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La Panthère sort ses griffes
6/10 Gillian Carax, lieutenant à la sûreté urbaine de Lille, se voit confier une enquête bien particulière : une jeune femme, Djamila, vient d’être retrouvée lacérée et égorgée, devant le bar de son oncle. Cette histoire prend donc une tournure toute personnelle pour la policière. Elle va vite découvrir qu’un cercle privé et très secret, organisant de curieuses soirées libertines, pourrait être à l’origine de cet assassinat.
Il s’agit du premier tome de la collection Dirty Girls, chez l’Atelier Mosesu. Lucienne Cluytens, dont on connaît déjà bon nombre d’ouvrages, ouvre donc le bal avec cet opus. D’entrée de jeu, le ton est donné : ça sera décomplexé. Gillian est une femme de trente-trois ans qui boit et qui fume, jure comme un charretier, n’hésite pas à mentir à tour de bras à tout son entourage professionnel, mène certaines opérations clandestines pour faire progresser ses investigations, et promène son corps de droite et de gauche pour des aventures expéditives. L’écrivaine n’a pas voulu faire dans la dentelle ni plaire aux dictats de la littérature, et elle l’assume avec le plus grand entrain. C’est certain, même s’il est encore un peu tôt pour le savoir, cette collection s’annonce bien, et ça sera avec plaisir qu’on la verra croître. Gillian, effrontée au possible, déterminée et rebelle, est un personnage de fiction que l’on trouve immédiatement sympathique, même si sa propension à parler in petto ou ses écarts de langage pourront agacer certains. L’intrigue est entraînante, ne lasse pas, et la concision du livre fait que l’on arrive rapidement aux ultimes pages. L’histoire se laisse suivre, un récit au cours duquel on croise notamment un cardiologue et un procureur peu recommandables se permettant, avec quelques invités triés sur le volet, des orgies lointainement inspirées de la mythologie égyptienne. Cela ne renouvelle vraiment pas le genre – il est évident que cela ne faisait pas partie des desiderata de Lucienne Cluytens, mais cela procure de bons moments d’une lecture décontractée et décontractante. Idéalement, le genre de roman pour se laver la tête, loin de toute considération intellectuelle, et suffisamment chevronné pour passer d’agréables instants.02/11/2016 à 08:43 1
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Opération « Serrures carnivores »
8/10 L’univers toujours aussi barré de Serge Brussolo, condensé en un seul ouvrage, à découvrir ou redécouvrir. Le premier chapitre met immédiatement dans le bain : un univers futuriste où les armes à feu sont quasiment absentes. Où l’ultraviolence conduit les gens à se déplacer dans des combinaisons surprotégées. Un étrange personnage, Armless, invalide privé de ses bras, qui a développé une technique si brutale des coups de tête qu’il s’en sert pour tyranniser la population. Mathias Fanning, simple éclaireur des forces de coercition qui mettent les prévenus/coupables dans des fourgons qui crament illico les prévenus. Des coffres forts, générés par des savants fous, en fait des bêtes de guerre, que Mathias va devoir aller fouiller, dans les entrailles, pour récupérer le magot. Et tout le reste du récit est à l’avenant ! Un véritable festival d’inventivité et de fertilité littéraires, avec, dans les ultimes chapitres, la libération des coffres forts dans la ville pour des scènes rappelant fortement l’inspiration nippone de Godzilla. J’en ai vraiment pris plein les yeux de cette pyrotechnie, même s’il faut reconnaître que de tels délires créatifs ne seront assurément pas du goût de tous. Mais moi, dans ces chemins loufoques et assumés, je continue de ressentir du plaisir ! A noter que cet ouvrage est disponible gratuitement sur le site officiel de Serge Brussolo.
02/11/2016 à 08:41 1
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Mission dinosaure
8/10 Ylan, Eléonore (dite « Nell »), et Théo constituent un groupe de gamins malins, accompagnés du chien Mozart, dont la devise est «Les mousquetaires, ventre à terre ! ». Ils ne perdent jamais une occasion de faire fonctionner leur camaraderie et leur esprit sagace au gré d’enquêtes. Et voilà qu’une occasion de prouver leur talent s’impose à eux : on vient de voler le squelette d’un iguanodon au musée d’histoire naturelle de Lille, là où officie en tant que vigile le père d’Ylan. Et c’est parti pour une aventure qui recèle de nombreuses embûches !
Avec ce polar jeunesse, Nancy Guilbert fait preuve de beaucoup de talent. Avec leurs messages SMS codés, leur courage et leur sens de l’improvisation, notre trio se démarque vraiment. A partir de cette histoire de trafic, les gamins vont aller au-devant de multiples périls, entre menaces, pistages des suspects, et d’autres situations où leur témérité sera totale. C’est aussi leur sens de la débrouillardise : duper un agent SNCF, se jeter dans la gueule du loup chez l’antiquaire, trouver un allié inattendu en la personne d’une jeune maman, voilà la marque de ces enfants sacrément astucieux ! La tension est également présente de bout en bout, offrant aux jeunes lecteurs un réel moment de délassement. Et il y a le dénouement : vraiment très bon ! Si cette recette a déjà été exploitée, tant au cinéma qu’en littérature, sous la plume de Nancy Guilbert, elle ravit, car elle surprend ! On ne s’attendait pas à ce petit tour de passe-passe, qui prend ici tout son sens, sans flouer le lecteur, et parachevant ce court livre de façon intelligente.
Pour ses premiers pas chez Ravet-Anceau, on ne peut que saluer Nancy Guilbert. Son récit est intelligent et prenant, à tel point que l’on souhaite la lire de nouveau dans un futur proche.02/11/2016 à 08:37
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L'ultime défi de Sherlock Holmes
9/10 Le docteur Watson, se sachant prêt pour le grand voyage, se décide à écrire ses mémoires. Selon sa volonté, cinquante ans après son décès, il est enfin possible d’accéder à ses écrits. Il revient en priorité sur la traque que son ami, Sherlock Holmes, mena à l’encontre de Jack l’Eventreur…
Avec cet ouvrage, Michael Dibdin frappe fort. Très fort. Cette rencontre a déjà été imaginée dans divers arts, du cinéma à la littérature (Ellery Queen ou Bob Garcia par exemple) en passant par les jeux vidéo. Lorsque l’on invoque le célébrissime limier du 221B Baker Street, il est nécessaire de faire preuve d’une grande intelligence, de subtilité, et d’originalité. Et l’auteur ne manque d’aucune de ces qualités cardinales. Le récit rend hommage à la langue de l’époque, usant d’une syntaxe et d’un vocabulaire délicieusement surannés, et replongeant le lecteur dans l’ambiance du Londres terrifié de 1888. Les faits liés à la traque du terrible Jack l’Eventreur sont authentiques, intelligemment restitués, et c’est sans mal, malgré les connaissances que l’on peut avoir de cette affaire, que l’on se surprend à frissonner de nouveau.
Michael Dibdin tire son épingle du jeu grâce à une idée maîtresse, qu’il serait bien évidemment impardonnable de révéler. Mais ce rebondissement, intervenant à la fin du troisième chapitre, est tout bonnement stupéfiant d’ingéniosité et de culot. Le reste de roman maintient de nombreuses zones d’ombres, l’intrigue part en spirales opaques, le lecteur en vient à douter des propres observations de Watson, jusqu’à la chute – dans tous les sens du terme – au Reichenbach. Un véritable tour de force que de mystifier ainsi le lecteur sur une centaine de pages, de manière incessante, sans le moindre ressort malvenu ou facilité, jusqu’à la révélation, téméraire et réussie parce que portée par les multiples talents de Michael Dibdin.
Voilà un livre qui malmène nombre de tabous littéraires. Iconoclaste ? Hérétique ? Peu importe. Michael Dibdin a fait preuve de beaucoup d’esprit, de discernement et d’audace. Les amateurs de l’univers holmesien se régaleront de croiser les divers personnages imaginés par Arthur Conan Doyle et de trouver des références à des enquêtes de l’immortel détective privé. Un ouvrage assurément hardi et brillant, dont on se souvient longtemps après la dernière page tournée.16/10/2016 à 17:42 4
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Hollywood Monsters
8/10 Décembre 1938. Les deux détectives Andrew Singleton et James Trelawney quittent leur Angleterre pour prendre un peu de repos à Hollywood. Au beau milieu d’une nuit, ils manquent de peu écraser une créature énigmatique, ressemblant à s’y méprendre à un loup-garou. Peu de temps après, une jeune femme est retrouvée morte non loin de là. Y aurait-il un lien ? Notre paire de limiers se lancent alors dans une traque qui va les mener de surprise en surprise.
Voilà donc le cinquième ouvrage de la série des Détectives de l’étrange, et le moins que l’on puisse dire est qu’il ne déroge pas à la règle édictée par les précédents opus. La plume de Fabrice Bourland est toujours aussi riche et savoureuse, faisant revivre par d’habiles tournures de phrases, références historiques ainsi qu’avec un phrasé si particulier une époque révolue. Ce voyage temporel est en soi un régal. Mais lorsque nos deux enquêteurs sont aux prises avec des freaks, aidés par deux nains plein de ressources, combattant une étrange et monstrueuse ligue, on ne peut qu’être d’autant plus ravis. Les rencontres avec ces divers « monstres humains » sont particulièrement bien amenées, avec juste ce qu’il faut d’humour et d’ébahissement, sans jamais tomber dans le scabreux ou, ressort inverse, un angélisme puéril. Dans cette intrigue prenante et passionnante, où se mêlent l’étude du cinéma mondial de l’époque, considérations légitimes quant à l’eugénisme, et mise à nu d’un complot féroce, Andrew Singleton et James Trelawney seront particulièrement secoués, jusqu’à cet épilogue particulièrement touchant ayant trait à ce jeune messie.
Un roman historique de premier ordre, qui combine avec habileté érudition et sens du suspense, le tout gravitant autour de justes interrogations quant à la dignité humaine et la place de chacun au sein de la communauté. Fabrice Bourland signe ici probablement l’un de ses livres les plus aboutis, avec La dernière enquête du Chevalier Dupin et Le Serpent de feu. Assurément, une série à ne pas manquer !16/10/2016 à 17:36 2
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La Bosse du crime
8/10 Une intrigue singulière, moins dans son déroulé que son traitement. Ou comment le superintendant de police Strutt demande à son ami Casson de l’aider à coincer le tueur d’une jeune femme. Pas de traque haletante ni de scène d’action, et si l’on y réfléchit bien, pas vraiment de suspense non plus. Mais un immense talent dans les détails psychologiques, la peinture de la structure mentale du meurtrier, et une très habile confrontation intellectuelle entre l’assassin et Casson, fin profileur et victimologue (toujours brillant et en même temps surprenant, notamment dans ses requêtes auprès de Strutt). Un petit régal, de bout en bout, et dont je ne regrette finalement qu’un seul élément : la traduction du titre, qui aurait dû donner littéralement « Le Piège de la peau ».
16/10/2016 à 17:35 3
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Le Rossignol de Stepney
Jean-Blaise Djian, David Etien, Olivier Legrand
8/10 Toujours aussi charmé par cette série. Des graphismes très agréables, du dynamisme, et une intrigue prenante, avec un rôle clef joué par Sherlock Holmes lui-même. Je me suis régalé !
16/10/2016 à 17:33 2
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Le Mal par le mal
9/10 Le site d’information W3 continue d’exister, malgré les événements relatés dans Le Sourire des pendus. Sa spécialité : la dénonciation des crimes restés impunis et ayant trait à la sexualité. Une vague de meurtres de policiers secoue l’Hexagone. Si les apparences laissent penser qu’il s’agit d’actes isolés, la vérité est tout autre, et seul un média constitué de téméraires individus saura faire apparaître le complot ourdi.
Ce deuxième volume de la série W3 n’égarera nullement les nombreux lecteurs qui ont adoré le précédent opus. Jérôme Camut et Nathalie Hug plantent d’entrée de jeu les personnages créés presque deux ans plus tôt grâce à un résumé bien utile. Retrouver ces divers protagonistes et les liens principaux les unissant est nécessaire et rappelle ces réunions de famille dont on a perdu de vue quelques-uns des membres. Et dès les pages suivantes, la magie opère de nouveau : ce beau bébé de huit-cents pages est un gouffre, un labyrinthe dans lequel on prend un plaisir immense à tomber ou se perdre. Le scénario, comme celui du Sourire des pendus, est semblable à la toile d’araignée : complexe, tortueux, si enchevêtré et certains événements arrivant si vite qu’aucun des plus de deux-cents chapitres ne saurait être zappé ni survolé. Et quel régal de rejoindre ces personnages si croustillants et hétéroclites ! Sookie Castel, hypermnésique et physionomiste, plaçant ses interlocuteurs dans des boîtes à partir de ressemblances avec des gens connus, et placée en hôpital psychiatrique. Léon, son père, jurant comme un charretier et ne connaissant aucune limite pour faire rendre la justice, quitte à aller provoquer un violeur injustement libéré et terminer lui-même en prison. Jo Lieras, policier d’élite, immédiatement attaqué par des agresseurs anonymes et lourdement armés. Lara Mendès, journaliste ayant payé cher ses investigations, et prête à aller jusqu’au bout pour obtenir réparation. Et au-delà de ce carrousel d’êtres en mouvement presque perpétuel, il y a des histoires. La genèse de Kalinine, le refuge de La Malhornière, où l’on croise des humains brisés et rafistolés pour répondre aux demandes sexuelles de quelques monstrueux clients. Ce roman, c’est également un vaste champ de mines sur lesquelles beaucoup des héros et des monstres vont poser le pied, déambuler, parfois avec crainte, parfois certains d’être protégés des explosions, mais rares seront ceux franchissant la page finale sans avoir été meurtris, choqués, voire tués. D’ailleurs, les derniers chapitres offrent un événement inattendu et ahurissant, un cliffhangerparticulièrement anxiogène et ouvert, laissant augurer un ultime tome, Le Calice jusqu’à la lie, qui offrira les dernières réponses quant à cette machination.
Indéniablement, Jérôme Camut et Nathalie Hug ont ranimé la magie de leur précédent roman, et nul ne s’en plaindra. C’est aussi long qu’exalté, excitant qu’enténébré, acide qu’hautement addictif. Et derrière ce paravent de littérature se nichent de bien légitimes questions quant à la liberté de la presse, les imprécations stériles de la justice, la gabegie des fonds secrets des Etats employés à des fins malsaines, et tout simplement la place de l’individu isolé face à un monde qui ne maîtrise plus les monstres sexuels qu’il a, au moins en partie, engendrés. Un thriller d’une rare efficacité doublé d’une leçon de choses qui dérange, bouscule et renverse.24/09/2016 à 18:24 4
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Enragés
8/10 Les jours se suivent et ne se ressemblent pas pour autant. Deux individus lambda, comme Louis et Lucas, vont connaître des événements inattendus. Cela peut commencer de manière étrange, comme un bras retrouvé déchiqueté près d’un accident de voiture, un SDF qui essaie de mordre, une altercation dans une boîte de nuit où quelqu’un semble devenir fou… Ces signes sont peut-être annonciateurs d’une catastrophe terrifiante.
Pour son premier ouvrage paru chez Fleur sauvage, Pierre Gaulon frappe fort. Reprenant la trame classique des zombies, il nous convie à une lente descente aux enfers. La grande force de l’écrivain, c’est cette facilité avec laquelle il fait lentement naître l’angoisse, instiller dans l’esprit du lecteur la prémonition d’une apocalypse par petites touches successives, version toute littéraire du pointillisme. Car l’un des pièges de ce type de roman, c’est la surabondance d’effets ainsi que leur soudaineté ; ici, tout arrive posément, au compte-gouttes, au point que l’on en vient à croire à cette propagation du mal à l’échelon mondial. La peur, mais aussi le dégoût, parfois la colère, se mêlent alors chez le lecteur, et de longs jours passent aux côtés de nos deux personnages. À cet égard également, rendons hommage à Pierre Gaulon qui nous a évité le cliché des superhéros, indestructibles, et briseurs de zombies à la chaîne. Louis, accompagné de son chien Bingo, est un type on ne peut guère plus ordinaire, tandis que Lucas n’a pour lui que d’être un excellent tireur de compétitions sportives, donc ni un Brad Pitt aux neurones et synapses surnuméraires ni un massacreur à la chaîne de choses. Cependant, l’auteur sait nous narrer ce qu’est un zombie, ou du moins tel que nous le concevons dans notre culture nourrie de films et de romans effrayants. Des silhouettes vociférantes, au déplacement lent et chaotique, et nourri de chair humaine fraîche. Certaines scènes retiendront longtemps l’attention, comme l’agression de Lucas dans sa voiture, ou la manière dont Louis réagit face à la créature enchaînée chez le docteur.
Sans tapage ni effet facile, Pierre Gaulon joue habilement sa partition sur le thème des zombies. Il le fait avec sobriété, sans jamais réinventer le genre ou le dynamiter (mais il y a fort à parier que l’écrivain n’avait que faire de ces objectifs un peu vains et stériles), et offre de jolies pages finales, tantôt heureuses, tantôt sujettes à plusieurs explicitations contradictoires comme pour Louis. Et c’est cet ensemble de qualités narratives et d’humilité qui servent ce récit mordant et anxiogène.24/09/2016 à 18:20 2
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Le Maître des insectes
9/10 Angleterre, années 1960. Jonathan vit avec ses parents et Roger, son frère aîné, handicapé mental. Ce dernier se met à nourrir une puissante passion pour les insectes qu’il élève dans une cabane. Une inclination dévorante, qui sera la source de nombreuses tragédies.
Premier ouvrage de Stuart Prebble, ce Maître des insectes est un roman noir dans sa plus profonde expression. En presque quatre-cents pages, le narrateur, Jonathan, raconte son existence, jalonnée de multiples accidents. Il sera le protecteur de son frère, légèrement attardé, tombera éperdument amoureux d’Harriet dont il fera son épouse, nourrira pour elles des sentiments brûlants, perdra ses parents dans un incendie. Une sorte de longue confession, sépulcrale, terriblement humaine. L’auteur parvient à susciter un réel appétit chez le lecteur d’en savoir plus aux sujets de ces différents personnages grâce à de longues analyses, toujours plausibles, et confère aux protagonistes tant d’épaisseur que l’on en vient presque à sentir leur pouls en palpant les pages. Ce qui retient également l’attention, c’est Roger ; suscitant une indiscutable empathie sans jamais verser dans l’emphase, le larmoyant ou la caricature, voilà un être littéraire que l’on n’est pas prêt d’oublier. Car derrière sa déficience, il saura faire preuve d’une incroyable intelligence et d’une finesse insoupçonnable. Les insectes qu’il élève dans son vivarium sont une ahurissante métaphore de la condition humaine, bien au-delà de l’écho donné au sort que le destin va réserver aux individus façonnés par Stuart Prebble.
Sans le moindre artifice de mauvais aloi ni effet contrefait, l’écrivain nous transporte de bout en bout, au gré de sentiments entremêlés et souvent contradictoires, jusqu’à un épilogue mémorable, répondant avec pertinence et émotion au drame évoqué dans le prologue. Assurément, une pépite de la littérature, entre la blanche et la noire, qui n’a pas fini de nous griser.24/09/2016 à 18:14 6
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La Dixième victime
2/10 Cela fait fort longtemps que ça ne m’est pas arrivé, mais je n’ai jamais réussi à accrocher à ce roman. J’imaginais tant de choses, mais aucune ne s’est produite. Pourtant, un livre de 1965 sur la téléréalité et avec une chasse à l’homme, ça promettait d’être intéressant. Une dénonciation du pouvoir des médias, de la cruauté des (télé)spectateurs, du voyeurisme, de l’argent roi ? Rien de cela. Bon, alors de la noirceur, avec des scènes de combat serrées, une réelle tension, un quelconque suspense, quitte à laisser les neurones et toute réflexion déontologique au pressing ? Que nenni. Alors de l’humour, du ixième degré, du déjanté, peut-être pour mieux dénoncer, ou carrément distraire ? Même pas. Ce livre me fait penser à une succession d’ingrédients, tous probablement valables, sains et comestibles, mais réunis et mixés à l’arrache pour donner un brouet indéfinissable, et surtout immangeable. Ca hésite toujours entre plusieurs tons : ça se veut parfois drôle, mais ça ne l’est jamais. C’est bavard au possible, aucun des personnages présentés n’a la moindre envergure ou densité, ça part dans tous les sens, et jamais l’auteur n’a essayé de vraiment rendre crédible cette société où la chasse à l’homme est institutionnalisée et acceptée… Et quand on croit que le style rachète l’ensemble… eh bien non, même pas. Les soi-disant escarmouches sont si mal écrites qu’on les croirait volontairement ratées. La passion dévorante entre la chasseuse et la proie est tellement subite et bâclée qu’elle ne tient pas du tout la route. Bref, à mes yeux, un ratage complet de bout en bout, avec comme seule circonstance atténuante, d’être de la plume de l’écrivain qui, semble-t-il, a imaginé le premier cette idée de chasse à l’homme sous les caméras de la téléréalité en 1953 dans une nouvelle sur laquelle il faudra que je mette la main.
24/09/2016 à 18:08
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Un peintre en cage
8/10 Au musée du Louvre-Lens, c’est l’effervescence ! On s’apprête à inaugurer une exposition consacrée à Marc Logan, peintre connu sous son pseudonyme de Malo. Julien Cadonet est en charge de la préparation de cette exhibition. Mais on apprend que l’artiste vient d’être assassiné chez lui, probablement à l’aide d’un pied-de-biche. Le commissaire Garant, en charge de l’enquête, demande de l’aide à Julien afin qu’il obtienne son expertise. En effet, le peintre avait un style bien particulier, avec une obsession pour les petites cages fermées que l’on retrouve sur tous ses tableaux, en plus de nombreux miroirs. Et si ces deux symboles pouvaient désigner le meurtrier ?
Il s’agit du premier ouvrage d’Ingrid Klupsch, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce premier essai est une réussite. Avec ce roman court, aux chapitres lapidaires qui s’enchaînent à merveille, on se prend de passion pour cette intrigue. Un tueur en série ? Non. Des déflagrations, des fusillades, des corps qui bondissent dans les airs ? Nullement. Du sang, du machiavélisme, de la bidoche éventrée à chaque page ? Encore moins. Décidément, Ingrid Klupsch ne semble rien proposer qui soit susceptible de plaire à un large lectorat, n’est-ce pas ? Eh bien, il serait bien maladroit et déplacé de penser de telles sornettes, car assurément, l’écrivaine a beaucoup de talent. Et ses prédispositions littéraires, son sens de la narration, l’intelligence de ses écrits ainsi que la grande crédibilité de cet opus sont patentes. Julien est un personnage humain, sensible, et qui n’a nullement besoin d’avoir une musculature de gladiateur, un flair de Saint-Hubert ou un physique avantageux à carboniser une femme à plusieurs mètres. Il est juste passionné de peinture, en a fait son métier ainsi que sa vocation, et il saura mettre à profit son érudition artistique pour comprendre non seulement le mobile mais aussi l’identité du criminel. Un détail minuscule qui éclate à la surface de sa conscience, le principe de l’anamorphose qui lui revient après avoir vu un tableau de Mattheus Wytmans, et le voile se lève ! Il est assurément bon – voire sain et salvateur – de voir de jeunes auteurs oser ne pas copier les codes du thriller américain et proposer leur propre vision de la littérature policière, celle qui œuvre avec vraisemblance, humilité et finesse. Et c’est ainsi que l’on comprendra tout de l’assassinat de Malo, entre duperie, amours contrariées et trafic d’art. D’ailleurs, ce résumé mettant en avant cette histoire de cages fermées et de glaces laissait augurer beaucoup d’originalité, de fraîcheur et de réflexion. Le but est amplement atteint.
Voilà donc une lecture ingénieuse et subtile, qui s’impose au gré des pages par petites touches, telle une peinture du courant pointilliste, sans effet tapageur ni rebondissement capillotracté. C’est aussi une saine plongée dans le milieu des peintres, pris en étau entre la volonté de reconnaissance et le devoir presque éthique d’assumer son œuvre. Emaillé de références artistiques que l’on se plait à aller creuser et analyser de son propre chef en relâchant – très provisoirement le roman – pour les rendre plus parlantes, cet opus est une bien agréable bulle de jouvence qui vient éclater à la surface d’un paysage littéraire trop plat, ou trop prompt à reproduire les inspirations et gimmicks du dernier auteur à la mode. Ce livre, Un Peintre en cage, a en plus le mérite de briser ce corset pour proposer une œuvre atypique et fort personnelle. D’ailleurs, Ingrid Klupsch signale que Julien Cadonet sera bientôt de retour pour une nouvelle aventure en Bretagne ; nous serons au rendez-vous !24/09/2016 à 18:05
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Un Printemps vert panique
6/10 Une histoire policière gentillette, aux ressorts connus et un peu usés, mais qui passe facilement. Le rythme imprimé, le style doux et son intrigue plaisante rendent l’ensemble aisément accessible à n’importe quel jeune lecteur, autour de cette histoire d’héritage, de vengeance et de famille. Seul surnage le personnage de Martin et son attachement sans bornes à « son » hôtel.
10/09/2016 à 18:37 1
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Auprès de l'assassin
9/10 Comme tant d’autres, Mark et Jenny, un couple d’Anglais, ont quitté leur patrie pour s’installer en Dordogne avec leur fils Jimmy. Ils ont acheté une bâtisse qu’ils veulent transformer en chambre d’hôtes et couler des jours heureux. Leurs voisins, les Martin, sont des personnes rudes, et si l’amabilité envers les nouveaux arrivants est palpable, elle n’en demeure pas moins précaire et bancale. Le drame n’est alors pas loin.
Louis Sanders n’a pas une bibliographie très épaisse ; aussi, il serait d’autant plus dommage de rater le rendez-vous – la sortie d’un de ses livres – qu’il nous donne. On retrouve donc avec plaisir la plume de l’auteur pour ce nouveau roman noir, simple et singulièrement efficace. L’auteur ne déroge pas à la règle de ses précédents ouvrages : il y sera question d’Anglais ayant émigré en Dordogne. Une obsession ? Certainement. Une routine littéraire, lassante ? Certainement pas. Car Louis Sanders n’a guère son pareil pour peindre, en peu de mots, un décor, une ambiance, une psychologie. Les mœurs rurales, les tensions de voisinage, les qu’en-dira-t-on, les querelles larvées, tout y est dépeint avec une causticité indéniable, sans jamais tomber dans le caricatural ou l’attendu. L’écrivain se balade dans cette contrée qu’il connaît si bien, dont il maîtrise les psychés et les habitudes. En cela, la première partie de chasse est en soi révélatrice de l’opus : lapidaire, presque élémentaire, saupoudrée d’un humour de bon aloi, et déjà révélatrice des sangs à couler. On retiendra tout au long du récit ces petits jalons, loufoques, presque burlesques, qui vont pourtant lentement amener le couple Mark-Jenny sur le bord du rasoir : l’achat d’un chiot, d’un poney, les bruits de la trayeuse que l’on en vient à compter tout au long de la journée pour savoir si le voisin est encore en vie. Il y aura également une noyade suspecte, une clôture étrangement défaite malgré le courant électrique qui la parcourt, ou encore des volailles décimées. Et tout autour de ce trombinoscope croustillant, d’autres personnages émergent, comme Jean-Louis, un maquignon affable, désirant absolument faire de Bluebell, le chien des Anglais, un molosse de chasse, et dont les derniers chapitres amèneront à bien des réflexions de la part du lecteur.
Laissons de nouveau Louis Sanders nous prendre la main et nous dévoiler un autre Périgord, un Périgord noir pour paraphraser le titre de l’un de ses livres. L’excursion sera brève mais âpre et, surtout, infiniment crédible. Encore un nouveau coup d’éclat, après tout le bien que l’on a pensé de l’un de ses autres écrits. Un auteur indispensable pour les amateurs d’intrigues fortes, claires et enténébrées, dont le titre dévoile un double sens comme un fourreau révélerait une double lame. C’est court et sacrément noir : ne serait-ce pas la recette d’un hypothétique café périgourdin ?10/09/2016 à 18:33 5
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Tu me suivras dans la tombe
5/10 Ce roman est pour moi l’histoire d’un rendez-vous manqué. Même si l’auteur sait indéniablement écrire et que l’intrigue promettait tant de suspense, jamais je ne suis véritablement rentré dedans. Un tueur psychopathe et un écrivain dans un huis clos ? J’imaginais une rencontre psychologique de haute volée, un jeu du chat et de la souris, des rôles qui s’inversent, que sais-je encore… Là, rien de très brillant. Des personnages trop vite croqués et sans réel densité (un scénariste à la ramasse, son épouse qui est tellement érotomane/naïve/chaude que ça en devient n’importe quoi, un tueur qui ne marquera pas les esprits, un adjoint du shérif qui est un ancien tireur au Vietnam mais qui se fait avoir comme un bleu, etc.). Une intrigue qui n’est finalement que du déjà vu et du déjà lu, sans réelle accélération ni noirceur. James Hadley Chase donne l’impression d’avoir écrit ce livre à la va-vite, comme pour respecter une commande, pas pour faire plaisir à son lectorat, et surtout, pas pour se faire plaisir à lui-même. J’en ai d’autres de cet écrivain sous le coude, je les lirai certainement. Mais même si cet ouvrage se laisse lire, il n’y a vraiment pas de quoi débosseler un chameau.
10/09/2016 à 18:32 1
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Nu dans le jardin d'Eden
9/10 Harry Crews est décidément l’un de mes auteurs favoris. Des personnages incroyablement barrés, où l’écrivain fait basculer les codes, au point que les êtres « anormaux » finissent par devenir la règle. Fat Man, propriétaire des terrains de cette mine abandonnée, isolé dans son chalet surmontant les douze familles ayant continué de vivre sur place, est remarquable. Depuis ses amours contrariées avec un athlète de cross-country jusqu’à son obésité grandissante qu’il tente de combattre, au-delà de ses forces psychiques, voilà un individu littéraire dont on se souviendra longtemps. Jester, robuste jockey devenu un valet de Fat Man et qui saura se révolter. Dolly, ayant préservé sa virginité avec le zèle d’un religieux conservant sa prêtrise, et ayant l’idée de faire bâtir des cages à danser pour attirer les touristes. Des personnages complètement fous, pour un récit qui aurait pu, ou aurait dû, basculer dans le risible, le vulgaire et le voyeurisme. Mais avec Harry Crews, on se transpose dans une autre dimension, avec des phrases fortes, certaines si puissantes qu’elles mériteraient de devenir des épigraphes. Et des situations qu’il décrit avec une maestria roublarde (ah, le coup du suicide du cheval de Jester…). Et il y a cette fin, exceptionnelle, mémorable, avec cette version toute personnelle de la chute d’une divinité. A mes yeux, ce n’est clairement pas un polar, et même si j’ai naturellement un penchant pour ses romans policiers, Harry Crews a livré là une œuvre forte et singulière qui m’a envoûté.
10/09/2016 à 18:29 4
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La Signature du tueur
7/10 Très jeune auteur de romans policiers, Arthur Thaur se rend à la foire du livre de Brive pour des séances de dédicaces. Sur place, il y retrouve un ami, Thomas, ayant perdu l’usage de ses jambes depuis un mystérieux accident qui a coûté la vie à sa mère. Alors qu’il s’apprête à participer à un match de sport, Thomas est agressé par un homme cagoulé. Qui est cet inconnu et pourquoi l’adolescent est-il devenu une cible ?
Troisième ouvrage de la série consacrée à Arthur Thaur après Ce que je n’aurais pas dû voir et Surgi du passé, ce Signature du tueur charmera sans mal les fans de Christophe Miraucourt. L’écriture y est simple et efficace, et l’ensemble est amplement accessible. Le suspense y est intelligemment bâti, les suspects ne manquent pas, et l’on prend un réel plaisir à suivre l’enquête que mène Arthur. Ses déductions sont habiles, et les narrations qu’il écrit au fur et à mesure du récit, où il consigne sur un traitement de texte ses hypothèses et autres versions des faits, constituent autant d’intelligents petits entractes. Si le dénouement n’est pas, en soi, remarquable d’originalité, il est néanmoins intéressant et crédible, et l’on se régale des répliques très drôles de Thomas, toujours ironique et malicieux quant à sa paraplégie.
Un nouvel opus enthousiasmant à porter au crédit de Christophe Miraucourt, qui ne cesse de séduire le jeune lectorat.10/09/2016 à 18:25 1
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La Mort dans les veines
7/10 Frank Morel, chercheur épidémiologiste à l’Institut Pasteur, est agressé dans son bureau alors qu’il travaillait en secret sur un virus monstrueux. Son bourreau lui inocule ce fameux germe et le tue avant que le scientifique n’ait eu le temps de parler, après quoi il se débarrasse de son cadavre dans le Canal Saint-Martin. Peu de temps après, la fille de Morel vient chercher Luc Mandoline dans un bar et lui enjoint, en échange d’argent, de savoir ce qu’est devenu son géniteur… car le corps a disparu de la morgue. Pour Luc, dit « L’Embaumeur », c’est le début des emmerdes.
Samuel Sutra signe ce dixième opus de la série consacrée à l’Embaumeur et y imprime très rapidement sa patte. Comme le souligne très justement Marie Vindy dans la préface, l’auteur est bien plus un lecteur de Georges Simenon que de Thomas Harris, et cela se sent aisément. Au-delà de l’intrigue, c’est tout un petit monde qui chante au travers des mots de l’auteur, celui d’un Paname gouailleur et canaille, où la verve colorée et poétique n’est jamais sans rappeler celle de Michel Audiard ou de Jacques Prévert. En ce sens, le lecteur est bien loin des canons du thriller américains ou même de ce qui a pu se faire précédemment dans les autres ouvrages de la série. Pour Samuel Sutra, tout se situe en priorité dans cette langue chantante, gentiment contestataire, où surnagent en permanence les signes évidents de la bonté et de la bienveillance. Et si l’on veut trouver d’autres influences, on pourra, sans le moindre mal, tel un héritage aimablement et malicieusement assumé, retrouver dans le premier chapitre mettant Luc Mandoline en scène une transposition presque cristalline d'un épisode du Poulpe. L’histoire, en soi, n’a rien de très original ou magistral, mais elle permet de tendre un fil rouge au gré duquel notre enquêteur va devoir retrouver un macchabée décidément fort facétieux, affronter un ennemi peu doué pour assassiner, sans compter les nombreuses interventions des services de renseignements français.
Cet épisode de L’Embaumeur vaut surtout pour la très grande qualité de ses dialogues, les traits humoristiques de son écrivain et cette fraîcheur un peu désuète – au sens mélioratif du sens – qui transpire de chacune des descriptions et situations peintes. Et si vous souhaitez savoir, en prime, comment un ancien légionnaire peut se voir sauver la vie par Alain Bashung, ruez-vous sur cet ouvrage qui démontre la plasticité de la série à laquelle il appartient autant que le grand avenir qui est le sien.18/08/2016 à 08:55
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La Bête de Troufignac
8/10 Le résumé de la quatrième de couverture paraissait certes amusant, mais je ne m’attendais pas à un tel bidonnage ! On passera rapidement sur l’intrigue, certes sympathique et suffisamment solide pour maintenir l’attention, mais le plus intéressant demeure le style et l’allégresse de la plume d’Alex Varoux. De magnifiques tranches de rigolade, avec un duo improbable d’enquêteurs quelque part entre Gaston Lagaffe, des personnages à la Audiard et les Pieds nickelés. Des scènes mémorables, comme lorsque les écoliers sont emmenés au bordel histoire de leur faire découvrir la vie, ou la découverte de l’identité de la soi-disant bête. Pour conclure, rien de vraiment très nouveau sous le soleil de la littérature noire en termes de scénario, mais un tel talent dans le comique qu’on en redemande !
18/08/2016 à 08:50 5
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L'Ultime combat
8/10 Juin 1944. Dans le maquis proche de Beauvais, un groupe de résistants lutte par tous les moyens possibles contre l’occupant nazi. Charles Henderson combat ainsi pied à pied avec de très jeunes soldats, et ils emploient des techniques de guérilla. Une mission à très hauts risques leur est confiée : ralentir du mieux qu’ils pourront le 108e, un bataillon composé d’une cinquantaine de blindés et de soldats particulièrement agressifs, et prêts à rejoindre la côte normande.
De Robert Muchamore, on connaît principalement sa série CHERUB destinée à un jeune public. Mais il existe également celle consacrée aux Henderson’s Boys, évoquant la création de CHERUB et se déroulant pendant la Seconde Guerre mondiale. Cet ultime combat est le septième ouvrage de cette saga. On y retrouve avec entrain ce qui a fait le succès de l’auteur : beaucoup d’action, une lecture accessible à tous les adolescents, et un sens du rythme propre à charmer son lectorat. Le suspense est au rendez-vous, les coups d’éclat des jeunes résistants fleurissent à chaque chapitre, et les pages défilent à une vitesse insensée. Si le récit ne nous épargne parfois pas quelques clichés et autres passages téléphonés – même s’il faut toutefois rappeler que, par essence, et sans la moindre condescendance, les jeunes lecteurs n’ont pas les mêmes exigences que les adultes –, le roman demeure âpre, bien loin d’une certaine vision romantique et hypocrite de la Résistance. On place des grenades contre les cadavres d’enfants morts pour piéger l’adversaire. On massacre à tout-va dans un orphelinat. On exécute des soldats allemands d’une balle en pleine tête pour être certain qu’ils ne reviendront pas en découdre un peu plus tard. Tout au plus, dans ce tourbillon de violences, pourra-t-on reprocher à Robert Muchamore une juxtaposition d’intrigues (le combat contre la division de blindés, la traque du milicien, l’attentat contre le hangar, etc.). Les luttes intestines entre les divers partis (communistes, gaullistes, proaméricains) sont également restituées avec beaucoup de justesse, sans jamais tomber dans le cliché éculé ou la leçon d’histoire au rabais.
Voilà encore un livre fort de la part de l’un des auteurs phares de l’action pour les jeunes lecteurs, confortant sans mal son rang d’écrivain totem en la matière.18/08/2016 à 08:43 3