El Marco Modérateur

3490 votes

  • Crime au « Bar du Peuple »

    René Byzance

    7/10 8 août 1946, à Saint-Crépin. Gonzague Raveau, dit « Le Professeur », a quitté le tumulte parisien pour choisir d’être affecté dans une brigade mobile. Comme il n’est guère argenté, il est descendu au « Bar du peuple », tenu par Victor et Martine. Mais le crime semble collé aux basques du policier : on retrouve Martine au matin, égorgée, une feuille en partie déchirée dans la main, le tiroir-caisse vidé.
    Une intrigue fort sympathique pour une enquête bien et rondement menée par ce Professeur, limier intéressant, solitaire et sociable, malin et doué pour déchiffrer les énigmes humaines, mais aussi capable d’un sacré coup de bluff final pour faire craquer un criminel. L’histoire, courte, nous fera remonter jusqu’à un passé, quelques années plus tôt, stationné à Douala, au Cameroun. Un ton très agréable, une prose qui se paie le luxe de se montrer appétissante, cherchant les beaux mots au lieu de simplement se montrer descriptifs et, même si j’ai trouvé le final un peu abrupt, voilà un texte qui m’a réjoui.

    22/09/2021 à 20:07 1

  • Akumetsu tome 11

    Yoshiaki Tabata, Yûki Yogo

    7/10 La confrontation entre Akumetsu et Gamon ainsi que les hommes de ce dernier se poursuit dans le pavillon… avant de repartir aussitôt sur la Lamborghini Countach sur laquelle est agrippé le corrompu. Un manga aussi fou-fou que les précédents, avec ses pamphlets contre les corruptions politico-financières, avec un nouvel adversaire, Kenzô Michinaga, et agrémentés d’un petit rappel historique quant à la construction des routes dans le Japon de l’après-guerre. Vraiment plaisant et distrayant, dans le ton comme dans la forme.

    20/09/2021 à 16:39 1

  • Blaze

    Stephen King

    8/10 … ou comment Clay Blaisdell Junior, jeté gamin plusieurs fois du haut de l’escalier par son paternel au point d’en être resté intellectuellement amoindri, en vient à élaborer un plan avec son copain George : enlever un gamin pour se faire de l’argent, en l’occurrence Joe Gerard. Sauf que, bien évidemment, rien ne va se passer comme prévu, d’autant que George est mort et que Blaze, bien plus bête que méchant, n’est pas au bout de ses propres bêtises. Dès la préface, l’immense Stephen King explique le cheminement de son texte, les références qui sont les siennes (depuis Jim Thompson jusqu’à Cain et McCoy en passant par « Des Souris et des hommes »), et l’on voit de quel type d’ouvrage il va s’agir : une forme d’hommage à une littérature ancienne, presque perdue, typiquement américaine. Je me suis sans mal laissé prendre par l’écriture du maestro, et me suis pris de sympathie pour ce colosse de Blaze à l’intérieur duquel s’agite encore un petit enfant perdu, de même que j’ai pas mal ri de ses propres âneries (quand il revient sur les lieux de son hold-up en indiquant au propriétaire que, cette fois-ci, il n’a pas oublié de se mettre un bas sur le visage, ou quand il donne son nom complet à l’opératrice téléphonique pour appeler les parents du babiche kidnappé, ne se rendant compte de sa bourde que deux heures plus tard). J’ai également apprécié la construction du livre, avec des flashbacks pour nous expliquer le cheminement psychologique et moral de Blaze, les moments qui ont marqué sa jeunesse (le pensionnat, le chien tué, son déniaisement, sa rencontre avec George, leurs larcins, etc.), flashbacks qui, intelligemment, ne se présentent pas par ordre chronologique. Pas mal d’émotion également dans la relation naissante entre notre (anti)héros et le poupon, et quelque chose d’intéressant dans celle entre Blaze et George, décédé d’un coup de couteau à cran d’arrêt mais s’adressant toujours à son camarade (ou plus exactement à son cerveau perturbé). Bref, un bien bon moment de lecture, même si quelques passages sont attendus (notamment le final) et d’autres déjà lus ailleurs, mais j’ai véritablement trouvé de la densité et de l’humanité dans ce roman marginal de Stephen King, qui mérite amplement d’être (re)découvert, ne serait-ce que par cette agréable note dissonante et néanmoins réussie qu’il constitue au sein de sa bibliographie.

    16/09/2021 à 18:36 3

  • Le Meurtre d'un ange

    Frédéric Sipline

    3/10 Tancrède Ardant s’apprête à cambrioler le château de Labrouhe où réside la famille de Bonnay lorsqu’il observe le spectre évanescent d’une jeune et belle dame puis découvre le cadavre d’une femme, étranglée. Il revient alors au château en rapportant le butin volé et fait du chantage auprès de Mechthilde, la sœur de Mathilde, la défunte, pour rester quelque temps sur place et mener son enquête.
    Une enquête qui commence de façon intrigante, avec cette histoire de fantôme et de cambrioleur au cœur bien plus grand et sensible que ne le laissent présager les apparences. Ce Tancrède Ardant, en réalité Laloy, est habile de ses mains, souple et athlétique, et plutôt perspicace, même si sa tendance à soliloquer a eu tendance à me taper sur le système. Mais pour le reste du récit, mon intérêt s’est vite arrêté là : paradoxalement, une nouvelle qui présente des longueurs, un mobile ordinaire de façon abyssale, des personnages stéréotypés (mis à part le père des sœurs, certes malade mais capable de pas mal de promesses de sévices pour démasquer l’assassin de l’une de ses filles), un ton agréable mais pas phénoménal, une intrigue qui est tout sauf mémorable, une fin si gentillette, si sucrée, qu’elle en devient risible, et le fait que ça n’est finalement pas Tancrède qui résout l’énigme, le relayant au rang de cambrioleur certes zélé et bienveillant, mais finalement assez fadasse. Bref, sans être un ratage complet, cette nouvelle est à mes yeux un joyeux fiasco.

    15/09/2021 à 17:44 2

  • Hors-la-loi

    Robert Muchamore

    8/10 Fay Hoyt a eu une enfance brisée. Quand elle avait dix ans, elle est rentrée du supermarché pour découvrir sa mère découpée en morceaux. Quelques années plus tard, sa tante, avec laquelle elle faisait des cambriolages visant des malfrats, a été étouffé en prison alors qu’elle attendait son procès. Elle-même a fini en détention après avoir salement blessé un policier à la joue. La racine commune de ces malheurs ? Erasto Ali Anwar, dit « Hagar », trafiquant de drogue et individu redoutable. Fay est déterminée à le punir, et l’unité CHERUB va tout faire pour l’aider dans sa croisade vengeresse.

    Ce quatrième opus de la série Aramov est une pure réussite. On est immédiatement subjugués par le style de Robert Muchamore, vif et efficace, qui nous plonge au cœur de l’action. Pas le moindre temps mort au sein de ce roman destiné aux jeunes, certes, mais dont certains passages – dialogues parfois crus, passages à tabac, tortures et exécutions – tendent également à s’adresser à un public plus âgé. On y suit la quête de Fay, petit bout de femme de quinze ans qui a vu sa mère puis sa tante assassinées par le terrible Hagar, trafiquant de drogue anglais dont les activités sont très diversifiées et la personnalité intimidante. Dans le même temps, l’organisation CHERUB, grâce à laquelle Robert Muchamore a conquis un très large lectorat, va s’intéresser de près à ce puissant gangster, avec l’envoi de deux de ses agents, Ning et Ryan, infiltrer son gang, développer une guerre ouverte avec une bande concurrente et tâcher de le démanteler en faisant apparaître au grand jour qui sont les réels donneurs d’ordres. Un travail qui n’ira pas sans s’accompagner de coups de force, fusillades, intimidations et autres éclats de violence

    Robert Muchamore nous régale d’un bout à l’autre avec ce livre enfiévré et trépidant, où la dureté de quelques scènes fait légitimement écho à la brutalité des monstres qu’il s’agit ici de foudroyer.

    13/09/2021 à 20:19 3

  • La Couronne d'Ogotaï

    Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme

    6/10 Thorgal, encore sous le charme et devenu Shaïgan-sans-merci, reçoit un coup de couteau dans le dos tandis que Kriss de Valnor se poignarde et se défenestre. Joal, Darek et Lehla subissent une énorme tempête et naufragent. Jolan est recueilli par un dénommé Jaax, et le voilà de retour dans le village des Xinjins grâce à un voyage temporel, trente mille ans plus tard. La couronne d’Ogotaï pourrait permettre à Jolan de se déplacer dans le temps pour sauver son père et intervenir avant son assassinat. Un thème du déplacement dans le temps assez classique mais bien exploité, pour une BD plutôt prenante quoique parfois un peu bavarde à mon goût.

    12/09/2021 à 20:20 2

  • La Marque des bannis

    Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme

    6/10 Alors qu’Aaricia, Jolan et Louve sont sans nouvelles de leur père, un dénommé Erik est de retour au village, blessé, et prétend que le terrible Shaïgan-sans-merci qui règne sur les flots avec son bateau d’assaut n’est autre que Thorgal. Aaricia est marquée au fer rouge au visage comme tous les bannis, puis elle et ses deux enfants sont ostracisés. Un tome qui a le mérite de s’intéresser d’un peu plus près à Aaricia et à ses gamins, et qui, sans être mémorable, fait la part belle aux enfants puisque ces derniers ne vont pas manquer de ressources ni de courage pour se dresser contre l’adversité.

    11/09/2021 à 16:43 2

  • Crépuscule

    Jean-Luc Istin, Jacques Lamontagne

    7/10 Gwenc’hlan et ses amis druides risquent leur vie face aux hommes de Verus tandis que les Pictes s’en prennent aux Vikings. Le frère Gwénolé est toujours pris de remords pour ses mauvaises actions, et cette fois-ci, l’action va se poursuivre en Amérique du Nord. Les ultimes révélations apparaissent, dévoilant la teneur du complot, un peu trop attendue et téléphonée à mon goût, pas de quoi tomber de sa chaise, mais l’ensemble est finalement plutôt bien mené. En revanche, surprise avec un meurtre sauvage dans la dernière image qui relance la série et nous mène directement vers les trois derniers tomes.

    11/09/2021 à 16:41 1

  • Orphelines

    Franck Bouysse

    8/10 Elle s’appelait Michèle Partenay, et un homme vient de découvrir son cadavre dans une carrière de tuf. Mains et pieds tranchés. Pour enquêter sur ce crime atroce, deux policiers : Bélony et Dalençon, des professionnels que tout oppose, ce qui n’empêche nullement une forme indéniable de camaraderie. Et il va leur en falloir, de l’affection, pour remonter la piste de ce tueur, puisque d’autres corps ne vont pas tarder à être retrouvés.

    De Franck Bouysse, on connaît principalement, entre autres, Né d’aucune femme, Grossir le ciel, Glaise, ou encore son dernier ouvrage, Buveurs de vent, et c’est avec plaisir que l’on (re)découvre ce Orphelines, écrit en 2013. Le texte est très court (environ deux cents pages), et l’on retrouve l’écriture si magnifique de l’auteur, empreinte de poésie et de lyrisme, au point que l’on s’attarde à de nombreuses – et délicieuses – reprises pour lire et relire certains passages. Par exemple, le portrait qui est dressé de l’une des victimes de l’assassin, Eva Myskina, dont le père a été l’un des sacrifiés, pardon, l’un des « liquidateurs » après la catastrophe de Tchernobyl, est un pur festin de mots et de maux. Les deux protagonistes retiennent également l’attention. Bélon est un policier bourru dont l’épouse vient de décéder après un long coma, rejoignant dans le trépas leur fille unique Mathilde après un terrible accident de la route. Dalençon est également une enquêtrice fort sympathique, errant d’une liaison sans lendemain à une autre, et dont les parents coexistent de façon mémorable. Entre ces deux limiers, une puissante fraternité, une amitié forte, presque une relation de substitution père-fille, qui va être mise à l’épreuve par cette traque au prédateur. Le tueur en série détonne avec cette mise en scène de corps massacrés, cabossés, reproduisant un schéma peu conventionnel, et laissant sur ses proies des messages énigmatiques – une partition du Temps des cerises, un extrait d’une chanson de Christophe, des aliments bien particuliers dans le système digestif de ses victimes, etc. Les pages, peu nombreuses, défilent à toute allure et sans le moindre temps mort, et l’on ne finit par regretter qu’un léger manque d’originalité dans le profil psychologique du monstre.

    Un roman prenant et efficace, où la forme – remarquable et enivrante – l’emporte, voire magnifie le fond, et où la plume de Franck Bouysse s’impose comme une poétesse de premier ordre.

    10/09/2021 à 05:52 4

  • Nigredo, l'oeuvre au noir

    Jérémy, Alexandro Jodorowsky

    7/10 Dans le nord de l’Espagne, dans le temple secret des Chevaliers d’Héliopolis, Dix-sept doit prouver son aptitude au combat… ou mourir. Parce qu’il vient de gagner, on lui apprend que cet individu à la fois homme et femme s’appelle en réalité Louis XVII et qu’il est le fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, le prétendu véritable Louis XVII n’étant qu’un bâtard, attardé mental, que le Roi a eu avec une servante. Il va revenir en France pour réclamer le trône qui lui est dû.
    Une esthétique absolument remarquable, des graphismes envoûtants, pour un cocktail détonnant qui apparaît dès les premières planches. Jugez plutôt : au terme d’un combat contre un singe géant qui ressemble à King Kong et est habillé en karatéka (oui, vous avez bien lu…), Dix-sept parvient à le briser avec une prise de judo (bah quoi, c’est pas con, dans le fond…), puis au combat à l’épée (allons bon…), et le bat après une diversion au cours de laquelle il s’est montré nu (c’est sûr qu’un singe géant doit être surpris par un individu avec à la fois un sifflet et de la poitrine). Un étrange mélange d’arts martiaux, d’alchimie, de sexe, d’une atmosphère à la « Assassin’s Creed », d’immenses libertés avec l’Histoire (Jean-Paul Marat non pas tué par Charlotte Corday mais par ladite servante) alors que dans le même temps, on nous présente un Louis XVIII plus vrai que nature. Franchement, c’est du énième degré difficilement défendable, et c’est peut-être justement ce qui en constitue l’attrait principal. Je vais continuer, histoire de voir où ça me mène.

    08/09/2021 à 20:29 1

  • Survivre

    Jerry Frissen, Francesco Trifogli

    7/10 Si l’aède chante le courageux combat de Thésée contre le monstrueux Minotaure, il est aussitôt rappelé à la vérité quand une inconnue lui signifie que tout ceci n’est que balivernes. En réalité, la légende est féminine et non masculine. On a alors droit à un long flashback au cours duquel on suit les périples d’une jeune femme qui a connu la violence des hommes, leurs appétits sexuels également, et a appris à se battre comme une gladiatrice pour mieux se venger de ceux qui l’ont livrée en pâture, dont son propre père. Une relecture ambitieuse et réussie d’un épisode célébrissime de la mythologie grecque, au gré d’un récit ponctué de nombreuses scènes de sexe et de sang et au graphisme volontairement assagi, presque jailli d’une ou deux décennies en arrière.

    06/09/2021 à 20:34 2

  • Pierre

    José Robledo, Marcial Toledano

    7/10 Pierre Fermat est un boxeur qui sait exploiter les emportements de ses adversaires autant qu’il maîtrise les mathématiques. Son ami Thierry-Jean Feuille est banquier. Anne, sa copine, est une institutrice très douée dans l’écriture. Tout cela est-il vrai ? Anne vivote avec un job de serveuse dans un bar. TJ joue au poker. Un soir, tout s’écroule pour chacun d’eux : TJ tombe sur un mauvais joueur qui lui rafle ses gains, Pierre est battu par un boxeur qui n’entrait pas dans son système de raisonnement mathématique, et Anne est violée. Chacun des membres de ce trio va, individuellement, prendre sa revanche. Un premier tome étrange, à l’esthétique léchée, presque aseptisée, où tombent les premiers mensonges. Je ne vois pas du tout comment vont se dérouler les opus suivants ni comment l’histoire va se mettre en place, mais tout ça m’intrigue.

    05/09/2021 à 20:34 2

  • Akumetsu tome 10

    Yoshiaki Tabata, Yûki Yogo

    6/10 On reprend là où l’on était resté avec l’opus précédent, avec Akumetsu à bord de sa Countach. Un tome presque intégralement constitué de cette longue course-poursuite, avec la traque du député et de nouveau les diatribes d’Akumetsu contre les corruptions politico-financières. Distractif et agréable, sans plus.

    04/09/2021 à 08:25 1

  • Règlements de contes

    Jérémy Bouquin

    8/10 Le baron Sylvestre Perodin est attaqué à son domicile orléanais par trois inconnus dont les cagoules imitent des faciès de cochons. Ce magnat était alors avec une prostituée obèse, le spécimen dont il raffole, et une vidéo où on le voit dans le plus simple appareil est postée sur Internet. Son garde du corps est abattu. Pour mener l’enquête, Philippe Grenier, de la DCRI, et le capitaine Thomas Gambert. Mais l’affaire s’avère rapidement bien plus sombre, et nos deux limiers, si différents l’un de l’autre, vont affronter des forces manipulatrices issues à la fois des milieux anarchistes, des mercenaires et des renseignements généraux.

    Jérémy Bouquin nous offrait en 2012 cet opus noir et de grande qualité. Dès l’entame, on est pris par la construction soigneuse de l’auteur, sa plume maîtrisée, son art consommé pour les dialogues qui claquent, et les personnages croustillants. Du duo d’enquêteurs, c’est surtout Philippe Grenier qui retient l’attention : âgé, les poumons mités par les cigarettes qu’il s’envoie comme d’autres respirent, vivant à l’état de SDF dans son break transformé en logis de fortune, encore manœuvré par le général Crépin, et au trouble passé de barbouze habitué aux coups de force au nom de la sacrosainte raison d’État. L’intrigue se révèle bien plus riche et glauque que ne le laisse présumer l’entame et le résumé : si nos trois petits cochons – surnom donné aux malfaiteurs qui vont également braquer un casino – peuvent de prime abord faire sourire voire rire, l’investigation mettra en lumière le revers peu reluisant de la république, des magouilles politiques aux emplois réservés aux nervis censés servir la cause de la nation, en passant par des exécutions – pardon, des neutralisations – afin de taire certains secrets trop sulfureux. Jérémy Bouquin noue des liens avec d’autres de ses œuvres, comme Le Printemps des barges ou Le Nègre du flic où l’on retrouve Remy Martingon, journaliste qui apparaît dans cette histoire. Le final, loin d’être convenu, se montre aussi noir que l’ensemble du livre, avec quelques rebondissements bien sentis et l’envie d’applaudir l’ensemble de ce roman où l’écrivain Jérémy Bouquin se distingue avec lard et la manière.

    Un ouvrage fort et prenant, dont le titre n’est pas sans rappeler les meilleurs jeux de mots de la série du Poulpe. Si l’ensemble est de la pure fiction, impossible de ne pas penser à l’affaire Pierre Goldman, ou à la société militaire privée Academi, anciennement « Blackwater », quand est ici mentionnée l’entreprise de mercenariat « Eau trouble ». Mais bien évidemment, toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait purement fortuite…

    03/09/2021 à 06:33 1

  • Akumetsu tome 9

    Yoshiaki Tabata, Yûki Yogo

    7/10 Petit flashback autour de cette histoire de fauteuil roulant armé (faut dire que l’idée était loin d’être mauvaise), et c’est reparti : Akumetsu semble s’intéresser à un homme appelé Gamon ainsi qu’à une histoire de détournement d’argent autour de constructions autoroutières. Notre héros vengeur retourne à la « pêche au mal ». Un bon cocktail action et dénonciation des magouilles politico-financières, même si c’est ce dernier point qui prend le pas sur le premier.

    01/09/2021 à 18:11 1

  • Au-delà des brumes

    Jean-Luc Istin, Guy Michel

    7/10 Le capitaine Hannibal Mériadec s’est mis en tête de récupérer le trésor amassé par le terrible Mel-Talec. Après avoir capturé deux elfes, il se met en quête de ce magot avec son équipage à bord du Mac Lir et débarque sur une île. Le schéma classique des pirates et de la chasse au trésor dans lequel s’enchâssent des éléments de fantasy comme la présence d’elfes (capables de se montrer très voraces, voire cannibales), pour une aventure prenante et récréative qui ne réinvente pas le genre mais m’a permis de passer un chouette moment de lecture.

    28/08/2021 à 08:19 2

  • Le Club du feu d'enfer

    José Moselli

    7/10 Une histoire qui commence comme un simple fait divers : un jeune homme cherche à se noyer dans le port de San Francisco mais est sauvé in extremis. La raison ? Il est très lourdement endetté après avoir joué au « Club du feu d’enfer », où il a déjà dilapidé huit cents dix mille dollars, perdus face au colonel Grégorio Berludez y Campos. Mais il se pourrait bien que ce club cache d’autres secrets… et que John Strobbins ait décidé d’y fourrer son nez. Une histoire agréable, gentiment menée, avec son duel aux cartes entre ce Streefield et le colonel, certes, mais qui trouve à mes yeux bien davantage d’allant par la suite, avec ce mort découvert dans le coffre-fort, la disparition d’une somme colossale (pardon : « kolossale »), et l’espèce de chantage orchestré par la suite avec une jolie manipulation à la clef. José Moselli a astucieusement bâti son histoire, sans grand éclair d’originalité ni aspect mémorable, mais ça se laisse bien lire et ça permet de passer un bon moment. Autre point plus flagrant : le sentiment antiallemand, avec cette espèce de paranoïa face au « Boche » : à défaut d’être légitime, elle s’explique par le contexte histoire (nous sommes en décembre 1914).

    26/08/2021 à 23:36 2

  • Le Choc de Carnac

    Sophie Marvaud

    8/10 4700 ans avant notre ère. Le Géant, un commerçant habitué aux grands périples est assassiné par des flèches. Autres éléments troublants : les objets qu’il possédait ont été dérobés, et son crâne, ouvert, laisse penser que l’on a mangé son cerveau. Dans le même temps, les Cultivateurs veulent étendre leur village, voire développer une colonie, sans pour autant entrer en guerre avec les Pêcheurs de la côte ou les Nomades de la Forêt-des-Buttes. Afin de comprendre ce qui s’est passé, trois femmes, émanant chacune de l’une de ces ethnies, vont mener l’enquête, avec à leur tête La Vivace, une Cultivatrice particulièrement sagace et courageuse.

    Sophie Marvaud s’est fait une spécialité d’emporter son lecteur dans des époques lointaines : l’Antiquité (Adieu Pompéi), la Première Guerre mondiale (Suzie la rebelle dans la Grande guerre), ou la Préhistoire (Meurtre chez les Magdaléniens), et c’est justement à cette époque – plus exactement le Néolithique – qu’elle nous invite pour ce Choc de Carnac. L’ouvrage, très réussi, mêle les éléments du classique whodunit à l’aventure, en passant par une description délicieuse et fort instructive de cette époque, assez peu exploitée dans la littérature policière. L’histoire est très intéressante, ménageant de nombreuses fausses pistes, et ça n’est que dans les ultimes pages que l’on obtiendra la résolution de l’énigme, crédible et marquante, qui se paie en outre le luxe d’être, au choix, intemporelle ou d’une incroyable modernité. Qui a bien pu s’en prendre à ce colosse qui revenait au village à intervalles réguliers, toujours prompt à narrer les expériences de ses voyages, et assez pacifique ? Secrets de famille, chamanisme, luttes pour le pouvoir, négociations politiques et trahisons, cannibalisme, de multiples ingrédients viennent alimenter un récit très bien bâti et intelligent, même si l’on peut, de temps en temps, regretter que la langue de Sophie Marvaud se montre un peu trop simple. Parallèlement, cette reproduction de la société préhistorique tient amplement la route, et la bibliographie présentée à la fin de l’ouvrage est consistante et n’a pu qu’aider l’écrivaine à construire un panorama historiquement valable. Quel régal que de se cultiver aux côtés de La Vivace, petit bout de femme sec et hardi !

    Un roman à la fois distractif, didactique et atypique, et qui ne cède à aucune mode littéraire. Une véritable gageure doublée d’une réussite indéniable.

    26/08/2021 à 08:14 6

  • Business Blues

    Philippe Francq, Jean Van Hamme

    7/10 Après une épigraphe de Molière et un résumé des événements précédents, on replonge dans les magouilles financières. On lui réclame 1382614277 dollars et 37 cents en guise de droits de succession. Une fois de plus, je regrette les deux premiers opus de la BD, un peu plus musclés, moins bavards, mais quelques moments plus agités (combat contre l’archer, treuillage, coffre-fort piégé, fusillade sur l’autoroute) et l’intelligence du montage financier font néanmoins de ce tome une réussite.

    25/08/2021 à 08:11 1

  • Infection tome 3

    Toru Oikawa

    4/10 Une esthétique léchée pour ce manga où l’on retrouve ces « porteurs », des êtres humains infestés d’asticots, également morts-vivants… et les défauts des précédents opus. D’entrée de jeu, ces pompiers judokas/sprinteurs/karatékas/quarterbacks/presque superhéros, c’est du grand-guignol consommé. Les plans érotiques tombent à plat (une jeune femme qui vient d’être libérée des zombies qui prend bien son temps pour faire sa toilette intime, avec gros plans à la clef, pfff…), et tout ça sent sacrément le réchauffé, mais presque immangeable. Seul le porteur géant apparaissant à la toute fin peut, éventuellement, épicer l’avis global quant à ce tome. Je verrai dans le quatrième ce qu’il en est de cette espèce de créature, mais après, je pense vraiment que je vais m’arrêter.

    23/08/2021 à 08:13 1