El Marco Modérateur

3673 votes

  • Les Désarmés - Tome 2

    Mezzo, Michel Pirus

    8/10 Dernier tome de ce diptyque : l’accident automobile dans le véhicule avec un mort que les deux rescapés enferment avec des pierres dans l’habitacle. Des personnages toujours aussi croustillants qui s’illustrent notamment lors du second braquage qui tourne littéralement au bain de sang. Un final très typé western, aussi dur et sombre que certains aspects de l’intrigue qui, même si elle est finalement classique, porte un second tome à mon avis supérieur au premier.

    09/06/2025 à 07:57 1

  • Petits contes macabres

    Becky Cloonan, James Harren, Mike Mignola, Eric Powell

    6/10 Une salve de contes déclinés dans une maison londonienne du XIXe siècle : un voyage dans l’espace à l’intérieur d’un aérostat, le fantôme du Kelpie et de son cavalier qui sortent des eaux pour s’en prendre à une jeune femme, une interprétation du « Jabberwock » de Lewis Carroll, une apparition liée à une malédiction. Des récits très classiques et composites mais c’est l’épilogue que je retiendrai, finalement : inattendu et plutôt réjouissant.

    07/06/2025 à 17:25 1

  • La Fille du batelier

    Andy Davidson

    9/10 Alors âgée de onze ans, Miranda a vu son père s’enfoncer dans les bayous de l’Arkansas. Depuis cette nuit tragique, elle a bien grandi et vit à présent avec Littlefish et la vieille Iskra. Habituée à vivre à la dure, chassant régulièrement avec arc et flèches, elle trempe dans un trafic de drogue dans lesquels sont également impliqués un pasteur aliéné et deux policiers véreux. L’équilibre de ce territoire va rapidement basculer dans la démence et le sang.

    Qui a déjà lu l’incroyable Dans la vallée du soleil sait qu’Andy Davidson n’est pas un auteur comme un autre et que ses récits sont hallucinés. On retrouve instantanément sa plume si caractéristique (longues descriptions, dialogues plutôt rares, tirets cadratins inclus dans une syntaxe réinventée) ainsi que son univers atypique. Les personnages étranges voire complètement barrés qui peuplent ce roman sont, une fois de plus, particulièrement marquants, rôdant autour de la propriété de Sabbath House. Il y a Iskra Krupin, la vieille sorcière qui s’y connaît en maléfices ; le nain John Avery ; Littlefish, ce gamin bizarre né de la forêt et doté d’écailles et de doigts palmés ; Miranda, chasseuse émérite qui n’a jamais retrouvé le cadavre de son père ; Billy Cotton, pasteur illuminé qui pleure encore la disparition de son épouse Lena ; le policier Riddle, qui a perdu un œil quand il a essayé de violer Miranda alors qu’elle était encore une gamine. La Nature compose également un protagoniste important dans ce livre, et Andy Davidson livre de magnifiques descriptions des lieux, de la faune et de la flore, avec toujours ces nuances si particulières de noirceur et d’occultisme. D’ailleurs, ce texte est on ne peut plus infernal : on y croise quelques créatures jaillies des replis des bois et de la nuit – l’auteur indique dans ses remerciements s’être inspiré du folklore russe – et l’histoire est absolument fantastique, à tous les sens du terme. De nombreux passages sont mémorables (la confrontation avec les bikers, le final de Cotton, le mot final de cet opus qui apporte une lueur d’espoir) et l’ensemble est tout bonnement fascinant. On ressort de cette lecture désarçonné, essoré, foré par tant de coups de boutoir des ténèbres, captivé par les multiples sortilèges qui cannibalisent ce bayou.

    Un roman singulier, peuplé d’âmes égarées, de démons à peine humains et de malheureux pécheurs cherchant la rédemption. Une œuvre redoutable et qui, à défaut de séduire la plupart des lecteurs, saura envoûter les plus exigeants d’entre eux.

    06/06/2025 à 06:45 3

  • L'Evangile de la colère

    Ghislain Gilberti

    8/10 Seth Kohl a été réintégré au sein de la police et une sordide affaire fait surface : une série d’atroces homicides ensanglante la région parisienne. Une piste apparaît : le tueur s’inspire des danses macabres. L’équipe de Kohl et de la capitaine Céline Fauvel vont tout mettre en œuvre pour stopper ce monstre.

    Ghislain Gilberti compte marquer les esprits avec ce thriller sous testostérone, et cela se sent dès le prologue au cours duquel Kohl, encore surnommé « le Zombie », porte secours à deux enquêteurs en bien mauvaise posture. On se doute dès cette entame qu’il y aura du sang, des tripes et de la violence. Tout au long des pages de ce roman, l’écrivain déploie son imagination et laisse libre cours à sa fécondité littéraire, avec force moments de haute tension, de sauvagerie et de profilage. Les divers policiers sont bien sentis, de Kohl – qui a connu une longue traversée du désert avec des addictions toxicologiques suite à l’assassinat de son frère, de son épouse et de sa fille, lui qui est un vétéran qui n’a rien oublié de ses réflexes de mort – à Céline Fauvel – habile profileuse – en passant par les divers membres de la famille Baptista. L’ensemble est extrêmement nerveux, bien écrit, et les amateurs de pics d’adrénaline seront ravis. En tout, de l’aveu même du criminel, ce sont « vingt-neuf personnes » qui tomberont au gré de la croisade saturée de mysticisme et de religiosité extrémiste. Ghislain Gilberti inclut quelques – rares – moments d’humour dans les dialogues ou dans des clins d’œil (notamment un à l’égard de Jean-Marc Souvira, et un autre à propos de son propre ouvrage Dynamique du chaos), mais c’est bien le sombre des ténèbres et l’écarlate du sang qui prédominent amplement dans ce livre. D’ailleurs, si on peut reprocher à l’écrivain quelques longueurs superflues et un déluge d’homicides, force est de reconnaître son indéniable talent de narrateur.

    Une partition certes classique pour ce thriller, mais les notes qui y sont épinglées sont rythmées, noires et accrocheuses – amplement aptes à contenter les fans du genre.

    05/06/2025 à 06:48 2

  • La Reine du noir

    Julia Bartz

    8/10 Alex – la narratrice –, Keira, Taylor, Wren et Poppy : elles sont cinq jeunes auteures à avoir décroché la possibilité de participer à une retraite d’un mois dans les Adirondacks afin de se lancer pleinement dans l’écriture et achever leurs romans respectifs. Leur hôte ? L’écrivaine Roza Vallo, éminente artiste sulfureuse dont la plume féministe est adulée par des millions de lectrices. Mais une fois arrivées au manoir de Blackbriar, les pensionnaires prennent rapidement conscience d’une ambiance à la fois pesante et ténébreuse : peut-être est-ce lié au passé des lieux, quand la demeure appartenait à Horace et Daphné, tous les deux retrouvés morts après des séances de spiritisme beaucoup trop poussées. Et toutes les cinq de comprendre que ce séjour pourrait bien tourner au cauchemar.

    Ce premier roman de Julia Bartz happe le lecteur dès le début. Instantanément, la plume de l’écrivaine séduit autant qu’elle ensorcelle. L’atmosphère si inquiétante de la propriété produit des stimuli d’angoisse autant que de la fièvre. Les protagonistes sont travaillées, le décor octroie un net sentiment de tension, et le récit distille graduellement ce qu’il faut de noirceur tout en demeurant crédible. Nos autrices en herbe vont être confrontées à des épisodes détonants, d’une cure de LSD à des injonctions littéraires pour le moins abruptes de la part de leur mécène en passant d’étranges cadeaux et une tempête de neige envahissante, et leur sororité sera mise à mal par des ruptures profondes autant que par des trahisons. Julia Bartz signe une intrigue prenante d’un bout à l’autre, avec parfois quelques éléments scénaristiques attendus, mais ce huis clos s’avère redoutable d’efficacité : le piège tendu à nos héroïnes est captivant et les considérations quant à la littérature en général et à l’écriture en particulier sont frappées du sceau du bon sens. Les extraits de La Grande Transmission, l’ouvrage que rédige Alex lors de cette retraite artistique, offrent un bel écho aux événements contemporains du livre et l’ensemble se conclut de manière habile.

    Un thriller de haute volée, féministe à sa façon, et présentant un personnage mémorable - Roza Vallo en l’occurrence, à la fois psychopathe, manipulatrice, torturée et diablement inspiratrice.

    04/06/2025 à 06:59 3

  • Du feu de Dieu

    Jean-Pierre Rumeau

    9/10 Patrick Patras a quarante-et-un ans, un physique de dégingandé, il est myope et atteint de bégaiements, et après une adolescence bousculée, il a trouvé la paix dans les bras de Dieu en épousant la prêtrise. Sa vocation est aussi liée à sa rencontre avec le père Rémy, devenu son mentor, avec lequel il partage les douleurs de ses contemporains, dans les EHPAD ou les hôpitaux. A l’église Saint-Louis de Fontainebleau, les deux hommes sont agressés par un duo de jeunes femmes, le père Rémy est assassiné, émasculé et crucifié. Pour Patrick, c’est le début d’une longue et intolérable descente aux enfers, au bout de laquelle se trouve la vengeance, et peut-être également une forme de rédemption.

    Jean-Pierre Rumeau signe ici un roman d’une rare noirceur. La plume de l’auteur sait prendre son temps pour planter le décor, les personnages, les relations parfois complexes qui les connectent, et livre de beaux passages sur la religion, la confiance en un éventuel au-delà céleste, les affres du doute quand la maladie ou la mort fauche brutalement et avec iniquité les individus. Patrick Patras s’impose rapidement comme un protagoniste marquant, loin des stéréotypes redoutés du genre, à la fois fragile dans son apparence comme dans son âme, sujet aux errances et à la perte presque totale de repères moraux, prêt à l’apostasie pour céder à l’amour charnel, à la violence physique et à la tentation du meurtre. Jean-Pierre Rumeau aurait pu nous livrer une énième version des séries de films Taken ou Un Justicier dans la ville, avec force effets pyrotechniques et autres combats à mains nues, mais il n’en est strictement rien – et c’est tant mieux : il s’agit d’un ouvrage intrinsèquement sombre, tortueux, qui tangue et saigne, émeut et choque, secoue et surprend. En fait, même l’enquête policière passe au second plan et ce sont essentiellement le portrait psychologique de Patrick ainsi que le chemin menant aux représailles qu’il va emprunter qui sont au cœur du récit. Les scènes finales, dans la grotte, aux côtés de ces deux adolescentes qui sont autant des prédatrices que des proies, sont fortes et très bien pensées.

    Un livre noir comme une soutane, avec juste ce qu’il faut de blancheur au niveau du col romain pour éclairer l’ensemble. Un opus qui cingle et bouleverse, avec de justes réflexions sur la jeunesse désespérée, l’hideuse attraction de l’islamisme et certains pièges de la foi.

    03/06/2025 à 06:58 7

  • Dans ses yeux

    Sébastien Theveny

    2/10 Samuel Ledizet, la cinquantaine, retraité et dont la fille vit au Québec, est sujet à de graves migraines ophtalmiques ainsi qu’à des cauchemars récurrents. La médecine s’avoue vaincue à comprendre ses maux jusqu’à ce que l’improbable surgisse.
    Une nouvelle certes distrayante, bien écrite et plutôt agréable à suivre, mais qui s’avère très décevante voire embarrassante dans sa résolution : ce sujet autant que l’explication qui va avec ont déjà été exploités précédemment par d’autres auteurs (je ne vais bien évidemment pas les citer, histoire de ne rien divulgâcher pour autant). L’expression veut que « c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe », mais ça n’est pas pour autant qu’un auteur doit s’approprier les ingrédients, la recette et la présentation finale de ses illustres camarades pour s’en attribuer aussi illégitimement le mérite : pour moi, ça ressemble beaucoup moins à un hommage qu’à un authentique plagiat.

    02/06/2025 à 18:36 3

  • Le Cristal de chasse

    Emmanuel Roudier

    5/10 Une équipe de Néandertaliens revient de la chasse et l’un des leurs est moribond : il fait jurer à ses fils de tuer Longuebarbe, le bison « maléfique » responsable de sa mort imminente.
    L’idée de départ n’est pas inintéressante – pas fofolle non plus – mais d’entrée de jeu, imaginer des Néandertaliens s’exprimer comme des orateurs avec un langage si complexe m’a instantanément calé sur la bande d’arrêt d’urgence. Rahan et consorts, d’accord, c’était pareil, mais l’anachronisme n’était pas autant poussé et ces BD mettaient en avant leurs vertus purement distractives. Ici, cette interférence m’a aussitôt exclu du récit, et je vais m’en arrêter là avec cette série.

    01/06/2025 à 17:11 1

  • Nouvelle vie

    Mark Eacersall, Gyula Németh

    6/10 15 janvier 1790, île de Pitcairn : nos marins prennent possession des lieux et commencent à s’installer, et tout retour en arrière est impossible quand le navire prend intégralement feu. Après une naissance, les premières tensions naissent, avec les femmes qui sont en ligne de mire.
    Un second tome sympathique comme le précédent, sans plus, mais les références temporelles et autres sauts dans le temps (« deux semaines plus tard », « deux mois plus tard », etc.) sont si nombreux qu’ils en sont venus à me taper sur le système.

    01/06/2025 à 17:00 1

  • Même pas peur

    Terry Moore

    8/10 L’inspecteur Cordell, de la police de Manson, arrive dans l’histoire et se met à enquêter sur la mort de « Jet ». Le dessin reste très particulier et certains passages sont marquants (la discussion entre le légiste et Jet, les corps expulsés des tombes, le serpent vomi, etc.). Une ambiance toujours aussi singulière, et une succession de saynètes fortes habilement connectées, au gré d’un rythme volontairement lent et anxiogène.

    01/06/2025 à 13:43 2

  • Sans merci

    Ava Strong

    7/10 Un tueur en série, probablement motard, qui enlève de jeunes femmes le long des autoroutes du Nevada avant de les assassiner en les traînant derrière sa bécane. Parce qu’il a besoin d’elle, l’agent du FBI Marcus Clement fait appel à son ancienne partenaire, Dakota Steele, pour l’aider à mener cette enquête.
    Ava Strong maîtrise son sujet et nous livre ici un bon roman à suspense. Comme je l’ai déjà dit, les ouvrages de Molly Black, Ava Strong ou Blake Pierce présentent tous (du moins, ceux que j’ai lus, et ils sont relativement nombreux) des occurrences étranges voire coupables, et on est ici de nouveau en terrain connu : une héroïne, le FBI, un tueur en série, un passé traumatisant pour la protagoniste, interrogatoires, fausses pistes et courses-poursuites. Le rythme est soutenu, pas le moindre temps mort, et la concision de l’ensemble ainsi que les caractéristiques de l’écriture – rythmée, lapidaire – ne fait qu’accentuer la vitesse de lecture. Ici, on est toutefois un cran au-dessus d’autres productions littéraires des écrivains (ou IA ?) précités : le style est davantage travaillé, et c’est surtout la nature des deux enquêteurs qui est soignée. Dakota est une ancienne combattante de MMA – elle aura d’ailleurs fort à faire avec quelques individus, dont des membres de la Légion Pourpre, cette faction de motards – dont la sœur Carol a disparu, qui lutte depuis contre ses penchants contre l’alcoolisme, avec ses nombreux tatouages et ses aptitudes au profilage. Marcus, quant à lui, en géant noir et colosse ayant toujours un œil bienveillant sur sa collègue, est amateur de mots rares qu’il aime à faire découvrir à Dakota. L’intrigue tient bien la route et même si les tourments du prédateur ne sont pas en soi fulgurants ni novateurs, ils servent habilement le texte ainsi que la croisière meurtrière de ce taré. Au final, quelques poncifs du genre et l’impression de toujours se promener dans le même cadre narratif (avec les impératifs du cahier des charges décrits ci-dessus), mais un roman globalement bon et satisfaisant, avec une chouette cadence et ce qu’il faut de rebondissements et d’habileté.

    30/05/2025 à 08:03 1

  • Les Montagnes hallucinées tome 2

    Gou Tanabe

    9/10 Après un nécessaire rappel de qui sont les principaux personnages, retour dans ces montagnes maudites, plus précisément sur ce plateau à plus de 7000 mètres d’altitude, où se trouvent les ruines d’une mégalopole d’une cité très ancienne. Un pur régal esthétique, rendant un puissant hommage à H. P. Lovecraft. Franchement, tout s’y trouve : la beauté graphique, l’intelligence du propos, les quelques références scientifiques, l’âpreté des lieux, l’angoisse croissante, etc. Même les passages mettant en scène les « Anciens » (notamment dans le chapitre 17), qui ne sont habituellement pas trop ma came en matière de littérature, sont de véritables bijoux artistiques autant que scénaristiques. Un tome encore plus long que le précédent (336 planches tout de même), mais d’un bout à l’autre, un authentique bonheur !

    29/05/2025 à 07:49 3

  • Monsieur Gallet, décédé

    Georges Simenon

    7/10 Parce que la police par la visite du Roi d’Espagne à Paris, que le directeur de la PJ est à Prague, et que Maigret est le plus ancien des commissaires, notre enquêteur doit s’occuper d’un cas criminel : Emile Gallet, représentant de commerce, a été sévèrement blessé au visage par une balle dans un hôtel de Sancerre et aussitôt achevé d’un coup de couteau au cœur. Tout paraît simple, pourtant, Maigret soupçonne vite un problème : la victime n’avait rien à faire là, les rares suspects ont des alibis, et même la personnalité de Gallet sonne étrangement. « Quand tous les indices matériels concourent à embrouiller les choses au lieu de les simplifier, c’est qu’ils sont faussés… ». Et la résolution finale prouvera bien que Maigret, une fois de plus, avait vu juste.
    J’ai été un peu surpris par cet opus de la série consacrée à Maigret. En effet, le roman se distingue des autres à mes yeux sur plusieurs points. Notre policier s’y montre très souvent en train de soliloquer, ce qu’il ne fait qu’assez rarement, se lance dans une reconstitution, passe de longs moments dans la chambre d’hôtel afin de comprendre comment tout a pu avoir lieu, bref, s’il n’hésite habituellement pas à palper les ambiances et les âmes pour mieux résoudre les affaires qui lui sont confiées, ici, il met en œuvre ces techniques de manière plus poussée. D’ailleurs, Moers, son confrère, pionnier de la police scientifique, y apparaît assez longuement, et paiera même de sa personne avec un bout de l’oreille arraché par un coup de feu. Et puis, Georges Simenon s’y montre, au moins au début, moins acide que dans ses autres opus : le milieu dépeint, les proches de Gallet ne sont certes pas épargnés, mais avec un trait moins appuyé. Quant à la résolution, elle est certes un peu capillotractée, mais elle a au moins le mérite d’être très original, tournant autour d’une histoire d’identité et prenant racine en Indochine. D’ailleurs, l’assassinat d’Emile Gallet se montre également atypique dans sa résolution. Bref, pour résumer, s’il ne comptera pas parmi mes préférés des ouvrages de Georges Simenon ni de ceux consacrés à Maigret, ce roman n’en demeure pas moins prenant, ne cessant de titiller la curiosité jusqu’à l’épilogue.

    27/05/2025 à 06:07 2

  • Le Rêve et la réalité

    José Moselli

    7/10 Une partie de chasse au tigre, à dos d’éléphant, qui semble si simple, si facile, pour cette expédition de safari. La belle Fanny Benneth, l’institutrice de la fille du gouverneur, ressent de l’attirance pour lord Andrew Corthsdale. Mais le drame couve déjà…
    Une nouvelle très courte (même pour une nouvelle), décrivant joliment la jungle indienne, la chasse au fauve et l’attraction de notre héroïne pour un individu qui ne la considère que très peu. Le final est intéressant : je ne m’attendais pas à ce type d’épilogue. C’est assez inattendu, sombre et cynique. Une sympathique et très agréable surprise en ce qui me concerne.

    25/05/2025 à 19:42 1

  • Bite The Bullet

    Fabien Bedouel, Pat Perna

    7/10 La Fiat 500 de Lemmy et de son coach de pingpong Malone tombe en panne quand se pointe le shérif de la ville voisine, Flatstone. Puisqu’un malheur n’arrive jamais seul, l’uniforme coffre les deux voyageurs pour stationnement illégal. Finalement installés au Valhalla Hotel, ils découvrent qu’une communauté allemande s’est installée dans les parages… et ils ne sont pas au bout de leurs surprises.
    Graphisme intéressant, scénario barré et intrigant, personnages croustillants (cf. le personnage à tête de cochon ou le guitariste qui dézingue ses adversaires en écoutant du Motörhead), humour déjanté : un premier tome pas toujours très fin et d’autant plus jouissif.

    25/05/2025 à 19:40 2

  • L'homme qui entendait les prières des enfants morts

    Miguel De Lalor Imbiriba, Stephen Desberg

    6/10 Luis Meirelles Monteiro : à trente-cinq ans, le jeune magnat Jean Ravelle vient de mettre un terme aux sinistres agissements de ce trafiquant de drogue, et ça ne sera pas la dernière de ses cibles. Parce que Ravelle a une mission en tête : rendre une justice expéditive.
    Un premier tome calibré pour satisfaire les amateurs de sensations fortes autant que des stéréotypes, avec un protagoniste jeune, beau, bagarreur et doué dans tout ce qu’il touche, un peu à la Largo Winch (je pense également au complot financier qui prend sacrément la main sur l’intrigue). Rien de transcendant, donc, mais une esthétique hollywoodienne, un rythme cadencé, et suffisamment d’action pour ne pas s’ennuyer – et ça n’est déjà pas si mal.

    23/05/2025 à 18:23 1

  • Chaud Beffroi

    Christophe Arleston, Serge Carrère

    7/10 Tonton Loco « passait quelques jours à Lille chez son vieux copain cuisinier, Clément Marot » quand il vole au secours d’une jeune inconnue blessé poursuivie par des tueurs et venue toquer à la porte du restaurant. Dans la bagarre, il fracture les cervicales de l’un d’entre eux et le tue. Gros souci : la victime est un policier.
    Un neuvième tome aussi bien mené que les précédents, riche en humour (pas mal, le coup du nazillon qui compte les bergers allemands pour s’endormir), en action et en poursuites (cf. la scène de la cavale de l’assassin grimé en clown ou celle sur les toits, par exemple), et même si l’intrigue n’est pas forcément la plus fameuse du lot, elle demeure plutôt solide.

    23/05/2025 à 18:22 2

  • Le Montespan

    Jean Teulé

    8/10 … ou l’histoire, à la fois tragique, comique, poignante et burlesque, de Louis-Henri de Pardaillan, marquis de Montespan, cocu sublime du XVIIe siècle. Après un duel, il fait la connaissance de la magnifique et incendiaire Françoise de Rochechouart de Mortemart, dite Mlle de Tonnay-Charente. Un amour immédiat, presque un coup de foudre, des sentiments charnels passionnés également, deux enfants, et… le drame. Françoise est remarquée par Louis XIV et finit par devenir sa maîtresse. Mais le mari trompé ne compte pas en rester là et s’en va affronter, à sa façon, le Roi Soleil, en usant d’un humour, d’une bravoure et surtout d’une constance à vouloir récupérer sa chère et tendre.
    De Jean Teulé, j’avais déjà lu « Entrez dans la danse », et j’ai retrouvé avec bonheur son sens de la narration : une solide documentation et une connaissance non moins solide de ce fait divers, mais sans emprunter la voie du récit purement historique : l’écrivain y injecte son esprit, sa drôlerie, sa causticité, et c’est un pur régal. Les dialogues sont bien poivrés (- « C’est une belle pomme, sire, mais elle est gâtée dedans. – Vraiment ? Je vérifierai par moi-même en allant dedans »), ou encore quelques scènes bien tordantes, comme le Montespan demandant à son concierge de s’habiller comme son épouse et de prendre des mines pour la singer, toujours le Montespan se masturbant dans la chambre de Marie-Thérèse d’Autriche – il refuse de la prendre parce qu’il la trouve finalement trop laide – avant d’éjaculer dans un bénitier dont le monarque va ensuite se servir de l’eau pour se bénir, etc. Néanmoins, au-delà de ces cocasseries parfois très lestes, Jean Teulé préserve des moments plutôt poignants, comme son protagoniste organisant des funérailles pour l’amour qu’il vouait à sa femme, le mépris que lui voue son fils Louis-Antoine (dont le caractère absolument infâme va aller crescendo), et finalement, les tortures sentimentales de cet homme, pathétique et rebelle, qui n’a jamais cesser d’affectionner sa Françoise, jusque sur son lit de mort. Une lecture acide également de l’écrivain quant aux us et coutumes de l’époque, de souverains gangrénés par leur fatuité et leurs vices physiques souvent liés à la consanguinité (cf. Louis XIV et son minuscule pénis, les enfants que Françoise aura avec le Roi, Charles II d’Espagne et ses multiples handicaps, etc.). Bref, c’est tout à la fois génial et vrai, corrosif et objectif, historique et créatif, hilarant et émouvant (la scène finale avec les reliques de Françoise avec les animaux, de la bouffonnerie doublée d’une symbolique déchirante), sombre et surexposé : la patte et la plume de Jean Teulé, ou l’art d’appréhender l’Histoire de façon divertissante sans délaisser l’aspect instructif.

    22/05/2025 à 05:49 4

  • Saint-Elme, tome 1 - La vache brûlée

    Serge Lehman, Frederik Peeters

    8/10 Une esthétique très particulière avec des teintes hypnotique pour cette incursion dans ce village de Saint-Elme. Un homme qui défouraille sur ses acolytes auprès d’une gamine dans une cabane, un projet de parc d’attraction, un inconnu lunetté qui débarque du bac, des grenouilles envahissantes, une vache immolée qui prend la tangente, la famille Sax qui règne sur le patelin : un univers foutraque, presque parallèle, où les pistes, nombreuses, s’amoncèlent, et à ce stade de la série, on n’a vraiment pas toutes les réponses. Ça débute de façon détonante, je vais tâcher de continuer.

    21/05/2025 à 18:43 4

  • Pumpkin Night tome 6

    Masaya Hokazono, Taniguchi Seima

    6/10 La tueuse à tête de citrouille fait rapidement parler d’elle avec un fusil à pompe : après quelques planches étonnamment sages, retour à la violence sur cette portion de route. Elle s’érige d’ailleurs en justicière tandis que l’un des protagonistes aboutit à un énigmatique manoir. A l’instar de ce combat contre les yakuzas, un sixième tome violent, pour lequel la finesse n’est pas un objectif, mais qui apporte néanmoins des infos intéressantes sur le passé de la meurtrière et sur l’identité de l’individu qui lui a permis de revenir en quelque sorte à la vie.

    21/05/2025 à 18:42 1