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Celle qui n'était plus
Pierre Boileau, Thomas Narcejac
8/10 Ravinelle et Lucienne, amants, répètent une dernière fois le piège qu'ils vont tendre à Mireille, la jeune épouse : la droguer et la noyer dans la baignoire puis la transporter dans le lavoir de la propriété familiale pour maquiller le meurtre en suicide. À la clé, c’est l'assurance vie et une nouvelle vie à Antibes. Lucienne, en médecin expérimenté, prend les choses en main. Plus nerveux et sensible, Ravinelle l'assiste tant bien que mal. Une fois le corps déposé dans le lavoir, le mari va devoir découvrir le corps en compagnie d’un alibi. Le père Goutte, le menuisier, fera l'affaire. Prétextant des travaux sur un apprentis, Ravinelle l'invite à venir près du lavoir. Mais le corps de Mireille n'est plus là. Disparu. Mais où est le corps ? Est-ce l'œuvre d'un maître chanteur ? Impossible. Il doit retrouver coûte que coûte ce corps. Et la torture psychologique de Ravinelle débute, passant d'interrogations à des moments de purs remords.
Le duo Boileau-Narcejac nous propose de vivre la descente aux enfers de Ravinelle. Ce livre a merveilleusement été adapté par Clouzot dans Les Diaboliques. Mais l'histoire est sensiblement différente. On peut ainsi lire ce livre ET voir son adaptation cinématographique pour deux fois plus de plaisir.
07/04/2018 à 21:55 7
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Les Morsures de l'aube
6/10 Accompagné de son acolyte Bertrand, alias Mister Laurence, Antoine n'a qu'une préoccupation : s'incruster dans les soirées parisiennes. Plus qu'une préoccupation en fait, c'est une question de survie. Plus de travail pas de logement (pas besoin du coup, suffit de prendre un abonnement annuel à une salle de sport et dormir sur un banc, ça revient moins cher), bouffe gratos : un vrai parasite de la société. Mais des fois, pour Antoine et Mister Laurence, c'est un peu chaud pour rentrer. Les videurs veillent au grain. Et cette nuit là, prononcer le prénom de Jordan, une simple connaissance de quelques soirées, leur ouvre facilement les portes. Mais le patron les séquestre au sous-sol avec ce marché : il en garde un des deux pendant que l'autre lui ramène le mystérieux Jordan. Et dans les 48h. Après ils s'échangent les rôles. C'est le début d'un contre la montre dans les affres des nuits à Paris et sa jungle…
Tonino Benacquista nous promène de bars en bars, nous fait rencontrer des personnages les plus intrigants les uns des autres tout au long de son polar. Mais l'intrigue est un peu trop extravagante pour que j'adhère. Dommage. Je conseille de lire Trois carrés rouges sur fond noir,
Saga, Quelqu'un d'autre, ou cette belle nouvelle illustrée par Tardi, Le serrurier volant.
05/04/2018 à 20:12 6
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Butcher's Crossing
9/10 En 1865, après trois années d'études à Havard, Will Andrews part à Butcher's Crossing, petite bourgade du Kansas. Ayant quitté Boston et sa vie confortable, ce gamin et fils de pasteur souhaite y retrouver McDonald, une connaissance de son père, pour qu'il lui indique comment partir à la découverte des grands espaces. Il rencontre Miller, un chasseur de bisons. Ce dernier lui raconte ses exploits passés et les endroits propices aux rêves de Will, notamment cette passe dans les Rocheuses, au Colorado, où des milliers de bisons y passent l'hiver. Will voit une occasion en or de réaliser sa quête d'aventures. Il propose à Miller, moyennant plusieurs centaines de dollars, de constituer une équipée. Le chasseur, satisfait de pouvoir chasser, tuer et prendre les peaux de milliers de bisons voit les milliers de dollars qui seront dans sa poche avant l'hiver. Avec Charley Hoge, inséparable de son whisky et de sa bible, Fred Schneider, le meilleur dépeceur de bisons, ils partent tous accomplir chacun leur quête. Leur parcours sera semé d'embûches avant d'arriver dans cette montagne où effectivement ces milliers de bisons paissent paisiblement. Et le carnage commence et dure plusieurs jours. Et puis un flocon, deux flocons…. tombent et ce qui devait être un rêve devient un cauchemar. Butcher's Crossing s'éloigne et ne sera plus jamais pareil.
Écrit en 1960, Butcher's Crossing est un livre attachant et bouleversant. John Williams est plus qu'un écrivain : c’est un écrivain-peintre-poète. Il nous offre une ode à l'aventure et nous décrit son Amour de la Nature avec une majuscule, avec tout ce qu'elle offre de merveilleux de beauté d'émerveillement et de sublime comme de cruauté. La Nature sait être belle comme elle peut être cruelle. Elle sait mettre l'Homme à sa place, Lui qui se veut être puissant et maître absolu sur Terre. On ne peut s'empêcher de penser à l'œuvre de Jim Harrison.
Encensé par Télérama comme « un secret les mieux gardés de la littérature américaine » et reconnu par Bret Easton Ellis (Glamorama, American Psycho,…) par « sa prose simple et élégante », John Williams est un de ses auteurs qui envoûtent le lecteur avec son écriture à la fois puissante, sensible et sensitive : on sent, on voit, on arrive à toucher les mots et les paysages comme les sentiments des personnages. Bref, on vit Butcher's Crossing.31/03/2018 à 19:56 6
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Faubourg
7/10 René Chevalier, qui se fait appeler De Ritter, revient dans sa ville natale après avoir bourlingué pendant 24 ans à travers le monde. Il arrive par le train avec Léa, une compagne d'infortune rencontrée à Clermont-Ferrand. Parti à 18 ans, désormais plus personne ne le reconnaît. Ils souhaitent mettre quelques combines. Même si Léa l'avertit qu'il n'est qu'un amateur, c'est ce qu'il a toujours plus ou moins bien fait jusque là. Preuve en est qu'ils arrivent à faire chanter un hôtelier, un copain d'enfance de René, et à récolter dix mille francs.
Mais qu'est-ce qui motive De Ritter ? Jusqu'où peut il aller ? Est-ce une tête brûlée, un demi fou, un aventurier ? Lui qui ne peut être dans un milieu étriqué et qui se révolte contre les mesquineries qui l'entourent peut il vivre simplement, comme un bourgeois ?
Au fil des pages, Simenon nous distille les réponses jusqu'à la dernière ligne. Un bon roman psychologique sombre pour les amateurs du genre et de l'écrivain.
25/03/2018 à 17:00 5
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Le Blanc à lunettes
7/10 Lire ce livre de Simenon, c'est plonger au temps des colonies africaines dans les années 30-40. C'est découvrir ce qu'elles ont pu déchainer comme passion amoureuse, de romantisme et de folie au travers de deux drames aux conséquences opposées.
Le Blanc à lunettes, ou plus précisément « le blanc qui n'est homme qu'avec ses lunettes », pour le peuple congolais, c'est Ferdinand Graux. Bourbonnais d'origine, après quelques jours passés à Moulins auprès de sa fiancée, Emilienne, il rentre retrouver sa plantation de café qu'il exploite avec son ami d'enfance, Camille. Durant son voyage, il fait la rencontre d'un étrange couple franco-belge : Henriette Bodet, qui a la main mise sur son mari, nouvellement nommé à Nyangara en tant qu'adjoint à l'administrateur. Georges Bidet, à bout, exaspéré par les incantations « tu entends, Georges ? » de sa femme, commettra l'irréparable.
À son arrivée, Ferdinand rencontre Lady Makinson, cette mystérieuse et attirante anglaise, dont l'avion s'est échoué dans sa plantation. Et au fil des jours, il la séduira, et lui, par romantisme la suivra, alors que pour l'Anglaise , une simple aventure sans lendemain, sa vie confortable aux ambassades avec ses enfants doit se poursuivre.
Emilienne se fera cette réflexion, venue à l'exploitation essayer de sauver ce qui pouvait encore l'être : « N'est-ce pas étrange que des gens passent toute une vie sans frôler le drame ? » Simenon, à chacun de ses livres qualifiés de « romans durs », nous offre ces vies aux drames différents et finalement banales. Mais il nous les propose dans son style aussi bien puissant qu'attirant.
Le Blanc à lunettes aurait pu être deux ou trois fois plus long, tant les personnages auraient pu être plus développés et dépouillés. Mais au final, c'est un roman dur séduisant et dépaysant.24/03/2018 à 07:33 4
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Sur les hauteurs du mont Crève-Coeur
7/10 Que s'est-il donc passé cet après midi là sur le mont Crève-Cœur ? Qui a rencontré la belle et intelligente Kelli Troy ? Pourquoi un tel drame a eu lieu sur cette colline abrupte et chargée d'histoire où une stèle commémorative sera érigée en la mémoire de Kelli? Comment une telle tragédie a-t-elle eu lieu dans cette bourgade rurale, Choctaw, en Alabama en mai 1962 ?
La haine dira le procureur en agitant les sanglantes photographies devant les jurés. « Voilà ce qu'on lui a fait subir. Seule la haine peut pousser quelqu'un à commettre un tel acte ».
Même si Lyle Gates, la brute locale, fut condamné à plus de trente ans de prison, les cicatrices sont loin d'être refermées et les souvenirs douloureux reviennent implacablement. Lors de l'enterrement de la mère de Kelli Troy, Luke Duchamp demande à son ami d'enfance, Ben Wade, comment tout ça a pu avoir lieu. Ce dernier se remémore douloureusement l'amour inavoué pour cette fille qui a débarqué au lycée et avec qui il a partagé de beaux moments. Mais une si brillante fille comme Kelli, l'avertissait Luke, il faut se dépêcher de l'attraper pour faire sienne. Et Ben s'imagine sa vie avec Kelli, lui devenu docteur. Et Ben nous raconte le temps de 350 pages ce « récit le plus tragique qu'il m'ait été donné d'entendre. Toute ma vie, je me suis évertué à le garder pour moi ».
Et Thomas H. Cook nous capte, encore une fois et comme il sait si bien le faire, dans cette histoire où le passé vient hanter le présent et que seules les dernières lignes viendront délier et délivrer le lecteur.05/03/2018 à 20:42 5
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Les Enfants de l'eau noire
6/10 J'ai (malheureusement ?) découvert Joe R. Lansdale avec ce qui est pour moi son chef d'oeuvre Les Marécages. J'ai pu ainsi lire sa littérature au fur et à mesure de ses sorties. Ses histoires baignant dans les méandres du bayou avec ses personnages haut en couleurs furent toujours plus ou moins un régal.
Alors quand je lis la quatrième de couverture de ce bouquin je me dis que je vais pouvoir enfin découvrir Les marécages 2. Des enfants pêchent le corps de leur camarade morte lesté d'une machine à coudre. Pour honorer sa beauté et l'avenir qu'elle n'a pas eu, ils décident d'emmener ses cendres à Hollywood.
Leur périple va leur faire découvrir des personnages des plus étranges, horribles, traverser des contrées très dépaysantes...
Mais... mais voilà Joe R Lansdale a dû aussi vouloir écrire Les Marécages 2. Reprendre la même recette en changeant les ingrédients. Mais revoir le même tour de magie avec des chatons en lieu et place des lapins, on se laisse plus prendre. Le style d'écriture, l'atmosphère sauvent la lecture et nous évitent de sombrer dans les eaux noires de ce livre.02/03/2018 à 08:55 3
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Là où les lumières se perdent
8/10 Là où les lumières se perdent ? c'est dans les ténèbres, dans le noir profond, dans les âmes où l'amour n'a pas sa place. C'est aussi dans cette famille McNeely, dont le patriarche gère le commerce de la meth et arrose la police locale. Ce fils, Jacob, n'est pas fait pour cette vie pourrie par la terreur et la mort. Lui qui retrouve son amour d'enfance souhaite s'affranchir de cette vie.
David Joy nous plonge tout au long des quelques 300 pages dans un roman noir que l'on ne découvre que très (trop) rarement. Quelques lignes plus haut, chouchou nous présentait cet écrivain comme un auteur "vrai, entier, humain". Ce livre est à cette image: vrai, entier, humain et nous emmène découvrir cet endroit effrayant : là où les lumières se perdent.02/03/2018 à 08:52 9
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Détour
9/10 Si vous aimez les polars des années 30-40, les anti-héros, les situations cocasses, plongez-vous dans ce livre. Ce fut pour moi un vrai régal. Je ne vais pas vous faire le pitch du livre. Le style de Goldsmith est sans fioriture. Il va à l'essentiel. Pas besoin d'en faire des tonnes et des lourdeurs et des pages (comme ça peut l'être chez certains auteurs contemporains). L'usage de la première personne nous permet de nous placer à la place des deux principaux personnages. Beaucoup d'empathie, un scénario simple mais efficace.
28/02/2018 à 20:29 6
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Le Testament Donadieu
9/10 La famille Donadieu, riche famille de La Rochelle, prospère dans l'industrie de la pêche. Quand le patriarche décède, dans des conditions assez troubles, tout s'écroule dans cette famille bourgeoise. D'autant plus que le testament de l'aïeul n'arrange pas les affaires des membres de la famille. La mère n'a que l'usufruit des affaires et des biens, et tout reste aux enfants, fille et garçons. Et ces derniers mènent des existences assez particulières. Et sans parler des secrets et des non-dits. Philippe, le gendre, qui a tout fait pour se marier avec la fille Donadieu et profiter de la richesse de la famille; Oscar, le plus jeune avec son mystérieux précepteur; Michel et son irrestible attrait pour la gente féminine.... On essaie bien de sauver les apparences, et l'argent y aide beaucoup. Mais...
Le Testament Donadieu fait partie des livres les plus longs et intenses de l'oeuvre de Simenon. Son aspect balzacien le consacre comme un livre unique de la bibliographie de cet auteur belge. Un vrai bonheur de lecture.28/02/2018 à 18:52 6
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L'Assassin
8/10 «-Vous êtes un jour en avance ! remarqua le steward.
- Je suis un an en retard ! »
Un an que Hans Kupérus, docteur dans une ville provinciale de Hollande, Sneek, a reçu cette lettre anonyme dénonçant l'adultère de sa femme avec M. de Schutter. A chacun de ses voyages hebdomadaires à Amsterdam. Alors Kupérus a décidé de mettre un terme à cette idylle, pistolet en poche. Ce mardi, il décide de rentrer au plus vite pour tuer les deux amants près du chalet estival de Schutter. Et puis faire comme si de rien n'était. Pas trop difficile dans cette bourgade où les habitudes et la routine ont force de loi.
À Sneek, on cause beaucoup. On le soupçonne. On parle de lui comme « l'assassin ». Ses amis, avocat juge, l'encouragent à partir : l’éloigner de la vie tranquille et honnête d'ici. D'autant que ce n'est pas un secret, Kupérus s'est épris de la bonne. Et il ne se cache pas.
Mais pourquoi a-t-il commis ces meurtres ? Pas par jalousie. Surtout pas. Non parce qu'il n'avait plus envie de suivre la même route toute tracée, par ennui, et parce qu'avec tous ces mensonges, ces non-dit on l'a trop humilié.
L'assassin est un magnifique livre qui découpe au scalpel l'âme d'un être désespéré par la banalité de sa vie.28/02/2018 à 18:50 5