Surcouf

419 votes

  • Têtes de Maures

    Didier Daeninckx

    7/10 Roman noir qui se passe en Corse, sur fond de vendetta et omerta. L'auteur étrille le nationalisme corse dérivant en mafia, les opérations immobilières frauduleuses, la difficulté des gendarmes et policiers à faire respecter les lois, les secrets de famille vieux de plusieurs générations. Il ajoute quelques volets historiques peu connus comme l'intervention de l'armée en 1931 sur ordre de Pierre Laval. L'histoire est intéressante, la plume de l'auteur est claire, un peu descriptive mais il n'y a pas de suspens ou de grosse surprise. Les têtes de chapitres sont introduites par des extraits de presse (vrais ou faux ?) relatant la criminalité sur l'île. A la fin on a une bonne vingtaine de morts en quelques jours, en ce qui parait tout de même un peu caricatural.

    17/01/2025 à 09:09 1

  • Ernest Latulippe

    Régis Loisel

    8/10 Gros coup de stress à Notre-Dame-Des-Lacs ! Mathurin Latulippe vient d'être attaqué par un ours. Son frère Ernest va chercher du secours au village. Serge, Réjean le curé et Jacinthe partent avec lui en canoé. Son état les obligent à le ramener au village. Les deux frères coureurs des bois s'installent chez Marie, au Magasin Général. son rétablissement et sa convalescence se prolongent, obligeant Marie à une cohabitation pas toujours de tout repos. Et de fil en aiguille ...
    Encore une réussite des deux co-auteurs au scénario et au dessin. C'est une belle tranche de vie d'une petite communauté des années 1920 au Québec qui nous est superbement contée. Humour, tendresse, romantisme, réalité quotidienne, aléas saisonniers, tout est pris en compte pour rendre cette série attachante.

    10/01/2025 à 09:46 1

  • La Cerise sur le gâteux

    Jean-Jacques Reboux

    7/10 Un épisode au ton vif, enlevé, sans temps morts. L'écriture est incisive, coupante, précise. on sent que l'auteur est habité par son histoire. Si le style est vif et en adéquation avec l'histoire, j'ai trouvé celle-ci trop manichéenne par certains côtés. Nous sommes dans les années 1996 avec une extrême-droite revigorée. Les skins ne se cachent pas et les crimes racistes se multiplient. A Charençon-Le-Plomb, aux portes de Paris, la police manque de réactivité et certains de ses éléments sont complétement pourris. L'amalgame entre ces flics véreux et la police dans son ensemble, dans une ambiance ACAB, est un peu lourdingue. Ceci mis à part, c'est un bon épisode qui met la lumière sur les pratiques politiciennes douteuses des municipalités de droite à l'époque du RPR parisien. Il y a par contre peu de bière, peu d'humour mais des personnages attachants et hauts en couleurs et un poil de romantisme.

    08/01/2025 à 08:56 2

  • Comme si nous étions des fantômes

    Philip Gray

    7/10 Un roman qui démarre très bien mais qui s'enlise petit à petit dans la boue des tranchées, en 1919, alors que les soldats britanniques encore déployés en France encadrent des coolies chinois chargés de l'exhumation des cadavres afin de les identifier. Même si l'action se passe alors que la guerre est terminée, celle-ci est bien évoquée, la violence des combats, les conditions de survie dans les tranchées, les attaques au gaz, les affrontements au corps à corps, à la baïonnette, au couteau ... De façon un peu inédite, l'accent est mis sur l'utilisation massive de drogue comme l'opium et les ravages de son addiction. L'auteur aborde également les classes sociales anglaises et la difficulté d'en sortir (ou d'y entrer). Si l’environnent documentaire et historique est bien la, le livre pèche un peu par une densité de faits secondaires qui noient l'intrigue principale et qui perdent un peu le lecteur. Dommage, même si le livre reste intéressant.

    07/01/2025 à 09:18 6

  • Les Hommes

    Régis Loisel, Jean-Louis Tripp

    8/10 Changement d'ambiance avec le retour des hommes à la fin d'un hiver passé au cœur des bois. Serge est devenu un personnage incontournable. Il a entrainé dans sa bonne humeur Marie et les femmes restées seules. Cette nouveauté ne plait pas beaucoup aux maris et les relations chaleureuses jusque la vont se refroidir brusquement. Déstabilisé, le village va devoir s'interroger sur la façon de garder sa cohésion, car Marie, à la tête du magasin général, est de fait le pilier économique de Notre-Dame-Des-Lacs. Tous comptent sur elle. Il faut désormais compter avec elle. Un troisième tome qui lance cette série vers des horizons prometteurs.

    31/12/2024 à 11:34 3

  • Serge

    Régis Loisel, Jean-Louis Tripp

    8/10 Très bon dessins, personnages et décors, et l'histoire est prenante. C'est une bd pleine de sensibilité dans laquelle les caractères des protagonistes se dévoilent peu à peu. Cette petit communauté du Canada français, avec ses noms typiques et ses expressions savoureuses, laisse déjà entrevoir une série majeure.

    31/12/2024 à 11:28 2

  • Ouarzazate et mourir

    Hervé Prudon

    4/10 Déçu par ce tome non pas pour l'histoire, mais parce que je n'ai pas accroché du tout au style d'Hervé Prudon qui dépeint un Poulpe très différent du portrait habituel. La sauce ne prends pas.

    29/12/2024 à 10:31 2

  • Arrêtez le carrelage

    Patrick Raynal

    8/10 Très bonne cuvée que ce Poulpe en Bretagne. Corruption, projets immobiliers, résistance citoyenne, embruns, cette aventure très réaliste se lit avec plaisir. Elle est sans nul doute dans le top 5 de la série.

    29/12/2024 à 10:26 4

  • Les Bêtes du gévaudan

    Hervé Korian

    8/10 Un épisode parmi les plus tragiques. C'est bien écrit, on se laisse vite happer par la quête de vérité menée par Le Poulpe. S'il rencontre quelques personnes sympathiques, il croise surtout une bande de dangereux ruraux qui ont le cerveau aussi enclavé que leur territoire cévenol. Ça picole plus que de raison, ça chasse n’importe quand, ça rigole gras ... tout pour plaire. Et comme ils sont étroitement mêlés à l'affaire qui occupe Le Poulpe, l'amabilité n'est pas de mise. Soumis à un petit baron local, le village et ses villageois vivent presque à l'écart des lois, ce qui conduit à des dérapages sévères. Les alliés sont rares mais fiables ce qui redonne au Poulpe un peu d'espoir, il y a un peu de lumière dans toute cette noirceur. Peu d'humour, beaucoup de choses plausibles, de la violence physique et psychologique, des lâchetés, cet épisode très réussi est singulier dans la collection.

    19/12/2024 à 16:45 1

  • Les pis rennais

    Pascal Dessaint

    7/10 Bon petit Poulpe, l'auteur a su saisir les oppositions fréquentes entre ruraux et néo-ruraux, l'intrigue est plus compliquée qu'elle en a l'air et on se demande bien quel sera le dénouement. Des descriptions de l'environnement pyrénéen, la faune, les activités humaines qui parfois s'affrontent, le déclin d'un mode de vie face au modernisme apportent la touche locale.

    17/12/2024 à 09:15 3

  • Grossir le ciel

    Borris, Franck Bouysse

    8/10 Très bonne adaptation du roman de Franck Bouysse. Le dessin de Borris rend parfaitement l'isolement de ce coin perdu de Lozère en hiver, du caractère taiseux de ses habitants, des vieilles rancœurs enfouies ... Paradoxalement, alors que j'avais mis 7 au roman, je trouve que le roman graphique correspond plus à l'atmosphère de l'histoire. Les détails qui m'avaient dérangé dans le livre sont gommés. Pour les traits de Gus, Borris s'est manifestement inspiré d'un paysan de Haute-Loire filmé par Raymond Depardon dans "Profils paysans" en 2005.

    13/12/2024 à 08:56 2

  • La Route

    Manu Larcenet

    8/10 9/10pour le dessin, 7/10 pour le scénario. Le dessin est excellent et traduit parfaitement ce monde post-apocalyptique dangereux, invivable, dans lequel les humains survivent, certains ayant franchi les toutes les limites et étant retombé quasiment à l'état sauvage, au sens propre comme au sens figuré. Par contre, je trouve que l'histoire, très prenante en livre et en film, est difficile a adapter en bd à cause de sa linéarité. Si ça rend bien sous d'autres formes, littérature et cinéma, la on tourne 156 pages très ressemblantes les unes aux autres. Cette petite réserve faite, on est quand même dans du grand roman graphique.

    13/12/2024 à 08:47 6

  • Post Mortem

    Olivier Tournut

    7/10 Policier classique qui privilégie l'enquête de la police, le déroulé des crimes, les motivations des criminels et les rouages des procédures entre policiers et magistrats. L'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC), service chargé de la recherche des biens culturels (œuvres d'art) volés est mis en lumière, même si sa participation effective à l'enquête est anecdotique. L'affaire se déroule dans le milieu de l'art, des faux tableaux et des collectionneurs. On remarquera qu'en début de livre, Isabelle Le Peletier, la capitaine en charge de l'affaire, apparait comme antipathique, autoritaire, dirigiste et facilement irascible. Il faut attendre la moitie de l'histoire pour la voir sous un aspect plus humain. De même, ses relations tendues avec ses partenaires et supérieurs ne se réchauffent que petit à petit. Cet aspect inhabituel des relations humaines renforce finalement le réalisme du livre. A part ça, ça se lit bien, le style est rapide et l'histoire réserve du suspens mais peu de surprise et à peine une fausse piste. L'action se déroule pendant un moment politique et gouvernemental compliqué qui n'est pas sans rappelé le second semestre 2024.

    10/12/2024 à 08:46 2

  • Honduras

    Daniel Koller

    7/10 Au Honduras, Luc Lafontaine est au repos dans le bar de son amie Banshie. Il y déchire régulièrement le tapis du billard, sous les yeux du mystérieux Dr Smith, dentiste. Les choses démarrent avec l'enlèvement de Banshie par de drôles de silhouettes. Amérique centrale oblige, on croisera aussi des paramilitaires, des sorciers mayas et des religieux fanatiques. Le scénario est un peu confus par moment et il faut parfois revenir sur ses pas pour ne pas perdre le fil. Grosse surprise à la fin avec l'apparition d'un monstre littéraire connu. Les dessins sont biens, notamment les décors. Les personnages principaux sont par contre trop caricaturaux, le héros ne doit pas dépasser 1 mètre, et les traits de Banshie laissent à désirer (Daniel Koller est un autodidacte). Il y a de l'action, du rythme, de l'humour et un langage fleuri. Malgré ce premier tome pas si mal que ça et prometteur par certains côtés, la série n'a pas eu de suite de la part de l'éditeur Casterman. La carrière de l'auteur est tout de même lancée et se poursuivra chez Dargaud (Mayam).

    02/12/2024 à 11:50 2

  • Trio grande - Adios Palomita

    Fabrice Lamy, Olivier Vatine

    9/10 Côte du Mexique, vers la Basse-Californie. On se la coule douce en famille jusqu'à l'arrivée d'une blonde ravageuse, au grand dam d'une brune incendiaire. On ajoute un type au milieu des deux et on a notre Trio grande. Les décors sont magnifiques, le découpage des cases original et audacieux, le scenario d'un classicisme éprouvé et infaillible, le tout dans une ambiance de western spaghetti d'une redoutable efficacité. Adios Palomita était présenté comme le premier tome d'une série, Trio grande, mais malheureusement, il n'y a pas eu de suite.

    29/11/2024 à 08:50 3

  • Wayne Redlake - 500 fusils

    Fred Duval, Fabrice Lamy

    9/10 Superbe western au nord du Mexique. Les dessins sont particulièrement réussis ainsi que les couleurs qui évoque on ne peut mieux ces régions arides, chaudes où le plomb tombe autant du ciel qu'il sort des colts et carabines. Les auteurs nous avaient déjà régalé avec Adios palomita, il réédite leur coup. Nous avons des pistoleros habiles, des révolutionnaires soudards, des légionnaires égarés depuis l'intervention française et une femme fatale. Tous les ingrédients sont réunis pour un grand moment, du Sergio leone/Ennio Morricone/Clint Eastwood en bd !

    29/11/2024 à 08:39 2

  • L'Omégon

    Régis Loisel, Vincent Mallié

    10/10 La fin en apothéose d'une série majeure d'héroic fantasy ! Débutée en 1983, l'histoire se termine de façon magistrale. Les auteurs bouclent la boucle avec un dernier volume superbe tant pour les dessins que pour le scénario. La fin de ce cycle (Avant la Quête) annonce le prochain (La Quête) sur une jolie dernière page dédiée à un personnage central qu'on avait un peu vite oublié. On notera encore dans cet épisode l'absence de concession faite par les auteurs au ton de leur œuvre. Comme dans les tomes précédents, il y a de la violence, des drames, des choix difficiles assumés aux conséquences tragiques. Ce second cycle en 8 tomes (6 auraient suffi), malgré des changements de dessinateurs (3 différents) se hisse au niveau du premier, ce qui n'était pas gagné. Bravo !

    26/11/2024 à 11:21 1

  • La Ligne de vie

    Juan Diaz Canales, Ruben Pellejero

    7/10 J'avais lu dans ma jeunesse 2 ou 3 épisodes de Corto Maltese, série qui ne m'avait pas vraiment emballé à l'époque. Ce nouvel opus, une reprise par de nouveaux auteurs, est graphiquement très convaincante. L'univers d'Hugo Pratt est indéniablement respecté. Le scénario, une histoire de détournements d'objets d'art mayas et de trafic d'armes sur fond de guerre de religion au Mexique est plaisant sans être d'un suspens insoutenable ni mené sur un rythme endiablé. La bd a le mérite de nous faire découvrir un épisode historique peu connu, la guerre des cristeros au Mexique au début du XXe siècle.

    26/11/2024 à 11:07 1

  • Du Rififi à Ménilmontant

    Jacques Tardi

    6/10 Assez déçu par ce retour de Nestor Burma avec Tardi seul aux commandes. Côté édition, si on a 192 pages, celles-ci ne contiennent que 4 à 5 cases, avec des phylactères énormes et un typographie proportionnelle. J'ai trouvé l'intrigue assez embrouillée et le dessin assez loin du meilleur niveau de Tardi. Le traitement de la couleur est également surprenant avec une technique de très petits points (couleurs tramées) comme on pouvait le voir il y a 50 ans dans les comics américains. Si ça met en valeur les décors architecturaux, chers à Tardi, les personnages et autres éléments de décor en pâtissent. Cet épisode se singularise surtout par d'interminables déambulations de Burma à pied ou au volant de sa 203 dans le XXe arrondissement de Paris que l'auteur a visiblement du plaisir à dessiner. On reconnaitra parmi les passants quelques têtes amies de Tardi, Didier Daeninckx, Dominique Grange, François Hadji-Lazaro ...

    25/11/2024 à 09:12 1

  • Le Géant inachevé

    Didier Daeninckx

    6/10 Petit roman policier de facture très classique, avec un côté social un peu plus appuyé comme le fait souvent l'auteur. Cet épisode du l'inspecteur Cadin n'est pas le plus réussi toutefois. Le personnage manque d'épaisseur et l'intrigue n'a pas vraiment d'intensité. Reste une ambiance assez bien décrite de la région des Flandres françaises pendant le carnaval.

    20/11/2024 à 09:49 1