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Comptine en plomb
8/10 En 1965, une série de crimes étranges secoue le Pas-de-Calais : c’est d’abord un éleveur de coqs retrouvé poignardé par une lame hors de prix. Le meurtrier a laissé comme signature une figurine de plomb représentant un soldat de 14-18. Le commissaire Achille Gallois, Pied-noir encore traumatisé et colérique suite à l’abandon de l’Algérie par la France, est mis sur l’enquête. Pour lui, pas l’ombre d’un doute : le tueur ne peut être qu’un notable, sa thèse étant accréditée par le coût de l’arme du crime. Gallois va profiter de cette affaire pour régler ses comptes avec cet Hexagone qu’il exècre et ses bourgeois pour lesquels il voue un très fort ressentiment. Mais l’assassin n’en reste pas là : laissant toujours dans son sillage un soldat de plomb, il poursuit son petit jeu de massacre, sans mobile apparent…
Après son très bon roman La Gaga des traboules, Philippe Bouin signe un nouvel opus de grande qualité. Il offre au lecteur une galerie de personnages savoureux et grinçants dans une atmosphère du Nord d’après-guerre parfaitement rendue, reposant également sur une documentation solide. Le commissaire Gallois est un protagoniste atypique, rusé, calculateur et en même temps crispé par ses hantises intimes, qui n’a de cesse de bousculer les personnalités importantes au mépris des pressions de sa hiérarchie. L’intrigue est aussi très habile, jouant subtilement sur les non-dits et les faux-semblants, ne déclinant l’identité et les motivations du tueur que dans les dernières pages, au fil d’un récit qui aura ménagé nombre de renversements de situation, et ne lâchant qu’avec parcimonie les indices.
Au final, Comptine en plomb est un thriller très adroit, concis et marquant, où l’intrigue est aussi exquise que l’ambiance décrite par Philippe Bouin, qui est décidément un auteur à suivre de très près.10/09/2008 à 17:52 5
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Le Tueur des tornades
6/10 En Oklahoma, une tempête s’est abattue sur la ville gérée par le shérif Charlie Grover, et c’est toute la famille Pepper qui est retrouvée morte sous les décombres de leur maison. Cependant, Grover s’aperçoit que les corps ont été transpercés par des débris bien trop aiguisés pour que ce soit purement accidentel. Par ailleurs, il découvre dans la bouche des victimes qu’une dent a à chaque fois été arrachée pour être remplacée par une autre, issue d'on ne sait quel corps. Pour le shérif, ce sera le premier jalon de la traque d’un tueur en série sans scrupule.
Alice Blanchard signe ici un roman divertissant, exploitant intelligemment l’univers des tornades et des scientifiques qui les étudient, reprenant de nombreux éléments du film Twister. Et si cette trame de base – un assassin agissant au beau milieu des cyclones – est inédite, le reste du livre l’est beaucoup moins. Les personnages manquent de relief – mis à part Charlie Grover et son père – et sont souvent alourdis par des poncifs. Par ailleurs, les relations sentimentales de Grover et, parallèlement, de sa fille Sophie, passent parfois au premier plan, reléguant l’intrigue policière à une simple toile de fond. Cependant, le récit ménage suffisamment de rebondissements pour maintenir l’attention du lecteur, et les révélations finales sur les motivations de l’assassin sont les bienvenues.
Le tueur des tornades est donc un opus bénéficiant d’une histoire se démarquant de celles des autres thrillers, mais manquant d’un peu de nerf et d’originalité dans la narration.06/09/2008 à 10:03
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Moisson rouge
10/10 Quelque part pendant les années 1920, le narrateur, détective privé pour le compte de l’agence Continental de San Francisco, est engagé par un client qui lui demande de venir le rejoindre à Personville, mais à peine est-il arrivé que son commanditaire est assassiné. La ville est sous la coupe d’une horde de gangsters qui y avait jadis pris position pour mater une grève massive mais n’avait pas quitté la ville depuis. L’enquêteur se voit alors confier une nouvelle mission par le père du défunt : libérer la cité du joug des truands. Pour ce faire, le détective va employer une méthode ingénieuse : monter les malfrats les uns contre les autres. Ce sera le début d’une véritable « moisson rouge » jusqu’à la purification totale.
Ecrit en 1929 par Dashiell Hammett, La moisson rouge est un délicieux roman noir qui réunit tous les ingrédients du genre : des criminels en grande quantité et toujours prêts à faire parler la poudre, de belles femmes causant bien du désagrément aux hommes qui les côtoient et une ambiance crépusculaire. Le récit y est viril à souhait, avec son lot de scènes d’actions et d’affrontements, avec un langage qui manie la concision et l’argot. Les descriptions des protagonistes sont savoureuses, le personnage de détective privé est un brillant calculateur, et c’est avec joie que l’on plonge dans cette intrigue dense et aux nombreuses ramifications. L’ensemble tient du whisky millésimé dont on savoure chaque gorgée et dont on s’étonne presque naïvement qu’il ait pu conserver un tel arôme malgré les années.31/08/2008 à 17:06 2
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Le Diable de Glasgow
8/10 Un roman que j'ai trouvé vraiment très sympa. Une intrigue originale, des personnages suffisamment consistants et une grande originalité de l'énigme, avec une résolution qui côtoie un peu le fantastique...mais je n'en dirai pas plus ! Le vocabulaire est parfois un peu léger, façon titi parisien en vadrouille en Ecosse, mais ce n'est pas du tout rebutant. Je le conseille vivement.
31/08/2008 à 15:33
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L'Homme aux yeux de napalm
8/10 Encore une fois, Serge Brussolo fait preuve d’une imagination débordante dans ce récit fantastique. Pêle-mêle, on y découvre des jouets mutants, des dimensions parallèles où rêve et réalité se superposent, une secte dont les adeptes jouissent quand ils sont éviscérés, des entités extraterrestres aux desseins bien étranges, et les codes habituels des fêtes de Noël travestis en rites insolites. On retrouve cette patte si caractéristique de l’auteur, avec une langue très travaillée et des univers complètement fous, et un récit déroutant pour le lecteur qui n’a jamais arpenté les sentiers tracés par Serge Brussolo. L’homme aux yeux de napalm ressemble à bien des égards à Dreamcatcher de Stephen King et à quelques-unes de ses autres histoires ayant trait à l’enfance (Ca notamment) ainsi qu’à d’autres œuvres de Brussolo comme La nuit du Bombardier.
Probablement pas son écrit le plus facile pour quiconque s’essaiera à cet auteur, mais pour les habitués, une fois qu’ils seront rentrés dans le récit, ce sera une nouvelle démonstration du talent halluciné de cet auteur-phare.25/08/2008 à 19:05 1
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Nevermore
8/10 A New York, dans les années 1920, un double crime alerte les autorités publiques et la police en vient à penser que le tueur a agi en essayant de reproduire l’une des nouvelles d’Edgar Allan Poe. Au même moment, les vieux amis Harry Houdini et Arthur Conan Doyle se retrouvent ; le magicien continue de brocarder les médiums en démystifiant leurs exploits tandis que l’écrivain est quant à lui le chantre des spirites. Et un autre crime est commis, toujours en rapport avec les écrits de Poe. Qui est le tueur ? Les deux amis, quoique très opposés sur les sujets occultes, vont mener ensemble leur enquête pour découvrir l’identité de l’assassin.
L’idée de William Hjortsberg de faire intervenir dans un même roman deux personnages réels, à savoir l’illusionniste Houdini et Arthur Conan Doyle, le père du détective Sherlock Holmes, est une idée fameuse et exploitée de façon intéressante. L’auteur a également mis l’accent sur les lieux et l’époque, rendant de façon magistrale l’atmosphère du New York du début du vingtième siècle. L’ensemble est bien imaginé et construit, avec une écriture très agréable.
Cependant, Nevermore n’est pas à proprement parler un pur roman policier puisque l’intrigue passe souvent au second plan, William Hjortsberg privilégiant le travail sur la psychologie de ses personnages, leurs doutes et leurs errances. A cet égard, de nombreux lecteurs risqueront de se sentir floués par une enquête policière abordée assez tardivement dans le livre et qui est finalement simpliste. Mais pour les amateurs de romans d’ambiances, passionnés d’histoire, férus d’Arthur Conan Doyle et d’Edgar Allan Poe, et souhaitant se lancer dans un livre atypique dans son fond comme dans sa forme, Nevermore reste assurément un choix judicieux, avec en prime une belle immersion dans l’univers de l’illusion et du spiritisme.24/08/2008 à 19:20 2
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Tarot
9/10 Dan Caponigro – surnommé Cap – est un ancien agent du FBI dont la fille ainsi que la baby-sitter ont été massacrées dans des conditions monstrueuses. Après avoir démissionné, il s’est reconverti dans la traque de sectes et autres mouvements sataniques. A la suite d’une de ses conférences, il apprend qu’un pasteur a été retrouvé assassiné dans son église, le cadavre suspendu par un pied à la croix, avec un pentacle dessiné au sol à l’aide du sang de la victime. Persuadé que ce crime a été signé de la main des meurtriers de sa fille, Cap va alors se joindre à l’enquête, alors qu’un autre assassinat tout aussi sordide et mettant en scène le corps dans une position rappelant l’univers trouble du tarot va attirer l’attention de Jodie Targ, journaliste d’un tabloïd de Miami.
Auteur du très réussi Pèlerin, William Bayer renoue avec le succès. L’intrigue est très originale, jouant avec maestria la carte de l’occulte. Les personnages sont toujours aussi bien campés, avec une mention spéciale pour Cap, homme à la fois ravagé par la mort de son enfant, redoutable prédateur et spécialiste des questions sataniques. La succession de chapitres écrits en fonction des points de vue des divers personnages rend le récit plus vif, et le lecteur suit avec intérêt leur plongée dans ce monde étrange et ésotérique. Si les scènes d’action sont rares, l’auteur maintient néanmoins la tension grâce à une intrigue bien élaborée et à des psychologies parfaitement maîtrisées, jusqu’à l’affrontement final, très marquant.
Pour conclure, Tarot est l’archétype même du thriller savamment orchestré et à l’intrigue très originale, asseyant définitivement William Bayer parmi les très grands auteurs du genre.18/08/2008 à 19:30 1
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La Proie du Remord
6/10 Anéanti par une bavure qui a coûté la vie à un adolescent, Max Freeman quitte la police et tente de refaire sa vie en Floride, dans le décor impitoyable du par des Everglades. Quand il découvre le cadavre d’un enfant, il comprend qu’il va devoir retrouver ses méthodes de flic, d’autant que le tueur est bien décidé à lui en faire endosser la responsabilité.
Avec La Proie du remords, Jonathan King a conçu un thriller classique mais réussi. Le personnage de Max Freeman est intéressant, à la fois exilé volontaire et policier désabusé miné par son passé. L’écriture est très fluide, parfois même poétique quant il s’agit de décrire les paysages si typiques du bayou. Le récit est court et rythmé, passionnant à lire, mais son principal défaut réside finalement dans une intrigue assez conventionnelle qui n’offre que peu de rebondissements ; de même, les motivations du tueur n’ont en soi rien d’exceptionnel et décevront probablement le lecteur qui s’attendait à un dénouement plus original.15/08/2008 à 19:27
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Une Etude en rouge
8/10 Dans la dernière partie du dix-neuvième siècle, à peine revenu d’Afghanistan où il a été sévèrement blessé, le docteur Watson devient le colocataire de Sherlock Holmes, détective œuvrant à compte privé et doué d’une immense capacité d’analyse et de déduction. Ce dernier est alors sollicité par Scotland Yard pour résoudre l’énigme du meurtre d’Enoch Drebber. Il faudra à Sherlock Holmes tout son talent pour démêler cette affaire dont les racines plongent bien des années auparavant en Utah, auprès de tueurs affiliés à une église mormone.
Une étude en rouge constitue la première affaire résolue par Sherlock Holmes, le célèbre personnage littéraire ayant fait la renommée d’Arthur Conan Doyle, et c’est toujours avec grand plaisir que l’on peut lire voire relire ce roman. Les personnages sont attachants et singuliers, particulièrement Sherlock Holmes et son fidèle compagnon le docteur Watson. L’écriture, quoique ancienne de plus d’un siècle, est très agréable, sachant tout aussi bien décrire les détails des lieux où ont été perpétrés des crimes, la psychologie des personnages que les paysages sauvages d’Amérique. L’intrigue, même si elle n’est pas l’une des meilleures du cycle, n’en est pas moins bonne et intelligemment menée, avec une très nette rupture entre les deux parties, la seconde explicitant les raisons du double assassinat commis dans la première.
Au final, Une étude en rouge est un ouvrage policier à découvrir et à redécouvrir, posant le premier jalon des enquêtes d’un des détectives les plus connus dans le monde entier.11/08/2008 à 18:35
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Pas d'orchidées pour Miss Blandish
10/10 Un groupe de gangsters enlève la fille d’un homme multimillionnaire, Miss Blandish, qui passe ensuite entre les mains d’une bande de criminels menée par M’man Grisson. D’une beauté phénoménale, la jeune femme va devenir l’objet de toutes les attentions de Slim Grisson, un sadique jouant du couteau doublé d’un psychopathe inquiétant. Pour Miss Blandish, ce sera le début d’un long calvaire tandis que la rançon obtenue par le gang aiguise les appétits de chacun et qu’un détective est engagé par le père Blandish pour retrouver sa fille.
Ecrit selon la légende en seulement six week-ends, Pas d’orchidées pour Miss Blandish constitue un thriller de haute volée et qui n’a pas pris la moindre ride. James Hadley Chase exploite avec un incroyable talent une intrigue parfaitement bâtie et devenue depuis un véritable classique. Les personnages de truands sont bien angoissants, les répliques excellentes, parfois très drôles, et le final est saisissant. Par ailleurs, le style de l’auteur est très épuré, décrivant la psychologie de ses protagonistes ainsi que les lieux en seulement quelques mots, et offrant des scènes d’action très spectaculaires et marquantes.
A n’en pas douter, Pas d’orchidées pour Miss Blandish est un des chefs-d’œuvre de la littérature policière du vingtième siècle ainsi qu’une pierre angulaire des écrits de James Hadley Chase. Il est à noter que ce roman a connu une suite : La chair de l’orchidée.05/08/2008 à 12:26 2
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Pig Island
6/10 Joe Oakes est un journaliste d’investigation spécialisé dans les phénomènes prétendus paranormaux qu’il démontre comme étant à chaque fois des supercheries. Sa nouvelle enquête le mène à Pig Island, au large de l’Ecosse, où un monstre mi-homme mi-bête a été filmé. C’est également sur Pig Island que vivent des fanatiques autoproclamés « ministres de la cure psychogénique » et dont le chef est Malachi Dove. Pour Joe Oakes, tout ceci ne peut être qu’un canular, mais ce qu’il va devoir affronter dépasse de loin ce qu’il attendait.
Mo Hayder signe un thriller au démarrage fort et prenant : l’ambiance malsaine sur l’îlot est très bien rendue, et de nombreuses situations rendent le récit haletant. Les personnages sont intéressants, d’autant que l’auteur a eu la très bonne idée d’alterner les points de vue de Joe Oakes et de sa femme Lexie.
Cependant, le récit se perd un peu à partir de la deuxième partie, avec des chapitres bien moins marquants que les précédents. La tension règne toujours dans les mots de Mo Hayder, mais le lecteur perd de cette puissance narrative, notamment en raison de nombreux passages qui auraient pu être écourtés.
Le final réserve malgré tout en point d’orgue un rebondissement très bien amené qui surprendra le lecteur et l’obligera à se remémorer certains moments du livre.
Au final, Pig Island est un opus assez réussi où l’on retrouve la marque de son auteur, avec des passages très violents et gores, mais qui aurait probablement gagné à être plus court pour entraîner l’adhésion totale du lecteur.31/07/2008 à 19:08
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Cibles à abattre
6/10 Neil Slater est un ancien agent du SAS – le « Special Air Service » anglais. Cependant, le retour à la vie civile est pour lui un véritable cauchemar : il s’occupe d’une jeune équipe de rugby et parvient à déjouer une tentative d’enlèvement de l’un de ses joueurs en abattant froidement les deux kidnappeurs. Il se reconvertit alors dans la protection rapprochée de personnalités mais son passé le rattrape : il risque d’être traduit en justice pour les deux meurtres dont il s’était rendu coupable. Une organisation baptisée « Le Cercle » lui propose alors de l’aider en échange d’une ultime action : s’occuper d’Antoine Fanon-Khayat, un marchand d’armes qui traite avec la Serbie. Mais rien ne va se passer comme prévu.
Lui-même ancien membre du SAS, Chris Ryan maîtrise les rouages de l’espionnage et des descriptions d’opérations. A cet égard, chacun de ses mots et réflexions sent le vécu, et l’univers qu’il dépeint avec un talent indéniable n’est pas sans rappeler les intrigues de ses pairs tels Tom Clancy ou Robert Ludlum. L’intrigue, avec son lot de trahisons et de rebondissements, se laisse suivre avec beaucoup de plaisir, tant pour son réalisme que pour ses qualités narratives, même si elle n’échappe pas à certains clichés inhérents à ce type d’histoire. Le gros point négatif de ce roman demeure les longueurs : les chapitres sont parfois trop longs, sans être profitables au déroulement du récit, et les scènes d’action se font souvent attendre.
Cibles à abattre est donc un opus intéressant et qui bénéficie sans nul doute de la plume experte de Chris Ryan, mais qui aurait mérité d’être plus ramassé dans sa forme pour être totalement convaincant. Il n’en demeure pas moins qu’il satisfera les fans du thriller d’espionnage sans pour autant bouleverser le genre.29/07/2008 à 10:47
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Jack l'Eventreur démasqué
8/10 L’ouvrage documentaire de Sophie Herfort offre un point de vue intéressant sur le tueur en série le plus célèbre des annales criminelles. Elle revient sur ses meurtres et leurs circonstances dans la première partie, puis expose un fait saisissant dans la deuxième partie qui est, selon elle, le déclencheur de toute cette affaire, avant de fournir dans la troisième partie une véritable charge contre celui qu’elle estime être le véritable Jack l’Eventreur.
La première partie est correcte, mais sans plus, puisqu’elle n’offre aucun élément nouveau. Cependant, dès la deuxième, le lecteur se pique de curiosité pour ce personnage auquel l’auteur s’intéresse tant. L’idée de Sophie Herfort, pour ne rien dévoiler, peut paraître tout d’abord attirante et originale, mais sans totalement convaincre. Mais le troisième volet de ses recherches est vraiment bluffant : tout s’emboîte alors et offre au lecteur l’impression que son point de vue ne peut être que le bon. Il y a des détails probants, des éléments du passé du supposé assassin ainsi que des événements et propos qui sont sidérants. Même ceux qui ne sont pas spécialistes de cette affaire fermeront ce livre en se disant que la réponse fournie par Sophie Herfort était vraiment concluante. C’est un excellent travail de fond, documenté et pertinent, qui est vraiment remarquable.
Il existe malgré tout quelques bémols : Sophie Herfort n’est que très rarement critique vis-à-vis de sa propre investigation, mais l’est très souvent quand il s’agit de celle des autres. Par ailleurs, certains chapitres n'ont pas autant de panache que le suggère le titre. Disons que l’auteur veut à tout prix étayer ses conclusions, quitte à devenir parfois péremptoire et en donnant une relecture très partisane des documents officiels.
Cependant, il faut bien admettre, malgré ces quelques reproches, que son livre est fort, très fort : sa thèse tient la route de bout en bout, et son exploitation de la plupart des indices (photos, missives, passé du présumé coupable, modus operandi et propos tenus par des tierces personnes) est mémorable ! Nul ne peut dire de façon catégorique qu’elle a enfin découvert l’identité de Jack l’Eventreur, mais sa thèse est vraiment captivante et dépasse de loin ce qui a pu être écrit sur le sujet jusqu’à présent.29/07/2008 à 10:43
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Ce Cher Dexter
8/10 Dexter Morgan est expert au service médico-légal de Miami, mais également un terrible prédateur, assassinant les serial-killers dès que le « Passager Noir » prend le contrôle de son corps et de son âme. Il a réussi jusqu’à présent à dissimuler sa double identité aux yeux des siens et de ses collègues, jusqu’à ce que l’on retrouve une série de cadavres, victimes d’un meurtrier très organisé et dont les méthodes font écho à celles de Dexter. Pour ce dernier, il va donc falloir mettre fin aux agissements de ce tueur si remarquable et méthodique, au point que Dexter finit par se demander s’il n’est pas lui-même ce serial-killer.
Premier roman mettant en scène Dexter Morgan, Ce cher Dexter est à n’en pas douter une réussite. Jeff Lindsay maîtrise ses protagonistes, et le récit à la première personne permet de rentrer avec aisance dans la peau et l’esprit du « héros ». Par ailleurs, l’humour y est particulièrement décapant et corrosif, tant dans les dialogues que dans les situations, permettant au lecteur de prendre du recul par rapport à la violence et à une certaine amoralité de Dexter. Le récit est assez court, très équilibré et entraînant, avec ce qu’il faut de rebondissements pour accrocher le lecteur. Il est juste un peu dommage que l’intrigue passe parfois au second plan au profit des liens qu’entretiennent les personnages ainsi que de leur passé, mais il ne faut pas perdre de vue que ce livre permet d’installer des personnages qui seront récurrents dans les écrits de Jeff Lindsay.
Au final, Ce cher Dexter est un opus très original, notamment grâce à un personnage principal décalé et atypique, que l’on aura beaucoup de plaisir à retrouver dans la suite de ses enquêtes, Le Passager Noir (Dexter revient!).20/07/2008 à 18:52
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La Corde aux jours impairs
8/10 Une succession de meurtres secoue la ville : à chaque fois, l’assassin a pendu sa victime un jour impair à un horaire impair. Les enquêteurs Bossa Nova et Gabardine, flanqués du légiste Kaduk sont saisis de cette affaire qui se révèlera bien plus complexe qu’il n’y paraît.
Avec ce premier roman, Thomas Taddeus signe un thriller original et convaincant. L’intrigue commence de façon assez classique et rebondit à partir de la moitié du roman, s’orientant vers une nouvelle série de pendaisons alors que le présumé coupable est sous les verrous. Les personnages, décrits en quelques mots seulement, tiennent bien la route malgré la volonté affirmée de la part de l’auteur de cultiver un certain recul par rapport à son écrit (la ville ou le pays où se déroule l’action n’est jamais cité, et certains protagonistes ont des noms délibérément farfelus). Les fausses pistes sont nombreuses et le récit à la première personne apporte une touche très prenante à la lecture de ce roman qui ne connaîtra de dénouement que dans le tout dernier chapitre.
Pour conclure, La corde aux jours impairs est un thriller atypique et attachant qui donnera certainement au lecteur l’envie de se procurer La dernière lueur du diamant, disponible chez Flammarion vers septembre 2008.15/07/2008 à 11:42
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La Chambre ardente
9/10 C’est une affaire bien étrange : le vieux Miles Despard est décédé suite à ce que tout le monde a pris pour une gastroentérite. Cependant, l’idée d’un empoisonnement devient si insistante que ses proches décident d’exhumer le corps pour vérifier leurs doutes. Comment se fait-il que le cadavre n’y soit plus alors qu’il reposait dans un cercueil scellé dans une crypte d'où il est impossible d'extraire un corps sans laisser de traces ? Et que vient faire cette histoire de dame costumée qui aurait apporté à Miles Despard dans sa chambre une ultime tasse dans laquelle on a trouvé de très fortes quantités d’arsenic avant de disparaître, alors que cette pièce était fermée ? C’est donc une double enquête à laquelle vont s’atteler les membres de la famille Despard et leurs proches, alors que les premières rumeurs de sorcellerie commencent à apparaître…
John Dickinson Carr signe avec La chambre ardente un excellent roman à énigmes. L’intrigue a été brillamment imaginée, et flirte souvent avec l’irrationnel. Les personnages, nombreux, sont bien menés dans une ambiance de suspicion générale proche de celle que l’on trouve dans certains romans d’Agatha Christie. Les rebondissements sont nombreux et imprévisibles, jusque dans les toutes dernières pages. Par ailleurs, les explications concernant les deux affaires sont très bien apportées, obligeant le lecteur à réfléchir aux divers éléments lus précédemment et à consulter le plan de la chambre de Miles Despard introduit au début du roman.
A bien des égards, La chambre ardente demeure, malgré ses soixante-dix ans, un modèle de « whodunit » - roman policier dans lequel les indices sont fournis au lecteur qui est invité à en déduire l’identité du criminel avant que la solution ne soit révélée dans les dernières pages du livre - à la fois palpitant et ingénieux, qui régalera les amateurs du genre.10/07/2008 à 18:52 2
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Le Rasoir d'Ockham
4/10 Un tueur en série assassine Paul Cazo en lui ouvrant le crâne et liquéfiant son cerveau à l’aide de produits chimiques. Peu de temps auparavant, Paul Cazo avait appelé à l’aide le fils d’un de ses amis, Ari Mackenzie, analyste des Renseignements Généraux. Pour Ari, cette histoire tourne à la quête personnelle. Il va alors traquer ce tueur et être mis sur la piste d’un mystérieux carnet, celui de Villard de Honnecourt, dont les pages semblent recéler un secret pour lequel on tue.
Henri Loevenbruck s’intéresse ici au thriller ésotérique qui a connu un immense succès littéraire avec notamment des romans comme Da Vinci Code ou Le Troisième secret. L’auteur a une plume intéressante, appuyant son récit sur une documentation solide et décrivant des scènes à fort potentiel visuel. Cependant, si le talent narratif de Henri Loevenbruck n’est pas à remettre en cause, il en est tout autrement de l’intrigue elle-même. Il manque en effet cette tension et cette originalité qui aurait pu faire de cette énième variation sur le thème du roman religieux un véritable succès. Beaucoup de passages sentent le « déjà lu ». Par ailleurs, les personnages peinent un peu à convaincre ; malgré un rebondissement final – qui n’a en soi rien de palpitant, le lecteur ne trouvera probablement pas en eux des héros dont il souhaitera suivre d’autres aventures.
Au final, Le Rasoir d’Ockham est un thriller manquant cruellement d’âme, la faute à une intrigue n’ayant pas réussi à marquer durablement les esprits. Il contentera peut-être les amateurs mais pas ceux qui s’attendaient à un renouveau du genre.05/07/2008 à 20:28 2
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Conan Lord, Carnets secrets d’un cambrioleur
8/10 Dans le Londres de 1945, une équipe atypique constituée d’anciennes vedettes du cirque Paddington mène des cambriolages sous le pseudonyme de Conan Lord. Elle est bientôt engagée pour éliminer un tableau porteur d’une malédiction meurtrière ; dernière œuvre d’un jardinier japonais, elle donnerait la clef d’une énigme ancienne, à savoir l’identité du mystérieux Coupeur de Têtes. Elle demeure cachée dans le coffre-fort d’un Londonien fortuné et a comme caractéristique de se détruire à la lumière du jour. Les cambrioleurs sont donc engagés pour détruire ce tableau et taire à jamais l’identité du meurtrier. Mais la tâche se révélera bien plus ardue que prévue, dans les murs d’une bâtisse où tout le monde ment.
Auteur à succès ayant sillonné la plupart des genres littéraires, Serge Brussolo renoue ici avec l’intrigue policière avec cet opus dense et parfaitement mené. Avec une intrigue oscillant entre Le visiteur sans visage et Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde, Serge Brussolo démontre encore une fois toute l’étendue de ses talents. Le récit est très vif, multipliant les fausses pistes et rebondissements avec maestria, et les personnages sont toujours aussi intéressants et torturés. Les ambiances et décors sont parfaitement rendus, et les quelque 210 pages du roman sont un véritable régal, offrant au lecteur un incroyable moment de plaisir. Elu Masque de l’année 1995, ce livre est non seulement un excellent roman policier mais également une magnifique porte d’accès à l’univers si particulier de son écrivain.25/06/2008 à 11:22 1
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Saigneur des loups
9/10 Un opus très prenant, à la fois axé sur la psychologie de ses protagonistes et sur des scènes d'action remarquables !
20/06/2008 à 17:42
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Le Fantôme de Manhattan
7/10 En ce début du vingtième siècle à New York, Erik Muhlheim a bâti un véritable empire grâce à une série d’opérations financières juteuses. Il décide d’utiliser sa fortune pour construire un opéra fabuleux à rendre passable le Metropolitan. Les traits dissimulés derrière un masque, cet homme est quelqu’un que personne ne connaît vraiment : qui est-il en réalité ? Pourquoi dépenser tant d’argent pour cette entreprise ?
Le Fantôme de Manhattan est en fait une suite imaginée par Frederic Forsyth au Fantôme de l’opéra de Gaston Leroux. Construit sur un intelligent canevas des confessions des divers protagonistes, ce roman assez court se lit d’une traite et exploite avec malice le classique de Gaston Leroux en le ressuscitant. Les personnages sont intéressants, l’intrigue très correcte, et le New York des années 1900 parfaitement rendu. En fait, c’est surtout la forme du récit – le croisement des points de vue – qui retient l’attention du lecteur, permettant une lecture dynamique et très originale, et sachant éviter les répétitions. Ce livre est avant tout à réserver aux fans de Gaston Leroux qui prendront bien du plaisir avec cette suite, brillante et atypique, et qui a su se donner une identité propre; les autres lecteurs y trouveront cependant moins d'intérêt.16/06/2008 à 20:47