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Un si terrible secret
9/10 Une très jolie histoire qui mêle secrets de famille, amours éconduites et Seconde Guerre mondiale. Avec une langue particulièrement agréable et un sens indéniable de la narration, Evelyne Brisou-Pellen a bâti une intrigue magnifique qui enchantera jeunes comme moins jeunes lecteurs, jusqu’à l’épilogue vraiment très émouvant. Une réussite totale !
11/01/2017 à 17:05 2
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Détective Conan Tome 5
6/10 Deux histoires et demie bien sympathiques. Un tueur bien machiavélique et sanglant, avec une affaire façon John Dickson Carr en édulcoré. Une belle réussite. La deuxième ne m’a pas particulièrement emballé, bien qu’elle soit crédible et bénéficie d’un dénouement mettant en avant un côté humain et psychologique de fort bon aloi. La dernière, inachevée, demande la lecture du tome 6 pour être complétée et achevée. Dans l’ensemble, c’est toujours aussi efficace et prenant, même si ce tome ne m’a pas transporté plus que cela.
15/12/2016 à 18:36
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La Voiture hantée
7/10 Quelque part entre le « Christine » de Stephen King et les histoires de revenants, un livre assez sombre et bien mené, jusqu’ à une conclusion intéressante. Le style colle parfaitement à ce récit anxiogène et empreint de paranormal. Un livre qui se lit vite et bien, assurément pour de bons instants d’angoisse pour les jeunes lecteurs auxquels il se destine.
15/12/2016 à 18:35
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Le médium a perdu ses esprits
7/10 Un habile et méconnu roman à énigme, dans un style typiquement british, ou comment une série de cambriolages mène le sergent Cribb à enquêter sur un médium qui va lui-même mourir lors d’une étrange séance de spiritisme. Une ambiance très décontractée pour ce whodunit de bien bonne facture, avec un humour agréable, et des révélations en cascade sur la fin du livre. Peter Lovesey entremêle adroitement plusieurs pistes (chantages, charlatanisme, etc.), révèle quelques-unes des duperies du spiritisme, et rend prenante de bout en bout cette histoire d’augure électrocuté sur une chaise qui n’avait été élaborée, de prime abord, que pour s’assurer de sa bonne foi. A découvrir.
15/12/2016 à 18:34 1
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Le Secret de la petite demoiselle
8/10 1903 à Malo-les-bains. Deux personnes sont retrouvées mortes, la première noyée par la marée, la seconde pendue. Les deux victimes étaient des investisseurs et les circonstances de leur décès sont suspectes. Afin de lever le voile sur cette affaire, le directeur du cabinet du maire fait appel à Ernest Hornes. Ce dernier va alors mettre à jour un terrible complot qui tourne autour d’une mystérieuse « petite demoiselle ».
Issu de la collection Belle Epoque, cet ouvrage de Jesse Kaan est une très belle réussite. S’y conjuguent, avec un talent indéniable, les ingrédients du polar historique, du roman d’action et du livre d’espionnage. En fort peu de pages (environ cent-quatre-vingts), l’auteur nous charme de bout en bout. Les scènes d’action sont très réussies, l’enquête est intelligemment bâtie, et les divers personnages enchantent. Ernest Hornes est, à ce titre, un être que l’on aurait plaisir à retrouver, pratiquant la savate (ce sport lui sera souvent salvateur), toujours prompt à séduire les femmes mais révélant au fil des chapitres un cœur tendre, obstiné et particulièrement efficace. Le lecteur va côtoyer des individus particulièrement retors et savoureux, depuis ces Apaches prompts à user de la violence jusqu’aux conjurateurs en passant par Von Malenhof qui prévient de ses crimes en utilisant des roses blanches. Il serait faux cependant de penser que ce livre n’est que purement distractif : même si Jesse Kaan sème quelques indices au long du récit, la nature de cette « petite demoiselle » n’apparaît que dans l’épilogue. Et il s’agit d’un rebondissement astucieux, érudit et singulièrement détonnant.
Voilà un bouquin qui arrive sur la pointe des pieds, chez un éditeur malheureusement pas assez médiatisé, et signé d’un homme bien plus connu et reconnu pour ses nouvelles que pour ses romans. Alors profitons de cet avis pour proclamer haut et fort que Jesse Kaan est un auteur qui mérite amplement de plus nombreux échos médiatiques, car l’esprit et l’efficacité qui animent sa plume sont délectables.15/12/2016 à 18:31 1
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Blackout Baby
9/10 Dans le Londres de ce début 1942, la Luftwaffe n’est pas nécessairement l’ennemi le plus angoissant. Un individu, que la presse surnomme déjà le Blackout Ripper, massacre des femmes. Un cabinet réunissant des élites politiques et policières craint qu’il s’agisse de l’œuvre d’une cinquième colonne, de communistes, ou de suppôts nazis, afin de terroriser la population. Un ancien policier, Walter Dew, va rencontrer Amelia Pritlowe, afin qu’elle l’aide à arrêter ce monstre. Car il se pourrait que ce dernier ait déjà en tête un plan bien plus abject et abominable…
Après Retour à Whitechapel, Michel Moatti signe le deuxième tome de la série consacrée à Amelia Pritlowe. Dans le précédent opus, elle se découvrait être la fille de l’une des victimes de Jack l’Eventreur, et c’est parce qu’elle a réussi à mener à bien sa traque que la police se tourne vers elle pour cette chasse à l’homme. Il est d’ailleurs à noter que les deux ouvrages ne doivent pas particulièrement être pris dans l’ordre, d’autant qu’aucun spoiler ne vient gâcher cette éventuelle lecture désordonnée. Nous avons ici un tueur en série particulièrement sadique et dérangé, dont l’auteur nous restitue avec intelligence la genèse : un être ayant voulu s’élever au-dessus de sa condition en profitant de sa nyctalopie, mais surtout sujet à de fortes céphalées et rabroué par ses contemporains. Sa rédemption, il croit la trouver dans la lecture et l’application des préceptes ésotéristes de l’occultiste Aleister Crowley. Le récit apparaît parfois classique dans sa mise en œuvre – sa rythmique, pourrait-on dire – avec la montée en puissance de l’assassin, la rencontre avec son bien involontaire mentor, les indices qu’il laisse sur les lieux de ses perversions, etc. Néanmoins, Michel Moatti est un écrivain de premier ordre, qui sait donner vie à une multitude de personnages, avec une réelle densité : Amelia, à la fois hésitante à se remettre en service, comme Dew, qui n’est que zones d’ombre, et ayant à se racheter de n’avoir pu arrêter, un demi-siècle plus tôt, Jack L’Eventreur. C’est aussi un portrait saisissant de Londres durant le Blackout, des montées d’angoisse à la pénurie alimentaire, de la gestion des nombreux blessés et mutilés – Amelia officie comme infirmière quotidiennement à leur côté – à la crainte d’une attaque de plus grande envergure. Car, en homme instruit et ayant amplement préparé le terrain de ce livre, Michel Moatti a nettement mis en relief des situations et opérations rappelant le joueur de flûte de Hamelin ou encore le Massacre des Innocents par Hérode. Autre fait troublant tout autant que marquant : Gordon Cummins, le tueur en série, a réellement existé, et dans des conditions particulièrement proches de celles décrites tout au long du livre. Certes, dans sa postface, l’écrivain admet lui-même avoir pris quelques libertés avec l’historicité de certains faits et personnages, mais ces très rares licences littéraires mettent néanmoins bien en avant à quel point le réel et le fictif peuvent se rejoindre dans le sang.
Voilà donc un thriller historique de premier ordre, qui vaut moins pour certains passages attendus que l’immense qualité de sa narration, le trouble qui naît lorsque l’on sait qu’il est inspiré de faits réels, et qu’il se déroule dans une ambiance singulièrement alarmante ayant peu servi de toile de fond à la littérature policière. Pour l’anecdote, John Lawton s’est servi de ce cadre à la fois historique et géographique dans Black-out, tandis que Jean-Marc Ligny évoque Aleister Crowley dans La Ballade des perdus.15/12/2016 à 18:25 3
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Elle n'en pense pas un mot
7/10 Etrange histoire, que celle de la jeune Elizabeth Kane, seulement âgée de quinze ans. Elle affirme avoir été enlevée et retenue prisonnière par deux femmes, Marion Sharpe et sa mère, dans leur maison, afin de l’obliger à devenir leur domestique. La gamine porte encore sur elle de nombreuses traces de coups et sait sans mal décrire de multiples lieux de la demeure. Cependant, les deux Sharpe nient catégoriquement. Qui croire ? Les accusées recrutent Robert Blair, avocat peu spécialisé dans le domaine du droit criminel, tandis que l’inspecteur Grant doit démêler cette sombre intrigue. Mais Elizabeth est-elle aussi crédible et innocente qu’il n’y paraît ?
Extrait de la série consacrée à Alan Grant, ce roman est inspiré d’un fait réel, l’affaire Elizabeth Canning. Sur un rythme sage, très policé et finalement so british, le lecteur se prend de passion pour ce mystère autant policier que judiciaire. Les personnages, dépeints rapidement et placés sur la scène de cette originale histoire, sont crédibles et convaincants. Joséphine Tey use d’une langue délicieusement surannée (on ne s’en étonnera que peu, l’ouvrage datant de 1958), ce qui contribue au charme si particulier du roman. Entre recherche des failles dans les déclarations d’Elizabeth, dite Bethy et les légitimes suspicions émises à l’encontre de la famille Sharpe, si froide et volontairement recluse dans leur maison en cours de délabrement et appelée The Franchise, les doutes et le suspense afférent se multiplient. Cependant, on regrette un traitement de l’énigme un peu trop partial, puisque l’on se doute très vite qu’Elizabeth n’est pas le chérubin qu’elle veut bien paraître, de même que deux événements – des témoignages – viennent trop vite affaiblir ses dires. Cependant, la grande force de ce roman succinct tient également dans la peinture acide des acteurs secondaires de ce prétendu drame. Les autorités religieuses, promptes à condamner sans connaître le moins du monde le dossier et ainsi vouer aux gémonies les Sharpe. Les médias toujours aussi véloces quand il s’agit de dégainer un jugement à l’emporte-pièce et nourrir ce que l’on n’appelait pas encore à l’époque un buzz. Les simples citoyens de Milford, prêts à s’en prendre aux prétendues coupables, sans la moindre considération pour la notion de présomption d’innocence, allant jusqu’à attaquer The Franchise, comme on aurait anciennement lynché des suspects au seul motif que la jeunesse ne saurait mentir et que la vindicte populaire ne peut qu’avoir raison dès lors que le stupide grégarisme unit dans un troupeau de viandes pensantes des individus si pieusement intentionnés.
A défaut de livrer un roman policier totalement convaincant, Joséphine Tey croque avec justesse – et donc au vitriol – les si belles mœurs de ses contemporains. Un portrait très fin, sans jamais être caricatural, de la vitesse avec laquelle les poncifs peuvent déclencher des violences pouvant tourner à la tragédie, sans les moindres égards dus à la modération, le libre-arbitre et, finalement, à l’intelligence humaine. Et, en cela, il est tout à fait compréhensible qu’en faisant écho à une célèbre affaire criminelle, ce livre ait pu recevoir autant d’honneurs littéraires.30/11/2016 à 18:45 2
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Qu’ils crèvent !
9/10 José et Gabriel sont deux policiers de la BAC de Cayenne. Un jour comme les autres, ils interviennent et arrêtent un cambrioleur alors qu’il sort à peine de la maison qu’il vient de visiter. Dans le même temps, Nickson, un jeune dealer est agressé chez lui puis tué par deux colosses qui assassinent également sa mère. Le problème, c’est que cette dernière était également la tante de José. Pour le duo de limiers, cela devient donc une affaire personnelle…
Michel Vigneron est assurément une plume à suivre de très près. De ses précédents romans, nous avions déjà beaucoup apprécié, entre autres, Le Puits de la perversion et Harpicide, extrait de la série consacrée à L’Embaumeur (cf. cet avis ainsi que celui-ci. Déjà à l’époque, son style tranchait : direct, violent, saignant. Ici, dans ce Qu’ils crèvent !, l’écrivain ne s’est pas assagi, bien au contraire. Ancien policier en Guyane, il nous dresse un portrait édifiant de ce territoire, perclus de vices, de la drogue à la prostitution (souvent de mineurs) en passant par la corruption. Les mots se déchaînent au rythme des descriptions, toutes plus sordides les unes que les autres. Un véritable festival de maux, où tous les sens humains sont brutalisés. Rarement un écrit n’est allé aussi loin dans l’éclairage des altérations humaines, d’autant que les projecteurs sont eux-mêmes de véritables phares de ténèbres. A un tel stade, on ne trouve guère que des auteurs comme Nada pour être aussi brutaux dans le réalisme. D’ailleurs, ce sera probablement l’un des seuls éléments que certains pourront reprocher à Michel Vigneron, car ce court ouvrage est une véritable réussite. C’est mordant à souhait, autant vénéneux que venimeux, peuplé de personnages interlopes brossés sous leurs pires profils, en une contrée qui semble complètement échapper à la moralité et à la loi. José et Gabriel sont eux-mêmes représentatifs de cet univers anomique : ce ne sont pas des justiciers zélés et vertueux, mais des fonceurs, n’hésitant pas à bafouer toutes les légalités, torturer un prévenu, voire menacer de viol la compagne d’un bonnet de la drogue. Et les ultimes pages, feu d’artifice inattendu, mettent en scène un piège remarquable tendu à l’un des policiers et se refermant tout autant sur le duo que sur le lecteur. Un leurre à l’image du roman tout entier : simple, barbare, mais diablement efficace.
On l’aura compris, cet opus n’est pas à mettre entre toutes les mains, tant il est dérangeant. D’aucuns le trouveront malsains, d’autres stérilement âpre. Soit. Mais ce livre que Lucienne Cluytens qualifie avec malice sur la quatrième de couverture d’écœurant est indéniablement marquant. Il existe une formule qui a fini par perdre de sa valeur à force d’être employée, comme une lame émoussée, et qui veut qu’on déteste un ouvrage ou qu’on l’encense, sans sentiment médian. A la lecture de cette dernière production de Michel Vigneron, on en vient à se demander si cet adage n’a pas été imaginé pour elle. En attendant, nous, on adore. Parce que ça schlingue. Parce que ça saigne. Parce que ça grogne. Parce que, finalement, c’est de la littérature dans ce qu’elle a de plus noir. Et nous, on en redemande.30/11/2016 à 18:45 3
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Machinations
7/10 Les jumeaux télépathes Véra et Théo ont été séparés. Tandis que la première, avec leur mère, vont être acheminées vers Baïkonour, le second va se démener pour faire libérer sa sœur, quitte à devoir affronter la terrible multinationale BEST.
Après Prédictions et Connexions, Johan Heliot revient avec ce troisième et ultime opus de la série consacrée à Enigma. Pour celles et ceux ayant raté les précédents ouvrages, deux pages permettent, d’entrée de jeu, de resituer les principaux personnages tandis que des notes de bas de page rappellent au début du récit quelques événements marquants ayant précédemment eu lieu. On retrouve avec plaisir tout ce qui a suscité le bonheur de cette saga : des récits courts faisant alterner les points de vue de Véra et de Théo, une bonne dose d’action, du suspense, des protagonistes marquants, quelques saupoudrages d’humour, et surtout pas mal d’éléments liés au paranormal ou à la technologie. Des jumeaux pouvant communiquer à distance en raison du programme Twin-spirit développé par leur propre grand-mère, mais aussi un superordinateur capable de prévoir l’avenir grâce à l’exploitation des mégadonnées, l’utilisation d’un cosmodrome au Kazakhstan, une station-satellite dont Théo et Véra pourraient détenir la clef, voire être la clef. C’est cette recette, épicée et fort roborative, qui a servi de base aux deux premiers ouvrages, et Johan Heliot ne s’en dédie pas : il l’applique encore ici, du début à la fin du récit. Cette accumulation d’ingrédients pourra rebuter certains lecteurs et les diriger plutôt vers deux autres de ses succès critiques et publics que sont Dans la peau d’une autre et Dans tes rêves, également dans la collection Thrillers de chez Rageot. Néanmoins, tout jeune lecteur qui cherche des émotions fortes, rehaussées par une belle créativité littéraire et nuancées d’un humour – qui rend d’ailleurs certains passages volontairement parodiques et leur confère une forme de distanciation de bon aloi – sera comblé.30/11/2016 à 18:30
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Death Note tome 5
7/10 Un autre volume prenant de cette série addictive. Une bien étrange cohabitation entre Light et L, avec l’enquête qui se poursuit au sein de l’entreprise. Des traits toujours aussi particuliers et un scénario à la fois prenant et halluciné. Je regrette quelques longueurs néanmoins, dans les dialogues ou les analyses de L.
30/11/2016 à 18:30 1
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Détective Conan Tome 4
8/10 Trois enquêtes enthousiasmantes : un meurtre dans un musée en cours de reconversion, un train piégé par une bombe et une chasse au trésor. Je suis toujours attiré par cet art de Gosho Aoyama pour faire détecter le détail qui va bouleverser l’histoire (le coup du papier pour la première histoire, le sens du train pour la deuxième et les symboles intelligemment interprétés dans la troisième). Des clins d’œil sympathiques (comment ne pas reconnaître une puissante similitude entre le conservateur du musée puis le vieillard suspect du wagon ?) pour une triade jouissive.
30/11/2016 à 18:28
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Magic Kaito Tome 2
5/10 Une suite d’histoires certes sympathiques et enlevées, mais j’ai été plutôt insensible à leur charme. Des dessins moins fouillés et fournis que la série des Détective Conan, un humour qui revient de manière trop systématique et appuyée à mon goût, des énigmes qui restent souvent réduites à la portion congrue, et un emploi très limité de tours de magie (Kaito ressemble moins souvent à un illusionniste qu’à un avatar de l’Inspecteur Gadget). Assez déçu.
30/11/2016 à 18:27
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Ont-ils des jambes ?
5/10 Une histoire qui commence bien, avec une manipulation sympathique et une substitution d’identité à propos d’un bateau. Mais si les ingrédients sont présents sur la table, l’auteur oublie un peu la recette en cours de route. C’est finalement assez fade, sans retournement de situation ni montée de tension. Indéniablement, il a potassé son sujet, notamment à propos de la navigation et du vocabulaire maritime, mais ça ne prend pas vraiment. La concision du livre est ici amplement justifiée à mes yeux : dans la mesure où Charles Williams n’avait pas grand-chose à raconter, autant faire court. Une intrigue et un ouvrage qui ne resteront pas bien longtemps en ma mémoire.
19/11/2016 à 11:09 1
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Judge Tome 2
8/10 Toujours aussi anxiogène et inquiétant, avec des rebondissements intéressants. Ce tome entretient la flamme née dans le premier tome, développe les psychologies des personnages et voit certaines relations/collusions s’animer parmi les prisonniers de ce huis clos. Une réussite.
19/11/2016 à 11:07
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Erased tome 1
7/10 Un manga assez particulier, avec cette idée que le héros peut revenir quelques minutes dans le passé avant un drame (ce qu’il appelle une « rediffusion ») afin de modifier le cours du temps. Des moments plutôt durs côtoient de l’humour bon enfant et des traits fort sympathiques. Un protagoniste attachant et dont la fin de ce volume lui réserve une sale surprise qui relance de manière inattendue le récit. J’essaierai de poursuivre avec cette série séduisante.
19/11/2016 à 11:06 4
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Les Vieilles chouettes
7/10 Deux sœurs dizygotes, Apolline et Philippine. Deux octogénaires qui s’amusent encore de blagues potaches et continuent de vivre ensemble. Mais l’arrivée d’un prince charmant, Gabin, risque de démolir cette belle entente familiale.
Le pitch est très original, et c’est avec une curiosité amusée que l’on commence ce roman de Karine Gournay. Rapidement, les chapitres particulièrement courts (rarement plus de trois pages) séduisent, et l’on se prend d’une réelle sympathie pour la paire de jumelles qui n’ont rien perdu de leur humour et de leur verve. De charmantes petites personnages âgées, que l’on observe avec parfois un peu d’embarras mais surtout beaucoup d’amusement. Puis le temps se gâte, et les nuages couleur d’emmerdes apparaissent, notamment en la personne de Gabin, du même âge que le leur, et qui tourne la tête ainsi que les sangs de Philippine. Au final, ce livre ne réserve que peu de protagonistes. Les deux sœurs, bien évidemment, mais aussi Gabin, qui n’est pas tombé du ciel comme on pourrait le penser dans un premier temps ; Camille, la fille de Philippine, ayant hérité le caractère bien trempé de sa mère, mais que l’absence d’un père a toujours marquée ; Ella, voisine des deux hulottes, perfectionniste quant à sa silhouette malgré son âge avancé. Et puis un dernier personnage, également important, mais dont on ne découvre l’existence que plus tard dans le récit ainsi que son importance. Et avec ces quelques cartes, Karine Gournay parvient à bâtir une intrigue intéressante et divertissante. D’amours mortes que l’on souhaite ressusciter en violentes jalousies, de coups de foudre inattendus en amis qui se trahissent, d’un passé que l’on imagine révolu et dont on veut s’amender et qui débouche sur une vendetta, le lecteur n’a vraiment pas le temps de s’ennuyer. Et dans ce joli petit jeu de massacres, on trouve même un plaisir coupable à voir ainsi se déchirer ces croulants qui en viennent à en oublier leur âge vénérable. L’humour et le noir s’entrecroisent, se frôlent, se heurtent parfois, mais l’équilibre entre les deux genres est respecté. Et si la plume de Karine Gournay paraît parfois un peu jeune, comme un vin qui aurait mérité un peu plus de maturité pour pouvoir pleinement exprimer toutes ses saveurs, gageons que ce péché de jeunesse se fera oublier dans ses prochaines histoires. De même, comme évoqué auparavant, certains trouveront peut-être que la plume aurait pu davantage se nourrir d’humour, d’absurde, d’acidité ou de noirceur, au lieu de sans cesse vouloir se plonger dans ces diverses encres.
Voilà un premier roman à suspense qui intrigue par la singularité de son histoire et amuse sincèrement jusqu’aux ultimes pages, imprévues et jouissives, et auquel on pardonne avec un sourire de complicité ses rares défauts.19/11/2016 à 11:02
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Dedans ce sont des loups
8/10 Le Terminus, un bordel et bar perdu dans le Nord, aux confins des neiges et des forêts. Des règles strictes régissent le fonctionnement de ce lieu qui attire une clientèle rarement avare en débordements et violences. Pour juguler les problèmes, il y a Nats. Un garde-putes, féru de musique classique, castagneur de première, et dont le dos ravagé témoigne d’un passé douloureux. D’ailleurs, sa présence au sein du Terminus n’est peut-être pas un hasard ; il est possible qu’il s’y soit fait engager pour régler des comptes.
Stéphane Jolibert signe un premier ouvrage très réussi. Sa plume, alerte et noire, est agréable à suivre. L’idée de ce baisodrome tarifé, isolé dans un paysage lugubre, est une véritable réussite. Et là où son roman est particulièrement prenant, c’est par sa dimension chorale. Les divers personnages que l’on retrouve sont autant de morceaux brisés de l’humanité. Tom, le vieil homme désormais en fauteuil roulant, bouilleur d’une gnôle épatante, dont le pouvoir de persuasion est inversement proportionnel à sa vaillance physique. Twigs, mécano alcoolisé, qui aime les femmes le prenant avec un godemiché. Sean, brute épaisse œuvrant au Terminus, maltraitant sa femme et ses enfants. Sarah, la nièce de Tom, magnifique jeune femme rousse, qui va tourner les sangs de Nats. Et toutes ces existences vont se télescoper au gré de divers événements fortuits. Un cadavre enterré, mais dont Twigs ne se souvient plus de l’emplacement. Marthe, l’épouse de Sean, qui va en avoir assez de se faire brutaliser. Indéniablement, Stéphane Jolibert sait bâtir un récit efficace et noir, peuplé de personnages singuliers et tourmentés, dont les trajectoires sont inattendues, mais certainement sanglantes. Même si certains passages sont moins marquants que prévu (l’identité du propriétaire du bar, aisément devinable, ou les raisons de la vengeance programmé de Nats), on retiendra ces horizons laminés par le froid et la solitude, tantôt sinistres, tantôt âprement convoités, et décors de nombreux drames humains. D’ailleurs, les épisodes mettant en scène le loup, et jusqu’au post-épilogue, particulièrement fin et émouvant, ne cessent de nous rappeler à quel point cette espèce animale n’est pas si éloignée de la nôtre, moins pour sa cruauté que pour la justesse des codes qui gouvernent à sa survie.19/11/2016 à 10:57 6
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Les Arbres en hiver
8/10 Les montagnes jurassiennes, durant un long et sinistre hiver. Un tueur en série s’en prend à des familles entières, dans des maisons isolées, au hasard de ses pulsions. Pour confondre et arrêter le monstre, une équipe de trois gendarmes, de simples individus pas habitués à un tel déchaînement de violence. Et leur chef, un adjudant qui a noué une étrange relation avec la forêt. Une forêt qui semble également être désespérée par une telle sauvagerie…
Ce roman de Patrick Eris arrive sur la pointe des pieds, avec beaucoup de modestie, qui plus est chez un éditeur qui n’a pas véritablement la faveur des médias. Est-ce pour autant un ouvrage anodin ou ne méritant pas que l’on s’intéresse à lui ? Que nenni. Car il porte en lui de nombreuses qualités, tant littéraires qu’humaines. Avec une belle économie de moyens, l’auteur nous livre un récit à la fois glacé et glaçant. Contrairement à beaucoup de ses compatriotes, il ne cherche nullement à épouser la mode ou plagier les automatismes américains. Avec une langue belle et poétique (les premiers paragraphes de ce livre ressemblent à s’y méprendre à des passages de Et au milieu coule une rivière), Patrick Eris décline une histoire sombre et prenante, de la première à la dernière page. L’intrigue est solide et efficace, avec de beaux retournements de situations et des personnages intelligemment croqués, qu’ils soient sympathiques ou sur le fil du rasoir. L’écrivain prend également le contrepied de ce que l’on peut souvent lire dans ce type de livres, avec un simple trio d’enquêteurs, pas particulièrement exercé au combat, à la résolution d’énigmes, ou prémuni contre la panique engendrée par une fusillade ou une agression. Des militaires certes motivés, mais ayant perdu toute foi en leur mission, dépassés par la barbarie du tueur, en proie aux plus profondes désillusions, et dont les tâches les plus ordinaires sont contrariées par le manque endémique de moyens. Seule note d’espoir sur cette portée désenchantée : le rapport si étrange et pourtant vivifiant du narrateur avec la nature, lorsqu’âgé de sept ans, il s’est perdu dans les bois. Un exil momentané et involontaire qui a nourri son âme, l’a emplie de préceptes déontologiques puissants, et a définitivement marqué son esprit de galopin devenu adulte, puisqu’il s’accorde désormais de salvatrices pauses dans ces univers végétaux et minéraux, sans le chaos, la toxicité et la nocivité du monde extérieur.
Patrick Eris nous livre ici un roman noir très intéressant et atypique, une délicieuse paire de parenthèses qui s’ouvre et se referme en à peine plus de deux-cents pages sur une histoire où désespérance et foi en l’être humain se confondent. Un bien joli mariage de maux, porté par une plume saine et inspirée. De tels instants de fraîcheur et de bonté dans un paysage littéraire policier parfois routinier, un si joli chemin de traverse où l’on se serait volontiers perdu pendant encore une salve de chapitres supplémentaires, une escapade auprès d’un protagoniste qui mêle avec autant de bonheur anonymat et singularité, on en redemande !19/11/2016 à 10:55 4
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Les tueurs sont tristes
8/10 Un roman qui est finalement bien éloigné de l’apparente simplicité scénaristique qui émerge du résumé présent sur la quatrième de couverture. Un policier, Straight, devenu tueur à gages, dont la femme a été assassinée lors d’un meurtre dont il devait être la victime, auquel on adjoint un colosse, apprenti assassin, à peu près aussi impressionnant physiquement qu’ingérable, hâbleur et bien médiocre dans les homicides commandités, qui se rendent dans un patelin paumé de l’Oklahoma pour tuer Taber, un bijoutier, pour une histoire d’urbanisme. Face à eux, deux privés, Cranmer, boiteux et malin, et Maneri , séducteur espiègle et farceur. De nombreux personnages, tous bien campés, de la femme à la maîtresse du défunt, en passant par quelques figures locales colorées. Une intrigue bien menée, assez roublarde, avec des chapitres longs mais eux-mêmes découpés, ce qui insuffle un rythme rapide à la lecture. En soi, dans l’histoire, rien de remarquable ou de novateur, mais ce livre n’en demeure pas moins très efficace et prenant, de bout en bout, où le noir se panache souvent d’un humour de bon aloi.
02/11/2016 à 08:51 4
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Hideout
9/10 Un manga particulièrement cinglant et sanglant, où plusieurs histoires s’imbriquent les unes dans les autres. Au centre de ce maelstrom, cet écrivain à la dérive, tant du point de vue professionnel qu’émotionnel et familial. Une histoire bien trouvée, multipliant les flashbacks et les échos entre plusieurs périodes. Et le dessin singulier de Masasumi Kazizaki, sans couleur, mais où les nuances de noir constituent un véritable ravissement pour les yeux. Un récit noir et anxiogène, très marquant, qui mérite amplement d’être découvert.
02/11/2016 à 08:50 1