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130 votes

  • Le Corps noir

    Dominique Manotti

    8/10 Un très bon roman noir sur un fond historique maîtrisé. On se plaît à suivre les errements moraux des protagonistes, comme cela a été plusieurs fois souligné dans les avis qui précèdent. Un roman qui permet de revivre la temporalité du début de la période de "libération", dans un Paris coincé entre les fronts du Débarquement à l'ouest, et, lointainement à l'est, par l'avancée de l'armée rouge. Le projecteur est braqué sur des policiers dont certains entretiennent des relations avec les réseaux de la Résistance, d'autres avec l'Occupant, la rue Lauriston (la Gestapo française), ou encore la bande de la rue de la Pompe, sans oublier les "bordels" parisiens... sauver sa peau? retourner sa veste? suivre sa conscience morale? laisser une place à l'amour et aux désirs?
    Une fresque très réussie et essentielle.

    15/05/2018 à 07:43 5

  • Naija

    Thierry Berlanda

    5/10 Un roman qui m'a laissé sur ma faim. Je ne sais pas si c'est le style, si ce sont les changements de rythme ou autre chose. Je n'y ai pas pris le plaisir que j'espérais. L'enquête est toutefois intéressante et nous fait voyager en France puis au Nigéria notamment. Un chouia rocambolesque, on a parfois l'impression d'être dans une "mauvais" James Bond. Moyen, donc.

    24/04/2018 à 14:50 3

  • Les Fils d'Odin

    Harald Gilbers

    7/10 Nous restons à Berlin pour ce deuxième volet des "aventures" d'Oppenheimer. Le fond historique est toujours aussi bon que dans Germania. Je ne dévoilerai pas ici les éléments de l'enquête. Je tiens toutefois à signaler que le titre m'a trompé un chouia (ce qui n'enlève rien aux qualités du livre): nous ne sommes pas dans du polar ésotérique (lisez les excellents Giacometti et Ravenne (ou le moins bon Dan Brown) pour cela). Les fausses pistes sont légions et c'est un régal. J'ai toutefois pris un peu moins de plaisir que pour Germania ce qui explique ma note juste en-dessous. Un bon polar, ça fait du bien! Ecriture classique, rien de très neuf, mais ça fonctionne bien!
    J'ai été très surpris par la note de edgardav: certes il y a des coquilles dans le livre, mais non, ce n'est pas un torchon mal traduit selon mon. C'est presque faire injure au traducteur et j'en suis assez perplexe...

    23/03/2018 à 09:04 4

  • L'Heure des fous

    Nicolas Lebel

    8/10 Du tout bon polar, comme je les aime! Bien écrit, on sent le linguiste derrière les mots :-) joliment étayé, un peu caricatural parfois (mais c'est un défaut mineur). Tout est là, il n'y a qu'à se servir!

    01/03/2018 à 13:52 8

  • Deuils de Miel

    Franck Thilliez

    6/10 Thilliez est résolument un conteur exceptionnel. Dans Deuils de miel, il nous emmène sur la piste d’un tueur diabolique, qui s’est créé un univers symboliquement très organisé, longtemps à l’abri des regards,comme c’est le cas de nombreux sbires de son genre dans la littérature policière certes. La caractéristique de ce roman n’est donc pas l’originalité, tant ce « principe » est exploité par les auteurs. C’est du côté du talent de l’auteur à nous embarquer dans l’intrigue qu’il faut chercher le plaisir, le moment de détente, la capacité à capter ou à happer le lecteur. Dès lors, ça passe ou ça casse. Avec moi, l’objectif a été relativement bien atteint, ce qui me pousse à estimer qu’il s’agit là d’un « assez bon » roman policier. Mission accomplie, sans « casser la baraque » non plus. Juste ce qu’il faut pour emmener un large public! On en redemande… même si pour ma part, ce ne sera pas toutes les semaines ;-)

    26/01/2018 à 09:21 6

  • Today we live

    Emmanuelle Pirotte

    6/10 Un "assez bon" (6/10) roman, qui emprunte une voie assez directe pour mettre l'intrigue en branle: dès les premières pages nous sommes fixés sur ce dont il sera question tout au long du récit. Une petite fille juive et un soldat allemand, opérant dans une mission d'infiltration et qui, au dernier moment, ne respecte pas les ordres: il abat un de ses "compagnons" de mission et laisse la fille en vie. Il la prend même "sous son aile". C'est aux faits qui suivent cette scène initiale que le livre nous invite... Tout se trame autour de la relation qui se noue entre la fillette et celui qui, chamboulé par on ne sait trop quels sentiments, lui permet d'avoir la vie sauve.
    Le roman est très visuel (l'auteure est scénariste), ce n'est pas la réflexion qui encombre les pages, mais la succession des scènes et des événements, dans la région stoumontoise (à l'orée des Ardennes belges) anime une histoire bien menée, où rien n'excède. Quelques flash-backs, qui permettent essentiellement de mieux situer les deux personnages principaux.
    Ce n'est toutefois pas un polar, ni un thriller... Un roman sur une phase de notre histoire, qui peut valoir quelques heures de détour, cependant. Ne vous attendez pas à une bombe littéraire. C'est assez bon, ça passe, mais "sans plus" à mes yeux.

    19/01/2018 à 09:21 4

  • 120, rue de la Gare

    Léo Malet

    9/10 J'ai lu ce Malet il y a déjà bien longtemps (15-20 ans...) et, si je ne garde pas toute l'intrigue en mémoire, j'en conserve le sentiment d'un polar bien fichu, de personnages étranges rencontrés par Nestor Burma... Malet est un auteur qui mérite plus qu'un petit détour... un grand du polar! Merci à Janjak pour la "piqûre de rappel" :-)

    15/01/2018 à 20:33 7

  • Nulle part sur la terre

    Michael Farris Smith

    8/10 Un roman qui fonctionne bien, qui a bien des atouts pour plaire et pour convaincre. J'ai été "séduit". Les personnages sont rudes, certes, mais j'ai fini par m'attacher à Russel, à son parcours, à sa personnalité "entière", à ses silences...
    Une atmosphère parfois lourde, pesante, mais habitée d'un certain réalisme, avec des rayons d'une touchante humanité. On touche à des thèmes tels que la vengeance, la rédemption, la filiation, l'amitié, l'amour, la reconstruction, la résilience...
    Une très belle réussite qui plaira, assurément.

    13/01/2018 à 08:57 11

  • Stasi Child

    David Young

    7/10 Un premier roman bien réussi pour David Young (et un bon exercice de style/ceux qui ont lu les remerciements finaux comprendront). J'ai pris énormément de plaisir à suivre ce récit et à découvrir la manière dont les fils se nouaient, petit à petit. Une enquêtrice touchante à mes yeux. C'est un bon polar qui mérite assurément le détour! L'exploitation du fond historique dans le livre est un peu en-dessous des attentes, quand on sait par ailleurs le travail de documentation sérieux auquel l'auteur s'est livré. Ne vous laissez pas bluffer par ma note qui entend correspondre à ce qui me semblent être les qualités littéraires générales du livre (qualité de la traduction, exploitation du thème, "réflexion", etc.). Laissez-vous happer par une enquête au cœur des arcanes du régime autoritaire que fut celui de la RDA, vous aurez peine à laisser le livre de côté plus de quelques heures...

    31/12/2017 à 09:53 9

  • Derrière les portes

    B. A. Paris

    2/10 Oui, je suis sévère, mais je rejoins à 100% l'avis de Fab et je dois bien marquer le coup par une notre "en-dessous de tout".
    Si l'idée de départ a quelque chose d'intéressant, le traitement est clairement mauvais. L'écriture est à la limite de l'acceptable. Il n'y a aucune documentation, aucun fond, aucune analyse, rien. Tout est balancé à la tête du lecteur "et débrouille-toi". Les personnages n'ont aucune épaisseur, les dialogues sont ampoulés au possible. Un texte en manque flagrant d'imagination, malheureusement. J'ai trouvé la fin ridicule. Un livre qui n'a de thriller que le nom. Passez votre chemin, vous gagnerez du temps. J'en suis bien désolé. J'ai lu tout jusqu'à la dernière ligne, mais là c'est "non".

    26/12/2017 à 10:14 8

  • Seules les bêtes

    Colin Niel

    9/10 Un réussi de la première à la dernière ligne! Colin Niel nous emmène dans un décor rural (mais pas que...) pour nous faire découvrir à petits pas ce qui a bien pu arriver à la richissime Evelyne Ducat. Le récit est rempli d'amour et d'humour dans une atmosphère presque vaudevillesque. L'auteur est parvenu à donner corps aux différents narrateurs, de manière bien agréable pour le lecteur. Alors oui, il y a les coïncidences et le côté rocambolesque propre à une certaine manière de considérer notre littérature "fétiche". Mais qu'est-ce qu'on prend du plaisir! Les "quêtes" des 5 narrateurs successifs sont parfaitement "huilées" et on sent toute la maîtrise de l'auteur. Jamais je ne me suis ennuyé au cours de ma lecture.
    À partir d'un portrait qui aurait pu être sombre d'une certaine détresse du monde agricole rural, où les relations familiales et où l'amour sont parfois un tabou, Colin Niel frappe un grand coup, et nous livre une sorte de satire sociale, sans basculer du côté de la caricature.
    Un coup de cœur! À ne pas hésiter à mettre sous le sapin en cette période :-) (il ravira les experts du genre et il donnera du plaisir aux néophytes)

    22/12/2017 à 11:05 10

  • La Veille de presque tout

    Víctor Del Árbol

    7/10 Victor Del Árbol a le chic de nous emmener dans le passé d'une Espagne et d'une Argentine meurtries, à travers le regards de personnages aux destins déchirés, arrachés, pour lesquels l'avenir n'est même plus un vain espoir. L'écriture - et la traduction - est une fois de plus remarquable. On pourrait dresser une liste de "citations" d'anthologie. Par ailleurs, la manière dont l'auteur rend compte de grands conflits dans lesquels les pays auxquels ses personnages appartiennent est saisissante et permet de s'immerger dans leur Histoire. Un régal de ce côté-là. Avec des identités jamais assez sombres à mes yeux pour un roman noir. Daniel, Eva et Dolores (dans une certaine mesure) sont des personnages assez réussis.
    D'un autre côté, cependant, j'ai été quelque peu désarçonné par la narration, qui n'est pas linéaire - ce n'est pas là qu'est le problème - mais qui nécessite du lecteur une attention fine, voire des références historiques dont peu disposent en dehors soit de certains citoyens hispanophones ou d'un certain cercles de locuteurs francophones. Il s'agit par conséquent d'un roman excellent, mais qui manquera un peu d'accessibilité sur ce plan. Par ailleurs, pour des lecteurs qui disposent comme moi de 10 minutes par-ci, 20 minutes par là, et parfois juste 5 minutes pour lire 3-4 pages, on perd du coup parfois le fil de certains événements du passé. La lecture devient alors un peu trop aride, mais le tout est contrebalancé, comme déjà dit plus haut, par une plume maîtrisée.
    Dans l'ensemble, un bon roman, qui n'est sans doute pas le chef-d'œuvre de l'auteur. Je ne le mettrais pas sous le sapin pour un néophyte du roman noir, hormis s'il s'agit de l'offrir à un amoureux de la culture et de l'histoire espagnole et argentine.

    18/12/2017 à 09:05 10

  • Les Larmes noires sur la Terre

    Sandrine Collette

    6/10 J’ai lu le dernier roman de Sandrine Collette dans le cadre du Prix Polars Pourpres.
    A mi-chemin, j’avais livré un bilan mitigé de ma lecture… la seconde moitié a confirmé ce sentiment. Je m’en explique…

    Moe rate sa vie, et échoue à la Casse, cimetière pour voitures et purgatoire pour échoués de la société. Elle y rencontre un groupe de femmes, qui comme elles ont été « placées » dans ce centre destiné à héberger des personnes qui se sont retrouvées à la rue après bien des déboires. L’action se déroule dans un futur proche, quelque part entre 2020 et 2030 (bon, j’aurais pu être attentif aux détails pour proposer une meilleure évaluation). Nous découvrons les destins de celles que Moe rencontre et avec lesquelles elle partage son temps à présent, du travail aux champs à l’aide donnée à la vieille Ada.
    Le roman que Sandrine Collette livre aux lecteurs est servi par une écriture typée, qui se maintient de bout en bout. Et c’est là que réside la force du livre : l’écriture travaillée, le style « abouti ». Mais c’est aussi une de ses faiblesses : si le lecteur n’est pas réceptif à la forme, il pourrait presque stopper sa lecture. J’avoue avoir été victime de ce phénomène. J’ai failli abandonner, mais je me suis acharné car je voulais disposer de suffisamment d’éléments pour asseoir mon avis. Par ailleurs, la succession des biographies est pénétrante et les tableaux sont diversifiés. Mais du coup, le fil de l’action n’est pas « tenu » en permanence, le livre peut désorienter les lecteurs habitués à de l’action de bout en bout. La fin m’a laissé un sentiment mitigé…
    Bref, bien difficile à évaluer pour ce qui me concerne…
    Je dirais qu’il faut avant tout lire Les larmes noires sur la terre comme un roman, en mettant de côté nos catégories « polar » et même « roman noir ». Oui, c’est sombre, peu d’issues sont proposées au cours du récit. L’écriture est remarquable, mais elle nécessite une attention particulière. Ce n’est donc pas un roman noir « distrayant », pas non plus totalement « sérieux », mais son niveau ne le rend, à mes yeux, pas accessible à un large public.
    Je regrette personnellement un certain manque d’action mais est-ce suffisant pour le noter « durement » ? Je ne le crois pas. Ce sont les qualités intrinsèques du roman que je m’efforce de juger, pas uniquement mon ressenti. Dès lors, oui, je dois bien admettre qu’il s’agit là d’un « assez bon » roman – voire bon – mais à réserver à un public averti. Il risque de décevoir les friands de best-sellers.

    05/12/2017 à 18:21 12

  • Quartier rouge

    Simone Buchholz

    8/10 Hambourg, son port, son "red light district", sa police, sa procureure Chastity Riley... et plusieurs cadavres de jeunes filles retrouvées nues et scalpées... Simone Buchholz nous emmène dans les méandres d'une ville qu'elle nous rend avec finesse et nuances. Sous une couverture qui a un côté aguichant (est-ce pour cela en partie que l'homme que je suis a mis la main sur ce bouquin? :-) ) se déroule une histoire sombre, dont l'héroïne est une procureure "pas comme les autres", avec ses parts d'ombres, ses désirs, ses émotions. Certes, l'auteure nous emmène sur le terrain d'une enquête classique (un tueur en série, le monde de la nuit...) mais le tout est écrit (et traduit!) avec une certaine sensibilité qui rend la lecture différente de ce que l'on connaît par ailleurs. Un très bon polar selon moi!

    27/11/2017 à 08:46 7

  • J'étais Dora Suarez

    Robin Cook (UK)

    8/10 Robin Cook nous offre un tableau époustouflant! Tout est très bon dans ce livre: les descriptions des scènes, le caractère franc et direct du policier anonyme qui occupe le centre du récit, le criminel poisseux, le crime odieux... bon, certes, je comprends qu'on puisse émettre certaines réserves face au portrait assez "chien" qui sous-jacent au flic-héros. J'ai pour ma part personnellement pris ce livre (et le duo anonyme-Stevenson) comme une belle grosse claque. Tout scénariste qui entend montrer des policiers durs et face auxquels nulle répartie ne suffit se devrait de lire et d'étudier attentivement ce bouquin! Le héros parvient en outre à rendre Dora terriblement attachante... quelques belles et profondes réflexions parsèment l'ouvrage qui est résolument très bon et que je conseille vivement!

    21/11/2017 à 07:00 9

  • Pyromane

    Wojciech Chmielarz

    6/10 Je tiens tout d'abord à remercier l'équipe de Babelio et les éditions Agullo pour l'envoi de cet ouvrage, que j'ai "remporté" lors d'une Masse Critique.

    Sur le plan éditorial, les éditions Agullo visent "juste", avec des auteurs qu'ils sont les premiers à publier en français, sous un design soigné (les couvertures me plaisent particulièrement...).

    Dans Pyromane, Wojciech Chmielarz nous invite à suivre une enquête menée par l'inspecteur Jakob Mortka, à Varsovie. Un pyromane sévit, plusieurs personnes décèdent dans une série d'incendies volontaires, il s'agit de rapidement "serrer" le coupable et de mettre ainsi fin à une atmosphère d'angoisse qui s'est emparée de la population...

    Mon avis d'ensemble, qui paraîtra au premier abord un peu "dur", est qu'il s'agit à mes yeux d'un "assez bon" polar, sans plus. La manière de traiter l'enquête est classique pour un roman à énigme. L'histoire aurait pu aussi bien se passer dans un autre pays que la Pologne. Là n'est pas l'essentiel dans ce roman. L'arrière-plan social sur lequel le récit se trame reste fort mince et accessoire; la narration se concentre sur les faits: un pyromane qui sévit dans un quartier de Varsovie, un flic désabusé, divorcé et peu enclin à se ranger aux ordres de ses supérieurs, une enquête qui patine pour finalement trouver un dénouement dans les dernières pages... Une vision de la femme somme toutes machiste (de la fausse star potiche ex-miss à la pauvre femme battue, en passant par la "profiler" tournée en dérision par les flics et par "l'ex" de l'inspecteur qui cherche à se refaire une vie...), une approche des services de police qui manque un peu d'originalité à mon goût.

    Mais force est de constater que l'histoire fonctionne et on ne parvient pas facilement à poser le roman pendant la lecture. Les vieilles recettes ne perdent pas totalement leur souffle et peuvent encore faire passer d'agréables moments de pure détente! Je lirai avec plaisir, pour d'autres moments de détente, la suite des aventures de Mortka, si les éditions Agullo pouvaient nous en donner le loisir :-)

    15/11/2017 à 07:20 7

  • Rien ne se perd

    Cloé Mehdi

    9/10 Un énorme coup de cœur pour un roman très sombre, mais écrit avec une finesse qui se maintient de la première à l'ultime page. La psychologie des personnages est très travaillée, les relations entre eux se démêlent ligne après ligne. Cloé Mehdi nous délivre résolument un brillant roman noir "à la française". Le genre de bouquin qui ne laisse pas indifférent et un succès (divers prix) amplement mérité! Je me demande comment l'auteure est sortie indemne d'un tel jeu d'écriture...

    07/11/2017 à 08:16 6

  • La Danse du mal

    Michel Benoît

    5/10 J'avais été "convaincu" par "Le secret du 13e apôtre" du même auteur. Il s'agissait d'une intrigue dans le style "Da Vinci Code" mais avec une "documentation" de bien meilleure facture. Je me suis dès lors lancé dans "La danse du mal" avec la conviction que l'auteur ne pouvait pas me décevoir.

    Je ressors toutefois de ma lecture de cet opus avec des sentiments mitigés. La trame a quelque chose d'attractif: la nécessité de se frotter aux sources manuscrites pour établie la "vérité" du Coran; une "lutte" entre des forces "occultes" du Vatican et des religieux audacieux dont les recherches pourraient faire vaciller l'équilibre mondial; des djihadistes qui veulent à tout prix préserver le secret de la rédaction du Coran; des communautés chrétiennes en Syrie héritières de celles des "premiers temps"...
    Mais la sauce ne prend pas assez à mon goût... les enchaînements m'ont semblé mécaniques, parfois trop rapides... les concours de circonstances propres au genre sont amenés de manière abrupte, sans suffisamment de suspense, me semble-t-il.
    Ce n'est pas mauvais, mais ce n'est pas "bon" non plus, à mon humble avis. Quelques passages sont passionnants, mais les personnages manquent tout de même d'épaisseur. Dommage, j'ai été quelque peu déçu :-(

    28/10/2017 à 15:57 4

  • Entre deux mondes

    Olivier Norek

    7/10 Olivier Norek est devenu en quelques années un “chouchou” des lecteurs et lectrices de polars. Code 93, son premier roman, avait “propulsé” l’auteur au rang de ceux qui savent y faire, encouragés par des maisons d’édition capables de “flairer” les “bons filons”.
    Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire ailleurs, Code 93 a été pour moi une “révélation” qui m’a fait revenir à la lecture de polars et romans noirs, que j’avais abandonnés quelque peu depuis de nombreuses années. Bref, vous aurez compris l’importance de Norek dans mon propre parcours.
    Certes, je ne le range pas parmi les “tous grands”, parmi les “exceptions” du genre (question de goût), mais il n’en demeure pas moins qu’il possède des qualités d’écriture qui le rendent digne de figurer au rang des auteurs incontournables du polar français de ces dernières années. Espérons qu’il ne se laisse pas “avoir” par les seules exigences des éditeurs qui ont – c’est compréhensible pour la survie des “maisons”, nul reproche de ma part ici! – aussi leurs “exigences” en termes de rythme de publications…
    Cela étant, venons-en “au fait”!
    La “crise” migratoire… Calais, sa “Jungle”, sa police, ses habitants, leurs craintes, leur solidarité... La Syrie, la guerre, la répression de Bachar, la résistance d’une frange de sa population, les victimes de la guerre, ceux qui n’ont rien demandé et qui fuient… D’un côté une famille syrienne qui fuit vers l’Europe afin de trouver refuge et d’échapper à la répression, de l’autre un policier français et sa famille, leurs questions, leurs doutes, mais aussi cette flamme qui brûle en faveur d’une humanisation des relations entre “locaux” et migrants. S’agissant d’une question très sensible dans la mentalité de nombreux européens de l’ouest en particulier, Norek joue sur la corde raide, laissant entrapercevoir les arguments des uns et des autres. La réalité n’est ni tout à fait “pile” ni tout à fait “face”. Sans être un roman “engagé”, Entre deux mondes est rempli d’humanité. Les contours de chacun des personnages sont clairs, ou s’éclaircissent au fur et à mesure du récit.
    Les inévitables concours de circonstances – qui font bien les affaires des protagonistes –, propres au registre du polar, sont au rendez-vous. Les descriptions sont claires, et les moments d’introspection restent “à fleur de peau”. Si Olivier Norek s’est évidemment bel et bien informé de la situation et s’il a bel et bien passé du temps dans la Jungle (ce qui se ressent à la lecture), le lecteur “hyper exigeant” raillera peut-être un manque de noirceur, des personnages peut-être un peu trop “prévisibles”, ou une narration dans laquelle les acteurs, quand ils pensent, jouent tout de même sur les stéréotypes.
    Mais il faut dépasser quelque peu ces éléments “convenus” pour se rendre compte que Norek ose et réussit un pari risqué: celui d’offrir à un très large public une porte d’entrée qui permet d’amorcer une authentique réflexion sur le sens de nos politiques migratoires, sur le sens de la fraternité, sur les difficultés de l’accueil, sur le rôle de nos forces de l’ordre, sur les parcours extrêmement diversifiés d’êtres humains qui cherchent légitimement un “présent” serein, à propos de tous ces enfants, ces femmes et ces hommes qui cherchent simplement à pouvoir vivre le présent aussi sereinement que possible… C’est ce qui fait à mes yeux la véritable force de frappe de ce roman et on ne peut qu’en remercier l’auteur!
    En définitive, Entre deux mondes est un roman facile d’accès, qui aborde avec justesse une problématique polémique, sans mettre de l’eau au moulin de celle-ci, en jouant avant tout sur les sentiments et sur les rapports d’amitié et de solidarité qui peuvent naître entre des êtres humains. Et il ne s’agit nullement d’une “stratégie” pour se démarquer ou éviter de prendre une position politique, mais bien plutôt de la griffe de l’auteur qui, depuis ses débuts, nous offre des polars remplis d’authenticité dans les relations humaines.

    20/10/2017 à 10:20 9

  • En pays conquis

    Thomas Bronnec

    7/10 Le monde la "haute" politique est ses aléas. Thomas Bronnec opère un focus sur les jours qui suivent les élections législatives: nomination à Matignon d'une première ministre de droite alors que le mystérieux président est un homme de gauche. Alliance doit être faite avec l'extrême-droite au risque de provoquer des tensions avec Bruxelles/l'Europe. Tout s'enchaîne de façon mécanique. L'homme de l'ombre qu'est François Belmont joue un rôle trouble dans ces moments cruciaux que sont ceux de la formation d'un gouvernent inédit en France.
    Le récit est simple, la lecture est fluide, c'est plaisant à découvrir. Pas hyper fouillé: l'auteur va droit au but dans ce "petit" roman (en taille). Il est assez clair que la perception n'est pas la même à présent que la France a voté, tant pour son président que pour renouveler l'assemblée nationale. Néanmoins, il fallait avoir du culot pour dresser une telle caricature de ce qui aurait bien pu survenir il y a quelques mois chez nos voisins de l'Hexagone. Bronnec met les dirigeants français "à nu": sa plume donne le sentiment qu'ils sont tellement "isolés", "esseulés", chacun à son niveau...
    L'ensemble fonctionne fort bien et mérite le détour: derrière ces "bêtes" politiques que nous connaissons, il y a avant tout des hommes et des femmes, fragiles, aux destins parfois peu enviables...

    14/10/2017 à 16:10 6