Surcouf

365 votes

  • Honky Tonk Samouraïs

    Joe R. Lansdale

    7/10 Bonne cuvée, ni plus ni moins. Une originalité tient dans l'arrivée, inattendue, d'un nouveau personnage très proche de l'un des héros. Un tome qui fait la part belle aux femmes qui sont incontournables dans cette aventure, occupant des rôles très divers, parfois complémentaires l'une de l'autre, parfois très opposées. Fille, fiancée, amante, cliente ... , autant de statut pas faciles à manœuvrer en même temps. Le langage reste à ne pas mettre en toutes les oreilles et devant tous les yeux.

    15/01/2020 à 09:28 6

  • Il reste la poussière

    Sandrine Collette

    8/10 Roman ou la violence des relations humaines, des éléments, de la nature sont omniprésents. On est à la limite du parcours initiatique pour un enfant qui grandit et découvre la noirceur de l’âme humaine un peu plus chaque jour. Peu d'espoir de bonheur, d'ailleurs ce mot n'existe pas dans le vocabulaire des personnages, au fin fond de cette Patagonie. Même, (surtout) la cellule familiale est un terrain d'affrontement, à peine équilibré par l'autorité de la mère sur ses quatre garçons, exploités dans la ferme dans laquelle ils élèvent moutons et bœufs. Roman rural ou le prix des choses et la valeur du travail tournent à la démesure, c'est aussi une réflexion sur la pauvreté et la richesse.

    26/06/2017 à 10:21 6

  • Je suis Pilgrim

    Terry Hayes

    9/10 Très bon livre, une réussite du genre (espionnage). En plus, l'auteur ne s'embrasse pas de "politiquement correct" quand il décrit certaines opinions publiques, certains gouvernements et certains pays dans leurs façons d'agir, le tout appuyé sur une connaissance sans faille du contexte. A lire ou relire dans ces temps troublés.

    11/01/2016 à 13:48 6

  • L'été en pente douce

    Pierre Pelot

    9/10 Souvent présenté à sa sortie comme la quintessence du roman noir à la française, j'ai trouvé le livre de Pierre Pelot à la hauteur de sa réputation. Publié en 1986, il n'a pas pris une ride. Peut-être parce que ce qu'il contient possède une forme d'immuabilité. Il met en scène des machos d'une beaufitude totale, des alcooliques, des inadaptés de la vie et de la société, le tout dans un milieu rural pas vraiment ouvert. Fane, le manchot déclassé, Mo, son frère attardé, les voisins garagistes, ils sont tous de très gros buveurs. Lilas, la bimbo fiancée de Fane, victime de son corps magnifique, allume malgré elle tous les mâles qu'elle croise. Fane l'a acheté à son ex pour un lapin et une caisse de bière. S'ajoute à ces personnages un contexte bien lourd. Décès de la mère de Fane et Mo, chaleur de l'été, commérages, filouterie des voisins qui lorgnent sur la maison et le terrain avec la complicité d'un notaire, sexe débridé et sans romantisme... Tout concourt au drame qui s'insinue peu à peu jusqu'à l'embrasement final. C'est noir, glauque, et poisseux de bêtise, d'imbécilité et de cruauté. Gérard Krawczyk en a fait un film tout aussi réussi avec l'inimitable grincheux Jean-Pierre Bacri, la superbe Pauline Lafont (dans le livre, Lilas est brune) et le tendre Jacques Villeret (tous disparus).

    05/09/2023 à 09:54 6

  • L'Ombre du torero

    Didier Savard

    7/10 Première enquête de Dick Hérisson, épaulé par son ami journaliste, Jérôme Doutendieu. Ça se passe en Arles et en Camargue ou le docteur Billardot vient de mourir, apparemment d'une crise cardiaque. Le médecin présent avance qu'il serait même mort de peur. L'inspecteur Garagnoux se rend chez un vieux baron local, acariâtre, riche et antirépublicain. Savard lui prête d'ailleurs les traits de Charles Maurras. A partir de cette visite les évènements s'enchainent. Le gendre du baron est lui aussi victime d'une tentative de meurtre. Dans la campagne et les salins voisins, la rumeur va bon train sur un taureau fantasmagorique qui attaque et tue des gens. Le voile commence à se lever avec les révélations d'Elisa, fille du baron, au sujet de son ex-fiancé, le défunt torero Pedro Espargo. Didier Savard distille des éléments qui deviendront récurrents dans les albums qui suivront. Nous avons ainsi des considérations politiques et sociales particulières aux années 1930, à la condition ouvrière, à l'influence de l'Action Française et autres ligues d’extrême droite, mais aussi sur une bourgeoisie dévoyée et parfois dépressive, des relations familiales compliquées, des flics bon-enfants et de nombreuses références à la psychanalyse. Les lieux ont aussi beaucoup d'importance dans les albums de Dick Hérisson. On découvre des lieux incontournables d'Arles, les Baux de Provence, Salins de Giraud, le musée Arlaten avec dans un des couloirs, la galerie des personnages de Tintin telle qu'elle apparait dans les 2e et 3e de couverture des albums d'Hergé. Des clins d’œil sont également envoyés à Franquin, Tardi et on peut reconnaitre Groucho Marx sur le quai de la gare d'Arles. Le monde ferroviaire est aussi cher à l'auteur. Le fantastique a une place prépondérante dans l’œuvre de Savard, c'est la un taureau qui sème la mort en écho à la tauromachie évoquée dans l'histoire. On pourrait reprocher à cette première bd un découpage en trop peu de cases, et même deux pleines pages, alors que d'autres sont totalement inutiles.
    Dés ce premier contact avec l'univers de Dick Hérisson, on perçoit que celui-ci va se faire une belle place dans la bd ligne claire, ce que l'avenir confirmera.

    25/11/2022 à 15:20 3

  • La Bête

    Christophe Chabouté

    8/10 Très bon dessin en noir et blanc au service d'un scénario un peu classique mais mené de main de maître par Chabouté. Roman graphique noir et rural qui est sans concession face à la bêtise des hommes. Il y a peu de dialogues, pourtant les caractères des protagonistes sont bien évoqués. Bel ouvrage !

    08/03/2021 à 10:44 3

  • La Conspiration des poissonniers

    Didier Savard

    9/10 Dick hérisson est sur la piste de Shub-Ur-Khur, "celui qui dort sous les mers", une créature antédiluvienne de Mésopotamie. Son existence lui a été révélée par le testament du Dr Nulpar, contenant le journal de bord du Rozenkreutz, bateau qui a sombré avec le sarcophage retenant le monstre prisonnier. L'épave est retrouvée par Dick Hérisson et Jérôme Doutendieu, son ami journaliste, et ramenée à Marseille. Malgré les effluves de poisson pourri qui règnent sur l'album, on se régale tout de même des décors soignés de Savard, le restaurant Train bleu à la gare de Lyon, Notre Dame de la Garde à Marseille et ses ex-voto, le vieux-port, les calanques, le tunnel du Rove entre Marseille et Martigues... On trouve des clins d’œil à d'autres héros de bd notamment Tintin, ou à d'autres livres (Lovercraft, Poe ...) ou à des films comme L'exorciste, aux figures pagnolesques de Marseille... Savard maitrise parfaitement son scénario et son dessin, oscillant entre Hergé et sa rigueur de la ligne claire ou Tardi et son exubérance. Il mélange avec brio enquête, archéologie, fantastique, épouvante, mythologie, humour. De plus, cet album bénéficie d'une pagination de 56 pages ce qui permet à l'auteur de donner tous les détails de son histoire. C'est pour moi l'album le plus abouti de Savard, celui qui caractérise le mieux son œuvre.

    18/11/2022 à 11:21 3

  • La Mort nomade

    Ian Manook

    9/10 Ce 3e (et dernier) tome offre un plaisir égal, et peut être supérieur au 1er. Par le sujet choisi, pillage économique, pillage écologique, pollution, corruption, par le rôle différent du héros Yeruldelgger, plus que jamais défenseur de la tradition, par les rebondissements tragiques, par l'humour ciselé qui surprend au détour d'un dialogue. On se régale toujours des descriptions des mongols et la Mongolie. Un roman réaliste par bien des aspects, notamment la fin qui laisse entrevoir bien peu d'espoir de voir la sagesse et la raison prendre le pas sur la cupidité.

    17/07/2017 à 13:24 6

  • La Sacrifiée du Vercors

    François Médéline

    8/10 Résistance, maquis, épuration et ruralité sont les piliers de ce court roman policier et historique. Le style personnel de Médéline, parfois déroutant dans d'autres bouquins est la bien posé et apporte une touche d'originalité. Ses personnages aux personnalités marqués évoluent au cours de cette période trouble, ou certains abusent de leurs positions pour régler des affaires personnelles. Un ouvrage qui est dans la veine des romans de Pierre Magnan consacrés au même thème.

    01/09/2022 à 10:25 6

  • Le Vampire de la coste

    Didier Savard

    7/10 Ce 4e album de Dick Hérisson se déroule en 1932 à La Coste dans le Lubéron, sous les ruines du château du divin marquis, Donatien François de Sade. Bloqués dans le village à cause d'une panne de voiture, le détective et son ami journaliste Jérôme Doutendieu se lancent sur la piste d'un "vampire" qui assassine des jeunes filles et les vide de leur sang. Les personnages et le trait de Didier Savard sont maintenant bien maitrisés, le scénario et la découpe des vignettes s'affinent également. l'auteur campe les habitants d'un village reculé, des ruraux un peu rustiques, un nouveau riche figurant les élites, des moines lettrés, ajoutant comme souvent un personnage victime de handicap, souffre-douleur de la populace. Le "message social" est complété par l'ambiance historique et politique particulière des années 1930. Comme à son habitude, Savard dessine des décors inspirés de sites naturels et historiques (fort de Buoux). Il profite de toutes les légendes des lieux, Ligures, vaudois, Marquis de Sade qui ont fait leur réputation pour tisser une trame également nourrie de Tintin, Adèle Blanc-Sec voire Indianna Jones. Si les crimes sont nombreux et sordides, l'humour reste bien présent. Les références à l’œuvre d'Hergé sont plus rares, mais on aperçoit tout de même Quick et Flupke dans une cour d'école. C'est un bon cru des aventures de Dick hérisson, même si la fin est expédiée en à peine une page, laissant quelques questions en suspend. La richesse des histoires gagnera, on le verra dans les albums suivants, à s'écrire sur des paginations plus importantes que l'étroit carcan de 46 pages.

    23/11/2022 à 09:29 3

  • Les Gens des collines

    Chris Offutt

    7/10 Chris Offut nous emmène dans son décor habituel, les zones montagneuses reculées de l'Amérique profonde, peuplées de taiseux, emplies de vieux secrets, de vieilles rancœurs, en contrepoint à un milieu naturel paisible et tranquille qui devrait inspirer la sérénité. C'est pourtant l'inverse qui se produit. Mick Hardin, militaire à la limite de la désertion donne un coup de main à sa sœur, shérif local qui enquète sur l'assassinat d'une jeune fille. Il doit agir avec perspicacité et psychologie parmi des gens prompts à régler les problèmes eux-mêmes, suivant la maxime du œil pour œil, dent pour dent. Il doit aussi régler sa propre situation familiale compliquée. Comme souvent chez Offut, l'alcoolisme et la drogue ne sont pas loin. L'histoire est bien menée et le style reste plaisant mais J'ai trouvé le livre un ton en dessous de Nuits appalaches. Les personnages sont très classiques et l'intrigue somme toute banale. C'est la poésie de l'auteur et l'immersion dans le contexte si particulier de ces régions qui font le charme du livre.

    09/01/2024 à 09:14 6

  • Les Sept Châtiments

    Jordi Llobregat

    5/10 Beaucoup de longueurs, une trame assez confuse, des personnages sans vraiment de relief, il manque beaucoup de choses pour garder l'intérêt du lecteur. A cela s'ajoute des ingrédients déjà vus, dans le film Seven notamment, ou d'autres thrillers d'un autre calibre. Certains sont même utilisés avec beaucoup de lourdeurs. Il y a toutefois quelques éléments intéressants comme l'idée de protéger cette vallée des Pyrénées de la construction d'une station de sports d'hiver pour le JO, mais c'est mis à peine en second plan. Au final, une lecture assez ennuyeuse.

    18/04/2024 à 09:30 6

  • Nuits Appalaches

    Chris Offutt

    9/10 Très bon roman noir au cœur de l'Amérique rurale. Le personnage principal, malgré son caractère rustique est très attachant, surtout pour la sensibilité inattendue dont il fait preuve envers sa famille qu'il veut protéger à tout prix. il y a une dose de Steinbeck (Les raisins de la colère) dans la façon dont l'auteur campe la pauvreté voire la misère de certains, qui ne se départissent pas pour autant de leur dignité. c'est aussi une réflexion sur la justice, qui montre que l'idée de la justice sociale peut faire plus de mal que la justice personnelle. Roman écrit avec beaucoup de style, sans effets inutiles mais beaucoup de sensibilité.

    02/09/2022 à 08:55 6

  • Pandémie

    Robin Cook (USA)

    6/10 Curieux bouquin dont le titre ne correspond pas au contenu. Pas de pandémie en effet, tout au plus 10 cas sont comptés dans ce thriller médical. Il y a beaucoup de longueurs et de passages inutiles. Le médecin légiste qui tient le premier rôle est assez peu sympathique. En fait tout l'intérêt du livre tient dans la très fine analyse que l'auteur fait de la Chine et de ses investissements massifs dans la médecine, biomédecine, dans la recherche en biotechnologies et surtout dans l'évolution de ses stratégies. Certaine d'être aujourd'hui un acteur de premier plan en géopolitique, la Chine, sous l'impulsion de Xi Jinping passe d'un communisme adapté au libéralisme à un ultranationalisme et à des visées expansionnistes dans tous les domaines. C'est ce qui est développé dans les 40 dernières pages qui sont vraiment les plus intéressantes. On regarde l'épidémie de COVID19 d'un œil beaucoup plus circonspect.

    04/11/2020 à 10:25 6

  • Passager 23

    Sebastian Fitzek

    7/10 Ce livre est un quasi huis-clos maritime à bord d'un géant des mers qui emmène en croisière des milliers de passagers. Il en résulte une originalité du lieu de l'action, et des ressources qu'a du trouver l'auteur pour développer une histoire si riche sur un terrain si étroit. La force du roman est dans l’incroyable nombre de rebondissements qui s'enchainent sans que la trame n'en souffre trop. A l'aide de chapitres très brefs l'auteur ne laisse aucun temps mort, jusqu'à la toute dernière ligne. Les personnages ont presque tous un profil psychologique particulièrement chargé et évoluent souvent dans des mondes sordides. C'est peut être le défaut du bouquin : il y en a un peu trop. Mais les aspects machiavéliques et tumultueux rendent la lecture captivante.

    16/11/2022 à 10:57 6

  • Surface

    Olivier Norek

    8/10 C'est un excellent petit polar rural. L'intrigue est très crédible, les personnages aussi, le tout sur fond de secrets bien gardés et protégés par le côté taiseux et renfermés des gens du Massif Central dont l'Aveyron fait partie. C'est aussi l'histoire d'une enquête menée "à l’ancienne", dans laquelle la capacité d'écoute, de mémorisation, d'analyse, de déduction, d'anticipation et d'intuition policière est primordiale. Il n'y a pas une débauche d'hyper technicité, d'hyper connectivité ni d'hyper violence. Des ingrédients du quotidien suffisent à l'auteur pour donner corps à son histoire. Son talent d'écrivain ajoute le suspens qui fait qu'on tourne les pages avec gourmandise.

    26/10/2020 à 10:07 6

  • Un Tueur sur mesure

    Sam Millar

    9/10 Mon premier Sam Millar ne m'a pas déçu ! Des pieds-nickelés nord-Irlandais pensent faire le casse du siècle dans une banque de Belfast. Manqué ! Les fonds ont déjà été transférés. Ils se rabattent sur la mallette d'un client. Mauvaise pioche, il dépouillent ainsi la Fraternité irlandaise. Ce roman noir est plein d'humour, d'action, de rebondissements, de surprises, entre braqueurs simplets, flics intègres ou corrompus, nationalistes irlandais restés purs ou devenus maffieux ... et l'ambiance particulière de Belfast, sa pluie, ses divisions politico-religieuses, les méthodes musclées héritées de l'IRA. Au centre du polar, un méchant redoutable qui se révèle très scrupuleux dans son travail et respectueux de ses engagements, contrairement aux autres protagonistes. Belle réussite !

    12/01/2023 à 09:36 6

  • Alger la Noire

    Maurice Attia

    8/10 Alger janvier 1962, c’est le début de la fin pour l’Algérie française. Alors que le chaos politique et social règne sur la ville, on retrouve deux cadavres sur une petite plage. Une européenne et un arabe ce qui n’est déjà pas banal. En plus, sur le corps de la fille on a gravé les lettres O.A.S. et l’homme n’a pas son pénis à sa place mais dans la bouche. Tout porte à croire qu’on a voulu punir un couple qui avait enfreint les lois de la colonisation. Ça n’aurait du émouvoir personne en ces temps troublés alors que des dizaines de bombes explosent chaque jour et qu’on retrouve des cadavres de gens assassinés un peu partout. Pourtant, les flics Paco Martinez et Choukroun décèlent des détails bizarres. Alors que l’armée fait la police et que la police ne sait que faire, que tous les pouvoirs se délitent à l’approche de l’indépendance, ils quand même vont tenter d’enquêter.
    C’est un roman autant historique, politique que policier. Dans une Alger qui bascule dans l’anarchie et la violence aveugle et que chacun choisi son camp, deux flics qui refusent de choisir continuent à exercer leur métier. Peut être parce que l’un est juif et l’autre fils d’anarchistes espagnols. Pendant que la situation insurrectionnelle entre l’OAS, le FLN, le GRPA relègue au second plan toutes les activités, ils vont s’accrocher à élucider leur affaire dans laquelle l’actualité s’emmêle. Barbouzes, détectives privés, prostituées, notables coloniaux, intellectuels arabes, parachutistes, légionnaires et services secrets s’y croisent et s’y déchirent. Maurice Attia livre un excellent roman. Son intrique policière lui sert à décrire les tenants et les aboutissants, les partisans et les opposants qui se sont croisés dans les derniers jours du pouvoir français en Algérie pendant lesquels tout le monde a perdu quelque chose. Et le destin personnel de ses personnages, sa grand-mère, Irène sa maitresse, les parents de Mouloud et Estelle les victimes, résume celui de milliers d’autres.

    19/04/2018 à 12:00 5

  • Amitiés mortelles

    Ben Elton

    8/10 A Londres, des crimes violents se succèdent. Ils suivent tous une mise en scène déroutante. Le petit inspecteur Ed Newson, est chargé de l’enquête, avec sa collaboratrice Natasha Wilkie. Le livre tourne autour d’un site internet, le temps des copains, à rapprocher de la version française Copains d’avant. Thriller et roman à tendances psychologiques, le livre se base sur le comportement de certains de ces internautes qui fréquentent ce style de site. S’il est possible de retrouver de vieilles connaissances amicales, c’est aussi le terrain idéal pour être à nouveau face à de vieilles inimitiés voire de franches animosités ou d’anciens ennemis. La lecture est très plaisante, le rythme est enlevé, le profil des héros sympathique et l’intrigue parait plausible. L’auteur en profite pour peindre en traits féroces la société anglaise des années 2000. Cela va parfois assez loin et si quelques chapitres de Q se passent bien, on a droit aussi à une scène franchement trash. Mais quand on accumulé des années de brimades voire de tortures, difficile de garder l’esprit équilibré. L’ambiance se tend un peu plus lorsque les victimes sont d’anciennes amies de l’inspecteur, qu’il renoue avec l’une d’entre elles, et qu’en plus il s’aperçoit que sa collègue se fait tabasser par son petit copain. D’un côté comme de l’autre il va devoir mettre les tourmenteurs hors d’état de nuire, sans suivre les nombreuses fausses-piste possibles.
    Pour Amitiés mortelles, Ben Helton a obtenu le prix international du polar en 2007. Prix amplement à mon avis.

    25/11/2021 à 10:42 5

  • Crépuscule

    Philippe Claudel

    7/10 Crépuscule est un roman noir pour son thème sombre, pessimiste qui se déroule à la veille de grands bouleversements qu'on devine violents et tragiques. L'histoire se situe certainement vers la fin du XIXe siècle, dans un territoire qui pourrait être balkanique ou slave. Ça se passe en hiver, dans un froid glacial, neigeux, gris et triste. Les religions chrétienne et musulmane vivent en bonne intelligence jusqu'à la mort violente du curé. Cet évènement servira de prétexte à des manœuvres aussi basses que machiavéliques ourdies par d'obscures élites. L'auteur décrit avec talent toute la vilénie et la lâcheté que peut produire l'homme, homme en tant que genre puisque dans ce roman, la femme n'a pas droit au chapitre. Elle est cantonnée, à travers seulement deux personnages, à un objet de reproduction ou de désirs luxurieux. A de rares exceptions, tous les protagonistes se valent en veulerie, bassesses et manigances. Ils sont violents, ivrognes, égoïstes. Écrite avec un indéniable talent littéraire, l'histoire m'a paru un peu déséquilibrée, une première partie prenante avec la survenance de plusieurs incidents qui font vivre le récit. La deuxième partie est beaucoup plus descriptive, et même si le style est remarquable, quelques longueurs alourdissent la lecture. Il y a peu d'espoir dans le genre humain sauf celui qui émane à travers un adjoint de police rustre mais poète, le seul à avoir de la dignité et de la compassion. L'autre source de la maigre lumière qui cherche à transpercer la noirceur ambiante est une jeune fille dont le courage et la volonté donnent finalement sens au roman, qui se révèle être un fine analyse sociologique et politique sur la manipulation des masses et l'exploitation de faits ou de circonstances imprévus.

    05/06/2023 à 10:43 5