Ironheart

871 votes

  • Dans les eaux du Grand Nord

    Ian McGuire

    7/10 Un roman d'aventures rustre et cru, viril et violent. Comme dit le capitaine au héros, le médecin Patrick Sumner : " si vous vouliez de la délicatesse, il ne fallait pas vous embarquer sur un baleinier". Il a bien résumé la chose ! Mais quand même, on sent que Ian McGuire s'éclate à nous inonder, tout au long de ses pages, des fluides corporels les moins nobles et à ne rien nous épargner en terme de crasse, de blessures putrides et d'odeurs pestilentielles.
    Le livre est efficace, se lit sans ennui et les descriptions sont riches et immersives. Certains passages sont puissants, c'est indéniable !
    Cependant, il est aussi sans surprise et je lui reproche des similitudes avec des romans écrits bien avant comme Terreur de Dan Simmons (les psychopathes Henri Drax et Cornélius Hickey se ressemblent étrangement) et Le Revenant de Michael Punke dont il reprend une des scènes les plus emblématiques.
    De l'aventure, beaucoup, des fluides, énormément, mais trop peu d'émotion et de délicatesse à mon goût. Mais bon, c'est de ma faute, je n'aurais pas dû monter à bord d'un baleinier !

    23/05/2020 à 18:45 10

  • En panne sèche

    Andreas Eschbach

    8/10 Le pétrole, sa vie, son oeuvre.
    Après la lecture d'"En panne sèche", vous serez incollable sur l'or noir et vous pourrez épater vos amis quand vous aborderez le sujet tant le roman regorge d'anecdotes passionnantes et étonnantes.
    Dans cette bible pétrolière (750 pages) qui, comme les moteurs diesel, met un peu de temps à démarrer, on suit une poignée de personnages dont la vie va basculer peu à peu suite à la pénurie de pétrole. L'aspect documentaire est parfaitement mélangé à la fiction et cette originale lecture vaut autant pour ce que qu'elle nous apprend que pour son côté distrayant.
    Une oeuvre qui flirte en douceur avec une apocalypse. Pas la fin de l'humanité, non, mais la fin d'un monde que nous avons connu, celui du pétrole à gogo.
    Andreas Eschbach, sans violence et avec nuance nous expose toutes les facettes et les enjeux de ce nouveau monde sans or noir, celui que connaîtront probablement nos arrières petits enfants (et ce n'est pas folichon !).

    01/05/2020 à 09:43 6

  • Enfant 44

    Tom Rob Smith

    9/10 Un thriller absolument parfait et complet qui lie habilement action, frissons, romance et histoire. La plongée dans cette URSS stalinienne est stupéfiante et si on savait que l'ambiance n'était pas à la fête à cette époque, on était loin d'imaginer que cela atteignait de tels sommets de répression et de terreur.
    J'avoue que je ne pensais pas me régaler autant avec ce roman dont le synopsis ne m'attirait pas plus que ça. Au final, j'ai englouti cette lecture, appréciant chaque page, étonnée, touchée, glacée, horrifiée selon les passages.
    Le couple principal est très charismatique et en tant que femme, je n'ai pu que craquer pour Leo. Quant à Raïssa, elle est courageuse, humaine et indomptable. Une vraie belle héroïne comme on aimerait en voir plus souvent.
    Totalement conquise par cette histoire, son contexte et l'écriture de Tom Rob Smith, je suis prête pour la suite !

    01/05/2020 à 09:21 12

  • L'Echiquier du Mal

    Dan Simmons

    7/10 Un roman monstrueux de par sa taille et le travail que son écriture a dû demander. Il est presque impossible à noter car compte tenu de sa longueur, il y a forcément du bon et du moins bon.
    Certains passages sont extraordinaires (les parties d'échec avec des pions humains par exemple) et d'autres interminables et ennuyeux.
    Dan Simmons a, une fois de plus, fait un boulot fabuleux. Mais si la lecture n'offre pas la même complexité que celle de Terreur du même auteur, elle est néanmoins exigeante et demande constance et concentration pour ne pas se perdre au milieu de tous les personnages qu'il a mis en scène.
    Saul et Nathalie sont attachants et les autres, les vampires psychiques, de vraies pourritures.
    Cette partie d'échecs géante entre les forces du bien et du mal est dantesque mais très inégale et je n'ai pas ressenti beaucoup d'émotion lors de ma lecture hormis durant les passages consacrés à la seconde guerre mondiale.
    Un roman qu'on est heureux de commencer, heureux de lire et heureux de terminer !

    30/04/2020 à 22:45 3

  • Zoo

    Michael Ledwidge, James Patterson

    7/10 Les animaux du monde entier ont pété les plombs et se mettent à attaquer les hommes sans raison. Voilà un thème de départ qui fait saliver et le duo d'auteurs s'en est bien sorti en nous proposant un roman "catastrophe" hyper divertissant, cinématographique et sans le moindre temps mort. Le héros est plein d'humour et d'auto-dérision et ses réflexions amènent un peu de fraîcheur à ce récit apocalyptique dont il me tarde de connaître la suite.

    30/04/2020 à 22:31 3

  • L'Outsider

    Stephen King

    7/10 Une fois de plus, j'ai bu les mots du King comme on boit du petit lait.
    J'ai trouvé la première partie du roman absolument délectable : cette histoire de professeur "coupable" à 2000 % d'un meurtre sordide et "innocent" à 2000 % du même meurtre est juste diabolique.
    Les relations entre les personnages, leurs états d'âme sont extrêmement bien décrits et c'est là que le King est le plus fort, quand ils nous parle de nous, de nos ressentis, de nos peurs et de nos faiblesses.
    J'ai beaucoup aimé les personnages, si touchants et humains, une fois de plus.
    Mais j'ai un peu décroché à la partie fantastique. Moi qui adore le surnaturel, j'ai trouvé que le roi s'était loupé sur ce coup là, un comble pour le maître en la matière !
    La traque finale m'a un peu ennuyée et me laisse sur une impression mitigée d'où ma note.

    30/04/2020 à 22:21 7

  • La Messe des morts

    Jacques Vandroux

    7/10 Un bon gros pavé patchwork qui mélange allègrement archéologie, légendes bretonnes, surnaturel, meurtres rituels, saga familiale et j'en passe. C'est riche, varié, formaté pour plaire et il me paraît impossible de s'ennuyer devant la pléthore de thèmes abordés par l'auteur. Un roman facile à lire mais qui ne brille pas par la finesse de ses personnages (les femmes en particulier sont de vraies caricatures de fantasmes masculins) ni par celle de ses dialogues.
    Cependant l'aspect divertissant est indéniable et on passe un bon moment devant ce conte hybride qui semble appeler une suite.

    30/04/2020 à 22:07 1

  • Au soleil redouté

    Michel Bussi

    7/10 Une fois de plus, le tour de passe passe narratif de Michel Bussi est révolutionnaire et surtout indétectable, même de la part du plus aguerri des lecteurs. Michel est absolument bluffant dans ce domaine : mais comment fait-il pour innover à chaque fois et trouver des rebondissements novateurs à chaque ouvrage ou presque ?
    C'est un mystère mais bravo à lui pour ce talent exceptionnel.
    En ce qui concerne le reste du roman, si j'ai été séduite par le cadre exotique des Îles marquises, j'ai moins accroché sur l'intrigue, la thématique et les personnages (sauf concernant l'éditrice dont la verve est un pur régal). C'est un ressenti purement subjectif et je comprends tout à fait que d'autres les aient grandement appréciés.
    Et de toute façon, tous les romans de Michel Bussi sont incontournables !

    30/04/2020 à 21:51 2

  • Le Pacte interdit

    Henri Bellotto

    8/10 Je fais connaissance avec Henri Bellotto, qui n'avait jusqu'à ce jour, aucune note sur Polars pourpres.
    Son pacte interdit est plutôt réussi et très agréable à lire. Personnages, scénario, émotion, tout y est.
    Les oeuvres traitant de clonage humain sont souvent poignantes et à l'instar du roman "Auprès de moi toujours" de Kazuo Ishiguro auquel il fait un peu penser, il serre le coeur.
    Si l'histoire semble un peu cousue de fil blanc, j'ai apprécié son déroulé fluide et le travail sur les personnages. La merveilleuse relation entre Laura et Héléna et l'éveil de cette enfant à la vie, décrite avec minutie et sensibilité sont les gros points forts de ce livre.
    Un auteur à découvrir !

    30/04/2020 à 21:41 2

  • MotherCloud

    Rob Hart

    7/10 L'effondrement a eu lieu : réchauffement climatique, chômage dramatique, violentes tensions sociales...
    Heureusement, le génial Gibson Wells a crée les structures Mothercloud, reines du commerce en ligne, qui accueillent leurs salariés dans des conditions idéales...ou pas.
    Des cars remplis de gens désespérés se déversent régulièrement dans les centres de recrutement Mothercloud pour tenter de décrocher un job dans ces mini-villes protégées et climatisées où vous mangez "Mothercloud", dormez "Mothercloud" et surtout travaillez "Mothercloud".
    Zinnia et Paxton ont la chance (ou pas) d'être embauchés dans un de ces "paradis terrestres" et on découvre aux travers de leurs yeux le mode de fonctionnement édifiant de ces super complexes autonomes, temples de la société de consommation. Le récit est ponctué par les mémoires de Gibson Wells, le fondateur de l'entreprise. S'éteignant petit à petit d'un cancer, il nous explique la genèse de ses Mothercloud, vante leurs mérites et justifie ses méthodes de management.
    La narration est froide, clinique et répétitive comme pour faire écho à ce que vivent les personnages au quotidien. Elle est peu génératrice d'émotion mais je crois que c'est un choix assumé de Rob Hart pour être en cohérence avec la déshumanisation de son propos. Cependant, c'est un aspect du roman qui m'a gênée.
    Dans cette oeuvre semi post-apocalyptique, pas de zombies, de virus ou de luttes acharnées pour la survie. Pour autant, le récit est glaçant car tellement plus réaliste et proche de ce que nous pourrions vivre...
    A noter les petits clins d'oeil sympathiques de l'auteur envers certains confrères ayant écrit des dystopies (Margaret Atwood, Ray Bradbury ou George Orwell).
    Au fait, toute ressemblance avec ce qui doit se passer chez Amazon ou Google n'est absolument pas fortuite...

    28/04/2020 à 14:48 9

  • Mon amie Adèle

    Sarah Pinborough

    8/10 Un énième "domestic thriller" avec un énième triangle amoureux me direz-vous ? Oui, c'est vrai tout au long du roman, qui est intrigant, certes (Adèle et son mari ont une relation étrange et complexe) mais quand même un peu plan-plan dans son déroulé. Pourtant, à la découverte du dernier chapitre, totalement bluffant, l'ensemble de la lecture et du ressenti qui va avec sont complètement chamboulés et on se dit que, finalement, l'intrigue et les personnages étaient sacrément bien troussés.
    Donc, non, pas un énième domestic thriller mais un roman bien plus sombre qu'il n'y parait de prime abord et plus original que la moyenne avec sa petite touche de surnaturel bien dosée.

    28/04/2020 à 14:23 4

  • La Nuit de l'ogre

    Patrick Bauwen

    8/10 La quintessence du thriller macabre, encore meilleur que le premier tome, Le jour du chien !
    Une nouvelle réussite de la part de Patrick Bauwen qui nous régale, une fois de plus, avec son médecin attachant, Chris Kovak, son sens du suspense et de l'humour et ses anecdotes médicales croustillantes ou terrifiantes.
    Cette enquête ayant pour fil conducteur les photos mortuaires est absolument passionnante et Patrick sait y faire pour créer des atmosphères poisseuses qui font froid dans le dos. Son talent de conteur est particulièrement mis en valeur dans cette histoire qui évoque, parfois, des époques au charme suranné et des images de notre inconscient collectif.
    Le meilleur tome de la trilogie Evangile.

    20/04/2020 à 20:52 9

  • Fidèle au poste

    Amélie Antoine

    9/10 Qu'avons-nous entre les mains ? Un roman fantastique ? Un "domestic thriller" ? Un drame sur fond de triangle amoureux ?
    En voilà une bonne question que le lecteur se pose presque tout au long de sa délicieuse lecture jusqu'à ce qu'un rebondissement violent (un gros claquage de beignet en fait) lui donne enfin la réponse tant attendue. Ah, le bougre, il sentait bien que l'auteure allait lui faire un sale coup et il l'attendait de pied ferme. Mais le problème, c'est qu'il ne s'attendait pas à ça et il s'est fait bananer en beauté, je crois qu'il faut le dire.
    Mais, avant son traumatisme, ledit lecteur aura eu le loisir de se délecter de l'humour de Chloé, du charme d'Emma et de tomber amoureux de Gabriel. Car les personnages sont irrésistibles et il est impossible de ne pas suivre leurs péripéties avec le sourire aux lèvres mais aussi un petit pincement au coeur. Ben voui, parce que cette histoire, ça parle aussi de deuil et forcément c'est triste.
    Question émotions, ce "Fidèle au poste" vous fera passer par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel et vous l'engloutirez comme un bonbon acidulé (avec un coeur qui pique). Son diabolique scénario est génial et j'y ai adhéré tel un trombone à un aimant. Allez, si je devais trouver un petit défaut à ce roman, je dirais que le rebondissement final (et oui, parce qu'il y a encore une couche secrète à l'intérieur du bonbon) est prévisible mais comme il est jouissif, on lui pardonne...
    Au fait, attention à celles et ceux qui remplissent les "mots-clefs" sur les fiches Polars Pourpres. Ne mettez pas ceux auxquels se réfère ce bouquin, ça gâcherait tout le plaisir de lecture. De même, il ne vaut mieux pas proposer de "polars proches". ;)

    20/04/2020 à 20:21 4

  • Les Cicatrices

    Claire Favan

    7/10 Claire Favan dans toute sa splendeur et...sa démesure !
    100% sadique, 100% sordide mais 100% addictif, comme d'habitude, hélas pour nous pauvres lecteurs voyeurs que nous sommes. Ferrés comme des gros poissons dès les premières lignes, on ne desserre les mâchoires qu'à la toute fin. Cette jeune femme est diabolique !
    Cette fois-ci, elle ne nous conte pas la genèse d'un seul tueur en série mais d'une sacrée tripotée, soyons fous ! Et là, c'est un peu dur à avaler, on frôle l'indigestion. Claire ne fait pas dans la dentelle, on le sait, on a l'habitude. Mais ici, c'est vraiment too much à outrance et parfois tout bonnement impensable. Ses personnages ne sont pas crédibles dans leur logique de fonctionnement et comme tout le scénario repose sur eux, l'ensemble est finalement un peu bancal.

    06/04/2020 à 14:40 4

  • Erectus

    Xavier Müller

    9/10 Tout comme Fredo, je me suis éclatée comme une folle en lisant cette histoire de virus singulier qui a pour très fâcheuse conséquence d'entraîner une régression préhistorique des êtres vivants. L'idée est absolument géniale et le développement choisi par l'auteur la sert à merveille. Bien sûr, en lisant ce roman, vous ferez forcément le parallèle avec notre triste actualité mais vous aurez également des réminiscences de La planète des singes ou de King Kong.
    Il est vrai qu'un tel sujet aurait peut-être mérité d'être plus étoffé mais personnellement, je n'ai pas eu besoin de plus, ma lecture fut une parenthèse hyper divertissante. Et puis, mention spéciale pour les dialogues des forums internet, tellement réalistes !
    Xavier Müller m'avait déjà enchantée avec son premier ouvrage "Dans la peau d'un autre" et là, il récidive, prouvant qu'il est un merveilleux conteur.
    Vite, vite, un troisième roman !

    06/04/2020 à 14:19 7

  • Les Suppliciées du Rhône

    Coline Gatel

    8/10 Quelle sacrée jolie découverte !
    Cette immersion dans le Lyon du XIXème siècle avec son trio de choc composé de deux jeunes médecins légistes atypiques et d'une intrépide journaliste est réjouissante de la première à la dernière ligne !
    Grâce à la délicate plume de Coline Gatel, fine et visuelle, vous plongerez dans les fumeries d'opium, vous naviguerez à bord du "bateau-morgue" et vous irez rendre visite aux "faiseuses d'anges" à la recherche d'un tueur en série qui pratique des avortements barbares.
    En plus de son intrigue soignée et de ses rebondissements multiples, "Les suppliciées du Rhône" nous conte les prémices de la médecine légale et plus généralement de la médecine scientifique et c'est juste passionnant.
    Une auteure à suivre donc !

    06/04/2020 à 14:07 4

  • Ce que tu as fait de moi

    Karine Giebel

    10/10 Et bien moi, j'ai été littéralement subjuguée par cette histoire d'amour hors-norme. Cette passion destructrice, obsessionnelle, amorale est tellement bien décrite, tellement bien contée qu'elle m'a rendue complètement dingue, à l'instar de ses deux "héros", pendant de longues heures.
    J'en suis sortie K.O, lessivée et pendant plusieurs jours, je n'avais plus envie de lire. "Ce que tu as fait de moi" m'a nourrie, a tellement occupé mes pensées et mes journées qu'à la fin, je me suis sentie triste et vide.
    Ce roman, c'est un tourbillon émotionnel, un amour atomique fait de coups bas, de vengeances, de retournements de situation incessants et de violence psychologique. Il y a peu d'action, tout est dans le ressenti et Karine fait preuve d'une finesse inégalée dans l'analyse des relations et des sentiments entre ses deux "amoureux". Une fois n'est pas coutume, elle fait également preuve de beaucoup de pudeur car certaines scènes, qui auraient pu être glauques, sont traitées avec retenue et délicatesse.
    J'ai adoré Laëticia et Richard, j'ai adoré leur en vouloir, les mépriser, les regarder se torturer à tour de rôle, suivre leur descente aux enfers et leur remontée vers le paradis et recommencer le cycle jusqu'au drame. Et j'ai eu tellement, tellement mal pour eux !
    Les personnages secondaires sont au top également et j'ai adoré partager tous ces instants de cette brigade de flics des stups.
    La passion selon Giebel : de la bombe ! Et la fin, waouh !
    Bref, j'ai adoré, adoré, adoré.
    Ca, je crois que vous l'aviez compris !

    15/03/2020 à 11:10 8

  • Heather Mallender a disparu

    Robert Goddard

    8/10 Robert Goddard délaisse le XIXème siècle et la noblesse britannique qu'il chérit tant pour une époque plus contemporaine : les années 70. Et adapte, par là même, son écriture : moins élégante, plus familière qu'à l'accoutumée, elle est plus conforme aux personnages qu'il met en scène dans ce roman.
    La première partie est poussive et un peu ennuyeuse. On y est habitué avec cet auteur. On sait qu'il aime tout poser, planifier, structurer avec moult détails avant de nous emporter dans une suite de mystères et dans un tourbillon de révélations qui ne s'arrêtent presque jamais. Les rebondissements chez Robert Goddard, c'est comme le Paic citron : "quand il n'y en a plus, y'en a encore". Méfiez-vous, jusqu'au bout, Robert manipule et même quand on croit que c'est la fin, il en rajoute une couche. Mais il le fait toujours avec délicatesse, sans ce côté 'too much" rencontré dans nombre de thrillers actuels.
    Dans "Heather Mallender a disparu", on retrouve les marqueurs caractéristiques de l'auteur : pas de policier ou d'enquêteur professionnel, peu de violence mais un mystère et un personnage, souvent un homme entre deux âges et un peu paumé, qui se retrouve à mener une investigation, à décortiquer le passé pour faire éclater ou plusieurs vérités dérangeantes. Ici, c'est Harry Barnett qui s'y colle. Son amie Heather a disparu brutalement, lors d'un séjour en Grèce. Meurtre, accident, disparition volontaire ? Il va tenter de remonter sa piste grâce aux dernières photos qu'elle a prises : 24 clichés qui vont le faire voyager de la Grèce au fin fond de l'Angleterre, en passant par l'incontournable collège d'Oxford. Et bien sûr, en démêlant le fil de son enquête sur une "simple" disparition, il va mettre à jour bien plus d'énigmes et de secrets qu'il ne l'imaginait au départ.
    Chez Robert Goddard, les personnages ne sont jamais ce qu'ils prétendent être. Il y a des femmes fatales et des ingénues, des politiciens véreux...ou pas, des maîtres chanteurs ou des vieilles dames au grand coeur, des golden boys méprisables et des ratés adorables. Et il fait aussi la part belle aux sentiments humains : amitiés solides, loyauté ou trahison, vengeances et jalousies et bien sûr, des histoires d'amours passionnelles...

    16/02/2020 à 14:36 4

  • L'Héritage Davenall

    Robert Goddard

    8/10 Fin XIXème siècle, à Londres.
    James, jeune et riche héritier de la noble famille Davenall, se suicide, par noyade, peu avant son mariage avec la belle Constance. Mais son corps ne sera jamais retrouvé...
    Onze ans après le drame, un inconnu du nom de James Norton, surgit de nulle part et prétend être James Davenall. Son "retour" va chambouler la vie du clan Davenall et de Constance, désormais mariée à William Trenchard. La bataille promet d'être rude entre ceux qui croient dur comme fer que James est un imposteur et ceux qui sont convaincus de son identité. Plusieurs personnages vont mener leur propre enquête pour tenter de connaître la vérité. Pas d'ordinateur, de médecine légale ou de test ADN à cette époque. Tout repose sur l'analyse du passé et le témoignage des protagonistes de cette histoire. Et c'est ainsi, à coup de procès, de trahisons, de mensonges et de révélations de secrets que le lecteur va changer plusieurs fois d'avis : "C'est sûr, cest lui"..."Ah, ben non, c'est pas lui". "Si, maintenant, pas de doute, c'est lui". Cet effet girouette va durer tout au long de ce roman passionnant mais dense et complexe.
    Car oui, un Robert Goddard, ça se mérite.
    Ses ouvrages débutent toujours par une mise en place laborieuse durant laquelle il détaille ses lieux, ses personnages et le contexte historique et social de son intrigue. Il faut s'accrocher, surtout ne pas abandonner ! C'est le prix à payer pour savourer ensuite une lecture addictive, à l'espace-temps totalement immersif, au scénario machiavélique et riche, aux rebondissements incessants. Et puis, bien sûr, il y a toujours chez Goddard cette plume élégante et cette finesse psychologique qui contribuent à faire de ses histoires de vraies réussites.

    16/02/2020 à 14:03 5

  • Ravage

    René Barjavel

    8/10 Au milieu du 20 ème siècle, les auteurs français de science-fiction étaient rarissimes et René Barjavel avec ses ouvrage d'anticipation faisait office d'ovni littéraire.
    Roman précurseur dans le domaine du post-apocalyptique, Ravage a plutôt très bien vieilli et les thèmes et interrogations qu'il aborde se retrouvent dans de nombreuses autres oeuvres plus récentes, preuve de la pertinence de Barjavel.
    Après avoir présenté ses deux personnages principaux, François, le jeune étudiant chimiste et son amie d'enfance, Blanche, la belle starlette à l'avenir tout tracé et planté le décor de son monde futuriste désormais pas si éloigné de nous (l'histoire se déroule en 2052), René fait basculer son récit dans le drame et l'angoisse. Paris est victime d'une panne d'électricité générale et comme tout dépend de cette sacro-sainte énergie, même l'agriculture et la fabrication d'ersatz de nourriture, c'est vite la panique. La société s'effondre et la survie s'organise...
    Roman futuriste mais aussi écologiste et philosophique, Ravage se lit avec un vif plaisir même si certains détails peuvent prêter à sourire, pour nous, lecteurs qui découvrons cette oeuvre 80 ans après sa sortie. J'ai trouvé la fin formidable !

    09/02/2020 à 19:05 3