette quête dont le rebondissement final aurait pu être mieux exploité.

    04/03/2024 à 13:52 7

  • Comme un crabe, de côté

    Marin Ledun

    9/10 En septembre 1993, Vincent Coste débarque sur le campus universitaire de Condillac, clapier étudiant le plus merdique de la Région, en banlieue de Grenoble. Plus pour fuir Porte-lès-Valence, sa mère et ses trois frères et sœur, que pour suivre les cours de Droit. Sa philosophie : gagner du pognon et profiter. Pour cela, avec son pote, El Kibir, il se met à trafiquer de l’herbe. Et les affaires se portent plutôt bien après seulement quelques semaines. L’idée leur prend de voir leur commerce se développer. Ils se lancent dans le dur, l’héroïne.
    Sauf que le secteur est réservé au caïd Omar. Vincent devient dès lors son larbin. Il lui demande de garder Lara, cette magnifique fille qui a voulu dénoncer Omar du meurtre de son copain, un lieutenant du caïd, aux flics. Mais Coste n’est pas une baby-sitter.

    Marin Ledun dans cette nouvelle dissèque les déboires d’étudiants qui visent trop haut leur petit trafic sans mesurer les conséquences de leur petit jeu. C’est noir, intense et poignant.

    05/01/2019 à 18:34 4