Dany33

535 votes

  • Crucifixions

    Olivier Sourisse

    7/10 Premier tome d’une trilogie, ancrée dans FaceBook jusqu’au cou car l’auteur situe ses protagonistes dans un groupe bien connu des adeptes de suspense … Pour ceux qui s’y reconnaîtront, ils auront l’étrange sentiment de s’y trouver chez eux en compagnie d’une fliquette et d’une légiste bien connues. Pour ma part j’ai eu la surprise d’y rencontrer un homonyme, comme un cousin oublié et c’est un sentiment surprenant … même s’il a les yeux vides et une tête de méduse !!
    L’intrigue bien ficelée, une série de meurtres au rituel religieux, dans une ambiance glauque cependant assez éloignée du contexte du précédent roman d’Olivier Sourisse qui, par son style confirme son efficacité.
    Très agréable moment de lecture

    09/09/2017 à 15:37 2

  • À couteaux tirés

    Olen Steinhauer

    8/10 Deux ex-amants décident de se retrouver dans un restaurant autour d’un repas « gastronomique », chacun pour un objectif personnel. Ils vont mettre toute leur expérience d’agent secret au service de la recherche de leur vérité. De nombreux retours en arrière font comprendre au lecteur que l’un d’eux a trahi il y a six ans, alors qu’ils travaillaient tous deux à Vienne sous la couverture de l’ambassade des Etats Unis. Leur histoire d’amour a fait long feu et chacun a suivi son « destin » à sa façon. Un suspense très nourri nous fait osciller entre les divers protagonistes et la fin nous laisse sans voix, sur fond d’Islam radical.
    L’auteur avait déjà commis plusieurs romans reconnus par la critique dont deux que j’avais lu et particulièrement appréciés : le touriste et l’issue. Ce nouveau récit d’espionnage nous plonge dans le monde glauque du renseignement et de la manipulation, qui engendre une grande violence dont nous pouvons être malheureusement dommage collatéral.

    06/03/2016 à 18:48 4

  • La Fille au revolver

    Amy Stewart

    7/10 Un premier roman prometteur qui s'inspire de faits réels, très bien documenté et qui nous fait découvrir une Amérique de 1914, dans la zone rurale Hackensack, assez proche cependant de New-York. Deux jeunes femmes et leur soeur adolescente, victimes d'un « gang » de petits loubards dont le chef est un nanti local. le pot de terre va se heurter au pot de fer lors d'épisodes à rebondissements, aidé par le représentant de la loi en la personne du l'attachant shérif. Dépaysant et frais, assorti d'une intrigue secondaire sur la difficulté d'élever seule son enfant pour une mère célibataire.
    Les précisions apportées par l'auteur en fin d'ouvrage, ajoutant le cachet de véracité, ne donnent que plus d'attrait à ce roman d'ambiance.

    04/12/2016 à 16:39 4

  • L'Archange du chaos

    Dominique Sylvain

    7/10 Alors que les autres romans de Dominique Sylvain affichent une certaine légèreté dans la narration et dans les personnages -on se rappelle de l’improbable Ingrid Diesel - ici elle nous entraîne dans la noirceur mystique et apocalyptique, aux couleurs des bas-fonds. C’est à se demander s’il ne s’agit pas d’une mode actuellement car après Chattam (« La patience du diable » et « Que ta volonté soit faite ») et Giébel (« Satan était un ange ») cette auteure nous invite à traquer « le mal » rédempteur dans un univers glauque à souhait. Une galerie de personnages importante où l’on risque quelque fois de se perdre entre le bons (les flics : le vieux briscard et sa nouvelle partenaire débutante) et les méchants (les autres bien sûr), ceux-là en très grand nombre et en plusieurs clans. Ne pas oublier aussi les anciens bons fonctionnant en mode méchant en raison de leurs penchants répréhensibles et de leurs vieux démons. Une intrigue dense et pleine de rebondissements servie par un style efficace, rythmée par l’actualité cataclysmique de notre planète (Fukushima, grippe aviaire et autre cyclones) et quelques chapitres isolés, sans narrateur ni action et que l’on attribue au « mal », celui-là même qui fait se succéder le soin à la torture, la biafine à la brulure. On y redécouvre aussi les pratiques moyenâgeuses de l’ordalie (le jugement de Dieu) et toutes ces références bibliques. Le titre est évocateur et approprié à ce volume de 330 pages, sans aucune longueur, sans aucun temps mort, où les héros sont malmenés juste comme on aime. Bref un très bon polar français, limite thriller, pour lequel en dire plus serait inconvenant et un réel manque de respect pour les lecteurs avides de sensations, la 4ième de couverture étant suffisante.

    01/07/2015 à 14:05

  • Celle qui pleurait sous l'eau

    Niko Tackian

    9/10 Niko Tackian, c’est celui qui frappe à votre porte le 2 janvier, rabat les volets mais vous laisse ouvrir les fenêtres… il vous interpelle et vous engage à aller plus loin une fois la lecture de son roman terminée. Oui, vous vous dites 250 pages c’est court mais ces pages ont un effet retard, comme ces médicaments, ces gélules « à libération prolongée ». Vous y repensez forcément pendant plusieurs jours.
    Certes l’auteur nous avait déjà présenté un criminel toxique dans le tome 1 des aventures de Tomar Khan, cette fois compte tenu d’un contexte compliqué c’est son ajointe qui va s’y coller pendant que celui-ci va essayer le se défaire de ses casseroles …Rhonda y va avec pugnacité et intuition, convaincue que le suicide de Clara a été « provoqué ». Les deux protagonistes vont devoir faire enquête « à part »: Tomar se fera accompagner clandestinement par Berthier son mentor, en immersion chez les dealers, pendant que Rhonda endossera les habits de chef de groupe de la crim.
    Dans la famille Khan, j’ai un faible pour Ara, la mère. Elle ne me déçoit aucunement dans cet épisode. Mention particulière pour son courage.
    Le roman est résolument centré sur les violences faites aux femmes et les difficultés qu’elles peuvent avoir à produire des preuves et à faire qualifier le suicide « forcé » en homicide. Les textes évoluent et c’est tant mieux.
    Alors, comme dit le capitaine s’adressant au brigadier sur la scène de crime « On a quoi ? » Un très bon polar, tout en pudeur et retenue, avec deux enquêtes : l’une, en premier plan, menée par Rhonda sur le suicide de Clara et en second plan, en sous marin, la quête de Tomar sur un passé qui lui échappe du fait de son épilepsie cérébrale, sous la coordination de l’ambitieuse et ambiguë Ovidie Metzger, substitue du Procureur. Le tout est servi par des dialogues d’une efficacité rare, on voit bien la patte du scénariste-dialoguiste.
    Et dire qu’il faudra attendre maintenant deux années pour retrouver notre flic Kurde car en 2021, c’est l’auteur qui le dit, ça sera un thriller « one-shot ».

    07/01/2020 à 09:16 3

  • Fantazmë

    Niko Tackian

    9/10 Page 242 « Il y avait d’abord cette enquête et la pénible impression d’avoir mis les pieds dans un labyrinthe de désespoir d’indifférence qui lui rappelait celui de son enfance”

    C’est le deuxième roman de cette série commencée avec « Toxique ». On y retrouve le groupe d’enquêteurs du 36 en tout début de l’année 2017. La mafia albanaise qui a main mise sur la drogue, l’esclavage sexuel et autres trafics à Paris et dans la banlieue, voit un certain nombre de ses « soldats » disparaître avec une violence maximale. Qui est donc ce justicier ? Ce Fantazsmë, ce spectre. Tomar rompu aux situations extrêmes et aux débordements aurait-il trouvé son maître ?
    Scénarisé avec efficacité, une intrigue en premier plan interpelle le lecteur sur sa peur de voir la réalité qui l’entoure, l’indifférence généralisée comme maladie du siècle et en arrière plan, une interrogation plus intime qui concerne Tomar et ses débordements. Mal en point ce héro fatigué va-t-il se nettoyer le cerveau avec l’aide d’un ami médecin et d’un psychiatre, aura-t-il confiance au point de se livrer ? Son éducation et sa culture font-elles suffisamment obstacles à sa violence pour qu’il puisse rester le flic champion de la criminelle ?
    Enfin une construction originale qui dévoile l’identité du justicier vers le milieu de l’intrigue … une vraie claque !
    Notons dans la galerie de personnages que nous offre Niko Tackian, celui de Ara, la mère de Tomar, ancienne peshmerga, humaniste et généreuse, toujours prompte à rappeler à son fils les fondamentaux de son éducation.
    L’auteur nous avait promis un vrai méchant sans circonstances atténuantes : c’est vrai, je l’ai rencontré ! Flippant !
    Excellent moment de lecture, actuel et interpellant, entre investigation et polar noir, très noir ou … rouge, très rouge !
    Pour ceux qui n’ont pas lu “Toxique”, l’auteur fait suffisamment de rappels pour que ça ne soit pas handicapant mais, si vous le pouvez, allez donc aux origines du mal avec ce thriller paru au libre de poche, vous n’en serez que plus conquis.

    07/01/2018 à 19:31 10

  • La nuit n'est jamais complète

    Niko Tackian

    9/10 Le deuxième roman de cet auteur plus coutumier des plateaux TV, ce qui explique que cette intrigue est certes psychologique mais aussi très visuelle est tout simplement bluffant de réalisme. Plusieurs volets dans le déroulement de cet opus : un véritable naufrage « routier », une aventure au milieu de nulle-part glauque à souhait, qui se dénoue aux derniers chapitres, une catastrophe environnementale, des relations père-fille touchantes, du mystère à la limite du paranormal. Ce que j’apprécie chez cet auteur c’est que ce qui s’apparente au fantastique trouve son explication rationnelle en fin de compte. Du sang et des squelettes, des visions d’apocalypse, des frayeurs au fond des tripes, des trahisons et de l’amitié et au bout du compte un rappel à nos mémoires pour les catastrophes minières qui ont endeuillé l’humanité.
    Un très bon thriller captif jusqu’au bout, à lire de nuit et d’une seule traite !

    10/03/2016 à 14:29 9

  • Quelque part avant l'enfer

    Niko Tackian

    8/10 Une découverte grâce à Franck Thilliez qui a attiré mon attention en préfaçant ce roman.
    On y découvre les dommages collatéraux causés par les expériences de mort imminente (EMI)… en effet ça laisse des traces chez Anna, victime d’un accident de voiture à la suite duquel elle a été confrontée à ce type d’expérience. Face à elle, un flic d’origine arménienne, Zed, va essayer de démêler le vrai du faux.
    Un suspense très prenant implique le lecteur par sa force et son réalisme. Le dénouement inattendu se révèle dans les vingt dernières pages, après une phase de doute et laisse le lecteur un peu sonné.
    Un roman dont le sujet peut être rapproché de celui de Bernard Werber, « les thanatonautes » qui vivent à leur manière des EMI ou de « l’autre » d’Olivier Descosse qui lui utilise l’hypnose régressive.
    Quant à l’auteur, s’il en est à son premier roman, a commis quelques BD et des scénarios en compagnie de Franck Thilliez, notamment la série Alex Hugo. Espérons que s’ouvre avec ce roman, une nouvelle voie pour ce professionnel de la plume qui lui permettra de nous ébranler encore et encore !

    18/12/2015 à 16:22 5

  • Toxique

    Niko Tackian

    8/10 Le petit dernier de Niko Tackian est un vrai polar noir foncé ! Le style est différent de celui de ses deux précédents opus. En effet, alors que le fantastique était en filigrane des deux romans précédents, tout en trouvant une explication rationnelle au dénouement, l’auteur cette fois renoue avec un « certain » classicisme… pas de dépaysement notable puisqu’il nous situe l’action autour du 36 avec des personnages certes attachants mais borderline et bien meurtris comme il se doit dans un thriller à la française. Ne boudez pas cependant cette lecture, le style de l’auteur y est toujours efficace et son Tomar est Kurde (Tackian est d’origine Arménienne et il nous explique l’analogie historique) et pratique la boxe (comme lui). L’intrigue interpelle fortement le lecteur, car elle touche des jeunes enfants et le personnage « toxique » est tout de même un modèle du genre. Enfin l’auteur et son imagination débridée nous réservent de très bonnes surprises au travers des rêves récurrents de son héros justicier.
    Une plongée dans l’univers désenchanté d’un nouveau flic du paysage romanesque français que nous aurons sans doute la chance de croiser lors d’une prochaine enquête puisqu’il s’affiche comme le premier d’une série ? Heureux lecteurs nous sommes !

    06/01/2017 à 16:38 6

  • Treize Marches

    Kazuaki Takano

    9/10 Ce roman est une véritable révélation : à la fois thriller très bien mené et aussi témoignage du système judiciaire Japonais où la peine de mort par pendaison est encore appliquée. Le paradoxe exposé est le suivant : un condamné à mort peut voir sa peine réduite à dix-sept ans d’incarcération s’il plaide coupable et s’il demande le pardon des familles des victimes. Mais alors, qu’advient-il si le suspect est amnésique ? Incapable de reconnaître son meurtre et de faire acte de rédemption, il devra être pendu même si quelques flashes laissent penser qu’il a été manipulé et n’a pas participé au meurtre … à moins que nos deux héros, Mikami délinquant en liberté conditionnelle et Nangô gardien de prison et défenseur d’une justice éducative (par opposition à la justice rétributive, vengeresse), ne trouvent de nouvelles preuves susceptibles de lui fournir des circonstances atténuantes, voire de l’innocenter ! Une encore plus large manipulation se révélera au lecteur qui doutera et révisera son « jugement » tout au long de cette enquête. Au-delà de cette intrigue, c’est un plaidoyer contre la peine de mort que nous livre l’auteur qui nous illustre également le calvaire vécu par les exécuteurs de ces sentences d’un autre âge, dans une ambiance baignée de traditions où le code d’honneur est encore très présent, dans un pays symbole de modernité.
    Treize marches c’est le nombre de celles qui mènent à la potence et aussi le nombre de sceaux que doit recueillir « la proposition d’exécution » avant d’aboutir au grand plongeon.
    En commençant un roman traduit du japonais, j’ai toujours quelques craintes au sujet des personnages dont les noms exotiques peuvent s’avérer difficiles à mémoriser. Ici ce n’est pas le cas car très vite on entre dans l’histoire et on sélectionne les quelques protagonistes qui vont nous tenir en haleine au long de ces 350 pages. Les quelques maladresses de traduction sont vite oubliées au bénéfice de l’action et de ses personnages très attachants, dans un monde de brutes.

    22/04/2016 à 17:04 12

  • Le chardonneret

    Donna Tartt

    5/10 J'avais aimé Donna Tartt et son maître des illusions, je m'attendais à une intrigue de la même veine. J'ai été déçue.
    Le premier volet de l'histoire de Théo est très plaisant, les frasques des deux ados les rendent bien attachants. Dommage que le contexte d'alcoolisation et de toxicomanie juvénile y soit rendu comme bénéfique pour les protagonistes.
    Après, je me suis ennuyée sauf avec les personnages périphériques de la famille Barbour et Hobie, hauts en couleurs.
    Pour moi, un roman trop long (817 pages) qui aurait gagné à s'arrêter aux deux-tiers.

    01/07/2015 à 16:49 1

  • L'Impasse

    Estelle Tharreau

    7/10 L’auteure situe l’action en 2000 mais l’intrigue est quasi intemporelle. Dans une région soumise au chômage, un notable entend étendre son pouvoir en dominant sa famille trop soumise pour s’opposer, ses voisins trop pauvres et dépendants pour réagir, et bien d’autres qu’il tient à sa botte. Survient un meurtre et comme tout le monde a de bonnes raisons de haïr la victime, tous sont suspects. L’affaire pourrait être classée au bénéfice d’un « délit de sale gueule » mais non … c’est sans compter sur David, l’enquêteur tout en nostalgie, enfant du pays, de retour après une incursion chez les grands de la capitale.
    Cette narration précise et efficace nous offre un très bon moment de lecture.

    31/03/2017 à 17:08 3

  • La Peine du bourreau

    Estelle Tharreau

    9/10 L’avertissement de l’auteure en début d’ouvrage est clair, il doit lever toute ambiguïté et pourtant tout au long de la lecture je me suis trouvée face la froide réalité de la vie carcérale américaine et bien plus. Immergée pendant 256 pages dans le couloir de la mort de la prison de Walls je n’ai jamais eu le sentiment d’être dans une fiction, car l’écriture en est réaliste et impliquante.
    L’auteure nous invite à vivre les quatre dernières heures d’un condamné à mort en sa présence ainsi que celles de son bourreau et de celui qui a le pouvoir de le gracier. Le bourreau va ainsi témoigner de la « carrière » qu’il a choisie pour ne pas prêter le flanc aux droits communs qui semble-il sont bien plus dangereux du fait de la promiscuité des conditions de leur détention. Ainsi va-t-il partager ses souvenirs et le lecteur pourra reconstituer des parcours de vie divers, bien peu enviables, jamais exemplaires dans le bon sens, parfois du fait de concours de circonstances malencontreux, souvent du fait d’une idéologie raciste … bref l’Amérique profonde, fruit de son histoire, bien éloignée dans ce cas de la vieille Europe.
    La question sous-jacente du choix, choix des croyances, choix de vie est omniprésente dans ce roman aux allures de témoignages tant pour le condamné que pour les deux autres protagonistes.
    Dérangeant c’est peu dire … à l’heure où les médias colportent de vagues sondages sur le souhait des Français à voir rétablir la peine de mort, on peut espérer que le débat est dépassé au pays de Badinter. Qu’en est-il aux USA ? Il réapparaît à chaque élection de gouverneur avec ses relents de racisme et de xénophobie.
    Lecteur, vous serez face à vos choix, vos valeurs, votre intime conviction et aussi face à un roman qui témoigne de notre époque avec élégance, justesse, pudeur et réalisme.
    Etonnant moment de lecture, par une belle plume, capable de changer de registre à chaque publication !

    25/10/2020 à 18:55 5

  • Les Eaux noires

    Estelle Tharreau

    8/10 Chronique d’une disparition au bout du monde … cependant bien en France, dans une partie du littoral délaissée par les touristes et les autorités compétentes comme on dit. Seules quelques cabanes de plages égaient le paysage où se situe le drame de Jo. Suzy, sa jeune fille, ado et presque femme, disparait et son corps est retrouvé quelques jours plus tard. Nous assistons à la descente de Jo, aux enfers du désarroi. Elle aurait pu recueillir le soutien de ses quelques voisins, mais tous sont des bons clients pour alimenter la liste des suspects. Alors il lui reste la traque, d’abord accompagnée de ses anciennes amours, de ses anciens amis puis seule car les policiers locaux ne font pas preuve de zèle mais plutôt de solidarité masculine … ou pas, jusqu’à ce que la mutation du responsable de l’enquête lui ouvre de nouveaux horizons.
    Un roman très noir, psychologique à souhait, où le lecteur est immergé d’une façon radicalement différente de celle utilisée dans le précédent roman d’Estelle Tharreau. Cette fois, elle ne bouscule pas nos consciences mais alerte de façon efficace sur les dangers qui entourent les jeunes filles, les jeunes femmes et sur le repli sur soi de ceux qui font de l’isolement un mode de vie. Les copines de Suzy lâchent vite prise, les voisins de Jo se replient, elle est alors seule pour quérir la vérité, aidée par un corbeau bienvenu.
    Un huis clos en plein air, fouetté par le vent et les idées reçues, confronté à l’immobilisme des suspects plus troublants les uns que les autres. Une angoisse qui monte au long de ces 252 pages. Un fait divers ? Non, un roman bien actuel sur l’indifférence et la perversité sur fond de contexte économique précaire. Un très bon moment de lecture.

    31/10/2021 à 11:53 3

  • Mon Ombre assassine

    Estelle Tharreau

    9/10 Les constats : le nombre de femmes criminelles augmente, celui des tueuses en série aussi … phénomène récent. Le plus sur moyen d’échapper à la justice est de faire reconnaître comme victime, ainsi on peut considérer que le crime parfait existe….
    Forte de cette constatation, Estelle Tharreau va confier la narration à Nadège, son héroïne qui sera le fil rouge de cette saga familiale, sur plusieurs décennies. Son récit chronologique est ponctué d’extraits d’auditions de l’instruction d’une enquête contemporaine, pour le meurtre d’un policier Fabien Bianchi …
    Méticuleusement, l’auteure nous distille le parcours de celle qu’elle annonce d’emblée comme une tueuse réfléchie et calculatrice, manipulatrice et excellente comédienne s’il en est. Elle se présente comme la nouvelle Némésis, l’expression de la juste colère.
    Excellent moment de lecture … le lecteur est pris à partie par le personnage
    Crimes parfaits en cascade et art de la dissimulation au sommet de l’art.
    Laurent Scalese fait dire à Samuel Moss dans Je l’ai fait pour toi :
    « Première loi : le crime parfait existe.
    Deuxième loi : le criminel parfait n'existe pas.
    Troisième loi : l'enquêteur doit donc concentrer ses efforts non pas sur le crime, mais sur le criminel. »
    Démonstration réussie !
    J’avais lu Impasse en 2017, 2018 est assurément un très bon cru pour Estelle Tharreau qui tient toutes ses promesses.

    27/01/2019 à 11:02 7

  • L'Echo des Morts

    Johan Theorin

    8/10 L’écho des morts de Johan Théorin
    Prix du meilleur polar suédois en 2008, date de sa parution originale.
    A ceux qui ont souffert du froid avec « Glacé » de Bernard Minier ou « Atomka » de Franck Thilliez, sachez que l’auteur vous fait ici découvrir la tourmente et … c’est pire ! C’est le deuxième roman d’un cycle de quatre se déroulant sur l’île d’Öland où l’insularité oppressante plus qu’un mode de vie est un personnage à part entière.
    Une énigme bien menée pour ce drame familial aux nombreux rebondissements dans une ambiance mystérieuse et pesante. Comment Joakim s’en sortira-t-il après les morts douteuses de sa sœur et de son épouse ? Comment peut-il assumer son rôle de père ? L’auteur nous entraîne dans ce milieu hostile où les morts envahissent l’espace, auprès d’une jeune enquêtrice, elle aussi prisonnière d’une situation qu’elle a voulue mais qu’elle ne maîtrise pas. Des personnages gris-noirs dans une tourmente blanche et proches d’une mer glacée et de l’hémoglobine en surimpression … que du bonheur quoi !

    05/07/2015 à 13:19 7

  • Affaire classée

    Danielle Thiéry

    7/10 J'avais lu de cette auteure "des clous dans le coeur" et plus récemment "l'ombre des morts". Comme à mon habitude, quand je découvre un auteur qui me plaît, je remonte avec lui dans le temps. C'est donc tout naturellement que j'ai choisi "affaire classée". On y trouve le commissaire Marion (qui figure dans "l'ombre des morts", personnage assez attachant. Cependant l'intrigue quoiqu' intéressante est un peu fouillis. Sans doute un pêché de jeunesse ... Auteure à suivre donc avec une écriture au féminin assez plaisante.

    01/07/2015 à 17:06 3

  • BRI : Histoire d'une unité d'élite

    Danielle Thiéry

    8/10 On connaît l’auteure, la grande dame du noir, pour ses polars en immersion. Elle sait comme personne nous faire douter avec les flics, souffrir avec les victimes et leurs proches. Ici, la première femme à avoir été nommée Commissaire Divisionnaire en France, met toute son expérience et son talent au service de la vérité sur un corps qui nourrit bien des fantasmes : la BRI (Brigade de Recherche et d’Intervention). De ses débuts sous le nom de l’Antigang, à nos jours, les hommes (les bons et les méchants) et les contextes ont changé … on ne peut pas dire évolué quand on parle de crime, cependant les techniques pour e combattre se sont affinées, les procédures ont été élaborées et confortées.
    Largement illustré par des faits qui ont rempli notre l’actualité pendant de longues périodes (Mesrine, le gang des potiches, …), dans cet ouvrage Danielle Thiery « classifie » les différents types de crimes que la BRI et ses consœurs GIGN et RAID sont amenés à combattre pour notre sécurité. Elle lève le voile sur ce qui a pu nous apparaître comme « une guerre des polices ». Elle a eu largement recours aux témoignages des « stars » de la lutte anti-gang et anti-terrorisme.
    Ce témoignage de notre temps est une réédition augmentée de la version de mai 2011, qui gagne en émotion en commençant par les témoignages sur les attentats de 2015 … ça se lit comme un roman, c’est précis comme une enquête, révélateur comme une investigation et tellement impliquant pour le lecteur-citoyen que je ne peux qu’en recommander la lecture.

    10/04/2019 à 09:01 2

  • Piquette à la Roquette

    Danielle Thiéry

    8/10 Quelle bonne idée a donc eu cette maison French Pulp Editions, de donner un coup de jeune au héros de Léo Mallet, en confiant sa nouvelle destinée à nos auteurs de polars contemporains.
    Cette fois c’est Danielle Thiery qui a endossé l’habit et la personnalité de Nestor Burma et qui l’accompagne à la première personne dans l’antre du diable et des tatoueurs. Comme à l’accoutumée, notre détective privé va accompagner un client, solvable cette fois, mais frappé de malchance, à la recherche de sa petite-fille disparue. Nestor sera rattrapé par une récente et triste histoire d’amour.
    Dans un Paris historiquement peuplé de mauvais garçons et de filles de petite vertu, en voie de boboïsation, Nestor va devoir jeter ses nouveaux complices, secrétaire et geek, dans la tourmente et aura par ailleurs beaucoup de craintes pour leur avenir. On y découvrira le Paris souterrain, sectaire, satanique et luciférien. On approchera les tatoueurs en découvrant le dernier chic en matière de marquage et d’implants. Un monde souterrain, noir et sans concession traité avec humour, dans un environnement social bien contemporain, du paraître et du plaisir. Une parenthèse heureuse dans la biographie de cette auteure.
    6ème opus de cette collection, à lire sans modération, remarquablement documenté et au ton fidèle à l’esprit de son créateur
    #Piquetteàlaroquette #NetGalleyFrance

    22/09/2019 à 09:28 2

  • Sex Doll

    Danielle Thiéry

    9/10 J’ai retrouvé avec plaisir Edwige pour le 14ème opus de la série du commissaire Marion. Ses réactions impulsives laissent à penser qu’elle se languit du terrain dont elle a dû s’éloigner depuis qu’elle est la patronne de l’Office de répression des violences aux personnes, ne pouvant faire confiance à son adjoint. La prostitution a elle aussi évolué avec la génération 2.0, mais les pervers sont bien toujours là. Docteur X, à la recherche de la femme idéale, va notamment mobiliser toute l’attention de Marion ainsi qu’il le souhaitait, en envoyant de macabres messages aux proches de la commissaire. Veut-il la toucher personnellement ?
    Ambiance glauque, enquête dérangeante, interpelante. Le retour de Nina, fille adoptive de Marion, mettra à mal les certitudes de la commissaire. Une intrigue complexe qui mêle présent parisien et passé lyonnais, avec un final très visuel en apothéose.
    Comme dans ses précédents romans, l’approche documentaire des investigations policières m’a ravie. Le ton est juste, sans emphase. Un roman bien ancré dans le présent 2.0.

    Je remercie Babelio et son opération « masse critique » ainsi que l’éditeur, qui m’ont permis de découvrir ce roman en avant-première.

    03/05/2019 à 08:50 2