JohnSteed

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  • Ce qu'il nous faut c'est un mort

    Hervé Commère

    9/10 Ce livre est époustouflant. L’histoire, les personnages et la plume d’Hervé Commère nous procurent des sentiments les plus divers et variés : cette lecture produit sur nous un effet addictif, tant ce récit est profondément bien raconté et ancré dans l’histoire de notre société, d’un village parmi tant d’autres, de gens qui pourraient être nos voisins, nos amis, notre famille, … Tout pourrait être vrai. Ce livre est un miroir de notre vie. C’est pourquoi il est aussi effrayant que beau ; à la fois rempli d’horreur et d’espoir… Il est profondément humain.

    31/12/2019 à 18:15 7

  • Ce que tu as fait de moi

    Karine Giebel

    9/10 Dans les locaux de la Direction départementale de la sécurité publique de L., le commissaire divisionnaire Jaubert et le commandant Delaporte, des bœufs-carottes, écoutent, chacun dans des pièces à part, le commandant Richard Ménainville, patron des Stups, et le lieutenant Laëtitia Gramisnky, toute jeune recrue dans le service.

    Ils sont là pour raconter ce qui s’est passé cette nuit. Mais pour comprendre les faits, ils souhaitent relater toute l’histoire, depuis l’arrivée de la stagiaire Graminsky, celle qui a troublé le charmant quarantenaire, celle qui n’est pas insensible à la forte personnalité du commandant.

    Dans ce huis-clos, et avec ces interrogatoires, on découvre par les voix de Richard et de Laëtitia, comment s’est construit leur relation, cette passion destructrice. Des sentiments ambiguës, contradictoires, forts et dévorants. On souhaite comprendre jusqu’où est allée cette folie amoureuse, cette drogue que peut parfois devenir l’amour. Karine Giebel retranscrit avec justesse, finesse et suspense cette histoire que l’on dévore jusqu’à la dernière ligne. Une habitude que nous donne l’auteure française.

    29/07/2021 à 13:24 7

  • Ce qui vient après

    JoAnne Tompkins

    9/10 Troublant, intense, bouleversant, et tout autant attachant et touchant. Ce premier roman, Ce qui vient après, de JoAnne Tompkins m’a profondément ému. Les thèmes traités ne sont pas uniques en leur genre. Mais l’autrice américaine a su transcrire toutes les émotions et autres sentiments à travers l’histoire de ce drame.

    A Port Furlong, Etat de Washington, petite bourgade, Isaac tente de surmonter la mort de son fils, Daniel tué par son meilleur ami, Jonah. Responsable de la communauté des quakers, sa foi en Dieu lui apporte le soutien dont il a besoin. Avec son fidèle compagnon canin, Rufus, Isaac laisse la vie l’emporter.
    Jusqu’à ce que Evangeline, cette jeune femme abandonnée par sa mère, débarque dans sa vie. Isaac y voit comme un signe, elle qui a connu Daniel et Jonah. D’ailleurs, la grossesse d’Evangeline correspondrait bien au moment de leur rencontre. Isaac, rempli de sa foi, de bienveillance, accueille dans sa maison la jeune fille. Evangeline, aussi effrontée qu’impétueuse, va se confronter au mutisme et à l’égo du patriarche : deux êtres qui vivent différemment leur malheur.

    Et la présence de Lorrie, amie, voisine et surtout mère de Jonah, ne facilite pas la situation. Pourtant la reconstruction de la vie de chacun semble à portée de main…

    Une magnifique histoire de rédemption, de pardon que JoAnne Tompkins nous offre avec délicatesse et profondeur. Un livre qui n’intéressera pas tout le monde mais qui, indéniablement, touchera ceux qui le liront.

    09/08/2023 à 13:39 5

  • Comédia infantil

    Henning Mankell

    9/10 José Antonio Maria Vaz, seul sur son toit, sous le ciel étoilé des Tropiques, nous raconte une histoire. Celle d’un enfant dont il ne restait que quelques jours à vivre, qu’il a recueilli et protégé sur le toit de la boulangerie où il travaillait. Cet enfant s’appellait Nelio et avait une douzaine d’années. Blessé par balles, il ne souhaitait pas être soigné tant qu’il n’avait pas achevé son histoire, celle d’un enfant devenu trop vite adulte, en tuant pour sauver sa vie et son honneur, en fuyant son village et en errant pour survivre.

    Durant 9 nuits, Nelio, souffrant, agonisant, a raconté, à José, son périple et ses rencontres avec des personnages tantôt étranges, tantôt fascinants. Il a rapporté son arrivée dans cette ville et ces enfants de rue dont il était devenu le chef.

    Mankell est surtout connu pour ses polars et notamment sa série avec Wallander. Mais l’auteur suédois a développé une passion pour l’Afrique qui constitue des sujets de quelques romans. Comedia Infantil prend pour trame la jeunesse désabusée des pays africains confrontés aux guerres civiles. Ce livre est d’une sensibilité et d’une beauté magnifiques. Le premier tiers du livre m’a fait penser au Petit Prince de Saint Exépury tant il compte de tendresse, de phrases bienveillantes et de poésie. Mais ne nous trompons pas : Comedia Infantil comporte son lot de malheur et de cruauté envers les enfants. Il n’en est que plus bouleversant et touchant.

    12/02/2024 à 13:48 3

  • Comme un crabe, de côté

    Marin Ledun

    9/10 En septembre 1993, Vincent Coste débarque sur le campus universitaire de Condillac, clapier étudiant le plus merdique de la Région, en banlieue de Grenoble. Plus pour fuir Porte-lès-Valence, sa mère et ses trois frères et sœur, que pour suivre les cours de Droit. Sa philosophie : gagner du pognon et profiter. Pour cela, avec son pote, El Kibir, il se met à trafiquer de l’herbe. Et les affaires se portent plutôt bien après seulement quelques semaines. L’idée leur prend de voir leur commerce se développer. Ils se lancent dans le dur, l’héroïne.
    Sauf que le secteur est réservé au caïd Omar. Vincent devient dès lors son larbin. Il lui demande de garder Lara, cette magnifique fille qui a voulu dénoncer Omar du meurtre de son copain, un lieutenant du caïd, aux flics. Mais Coste n’est pas une baby-sitter.

    Marin Ledun dans cette nouvelle dissèque les déboires d’étudiants qui visent trop haut leur petit trafic sans mesurer les conséquences de leur petit jeu. C’est noir, intense et poignant.

    05/01/2019 à 18:34 4

  • Cour d'assises

    Georges Simenon

    9/10 Louis Bert, dit Petit Louis, est un jeune paumé crâneur qui a lâché son petit travail de menuisier. Il préfère jouer au loubard, et se met en contact avec le Milieu de la Côte d’Azur. Mais il n’est pas pris au sérieux. Il joue au mac avec Louise. Mais surtout il se met à courtiser Constance Ropiquet, alias la Comtesse d’Orval, avec qui il s’installe à Nice. S’il abuse des biens de la veuve, c’est de manière complétement nonchalante qu’il demande à Louise de venir avec le couple hors norme. La Comtesse ferme les yeux, le jeune homme restant à ses yeux unique et séduisant. Mais quand la veuve est assassinée, Petit Louis n’a pas d’autre choix que de faire disparaître le corps s’il ne veut pas être accusé. Il profite de cette disparition pour imiter la signature de la morte pour s’accaparer son argent. La police qui le surveillait pour un vol commis quelques semaines plus tôt, l’arrête. S’ensuit le procès où le juge d’instruction s’emploie avec acharnement et zèle à rendre coupable Petit Louis aux yeux de la cour d’assises.

    On tient ici un très bon roman du Belge. Découpé en deux parties, on suit d’une part les magouilles de Petit Louis et d’autre part son procès ou plutôt un simulacre de justice humaine que Simenon, avec toute la qualité qu’il peut déployer, tourne en dérision.

    17/10/2020 à 18:04 3

  • Dans les brumes de Capelans

    Olivier Norek

    9/10 Olivier Norek a eu la brillante idée de donner une suite aux aventures du Capitaine Coste. Dans ce 4ème livre de cette série, l’auteur français change de cadre (fini le 93), d’ambiance (out la vie du commissariat) et de rythme (terminée l’enquête menée à 100 à l’heure). Dans les brumes de Capelans nous transporte sur l’île de Saint-Pierre où Victor Coste est un agent en charge de la protection des témoins, et couvert par le secret défense. Sa légende (sa couverture officielle) lui donne pour fonction d’être policier des frontières. Sa nouvelle mission est de protéger Anna, la première victime d’un terrible tueur d’enfants, et la seule rescapée au bout de 10 ans de détention par ce monstre. Il doit aussi la faire parler et pour cela la mettre en confiance. Assez facile de lier une complicité pour ces deux êtres torturés.

    Dans cette île emprunte de mystère, j’ai eu plaisir à retrouver Coste, plus que jamais envahi par ses démons, retranché dans ses remords et son passé douloureux. J’ai apprécié les clins d’œil aux personnages passés des polars de l’auteur, son clin d’œil à son amie Valentine Imhof, et, concernant ce polar, ses amis de l’île, cette fille Mercredi, ce policier en retraite à qui Coste va dévoiler sa légende,… Ces personnages attachants et, somme toute, cette intrigue m’ont scotché. Pour moi, à ce jour (car j’espère une suite), le meilleur de la série Coste.

    16/01/2023 à 10:01 7

  • De mort lente

    Michaël Mention

    9/10 Michaël Mention est un auteur intransigeant, partisan, un perturbateur littéraire, qui secoue les lecteurs, qui sait mettre le doigt là où ça fait mal, où ça gêne : un réveilleur de conscience.

    Avec De mort lente, l’auteur français s’attaque à l’industrie chimique, à ces groupes de multinationales qui n’hésitent pas, pour faire du profit, à dissimuler certaines données sensibles à la santé publique, à développer le lobbying auprès des instances du pouvoir, à acheter certains membres dirigeants, à faire pression sur les chercheurs scientifiques qui n’iraient pas dans leur sens…

    De mort lente est un roman, certes, mais au regard des références et sources présentées tout du long des pages et des exposés, le lecteur se rend compte que le thème est aussi réel que sérieux et contemporain. Loin d’une fiction quelconque inventée pour alimenter une polémique stérile. Seuls les protagonistes ont été créés ainsi que le scénario, qui paraissent ainsi plus que probables.

    Toutefois on n’est pas dans un reportage ou un documentaire, ce roman est très rythmé alternant l’histoire de ce couple, Nabil et Marie dont le fils, Léonard est atteint de troubles autistiques, et les chercheurs scientifiques chargés par la Commission européenne d’instaurer une réglementation sur les perturbateurs endocriniens.

    Cette famille soupçonne l’usine ChimTek installée près de chez eux d’être à l’origine des problèmes thyroïdiens de la mère. Ils se tourneront vers les médias et notamment le journal Le Monde, dont Frank, jeune journalistique, va se charger de faire toute la lumière sur le sujet et aider cette famille dans son combat.
    Philippe Fournier, imminent scientifique, est appelé à devenir membre d’une commission créée spécifiquement à Bruxelles devant rendre un rapport sur les perturbateurs endocriniens.

    Mais le combat est rude et sans pitié, tout aussi inégal. Un livre passionnant que Michaël Mention a écrit et qui se dévore, tant l’auteur a su y mettre tout son talent.

    05/06/2023 à 11:02 5

  • Dernier tour lancé

    Antonin Varenne

    9/10 Ce livre transpire la rage : la rage de vaincre, la rage contre le système, contre la société et l’hypocrisie. Antonin Varenne s’est lâché, son écriture est incisive, taillée dans l’arme la plus difficile à manier mais la plus percutante. Le mot est recherché, le verbe est assassin. Pourtant entre les lignes, le lecteur ressent de l’amour… Un roman puissant, hypnotique, et attachant.

    Pas utile d’être un fan voire un amateur de course de moto GP pour rentrer dans l’histoire. Ici on pénètre dans la folie des protagonistes, de celles et ceux qui se cherchent, qui vont au bout d’eux-mêmes, quand bien même personne ne sait véritablement où se trouve cette limite…
    Julien Perrault, le plus grand espoir des pilotes GP français. Sa dernière course l’a cloué dans un hôpital psy, le corps meurtri, rafistolé mais la tête ailleurs : restée sur le circuit du Mans, où est mort ou resté paraplégique deux pilotes dans un accident. Non tenu responsable, Julien n’a qu’une obsession : remonter sur selle. Aidé par sa psy et son pote un peu cinglé, mais surtout par son père, qui ne sait ni lire ni écrire, mais qui est… simplement son père qui l’a élevé en graine de champion.

    Antonin Varenne va nous faire vivre (au sens premier du terme) les coulisses des écuries, des sponsors, des médias,.. qu’il n’épargne pas. Il dénonce et démontre les ravages du système et de la course aveugle que tous les protagonistes suivent comme des moutons…

    Un puissant livre dont on tourne les pages aussi vite que la moto n°5 de Julien sur le circuit du Mans.

    30/06/2022 à 13:23 4

  • Dernière saison dans les Rocheuses

    Shannon Burke

    9/10 Lire ce livre fut une vraie plongée dans les meilleurs westerns, dans les plus belles histoires de la conquête de l’Ouest, dans cette Amérique sauvage où les frontières ne sont pas encore bien fixées, et varient en fonction des guerres entre Espagnols, Anglais et Américains, et des Traités de paix. Où les peuples premiers, ces Amérindiens, sont exterminés à coup de marchandages disproportionnés et d’alcool qui contribuera à l’extermination de toutes les ethnies.

    Et parmi les trappeurs qui chassent toutes les fourrures qui se présentent, et notamment la plus luxueuse, celle des bisons, le jeune William Wyeth est très attiré par l’aventure. Il y voit aussi l’occasion de faire fortune et conquérir la veuve Alene.

    Ce roman sent la poussière des plaines, les feux de camps, la poudre des fusils, le sang des animaux tués. Il transpire la malhonnêteté des hommes, le courage intrépide des trappeurs et la perfidie des ambitieux…

    Ce roman est un roman d’Aventure avec un grand A, de ceux qui constituent les trames de nos rêves de gosses (et qui fonctionnent encore plus à l’âge adulte), dont l’écriture si délicate nous apporte les images précises des scènes, à qui il ne manquerait que le son pour en faire un vrai film. Un très beau roman que je range à côté du magnifique Butcher's Crossing de John E. Williams.

    03/10/2023 à 17:01 6

  • Des jours sans fin

    Sebastian Barry

    9/10 Dans ce western sensible, touchant et émouvant, Thomas McNulty relate son arrivée en Amérique, après avoir fui son Irlande natale où toute sa famille a péri, victime de la Grande Famine. Adolescent, avec son amant et ami indéfectible John Cole, il adossera robes sous grimage d’un noir pour gagner sa vie dans des spectacles devant les mineurs avant d’endosser l’habit militaire des Tuniques bleues pour conquérir l’Ouest sauvage. Ensemble ce couple hors norme se verra incorporer l’Union pendant la Guerre de Sécession et aider Lige Magan, un ancien ami soldat, dans son exploitation de tabac dans le Sud profond.
    Mais si ces péripéties sont aussi extravagantes, ce sont surtout les personnages aussi loufoques que remplis d’humanité qui constituent le plus grand intérêt de ce livre. Je pense notamment à l’adorable Winoma, la fille adoptive de Thomas et John, cette fille sioux arrachée à sa tribu qui fait preuve d’une envie de vivre à toute épreuve.

    Comme dans Candide, Sebastian Barry fait de Thomas McNulty un antihéros qui traverse les événements qui ont constitué le socle de l’Amérique. Mais c’est l’amour qui est présente à toutes les pages. Cet amour qui unit les hommes, qui fait croire en l’avenir, en la justice humaine. Des jours sans fin est un livre qui procure indubitablement du bonheur.

    12/06/2019 à 17:56 3

  • Détour

    Martin M. Goldsmith

    9/10 Si vous aimez les polars des années 30-40, les anti-héros, les situations cocasses, plongez-vous dans ce livre. Ce fut pour moi un vrai régal. Je ne vais pas vous faire le pitch du livre. Le style de Goldsmith est sans fioriture. Il va à l'essentiel. Pas besoin d'en faire des tonnes et des lourdeurs et des pages (comme ça peut l'être chez certains auteurs contemporains). L'usage de la première personne nous permet de nous placer à la place des deux principaux personnages. Beaucoup d'empathie, un scénario simple mais efficace.

    28/02/2018 à 20:29 6

  • Double assassinat dans la rue Morgue

    Edgar Allan Poe

    9/10 La rue Morgue, un de ces misérables passages qui relient la rue Richelieu à la rue Saint Roch à Paris, fut le théâtre d'un crime des plus affreux et étrange en cet été 18.. . Affreux car Mademoiselle l'Espanaye et sa mère furent assassinées dans d'atroces circonstances : le corps sans vie de la fille fut fourré, la tête en bas, dans la cheminée ; la vieille dame fut décapitée, le corps gisant dans la cour du bâtiment. Étrange car la maison était fermée de l'intérieur et rien ne fut volé. Des témoins ont entendu une voix grave et masculine d'un français et celle d'un étranger dont la langue est inconnue. La préfecture de police a arrêté le commis du banquier qui avait apporté 4000 frcs en pièces d'or.
    Auguste Dupin, d'une famille illustre mais ruinée, possède une aptitude analytique exceptionnelle. Il résoudra, accompagné de son ami et narrateur, par ses talents de déductions ce mystérieux double assassinat.

    Écrit en 1841, cette histoire a jeté les bases du nouveau roman policier et les prémices de l'enquêteur moderne développant l'esprit de logique et de déduction dont s'inspireront d'autres futurs grands auteurs du genre. Qui a dit « élémentaire » ?

    Une lecture incontournable fortement conseillée aussi bien au jeune public qu'aux amateurs de polars contemporains.

    30/05/2018 à 19:03 9

  • En attendant le jour

    Michael Connelly

    9/10 Renée Ballard est le nouveau personnage de Michael Connelly, le prolifique et talentueux écrivain américain. En attendant le jour est le premier polar de cette inspectrice qui, suite à un contentieux avec sa hiérarchie, s’est retrouvée à assurer ses fonctions de nuit.

    C’est ainsi qu’elle va se trouver à enquêter sur plusieurs affaires : le vol de cartes bancaires, l’agression d’un trans-genre, et une tuerie dans un bar de nuit.
    Connelly, comme à son habitude, offre un déroulement des enquêtes très maitrisé (on sent bien qu’il s’attache des conseils de vrais inspecteurs de police) sans oublier une part de suspense et de rebondissement, pour faire de ce livre (comme la majorité de son œuvre) un page-turner.

    Si les intrigues sont vraiment alléchantes, l’intérêt de ce polar réside également dans la découverte de la personnalité de l’inspectrice René Ballard : une acharnée du travail, au passé familial difficile et aux principes et aux valeurs indéboulonnables.

    Si Connelly a changé de personnage (pour élargir ou renouveler son lectorat ?), cela n’a pas changé son talent d’écrivain. Grâce à cette jeune et talentueuse inspectrice qui est promue à un bel avenir professionnel, l’auteur américain va pouvoir continuer à nous gâter de ses savoureux polars.

    26/05/2019 à 11:24 8

  • Entre deux mondes

    Olivier Norek

    9/10 Polar à la fois sensible, touchant et dérangeant, Entre deux mondes explore la « jungle » de Calais et le malheureux et horrible sort des immigrés clandestins qui tentent la traversée vers leur Eden, le Royaume-Uni.

    Olivier Norek maîtrise le sujet et le traite avec un humanisme déconcertant à travers ses personnages qui n’apparaissent pas si fictifs.
    J’ai été très impressionné par le soucis des détails dans le périple des migrants, dans la présentation de leur vie, leur trajet,… mais aussi des policiers dans leur impuissance, et du microcosme du camps.

    Entre deux mondes nous propose une merveilleuse histoire d’une réalité effrayante.

    15/12/2021 à 09:22 9

  • Entre fauves

    Colin Niel

    9/10 Dans Entre fauves, Colin Niel développe les instincts primaires des différents protagonistes qui distillent ce roman. Quitte à être en contradiction avec les valeurs qui les animent et les combats qu’ils mènent. L’auteur français offre un roman qui donnent une vision assez réaliste de l’absurdité de l’homme et du monde qu’il souhaite modeler.

    Entre fauves est à la fois un roman touchant, émouvant et prenant. Il nous interroge sur la question animale et de la place de l’homme dans la nature. Mais ce livre ne donne pas des leçons écolo à deux balles. Il a le mérite de plonger le lecteur dans la beauté du monde avec une composante incontournable : la cruauté de l’espèce humaine-animale. Notre vie et notre société, somme toute.

    06/02/2021 à 10:00 12

  • Et toujours les Forêts

    Sandrine Collette

    9/10 « Et qu’était devenu l’homme pour que, dans un monde où presque tout avait disparu, il s’obstine à détruire ses semblables un à un, à les dépouiller, à les achever ? » peut on lire page 300 de ce livre aussi angoissant que prenant. Je trouve que cette phrase résume bien l’esprit de Et toujours les Forêts, avec son ambiance post-apocalyptique sombre, triste et désespérante.
    Oui, pourquoi l’être humain cherche-t-il, voire coure-t-il, à son anéantissement ? Sandrine Collette a-t-elle voulu nous faire prendre conscience de notre destin fragile sur une Terre qui peut imploser à tout moment ? A-t-elle souhaité tirer de ce livre une leçon écologique, proposer une approche philosophique d’une société déchue, démontrer les instincts primaires et primitifs de l’espèce humaine,… ?

    Chacun pourra faire sa propre opinion à la lecture du 9ème roman de Sandrine Collette, qui, je trouve, prend de plus en plus d’importance dans le milieu littéraire au fil de ses parutions. Quoi qu’il en soit, ce roman est écrit pour être lu, certes, mais surtout relu un nombre de fois incalculable. Il peut être analysé, faire l’objet de discussion (pourquoi dans une grande partie du livre, les questions ne sont pas ponctuées par des points d’interrogation ?)… Bref, le signe d’un immense livre, une fable, que je comparerai à Le rapport de Brodeck de Philippe Claudel.

    12/08/2020 à 21:37 10

  • Ferdinaud Céline

    Pierre Siniac

    9/10 Le célèbre duo d’écrivains Dochin-Gastinel est invité à Bouillon de lecture. Depuis la récente sortie de leur premier livre, La Java Brune, c’est l’effervescence, tant au niveau des critiques que des lecteurs : ce sont les nouveaux Erckmann-Chatrian, Allain et Souvestre ou Boileau-Narcejac ; et leur livre est comparé au Voyage au bout de la nuit pour son retentissement littéraire. Mais ce duo insolite, les Laurel et Hardy, pour leur physique, de la littérature française, s’ils ont écrit une fresque foisonnante sur les arcanes du Paris de l’Occupation, ne conjugue pas la bonne entente.

    Jean-Rémi Dochin relate son histoire et dans quelles conditions La Java Brune a été écrit. Petit écrivain sans ambition sans le sou ni talent, il voit son succès basculer quand il arrive à La Halte du Bon Accueil, un petit hôtel corrézien dont la spécialité est l’accueil des laisser-pour-compte, des malfoutus ou des traîne-patins. De trente ans son aînée, la propriétaire, Céline Ferdinaud, prend sous son aile Dochin qui lui rappelle son frère. Elle le pousse à écrire… Et c’est toute une machination subtile qui prend corps dont Siniac, grand maître des mots et expert ès tricotage des formules finement drôles, ne nous dévoilera les ficelles. Entre temps, les critiques, les maisons d’édition,… bref, tout l’univers de la littérature en prendra pour son grade.

    Un roman truculent dont l’imagination n’a d’égal que la finesse de la plume de Siniac.

    10/05/2020 à 11:37 1

  • Glaise

    Franck Bouysse

    9/10 Franck Bouysse est un peintre en mots. Il arrive à trouver les mots justes pour décrire avec réalisme et humanisme ses personnages et les paysages cantaliens. Glaise est autant un livre qu’une peinture, autant un roman noir qu’une analyse sociologique de la vie rurale au début de cette Première Guerre mondiale. C’est à la fois touchant, dur, sensible et attachant. Et lire, à la fin du livre, les noms des héros tombés au combat inscrits sur le monument de Saint-Paul-de-Salers, lieu de cette histoire, montre que Franck Bouysse nous a offert un livre d’une exceptionnelle expérience littéraire.

    08/06/2019 à 13:18 10

  • Hématome

    Maud Mayeras

    9/10 Il y a des lectures marquantes pour différentes raisons : intrigue bien ficelée, dénouement inattendu, rythme effréné, personnages attachants, écriture percutante, … A la fermeture de cet Hématome, je ne peux constater qu’il cumule tous ces critères.

    Comme Emma, j’ai découvert au fil des pages cette histoire, sa vie qu’elle recolle bout par petit bout au fil des souvenirs qui la réveillent à grands coups de poings. Ce livre fait mail page après page, au fur et à mesure que l’horreur prend forme. On voit se dresser dans les dernières pages l’effroi, on caresse l’espoir que l’ignominie va prendre fin quand surgit un épilogue plus que déroutant.

    Avec son premier livre, Maud Mayeras signe un roman noir envoûtant marquant et inoubliable. Un roman choc !

    12/07/2022 à 12:03 6