Dany33

535 votes

  • Mourir sur Seine

    Michel Bussi

    7/10 On sent qu'il s'agit d'un roman qui ne bénéficie pas de l'expérience des derniers de cet auteur, mais tout de même très documenté et un bon suspens. A lire si possible avant les 3 derniers, pour bénéficier de l'évolution de l'auteur.

    01/07/2015 à 17:12 1

  • N'oublier jamais

    Michel Bussi

    8/10 Avec ce roman, l’auteur confirme son art du « retournement de situation ». En effet après avoir apprivoisé ses lecteurs en rendant ses personnages attachants, il concocte une intrigue qui aurait tout à fait pu se terminer au deux-tiers de son livre. Et bien non justement ! Toutes les fins sont envisageables et il vous y mène avec brio.
    Deux jeunes femmes … et peut-être trois, sont victimes de viols et de meurtres. Un coupable, … peut-être deux, … ou trois. Les familles incapables de faire leur deuil faute de coupable, entament l’enquête et crient vengeance … Le narrateur est très vite de suspect potentiel et il nous l’annonce lui-même, et puis peut-être bien que non … le caractère normand de l’auteur confère au cliché pour le bonheur du lecteur.
    J’ai lu quelque part qu’il y avait un nouveau roman en publication avant la fin de l’année …

    01/07/2015 à 16:45 1

  • Nymphéas noirs

    Michel Bussi

    10/10 J'ai lu ce livre après "un avion sans elle". Le traitement du suspens est original et dans des décors mythiques que j'aime, ce qui ne gâche rien. En plus ça m'a donné envie de retourner à Giverny pour voir le moulin et le lavoir. Une bonne énigme qu'on comprend juste à la fin. Tout compte fait j'aime bien cette écriture et je poursuis par des ouvrages plus anciens.

    01/07/2015 à 17:15 3

  • Un Samedi soir entre amis

    Anthony Bussonnais

    7/10 Un vrai thriller avec des psychopathes en bande organisée par un notable dominant ! Tout y est : les oppositions de classes sociales, le racisme et la xénophobie, l’intégration, la domination et l’emprise sur les plus vulnérables, les rapports incestueux, la barbarie et ses sévices, la ruralité …
    Après un début qui ressemble au thriller de Karine Giébel Les chiens de sang, on s’attend à une intrigue « convenue » et « bien-pensante » puis, on trépigne avec les victimes, dans l’attente de la fin du cauchemar. Oui parfois on se dit que les dialogues s’éternisent et pêchent par leur précision, leur longueur … c’est parce que l’auteur manipule le lecteur avec talent. A force de retours-arrières qui permettent d’établir la cohérence des faits au fil du déroulement chronologique, il va les mener au retournement suprême. Et au milieu du roman, le twist est attendu certes, c’est la loi du genre, mais il est au combien surprenant…
    Une disparition pour laquelle c’est tout une famille qui commence une traque méthodique, parce que la Gendarmerie, empêtrée dans LA procédure n’y peut rien, ne recherche pas un adulte majeur dès lors qu’il n’est dangereux ni pour autrui, ni pour lui-même. Pourtant tout porte à croire qu’il est en danger … angoissante quête de Claire qui met tout en œuvre pour retrouver son petit ami !
    352 pages de réflexion aussi sur le regard porté sur l’autre, les autres.
    Belle surprise que cette lecture, belle découverte pour ce deuxième roman déjà remarqué et primé à bon escient.

    09/02/2020 à 13:11 4

  • Des Poignards dans les sourires

    Cécile Cabanac

    8/10 Un père de famille détestable à souhait disparaît, sa femme ne déclare pas sa disparition, trop heureuse de cette aubaine. Elle va enfin profiter de la vie, changer de look et c’est ce qui va déranger les bien-pensants locaux …
    Un corps sans tête et démembré est retrouvé au milieu de nulle part, l’enquête est confiée à un tout nouveau duo d’enquêteurs de Clermont-Ferrand, qui s’apprivoise en peinant à identifier le corps…
    Il n’y a que le lecteur pour y voir des convergences. Mais si le lecteur se trompait …
    Des fausses pistes comme s’il en pleuvait, de la malversation politico-économique et l’immersion dans les milieux libertins, des trahisons à l’usurpation d’héritage, de bons vieux secrets de famille à vous légitimer n’importe quel mobile, bref une profusion de mensonges…
    480 pages pour une intrigue dense et une enquête qui piétine … le lecteur peut parfois s’impatienter car pour partie, il sait lui. Mais il sera récompensé par le dénouement assez inattendu quoique …
    En même temps c’est une chronique rurale, dans les environs de Clermont-Ferrand, en hiver donc il faut prendre des précautions pour ne pas déraper sur les pistes de l’assassin !

    13/03/2019 à 09:11 7

  • Requiem pour un diamant

    Cécile Cabanac

    8/10 Pour ce deuxième roman, Cécile Cabanac délaisse l’Auvergne et la ruralité pour installer son intrigue à Versailles. On aurait pu y trouver le triangle amoureux classique qui sombre dans le meurtre avec pour mobile la jalousie. C’est sans compter sur la densité et la complexité de cette histoire d’arnaque aux pierres précieuses avec l’incontournable intervention de truands des pays de l’est. Il est rare de voir apparaître dans le paysage urbain les policiers municipaux, dans ce roman leur présence est primordiale. Quant aux enquêteurs de la DRPJ, leur opiniâtreté aura raison des multiples fausses pistes. Deux sphères de compétences, deux approches. Que dire du détective privé en « guest star » : il vaut bien qu’on s’attarde sur son personnage.
    Qui est Mathilde aux multiples facettes comme une pierre précieuse ? Ange ou démon ? Et Héléna, amoureuse éconduite du défunt joailler ou trafiquante de haut vol ? Une très large galerie de personnages à laquelle il faut ajouter les vrais méchants, les amoureux borderline …
    Tous les ingrédients d’une bonne enquête dans ce polar rythmé, où l’auteure confirme son talent et sa rigueur dans le déroulement de l’action, sa précision de ton et la psychologie ambigüe de ses personnages, autant d’atouts pour une réussite. Presque 500 pages sans temps mort, un bon moment de lecture !

    30/09/2020 à 10:58 4

  • L'Apparence de la chair

    Gilles Caillot

    9/10 C’est le premier des romans que je lis de cet auteur. « Bluffant » a dit Franck Thilliez et c’est le moins que l’on puisse en dire... un tueur en série, écorcheur, qui réapparaît après s’être fait oublier une dizaine d’années, va faire replonger Sylvie dans ses plus improbables angoisses. Comment démêler tous les éléments qui s’offrent à elle, alors qu’elle instrumentalise la réalité de ses jours au bénéfice des névroses de ses cauchemars.
    L’auteur nous balade au gré des errances de Sylvie et nous épousons bien volontiers chacune de ses hypothèses de vérité. C’est bien par là que Gilles Caillot tient son lecteur, de plus en plus perdu jusqu’au bouquet final, qui nous claque un scénario que nous avons sans doute un jour, toutes et tous imaginé pour notre propre compte. Horreur pure !
    Quelle écriture efficace et bouleversante !

    10/02/2017 à 10:09 1

  • La Prisonnière du diable

    Mireille Calmel

    8/10 On connaissait de cette auteure ses écrits sur Aliénor d’Aquitaine, la femme emblématique du XXII ème siècle et c’est cette fois dans l’arrière pays niçois, à l’époque charnière entre le moyen-âge et la renaissance que se situe l’action, une période où les esprits sont restés fortement marqués par la religion toute empreinte de sorcellerie. C’est ce qui va guider les protagonistes de ce thriller historique. Parce qu’il s’agit bien d’un thriller que nous offre Mireille Calmel.
    Le châtelain de la petite communauté d’Utelle, Raphaël veut conjurer un sort et faire disparaître l’enfant à naître de Myriam. De son côté un mystérieux commanditaire envoie un message à Hersande, la religieuse qui veille sur le sanctuaire de Notre-Dame d’Utelle, qu’elle doit transmettre à un tueur en vue d’éliminer un habitant de la cité. Elle semble connaître la victime désignée mais son devoir l’emportera-t-il sur ses sentiments ?
    400 pages de thriller médiéval, très documenté qui nous rappelle ou fait découvrir la langue, les usages de l’époque au niveau culinaire, la vie quotidienne, les remèdes par les simples et surtout les relations humaines et inhumaines, la domination des nantis sur la piétaille, dans une région soumise aux aléas sismiques. Certes le fond historique fait référence à des faits et certains personnages réels et induit que l’action ne pourrait pas se dérouler aujourd’hui, mais les comportements et rapports de force ont-ils vraiment évolué positivement avec les téléphones portables et internet ? Les enjeux sont-ils transposables de nos jours ou sommes-nous plus vertueux ? Pas sûr … Une histoire passionnante en tous cas !

    23/07/2019 à 12:00 3

  • Une Lame de lumière

    Andrea Camilleri

    5/10 Je suis très partagée sur ce roman, le 24 ème de la série Montalbano. Malgré l’avertissement du traducteur, je ne suis pas convaincue du parti pris de créer un pseudo dialecte en modifiant l’orthographe française … certes je n’aurai pas aimé une transposition d’un dialecte français en Sicile, mais je pense que le lecteur « bute » constamment sur ce que son œil enregistre au mieux, comme des fautes de frappe. Ceci dit, peut-être que ceux qui auront au préalable fait connaissance avec le protagoniste au fil des précédents opus, s’y sont accoutumés.
    L’enquête principale est assez classique et les personnages sont peu fouillés. On regrette que l’équipe de Montalbano soit un peu « survolée » car le potentiel y est et l’humour émergeant mériterait d’être d’avantage exploité. Cela fait de ce roman une agréable lecture d’été, sans prise de tête et sans réel suspense.
    Je regrette que l’enquête parallèle « d’actualité », relative aux migrants et à la révolution de jasmin, soit trop peu évoquée et les objectifs des personnages a peine évoqués.
    Enfin la quête amoureuse de Montalbano et ses anciens déboires m’a semblée de faible intérêt.
    Je ne suis pas fan de ce roman et je l’ai lu comme une pause entre deux romans plus prenants.

    12/08/2016 à 14:27 2

  • IVM - tome 1

    Katia Campagne

    8/10 Secouée je suis …
    Je ne suis pas adepte du fantastique, trop cartésienne pour ça. Cependant je ne rechigne pas devant une petite dose d’étrangeté, de surnaturel, dès lors que l’intrigue principale tient la route.
    C’est donc avec plaisir que je me suis fait embarquer par Katia Campagne pour un deuxième voyage, après Kuru, sur les conseils de Nick Gardel. Un voyage envoutant.
    De nombreux personnages, doublés parfois de leurs petites voix, leur conscience bonne ou mauvaise, se croisent dans le Vercors. Tous ont des secrets plus ou moins avouables. Les traumatismes de l’enfance ont laissé des séquelles, voire des psychoses. Eléane et sa mère tentent d’oublier leur passé de victimes maltraitées, mais ce passé lui ne les oublie pas et va réapparaître avec toute sa cruauté et ses peurs. A part ça, un frère va retrouver sa sœur avec bienveillance ou malveillance … l’histoire le dira avec pas mal d’hémoglobine.
    Donc j’ai aimé même si je me suis perdue dans le dénouement et que j’ai dû focaliser mon attention pour poursuivre les vrais méchants !
    S’agissant du tome 1 d’une trilogie (un tome 3 annoncé), on me dit que quelques personnages sont encore en état de poursuivre leurs démons dans le tome 2 alors … après une pause je l’avoue nécessaire, j’irai faire un tour du côté de ce deuxième épisode car l’auteure a su me surprendre.

    17/09/2019 à 15:10 3

  • Kuru

    Katia Campagne

    7/10 C'est une sordide affaire de famille que découvre Gabriel, lui qui a voué une admiration sans borne à son grand-père. Une journaliste qui ne lâche rien va suivre la quête de la vérité quasi initiatique. Une écriture efficace au service d'une intrigue dont le sujet fait penser à « Sharko » de Franck Thilliez ou encore « la conscience animale » le tout premier du même Thilliez, le tout sur fond scientifique et historique. Une réussite envoûtante à ne pas manquer et je n'en dirais pas plus pour ne rien dévoiler ! Allez-y sans retenue mais ne chargez pas trop l'estomac avant lecture …

    29/06/2017 à 14:49 1

  • Et le mal viendra

    Jérôme Camut, Nathalie Hug

    10/10 «… est-il légitime de recourir à la violence pour que cesse la violence ?
    Ou plutôt, n’est-il pas de notre devoir de le faire ? »

    Un thriller à large spectre … tout autant philosophique que sociétal, à la fois tome 2 et préquel, saga familiale et road movie et qui pose LA question : peut-on/doit-on avoir recours à la violence, même extrême, en cas d’urgence absolue, pour provoquer la prise de conscience et l’action ?
    Deux hommes se sont « affrontés » à la sortie du Bataclan en novembre 2015 et leurs destins ont basculé. Morgan a ensuite croisé le regard d’un gorille dominant et il est lui-même devenu Silverback, le défenseur des opprimés, entraînant à sa suite ses enfants. Quant à Julian, c’est la voie de la légalité qui l’a guidé dans la traque de Morgan et de son armée.
    Que vous ayez lu ou non Isla Nova, vous serez emporté par l’intrigue qui mêle notre quotidien et celui des pays du sud, à la fiction … d’ailleurs, est-ce bien la fiction ou une simple anticipation de ce qui nous guette à très brève échéance ?
    Eminemment actuel, le sujet de l’avenir de l’humanité nous prend aux tripes et de façon bien efficace. Nous avons en plus du désastre écologique, des terribles conflits de l’eau (passés, présents ou à venir) à confronter notre vie actuelle à la très prochaine existence sous contrôle intégral de l’IA, l’intelligence artificielle.
    Notons à ce sujet, la parution simultanée du thriller de Bernard Minier qui nous alerte lui aussi avec M, le bord de l’abîme, sur les dangers d’un détournement de ces « petites boîtes magiques » qui nous accompagnent de plus en plus, sur le « tout connecté ». Le danger est bien présent !
    Secouée je suis après ce thriller capable de réveiller bien des consciences, qui fait écho à mes convictions écologiques quand la réalité donne malheureusement raison à la fiction, tant la vraisemblance et la précision interpellent le lecteur.
    La construction atypique de l’intrigue, si elle déroute dans ses premiers chapitres, devient peu à peu une évidence, pour ce thriller complémentaire d’Islanova paru en 2017 (à lire avant ou après, mais à lire de toute façon). Trois périodes (2015-2016, 2025 et 2028), indissociables et éclairantes. LA question reste entière mais au moins est-elle posée dans une actualité où la jeunesse en perte d’espoir s’oppose aux générations qui n’ont rien fait par avidité, en lui demandant d’agir utilement …enfin !

    09/12/2020 à 09:50 3

  • Islanova

    Jérôme Camut, Nathalie Hug

    9/10 « Un enfant somalien, soudanais, éthiopien, mauritanien mérite autant d’attention qu’un enfant français, américain ou suédois ! » (Chapitre 133) et au titre de l’ « attention » il faut pointer l’accès à l’eau, à l’origine de (tous) nos maux.
    2025, dix ans après les attentats de Paris, Julian aime Vanda. Ils forment avec leurs enfants respectifs une famille recomposée harmonieuse jusqu’à la fugue des ados, attirés par le charisme d’un gourou de l’écologie, à l’autre bout de la France qu’ils vont traverser, pour se mettre au service d’une quasi secte aux pratiques extrêmes.
    Certes c’est la face visible de cet iceberg car ce thriller est beaucoup plus que ça … la confrontation de l’Utopie à la réalité, …
    Une intrigue dense et complexe, distillée au fil de ses 677 pages, pour la version numérique, à la lecture desquelles on ne s’ennuie pas une seule seconde. Les auteurs nous installent dans ce qui pourrait être une (presque) banale manifestation bobo pour un monde écolo, qui dérive avec ses protagonistes « ultras » voulant assurer la sécurité de leurs adeptes, vers une dictature et une apocalypse. Parabole ? Sans doute, mais peut-être malheureusement prémonitoire …
    Jusqu’où est-on prêt à aller pour défendre la vie, la nature, ses valeurs ? C’est dans ce que nous entraîne ce duo d’auteurs qui a déjà douze romans à son actif, avant ce (gros) dernier et quand on leur demande s’ils sont pour la légalité ou si la fin justifie les moyens, ils répondent qu’ils se sentent Républicains dans un monde sans sens … Leur posture se confronte donc ici avec la dure réalité … par l’imaginaire… pour le moment !
    Ce roman noir est a mon sens un incontournable de cette rentrée.

    09/10/2017 à 14:59 6

  • Le Sourire des pendus

    Jérôme Camut, Nathalie Hug

    8/10 Dans la famille Castel vous avez Sookie, fliquette adoptée par Léon altermondialiste qui héberge un débile pas si idiot que ça. Dans la famille Mendès, vous avez Lara animatrice TV séquestrée et recherchée activement par son frère Valentin, aidé par l’improbable producteur Arnault. Chez les méchants il y a l’avocat qui a mal fini, le grand délinquant obsédé, les pendus et beaucoup d’autres. Ils s’y sont mis à deux les auteurs pour séquestrer leurs lecteurs dans une énigme prenante et questionnante, des personnages fouillés et en particulier les femmes dans ce monde de brutes et de libertins pervers. Pour ma part je partage l’avis final de Laura, car tout prend sens dans les dernières pages. Une bonne nouvelle : ce sourire des pendus est le tome 1 d’une série de 3, alors pourquoi attendre pour se faire plaisir … je vais vite me procurer la suite, vous avez dit addict ?

    15/09/2016 à 15:06 6

  • Les naufragés hurleurs

    Christian Carayon

    8/10 Ce pourrait être une histoire d’amitié entre Martial déjà connu des lecteurs du Diable sur les épaules et Alain.
    Ce pourrait être une histoire d’amour entre Martial et Camille.
    Ce pourrait être l’histoire d’un classique triangle amoureux où deux femmes se déchirent … ou pas.
    Ce pourrait être une chronique des années folles, où les fortunes se construisent avant le krach boursier de 1929, en spéculant sur l’immobilier de loisirs.
    C’est une histoire qui se passe en Bretagne, terre de légende, de sorcellerie, où quand les prédictions d’un charlatan parisien se réalisent au bout de nulle part, Martial endosse les habits de l’enquêteur.
    L’histoire semble simple et l’énigme facile à résoudre : un voilier s’abime en mer et son naufrage fait deux victimes. De nos jours on dirait « affaire classée ! » …
    Quand Martial arrive au bout de cette presqu’île de Bréhat, il découvre une famille de notables en proie aux rancœurs personnelles et il mettra ces 400 pages pour découvrir la vérité, après avoir emprunté avec ses lecteurs, de nombreuses fausses pistes.
    Après avoir lu Un soufle, une ombre et Torrents, j’étais curieuse de voir cet auteur dans un registre différent. J’ai retrouvé le souci de la précision, la ruralité. Cependant cette fois, l’action se situe dans une époque et un lieu décalés avec des personnages tout aussi attachants et bien campés dans leurs convictions et leurs contradictions, tout comme les lourds secrets de famille qui plombent l’ambiance. Ajoutons une petite tempête du siècle pour pimenter le dénouement ... Ce thriller peut se lire sans avoir fait la connaissance de Martial dans le premier roman de Christian Carayon mais donne envie d’en savoir plus sur lui et Camille. Bref, un très bon moment de lecture, du suspense assuré et une Bretagne envoûtante comme on l’aime.

    15/02/2020 à 13:11 5

  • Torrents

    Christian Carayon

    8/10 François, dessinateur de vocation, a tout perdu quand sa compagne Emilie a disparu en 1979. D’autres disparitions, par la suite, perturbent le microcosme campagnard où vit sa famille, avec en prime la découverte de restes humains dans le torrent. François va revenir dans son village natal car il ne croit pas en la culpabilité de son père, soupçonné d’être « le dépeceur ». L’enquête qu’il va mener avec l’aide de Camus, ancien flic, va l’entraîner à révéler les secrets de famille, ceux que le père a enfouis quand il a changé de région, après la seconde guerre mondiale et les exactions commises au nom de « l’épuration sauvage ». Ce père va passer de la position de notable à celle de proscrit … et s’il était innocent ? Comment François va-t-il pouvoir passer du doute au mensonge pour préserver le peu d’honneur qu’il reste à sa famille ?
    Ce sont bien ces questions que se pose le lecteur au cours de cette double enquête. On sent très bien la patte de l’historien quand François est obligé de rouvrir les vieux dossiers.
    Des chapitres courts et rythmés, trois narrateurs, contribuent à impliquer le lecteur dans la quête de la vérité avec un suspense final bien mené.
    C’est le quatrième roman de Christian Carayon … auteur à suivre notamment pour l’ambiance campagnarde qui n’est pas sans rappeler celle de Franck Bouysse, attirante et étouffante à la fois où le silence est une valeur partagée, complice de la religion du secret.

    28/10/2018 à 11:29 8

  • Un Souffle une ombre

    Christian Carayon

    7/10 Et si le meurtre parfait existait … si plus exactement le massacre parfait existait et ne pouvait pas être résolu … et que dire des erreurs judiciaires ou des enquêtes bâclées ? Ce thriller « rural » pourrait être sous-titré « je n’ai pas peur dans la vie, j’ai peur de la vie » car c’est bien l’épouvantable devise du narrateur. Plus de trente ans après les faits, un historien sous couvert d’une recherche « académique » décide d’élucider le massacre de quatre adolescents qui avaient son âge et fréquentaient le même lycée que lui. Pour se rapprocher des lieux il va jusqu’à racheter l’ancienne maison familiale. L’auteur a le chic pour nous plomber l’ambiance qui est tout sauf bucolique et le narrateur ira jusqu’à sacrifier sa quiétude familiale sur l’autel de la vérité !
    Le rythme est soutenu et les rares moments de pause nous permettent d’appréhender les paysages, les coutumes locales, l’intransigeance ou la douleur des « survivants ».
    J’ai beaucoup aimé la richesse des personnages et leurs ombres.
    Il s’agit là d’un troisième roman (à raison d’une production tous les deux ans), déjà primé pour son tout premier polar historique « le diable sur les épaules » (2012) l’auteur ici abandonne l’entre deux guerres pour installer son action dans le contexte de la désertification de nos campagnes de cette fin du XXème siècle. Un roman riche qui ne vous laissera pas indifférent.

    01/04/2016 à 17:15 6

  • Majestic murder

    Armelle Carbonel

    7/10 On se dit bien que quelque chose n’est pas très clair dans les objectifs de Lillian et Seamus, aussi l’auteure réussit à nous perdre dans les hypothèses les plus folles. Une troupe de comédiens complètement fous, menés par leur metteur en scène et leur dramaturge, a un fonctionnement de tribu pas très professionnel. Deux paumés vont essayer d’y trouver une rémunération alors qu’ils galèrent de squats en foyers, de petits jobs en petits contrats et se faire admettre dans le casting … Est-ce bien un casting ? Est-ce bien raisonnable ?
    Plusieurs retournements malmènent le lecteur avec au bout de ses 230 pages, une fin somme toute annoncée mais l’affectent au plus profond de ses certitudes, sans parler la présence énigmatique se l’enfant sans nom … qu’auriez-vous fait à leur place ?

    26/11/2018 à 15:20 2

  • Sinestra

    Armelle Carbonel

    9/10 Ca faisait bien longtemps que je n’avais pas été perturbée de la sorte par une lecture … ça fait deux nuits que je rêve de ce Val de Sinestra ! Comment fait donc Armelle Carbonnel, avec son sourire d’ange, pour imaginer de telles horreurs ? Du grand art ! J’avais commencé l’année avec Avalanche Hôtel de Niko Tackian où le bâtiment était lui aussi un personnage à part entière … deux lieux anxiogènes suisses du même acabit, néanmoins les monstres des Grisons sont encore plus inquiétants et là s’arrête la comparaison.
    Certes le martyre d’enfants pendant la seconde guerre mondiale a déjà été traité maintes fois, ici les lecteurs le vivent de l’intérieur …à noter que le bâtiment est de temps à autre le narrateur. L’antisémitisme n’y est pas le mobile des exactions. On y trouve des personnages parfois caricaturaux, les odieux parfois bienveillants, les mères possessives et exclusives, des enfants pas souvent innocents, chaque catégorie n’étant pas « étanche » aux caractères dominants des autres. Ces 390 pages font de Sinestra un thriller d’horreur bien noir avec son lot de rebondissements inattendus et de manipulations malveillantes à lire assurément en prenant le temps de l’imprégnation de l’ambiance gore et glauque à la fois. L’auteure a usé du rythme et de l’alternance des situations pour donner aux lecteurs les temps de pause nécessaire pour supporter la tension.
    Deuxième roman que je lis d’Armelle et la même angoisse, la pudeur en plus. Très bon moment de lecture que je recommande !

    09/04/2019 à 11:20 3

  • Le Syndrome du pire

    Christoffer Carlsson

    7/10 Une découverte dans le cadre du programme des lecteurs "polars pourpres" en partenariat avec "J'ai lu", merci à eux pour cette découverte.
    Un polar nordique et pourtant assez différent de ceux du « genre ». Certes un flic alcoolo, fumeur etc … mais bien plus. En fait Léo Junker est placé sur la touche par sa hiérarchie pour cause de « bavure ». Il cherche à mettre un point final à cette « erreur » semble-il alors qu’un meurtre est commis dans l’appartement juste en dessous du sien … s’en suit une immersion dans son présent douloureux et son passé de mauvais garçon de « banlieue ». Des retours-arrières qui nous font toucher du doigt cette dure réalité, la lutte pour la survie, qui n’est pas que Suédoise. Au centre une amitié trahie et une terrible vengeance.
    Un rythme enlevé sauf sur la fin du roman où on a d’avantage l’impression de se trainer, peut-être est-ce dû à la traduction qui est quelques fois (un peu) défaillante. Encore que là c’est mon humble avis de lectrice qui ne lit pas le suédois … et n’a pas compris le titre qui n’a rien à voir avec le syndrome de Stockholm !
    Ce roman est annoncé comme le premier d’une série ayant pour personnage principal Léo. Sans doute sera-t-il en quête de la solution de la bavure dont on l’accuse. J’irai sans doute y voir de plus près …

    06/04/2016 à 10:00 3