Surcouf

361 votes

  • Alabama 1963

    Ludovic Manchette, Christian Niemiec

    8/10 Dans ce livre très prenant, l'ambiance générale de l'Alabama des années 1960 est très bien rendue. Sur fond de racisme et ségrégation de rigueur, les deux personnages principaux, sympathiques et attachants (au 2e abord pour le privé), illustrent à travers leur enquête la lente évolution des mœurs qui se profile lentement. L'humanité la plus simple prend peu à peu la place de la bêtise la plus crasse. Superbement écrit, le bouquin est à mettre aux côtés d’œuvres comme les films Mississippi burning, Selma ou des livres Les marécages.

    13/01/2022 à 10:43 9

  • L'Essence du Mal

    Luca D'Andrea

    8/10 Personnages attachants, aux profils divers et bien décrits, une ambiance lourde bien rendue, et une intrigue savamment développée sont les atouts de ce drame rural dans une communauté fermée ou l'étranger le reste toujours. Les impacts psychologiques des traumatismes sont détaillés, comme le mécanisme de l'obsession. Quelques particularités géographiques, paléontologiques et géologiques complètent ce thriller aux multiples facettes mais finalement très homogène. La fin, pour laquelle on sent que l'auteur a du remplir les critères du genre, est un poil en dessous du reste.

    25/07/2018 à 10:18 11

  • Au revoir là-haut

    Pierre Lemaitre

    9/10 Excellent roman ayant la Grande guerre en toile de fond, les gueules cassées, les ambitions sordides de certains officiers, le difficile reclassement des soldats démobilisés. Une intrigue menée de main de (Le)maitre dans un contexte historique parfaitement illustré.

    12/10/2015 à 12:26 10

  • L'Île des âmes

    Piergiorgio Pulixi

    9/10 Grosse et bonne surprise que ce policier qui se déroule en Sardaigne. Mêlant histoire locale, mythologie, habitants d'une zone très reculée, secte néo-païenne et crimes rituels, l'auteur nous tient en haleine de bout en bout. Servie par des personnages aussi typés que crédibles, un décor très bien décrit et une ambiance ciselée, on suit les tribulations des enquêtrices, les rebondissements au fil des découvertes, les fausses pistes, le tout avec un grand plaisir. La fin, maitrisée avec finesse et originalité, laissant une fenêtre ouverte sur l'imagination permet de refermer le livre sur une excellente impression.

    09/01/2024 à 09:29 10

  • La République des faibles

    Gwenaël Bulteau

    8/10 L'auteur nous entraine dans le Lyon populaire à l'aube du XXe siècle. Pauvreté, alcoolisme, violences politiques, conjugales, policières ... le panel est large pour décrire une époque pas si lointaine et une république pas encore très efficace contre la misère et vilipendée par un ordre social bourgeois. Sur fond d'affaire Dreyfus, de la défaite de 1870, d'antisémitisme et de germanophobie, des policiers aux méthodes musclées pourchassent des dépravés pédophiles. Les femmes non plus ne sont pas vraiment à la fête dans cette société très masculine. Les personnages très typés rendent l'histoire vivante, sans temps morts. Il est parfois délicat de ne pas se perdre parmi tous ces flics aux profils semblables. Si le contexte urbain est lourd, ça ne va guère mieux à la campagne ou le poids des notables écrase les rapports humains. C'est un très bon roman policier, historique et social.

    13/09/2022 à 14:16 10

  • Retour à Whitechapel

    Michel Moatti

    8/10 Rarement un livre sur Jack l’Éventreur aura donné autant de détails sur les conditions sociales, d’hygiène et de vie en général, dans le Londres de cette époque, notamment de ses bas-fonds sordides et miséreux. Si l’auteur insiste sur ces aspects, c’est qu’ils sont déterminants pour lui dans son hypothèse sur les motivations et l’identité de Jack. Il se base pour cela essentiellement sur le dernier crime canonique, celui de Mary Jane Kelly. Avec un travail rigoureux sur les sources documentaires, ses échanges avec quelques ripperologues reconnus, Michel Moatti avance un thèse digne d’intérêt et très différentes des autres. Son livre est passionnant, le style est inédit, fondé sur les carnets de la propre fille de May Jane Kelly qui mène l’enquête pour identifier le meurtrier de sa mère. Le style alternant les chapitres sur l’histoire telle qu’elle se déroule en 1888 et les notes de l’héroïne en 1941 induisent un suspens qui va crescendo. L’auteur a accompli un travail de fourmi autours de tous les indices dont il disposait sur les cinq victimes et à il fait appel à quelques techniques médicales pour faire resurgir le passé. Au-delà de l’aspect romanesque de l’œuvre, l’auteur approfondi sa démarche dans sa postface, expliquant notamment qu’il ne s’est pas limité aux cinq meurtres les plus connus, mais aussi à ceux qui ont suivi. C’est certainement la que sa démarche est la plus convaincante. C’est un des livres les plus sérieux sur Jack l’Éventreur.

    19/02/2021 à 09:45 10

  • La Disparition de Josef Mengele

    Olivier Guez

    9/10 Olivier Guez retrace la fuite de Josef Mengele, médecin à Auschwitz, surnommé l'ange de la mort. Exploitant les faits réels connus et attestés de la vie de Mengele en Amérique du sud, à travers Argentine, Paraguay, Brésil ... et en romançant les parties manquantes, l'auteur nous décrit le quotidien du fuyard dont la tête était mise à prix par plusieurs pays et organisations comme le centre Wiesenthal. Le portrait de Mengele est très riche, comme son état d'esprit dénué de regret, de remord, ou de la moindre once de culpabilité. On y découvre le soutien de sa famille, des réseaux d'anciens et de néo nazis, des régimes de Juan Péron ou de Stroessner, ainsi que l'installation relativement facile des nazis en Argentine ou il créent une communauté soudée, rêvant même pendant quelques années à un retour aux affaires politiques. La découverte précise des atrocités commises par Mengele et le nombre de victimes finira par éloigner nombre de soutiens au fuyard, à commencer par celui de sa femme puis son fils. Écrit un peu comme un road-movie à travers l'Amérique du Sud et l'Europe, depuis la fin de la guerre jusqu'aux années 1980, on croise nombre de personnages historiques, on découvre les évènements qui ont parfois permis à Mengele d’échapper aux poursuites, le tout avec un style très vif qui fait de roman, noir comme l'uniforme du personnage principal, un livre passionnant et instructif.

    05/09/2017 à 10:37 9

  • Là où chantent les écrevisses

    Delia Owens

    10/10 Gros coup de cœur, meilleure lecture de l'année ! Beaucoup de sensibilité, de style et de maitrise font de ce roman une réussite absolue. L'environnement y est magnifié sans tomber dans un quelconque réquisitoire, l'histoire et les personnages sont traités avec une grande subtilité pour révéler la part sombre de chacun ou au contraire son humanité. Superbe !

    01/09/2021 à 10:02 9

  • Nos vies en flammes

    David Joy

    8/10 David Joy a été élève de Ron Rash. Aujourd'hui, il est un peu son disciple. D'ailleurs, le livre lui est dédié. Il est dès lors normal de retrouver les thématiques chères à Rash, ruralité, nature, déclassement. Plus noir, plus pessimiste et plus violent, le livre de Joy décrit le quotidien d'une zone rurale des Appalaches, en crise sociale, économique et morale car sans intérêt pour le monde moderne et son modèle économique. L’arrêt des activités traditionnelles entraine le chômage, qui entraine la misère, le désespoir et la drogue. Dernière marche : la déchéance. Quand la mort touche le fils de Ray, celui-ci va se révolter. Il sait qu'il ne changera pas le monde, mais au moins il aura fait quelque chose pour venger la mort de son fils. L'histoire se passe autour d'une tribu cherokee, épicentre du trafic. Police tribale corrompue, jeunes de tous horizons déjantés, junkies autant que zombis, victimes des trafiquants sans la moindre trace de compassion ni d'humanité qui vivent sur l'addiction de ces jeunes. Quand ceux-ci se mettent dans les ennuis, on fait pression sur les familles. Heureusement, il y a quelques figures sympathiques, le vieux tissu social des générations précédentes n'a pas encore cédé, une certaine solidarité persiste. Mais pour l'auteur, ce sont les derniers feux d'une époque. Époque qui est d'ailleurs emportée par les gigantesques feux de forêt qui encerclent le lieu de l'action. Image d'un monde qui brule dont on ne sait pas si quelque chose de bon poussera sur ses cendres. L'histoire est prenante, tragique, triste, malgré un final qui permet au père vengeur d'avoir le sentiment d'être passé à l'offensive, permettant à la police d'obtenir une victoire significative. Mais pour combien de temps ? Le style colle parfaitement à l'histoire faisant de David Joy une plume à suivre.
    Le livre contient également un article de l'auteur sur les ravages de la méthamphétamine dans les campagnes américaines, mais aussi des opioïdes et des responsabilités des laboratoires pharmaceutiques, jamais condamnés malgré des morts par dizaines de milliers. Édifiant !

    14/03/2022 à 10:09 9

  • 1991

    Franck Thilliez

    8/10 Thilliez fait du Thilliez. C'est percutant, efficace, prenant et accrocheur. Le retour aux années 90 est réussi. La description des relations au sein d'une brigade aussi. On ne découvre rien d'extraordinaire quant au style, humour, émotion mais l'auteur déroule son histoire de façon maitrisée, en explorant le monde de la magie avec une touche d'exotisme vaudou pour les frissons. Et encore une fois, ça marche.

    07/06/2022 à 10:00 8

  • Dans la brume écarlate

    Nicolas Lebel

    8/10 Après avoir lu De cauchemar et de feu, je craignais une lecture un peu en deçà d'un autre Nicolas Lebel. Mais pas du tout, le même niveau de plaisir est la. Avec un sujet original tiré cette fois ci de la dictature roumaine, une atmosphère parisienne prise dans le brouillard, des scène de crime inquiétantes au Père Lachaise, tous les décors convergent pour créer cette ambiance gothique autour de l'intrigue. Les personnages viennent de pays à l'histoire heurtée, Roumanie, Syrie, sont d'anciens tortionnaires ou des clandestins victimes de guerres civiles, des jeunes filles fan de culture gothique et quelques skinheads et élus d’extrême-droite. On sent bien que cette enquête prend Mehrlicht aux tripes. Lui et son équipe mettent tout en œuvre pour sauver les victimes qui pourraient l'être et en éviter de nouvelles. Sans se départir d'une bonne dose d'humour, Mehrlicht est toujours accro à Questions pour un champion, ses sonneries de téléphone toujours improbables, Nicolas Lebel décrit aussi une police qui a de plus en plus de mal avec l'injustice et son impuissance dans certaines situations. Quitte à franchir parfois des lignes interdites. En cela Dos Santos et Latour se complètent, chacun à sa façon. On est curieux de savoir comment va évoluer cette équipe attachante.

    25/04/2022 à 10:05 8

  • Dans les eaux du Grand Nord

    Ian McGuire

    9/10 Aventure maritime et humaine sur un baleinier. Tout y est, de très bonnes études sur les conditions de vie, de travail, les classes sociales et la découverte de cultures lointaines. Il y a aussi et surtout toutes les faces de l’âme humaine, le mal le plus noir jusqu'au plus belles rencontres, le tout dans une atmosphère d'océans froids et agités, des banquises glaciales, rythmée par le vent la neige et l'eau. Grandiose !

    02/09/2019 à 10:49 8

  • De bonnes raisons de mourir

    Morgan Audic

    8/10 Dans une ambiance très lourde et plombée par l'omni présence du danger radioactif, l'auteur déroule une histoire de vengeance très bien menée. Écriture et style maitrisés font de ce thriller une histoire accrocheuse.

    02/09/2019 à 10:40 8

  • Glaise

    Franck Bouysse

    8/10 Roman noir, rural et brutal. Franck Bouysse nous dépeint le Cantal du début du XXe siècle et sa société agricole dominée par les hommes qui règnent en maitre sur la destinée des êtres, humains et animaux, et des domaines. Valette en est un bon exemple, un caractère de néandertalien tourné vers la cupidité et l'extension de ses terres, sans compassion pour sa femme, son fils ou ses bêtes. La guerre qui survient bouleverse des équilibres ancrés profondément. Des responsabilités sont transférées aux femmes ou à des hommes plus jeunes. Le paternalisme est remis en cause par une jeunesse qui a soif de liberté comme Joseph et Anna. Les orages d'été et le froid hivernal alourdissent l'ambiance déjà pesante de cette chronique paysanne et familiale comparable aux œuvres de Balzac ou Zola.

    15/01/2019 à 12:05 8

  • L'Eau rouge

    Jurica Pavicic

    8/10 Roman familial dans lequel un père et un fils consacrent leurs vies à chercher leur fille et sœur disparue. l'histoire se déroule sur trente ans ce qui occasionne quelques longueurs, mais aussi des éléments nouveaux, des opinions qui changent, des protagonistes dont le point de vue évolue, le tout rythmé par des changement politiques et sociétaux importants dans cette partie balkanique de l'Europe, Yougoslavie puis Croatie. L'intrigue policière est enlevée et crédible. Le style est agréable et la lecture facile.

    04/09/2023 à 10:21 8

  • La Griffe du chien

    Don Winslow

    8/10 D'abord les points négatifs. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu un livre avec autant de coquilles d'impression, de fautes typographique ou d'orthographe et tant de mauvaises traductions.
    Ceci dit, La griffe du chien, c'est du lourd. Comme l'annonce la quatrième de couverture, le roman mêle fiction et faits réels. A la fin de la lecture, on ne peut que constater que ces faits réels alimentent grassement l'actualité depuis bien longtemps, et que la part de fiction ne concerne, malheureusement, que les données accessoires du livre.
    A la fin de la lecture, on est sous le choc. La corruption mène ce monde, l'infiltration de toutes les institutions est de mise, les relations sont faussées et la violence est l'unique mode de règlement. Comme cela est plusieurs fois répété, on n'a le choix qu'entre l'argent ou le plomb ! C'est le grand bal du cynisme et de la manipulation. Il est beaucoup question de profit, d'influence, de pouvoir et de puissance. Mais la lutte contre le narcotrafic dans le but de préserver les population n'est manifestement pas une préoccupation première.

    On peut regretter la répétition des mêmes mécanismes qui engendrent les mêmes scènes à plusieurs reprises. Cela alourdit un peu la lecture sans rien apporter rien de nouveau ou fondamental. Cela mis à part, La griffe du chien s'impose comme un roman de référence sur le sujet.

    21/03/2012 à 16:17 8

  • Le Dernier Pharaon

    Thomas Gunzig, François Schuiten, Jaco Van Dormael

    8/10 Magnifique hommage des auteurs à Edgar P Jacobs. Le trait architectural de François Schuiten se marie à merveille avec l'univers de Blake et Mortimer. En reliant cet album avec le Mystère de la grande pyramide, album emblématique de la série, les auteurs nous replongent brillamment dans l'univers de Jacobs. On retrouve les canons de la série d'origine, le scénario est fluide et l'atmosphère prenante. Sacré réussite des scénaristes et dessinateurs.

    08/06/2023 à 09:39 2

  • Le Grand Monde

    Pierre Lemaitre

    7/10 Bon roman écrit par la plume talentueuse de Pierre Lemaître. On y trouve de l'exotisme, de l'action, du crime dans une saga familiale prolongeant celle de sa première trilogie. On est un poil en dessous de de "La haut" et la suite, mais vu le profil des protagonistes, les enfants Pelletier, on peut s'attendre à d'autres chapitres plus captivants. La partie sur l'histoire coloniale puis la guerre d'Indochine est très instructive. Finalement, c'est une bonne entrée en matière qui augure dans les développements à venir de quelques rebondissements et surprises qu'on a hâte de découvrir.

    11/04/2022 à 09:40 8

  • Le Prix de la vengeance

    Don Winslow

    9/10 Quel plaisir de retrouver au fil des pages les héros de Don Winslow, Boones Daniels, Frank Macchianno, Bobby Z, dans ce recueil de nouvelles très réussies. Loin de la violence de sa série sur la frontière ou sur ses bouquins sur le narco-trafic, il dresse des portraits plein d'humanité, à l'humour communicatif, ou l'espoir dans le genre humain retrouve un peu de place. Six histoires très différentes mais aussi plaisantes les unes que les autres que l'on dévore avec gourmandise. Don Winslow est un grand de la littérature étasunienne.

    13/01/2022 à 11:02 8

  • Qui a tué l'homme-homard ?

    J.M. Erre

    8/10 C’est un roman policier baroque, surréaliste, plein d’humour parfois poussé jusqu’à l’absurde, mais qui fait mouche à tous les coups. Il y a beaucoup d’originalité et d’imagination dans les personnages, l’histoire et l’écriture. Il y a aussi, en arrière-plan, une analyse des polars et de leur construction, les clés du succès, les gouts du public, les paramètres à prendre en compte, et beaucoup de réflexions sur la société actuelle et la numérisation notamment. La lecture est facile, plaisante et réjouissante.

    18/03/2019 à 11:08 8