El Marco Modérateur

3283 votes

  • Sous terre, personne ne vous entend crier

    Gilbert Gallerne

    8/10 L’interpellation d’un bandit surnommé « Le Serbe » tourne au désastre, et le commissaire Lionel Jonzac sait qu’il va s’en prendre plein la tête par sa hiérarchie. Mais une nouvelle bien plus tragique vient effacer la première : on vient de retrouver le cadavre de sa nièce dans les catacombes de Paris. Tuée, avec sur le corps d’étranges traces de morsures. Un duel sanglant entre les deux hommes commence, d’autant que le tueur en série qui rôde dans les souterrains de la capitale semble en avoir après le policier.

    Gilbert Gallerne signe là un roman particulièrement efficace et prenant. D’entrée de jeu, on est saisi par le rythme de l’intrigue, la cadence de défilement des chapitres (particulièrement courts, il y en a environ quatre-vingt-dix), et l’entrain de la plume de l’auteur. Ce dernier sait rendre crédible les personnages policiers, avec leurs méthodes, leur vocabulaire et les traits caractéristiques de leur métier. Parallèlement, l’intrigue est très bien construite, donnant notamment à voir un tueur en série singulier, écumant les abîmes parisiens, partageant plusieurs pans du passé de Lionel Jonzac, et dévoré par une surprenante double identité révélée dans les ultimes pages – celle qui distingue Mikael de « l’Autre ». Gilbert Gallerne alterne habilement les séquences – émotion, tension, procédures policières, courses-poursuites, combat, et même si quelques éléments sont un peu téléphonés, force est de reconnaître que ce livre met assurément dans le mille.

    Un ouvrage qui emprunte volontiers aux codes du thriller américain tout en taillant des croupières à ce dernier, en ayant en plus le bon goût de conserver son âme et son sens acéré de l’action. On en redemande !

    19/11/2018 à 17:54 7

  • Maigret et Monsieur Charles

    Georges Simenon

    7/10 Le dernier opus de la série consacrée au commissaire Maigret, et même s’il ne fait pas partie des meilleurs, j’ai pris, comme d’habitude, un grand plaisir à le lire. Nathalie Sabin-Levesque, celle qui demande à Maigret de retrouver son homme disparu depuis un mois, constitue la pièce maîtresse de ce roman. Alcoolique invétérée, pratiquant l’autodestruction par les breuvages, son portrait psychologique domine cette œuvre où le côté policier n’est que peu présent, finalement. Un livre qui porte avant tout sur la déchéance, les amours éconduites, les grandes déceptions du couple, la tragédie du délaissement et de la solitude, et dont le dénouement, au chapitre 8, à la fois sacrément court et chargé d’émotions contradictoires, n’est finalement guère important au niveau de l’intrigue, puisque chaque lecteur l’aura quasiment résolue tout seul de son côté. Et c’est également un roman sur le doute, puisque Maigret ne cesse de douter : quant à son travail (il refuse dès la deuxième page de devenir le chef de la PJ et entrevoit déjà sa retraite, dans trois ans), à la personnalité intime de Nathalie (avec un brin de compassion qui fait qu’il la désigne souvent par son prénom), et aux trajectoires qu’il doit donner à son investigation.

    18/11/2018 à 19:00 3

  • La Fille qui se faisait des films

    Yannick Dubart

    8/10 A l’hôpital, Emma est soignée suite à une attaque cérébrale. Elle est obligée de partager le peu d’intimité qui lui reste avec Marie-Ange, une vieille dame qui ne semble plus avoir toute sa tête. Toutefois, sa coloc de fortune intrigue Emma en lui parlant de la mort étrange d’une dénommée Chantal au cours des années 1950. Sans trop savoir pourquoi ni comment, la quadragénaire va se mettre à enquêter… et pénétrer dans la gueule du loup.

    Avec ce roman, Yannick Dubart offre une histoire prenante et sacrément efficace. Usant d’une plume alerte, sachant prendre le temps de décrire les ambiances et les psychologies, capable de sacrés calembours, l’écrivaine dispose d’un large éventail d’aptitudes littéraires. On se passionne rapidement pour le personnage d’Emma, mère imparfaite, essayant de remonter la pente après son AVC, luttant de toutes ses forces pour ne pas laisser son apparence physique se dégrader, conserver une forme de dignité, et retrouver l’amour. Elle est également capable d’une rare opiniâtreté, puisque son investigation va la conduire à faire la connaissance d’une artiste spécialiste de l’urbex sur le retour, mettre à nu de terribles secrets de famille et s’approcher de bien trop près d’un tueur sans le moindre scrupule. Comme l’indiquent le titre et l’ingénieuse couverture, Yannick Dubart creuse la dimension cinématographique pour son récit. Chaque chapitre porte d’ailleurs le nom d’un film célèbre. Progressivement, le lecteur verra apparaître un lien, d’abord chimérique, puis réel, avec le septième art. Et c’est un joli tour de force que réussit l’auteure : bâtir une intrigue parfaitement crédible, être capable d’y apporter un souffle de nouveauté et de créativité avec la piste des longs-métrages, et imprimer un joli rythme à son histoire pour que jamais le lecteur ne décroche.

    Un premier ouvrage offrant autant de moments de tension que de décontraction. Yannick Dubart séduit avec ce roman délicat et pertinent, juste et plausible. On en redemande.

    04/11/2018 à 18:14 6

  • La Dernière Expérience

    Annelie Wendeberg

    9/10 Octobre 1890. Anna Kronberg a été enlevée par James Moriarty, et l’on retient son père en échange de sa complicité en matière de bactériologie. La jeune femme va devoir aider ses ravisseurs à développer une arme dévastatrice à l’aide de bacilles pour préparer une éventuelle guerre mondiale. Anna va devoir déployer des trésors d’ingéniosité pour contrecarrer les plans de Moriarty tout en feignant de s’impliquer dans cette tâche létale. Sherlock Holmes lui sauvera-t-il la vie ?

    Après Le Diable de la Tamise, Annelie Wendeberg revient avec ce deuxième opus de la série consacrée à Anna Kronberg et Sherlock Holmes. S’il est bien évidemment conseillé de les lire dans l’ordre, un rapide résumé de l’épisode précédent permet sans mal de raccrocher l’histoire. Et il ne faut alors que quelques pages pour être envoûté. L’ambiance, sombre, angoissante, est parfaitement restituée. Anna constitue un modèle de personnage, et l’on comprend rapidement qu’elle puisse composer la colonne vertébrale de la saga. Elle est forte, opiniâtre, experte dans le domaine des armes biologiques (ici, la morve et le charbon), d’une rare intelligence, ayant lutté dans sa jeunesse pour se grimer en homme et ainsi pouvoir suivre son cursus universitaire auprès de collègues masculins. Les moments mettant en scène les études des bacilles sont passionnants, et l’on en vient à s’enthousiasmer lorsque émanent les réflexions et conjectures quant aux meilleures maladies à employer pour anéantir l’ennemi, les voies idoines pour les propager, les solutions souhaitables pour s’en prémunir en cas d’accident, etc. Mais ce qui retient davantage l’attention, c’est la nature de la relation ambiguë qu’Anna va entretenir avec James Moriarty. Un étrange jeu du chat et de la souris, avec son alliance d’émotions contraires, entre syndrome de Stockholm, répugnance, volonté ardente de sauver son père, mais aussi attraction, désir trouble, et flamme inavouable. Un envoûtant huis clos, qui va durer cent-quatre-vingt-quatre jours, une réclusion remarquable d’intensité psychologique, au terme de laquelle Annelie Wendeberg a suffisamment d’énergie et de malice pour imposer quelques rebondissements remarquables.

    Le personnage de Sherlock Holmes a souvent été réemployé par des auteurs contemporains, avec un bonheur inégal. Annelie Wendeberg réussit le tour de force de ressusciter le plus fameux limier de la littérature en lui adjoignant un personnage féminin si marquant qu’elle en vient à lui tenir tête en terme de panache et de mémorabilité. Un succès total.

    04/11/2018 à 18:07 4

  • Androgyne

    Gérard Bertuzzi

    7/10 Une série de meurtres ensanglantent le Nord de la France. Rouen, Compiègne, Soissons. Des hommes poignardés. Le suspect est aperçu, mais vaguement. Est-ce un homme ? Une femme ? Impossible de se prononcer avec certitude. L’équipe de gendarmerie, menée par le commandant Bourbon, mène l’enquête.

    Gérard Bertuzzi, à qui l’on doit déjà Disparitions en Picardie, Le Sang des cors et Les Inconnus du vol 981 saisit d’entrée de jeu l’attention entière du lecteur. Un serial killer redoutable et nébuleux, des gendarmes sacrément tenaces et blagueurs, et une ambiance fertile en mystères. La plume est très agréable, alternant moments de tension, humour potache des limiers, et instants permettant de cerner, graduellement, la psyché de l’assassin. Les chapitres sont également dynamiques, particulièrement courts (un peu de mathématiques : quatre-vingt-seize chapitres pour environ cent-quatre-vingts pages), permettant d’alterner les divers points de vue. Les doutes des détectives vont se multiplier, les hypothèses échafaudées sont toutes intéressantes (comme celle d’un tueur sillonnant la nationale 31), avant que la lumière n’apparaisse progressivement. Une sombre histoire de représailles, toute en cruauté et en crédibilité. Si l’ensemble du livre est un petit régal qui mérite plus qu’amplement d’être découvert et médiatisé, on regrette juste que la personnalité du tueur en série n’ait pas été davantage creusée. En effet, l’idée de l’androgynie était alléchante mais n’est, au final, que peu abordée.

    Un roman où le noir et la dérision cohabitent avec bonheur, grâce à l’écriture efficace de Gérard Bertuzzi et à l’intelligence de ses propos. Vraiment un bon moment de lecture avec cette traque d’un androgyne… tonique.

    04/11/2018 à 18:05 2

  • Fatal Gaming

    Christian Grenier

    8/10 Logicielle enquête sur une série de disparitions inquiétantes. Des jeunes enlevées un peu partout en France, et dont le seul point commun semble être la pratique d’un jeu vidéo. Néanmoins, l’affaire ne va qu’aller en se compliquant, au point que Logicielle va devoir faire appel à son demi-frère Antoine.

    Ce roman issu de la série consacrée à Logicielle est un véritable régal. Il n’est pas nécessaire d’avoir lu les précédents romans, même si cela permet bien évidemment de mieux comprendre les psychologies des personnages. D’entrée de jeu, Christian Grenier happe l’attention de son lectorat avec cette histoire d’enlèvements avant de multiplier les mystères et les rebondissements. Car l’intrigue liminaire va vite s’obscurcir : quel rapport en effet avec des malversations immobilières, des vigiles un peu trop zélés, des migrants, une doyenne de cent-quinze ans à qui on a prélevé du sang, l’autisme et le transhumanisme ? Un incroyable feu d’artifice, mené de main de maître par l’un des auteurs pour la jeunesse les plus connus et reconnus. Beaucoup de tension et de suspense, d’intelligentes réflexions (surtout vers la fin de l’ouvrage) sur le handicap, les moyens de rendre l’homme meilleur, la fin de vie et le sort de l’humanité. Tout cela n’empêche nullement l’humour, louable et de bon goût, ainsi que de sympathiques relations entre les protagonistes, qui sont toujours aussi attachants et agréables à retrouver.

    Une nouvelle réussite littéraire de Christian Grenier, à la fois efficace et porteur de messages pertinents, en plus d’offrir aux aficionados de l’auteur un joli moyen, lors de l’épilogue, de créer une passerelle entre sa série consacrée à Logicielle et celle dédiée au chien policier Hercule.

    04/11/2018 à 18:01 3

  • Maigret se trompe

    Georges Simenon

    7/10 Le meurtre de Louise Filon, dite « Lulu », amène Maigret à enquêter sur un chirurgien de renom, Etienne Gouin, et surtout son entourage. Un nouveau régal, avec cette peinture acerbe de cet immeuble parisien, situé dans un quartier chic, et surtout de cet étrange microcosme où règne ce docteur émérite. Il attire les femmes, les fait rêver, leur permet de penser qu’elles sont importantes à partir du moment où, à un moment ou un autre, d’une manière ou d’une autre, elles veillent sur lui. Il est devenu le centre de gravité d’un cercle exclusivement constitué de dames, l’axe de rotation d’une planète de femmes, tout en se montrant indifférent à l’amour et à la parenté, tant qu’il est serein et avec une présence à ses côtés. Pendant ce temps, Maigret est toujours aussi fin, avec un passage intéressant, celui concernant l’étrange relation qu’il noue avec ce praticien, comme deux entités antinomiques, au début du huitième chapitre. Curieusement, je me suis laissé surprendre par le dénouement policier car j’avais encore en tête l’adaptation avec Bruno Cremer : or, dans ce téléfilm, la fin et l’identité du criminel a été modifiée. D’ailleurs, cas exceptionnel, j’avais préféré cette version, plus construite, plus recherchée. Cependant, cet opus demeure un bon livre à mon sens, original et bien mené, avec ce sempiternel plaisir que j’ai de découvrir l’œuvre de Georges Simenon, en gardant en tête l’immense quantité de livres qu’il a signés et qu’il me reste à lire.

    04/11/2018 à 08:54 4

  • Trace tome 1

    Kei Koga

    6/10 Un manga intéressant et qui commence bien. On y découvre Reiji Mano, expert en médecine légale, dont les parents ont été assassiné lorsqu’il était tout gamin, et qui s’est juré de faire éclater la vérité. Il est devenu un pro dans sa discipline, une qualité professionnelle qu’il conjugue avec une exigence tatillonne parfois rude, sait se montrer « borné » selon les termes employés par ses collègues, et à la fois observateur et maniaque au point de remarquer avec un certain dégoût un retard d’une minute et vingt-trois secondes sur la montre d’une collaboratrice. Ce premier tome se concentre davantage sur la pose du décor et des personnages, avec un zoom sympathique sur le métier d’analyste d’indices, avec pas mal de détails qui raviront les fans du genre. Pour le reste, le graphisme est très plaisant, mais il est encore bien trop tôt pour connaître la direction de la série, sa valeur globale, et si la saga sortira des chemins balisés et routiniers que l’on retrouve ici car, même si c’est agréable à lire, il n’y a pas grand-chose de nouveau en la matière.

    04/11/2018 à 08:52 1

  • Une proie si facile

    Laura Marshall

    8/10 Louise vient de recevoir un étrange message sur Facebook : Maria Weston lui demande d’être son amie sur le célèbre réseau social. Le problème, c’est que Maria est décédée vingt-sept ans plus tôt. Enfin, tout le monde la croit morte, mais nul n’a jamais retrouvé son corps. A cette époque, Louise ainsi que d’autres camarades de classe se sont mal comportés avec elle. Est-ce un canular ? L’amorce d’une vengeance ? Qui est derrière tout cela ? Quand une invitation encourage les anciens de l’école à se réunir, il se pourrait bien qu’un nouveau drame éclate.

    Sur un canevas classique, Laura Marshall a bâti un ouvrage à suspense crédible et très efficace. Très rapidement, le lecteur se retrouve plongé dans une ambiance mystérieuse à souhait, propice à la paranoïa et aux rebondissements. On découvre Louise, divorcée de Sam et maman d’un bout de chou de quatre ans, Henry, qui voit ressurgir, dès la première page de ce roman, un passé qu’elle pensait révolu, et surtout connu de très peu de personnes. L’époque des seize ans, des amours incertaines, des rivalités entre filles, des premières expérimentations des drogues. Le temps des lâchetés et de malveillances, au nom de rivalités claniques, pour être populaire ou avoir le droit de se joindre aux camarades les plus appréciées. L’apprentissage du sexe, également. Et lorsque que cette supposée Maria Weston réapparaît, c’est tout un pan de l'existence de Louise, mais également de son ex-mari, Sophie, Esther et des autres qui rejaillit de la conscience collective. Les mots de Laura Marshall sont fins, intelligents, et tissent des situations, des attitudes et des psychologies fort plausibles et humaines de bout en bout, entre indignités déplorées et souhait de rédemption, au point que chacun des personnages pourrait être l’une de nos amies, connaissances ou proches. Des individus écartelés entre une ancienne implication stupide et la volonté, peut-être, que rien ne soit mis à jour. Si l’intrigue ne ménage, en soi, guère de passages mémorables ou de suspense inoubliable, tout se révèle subtil et vraisemblable, au point de ne ressentir aucun temps mort et d’éprouver des sentiments changeants et contradictoires pour d’anciens bourreaux devenus victimes.

    Un livre certes classique mais très prenant, disséquant avec habileté les phénomènes de harcèlement, d’exclusion et de déchéance, au sein des adolescents comme des adultes.

    23/10/2018 à 11:56 4

  • Aurore de sang

    Alexis Aubenque

    7/10 Les aurores boréales s’apprêtent à attirer un grand nombre de touristes à White Forest, petite ville de l’Alaska. Dans le même temps, deux affaires apparaissent. Nimrod Russell, s’apprêtant à réintégrer la police locale, reçoit la visite de Judith Gibson, une ancienne compagne, parce que son mari semble avoir enlevé leur jeune fils Adam. C’est également le cadavre d’un inconnu que l’on découvre, en grande partie dévoré par les animaux des bois. Et qu’elle n’est pas la surprise des enquêteurs lorsqu’ils découvrent son identité.

    Avec ce roman, Alexis Aubenque poursuit sa route d’auteur français capable de tailler des croupières à ses homologues américains. Tout y est : l’ambiance irréelle d’une petite communauté, alourdie par la venue de multiples touristes à bords d’immenses paquebots pour observer des aurores boréales, les équipes du shérif, les journalistes, etc. Alexis Aubenque soigne indéniablement ces éléments, presque des jalons, caractéristiques de la littérature made in USA, même si certains personnages frôlent la caricature. Au niveau de l’intrigue, comme pour toute recette que l’on souhaite reproduire, l’écrivain aligne les divers ingrédients nécessaires : une secte, un reporter infiltré dans celle-ci, un meurtre énigmatique, des écoterroristes qui usent et abusent du sexe sans filtre et de la drogue, un hacker sacrément bon vivant, des accointances interlopes entre le milieu sectaire et des politiques, sans oublier les courses-poursuites et autres fusillades, presque nécessaires à ce type de littérature. Le rythme est très enlevé, avec une belle alternance entre les activités de Nimrod et de Tracy Bradshaw, sa collègue lieutenante. Certains passages sont amplement visuels, très cinématographiques, Alexis Aubenque calquant son écriture sur ce que l’on attend de lui. D’ailleurs, Nimrod prend une place bien particulière dans cet opus, avec quelques flashbacks intéressants, des zooms sur sa jeunesse et les relations houleuses entre sa mère et son père, ces rapports ayant d’ailleurs un rôle important dans cette enquête. Le double épilogue est à cet égard intéressant et inattendu.

    Un thriller réussi, habilement mené, proposant à son lectorat de quoi copieusement combler son appétit d’émotions fortes et de conventions littéraires issues de l’imagerie américaine, quitte à parfois être un peu manichéen et attendu.

    23/10/2018 à 11:50 4

  • Le Mystère de Barbe Bleue

    Christophe Miraucourt

    8/10 Barbe Bleue est un individu qui ne laisse pas indifférent. SDF, le visage rongé par une pilosité épaisse, il peut soit inquiéter soit attirer l’empathie des gens. Léa et Maxime se rangent dans la seconde catégorie de personnes. C’est en se rendant à la cabane qu’il occupe que les deux jeunes gens se rendent compte que Barbe Bleue a disparu. A-t-il fui ? Lui veut-on du mal ? Une nouvelle occasion pour notre duo de limiers de mener l’enquête.

    Ce troisième opus d’Enquête avec Léa séduit immédiatement. Ecriture alerte, chapitres courts et enlevés, personnages attachants, et une intrigue très bien troussée. Christophe Miraucourt, dont on avait déjà beaucoup apprécié Ce que je n’aurais pas dû voir, Surgi du passé, Crime Tattoo et La Signature du tueur dispose de l’expérience en littérature policière pour la jeunesse et use avec habileté de sa plume pour tisser une intrigue solide. Les rebondissements sont nombreux, et toujours intelligents et crédibles. L’une des particularités de cette série est également d’enchâsser des observations et autres notes de Léa qui viennent rompre le cours que l’on retrouve traditionnellement dans les romans, ce qui a pour effet non pas d’en casser le rythme, mais au contraire de permettre des instants de repos et de réflexion, même si ces pages ne constituent pas des énigmes insurmontables ni des moments indispensables.

    Une histoire alerte et enthousiasmante, qui confirme tout autant le talent narratif de Christophe Miraucourt que la qualité de cette série.

    23/10/2018 à 11:45 2

  • La Forêt des Mânes

    Jean-Christophe Grangé

    8/10 Cela faisait pas mal de temps que je n’avais pas lu d’ouvrages du sieur Grangé, ce qui explique que j’ai entrepris celui-ci avec un peu d’appréhension. Rapidement, j’ai retrouvé avec plaisir l’écriture typique de l’écrivain, véloce et travaillée. Le personnage de Jeanne m’a un peu tapé sur le système au départ, avec ses amours éconduites, ses sentiments, etc. (elle m’a fait penser au début à Nadia Lintz, la juge d’instruction dans la série « Boulevard du Palais »). Et puis le roman a pris son rythme de croisière : les meurtres sauvages, les mystères, et cette aura de ténèbres autour de tout cela. Beaucoup de citations et de références culturelles émaillent ce récit. Cela a été un régal de découvrir tant et tant sur des sujets fort variés, comme l’autisme, la préhistoire, l’art pariétal, la génétique, le sang, le métier de juge d’instruction, et puis, bien sûr, l’histoire et la géographie du Nicaragua, du Guatemala et de l’Argentine. Une sacrée cadence, et j’ai avalé les pages sans même m’en rendre compte. Un scénario dense, avec de nombreux rebondissements, et une Jeanne Korowa poussée dans ses ultimes retranchements, physiques et physiologiques, avec cette traque s’achevant dans cette forêt des « Non-Nés ». Quant au final, comme d’habitude, un peu trop vite évacué selon moi, mais à la réflexion, du rab n’aurait pas servi à grand-chose. Agréablement surpris par le double rebondissement final (même si je suis un peu plus dubitatif quant à celui concernant l’identité du tueur, que je trouve à la fois trop gros, et en plus un peu téléphoné, mais peut-être est-ce l’un des gimmicks de l’auteur), car il tisse, de fait, un lien inattendu et intéressant avec le contexte du roman, se nourrissant de lui-même. Au final, je me suis régalé avec cet opus, ai renoué avec l’univers de JCG, et je vais tâcher à l’avenir de lire ses rares ouvrages qui me manquent.

    22/10/2018 à 08:57 6

  • Il y a encore des noisetiers

    Georges Simenon

    8/10 … ou comment le banquier François Perret-Latour, vivant dans une forme d’isolement à soixante-quatorze ans dans son bel appartement donnant sur la Place Vendôme, avec seulement quelques domestiques (dont Mme Daven, sa gouvernante) en vient à reconsidérer sa propre existence et lui octroyer une nouvelle trajectoire lorsqu’il apprend le cancer de l’une de ses trois ex-épouses et le suicide de leur fils Donald. Il y sera question d’une forme de nostalgie pour cet homme qui n’attend plus grand-chose de la vie alors que cette dernière lui a beaucoup apporté, au moins du point de vue pécuniaire. Il va renouer des liens très forts avec sa famille, entre un fils qui se remarie avec une demoiselle bien plus jeune que lui, une petite-fille (Nathalie) qui est enceinte et dont le géniteur est parti. François est également un être charmant et intéressant, en bonne condition physique pour son âge, ayant des amitiés riches et sincères avec des hommes de loi et un médecin, Candille, qui vont lui rendre un immense service (sacrément culotté et en même temps d’une impressionnante humanité) à propos de l’enfant à venir de Nathalie. Toujours chez Georges Simenon, une écriture sèche, presque évidée, avec une immense économie de mots et de moyens, mais qui retranscrit à merveille les émotions et des situations de famille délicates et crédibles. J’ai été également très sensible à la relation avec sa gouvernante, Mme Daven, dont la timidité cache un passé douloureux et dont elle s’ouvre à lui dans un passage émouvant. Je ne résiste pas à retranscrire ici le passage qui donne son titre au roman : « Je regarde la haie et soudain je reconnais les feuilles d’un arbuste. Je regarde plus haut et je vois des noisettes encore vertes. Ainsi donc, malgré les avions, les autoroutes, l’élevage aux produits chimiques, il y a encore des noisetiers. […] C’est bête. Je suis tout surpris d’être ému. J’ai l’air d’avoir fait une découverte et je me répète : il y a encore des noisetiers… J’y vois comme un symbole. C’est assez flou dans mon esprit. Cela signifie sans doute que le monde a beau changer, il restera toujours des coins de fraîcheur ». Un bel ouvrage, très optimiste, sur la simplicité des sentiments éprouvés par un vieux monsieur, sur le seuil de sa propre mort, et qui retrouve une forme d’épanouissement et de bonheur auprès de ses proches et de sa famille.

    22/10/2018 à 08:52 4

  • Le Kaiser et le Roi des menottes

    Vivianne Perret

    8/10 En tournée européenne, le magicien Harry Houdini arrive à Berlin en octobre 1900. Le magnat de l’industrie Friedrich Alfred Krupp le convie dans sa magnifique demeure pour une représentation privée, avec le Kaiser Guillaume II en invité privilégié. Quand il s’agit de mesurer l’agilité de Houdini à ouvrir une chambre forte, c’est pour trouver à l’intérieur le cadavre d’une jeune femme morte asphyxiée. Le roi de l’escapologie mène l’enquête.

    Ce deuxième opus de la série mettant en scène Houdini en détective regorge des éléments que l’on avait découverts dans le précédent tome, ce qui ne peut que séduire. Vivianne Perret dresse un portrait particulièrement sympathique du célèbre illusionniste, doué pour les tours de magie tout en étant remarquable dès lors qu’il s’agit de procéder à des observations et des déductions. Ici, son épouse Bess ainsi que son assistant Jim obtiennent une part plus importante dans le livre. C’est un véritable régal que de se balader aux côtés de ces personnages si vivants dans le Berlin de 1900, que l’écrivaine nous rend si réaliste, depuis ses hauts-lieux jusqu’aux quartiers plus interlopes. L’intrigue est également savoureuse, singulièrement bien bâtie, avec son lot de rebondissements et autres fausses pistes, qui permet de juxtaposer, voire de mêler, divers éléments d’un arcane complexe. On retrouvera ainsi une histoire d’espionnage industriel, de vengeance, de chantage, de liberté sexuelle, de magie, de crochetage, d’amour éconduit, etc. Un très bon patchwork de cabales qui ne nuit nullement à la lisibilité du roman, et qui vient même en exhausser la saveur.

    Un nouvel ouvrage de très grande qualité signé Vivianne Perret où, comme il l’est expliqué dans la postface, nombre d’informations sont véridiques.

    10/10/2018 à 17:14 2

  • Rebelle en fuite et autres histoires

    Elmore Leonard

    7/10 Un an plus tôt, paraissait en France Charlie Martz et autres histoires, dont on pensait le plus grand bien. C’est maintenant au tour de cet autre recueil de nouvelles écrites par Elmore Leonard de nous parvenir. Sept très courtes histoires où brillent tous les éléments qui ont fait et continuent de constituer tout le talent de l’écrivain : dialogues secs et pertinents, des descriptions qui n’ont que la longueur nécessaire – c’est-à-dire quelques mots habilement choisis, et une aptitude remarquable à emmener le lecteur avec une immense économie de moyens. Charlie Martz en cowboy est de retour pour une histoire d’encoche illégitime sur son revolver, avec un duel à l’issue assez originale. Un honnête père de famille qui refuse de prendre les armes face à des intrus. Une ancienne terroriste malaisienne, « retournée » dans un camp de rééducation, devenue secrétaire et qui se retrouve confrontée à un fantôme de son passé. Encore plus que dans le précédent spicilège, les registres littéraires sont variés. Nous avons ainsi droit à une histoire d’adultère entre membres du personnel aéronautique, un ancien torero reconverti en ouvrier agricole convoqué dans une parodie de tauromachie humaine, une veuve qui va apporter une aide zélée et inattendue à un soldat durant la Guerre de Sécession, et une histoire de pure littérature blanche se déroulant dans un hôtel espagnol. La concision de ces récits les rend particulièrement digestibles, et c’est toujours avec entrain que l’on se laisse aguicher par ces décors si vite plantés, prendre par ces fictions, et emmener vers l’épilogue. Néanmoins, certaines nouvelles paraissent nettement moins séduisantes que d’autres, tandis que l’on retrouve cette même hétérogénéité au niveau des genres. Les côtés noir et policier semblent marquer le pas, ce que certains lecteurs apprécieront peut-être, afin de pouvoir apprécier une autre facette du génie d’Elmore Leonard.

    10/10/2018 à 17:11 2

  • Underground

    S. L. Grey

    6/10 Un terrible virus ravage l’Asie. Pour se protéger, des survivalistes intègrent un complexe souterrain, le Sanctuaire, dans le Maine. Plusieurs familles s’y regroupent et les portes du coffre-fort se referment. Mais la pression du huis clos, les psychoses des uns et des autres et un mystérieux assassin vont rendre l’intérieur de l’abri plus dangereux que l’extérieur.

    Voilà un livre ingénieux qui mixe plusieurs genres : whodunit, roman post-apocalyptique, thriller survivaliste, etc. On y retrouvera probablement l’influence du fameux Dix petits nègres d’Agatha Christie, cette fois-ci dans un décor de grotte cylindrique et artificielle tandis qu’un agent infectieux dévaste l’Asie. S. L. Grey tire son épingle du jeu avec une écriture simple et efficace, qui met en scène une série de personnages immédiatement identifiables : des ploucs fervents, un couple de bobos, un veuf et sa fille, des Asiatiques, etc. Certains lecteurs trouveront d’ailleurs ces individus trop classiques, voire stéréotypés, d’autant que les études psychologiques sont parfois légères. Paradoxalement, le livre se dévore rapidement, avec une alternance des protagonistes et des points de vue, tandis que les morts se succèdent. L’ambiance est bien rendue, et la claustration, avec la suffocation mentale qui en résulte légitimement, est aiguisée par des tourments multiples : le manque d’eau, l’hygiène approximative, les ressources de nourriture qui s’épuisent, la paranoïa galopante, les vices sexuels, ou encore les espoirs qui s’effilochent quant à une éventuelle sortie du souterrain. Des chapitres bien accrocheurs, qui maintiennent un suspense intéressant, et dont les ultimes pages seulement offrent une résolution à l’énigme. Mais celle-ci ne sera peut-être pas à la hauteur des attentes de tout le monde : elle peut éventuellement être inattendue, mais pas au point de marquer durablement les esprits, notamment en raison de la concision de l’introspection du meurtrier et le caractère assez commun de ses motivations. Juste les derniers paragraphes, ouverts à plusieurs interprétations, pourront réjouir.

    Un cadre intéressant et une histoire prenante de la part de S. L. Grey, mais auquel il manque un bouquet final plus abouti ou original pour être totalement convaincant.

    10/10/2018 à 17:09 5

  • Le Train

    Georges Simenon

    8/10 Le récit d’un exode, celui de Marcel Féron, vendeur de matériel radiophonique, et de sa famille constituée de sa femme et de sa fille. Lorsqu’il apprend l’invasion de pays voisins par l’Allemagne nazie, il monte dans un train avec nombre d’autres réfugiés. Marcel Féron est-il un héros ou un antihéros ? C’est surtout un être indifférent à tout et aux autres, presque heureux que le conflit armé éclate, surtout soucieux d’avoir consciencieusement sur lui sa paire de lunette de secours. Dans le wagon, il fera la connaissance d’Anna, jeune et attirante, qui a des origines juives. Un portrait saisissant de foules hétérogènes poussées sur les routes – ici ferrées, à cause de la guerre, et qui vivent une expérience étrange, engendrant des émotions contraires voire contradictoires, depuis le sexe tarifé dans le convoi avec la dénommée Julie à la peur légitime quand fondent les avions de combat, en passant par quelques fugaces scènes d’espoir. Et c’est au terme de cette péripétie, bien longtemps après, que Féron illustrera sa lâcheté, voire son indifférence si caractéristique, avec une attitude qui se montrera criminelle. Encore une fois chez Georges Simenon, une galerie de personnages rendue crédibles et terriblement crédibles en quelques traits de plume, une vision acerbe de la société, surtout lorsqu’elle est poussée dans les ultimes retranchements de l’humanité que l’on attend d’elle lorsque la situation le nécessite, et un pessimisme latent qui éclate dans les ultimes pages.

    08/10/2018 à 17:11 6

  • Fool's Paradise tome 1

    Misao, Ninjyamu

    7/10 Un manga, le premier d’une série qui semble bien poser les bases pour la suite. Une jeune chanteuse, Sela Hiragi, qui est victime, sur scène, lors d’un concert, de l’explosion d’une bombe qui lui sectionne la jambe. Ce que le livre pose, ce sont avant tout des personnages : Sela, bien sûr, mais également Tatsuya Kudo, son tuteur légal ; un agent vraiment cruel et cynique, même si ses réflexions sont malheureusement plausibles quant au futur de la carrière de la chanteuse ; Sadakiyo Ugajin, un vieux monsieur en apparence bien anodin mais qui est l’ancien surintendant général de la police ; Kazutaka Nichiya, un ancien poseur de bombes dans le métro, juste évoqué, treize ans à l’époque des faits, qui avait engendré 121 morts et 858 blessés, ayant ensuite subi un programme spécifique de réinsertion. Maintenant que le décor semble planté, j’ai un peu entendu parler de la suite des événements, d’autant que le résumé de la quatrième de couverture est beaucoup trop prolixe à ce niveau. Mais l’événement final de ce premier opus indique clairement la direction que prendra la suite des ouvrages. Un début calme et efficace, dont je retiens surtout ce pitch de volonté de la population de venger l’attentat contre Sela, et des réflexions intéressantes sur la peine de mort, la réadaptation des criminels, et les raisons qui président à la naissance d’idoles artistiques.

    08/10/2018 à 17:09 1

  • Passé double

    Patrick S. Vast

    8/10 Parce qu’elle meurt d’envie de refaire sa vie en Australie, Cindy Fromont accepte un emploi assez particulier : devenir la dame de compagnie de Rosemonde Busine. Mais lorsque cette dernière lui demande de modifier son apparence et de désormais se faire prénommer Hélène, Cindy comprend que son travail sera plus ambigu que prévu. Ce n’est d’ailleurs que le premier d’un des engrenages qui vont conduire à leur perte tous les protagonistes de cette étrange histoire.

    Patrick S. Vast nous enchante depuis quelques années avec des ouvrages forts et originaux, comme La Veuve de Béthune, Boulogne stress ou Angoisse à louer, pour ne citer qu’eux. A chaque fois, la structure du roman est la même, presque une signature : des individus lambda qui, au gré d’une situation d’apparence badine, vont s’entrechoquer et être broyés par une intrigue aux répercussions multiples et souvent fatales. Ici, il s’agit d’une quinquagénaire qui souhaite que Cindy prenne l’aspect et la place de sa fille, Hélène. Ce subterfuge sera à l’origine de bien des tensions et des morts, car les conséquences de ce manège vont aller bien au-delà de la simple badinerie. On retrouve en effet, en orbite autour de cette « nouvelle Hélène », des personnages nombreux. Jean, le fils alcoolique de Rosemonde. Gérard Alves, désormais entrepreneur dans la construction et dont l’entreprise est en équilibre précaire. Octave et Henriette, les deux domestiques de Rosemonde, ainsi que Marie, sa « rabatteuse ». Paul Froideval, dit Paulo, le compagnon d’infortune de Cindy, que les expédients louches n’effraient pas. Une délicieuse palette d’individus, à la fois simplement décrits et fort crédibles dans leurs attitudes et psychologies. On s’en doute, Patrick S. Vast saura les malmener, leur faire nouer des alliances éphémères, les monter les uns contre les autres, les faire céder à la tentation ou les pousser au crime. Une bien habile structure, solide et riche, où pas le moindre mot, paragraphe ou scène n’est en trop. Une écriture limpide, roulant avec plaisir sous les yeux du lecteur, glissant sur la soie de cette toile d’araignée au centre de laquelle, bien évidemment, on trouve Rosemonde Busine, prête à sortir ses chélicères. Et si, en plus, on apprend que sont en jeu des bijoux, un passé de cambriolages et un accident de la route, on peut être certain que des drames, voire des tragédies, vont survenir.

    Un nouveau régal littéraire de la part de Patrick S. Vast, qui, après Potions amères, signe donc ce deuxième livre aux Editions du Chat moiré. Sur son blog, on apprend que l’écriture du troisième tome est déjà bien avancée, et l’on ne peut que s’en réjouir.

    24/09/2018 à 19:56 5

  • Une Rançon pour Bichon

    Christian Grenier

    8/10 Sur une aire d’autoroute, alors que toute la famille se rend en vacances, Hercule, notre fameux chat policier, entend des gémissements provenir d’une voiture voisine. Il rentre dans l’habitacle et y découvre un mastiff tibétain, qui se révèle être le chien tout juste enlevé contre demande de rançon de Madame Bettenlon, la femme la plus fortunée au monde.

    Ce nouvel opus de la série consacrée au chat policier Hercule réunit tout ce qui fait le succès des précédents ouvrages. Un chat particulièrement espiègle et malicieux, qui en vient à se mettre les pattes dans les embêtements jusqu’au cou. On y retrouve donc tout le savoir-faire de Christian Grenier, chevronné auteur de littérature qui sait amplement imaginer et narrer une histoire pour les plus jeunes. Les rebondissements sont nombreux, depuis l’épisode du garage des deux kidnappeurs jusqu’à l’arrivée dans le zoo. Ce sont aussi de joyeuses pages, constellées d’un humour bienvenu, avec notamment un des ravisseurs, Roméo, particulièrement bête, le chien enlevé qui s’est trop habitué à une condition de vie fastueuse pour faire le moindre effort physique, ou encore la propriétaire de Bichon, qui s’imagine que tout a un prix, et qui ne saurait nullement être, ne serait-ce que par son patronyme, une référence à feu Liliane Bettencourt.

    Un frétillant roman policier mâtiné d’aventures, et qui entremêle drôlerie et réflexions sur le commerce des animaux et la valeur de l’argent.

    24/09/2018 à 19:50 2