Horatio

294 votes

  • Un Tueur sur la Route

    James Ellroy

    8/10 Je ne suis pas un grand amateur de polars ayant pour thème les tueurs en série, mais là il faut avouer qu'Ellroy met la barre très haut. Un tueur sur la route est une véritable plongée dans le cerveau d'un psychopathe, d'une étonnante précision. Un roman sec et puissant, plus profond que le thème ne pourrait le laisser supposer.

    15/02/2013 à 18:47 3

  • Underworld USA

    James Ellroy

    6/10 Moins bon qu'American Death Trip, très en dessous d'American Tabloid, Underworld USA vient clore le cycle d'une manière un peu décevante. L'histoire est souvent confuse, et les motivations des personnages ne sont pas toujours très claires. Il reste malgré tout de bons moments, même s'ils manquent de puissance par rapport à ce qu'Ellroy est (a été ?) capable d'écrire.

    07/12/2013 à 11:38 1

  • White Jazz

    James Ellroy

    7/10 A la différence du Grand Nulle Part et de L.A. Confidential, on suit ici un seul personnage, Dave Klein, flic brutal et corrompu du LAPD. Comme pour tous les personnages d'Ellroy, son chemin vers la rédemption sera sans pitié... L'intrigue de White Jazz est pour une fois plus simple que d'habitude pour du Ellroy, parfois jusqu'à en être presque inintéressante. Le style d'écriture vient compliquer tout ça, au point de rendre sans doute le livre incompréhensible pour une bonne partie des lecteurs, mais ça ne suffit pas à en faire un grand polar. Un bon livre, mais une conclusion un peu décevante du Quatuor de Los Angeles.

    12/05/2014 à 19:41 2

  • Wastburg

    Cédric Ferrand

    8/10 Wastburg est privée de magie depuis "la Déglingue" il y a plusieurs dizaines d'années, et elle est donc devenue assez proche des villes de la fin du Moyen Âge ou de la Guerre de Trente Ans. Enfin, pas tout à fait comme elles non plus, puisqu'elle se situe entre deux royaumes et qu'elle abrite des résidents issus des deux contrées : les Waelmiens qui semblent majoritaires, et les Loritains qui sont relégués dans des quartiers crasseux et des métiers peu reluisants (leurs femmes à soldats sont particulièrement réputées). Ici pas de grandiloquence comme on peut en retrouver dans beaucoup de romans de fantasy, c'est au contraire le règne des pots de vin, des combines et de la débine, des coups de surin dans le dos... Concrètement, le lecteur suit un ou plusieurs personnages par chapitre, et il voit se construire l'intrigue à travers leurs yeux. Je n'ai pas été vraiment convaincu par l'histoire en elle-même, mais par contre le cadre est fantastique ; comme dans de nombreux romans noirs, la ville est un véritable personnage avec son caractère propre, sa fatalité, ses mystères. L'ambiance, elle aussi très originale, mélange avec bonheur humour vachard et situations tragiques - un peu dans la veine, toute proportion gardée, des romans de Jim Thompson. La langue utilisée, faite de gouaille, d'ironie, de bons mots et d'expressions argotiques, vient parachever le tout et faire de Wastburg un roman à la fois original et réjouissant.

    25/04/2017 à 19:24 2

  • Casino Royale

    Ian Fleming

    6/10 Autant être clair dès le début : cette aventure de James Bond est à mille lieux des intrigues des films. Pas de gadget, peu d'action, pas de glamour (la côte entre Dieppe et Le Tréport, on est loin de Nice et de Monte-Carlo !), mais au contraire un pragmatisme à toute épreuve et une vision crue et violente de la guerre froide vue du côté des espions. Le livre est intéressant, mais les longueurs sont vraiment trop présentes, sans compter que le style a énormément vieilli. Les pensées de Bond feront frémir les féministes qui se risqueraient à la lecture.

    25/09/2011 à 11:38 1

  • Vivre et laisser mourir

    Ian Fleming

    6/10 Meilleur que le 1er de la série, ce roman n'est quand même pas inoubliable. Certains passages sont longuets, les méchants sont plutôt fades finalement, et l'intrigue est maladroite. L'aspect exotique est cependant sympathique, tout comme certains passages décalés (la ville dédiée aux vieillards). C'est amusant de constater que les scénaristes des films sont allés piocher des scènes dans certains romans pour les glisser un peu n'importe comment dans les longs métrages.

    09/10/2011 à 09:15

  • Goodis, la vie en noir et blanc

    Philippe Garnier

    7/10 Une enquête un peu étrange sur un écrivain qui semblait s'amuser à jouer des rôles et à cloisonner sa vie. La structure adoptée peut dérouter les lecteurs qui viendraient chercher un semblant de chronologie ou un classement par thèmes : là tout est en désordre, écrit au fil des rencontres de l'auteur, des visites aux archives des studios Warner aux souvenirs embrumés des gens qui ont rencontré Goodis. En filigrane on découvre aussi le monde peu reluisant des pulps puis des paperbacks, ainsi que celui du cinéma des années 40 et 50, pas aussi glamour qu'on pouvait l'imaginer. En tout cas le périple est intéressant, et même s'il le présente comme un tâcheron tantôt falot tantôt excentrique, ce livre donne envie de lire du Goodis, ne serait-ce que pour chercher à comprendre qui il était vraiment.

    19/10/2019 à 16:28 2

  • Le Dernier Arbre

    Tim Gautreaux

    9/10 Ce "Dernier arbre" est un très beau roman qui sait poser les lieux, les personnages, les tensions et les sentiments. Nous sommes ici sur du temps long, avec des bouffées de violence perdues au milieu de la banalité du quotidien : la scierie qui débite sans faiblir les arbres majestueux qui l'entourent, mais aussi les ouvriers qui se battent parfois jusqu'à la mort et qui dépensent le peu qu'ils gagnent en boissons et en prostituées, le tout en pleine période de ségrégation et de prohibition. On meurt pour rien, parce qu'on a triché aux cartes ou qu'on prend une balle qui ne nous était pas destinée, mais la vie n'a de toute façon que peu d'importance ici. Le climat tient aussi une place primordiale, humide et étouffant, et la nature hostile n'est jamais loin, qu'elle prenne la forme de moustiques porteurs de maladies ou d'alligators qui emportent les hommes dans la nuit. Au milieu de tout ça, des hommes, meurtris, frustrés, tourmentés, et aussi quelques femmes qui n'ont rien à leur envier. La comparaison avec Ron Rash a déjà été faite, et je la trouve d'autant plus juste que, comme ce que j'ai lu de Rash, on a assez peu de surprise en lisant ce livre, tout semble normal et si quelque chose arrive, aussi tragique soit-il, c'est que ça devait arriver. L'écriture est belle mais aussi très fluide et surtout elle sait se faire oublier, Gautreaux n'étant jamais dans l'esbroufe. On n'est pas non plus dans un roman écologiste, puisque ce serait complètement anachronique compte tenu du milieu dans lequel se passe le récit (des gens qui partent quand il n'y a plus rien à gagner, en ne laissant que le vide derrière eux, avant d'aller dévaster un autre endroit) et de l'époque (les années 20), mais pourtant, de temps à autre, on voit bien que les personnages principaux sentent dans leurs tripes que ce qu'ils font est injuste et absurde, et qu'ils savent déjà que certains souvenirs les poursuivront à jamais.

    16/04/2021 à 09:40 5

  • Quelque chose pour le week-end

    Sébastien Gendron

    7/10 Une histoire complètement barrée, qui vire peu à peu au jeu de massacre. C'est bien écrit, ça se lit rapidement, c'est souvent drôle, mais sans savoir pourquoi je n'ai pas totalement accroché (peut-être parce que l'intrigue finit par trop se disperser, comme le mentionnait Xavier). Et pourtant je suis fan d'humour anglais, dans le style loufoque des Monty Python... Ceci étant dit, le livre est vraiment bon, original et réjouissant.

    11/09/2012 à 18:53

  • La Cité de l'horizon

    Anton Gill

    6/10 Le cadre de La Cité de l'horizon est fascinant : l’Égypte après la mort d'Akhenaton et la chute de sa nouvelle religion. Malheureusement, si le livre est bien documenté, les personnages manquent de profondeur et l'intrigue en elle-même est assez mal menée.

    10/02/2015 à 18:40

  • Mad Dogs

    James Grady

    7/10 Un roman qui va à 100 à l'heure (mais vraiment !), porté par des titres de Bruce Springsteen et de Brian Wilson. Les cinq "héros", souffrant de troubles psychiatriques divers, torturés par les horreurs qu'ils ont vécues en tant qu'espions au service de États-Unis, sont très attachants. Malgré tout j'ai trouvé l'histoire en elle-même assez faible ; les évènements se succèdent sans qu'ils soient toujours crédibles, et on continue surtout le livre pour ces pros des opérations spéciales complètement fous, que le manque de médicaments risque à tout moment de transformer en véritables bombes. Le fonctionnement des organismes de renseignement américains décrits dans le roman fait froid dans le dos, tout autant que l'histoire personnelle de chacun des personnages principaux. Au final un livre assez particulier, aussi bien par son intrigue que par son style.

    21/10/2011 à 21:00 1

  • La Forêt des Mânes

    Jean-Christophe Grangé

    7/10 La première partie du roman est très bonne, tant du point de vue de l'enquête que du personnage principal, original et accrocheur. Tout devient plus rythmé, mais aussi plus chaotique, dès que le périple se poursuit en Amérique du Sud, mais le roman reste prenant. Le style de Grangé est toujours aussi agréable, l'histoire est originale et pour une fois le final n'est pas décevant - même si un poil prévisible. Les descriptions des pays visités sont criantes de réalisme. Le caractère des meurtres est certes impressionnant, mais j'ai tout particulièrement apprécié que l'intrigue soit plus "sobre" que d'habitude chez Grangé. Seule une ficelle un peu grosse pour que je l'avale m'a fait tiquer dans la première partie.

    05/12/2010 à 19:11

  • La Ligne Noire

    Jean-Christophe Grangé

    7/10 Un de mes Grangé préférés, plus conventionnel peut-être, mais en même temps moins excessif que la plupart de ses autres romans. La fin est un peu décevante - une habitude tenace - mais le voyage en Asie est bien mené, et marcher dans les pas du tueur se révèle souvent passionnant. Un bon moment de lecture.

    03/11/2010 à 21:24 1

  • La Firme

    John Grisham

    7/10 Un thriller sympathique, dont j'attendais cependant plus compte tenu de sa réputation. Peut-être que je connais trop bien le film, ou que le thème n'est plus aussi original qu'à l'époque de sa sortie...

    22/01/2023 à 08:47 2

  • La Nuit du chasseur

    Davis Grubb

    8/10 Un roman de grande qualité, qui tutoie parfois le genre fantastique. Le Prêcheur incarne la peur par excellence, qui, sous des allures respectables, n'est finalement rien d'autre qu'un animal sournois, un chasseur de l'ombre. L'auteur excelle à retranscrire les sensations, les sentiments, la présence de la nature. La vie quotidienne dans les campagnes des États-Unis pendant la grande dépression est ainsi très bien dépeinte, les personnages complexes et les situations sont aussi l'occasion de faire poindre la critique sociale et religieuse. L'adaptation cinématographique du livre, réalisée par Charles Laughton et portée par le grand Robert Mitchum, est bien entendu à voir elle aussi.

    29/09/2010 à 18:17 2

  • Doux comme la mort

    Laurent Guillaume

    8/10 Un seul mot ici, qui s'applique d'ailleurs au livre comme au personnage principal : efficacité. La plume de Laurent Guillaume ne s'embarrasse pas de subtilités inutiles, elle va droit au but et même droit au cœur. Les chapitres sont courts et incisifs, l'action est omniprésente et l'auteur ne ménage pas ses personnages. J'ai particulièrement apprécié la structure de la première partie du roman, qui laisse planer le suspense. Seul petit bémol, l'intrigue en elle-même n'est pas vraiment originale et on n'échappe pas à certains clichés.

    11/12/2011 à 18:08 2

  • Warlock

    Oakley Hall

    8/10 J'ai mis plusieurs années à me lancer dans ce gros roman de 700 pages mais je ne regrette pas le voyage. Malgré quelques longueurs, et alors que je m'attendais à du classique (la 4ème de couverture mentionne Tombstone et les Earp), je me suis retrouvé devant un western finalement assez atypique. L'auteur prend systématiquement le contrepied des situations attendues et détourne les clichés du genre : par exemple, le chef du gang qui terrorise la ville regroupe ses troupes pour venir se venger, on se dit qu'une bonne fusillade ne va pas tarder à avoir lieu... et en fait non. Hall désamorce tout ce qu'il a mis des pages à lancer pour partir dans une autre direction, qui se tient tout autant mais qui est inattendue par rapport à ce qu'on a l'habitude de voir dans un western. Le récit est sombre, amer et désabusé, les personnages souffrent, physiquement mais surtout moralement. Bref, un excellent cru, à compléter par le visionnage de son adaptation cinéma, "L'Homme aux colts d'or" avec Henry Fonda, Richard Widmark et Anthony Quinn, très bonne adaptation mais qui simplifie beaucoup l'intrigue et qui est bien plus optimiste.

    30/08/2022 à 09:16 3

  • Coups de feu dans la nuit

    Dashiell Hammett

    8/10 Incroyable de lire ce recueil de nouvelles aujourd'hui, un siècle après leur écriture, tant elles tiennent encore bien la route. La galerie de personnages, le dynamisme de l'action, le côté impitoyable et sans fioriture des récits font encore mouche, tout comme la description des procédures employées par Sam Spade ou, surtout, par le Continental Op, premier "héros" récurrent de Hammett. On est presque déjà dans du police procedural à la Ed McBain. Évidemment, avec près de 1300 pages de nouvelles, toutes ne sont pas du même niveau, mais globalement ce recueil est d'excellente qualité, même en mettant de côté la place incontestable de Hammett à l'histoire du polar.

    04/10/2020 à 08:51 4

  • La Mort c'est pour les poires

    Dashiell Hammett

    7/10 Difficile de noter un livre comme celui-là... J'attendais des infos sur la manière d'écrire de Hammett, ses relations avec les éditeurs, avec les réalisateurs, etc., et de ce point de vue je n'ai rien eu ou presque. Hammett parle bien un peu de création littéraire dans ses lettres, mais cela concerne principalement le théâtre et en particulier les œuvres de Lillian Hellman, sa muse. D'un autre côté, même s'il reste mystérieux parce que toujours très pudique, la personnalité de Hammett transparaît dans ses courriers, dans ses prises de position politiques ou littéraires. Enfin, et je pense qu'il s'agit de la qualité principale de ce livre, cette correspondance est le reflet d'une époque : de ses souvenirs d'enquêteurs à la Pinkerton à la rédaction d'un journal destiné aux soldats alors qu'il est basé dans les îles Aléoutiennes, en Alaska, pendant la Seconde Guerre mondiale, de la guerre d'Espagne aux procès du maccarthysme, c'est 40 ans de la vie culturelle et politique du monde qui sont passés en revue. À réserver tout de même aux plus fanatiques des admirateurs de l'auteur du Faucon maltais ou de La Moisson rouge.

    19/11/2020 à 18:09 3

  • Le Faucon maltais

    Dashiell Hammett

    8/10 Sam Spade, ou l'archétype du privé de roman noir - à égalité avec le Philip Marlowe de Chandler. Ici, le détective est malin et cynique, il a le coup de poing facile et ne fait pas dans le sentiment, il n'hésite pas à franchir les limites de la loi mais obéit à son propre code d'honneur. L'intrigue est astucieuse et les personnages intéressants, et l'écriture d'Hammett magnifie le tout.

    29/08/2010 à 20:23 2