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La Chance du perdant
8/10 Les jeux d’argent sont interdits en France donc on peut parier sur tout mais ça se passe en Chine même si les mafieux européens sont aux manettes. Quand un Calédonien s’y colle avec comme chef un dépressif, victime d’une maladie rare, affublés tous deux d’un magicien et d’un retraité borderline, c’est une immersion au sein de la brigade « courses et jeux » que nous propose l’auteur. L’action se déroule à Toulouse et vous ne regarderez jamais plus votre poubelle comme hier …
« la Saccharomyces cerevisiae, comme l’appellent les médecins, capable de transformer l’amidon contenu dans les pommes de terre, les pâtes ou bien le riz en alcool » nous dit l’auteur fait que Jérôme peut s’alcooliser aux lasagnes ! Il ne s’en prive pas quand la dépression l’envahit à cause du terrorisme.
Kanak se débat entre soucis professionnels et domestiques, attentionné envers son Diamant Noir, idole déchue du Music Hall et qui l’a élevé.
Roman très riche au ton cependant léger. Les situations cocasses côtoient la rigueur de la vie quotidienne, où la mort d’une vache peut être une bavure parce qu’elle était la reine du loto bouse ! Bref j’ai beaucoup aimé cette découverte
J’ai une la chance de faire la connaissance de Christophe Guillaumot alors qu’il venait d’être primé au salon « Lire en Poche » pour Abattez les grands arbres, avec le même personnage de Calédonien intègre. Il m’a dit « profiter » de son rôle d’auteur pour dénoncer quelques faits scandaleux dans les pratiques hiérarchiques policières. Ainsi le passage sur les indicatifs radio en dit long sur le respect interne à cette profession
Enfin je vous souhaite à tous de lire ce roman et d’avoir la chance du perdant, celle qui consiste à perdre lors de votre première mise et qui vous guérit de l’envie de remettre le couvert !
18/03/2019 à 09:02 2
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Code Salamandre
7/10 L’auteur laisse libre cours à sa passion pour la renaissance. Le château de Chambord y est un personnage à part entière. Samuel Delage a déjà parlé de son attrait pour ce lieu plein de mystère.
Cette fois, une enquête menée à la façon d’Arsène Lupin, par Yvan Sauvage le commissaire priseur rencontré dans le précédent roman Arrêt Wagram et une de ses étudiantes Marion. Un jeu de piste qui fait penser au roman de Michel Bussi Le code Lupin, un peu moins codé cependant pour le plus grand plaisir des lecteurs.
Au fil de ses romans, Samuel Delage gagne en maîtrise du suspense, ce qui semble prometteur pour la suite.
Un bon tome 2 des aventures d’Yvan Sauvage, un bon moment de lecture !
17/03/2019 à 12:59 3
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Des Poignards dans les sourires
8/10 Un père de famille détestable à souhait disparaît, sa femme ne déclare pas sa disparition, trop heureuse de cette aubaine. Elle va enfin profiter de la vie, changer de look et c’est ce qui va déranger les bien-pensants locaux …
Un corps sans tête et démembré est retrouvé au milieu de nulle part, l’enquête est confiée à un tout nouveau duo d’enquêteurs de Clermont-Ferrand, qui s’apprivoise en peinant à identifier le corps…
Il n’y a que le lecteur pour y voir des convergences. Mais si le lecteur se trompait …
Des fausses pistes comme s’il en pleuvait, de la malversation politico-économique et l’immersion dans les milieux libertins, des trahisons à l’usurpation d’héritage, de bons vieux secrets de famille à vous légitimer n’importe quel mobile, bref une profusion de mensonges…
480 pages pour une intrigue dense et une enquête qui piétine … le lecteur peut parfois s’impatienter car pour partie, il sait lui. Mais il sera récompensé par le dénouement assez inattendu quoique …
En même temps c’est une chronique rurale, dans les environs de Clermont-Ferrand, en hiver donc il faut prendre des précautions pour ne pas déraper sur les pistes de l’assassin !
13/03/2019 à 09:11 7
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Laisse tomber, petit manuel de survie en milieu grabataire
9/10 C’est de la pure jubilation cotée à 9.5/10 sur l’échelle d’agression des zygomatiques ! Avec sa gouaille habituelle, son sens du calembour et ses personnages hors normes, l’auteur nous présente les tribulations d’un obèse qui a des difficultés à s’assumer.
Pourtant il a eu de la chance Antoine, il vit comme on dit « de ses rentes » mais du fait de son appartement en rez-de-chaussée, on le confond avec le gardien de l’immeuble. Il se voit alors contraint de rendre service … et c’est alors que tout tourne mal !
Coté fiche pratique de bricolage, de volets (cf. Droit dans le mur) il n’est plus question, cette fois nous apprenons à fabriquer nos produits de nettoyage domestiques (désinfection du frigo et joints de salle de bains), écologiques et économiques.
Des copropriétaires encombrants et complètement barrés vont rendre la vie d’Antoine quasi impossible. Et c’est aussi une réflexion grave sur la vieillesse et la dépendance qui s’invite chez le lecteur …
Nous découvrons également l’approche du doute comme philosophie de comportement : la zététique.
L’auteur émaille son récit de références cinématographiques, le jardin secret d’Antoine.
Oui, tout pourrait aller pour le mieux dans la vie d’Antoine, pas aussi vieux que ses voisins, mais cependant handicapé par son embonpoint. Dans cet immeuble, le drame vient des voisins du dessus ! Souvent les voisins du dessus ! Et quand survient un accident mortel, c’est un enquêteur placardisé et incompétent qui va être chargé de l’enquête. Il voit là l’occasion de redorer son image et va mettre tout en œuvre pour confondre des innocents ! Tous suspects sauf peut-être le véritable auteur de la bavure …
Nick Gardel nous balade dans cette « aventure alsacienne » et son héros n’est pas sans rappeler le « pauvre » Martin de ses débuts (cf. Le cercle d’agréables compagnies) victime des coups du sort incongrus autant qu’improbables. 212 pages, je l’ai dit, de rigolades … mais où va-t-il chercher tout ça ! 212 pages truffées de surprises comme on aimerait en lire d’avantage dans ce monde de brutes, car en fin de compte, c’est bougrement bien écrit !
Trop court Monsieur Gardel, même si certains personnages ne sont pas en état de servir une deuxième fois, on en redemande !
13/03/2019 à 08:55 4
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Claustrations
8/10 Trois situations non enviables. Charles est atteint pas la date de péremption dans un régime totalitaire qui élimine les plus de soixante-cinq ans, tandis de Clara a été enlevée alors qu’elle était en mission humanitaire. De son côté M Concerto vit douloureusement son aliénation d’office. Le lecteur se demande comment ces situations peuvent bien être liées et quand au deuxième tiers du roman, l’auteur laisse entrevoir une hypothétique solution …il n’y croit pas ! Mais ça n’est qu’une hypothèse à ce stade du roman, un tiers encore pour nous surprendre.
Que dire … démoniaque … le titre est déjà pris, machiavélique aussi, il faudrait inventer un nouveau mot pour décrire l’esprit « malin » de Salvatore Minni, qui s’ingénie à nous perdre.
Un véritable cauchemar à tiroirs où un twist peut en cacher un autre, ponctué par des annonces de programmes télé à références Hitchcockiennes.
C’est peu être ça une histoire belge ! Pas d’unité de lieu ni de temps donc on ne peut pas qualifier ce roman de huis clos … quoique …
A lire absolument !
07/03/2019 à 12:30 7
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Ma bête
7/10 Un court roman avec une construction originale, qui interpelle le lecteur tour à tour dans la tête d’un criminel, d’une victime et d’un complice malgré lui.
Certes la séquestration a déjà été traitée dans les thrillers dont le genre convient tout à fait à ce genre de huis clos. Ici la domination est moins humiliante que dans Des nœuds d’acier de Sandrine Collette, la confrontation est moins frontale que dans les morsures de l’ombre de Karine Giebel, la situation n’en est pas moins inattendue et dérangeante. Ducan Smith enlève Weston Forester pour en faire le tueur qu’il n’a pas pu recruter … plusieurs cibles à lui imposer et des crimes presque parfaits. Les questions habituelles de circonstances atténuantes ou pas, de victimes qui se rebellent et deviennent tortionnaires, sont bien amenées dans cet opus.
A noter l’épilogue original qui interroge le lecteur sur le crédit à apporter aux informations et aux investigations à visée littéraires …
Je remercie l’auteur pour la confiance qu’il a témoignée en me proposant cette lecture, un bon moment passé dans un univers anxiogène et sombre, avec des personnages féminins secondaires à ne pas négliger.
26/02/2019 à 16:53 2
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Le Voyage de Madison
8/10 Ça commence comme Thelma et Louise, le film de Ridley Scott mais après ça se complique …l’angoisse va grandissante au fil des pages. Elle est sympathique cette Madison et elle provoque l’empathie du lecteur avec ses meurtrissures et la perte de son compagnon.
Madison a la mémoire qui flanche, elle a perdu ses souvenirs d’enfance et de jeunesse. Au fur et à mesure de la narration, au cours de ce voyage qui l’emmène au chevet de sa mère mourante, elle va nous ouvrir ses tiroirs secrets où se sont oubliés ses souvenirs.
Le récit de ce road trip est dérangeant … à la fois trop simple et trop complexe pour ne rien cacher de cette évidence pleine de surprises et de perversité, de la vérité. Mais quelle vérité ? Il faudra attendre l’épilogue pour donner tout son sens au puzzle de cette manipulation mentale.
C’est le premier roman que je lis de Chris Loseus qui a su remarquablement écrire au féminin. J’ai aimé la finesse du ton et la pudeur dans l’expression des sentiments. Tout est fluide et intime sans excès, même la violence. Les rires y côtoient les larmes et le lecteur est leurré jusqu’à la fin. Très agréable lecture.
22/02/2019 à 08:46 2
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J'irai tuer pour vous
10/10 Après Nous rêvions juste de liberté, les lecteurs attendaient le nouveau Loevenbruck. Certes, il a fallu patienter trois ans et demi, mais il est excusé car quand on voit la masse de travail de documentation qu’a dû demander ce thriller, on comprend que la gestation a été longue et semée d’embuches. La relation des sentiments et doutes de Marc, le personnage central inspiré d’un homme que l’auteur a côtoyé pour faire de sa vie un roman, est en soi un pari réussi. Il n’est sans doute pas aisé d’approcher les secrets d’Etat, mes méandres du renseignement et d’être fidèle à l’histoire, la petite et la grande. Nous en découvrons des choses qu’il est parfois plus confortable d’ignorer. Tout ça n’en rend que plus précieux le résultat par ces 640 pages.
Soit un triangle, une pyramide si vous voulez, … au somment les politiques, cyniques, qui ne pensent qu’à leur élection présidentielle, voire leur réélection, ils vont mener le jeu, la diplomatie qu’ils disent … Une sphère publique, dont on connaît les noms, soucieuse de l’image et de son avenir, dépendante de la haute finance qui tire les ficelles de la vente d’armes à l’international…
Entre le sommet et la base, les services secrets qui ont pour objectifs de démanteler les réseaux et commanditaires des attentats et des prises d’otages, parce que c’est leur job. Ils observent, analysent, préparent, choisissent les cibles, déploient la logistique nécessaire mais pas toujours suffisante…
Et enfin la base, niveau de l’exécution, qui ne doit pas se poser de questions sur le bien fondé des commandes à honorer, sans état d’âme ou presque.
La base, c’est bien le centre de ce thriller, l’auteur nous fait approcher le cheminement d’un obscur, la construction de sa personnalité, par son carnet qui ponctue le récit actuel. Les lecteurs comprennent alors pourquoi un petit aventurier devient barbouze sans scrupule, capable de mener de front ses deux identités.
L’action principale se situe au milieu des années 80, pendant une période d’attentats perpétrés à Paris, que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître … : les événements ont cependant une résonance particulière au vu de notre actualité récente. Nous allons assister au recrutement, à l’entrainement et aux actions de ce héros de l’ombre, attachant par ses questionnements et sa quête de bonheur. Au-delà des aventures qui, si elles n’étaient pas adaptées du réel, pourraient sembler improbables, la vie de Marc est donc tumultueuse et clandestine …
Il est peu aisé d’en dire d’avantage si ce n’est qu’il faut lire absolument ce dernier Loevenbruck, bien loin de l’ésotérisme et la fantasy auxquels il nous avait habitués dans ses premiers romans, plus proche de Nous rêvions juste de liberté par sa sensibilité et ses questionnements.
Rythmé et réaliste, précis et haletant, un style efficace, ce « témoignage » sera sans conteste un coup de cœur 2019 …
16/02/2019 à 15:34 14
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La Daronne
7/10 Une histoire cocasse que celle de cette quinquagénaire, qui travaille au black pour le ministère de la justice, issue d’une famille de truands mafieux et qui grâce à un tuyau dans son cadre professionnel, va se transformer en dealeuse, alors que son « compagnon » est flic aux stups ! C’est un court roman, bien mené et documenté.
J’ai cependant été dérangée par le trop grand réalisme de la décadence de la mère alors que ça n’apporte rien au récit … peut-être trop sensible à ce sujet en ce moment. Ca me donne l’effet d’un voyeurisme malsain.
Mon avis en demi-teinte pour cette raison, une parenthèse intéressante au demeurant.
16/02/2019 à 15:13 4
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Lectio letalis
8/10 Le lecteur de Ne regarde pas l’ombre retrouvera avec plaisir Gabriel qui a maintenant intégré un placard au sein de la police, dans la proche banlieue de Bordeaux. Ses vieux démons le hantent et le voici rattrapé par son passé alors qu’il va, au hasard d’un flag qui tourne mal, se frotter au monde malfaisant des sectes.
Certes Bordeaux n’est pas Chicago et l’auteur en sait quelque chose, lui qui doit être pote avec son collègue Gabriel … cependant l’approche qu’il nous propose est très documentée sur la manipulation mentale des personnes fragiles … ou pas, car chacune et chacun peut être leurré par des individus experts en PNL (programmation neuro linguistique). Les techniques sont les mêmes que celles utilisées en marketing alors qui peut proclamer : « je n’ai jamais succombé à la tentation ! »
Que l’on trouve l’histoire, selon ses convictions, un peu ésotérique ou carrément réaliste, il reste une intrigue bien menée, au rythme rapide, qui se termine en cataclysme et qui ne faiblit pas au long de ces 368 pages, ancrées dans des paysages de carte postale quand Laurent Philliparie nous emmène sur la côte atlantique, aux abords du bassin d’Arcachon. Elle a en plus le mérite d’aborder des sujets de société actuels dérangeants.
Un deuxième roman prometteur pour une suite avec ou sans Gabriel … un très bon moment de lecture.
Petit précis linguistique : lectio letalis = langage céleste … J’ai conscience que ça ne vous en dit pas assez alors … lisez !
10/02/2019 à 09:36 2
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Justine
9/10 Si je vous dis qu’il s’agit de la saga familiale d’une petite fille riche et que l’auteur annonce d’entrée qu’il s’agit d’une trilogie … j’aurai sans doute raison mais c’est très réducteur tant ce premier roman, véritable roman noir, thriller psychologique, premier volume d’une trilogie certes, est complexe sous bien des aspects. Saga familiale oui mais dans une famille atypique, dans des paysages somptueux du Sauternais et du Cap-Ferret, où la grand-mère n’est pas la grand-mère, où le jumeau n’est plus tout à fait le jumeau, où l’enfant n’est en fait pas vraiment l’enfant, où l’émancipation passe par la guérison de l’anorexie chronique sous fond d’enlèvement en série et de médium temporaire.
Tous ces éléments constitutifs de la personnalité de Justine, ambitieuse, ambigüe et féministe vont emmener le lecteur à sa poursuite avec la question lancinante … ange ou démon ? Faut-il aimer ou haïr Justine ? La réponse au bout de ces 224 pages d’une très agréable lecture.
06/02/2019 à 11:02 3
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L'Erreur
8/10 Sasha, obligée d’accoucher avant terme dans une maternité ayant mauvaise réputation et qu’elle n’a pas choisie, est persuadée que l’enfant qu’on lui présente a été échangé avec un autre beaucoup plus ressemblant à ce qu’elle ressentait pendant sa grossesse. De plus, c’est un petit garçon qui est né au lieu d’une petite fille qu’elle attendait depuis son échographie. Elle n’arrive pas à éprouver ce formidable attachement de mère à son nouvel enfant, est-elle une bonne mère ? N’est-ce pas LE signe de cette substitution ? Et dire que enfant est attendu depuis plus de dix ans.
Tous les personnages de ce thriller psychologique ont leur secret inavouable, son mari, son père, son amie d’enfance, ses médecins, les autres patientes et c’est un véritable enfer que va vivre la narratrice. Sont-ils complices pour remplir un sombre dessein ? Les lecteurs vont assister à la descente aux enfers de Sasha, puis à sa résilience réelle ou feinte, dans un univers trouble où tout est suspicion et où les soignants ne sont pas plus équilibrés que les patients… un vrai nid de coucous ! Un peu plus de 350 pages pour nous faire tourner en boucle dans l’amas de neurones perturbé de la jeune mère, où l’on se plait en conjonctures et quand arrive le dénouement, on se dit : soit, c’est une explication parmi d’autres, un peu improbable mais bien amenée par l’auteur qui signe ici son premier roman.
Premier roman donc et une belle découverte, un bon moment de lecture, envoûtant et bien flippant mais … l’auteure n’est-elle pas elle-même médecin ? Elle a mis toute sa féminité au service de cette histoire, certes c’est une fiction et ça ne peut pas se passer dans la vraie vie … quoique !
06/02/2019 à 09:18 4
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Parasite
7/10 Je ne suis pas fan des romans fantastiques mais j’avais lu avec plaisir les deux premiers d’Arnaud Codeville et j’avais aimé son écriture. Je le remercie donc de la confiance qu’il m’a témoignée en me permettant de lire celui-ci.
D’abord une riche idée que de situer son action sur la Trouée d’Arenberg, tout le monde connait ce lieu, grâce au Tour de France, par tous temps c’est devenu mythique et son environnement minier dévasté est maintenant bien ancré dans notre inconscient collectif. Pourtant on n’y a pas froid en cet été 1982, alors que commence l’aventure de cet étrange « club des 4 » cyclistes adolescents, avides de découvertes et d’étrange.
Une quinzaine d’années plus tard nous retrouvons Ben, jeune veuf confronté à un deuil difficile, sous traitement et sujet à des hallucinations. Il va essayer de résoudre les mystères laissés sans réponse depuis cette terrible journée de 1982.
Symboles païens et religieux, envoûtement, phénomènes paranormaux parfois extrêmes (là c’est la mécréante qui parle) servent ce suspense bien rythmé.
Une écriture efficace, agrémentée de la fraîcheur de ces adolescents à la solidarité (presque) sans faille, prêts à prendre les risques qu’il convient à leur âge, au temps de leurs premières amours, confrontés aussi à la maltraitance indélébile.
27/01/2019 à 20:15 5
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Mon Ombre assassine
9/10 Les constats : le nombre de femmes criminelles augmente, celui des tueuses en série aussi … phénomène récent. Le plus sur moyen d’échapper à la justice est de faire reconnaître comme victime, ainsi on peut considérer que le crime parfait existe….
Forte de cette constatation, Estelle Tharreau va confier la narration à Nadège, son héroïne qui sera le fil rouge de cette saga familiale, sur plusieurs décennies. Son récit chronologique est ponctué d’extraits d’auditions de l’instruction d’une enquête contemporaine, pour le meurtre d’un policier Fabien Bianchi …
Méticuleusement, l’auteure nous distille le parcours de celle qu’elle annonce d’emblée comme une tueuse réfléchie et calculatrice, manipulatrice et excellente comédienne s’il en est. Elle se présente comme la nouvelle Némésis, l’expression de la juste colère.
Excellent moment de lecture … le lecteur est pris à partie par le personnage
Crimes parfaits en cascade et art de la dissimulation au sommet de l’art.
Laurent Scalese fait dire à Samuel Moss dans Je l’ai fait pour toi :
« Première loi : le crime parfait existe.
Deuxième loi : le criminel parfait n'existe pas.
Troisième loi : l'enquêteur doit donc concentrer ses efforts non pas sur le crime, mais sur le criminel. »
Démonstration réussie !
J’avais lu Impasse en 2017, 2018 est assurément un très bon cru pour Estelle Tharreau qui tient toutes ses promesses.
27/01/2019 à 11:02 7
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Il y aura du sang sur la neige
8/10 Le 8 février se déroule la mythique course de ski de fond la Transjurassienne. C’est à cette performance sportive et cosmopolite de 76 km, que nous convie Sébastien Lepetit.
Avec l’humour que j’avais découvert avec plaisir en 2015 dans Merde à Vauban, le même épicurisme accompagne son commissaire Morteau, amateur de vin et de bonne chère donc, qui ne crains pas les calories, dans une enquête chez les fondeurs. Il a succombé aux demandes pressantes d’un ancien camarade de promotion et ne va pas tarder à le regretter. C’est flanqué de son ours en peluche et de son adjoint Monceau qu’il débarque à la Combe du Lac.
Le froid jurassien nous agresse profondément, les lecteurs souffrent sur les pentes et peinent à démêler les rivalités des prétendants au podium. L’enquête se déroule sur une semaine et la course sur quelques heures … les deux récits nous sont offerts simultanément sans préjudice pour la compréhension.
Au cours de cette semaine de galère, notre cinquantenaire endurci tâte de la romance flamboyante et une rapide rencontre avec son père qui nous vaut une critique acerbe du capitalisme, haute en couleur.
Une enquête « pas à pas » et bien menée et ancrée à la fois dans le Jura profond et dans le sport de haut niveau, une promesse de sang, que j’ai beaucoup aimée. Un très agréable moment de lecture à déguster au coin du feu !
14/01/2019 à 09:40 3
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Thérianthrope
9/10 Une fable moderne me direz-vous en voyant la couverture … ça ressemble au petit chaperon rouge, certes ! L’auteur prend beaucoup de libertés avec le conte et nous entraîne dans une aventure originale, de nos jours avec les portables, l’ADN , les 4x4 et les hélicoptères. Ca c’est pour le décors …
Petit tour sur le dictionnaire cependant … thérianthrope selon wiki, puisque word ne connait pas :
La thérianthropie ou zooanthropie est la transformation d'un être humain en animal, de façon complète ou partielle, aussi bien que la transformation inverse dans le cadre mythologique et spirituel concerné.
Plus loin Michael Fenris parle de lycanthropie (source wiki toujours) désigne la transformation d'un homme en loup.
Et bien voilà le contexte est posé … laissez faire votre imagination et vous aurez quelques heures de bonne littérature policière, avec suspense entretenu et juste une pincée de fantastique, histoire de ne pas décourager les hyper-rationnels dont je fais partie !
D’abord l’action se déroule en ville, aux US à Denver (Colorado) où une jeune femme est retrouvée assassinée et alors la politique se taille la route dans l’enquête qui va révéler un tueur en série. On connait très vite son identité, son ambigüité intrigue et il nous entraîne ensuite à Rock Hill, l’Amérique profonde abandonnée des pouvoirs centraux, où le sheriff courre après les moyens supplémentaires et sa population se sent bien isolée. Des sagas familiales aux secrets malmenées par les méfaits du tueur, des jeux dangereux d’adolescents, une petite romance, une guerre des polices car le FBI veut s’en mêler … dans un contexte nord-américain certes mais terriblement universel avec un final qui tient bien ses promesses et qui garde son suspense jusqu’aux toutes dernières pages.
06/01/2019 à 14:30 4
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Une proie si facile
8/10 L'action se passe en Angleterre où Louise élève seule son fils Henry, depuis son divorce avec Sam. Elle s'installe dans sa nouvelle vie de mère célibataire hyperactive jusqu'à ce qu'un souvenir d'adolescence, réactivé par FaceBook, fasse voler en éclats son fragile confort. Même si le sujet me fait penser à David-James Kennedy et son roman « Malgré elle », l'auteure installe ici l'amour maternel comme véritable enjeu de l'intrigue de ce thriller très bien mené.
Au-delà du suspense, ce sont les dangers que représentent les amis virtuels avec qui nous rentrons en contact qui sont évoqués, tout comme les rites d'intégration bien réels ceux-là, de nouveaux venus dans des groupes constitués. Ces deux aspects concernent ici des adolescents mais nul n'a dans ce domaine le privilège de l'âge.
Des personnages attachants et une intrigue puissante font de ces 384 pages, un moment de lecture agréable et noir à souhait.18/12/2018 à 10:59 4
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Au pays des mille collines
8/10 En France, politiquement c’est la cohabitation Mitterrand-Balladur à la tête de l’Etat et ce sont les prochaines élections qui occupent les esprits du personnel politique. Alors il est à espérer qu’aucune responsabilité de militaires français dans un crash aérien ayant couté la vie à des dirigeants de pays de la Françafrique ne sera mise au jour. Le gouvernement fait donc appel à un détective, Cicéron Boku-Ngoï, réplique africaine de James Bond, commandeur lui aussi, rompu aux missions secrètes : il aura la charge de retrouver les boîtes noires … si toutefois elles existent.
En Afrique c’est le génocide des Tutsis qui fait rage au Rwanda, mais aussi la corruption, les trafics en tout genre, les intrigues, les complots sous l’influence de Mobutu, le léopard qui voit là une occasion de rétablir ses relations avec la France.
Ceci dit, le lecteur entre dans la danse, suit notre détective doué et inspiré, qui joue sur ses multiples cultures le tout de façon assez plaisante quoique violente et teintée d’hémoglobine.
Un roman que l’on peut qualifier d’espionnage et d’aventure, qui vaut surtout par son ambiance géo-politique obscure et glauque, peuplée de chefaillons et apprenties Mata-Hari, sous le regard conciliant de la diplomatie locale.
Très documenté, aux multiples références, ce roman est une approche originale d’un continent qui souffre encore aujourd’hui, près de trente années après les faits, qui explique aussi l’une des raisons de l’émigration dans cette région de notre monde.
Un bon moment de lecture en ce qui me concerne, avec carnet de notes à proximité pour suivre l’identité des personnages …
27/11/2018 à 14:08 4
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Majestic murder
7/10 On se dit bien que quelque chose n’est pas très clair dans les objectifs de Lillian et Seamus, aussi l’auteure réussit à nous perdre dans les hypothèses les plus folles. Une troupe de comédiens complètement fous, menés par leur metteur en scène et leur dramaturge, a un fonctionnement de tribu pas très professionnel. Deux paumés vont essayer d’y trouver une rémunération alors qu’ils galèrent de squats en foyers, de petits jobs en petits contrats et se faire admettre dans le casting … Est-ce bien un casting ? Est-ce bien raisonnable ?
Plusieurs retournements malmènent le lecteur avec au bout de ses 230 pages, une fin somme toute annoncée mais l’affectent au plus profond de ses certitudes, sans parler la présence énigmatique se l’enfant sans nom … qu’auriez-vous fait à leur place ?
26/11/2018 à 15:20 2
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Bletchley Park
9/10 C’est le deuxième tome de cette trilogie consacrée aux espionnes du Salève, roman d’espionnage qui lève le voile sur le rôle méconnu de la Suisse pendant la dernière guerre mondiale. En effet, déclaré neutre, ce pays central a cependant aidé activement à la lutte clandestine contre le nazisme.
Le premier tome avait vu se constituer cette équipe féminine cosmopolite au service de la liberté, sous la houlette de Hannah, réfugiée polonaise. Au cours du deuxième épisode (août1941-novembre 1942), ces nouvelles espionnes vont « jouer » sur des terrains aussi différents que la Lybie, la Norvège et bien d’autres… alors qu’en Grande Bretagne les décodeurs souffrent à éclairer les chefs de guerre et s’évertuent à craquer Enigma. Ajoutons à cela les divers services secrets qui se font à peine confiance et le lecteur aura une idée des enjeux et des risques encourus par ces femmes de l’armée des ombres.
Mark Zellweger, avec la précision qu’on lui connait, décrypte les processus, les méthodes, les faux-semblants nécessaires à la résolution des conflits au bénéfice de l’humanité malmenée. A ce titre il faut souligner cet aspect historique qui va bien au-delà de l’intrigue romanesque et qui donne davantage de profondeur à des personnages attachants.
Passionnant, ce véritable roman d’aventure, malgré quelques coïncidences improbables, ne se lâche pas avant la fin et … il y a heureusement la perspective d’une tome 3 !
26/11/2018 à 14:18 2