473 votes
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Carpates
8/10 Très bon polar dans lequel un couple de français s'égare dans les Carpates Roumaines. Jeanne, jeune universitaire pleine d'ambition entraine Boris, son compagnon boxeur dans un voyage pour ses recherches sur d'anciennes communautés de "vieux-croyants" lipovènes. Perdus dans le massif montagneux, ils sont sauvés par les habitants d'un patelin reculé, très reculé même. Étranges habitants ou les femmes règnent et les hommes sont cantonnés à un rôle mineur. L'arrivée de la neige les coince parmi ces gens. Le livre décrit très bien l'atmosphère pesante de l'isolement, la forêt étant le pilier d'une ambiance lourde et oppressante, la neige scellant l'enfermement du couple. Très bonne description également des rapports qui se tendent entre Jeanne et Boris à cause de la situation et des façons différentes qu'ils ont d'appréhender le moyen de rentrer en France. Un huis-clos s'installe qui au fil des pages devient angoissant avec l'accumulation de tensions, de bizarreries et l'éloignement mutuel qui gagne le couple. Pas de recours au surnaturel, pas de déviance majeure, la violence est présente mais contenue, l'auteure grâce à son style et à son talent distille une peur qui monte lentement dans ce polar sylvestre, religieux et hivernal. Le dénouement est au niveau de l'histoire, surprenant.
21/07/2025 à 10:22 2
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Zarmaggedon
4/10 Le Poulpe opère dans une chronique de banlieue suite à la mort d'une de ses connaissances, Rachid. On n'est pas encore dans un territoire perdu de la République (1997), mais les ferments sont déjà la. Trafic de drogue, tournantes, feu de voitures ... le tout est encore dans des proportions contenues. Il y a encore un peu de mixité ethnique, tous les blancs n'ont pas encore changé d'air. Certains voudraient même faire de la résistance, ou du nettoyage c'est selon. Mais Le Poulpe, pour une fois, se plante dans ses analyses. Il pensait partir en guère contre une milice et se retrouve dans un remake de Roméo et Juliette sauce banlieusarde. Le livre est raconté par l'un des protagonistes, un jeune beur, dans le langage de son milieu et de son époque qui n'est pas toujours très clair. Le manichéisme des rapports sociaux, la complaisance avec les trafics et la consommation de drogue sont un peu dérangeants. On lit même entre les lignes que l'éducation et les études ne servent à rien. Et pour tout arranger, le Poulpe ne boit que des canettes de Heineken, pas la moindre bière originale à découvrir. On est loin des meilleurs épisodes.
15/07/2025 à 14:29
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Boris au pays vermeil
7/10 Un Poulpe un peu atypique puisque Gabriel Lecouvreur n'apparait qu'à la moitié du livre. Le personnage principal est Francis, père du petit Boris. Entre Banyuls, Collioure et Argelès, l'intrigue se passe dans le milieu des artistes. Francis met involontairement le pied dans une affaire qui risque de saccager les paysages de la côte vermeille. Corruption d'élus locaux, projets immobiliers dévastateurs, notaire véreux, gardes du corps à la gâchette très facile, tuerie gratuite, tous ces ingrédients se marient bien sous la plume de l'auteur, la violence de la scène d'ouverture étant ensuite adoucit par des considérations plus humanistes, amicales, romantiques et par la force du lien familial. Quelques clins d’œil au séparatisme catalan apporte également un peu d'humour.
15/07/2025 à 14:07
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Régression
7/10 Thriller scientifique auquel j'ai bien accroché au départ. Variation de lieux et d’époques, théories scientifiques, faits réels, hypothèses se succèdent pour former un tissu cohérent, soutenu par l'écriture simple et directe de l'auteur. La vulgarisation des parties techniques est réussie. Le recours a des personnages historiques, Homère, Socrate, Jésus, Rabelais, Michel Ange, Nietzsche... pour valider le scénario est une bonne idée. Par contre, à partir du milieu du livre, il y a trop d'ingrédients. On se perd un peu, la clarté de l'histoire et sa compréhension en souffrent. Des pistes ouvertes sont refermées sans explications. Le livre permet de découvrir pas mal de chose historiques, zoologiques, littéraires ... Les tintinophiles apprécieront le clin d’œil au Tibet et les sources d'Hergé (B. Heuvelmans). J'ai bien aimé la fin qui ne suit pas les codes du genre.
04/07/2025 à 08:35 3
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To Hell
François Boucq, Alexandro Jodorowsky
8/10 Drame au saloon de Barro-City, Sakayawea et son bébé ont été tués, Job son mari a été grièvement blessé en tentant de la défendre. Le Bouncer va se lancer à la poursuite des coupables et affronter l'hiver, des loups et des indiens. Mocho, le chien à trois pattes sera un allié précieux, bien plus que Ran Tan Plan. Arrivé à la ville de Las Tarentulas, il va mesurer dans quel guêpier il s'est fourré. Hors-la-loi, dégénérés, sadiques, dévoyés, tortionnaires ... les portraits sont gratinés, rien à voir avec Dalton City. Mais face à de nouveaux ennemis, le Bouncer trouve de nouveaux alliés. Je trouve que le langage devient un peu trop fleuri. Le scénario reste solide et les dessins toujours réussis au cœur de cet ouest vraiment très sauvage.
01/07/2025 à 08:36 2
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Coeur double
François Boucq, Alexandro Jodorowsky
7/10 Suite et fin de cette nouvelle tentative menée pour s'emparer de Barro-city et les terres aux alentours, dans une histoire à la Manon des sources à la sauce canyon du Colorado. Le défilé de monstres de foire continu, un type avec une hache plantée dans le front, ses enfants tueurs, un chinois castré pour l'opéra, une veuve folle à lier, un médecin consumé d'amour (sens propre) ... la noirceur de l'histoire prend le pas sur le style western. On n'est vraiment pas dans Blueberry et encore moins dans Lucky Luke. Seule trace de douceur dans monde de brutes, à la fin l'amour triomphe, Yin Li verra sa patience récompensé, comme le barman nain et la fille de Toro Negro. Les dessins sont toujours de haut vol.
30/06/2025 à 08:20 2
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La Veuve noire
François Boucq, Alexandro Jodorowsky
7/10 Installé au saloon de Barrow-city, le Bouncer doit faire face à de nouveaux défis, qui décidément volent en escadrille. Tout d'abord, prouver aux apaches qu'il est le digne successeur de son père White-Elk, puis, défendre ses mêmes apaches contre une machination visant à les exterminer, avant de devoir les venger. Il doit aussi compter avec la nouvelle institutrice, prude au dehors, affriolante en dessous. Il lui faut contrer les projets d'une veuve qui vent s'approprier toute la région, comme déjà vu dans le premier cycle. Cet épisode se singularise par l'arrivée de personnages dignes de monstres de foire. C'est peut-être un peu trop caricatural . Quant au langage, attention aux yeux et aux oreilles. Violence, alcool, médecin dévoyé, indiens spoliés, enfants meurtriers et femmes fatales peuplent l'histoire, avec un brin de romance pour adoucir tout ça.On s'éloigne un peu du pur western pour se rapprocher d'une ambiance "Les mystères de l'ouest". La série n'en reste pas moins attrayante.
27/06/2025 à 08:36 1
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La Proie des louves
François Boucq, Alexandro Jodorowsky
7/10 Comme son nom ne l'indique pas, Antoine Grant, le nouveau bourreau de Barrow-City, est une femme. Et elle n'est pas animée que de bonnes intentions. C'est la fin d'un premier cycle pour le Bouncer qui découvre enfin plusieurs pans de son passé. Fin de parcours également pour Cooper et sa soif de puissance, comme pour Mara, sa maitresse qui est une harpie aussi sadique que sanguinaire. Beaucoup de violence dans cet épisode, des mitrailleuses gatling, des tueurs mexicains dont la mine patibulaire ferait peur aux Dalton, jusqu'aux rapports amoureux qui relèvent parfois de la domination pour le Bouncer. Il aura toutefois l'opportunité de se laisser réconforter par la douce chinoise Yin Li. Je mets un point de moins que pour les 4 premiers tomes car la fin est plutôt convenue, sans les multiples rebondissements auxquels les auteurs nous avaient habitués. Dessins toujours au top. Les paysages, notamment les descriptions liées à l'histoire des indiens Nacaches sont superbes et rappellent les décors de Giraud dans "Le spectre aux balles d'or" (Blueberry tome 12). D'ailleurs, il y a quelques petites similitudes de-ci de-la dans les scénarios.
26/06/2025 à 08:38 1
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Les amis de Pancho Villa
8/10 Mexique, 1910. La guerre fait rage entre les troupes du président Huerta et les révolutionnaires de Pancho Villa et d’Emiliano Zapata. Rodolfo Fierro, détenu dans une prison de Chihuahua pour meurtre sur officier de police, est bien loin de cette réalité. Lorsqu’on lui propose de commuer sa peine de deux ans, il accepte de devenir gardien de marchandises ferroviaires. Pourtant, cette vie ne lui plait pas. Aussi, lorsque les hommes de Villa attaquent le convoi, il voit là une occasion de s’extirper de sa condition. Il leur offre bien volontiers l’or du train en criant « ¡Viva la Revolución ! ». Sa force et sa dextérité à manier les armes feront de lui l’un des plus proches amis du chef révolutionnaire. Il deviendra « El Carnicero », le boucher, inflexible et sanguinaire. Loyal bras droit de Villa, il le suivra dans tous ces combats, jusqu’à l’assaut final. Un album fidèle à l'histoire qui montre sans filtre la nature sauvage et impitoyable de l'état-major villiste, Rodolfo Fierro en premier lieu, illustrant l'intemporel dicton mexicain " la vida no vale nada ". Alors qu'au sud, Emiliano Zapata, petit propriétaire, était éduqué et politisé, proche des idées libertaires des frères Flores Magon, Villa était un soudard illettré sans conscience politique avant de rejoindre Madero et la révolution. Le machisme régnant est aussi assez spectaculaire.
Les dessins de personnages sont un peu figés mais le tout est rehaussé par l'adjonction d'une touche de surréalisme à la mexicaine, de nombreuses allégories et des couleurs vives comme sur la superbe couverture représentant la Catrina en grande tenue, image traditionnelle de la mort au Mexique, qui aime à s'inviter parmi les vivants et converser avec eux.25/06/2025 à 08:42 3
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La Vengeance du manchot
François Boucq, Alexandro Jodorowsky
8/10 L'album s'ouvre sur une scène hyper classique du western : le siège d'un ranch familial par une bande armée aux ordres d'un grand propriétaire pour qui il est plus simple d'agrandir son domaine en chassant les occupants qu'en proposant une juste négociation. Dans cette bataille épique, le Bouncer va descendre 17 adversaires, pas moins. Mais les auteurs ont la sagesse de rester dans le domaine du possible, il n'y a pas d’exagération comme El Mariachi dans Desperado, film de Roberto Rodriguez. L'intérêt de cet épisode est dans le personnage principal qui prend de plus en plus d’épaisseur et dont le passé se dévoile peu à peu. Il en va de même avec les personnages secondaires qui s'installent et les nouveaux qui arrivent, dont une inquiétant silhouette amenée à prendre la charge de bourreau. Dessins toujours au top.
24/06/2025 à 10:00
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La Justice des serpents
François Boucq, Alexandro Jodorowsky
8/10 Mangeur d'enfants, bourreau, prostituée, ancien esclave noir, indiens, vengeance, fièvre de l'or, serpents venimeux, amours contrariés ... les auteurs convoquent toutes les figures qui ont fait la légende l'ouest sauvage tout en allant bien au delà du western classique. Feu d'artifice visuel et scénaristique, cette bd se lit comme un regarde un film de Tarentino. Ca ne s’arrête jamais, violence, suspens, personnages hyper-typés, surprises, on en prend plein les yeux.
23/06/2025 à 09:00 1
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La Pitié des bourreaux
François Boucq, Alexandro Jodorowsky
8/10 Ce 2e tome a un scénario particulièrement riche. Attaque de banque, de diligence, initiation au maniement des armes ... tous les ingrédients nécessaires à un bon western. A cela s'ajoute des paysages grandioses dessinés par Boucq à différentes saisons. Pour compléter un tableau déjà bien rempli, nous avons une histoire d'institutrice, de niveaux scolaires, d'origines sociales des enfants dans une école qui n'a rien à voir avec celle de La petite maison dans la prairie. Série qui s'annonce digne des meilleures de sa catégorie.
20/06/2025 à 09:36 1
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Un Diamant pour l'au-delà
François Boucq, Alexandro Jodorowsky
8/10 Le Bouncer est le videur manchot du saloon de Barrow-city. Malgré son handicap, il a le colt leste, l’œil précis et il tire juste. C'est sa seule ressemblance avec Lucky Luke. Même s'il est lui aussi une sorte de justicier solitaire, il ne s'encombre pas de principe et tue sans hésitation. Confronté à ses frères plus mauvais que des Dalton et à une vieille et sordide histoire familiale, il va se montrer impitoyable. Western violent, un peu spaghetti, avec des personnages complexes, ce premier tome est séduisant. Le dessin de Boucq rend bien les codes du genre, couleurs chaudes, grands espaces, perspectives sur des reliefs ... tout est maitrisé.
18/06/2025 à 10:59 2
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Bouche du diable
9/10 Le duo Boucq / Charyn réussit encore une fois un très bon album. L'histoire de Youri, orphelin, un premier temps recueilli par une paysanne en Ukraine, mais maltraité par les fils et le mari. Ils l'appelle Bouche du diable, à cause de son bec de lièvre. Pour sauver sa peau, il s'enfuit avec un camion de soldat et se retrouve dans un orphelinat soviétique au bord de la mer noire, un ancien monastère orthodoxe. Il est formé comme espion par le colonel Stavroguine du KGB. Parallèlement, il est sensible au mysticisme de Grigori, moine devenu instructeur pour les soviétiques. A la fin de sa formation, il bénéficie d'une opération esthétique pour réparer sa lèvre. Il est ensuite envoyé comme espion à New-York. Dans un premier temps, il se fond dans la population, se fait des amis, avant d'être réveillé par le KGB qui va exploiter ses compétences et un don de télépathie. Mais Youri, au contact du mode de vie de ses nouveaux amis, notamment un indien travaillant à la construction de gratte-ciels, rêve de s'émanciper de ses maitres. C'est un album à la trame tragique, parsemé d'épisodes violents, de cynisme et de manipulation. Le dessin de Boucq revisite le style du roman d'espionnage en lui donnant une force exceptionnelle. Une des plus belle réussite de ce duo d'auteurs.
18/06/2025 à 08:46 1
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New York Cannibals
8/10 La suite de Little Tulip. Plongée dans le New-York inquiétant du local de l'étape, Jerome Charyn. On y croise pas mal de marginaux, exclus, réprouvés ... Il y a beaucoup de violence mais aussi des moments de solidarité. Pavel, enfant des goulags de la Kolyma croise de vieilles connaissances vraiment pas recommandables. Il découvre des trafics sordides, de la corruption, mais aussi de l'aide venu des bas-fonds (sens propre), allusion au "peuple" qui vit sous terre, dans les méandres des tunnels, canalisations et autres profondeurs new-yorkaises. Scénario solide et dessins saisissants.
12/06/2025 à 08:55 3
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Little Tulip
8/10 Les très beaux dessins de François Boucq illustrent à merveille cette histoire très dense, mêlant URSS et USA, espionnage, mafia, flics et marginaux, immigrés de New-york et surtout le tatouage et sa symbolique. La partie la plus forte se passe dans les goulags de la Kolyma où les conditions de détention sont effroyables et les dessins particulièrement explicites et réalistes. L'exploitation des talents de Paul par la police est une bonne trouvaille. On remarque une certaine ressemblance avec des personnages vus dans d'autres albums des mêmes auteurs, La femme du magicien et Bouche du diable.
11/06/2025 à 10:42 1
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Samizdat
7/10 Alex Russac a le chic pour se fourrer dans des embrouilles redoutables. Après avoir été embarqué dans un pogrom à New-York, il a réussi à filer pour se retrouver en URSS en pleine époque stalinienne. L'album est un pamphlet contre le petit père des peuples qui a mis sur pied le plus efficace, le plus gigantesque et le plus terrible système concentrationnaire de l'histoire. Capturé par une bande de jeunes marginaux, en échange de sa liberté et protection, il doit faire sortir un samizdat (ouvrage clandestin) d'URSS, qui décrit la réalité de la révolution bolchevique. Si les dessins sont toujours fantastiques et allégoriques voire fantasmagoriques pour certaines planches, ils se sont un peu assagis par rapport aux deux premiers tomes et le scénario est plus clair. L'album aborde les goulags de la Kolyma, univers dantesque qu'on retrouvera de façon plus brutale dans Little Tulip de Jérôme Charyn et François Boucq en 2014.
10/06/2025 à 09:27 2
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La vigie
Jean-Christophe Chauzy, Thierry Jonquet
7/10 Le destin d'un bout de terre ravagé par la première guerre mondiale, comme si les lieux avaient absorbé la folie, la violence et la sauvagerie des hommes pour la régurgiter des années plus tard, à travers d'autres acteurs et victimes. La tragédie de 14/18 a des échos 80 ans plus tard à Feucherolles-les Essarts, sous les yeux du caporal-chef Laheurtiere. Le scénario est original et bien servi par le trait nerveux de Chauzy. Cette bd de 2001 contient déjà en germes les maux d’aujourd’hui autour des banlieues qui s'étendent, de la ruralité qui décline, des anciens combattants qui disparaissent, de l'islamisme qui arrive et du machisme qui perdure. Un étonnant trait d'union entre les tranchées de 14 et les HLM de 2000.
02/06/2025 à 10:33 2
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L'Affaire Bramard
6/10 Exactement le même ressenti que celui exprimé ci-dessous par gamille67. La lecture est facile, le style agréable, les personnages attachants, l'intrigue intéressante, mais on arrive à la fin sans s'en apercevoir, et en ayant l'impression d'avoir lu une histoire sans réelle profondeur, avec beaucoup de passage qui ne débbouchent sur rien, des questions sans réponses claires, des situations confuses ... et pourtant, un certain charme opère, on ne lâche pas le livre. Néanmoins, en arrivant au bout, on se dit que clairement, quelque chose manque. Un livre au final assez singulier.
02/06/2025 à 09:27 2
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Le cirque de Dieu
7/10 New-York 1937. Alex Russac débarque aux USA. Retenu avec des immigrants juifs sur Ellis Island, l'ile des larmes, il y retrouve un rabbin un peu fou qu'il avait croisé à Prague. Les douaniers refusent tous ceux qui sont jugés malades, estropiés, débiles ... Mais si on a le précieux sésame, 3000 dollars, alors on peut fouler le sol américain. Russac y parvient grâce à cet ami avant de rejoindre un refuge tenu par Sarah ou se réunissent ceux qui ont fui les pogroms de Russie, de Pologne, d'Europe centrale ... L'auteur a construit son récit comme un orage. Dès les premières vignettes, on sent le ciel déjà encombré de lourds nuages noirs, puis au fil des pages le tonnerre gronde, la foudre embrase les personnages et les évènements avant qu'une pluie salvatrice nettoie le tout, le bon comme le mauvais. Dans cet album il est fait allusion au climat xénophobe face à l'arrivée massive de migrants, surtout juifs, à la corruption des douaniers et des policiers, à l'influence du Klan. Le trait est toujours furieux, presque fantastique et le propos aussi rigoureux que précis. Le ton général est toujours marqué par une exubérance à la limite d'une certaine folie. C'est une série très atypique, une sorte de Corto Maltese sous acide. Les dessins des rues de New-York et de son architecture sont très réussis.
23/05/2025 à 09:18 1