La Fille du canal

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  • 9/10 Un petit livre de par sa taille (89 pages) mais un grand livre de par son contenu. Avec une économie de mots et une absence totale de pathos, Thierry Lenain parvient à mettre les bons mots sur les maux. Écrit en 1993 ce roman est malheureusement encore nécessaire 30 ans plus tard. Une histoire touchante que ce portrait croisé de deux femmes blessées par la folie des hommes.

    26/10/2023 à 09:52 Hoel (1141 votes, 7.6/10 de moyenne) 2

  • 9/10 Une histoire construite en miroir, très touchante, tout en pudeur mais qui atteint son but. Une institutrice qui revit une agression subie dans sa tendre enfance, aux travers des yeux d'une de ses élèves, qu'elle va prendre sous son aile, et exorciser ses propres démons. En quelques pages, on ressent tout le poids du sentiment de culpabilité et les ravages des traumatismes dus aux agressions sexuelles sur les enfants.

    12/04/2022 à 08:50 Polarbear (793 votes, 7.7/10 de moyenne) 5

  • 9/10 … ou la vie terriblement poignante de Sarah, onze ans, qui a vécu ou vit des choses si terribles qu’elle n’ose s’en ouvrir à personne, surtout pas à sa famille. Il n’y a que son institutrice qui va se rendre compte que quelque chose cloche. Des mots simples, adroits, choisi et travaillés avec une justesse prodigieuse, sans le moindre terme en trop. Une sécheresse purement formelle qui ne détourne absolument pas le flot de ces émotions puissantes qui coulent au gré des pages. Des signes, presque des symptômes, retranscrits avec une humanité une véracité remarquables par Thierry Lenain : des résultats en baisse pour la gamine, un appétit en berne, une poupée maltraitée et au ventre délibérément brûlé, des cheveux qu’elle a subitement fait couper courts, et un mutisme croissant qui n’a vraiment rien de bon. L’institutrice, victime vingt ans plus tôt d’un acte ignoble dans le cercle familial, constituera la planche de salut de Sarah tout en lui permettant d’affronter les démons de son propre passé et d’entamer, si c’est encore possible, sa rédemption. Un texte court, rédigé avec un talent inouï, tout en retenue et en tact, sans que les termes nécessaires – « viol », « inceste », « attouchements » ou « pédophilie » – ne soient jamais écrits, car inutiles, au vu de la qualité et de la force évocatrice de l’écrivain. Un ouvrage riche, fulgurant, à la fois glaçant et brûlant, et qui en devient presque indispensable par l’intelligence des mots employés et des maux décrits.

    24/02/2019 à 17:49 El Marco (3219 votes, 7.2/10 de moyenne) 5