QuoiLire

345 votes

  • Ecoutez le bruit de ce crime

    Cédric Lalaury

    6/10 Un roman qui confronte un américain qui a trouvé la succès professionnel dans la Big Apple aux démons de son enfance. dans une affaire de meurtre et de violence qui n'a pas vraiment trouvé le vrai coupable.

    Un roman très psychologiques avec des personnages puissants, énigmatiques, complexes, mais qui souffre d'une certaine lenteur, de quelques répétitions.

    Malheureusement l'enquête en pâtit un peu ainsi que le manque de faux indices, de chausse-trappes (jusque dans le titre de son roman), qui guide un peu trop le lecteur vers la solution.

    09/03/2024 à 16:17 1

  • Empire des chimères

    Antoine Chainas

    2/10 Ce roman est un roman clivant : ou bien vous allez l'adorer ou bien vous allez le trouver mauvais. D'ailleurs les notations sur les sites marchands ou les critiques sur les blogs reflètent bien ce point. Cela vient essentiellement de la lenteur du roman : si les personnages sont bien construits et en peu de détails révèlent bien leur physique, leur caractère et leur passé. Mais les personnages seuls ne font pas d'un livre un bon roman.

    Si l'idée de départ est originale et rapidement posée dans l'histoire, elle ne s'étoffe pas au fil de pages. Si l'auteur charme bien son lecteur au point où celui n'a qu'une envie d'en savoir plus, la déception de ce dernier ne fait que croître car rien ne se passe, rien n'évolue, et les liens entre ces univers parallèles sont si ténus qu'au final il est en droit de se demander si finalement il n'y a pas deux histoires indépendants dans ce livre. Si l'auteur voulait "brouiller dans leurs esprits la frontière entre fiction et «vraie vie»" comme l'annonce la quatrième de couverture, cela est réussi mais on en saisit pas l'intérêt.

    Quand au style, il faut bien l'avouer, il est lourd. Certaines phrases font leur poids au point où parfois elles en deviennent incompréhensibles et obligent le lecteur à revenir en ailleurs (quand il en a le courage). Même un lecteur rapide comme moi se verra englué dans le récit à l'image des personnages du roman dans leur petit village.

    Quelques points positifs tout de même.

    La lenteur du roman aura un effet soporifique sur votre lecture, les presque 700 pages passent lentement, le roman vous fera du profit. Usé comme le personnage du roman avec qui je partage le même prénom, après plus de 15 jours j'ai décidé de passer à la vitesse supérieure pour terminer les 100 dernières pages en recourant à la lecture rapide . et je crois ne pas avoir raté grand chose.

    Et puis le vocabulaire. Si le style est le cours, la phrase est riche, riche de mots inhabituels qui feront progresser votre vocabulaire si tant est que le dictionnaire qui est prêt de vous les connaissent (ce qui n'est pas le cas du dictionnaire fourni sur les liseuses Kobo).

    Un roman que je déconseille aux amateurs de page-turners aux intrigues tarabiscotées.

    10/08/2019 à 07:41 4

  • En lettres de feu

    Marcus Sakey

    8/10 Nous avions laissé Nick Cooper le héros de la série des Brillants tout juste revenu des morts tel un Phénix. On serait tenté de penser que Markus Sakey va être plus tendre avec son personnage principal et le cantonner dans des tâches beaucoup plus politiques. Que nenni, parce que cela ne colle pas avec le caractère du personnage ni à celle de l'auteur qui veut un grand final pour sa série. Le lecteur est donc rapidement replongé dans l'histoire et embarqué dans une nouvelle aventure qui va filer à 100 à l'heure une fois de plus. Quand bien même la fluidité de l'écriture n'est pas totalement présente, la narration trouve rapidement son rythme qui ne baissera pas avant la 4ème de couverture.

    Si le tome 2 annonçait les prémices d'une guerre civile, le tome 3 sombre pleinement dedans

    Mais l'action et la science-fiction ne sont pas les uniques composantes de cet excellent thriller : l'auteur amène le lecteur à s'interroger sur la différence, sur le pouvoir, les rouages de la politique, l'égo-centrisme et les risques des découvertes scientifiques. mais je vous rassure ces interrogations n'entraînent pas de longues digressions philosophiques mais interpellent le lecteur dans le contexte terroriste actuel.

    Une très bonne série, mélange de thriller, science-fiction, anticipation, espionnage, aux lectures multiples niveaux qui ravira j'en suis sûr nombre d'entre vous.
    (quoilire.wordpress.com/2017/06/05/markus-sakey-le-brillants-n3-en-lettres-de-feu/)

    05/06/2017 à 20:40 4

  • Enfermé.e

    Jacques Saussey

    9/10 Ce roman est une vraie claque.

    Jacques Saussey a décidé de laisser tomber un moment les thrillers pour nous offrir un roman noir sur le phénomène transgenre. Mais heureusement pour nous, il n'est pas tombé dans le sensationnalisme et le côté racoleur du sujet. Bien au contraire, au travers de son personnage, il nous dévoile les différentes étapes de la vie d'une personne confrontée à ce "problème" qu'est de vivre dans un corps ayant un sexe qui ne correspond pas à celui de votre mental.

    Et ces étapes ne sont pas de tout repos car cela passe bien sûr par la découverte de sa sexualité différente de celles des autres, de pouvoir en parler avec ses ami(e)s, ses parents et son entourage, de se trouver confronter à leurs réactions, leur acceptation, leur rejet voire leur isolement ou leur phobie.

    Mais bien sûr, l'auteur ne se contente pas d'une histoire basique, puisqu'il va projeter son personnage en prison, où il va vivre un véritable enfer; où cette différence va être l'excuse d'en faire un esclave sexuel. Sur ce point, nous pouvons noter quelques similitudes avec l'admirable roman noir de Karine Giebel, Meurtres pour rédemption. On comprend alors qu'en plus d'être enfermée en prison, enfermée dans une catégorie d'identification sexuelle, elle est avant tout enfermée dans son corps qui n'est pas vraiment le sien.

    Là où l'on voit que Jacques Saussey est un admirable conteur, c'est d'apporter un twist final à son roman. En effet, les différentes époques (enfance, adolescence, prison, après-prison) de la vie de Virginie, le personnage principal nous sont présentées alternativement, mais on se demande les raisons de l'attitude de Virginie dans sa dernière phase. On la devine, on a bien des options possibles, mais ce n'est que dans les dernières pages que tout se dévoile.

    Nul besoin de dire que les personnages sont fouillés, que la composante psychologique de Virginie est travaillée, approfondie, dévoilée par petites touches; que les autres personnages sont restreintes à leurs exactions au point de ne pas avoir de patronyme.

    Un roman difficile, aussi utile à lire qu'un roman sur la Shoah. Un roman qui a injustement reçu trop peu de récompenses.

    28/01/2019 à 20:26 9

  • Entre deux mondes

    Olivier Norek

    8/10 Voici donc la nouvelle aventure que nous offre le romancier policier français le plus intéressant du moment.

    Les habitués ne retrouveront pas dans ce roman Victor Coste, le héro des trois premiers livres d'Olivier Norek (Code 93, Territoires, Surtensions), et encore moins la région parisienne dans laquelle l'auteur a évolué professionnellement. Pour cette aventure, direction la Libye puis la jungle calaisienne et l'univers sans pitié des migrants. Vous aurez le droit à deux inspecteurs pour le prix d'un, un français fraîchement muté dans cette circonscription, un autre étranger en tant que migrant. Confrontation des univers, confrontation à une réalité kafkaïenne de la gestion de migrants.

    Même si ce roman est moins fort, moins impactant, moins décapant que ses prédécesseurs, comme à son habitude Olivier Norek dénonce (pousse un coup de gueule) des injustices, des anomalies administratives. Il a le mérite de dévoiler des aspects, souvent sombres, de ce monde que peu de monde connaît, que beaucoup refuse de voir;mais toujours sans parti pris, simplement en énonçant des faits, rien que des faits.

    Claque et dépaysement assurés.

    A son habitude, Olivier Norek amène non seulement une histoire mais avant tout des personnages bien construits, qui s'interrogent beaucoup sur leur condition et les situations auxquelles ils sont confrontés. L'écriture est toujours aussi efficace, fluide, impeccable; le livre ne restera pas longtemps entre les mains des lecteur tant l'auteur sait vous tenir en haleine et relancer régulièrement l'histoire.

    Si bien maigre est l'intrigue et sa conclusion évidente, ce roman ravira tout autant ses lecteurs habituels que ceux qui le découvriraient dans ce roman aux abords de l'étude de sociologie.

    14/10/2017 à 21:56 10

  • Extra pure

    Roberto Saviano

    7/10 Roberto Saviano reste fidèle à lui même : un auteur passionné, désireux de connaître le monde du crime, de faire partager cette connaissance et de dénoncer l'emprise des criminels (mafia, narcotrafiquants) sur le monde économique mais également sur le monde politique.

    Comme pour Gomorra Roberto Saviano nous offre un roman documentaire, abordant à chaque chapitre un domaine de ce monde. Cette fois-ci il se concentre sur l'univers de la cocaïne alternant la vue du consommateur, du dealer, l'histoire de la guerre de pouvoir des narcotrafiquants, l’enrôlement, ...

    Dernièrement j'avais lu Paz de Caryl Férey et j'ai depuis découvert que c'est suite à la lecture de Extra pure que Caryl Férey a décidé de passer à l'écriture de ce livre. Et en effet, Paz est la version romancée, légèrement aseptisée de la réalité brute, froide, hyper-violente de celle rapportée par Roberto Saviano. Aussi il est intéressant de lire les deux à la suite, Caryl Férey en introduction mais également pour s'adapter à ce monde cruel avec de monter d'un cran (et en altitude) avec Roberto Saviano .

    Mais Roberto Saviano reste fidèle  également à ses défauts. Ce livre est avant tout documentaire. Aucun fil rouge (déjà qu'il s'agit de lignes blanches) n'est offert au lecteur pour le tenir en haleine et découvrir tous les aspects de ce monde criminel. L'auteur sombre également dans l'énumération à l'excès comme en témoignent les premières pages listant toutes les personnes autour du lecteur susceptibles de consommer cette drogue.

    Un roman coup de claque qui mérite notre persistance à sa lecture.

    17/07/2020 à 20:36 2

  • Fantazmë

    Niko Tackian

    2/10 Alors que j'avais été plutôt séduit par Toxique pour un premier roman policier, je m'attendais à beaucoup (et plus) de Fantazmë. D'autant plus que ce roman avait reçu pas mal de papiers dans la presse à sa sortie.

    Par facilité dirons-nous, l'auteur recourt facilement à la violence tant du côté des "méchants" mais également chez les policiers. La part de la psychologie des personnages est beaucoup, beaucoup, trop importante. Il faut certes l'aborder dans ce genre de roman, mais ici, c'est son axe principal au risque de rencontrer de nombreuses redites.

    Concernant l'enquête, elle passe donc bien sûr au second plan. On a le droit bien sûr aux rivalités entre les différents organes de la police, mais c'est surtout la progression de l'investigation qui est décevante : décousue, progressant par à coups avec des éléments tombant par l'opération du saint esprit. Bref, les amateurs de romans policiers aimant faire travailler leurs petites cellules grises n'y trouveront pas leur bonheur.

    Ce défaut provient certainement des origines télévisuelles de Niko Tackian (il est le scénariste d'Alex Hugo avec Franck Thilliez); ce qui se retrouve dans l'écriture : efficace, très rythmée et agréable à lire. On a l'impression de voir un film policier en place des pages, peu nombreuses (300 en papier, moins de 200 en numérique) du roman.

    Donc à lire pour connaître la suite de Toxique au bord de la plage, en numérique car cela ne vaut pas plus.

    20/08/2018 à 18:26 2

  • Fermer les yeux

    Antoine Renand

    7/10 Si comme moi vous découvrez Antoine Renand par Fermer les yeux, sachez que vous allez être conquis par cet auteur, et que cela va vous donner envie de lire dans la foulée L’empathie. Heureusement pour nous les deux livres sont indépendants et aucun spoiler du premier n’est contenu dans ce second livre.

    Fermer les yeux est un roman policier bien agréable à libre, même s’il y a quelques fois des clichés un peu trop souvent véhiculés dans les romans comme le flic alcoolique ou indépendant et ingérable, le tueur qui …. non, je n’en dis pas plus pour ne pas divulgâcher l’histoire. Mais dans l’ensemble l’histoire se tient et tient le lecteur en halène. aussi bien avec ses personnages qui se dévoilent au fur et à mesure des pages, que de l’enquête à laquelle on participe volontiers.

    Bref, un auteur à suivre de près car il risque d’exploser dans les prochaines années tant il fait déjà parler de lui avec ses deux premiers livres.

    13/12/2021 à 21:27 2

  • Fin de ronde

    Stephen King

    8/10 Avec la série des Mr Mercedes Stephen King délaisse la monde du fantastique et de l’horreur pour s’aventurer dans l’univers du roman policier. Les deux premiers tomes (Mr Mercedes et Carnets noirs) ont montré que contrairement à ce que l’on pense, le genre littéraire du roman policier et du thriller est un genre à part qui n’est pas donné à tout le monde.

    Stephen King se rattrape avec Ronde de minuit dans lequel on retrouve les points clés d’un bon roman policier (sans pour autant arriver au niveau du thriller. Côté personnages on a bien sur un policier mal en point, une assistante originale, voire légèrement déjantée, un tiers avec des talents particuliers et un méchant plutôt mentalement pervers.

    Du point de vue de la rédaction, on retrouve un Stephen King en grande forme : le style est impeccable de fluidité, où les détails sont réduits au minimum mais font à chaque fois mouche pour stimuler l’imaginaire du lecteur. L’alternance entre le point de vue de Bill Hodges et celui de Brady Hartsfield tient le lecteur en haleine.

    Mais la particularité de ce lire est que, si Stephen King s’aventure dans le roman policier, il revient à ses premières amours. En effet, les agissements de Brady Hartsfield font intervenir la télékinésie nous fait penser à son premier roman Carrie, quant au média à Cellular. Mais cette originalité, cette combinaison de genres, marche bien et plaira aux amateurs… un peu moins pour les puristes.

    Un bon roman qui clôt admirablement la série.

    22/04/2017 à 13:07 2

  • Ghetto X

    Martin Michaud

    9/10 Voilà ce que cela fait de ne pas suivre une série en lisant les livres les uns après les autres dans leur ordre chronologique. Je m'étais arrêté au tome3, et j'ai entamé cette cinquième aventure de Victor Lessard en le retrouvant simple civil après avoir démissionné des crimes majeurs.
    Mais Martin Michaud n'est pas prêt de lâcher son personnage favori... et loin de là puisqu'il va lui sortir le grand jeu : confrontation avec son passé, meurtres, espionnage, groupuscule fanatique, attentat, cyberattaque, kidnapping, trahison.... Bref, l'artillerie lourde qui ne laisse guère le temps au lecteur de se reposer.
    Si les premières aventures pouvaient montrer quelques longueurs, dans ce cinquième volet, l'auteur québécois a corrigé ses défauts, ce qui permet au lecteur de profiter pleinement de ses qualités narratives et de ses talents de conteurs aux intrigues alambiquées et solides.
    Un vrai thriller addictif, sans doute le meilleur qui m'ait été donné de lire depuis le début de l'année.

    06/04/2021 à 19:54 2

  • Gomorra

    Roberto Saviano

    3/10 Un point indéniable qu'il faut concéder à ce livre est la richesse documentaire sur cette mafia napolitaine. C'est un véritable travail d'investigation que seuls quelques journalistes ont le courage de mener à bien. Alors qu'il aurait pu en faire un roman contant l'histoire de cette pègre pour en dénoncer l'emprise sur la vie économique et politique napolitaine, l'auteur dénonce non seulement le système mais également ses acteurs, en donnant leurs noms, leurs méthodes, les services corrompus...

    En ce n'est pas un roman mais un documentaire, une encyclopédie sur la camorra. Et s'en est le principal défaut, la lecture de ce livre est difficile, voire impossible dans un contexte de loisirs. Elle peut être lassante face la quantité des détails, comme les 4 pages sur les surnoms des principaux mafieux; ou bien déroutante puisque l'on saute d'un sujet à l'autre sans qu'aucun fil rouge guide le lecteur tout au long des 400 pages. C'est sans compter les nombreuses répétitions qui eurent raison de ma ténacité à aller au bout de ce livre.

    30/10/2018 à 18:33 2

  • Guide de survie en milieu hostile

    Shane Kuhn

    8/10 Présenté comme une confession sous forme de guide pour jeune tueur débutant dans une entreprise spécialisée dans le concept d'introduire un jeune meurtrier comme stagiaire dans l'entreprise de la cible.

    C'est bourré d'humour, souvent au second degré, d'inventivité et d'une composition avancée des personnages.


    L'auteur venant du milieu de la télévision a réussi à structurer son roman de telles façon que les scènes d'actions donnent un petit coup de fouet en lecteur déjà bien accroché par l'histoire.


    Un roman bien original et agréable à lire.

    19/09/2022 à 19:45 3

  • Gwendy et la Boîte à boutons

    Richard Chizmar, Stephen King

    6/10 Ce roman court que l'on pourrait presque dénommer nouvelle est une petite fraîcheur, une bouffe d'oxygène qu'il faut prendre entre deux gros pavés.

    Point d'horreur, un peu de science-fiction, l'imaginaire de Stephen King est tout juste esquissé. Toute la beauté de ce livre est dans la psychologie des personnes. J'avais lourde, toute porte sur la question du pouvoir donné aux gens et la force qu'il faut avoir pour savoir qu'en faire. Publié en 2017, écrit au moment des élections américaines, on peut y voir un parabole avec la vie politique américaine.

    Je ne m'étendrais pas sur les qualités rédactionnelles toujours aussi parfaite, même si roman ait été écrit à quatre mains avec Richard Chizmar; les pages filent au point que le roman ne restera pas longtemps entre vos mains.

    Le gros point négatif de ce livre est son prix, presque deux fois plus cher qu'un autre roman du même auteur.

    01/10/2018 à 20:17 1

  • Haute voltige

    Ingrid Astier

    8/10 On pourrait dire que Haute voltige n’a rien de fondamentalement original : des vols, une guerre de gangs, des trahisons et des vengeances; mais c’est sans compter sur leur mise en scène des méfaits, les moyens utilisés, les spécialités des malfaiteurs : parkour, boxe et échecs.

    La grande force de ce roman est la manière avec laquelle l’auteure arrive à projeter son lecteur dans l’aventure : des mots simples, une description courte, juste et imagée, pour transmettre l’ambiance, l’atmosphère de la vie parisienne, de l’univers des brigades policières. L’auteure pousse le vice à recourir à des éléments réels : une grande précision dans les lieux géographiques mentionnés (je peux vous confirmer que le tunnel de Saint Cloud dont il est question en début de roman est exactement comme tel), l’amorce du roman rappelant un fait divers, et fin la participation (autorisée ?) d’un personnage réel (Enki Bilal) donnent une autre dimension; une certaine authenticité au récit.

    Si au début du roman je trouvais l’écriture hachée sur laquelle on bloque et nous empêche de progresser à un rythme régulier et agréable dans l’histoire, dès le premier tiers franchi, l’écriture s’affine, se fluidifie et on peut enfin plonger dans l’aventure. Elle devient même efficace. Si le roman ne s’inscrit pas vraiment dans les pages turn, l’auteure introduit régulièrement de nouveaux éléments pour relancer l’histoire. Son aventure mêle plusieurs domaines originaux (parkour, dessin artistique, chess-boxing) dévoilés tout au long des 600 pages que forment ce livre.

    Pour supporter l’histoire, l’auteure utilise de nombreux personnages tous plus travaillés, ciselés, les uns que les autres. Si le chef mafieux peut être un peu cliché, j’ai particulièrement apprécié les personnages des flics : des hommes investis, passionnés, entêtés, mais qui ont également une vie de famille (difficile) et des relations professionnelles complexes avec leur hiérarchie.

    Un livre très plaisant à lire, à la fois classique mais original, qui me donne envie de connaître un peu plus cette auteure.

    10/12/2017 à 20:45 2

  • Helena

    Jérémy Fel

    5/10 Suite à la lecture d'Helena de Jérémy Fel, mon ressenti est quelque peu mitigé.

    D'un côté je suis face à un livre qui dépeint de manière forte une société américaine comme le faisait à une certaine époque la série télévisée Desperate Hoursewives. D'un côté, une femme célibataire qui élève ses trois enfants conçus des pères différents; de l'autre une jeune fille douée pour le golf qui doit aller s'entraîner chez une tante. Et bien sûr les destins de ces deux familles vont se croiser, de manière horrifique.

    D'un autre côté, tout est caricatural dans cette histoire. Les personnages sont de pour clichés américains : la mère est obnubilée par la participation de sa famille au concours de mini-Miss, les pensées de la jeune fille sont plus adressées à son petit copain qui vient de la tromper qu'en sa préparation. Le meurtrier adore se badigeonner du sang de ses victimes ou de farfouiller dans les entrailles de celles-ci. Le flic est aveugle devant des preuves flagrantes d'un gros dysfonctionnement dans une maison.

    Cependant, la grosse force de ce livre est la psychologie des personnages. C'est d'ailleurs l'élément majeur du roman qui lui confère son caractère de roman psychologique. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il s'agirait d'un thriller psychologique car malheureusement la tension n'est tenue que sur quelques pages au sein de ce gros pavé.

    Ce qui est bien dommage car l'écriture de Jérémy Fel est un exemple de fluidité, de rythme. Le lecteur rentre immédiatement dans l'histoire, mais risque de décrocher s'il est coutumier des pages-turners ou thrillers avec plus de peps.

    Bref, un roman en demi-teinte qui ravira sans aucun doute les amateurs du genre.

    24/09/2018 à 20:29 2

  • Hell.com

    Patrick Senécal

    9/10 Souvent Patrick Sénécal est comparé à Stephen King, et je dois dire que pour une fois la comparaison n’est pas usurpée ou purement commerciale. On y retrouve les mêmes ingrédients : une écriture fluide qui plonge instantanément le lecteur dans l’histoire, le retour à nos peurs primales, basiques mais partagées de tous et de toutes. C’est le point fort de l’auteur car il cuisine son lecteur un peu comme la grenouille dans la casserole d’eau bouillante : horreur, tortures et autres sévices deviennent de plus en plus dures, profondes voire insoutenables à lire. Même si cela reste par moment difficile à lire, certains passages sont tout juste soutenables, la progression au sein du livre fait qu’elle ne heurte pas le lecteur d’entrée. Cependant, certains lecteurs seront tentés d’abandonner la lecture de Hell.com dégoûter par les mises en scène effroyables. Aussi pour ne pas perdre une bonne histoire, je ne peux que leur conseiller de sauter quelques pages, la dernière moitié du livre est beaucoup plus accessible.

    Si l’écriture est fluide, il n’en reste pas moins que l’auteur ne reprend pas le schéma commun des page-turns actuels. Point d’histoire(s) en parallèle, nous suivons intégralement l’histoire de Daniel Saul, un peu comme si nous voyions notre propre histoire (un cauchemar) relatée dans ce livre. Car finalement c’est un peu ce que désire l’auteur, c’est que nous prenions conscience, qu’à une toute autre échelle, nous avons tous un peu de Daniel Saul en nous, et que ce qui lui arrive, pourrait très bien nous arriver.

    Si Patrick Sénécal et son Hell.com nous fait penser à Stephen King et Dr. Sleep, Chuck Palahiniuk et son Fight Club, ou Breat Eaton Ellis et son American Psycho, il n’en reste pas moins original avec son style propre.

    21/05/2016 à 15:00 3

  • Hiver rouge

    Dan Smith

    6/10 Voici un roman bien à part de tout ce que l’on peut trouver dans le roman du thriller. Un roman à l’opposée des page turners où le lecteur a du mal à décrocher pour se consacrer à ses activités quotidiennes.

    En effet Dan Smith propose dans hier rouge un roman au rythme lent qui peut rebuter certaines personnes à le lire ou à le terminer. Ce roman est à la fois une introspection du héros sur sa quête idéaliste et un regard sur la révolution russe. Il y a peu d’actions et le roman s’axe sur la tension induite par la poursuite du héros par l’armée et la recherche de la famille du héros. Personnellement, j’ai eu peur de me retrouver fasse à une copie du Désert des tartares où l’on attend longtemps pour rien.

    Mais l’auteur manie très bien la plume et réussit à garder son lectorat pour nous conter une formidable histoire.

    10/09/2023 à 10:39 2

  • Holly

    Stephen King

    6/10 Il est loin le temps où Stephen King nous faisait trembler par le fantastique; mais arrivé à 76 ans, il s'oriente de plus en plus vers la critique de la société américaine qui est tout aussi horrible.

    Nous le savions anti-Trump mais ici il saupoudre de piques vers l'ancien président : félicitations de son départ de la Maison Blanche, critique des antivax et des croyants ou encore mouvements BLM suite à une erreur policière ayant coûté la vie à une personne de couleur.

    Mais quid de l'enquête ?

    Elle reste assez simple, ferait penser à la rédaction de son fils Owen, mais où le père aurait mis sa petite patte en suggérant la thématique finale.

    Si l'histoire et agréable et que l'on est ravi de retrouver toute la petite équipe des Finder Keepers, les amateurs de romans policiers vont être déçus du fait que les criminels et leur motivation sont dévoilés dès les premières pages.

    Sincèrement, nous aurions aimé un livre un peu plus noir, mais il semblerait que le "You like it darker" est pour plus tard.

    26/03/2024 à 20:48 4

  • Horrora borealis

    Nicolas Feuz

    9/10 Ce roman est un peu perturbant au départ. On croit que les pages ont été mal collées tant l'histoire semble décousue ou sans rapport au cours des premiers chapitres, mais heureusement, on comprend rapidement que l'une des histoires est un flashback dans lequel l'auteur va donner petit à petit les éléments sur les origines et la solution à la situation présente.

    Tout comme avec ses personnages, Nicolas Feuz déstabilise ses lecteurs en posant la grosse partie de l'histoire en Laponie, univers de neige, de glace et de nuit. Si cette ambiance serait propice au calme et aux ambiances cocooning familiales, c'est également source de difficultés particulières tant dans la vie quotidienne que dans les techniques d'investigation de la police locale.

    Une fois découvert l'origine du trouble de la sœur, le roman ne révèle plus guère de surprise par la suite. Si la fin est de ce fait un peu convenue, il n'empêche que l'auteur arrive à garder l'attention de son lecteur jusqu'au bout.

    Malgré un roman relativement court, l'auteur prend cependant la peine de poser des personnages aux personnalités fort bien construites, et à adopter une rythmique de lecteur soutenue.

    Ce roman est la révélation d'un nouvel auteur de roman policier à suspense que l'on ne manquera pas de suivre les prochaines publications.

    27/12/2019 à 20:45 4

  • Hôtel du Grand Cerf

    Franz Bartelt

    6/10 Hôtel du Grand Cerf n'est certainement pas le roman policier de l'année. Il s'inscrit dans une version old-school, dans la lignée un peu démodée des enquêtes à la Agatha Christie. Les indices sont très, très menus et ne permettent pas de trouver le coupable. Aussi faut-il faire tourner ses petites cellules grises et ne pas s'attendre à de pics de tension avec les courses-poursuite ou les séances de malversation des victimes.Mais il ne faut pas lire ce roman au premier degré, il faut y avoir le second voire le troisième degré. En plus de faire un roman critique sur les Ardennes et ses habitants qui peuvent paraître bourrus et rétrogrades, il le fait avec drôlerie et dérision, et de temps en temps d'humour noir. On se délecte de la description et de l'attitude de l'inspecteur qui nous fait invariablement penser à un Colombo mais irrévérencieux.Si sur l'aspect policier le roman ne restera pas dans les annales, le lecteur passera un bon moment avec Hôtel du Grand Cerf et découvrira une région française méconnue.

    23/02/2019 à 20:10 4