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Le Manoir aux secrets
7/10 Pepper et Armand sont de fidèles camarades. Pepper est une jeune fille bagarreuse et courageuse. Quand à Armand, frêle et timide, il peut, à volonté, se métamorphoser en araignée. Un peu par défi, tous les deux se rendent dans un manoir possédé par Misma Mesmer, une vieille femme sur laquelle plane de nombreuses rumeurs. C’est à peu près au même moment que surviennent des séries de cambriolages dans toute la ville…
Même si Camille Brissot a déjà écrit par le passé, il s’agit ici de son premier roman policier. Il s’intègre d’ailleurs parfaitement dans la collection Heure noire. Le style y est vif et espiègle, et l’on prend un réel plaisir à sillonner ces mots. Pepper et Armand sont particulièrement sympathiques et attachants, et leur acolyte lors de cette aventure et enquête, Miranda, constitue un bon contrepoids. Au même titre, Misma Mesmer est un personnage singulier, qui réserve moult surprises, et au caractère bien trempé. L’histoire est bien imaginée et construite, et l’on parvient à l’épilogue sans avoir vu passer les pages. Finalement, cet opus aurait pu se montrer assez classique si Camille Brissot n’y avait pas ajouté cet élément surnaturel qu’est la transformation d’Armand en araignée. Cette métamorphose arrive dès les premières pages du roman et n’est finalement jamais expliquée (cependant, était-il possible de l’être ?). Les lecteurs disposent, certes de l’épilogue pour obtenir une piste d’élucidation, mais peut-être certains d’entre eux trouveront-ils ce passage un peu tardif, léger, voire saugrenu pour éclairer ce phénomène.
Un bon petit polar pour la jeunesse, alerte et efficace, avec une histoire de métamorphe qui pourra éventuellement diviser, mais n’en demeure pas moins intéressante.04/05/2016 à 22:08 1
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Anesthésie générale
7/10 Manny Rupert, un ancien policier, est engagé par Zell pour approcher un prisonnier de San Quentin. Sous couvert de mener des ateliers de réflexion sur la drogue avec les détenus, il va devoir vérifier si ce vieillard est bien, comme il le prétend, Josef Mengele.
Après A poil en civil, on retrouve le personnage de Manny Rupert. Et surtout le style de Jerry Stahl. Parce que, si vous appréciez le style décalé voire complètement déjanté, vous allez vous régaler. D’ailleurs, le premier chapitre donne le ton : celui qui vient embrigader Manny est un vieillard muni d’un déambulateur, à l’humour corrosif et au langage à double sens. Le reste de l’ouvrage est du même acabit : sacrément caustique. Dans les dialogues, les scènes, les descriptions psychologiques, on sent parfaitement que Jerry Stahl s’est fait plaisir. Entre humour typiquement juif et situations complètement baroques, le lecteur aura souvent le rire aux lèvres, voire les zygomatiques en action. Finalement, ce que l’on pourra reprocher principalement à ce roman, au-delà de quelques cocasses bavardages et autres joyeuses digressions, c’est le mélange des genres. Etait-il possible d’évoquer Josef Mengele dans une histoire parfois aussi comique ? N’y avait-il pas un risque de mauvais goût ? Si, indéniablement. Le risque était là. Mais l’auteur, en habile équilibriste, sorte de Donald Westlake en version judaïque, sait jouer de ce contraste pour mieux déboussoler le lecteur. Parce que l’humour, ici, permet justement de dépasser l’horreur des thèmes abordés.
Entre esclandres drolatiques, scènes complètement barrées et délires littéraires, Jerry Stahl a su installer une histoire originale et très agréable à suivre. Malgré des longueurs pas toujours utiles et une fusion du noir et du rocambolesque qui ne plaira pas à tout le monde, l’écrivain signe un ouvrage qui marquera certainement, à défaut de vouloir absolument séduire.04/05/2016 à 22:07 4
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Brouillard au pont de Tolbiac
8/10 Une histoire solide et sombre de Léo Malet que viennent magnifier les dessins atypiques et entêtants de Tardi font de cette bande dessinée un grand moment de lecture. Entre passé anarchiste, un ancien vol qui jaillit du passé, un homme-mort qui promène sa folie dans le XIIIe arrondissement de Paris, des règlements de compte sinistres et une gitane pour laquelle on se damnerait, Nestor Burma a amplement de quoi faire et y laissera une grande part de ses illusions.
04/05/2016 à 22:05 5
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Le Secret de la salle aux momies
6/10 Une première histoire assez gore par rapport aux autres productions de R. L. Stine, bien plus rêche, avec quelques scènes que les plus jeunes trouveront flippantes ou écœurantes. En revanche, le scénario part un peu en vrille, avec des (tentatives d’) explications qui veulent expliquer l’irrationnel de manière cartésienne, mais n’y parviennent pas du tout (ouch, le coup des protéines dans les cheveux…). Mais les ambiances sont suffisamment pesantes et prenantes pour embarquer le jeune lecteur. Mais la seconde histoire est à mon avis ratée : elle part dans tous les sens, sans le moindre fil conducteur, et ne donne lieu qu’à une succession de scènes moyennement surprenantes ou originales.
04/05/2016 à 22:03 1
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La Poudrière
Pierre Boileau, Thomas Narcejac
9/10 Le Prince Sernine, alias Arsène Lupin, déjoue un plan d’enlèvement en sauvant une belle jeune femme des mains de deux malfrats. Mais la demoiselle disparait aussitôt. Pour notre intrépide gentleman, c’est le début d’une incroyable succession de péripéties à l’envergure internationale.
Nul n’a oublié Arsène Lupin, le génial personnage inventé par Maurice Leblanc au début du siècle dernier. Son originalité et son aura en ont fait un être intemporel et toujours source d’inspiration, au point que, au même titre que Sherlock Holmes d’Arthur Conan Doyle, des auteurs ont continué à le faire vivre dans leurs romans. Ici, ce sont les remarquables Pierre Boileau et Thomas Narcejac qui le mettent en scène. On y retrouve ce qui a fait le sel d’Arsène Lupin : son intelligence, ses aptitudes physiques, mais aussi son humour et sa galanterie légendaire. Au gré d’un récit court et particulièrement prenant, aux rebondissements nombreux, le lecteur se laisse prendre la main, tel un enfant, et suit jusqu’au bout les aventures de cet être si attachant. A partir d’un événement pour ainsi dire anodin, notre prince Sernine va vivre une folle entreprise à la veille de la Première Guerre mondiale.
Un livre ensorcelant, singulier et habile, mené avec tant d’esprit et de brio qu’il honore tout autant son protagoniste, Maurice Leblanc que le remarquable duo Boileau-Narcejac.04/05/2016 à 21:59 3
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20 pieds sous terre
9/10 Un excellent roman, prenant de bout en bout, avec des pages très belles quant au deuil. Une écriture sobre, sombre et acérée, parfois très proche de la littérature adulte, qui magnifie une histoire intelligente. Une réussite totale, dont je ne regrette que l’épilogue, trop à l’eau de rose à mon goût, quand le récit tout entier baignait dans le noir.
23/04/2016 à 11:18 3
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Disputes et disparitions
9/10 Un premier tome que j’ai adoré, quelque part entre les univers de Tim Burton et d’Emma Kennedy. C’est sacrément drôle et barré, avec une collection de personnages fantasques et gothiques, des relations interpersonnelles hilarantes, et à la clef une intrigue qui n’est pas anecdotique (l’eau qui monte dans le château sans que personne ne puisse en sortir, et les disparitions successives des servantes à cause d’un monstre énigmatique). Je tâcherai d’être de l’aventure pour d’autres épisodes.
23/04/2016 à 11:17
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L'Ordinatueur
7/10 Une histoire sacrément prenante. L’intrigue a pris un tournant auquel je ne m’attendais pas à mi-chemin, mais c’est finalement un bien : le récit n’en devient que plus crédible et efficace. Une plongée intéressante dans le milieu de l’informatique, et si ce livre a été écrit en 1997, on lui pardonnera d’autant plus facilement ses quelques rides.
23/04/2016 à 11:16 2
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Gare aux coups de griffes
7/10 Une histoire bien trouvée et prenante, qui se montre un peu plus âpre et brutale que d’autres ouvrages de l’auteur. Un scénario solide, des rebondissements efficaces : vraiment, un bon moment de lecture.
23/04/2016 à 11:15
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Le Cri du masque hanté
6/10 Une histoire assez classique de masque maléfique, mais bien construite et amenée, où des accents de littérature plus adulte transparaissent (comme dans l’un des chapitres à l’écurie). Au final, rien de transcendant ni d’original, mais ça se laisse lire.
23/04/2016 à 11:14
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Le Chasseur
7/10 Un univers particulier, peuplé d’animaux ayant dû laisser de côté une partie de leurs instincts, une intrigue assez sombre (un cas d’anthropophagie… pardon… de zoophagie), même si on ne voit pas trop comment elle va pouvoir évoluer, et un rebondissement final surprenant (le coup de l’espèce inconnue). Ça rappelle un peu l’univers de Blacksad, toutes proportions gardées, et m’a sacrément donné envie de connaître la suite.
23/04/2016 à 11:13 1
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La Mort dans une boule de cristal
9/10 Une gitane, diseuse de bonne aventure, agressée. Un voyou retrouvé pendu à une fontaine, une pince à homard plantée dans le nez. Le corps d’un enfant déterré. Et dire que tout cela a commencé par un simple accident, quand Flavia a mis le feu par inadvertance à la tente de la voyante et lui a proposé de l’accueillir chez elle !
Il s’agit du troisième opus de la série consacrée à Flavia de Luce, après Les Etranges talents de Flavia de Luce et La Mort n’est pas un jeu d’enfant, et écrite par Alan Bradley. Et c’est un euphémisme que de dire que c’est jubilatoire. On retrouve avec délectation Flavia, espiègle gamine de onze ans, en butte à la méchanceté de ses deux sœurs – même si elle a beaucoup de répondant, vivant dans la demeure familiale dominée par la figure statutaire d’un père parfois plus préoccupé par la philatélie, et toujours passionnée par la chimie. La plume d’Alan Bradley fait à nouveau des merveilles, grâce à un style sobrement suranné et un humour toujours de bon aloi. L’intrigue est particulièrement bien réfléchie et bâtie, et l’on se laisse perdre dans les méandres de cette histoire qui sera résolue dans les ultimes pages de ce livre jouissif.
Des personnages riches, denses et croustillants. Une écriture allègre. Un récit intelligent. Une fois de plus, Alan Bradley régale ses lecteurs.23/04/2016 à 11:09 3
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Nous ne t'oublierons jamais
8/10 Un duo de tueurs massacre des clients adeptes de prostituées et met en scène leur dépouille sur des vidéos. Matt Berger, directeur d’une maison d’édition, a enquêté sur l’explosion d’une usine qui a causé de nombreuses victimes, et a accusé un groupe d’extrême gauche, surnommé « Les fils de l’acier », d’en être l’auteur. Mais ce groupuscule se fait fort de signaler à Matt qu’il est innocent, après l’avoir laissé complètement brisé dans un parking souterrain. Il va alors confier la contrenquête à Adam, une jeune sans expérience mais aux dents longues et effilées. Dans le même temps, Matt a demandé à Makkal, un enquêteur assez particulier, de mener une investigation : vérifier que Marie, son amour de jeunesse, est véritablement décédée.
Après Quitte ou double, récompensé par le Prix de Beaune en 2013, Cyrille Legendre nous revient avec cet opus. Comme on peut aisément l’observer à la lecture du résumé, l’histoire – voire les histoires – promet d’être particulièrement complexe. Et c’est le cas, avec ces pistes, parfois très éloignées les unes des autres, dont certaines demeureront parallèles tandis que d’autres viendront directement télescoper le fil principal. Avec un sens efficace de la narration, l’auteur nous fait rencontrer de nombreux personnages, complexes et denses, à la psychologie travaillée et aux apparences parfois traîtresses. C’est avec délectation que l’on se laisse embarquer dans ce récit volontairement touffu et labyrinthique, dont on ressort ébahi, puisque Cyrille Legendre parvient à nouer tous les fils de ces enquêtes.
Grâce à une plume zélée et une intrigue arachnéenne, Cyrille Legendre séduit et envoûte jusqu’aux ultimes pages de ce roman détonnant.23/04/2016 à 11:05 2
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Détective sur cour
6/10 Un ouvrage sympathique pour la jeunesse, agréable relecture/transposition du film « Fenêtre sur cour ». Rien d’extraordinaire ni de transcendant, mais une lecture appétissante pour un livre réussi.
05/04/2016 à 09:04
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Adèle et la Bête
8/10 Une histoire très originale, inaugurant les enquêtes d’Adèle Blanc-sec, où se mêlent contexte historique, dinosaure sur le retour, rebondissements multiples et pouvoirs inexpliqués. Les dessins si typiques de Tardi servent bien l’histoire, mais je trouve que certaines explications, rebondissements et explications viennent parfois trop en cascade.
05/04/2016 à 09:03 5
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Mois de mai
7/10 … ou comment un comptable fade comme un navet trouve un exutoire dans sa morne vie en réalisant des stripteases éclairs dans une cabine d’ascenseur et accède à la gloire. C’est loufoque à souhait, complètement invraisemblable, mais diablement original et drôle.
05/04/2016 à 09:02
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Drôle de samedi soir !
6/10 Une relecture gentillette de « Maman, j’ai raté l’avion », avec un huis-clos sympathique et drôle où un gamin est aux prises avec des intrus. Un ultime rebondissement bienvenu au dernier chapitre, mais je préfère nettement, sur le même canevas mais un registre différent, « Ippon » de Jean-Hugues Oppel.
05/04/2016 à 09:02
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Rue de la chance
6/10 Une histoire originale, où le destin d’un mafieux sur le déclin vient rencontrer celui d’une vieille dame mal-aimée par sa famille. Un récit gentil et facile à lire, mais auquel un détail m’a empêché de complètement adhérer : pourquoi un être pourvu d’une fortune de 1 743 852 077 963 125 548 807 614 545 951 642 dollars et quelques cents ne parvient-il pas à lever une armée, un pays voire un continent pour le protéger (sans compter que la somme est complètement abracadabrantesque, c’est environ quatre-vingt-quinze fois le PIB des Etats-Unis !!! ) ?
05/04/2016 à 09:01
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Comment tuer un monstre
5/10 Mamboo a écrit exactement ce que je pensais. Une façon de se débarrasser du monstre absolument pitoyable alors que cela devait constituer le moment-clef du livre – ou alors c’est une tentative de l’auteur de jouer sur l’absurde, le ixième degré, voire la parodie, mais c’est raté. Le comportement des grands-parents est complètement farfelu, pour ne pas dire grotesque, comme si R. L. Stine s’était laissé emporter par une histoire qu’il n’avait pas suffisamment préparée ou structurée. Vraiment dommage, car pour le reste, l’ambiance, certes classique, était intéressante et plutôt prenante.
05/04/2016 à 09:00
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Le chant des morts
8/10 Brett, un Anglais que l’on surnomme « Le Major », a emménagé à Briane, un village non loin de Nice, dans une maison nommée « Cybèle ». Brett, avec ses manières et son style so british, a rapidement noué des liens d’amitié avec les autochtones. Mais lorsqu’il découvre un crâne dans le jardin de sa propriété, le cauchemar ne fait que commencer…
Jean-Paul Demure signe avec ce Chant des morts un très bon roman noir. Avec un style limpide et éclairé, l’auteur nous décrit, par petites touches, un village typique, avec sa communauté, ses querelles, mais également ses secrets enfouis. La langue est belle, joliment colorée du soleil qui inonde cette région, sans jamais que cet aspect méridional ne tourne à la carte postale ou à la caricature. Jean-Paul Demure est aussi parvenu à bâtir une intrigue vraiment prenante et qui reste, jusqu’au bout, particulièrement crédible. De la découverte du crâne – appartenant probablement à l’ancien propriétaire de Cybèle – au décès suspect de Winston – le chat de Brett – en passant par les non-dits des natifs du hameau, l’Anglais va se rapprocher, par paliers successifs, d’une vérité létale.
Jean-Paul Demure a donc su nouer, en moins de deux-cents-trente pages, une histoire solide et prenante. Peuplé de personnages interlopes capables de dissimuler leur propre passé (Brett y compris), ce roman d’une grande noirceur achève de nous fasciner dans ses ultimes pages où l’intrigue se dénoue en quelques phrases.05/04/2016 à 08:57 2