El Marco Modérateur

3710 votes

  • Blood + A tome 1

    Kumiko Suekane

    2/10 J’avais bien aimé de Kumiko Suekane son premier tome de « Afterschool Charisma » et détesté celui de « Versailles Of The Dead », aussi me suis-je lancé avec un esprit un peu défiant dans cette autre série de l’auteur… et j’aurais peut-être mieux fait de m’abstenir. Des dessins japonisants à outrance (évidemment, aucun racisme de ma part, je trouve juste lourdement idiot de représenter des personnes ayant véritablement vécu sous des traits passés à la moulinette de la culture dont on provient, ce qui est, là, à mes yeux, du racisme), une ambiance manga débordant d’une allégresse si éloignée de l’historicité, une ambiance anachronique détestable (les musiciens qui apparaissent et jouent comme des rockstars, pitié…), le concept des vampires qui déboule d’un coup dans le scénario non pas comme un chien dans un jeu de quilles mais comme un éléphant obèse et rhumatique sur le dancefloor, des persos lisses et interchangeables au point que je les ai souvent mélangés, des bavardages inutiles et liquoreux (c’est tellement sucré et balourd que ça ressemble à de la meringue liquide). Je me suis ennuyé et agacé d’un bout à l’autre. J’ai l’autre tome sous la main : je vais me le faire vite fait, comme on se débarrasse d’une corvée, et aussi pour savoir si la suite et fin est aussi pourrie que ce premier tome.

    29/05/2022 à 17:14 2

  • Alice in Borderland tome 8

    Haro Asô

    8/10 Pas mécontent que la phase dans le palace soit achevée. Bref… Voilà nos « joueurs » dans un tunnel dont l’un des côtés est bloqué par une explosion. Un compte à rebours est enclenché, même s’ils ne savent pas encore quelles seront exactement les épreuves. Au programme : un guépard affamé, une inondation, des crocodiles, un froid polaire, une immense vague de feu et pas mal d’entourloupes. Je retrouve le panache des premiers opus pour cette série distractive et prenante. Un tome en deux temps, le premier étant une espèce d’entracte, tandis que le suivant nous permet de retrouver les personnages principaux, où un sniper muni de balles anti-char a décidé de faire un carton.

    28/05/2022 à 10:01 2

  • La Trace pâle

    Pierre Christin, Annie Goetzinger

    3/10 La suite directe du précédent tome. S’y entremêlent espionnage, l’étude d’un tableau où se trouve une inscription en cyrillique, etc. Malheureusement, je n’accroche toujours pas, et je crois que je vais en rester là pour cette série après ce second essai infructueux. Des dialogues longs et pénibles de platitude, un total manque d’action, de tension et de suspense (le moment le plus affolant et dingo, c’est tout de même Edith glissant sur du verglas…), et des rappels incessants et irritants au déroulé temporel (genre « Plus tard », « Un peu plus tard » et même « Vraiment plus tard, le même soir… »). J’ai été incapable de m’enthousiasmer pour cette BD comme pour cette série, c’est davantage une profonde léthargie qui m’a envahi, une torpeur à peu près égale à celle du scénario. Seul véritable point positif, mais très secondaire : m’avoir appris qui était Trofim Lyssenko, mais c’est méchamment maigre.

    28/05/2022 à 10:00 2

  • Nao

    Thierry Cailleteau, Olivier Vatine

    6/10 Suite à une catastrophe dans un vaisseau spatial, un bébé est évacué en urgence et livré à l’espace. Quelques années plus tard, il atterrit sur Aquablue, une planète apparemment habitable, où vivent des êtres anthropoïdes avec lesquels il apprend graduellement à vivre, jusqu’à ce qu’arrivent des Terriens… Un graphisme qui a vieilli (normal, la BD date de 1988) pour un sujet un brin naïf mais agréable à suivre, plutôt sympathique, mêlant aventures, robotique, SF (surannée, certes, mais loin d’être inintéressante), avec parfois des bavardages barbants et un côté surhomme du héros qui peut agacer.

    27/05/2022 à 06:57 3

  • City of Windows

    Robert Pobi

    9/10 Un tir de sniper, absolument prodigieux, envoie ad patres un conducteur de voiture dans New York, emportant littéralement sa tête. La victime appartient au FBI, et ce dernier décide de faire appel à Lucas Page, astrophysicien de génie, professeur à l’université, mais également expert en balistique. D’autres personnes se font alors abattre, sans lien apparent, à chaque fois d’un tir absolument inouï, et le canardeur ne semble pas décidé à s’arrêter en si bon chemin. Le début d’une traque ponctuée de cadavres, qui fera remonter les enquêteurs jusqu’à une tragédie – volontairement – oubliée, celle de Bible Hill.
    Je ne découvre qu’assez tard ce roman, et je dois dire que je me suis ré-ga-lé. Un thriller parfaitement calibré, taillé comme une balle, et atteignant mon cœur d’amateur de romans hollywoodiens, quand ceux-ci revêtent l’âme de ce qui se fait de mieux en la matière. Des chapitres particulièrement courts (parfois une ou deux pages), une écriture remarquable, des dialogues qui font mouche et où transparaissent un humour à froid de haute volée. J’ai adoré ce personnage de Lucas Page, et le fait que Robert Pobi, par touches intéressantes, nous fasse découvrir son passé pour le moins cabossé (notamment son adoption par cette Madame Page, sa marraine de cœur), est bien vu. Voilà un personnage pour le moins original : le résumé le dit « atteint du syndrome d’Asperger », mais ça n’apparaît jamais (ou alors ai-je zappé cet élément) dans le texte. Une jambe, un bras et un œil prosthétiques, une intelligence remarquable de sagacité, une famille composée d’enfants adoptés, en couple avec sa chère Erin, pédopsychiatre, et avec un caractère où l’agacement, l’emportement et l’irritabilité le disputent à l’humour, de (rares) sourires à la clef. Son acolyte, Whitaker, dont on ne connaît le prénom qu’à la dernière page, est également juste : une Noire solide, qui équilibre à sa façon le caractère génial de Page, capable de donner la réponse à la question que son interlocuteur n’a pas encore prononcée mais juste pensée. L’intrigue est aussi très solide, sans un mot de trop ni le moindre temps mort, nous permettant de côtoyer les milieux atterrants et opaques des milices, survivalistes, adeptes de l’autodéfense, complotistes de tout poil, racistes invétérés et autres défenseurs jusqu’au-boutistes des armes à feu (les passages où l’on découvre des Américains au milieu de dizaines d’armes et de milliers de cartouches sont à la fois vertigineuses, consternantes et malheureusement crédibles). L’histoire tient également la route, avec la lente mise à nu de ce qui s’est passé à Bible Hill, probablement inspiré de faits divers, et offrant un socle de plausibilité hautement efficace). C’est bien simple, c’est typiquement le genre de thrillers que j’adore : de l’action, de l’humour, des personnages consistants, mais également une âme, un esprit, de la profondeur. Deux – minuscules – regrets : on n’apprend pas dans cet opus ce qui a massacré le corps de Page, mais peut-être le saura-t-on dans un autre volume (un autre déjà paru, également traduit en France, « Serial Bomber », et un autre à paraître aux Etats-Unis, « Do No Harm »). L’autre, c’est le côté presque « magique » grâce auquel Page arrive si facilement à deviner les endroits d’où sont partis les tirs : qu’il soit brillant, ait ses propres méthodes de décryptage toponymique, ses ressorts intimes, oui, c’est bien expliqué, mais que ça nous tombe, à nous lecteurs, tout cuit dans le bec sans une amorce d’explication vulgarisée ni même de renseignements balistiques, c’est un peu gros, et ça m’a privé d’une partie du plaisir, comme une déduction trop aérienne, éthérée, inaccessible, bref, insaisissable. Mais ça n’a en rien gâché le plaisir que j’ai eu à lire ce livre, vraiment brillant.

    23/05/2022 à 18:35 9

  • Tokyo Revengers tome 1

    Ken Wakui

    8/10 Quand il apprend qu’Hinata Tachibana, « la seule meuf avec qui [il est] sorti de toute [sa] vie, est morte, Takemichi, qui mène une existence très morne, se retrouve subitement projeté douze ans en arrière, du temps où il était collégien, et où il appartenait à un gang qui faisait fureur dans son établissement. Il se trouve que le gang adverse de l’époque sera responsable – donc douze ans plus tard – de la mort d’Hinata. Et ce premier saut dans le passé, à défaut de sauver la jeune fille, va préserver quelqu’un d’autre. Il n’a donc plus qu’une idée en tête : revenir dans le passé pour sauver Hinata. Quitte à côtoyer de très près Manjiro Sano, dit « Mikey », le redoutable chef de la bande qui tuera Hinata.
    Un graphisme très typé manga, nuancé par de nombreux propos grossiers, et un scénario qui rappellera sans doute « Terminator », « Un Jour sans fin » et « Edge Of Tomorrow », mais avec beaucoup d’habileté. Je me suis laissé prendre par cette histoire et les rebondissements, tout en me demandant comment va pouvoir évoluer cette série. Je serai certainement au rendez-vous des prochains tomes.

    22/05/2022 à 20:37 2

  • L'Escalier de fer

    Georges Simenon

    9/10 Etienne Lomel en est intimement persuadé : on essaie de l’empoisonner. Il est victime de crises depuis quelque temps (nausées, maux de ventre, vertiges, etc.) et notre scrupuleusement ls symptômes. La seule personne qui peut lui faire subir en catimini ce calvaire ne peut être que son épouse, la belle et désirable Louise. Le doute se met à le ronger encore plus sévèrement que ce que l’on essaie de lui faire ingurgiter à son insu, et il en vient autant à s’interroger sur son couple que sur les raisons qui pourraient pousser Louise à vouloir le tuer : et s’il était en train de subir le même sort que Guillaume, le premier mari de sa femme, qui, à sa mort, « était si maigre, quand il est mort, que les hommes qui l’ont mis dans le cercueil […] ont dit qu’il ne pesait pas plus qu’un enfant de dix ans » ?
    Une énième réussite littéraire pour Georges Simenon dont je ne me lasse pas de découvrir l’immense œuvre, avec un plaisir constant. Des mots simples, des évocations fulgurantes, des images qui saisissent, et des interrogations pertinentes de lucidité quant au devenir d’un couple apparemment lambda. J’avais vu l’adaptation télévisuelle (avec Laurent Gerra, assez mauvais selon moi, et Annelise Hesme, solaire comme à son habitude), et je découvre que ce roman a été assez fidèlement adapté. Une belle économie de moyens pour un résultat à la fois sulfureux, impressionnant de maîtrise, et un récit qui jamais n’ennuie alors que tout y est pourtant assez calme et apaisé. La manière si singulière que l’écrivain a de faire naître la suspicion chez Etienne est remarquable, avec notamment un final sombre et épuré, d’une rare habileté, et qui s’impose comme un épilogue au moins aussi réussi que tout ce qui l’a précédé. Bref, un nouveau coup de cœur pour ce roman noir intemporel et prodigieux de percussion psychologique.

    21/05/2022 à 08:17 3

  • Kharis

    Jerry Frissen, Peter Snejbjerg

    5/10 Flashback en 1957 avec une expédition programmée vers la Lune où il est déjà question de ces mystérieux sarcophages. Le mystérieux Hélius révèle son identité autant que sa mission : cet humanoïde doit faire en sorte que les extraterrestres restent dans leurs sarcophages. Un récit toujours ponctué de moments antérieurs (ici, une attaque à Alméria, en Espagne, cent quarante-deux ans avant notre ère), avec un graphisme plutôt simpliste mais agréable, et un scénario panachant Terminator, Alien et autres références cinématographiques de renom. Cependant, comme pour l’opus précédent, j’ai du mal à situer la série : est-ce volontairement de la pure série B ? Car rien de très original ni de percutant ne m’a encore sauté aux yeux. A voir ce que le troisième et dernier tome donnera…

    19/05/2022 à 19:38

  • L'Homme à la peau de bique

    Maurice Leblanc

    9/10 A Saint-Nicolas, tout le monde voit un véhicule foncer dans le village avant de disparaître avec, à son bord, un conducteur « couvert d’une peau de bique, coiffé de fourrure, le visage masqué de grosses lunettes » ainsi qu’une passagère « dont la tête ensanglantée pendait au-dessus du capot » tandis que la malheureuse hurlait. La femme est retrouvée dans un virage impossible à négocier à vive allure, décédée, mais le chauffeur s’est volatilisé. L’affaire se complique encore par la suite au point qu’un journaliste écrit : « Tous les Sherlock Holmes du monde n’y verraient que du feu, et Arsène Lupin lui-même, passez-moi l’expression, donnerait sa langue au chat ». Sauf qu’Arsène Lupin en personne est piqué dans son amour-propre et résoudre à distance cette énigme… en s’appuyant sur un célèbre écrit d’Edgar Allan Poe.
    Une histoire très prenante et où le tragique de la situation de départ – des morts et une femme à la tête écrasée par une grosse pierre, tout de même, contraste avec la légèreté de la démonstration faite par l’immense Arsène Lupin. Une solution finalement bête comme chou et d’autant plus prenante, primo, qu’elle se montre crédible et, deuxio, elle est le prétexte pour Maurice Leblanc d’incliner son chapeau à l’égard de Poe avec la formule suivante : « Vous voyez bien que ma lettre n’était pas absolument inutile, et que l’on peut se permettre de redire aux gens ce qu’ils n’ont appris que pour l’oublier ». Un excellent moment de lecture.

    18/05/2022 à 18:00 1

  • Psychometrer Eiji tome 4

    Masashi Asaki, Shin Kibayashi

    7/10 Un groupe de musiciennes, les « Square Dolls », sont harcelées par un mystérieux personnage, jusqu’à ce que l’une d’elles, Izumi Okamura, soit assassinée, le cadavre mis en scène. Un ton d’entrée de jeu beaucoup plus sombre que dans les précédents opus, et un graphisme toujours réussi (cf. notamment l’agression de la deuxième chanteuse, efficace et anxiogène). Un petit passage en mode clin d’œil avec la rencontre en prison d’Akira Sawaki, un tueur assez marquant avec cette longue langue pendante, et un scénario qui tient bien la route et se laisse lire avec plaisir jusqu’aux dernières pages.

    17/05/2022 à 20:34 1

  • Qui est cet homme ?

    Marcel Priollet

    6/10 Madame d’Orsen vient rendre visite à Claude Prince, le détective radiesthésiste, pour une affaire assez délicate. Par le passé, elle a éconduit l’amour de son cousin, Henri Burguet, afin de pouvoir épouser Christian dont elle était follement éprise. Mais au quatrième mois de la Première Guerre mondiale, Christian a été porté disparu. Henri revient à la charge, et elle et lui se jurent qu’un an après la fin des combats, sans nouvelles de Christian, ils se marieront. Sauf que Christian est de retour ; trépané, amoindri, fugueur, certes, mais là. Et voilà que Henri trouve en Belgique, à Ramscapelle, une tombe portant le nom de ce cher Christian. Dix-huit ans après le retour du l’être aimé, Claude Prince va donc devoir tirer le vrai du faux.
    Une nouvelle avec un scénario intéressant, une écriture agréable et une belle concision. J’ai un instant cru que le chapitre 3 venait apporter trop rapidement et trop facilement les ficelles de l’intrigue, mais l’auteur a préservé quelques rebondissements ultérieurs bienvenus, ce dont je me réjouis, d’autant que le final est assez ouvert même si Marcel Priollet imagine ce qui va pouvoir se passer sous peu. Un bon moment d’une lecture distractive. Je regrette en revanche que le protagoniste qu’est Claude Prince ne soit pas un peu plus caractéristique.

    16/05/2022 à 18:10 1

  • Opération Judas

    Pierre-Mony Chan, Jean-Luc Sala

    6/10 Avec force gadgets, un commando infiltre un supposé chantier archéologique au Canada pour récupérer quelque chose étant en lien avec les Templiers. Après un prologue se déroulant au XIVe siècle, un début assez musclé et agréable, même s’il n’a rien de très original. Un tueur à gage de la mafia, Angelo Costanza, est « prêté » au Vatican afin d’aider d’Agostino, la membre du commando précédemment cité. Une BD pour le moment classique, avec une esthétique sympa, un contenu divertissant, un graphisme léché et proche de celui du jeu vidéo, avec quelques aimables touches d’humour.

    14/05/2022 à 17:52 1

  • Dead Tube tome 16

    Touta Kitakawa, Mikoto Yamaguchi

    7/10 On rembraie directement sur la fin du tome précédent, avec la psychologie d’un des personnages qui nous est dévoilée : il croyait connaître le bonheur avec sa femme mais s’est vite rendu compte que c’était faux. Il pense au suicide avant de découvrir le Dead Tube et de se déchaîner dans un déluge de violence, devenant à son tour un évangéliste du bonheur », à savoir un tortionnaire du sexe et de la violence. Beaucoup plus de noirceur et de psychologie (et également de bavardages) que dans de précédents opus. Un paraplégique qui cache son jeu de pervers et un tome qui m’a donc davantage accroché que d’autres qui se perdaient dans l’ultraviolence stérile.

    14/05/2022 à 17:51 1

  • Les Cloueurs de Nuit

    Bruno Gazzotti, Fabien Vehlmann

    7/10 Yvan essaie de vivre à Kerdol, et Camille le retrouve… dans une hallucination. Et c’est un bus qui sort des eaux, avec à son bord des enfants zombies qui s’en prennent à la maison qu’Yvan venait de fortifier de planches de bois… en posant eux-mêmes des planches à l’extérieur. Une ambiance très curieuse, presque délirante (il y est tout de même question de mouettes qui emportent un bras tout juste coupé…), où « Le Ravaudeur » et ses fidèles « Cloueurs de la nuit » apportent cette note de peur. Un bon opus, agréable et toujours aussi joli du point de vue graphique, et le dessin final, canonnant, annonce peut-être un virage dans la série.

    12/05/2022 à 18:41

  • The Fable tome 5

    Katsuhisa Minami

    6/10 Kojima fait toujours la démonstration de sa froide sociopathie tandis que le disciple de « The Fable » se montre de plus en plus empressé à lui démontrer l’étendue de sa passion pour lui. C’est parfois un peu longuet et bavard (cf. la scène du bar avec Yuuki). L’ensemble demeure très crédible, agréable à suivre et très réussi graphiquement, mais il manque à mon goût un bon coup de pied aux fesses du scénario pour relancer la série et lui donner davantage de dynamisme.

    10/05/2022 à 20:35 1

  • Alienés

    Fabrice Papillon

    7/10 A près de 400 kilomètres de la Terre, Bob Jenkins meurt éventré dans une station orbitale. Il n’y a que cinq autres astronautes qui ont pu ainsi le tuer, mais pourquoi ? Dans le même temps, Louise Vernay, commandante à la PJ de Lyon enquête sur un assassinat tout aussi étrange : Tony Jermal, ressortissant américain, est retrouvé éviscéré dans une galerie souterraine. Quel peut bien être le lien entre ces deux homicides si similaires ? Il faudra l’aide de Frère Lupo, dit Federico, ainsi que celle d’Ethan Miller, le petit-neveu de l’écrivain sulfureux Henry Miller, pour tirer cette affaire au clair et répondre à la question qui frémit sur toutes les lèvres : doit-on voir dans ces actes atroces l’œuvre d’une entité extraterrestre ?

    Après Le Dernier Hyver et Régression, Fabrice Papillon nous revient avec ce thriller fantastique qui débute sur les chapeaux de roues. Il captive dès le début avec ce meurtre dans l’espace – une première dans le genre – tandis qu’une exécution presque symétrique a lieu sous la surface de la Terre, dans un réseau de galeries dont la configuration intrigue. On sent très rapidement l’empreinte d’autres auteurs américains, comme Michael Crichton, Dan Brown ou encore Raymond Khoury : le cocktail est explosif et ne laisse guère aucun temps de répit au lecteur. De nombreuses histoires s’entremêlent dans ce récit : religion, éventuelle présence extraterrestre, nouvelles technologies, manœuvres militaires, enjeux géopolitiques, espionnage, manipulations à l’échelle mondiale et tout autant de rebondissements bienvenus. Louise Vernay compose une protagoniste détonante : à quarante-deux ans, grande amatrice de joints et d’alcool, elle a un franc-parler qui décoiffe et n’est pas sans rappeler le capitaine Marleau, un zeste de féminité en plus. Il lui faudra toute sa détermination pour percer à jour un incroyable complot, mais cela ne pourra pas se faire sans l’appui hautement efficace de son binôme de fortune, Ethan Miller, astronaute également et qui dispose de forts revenus pour le moins douteux. Journaliste scientifique, Fabrice Papillon maîtrise indéniablement son sujet, tous les tenants et aboutissants de son œuvre, et c’est un régal de suivre le périple qu’il impose à ses personnages, de la France aux Etats-Unis en passant par le Mexique et le Vatican, avec une décontraction qui n’empêche nullement une belle démonstration de son savoir presque livresque. Parallèlement, il cède parfois aux sirènes de quelques clichés et autres facilités scénaristiques, faisant par exemple de Miller un personnage photoshopé, indestructible et trop parfait pour être crédible. Néanmoins, son roman regorge de coups de théâtre, et les cinq cents pages de cet ouvrage défilent à toute allure, mettant à nu une cabale originale qu’il est impossible d’évoquer sans rien gâcher mais où il est question de la toxoplasmose. Et ne soyez pas surpris de voir le Président Joe Biden ou encore Elon Musk eux-mêmes intervenir, dans des initiatives qui peuvent sans difficulté être qualifiées de calomnieuses : au royaume de la fiction, tout semble permis !

    S’il ne ralliera pas nécessairement les suffrages des lecteurs allergiques aux histoires de conspirations, de technologies innovantes et d’extraterrestres, Fabrice Papillon démontre la fougue de son imagination via ce thriller haletant et hautement inflammable à défaut d’être complètement plausible, aussi distractif qu’érudit.

    10/05/2022 à 06:56 4

  • Le Puits des abîmes

    Christophe Bec, Xavier Dorison

    7/10 On retrouve nos soldats qui ont gagné l’air libre dans le sanctuaire et sont victimes d’hallucinations sordides, sortes de phobies (notamment avec des araignées), et un lien s’opère avec un passé remontant à la Seconde Guerre mondiale. Des maladies terribles s’abattent sur les hommes (peste, leishmaniose et autres) et l’ambiance globale de ce tome devient indéniablement plus inquiétante, féroce voire gore. Mon intérêt reprend donc pour cette série jusqu’à cette scène clôturant cet opus, à savoir la salle des sacrifices. On est bien d’accord, ça n’a rien de bien inédit, mais c’est bien fait et prenant à lire.

    09/05/2022 à 18:40 1

  • Kah-Aniel

    Grzegorz Rosinski, Yves Sente

    7/10 Aniel est toujours loin des siens, et son père, Thorgal, cherche à le retrouver : on lui parle de la confrérie des magiciens et de la ville de Bag Dadh. Une belle esthétique rendant hommage à l’univers des « Mille et une nuits » et autres contes du genre, avec sables mouvants, tempête de sable, caravanes dans le désert, même si la forme – magnifique – prend le pas sur une histoire un peu délayée, malgré le final où Aniel semble prendre une autonomie inattendue par rapport à son paternel.

    07/05/2022 à 08:09 3

  • Dead Tube tome 15

    Touta Kitakawa, Mikoto Yamaguchi

    7/10 Retour au « Dead Tube Neo », la nouvelle version de cette perversion informatique et partagée sur les réseaux sociaux, et ces terribles et mystérieux « évangélistes du bonheur ». Avertissement néanmoins aux âmes sensibles (mes commentaires sur les précédents tomes ont déjà dû les informer) : ça commence par une scène de masturbation puis d’amour (lesbien). Eno tombe graduellement dans le piège de la pornographie soft et de la violence tout en conservant ses scrupules qui l’empêchent d’aller plus loin, mais résistera-t-elle encore longtemps à ce dilemme, par exemple lorsqu’on lui propose de filmer la mutilation d’un SDF bien vivant ? Un opus bien sombre et dérangeant, à mille lieues des délires mangas et de superhéros comme on a pu en croiser antérieurement.

    05/05/2022 à 18:58 1

  • Point de non-retour

    M. J. Arlidge

    7/10 Jodie Haynes, quinze ans, arrive dans son nouveau foyer, le troisième. Elle a perdu ses parents, malveillants et violents, assassinés par sa sœur Marianne qui purge une lourde peine de prison. Elle a du mal à trouver sa place autant dans la société que dans ce centre où sont domiciliées des adolescentes de son âge déjà bien fracassées par la vie, certaines se montrant même agressives et dangereuses. Mais la disparition de l’une des pensionnaires va mener celle qui s’appellera par la suite Helen Grace vers d’autres démons.

    M. J. Arlidge offre, avec cette nouvelle, un véritable cadeau à ses fans, avec une histoire prenant place bien avant qu’Helen Grace n’officie en tant que policière. Ecrit à la première personne, cette cinquantaine de pages nous dévoile un personnage déjà martyrisé par son passé, encline à la suspicion et exposé à la toxicité du monde des adultes. On connaissait déjà l’auteur pour ses romans forts, aux intrigues marquantes et articulés autour de chapitres courts et enlevés, et on en reconnaît ici la patte dès l’entame. Un récit haletant, tout en bruit et en fureur, et, même s’il se déploie autour d’une intrigue assez classique, cette histoire n’en demeure pas moins efficace et réussie. Certes, elle se destine en priorité aux aficionados de la série consacrée à Helen Grace, mais indéniablement, voilà amplement de quoi alimenter leur attachement à cette policière si particulière, au caractère déjà bien trempé.

    05/05/2022 à 06:59 4