JohnSteed

631 votes

  • Grand Maître

    Jim Harrison

    8/10 Grand Maître est le surnom du gourou de cette secte aux noms multiples, soupçonné de pédophilie. Pour lui, son sperme possède mille vertus qui ne doit être réservé qu’aux toutes jeunes filles des adeptes. Ces derniers devant lui verser plusieurs dizaines de milliers de dollars pour pouvoir accéder à un avenir radieux.
    Sunderson profite de ses premiers jours de retraite en tant qu’inspecteur de police du Michigan pour essayer de coincer ce criminel sexuel. Mais il n’existe aucune preuve contre ce Grand Maître.
    Sunderson sollicite l’aide de sa très jeune voisine, Mona, 16 ans, une hackeuse et gothique qui aime se mettre toute nue, à sa fenêtre, les matins pour aguicher ce vieux Sunderson. Divorcé depuis quelques années, il n’est pas insensible à cette sollicitation tout en se refusant d’aller plus loin qu’à ce simple voyeurisme. Sa quête plus qu’enquête va l’emmener à traverser des territoires ravagés par la folie humaine et rencontrer des personnages les plus excentriques que les autres.

    Grand Maître, comme l’explique bien le sous-titre du livre est un « faux roman policier ». Il ne possède aucune intrigue, n’offre aucun suspens à vous réveiller la nuit. Jim Harrison prend ce prétexte pour donner une vision profonde et bouleversante de l’existence humaine : les ravages de la vieillesse, la plongée dans l’alcoolisme de ce passionné d’histoire et de pêche à la truite qu’est Sunderson. Le rapprochement de ce vieil homme lubrique, alcoolique, désabusé des hommes mais amoureux de la nature et des fesses des femmes avec le Grand Jim lui-même est assez facile. Jim Harrison met encore une fois (une des dernières fois de sa vie, il s’agit là de son avant dernier roman) son talent à l’épreuve et offre une lecture attachante et bouleversante aux amateurs du Maître. Le Grand Maître Jim.

    19/12/2018 à 16:35 3

  • Les Nocturnes

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    6/10 Dans sa chambre d’hôtel parisien, Lamireau observe via un trou percé dans un mur les occupants de la chambre voisine. Ces deux messieurs semblent le surveiller. Mais qui sont-ils ? Pour Lamireau, il ne peut pas s’agir de flics. Plutôt des agents russes venus pour le tuer. Aussi, souhaite-t-il coucher dans un cahier ce qui s’est réellement passé.
    Tout a commencé avec la rencontre de la belle et troublante Tamara sur une barricade dressée près de la Sorbonne pendant Mai 68. Par amour plus que par conviction politique, il quitte ses études de médecine et devient un agent de la cause communiste. Il doit changer de nom et devient le docteur Molyneux. Il gère une clinique à Vichy où viendront se reposer les personnes qui lui seront envoyés par le Parti. Il lui sera demandé de tuer Soukoutine, ce professeur qui, à la suite de la Chute du mur de Berlin, vante une nouvelle économie. La cause communiste doit en passer par là.
    Lamireau entre ainsi dans un monde de faux-semblants, de silhouettes et de trompe-l’œil, ces "nocturnes" qui habiteront ses nuits.

    Malgré quelques longueurs, ce court livre est assez intéressant pour le dénouement inattendu, la touche des maîtres du suspense par qui l’on doit le chef d’œuvre Celle qui n’était plus (Les Diaboliques en version cinéma).

    15/12/2018 à 13:20 4

  • Gueule de bois

    John Williams

    7/10 Quand Jeff apprend que son collègue, Neville, s’est fait tabasser à mort par deux balourds dans le magasin de disques dont il est le gérant, il se doute que les agresseurs se sont trompés de cible. Il pense que le chantage foiré qu’il a fait subir à Ross, le chanteur de leur ancien groupe, en est la cause.
    Jeff en fait part à ses amis avec qui il a manigancé cette extorsion : Mac, un homme de main, et Francesca alias Frank, une groupie du groupe devenue la petite amie de tout le monde.

    A Londres, début des 80’s, le punk a laissé la place au dub et au jazz fusion. C’est dans cette ambiance underground où l’alcool et la drogue ne sont jamais très loin que John L. Williams propose une lecture plaisante pour qui aime musique du Londres des années 80. Gueule de bois est un mélange entre les incontournables High Fidelity de Nick Hornby (pour le côté « passionnés de musique ») et La Meute de John King (pour le côté « bande d’Anglais où la violence est un passe-temps vital »). Je conseille vivement ce livre aux amateurs du genre. Les autres risquent de s’ennuyer.

    12/12/2018 à 12:52 3

  • Fatherland

    Robert Harris

    8/10 Et si l’Allemagne nazie avait gagné la 2nde Guerre mondiale, quelle société aurait émergé ? Robert Harris propose sa version le temps de ce polar uchronique. L’opération Barbarossa, visant à conquérir la Russie est une totale réussite. L’Europe est devenue Communauté européenne, et l’Allemagne nazie y est toute puissance. Tous les Etats européens sont à la solde d’Hitler, à l’exception de la Suisse qui a su préserver sa neutralité. Tous les Etats, y compris le Royaume Uni dont le Roi est en exil au Canada. Les Etats-Unis sont enclin à briser la tension qui oppose les deux Pays : Joseph Kennedy, ancien ambassadeur américain dans les années 40, devenu Président, s’apprête à venir rendre visite à Hitler, en ce 20 avril 1964, jour d’anniversaire d’Hitler, le Führertag.
    C’est dans ce contexte politique que Robert Harris développe son intrigue policière rempli de faits historiques et de détails politiques, rendant ainsi ce polar effrayant.

    Xavier March est Sturmbannführer au sein de la police criminelle. Ne faisant preuve d’aucun prosélytisme en faveur du régime nazi, il est un élément néfaste de la Kripo. Il est amené à enquêter sur le double meurtre de hauts dignitaires allemands. La SS s’empare de ces affaires. Malgré tout, March s’entête, lui qui n’a plus rien à perdre : divorcé, père d’un enfant endoctriné par le régime. Il rencontrera dans son enquête les personnages les plus importants du gouvernement allemand, la séduisante journaliste américaine Charlie Maguire. Je ne peux pas m’empêcher, à la fin de la lecture de roman haletant, prenant et édifiant, de me demander si nous n’avons pas réellement échapper à ça…

    09/12/2018 à 09:51 14

  • Opération Napoléon

    Arnaldur Indridason

    7/10 L’épave d’un avion allemand, écrasé en février 45 sur le glacier islandais, le Vatnajökull, qui faisait l’objet d’une étroite surveillance par les services secrets américains depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, refait surface. Le Ministère de la Défense américaine déploie, dans le plus grand secret, quelques troupes de l’armée prétextant aux autorités islandaises un exercice de simulation impliquant des troupes de l’OTAN venues des Pays-Bas et de Belgique.
    Mais au même moment, un groupe de sauveteurs s’entraînent sur le Vatnajökull. Deux d’entre eux, Elias et son ami Johann, vont croiser la route des soldats américains. Ayant vu l’armée américaine déloger l’avion du glacier, Elias a juste le temps de faire part à sa sœur, Kristin, de ce qu’il a vu avant de se faire arrêter. Cette opération devant absolument garder son caractère secret, les services secrets américains décident d’exécuter les deux curieux Islandais mais aussi de chercher Kristin qui en sait trop.

    S’engage alors une course poursuite entre les agents secrets et Kristin, cette avocate du Ministère des Affaires étrangères.

    Dans ce polar mené tambour battant, Indridason nous fait lire à cent à l’heure cette Opération Napoléon dont l’objet ne se dévoile qu’en toute fin, grâce à l’acharnement et au courage de Kristin.

    C’est également l’occasion pour l’auteur de dénoncer la présence de l’armée américaine en Islande qui est un sujet ambiguë pour l’Ile : à la fois source de tension politique mais également manne financière pour l’Etat islandais.

    Si l’intrigue historique du roman est intéressante et capte le lecteur jusqu’à la fin, on peut malheureusement et facilement avoir régulièrement des petits sourires quant aux situations rocambolesques dont Kristin se sort un peu trop facilement et avec trop de chance à mon goût pour rendre ce livre plus puissant.

    01/12/2018 à 07:39 3

  • Cauchemar dans la rue

    Robin Cook (UK)

    7/10 Robin Cook, cet auteur anglais à qui l’on doit le chef d’œuvre J’étais Dora Suarez, nous offre encore une vision des abîmes de l’âme humaine confrontée à la tristesse et au désespoir.
    Moins puissant que le livre précité, Cauchemar dans la rue nous fait plonger dans les pensées obsessionnelles de Kléber qui par Amour va descendre dans les coulisses de l’enfer.

    A Paris, quartier Sébastopol, attaché au commissariat du n°50, Kléber est un flic en civil à la police judiciaire. Agé d’une quarantaine d’années, il est un flic qui connaît bien son métier. Mais son franc-parler, son mépris pour l’hypocrisie de la hiérarchie et le fait qu’il ne puisse accepter aucun compromis, vont le pousser à se battre avec un de ses collègues. Mis à pied, Kléber arpente les rues et les bars du quartier.
    Bien que flic, il n’en est pas moins ami avec un truand, Marc. C’est ce dernier qui lui a permis de rencontrer Elenya, sa femme, une ex-prostituée d’origine polonaise, avec qui il vit un amour fusionnel.
    Mais le dévouement pour son ami d’enfance et l’Amour qu’il voue à sa femme vont le faire franchir la frontière de la vie.

    24/11/2018 à 09:22 6

  • Les Orpailleurs

    Thierry Jonquet

    8/10 La découverte du corps sans vie d’une jeune fille au 3ème étage d’un immeuble vétuste du Xème arrondissement de Paris met en branle-bas de combat l’équipe de permanence de la Brigade criminelle de Paris.
    Ruisselant d’insectes depuis plusieurs jours, le corps amputé de la main droite est difficilement identifiable. L’équipe composée des inspecteurs Dimeglio, Rovère, du novice Choukroun, pilotée par la juge d’instruction Nadia Lintz, vont enquêter sur ce meurtre atroce. Un meurtre qui sera suivi par d’autres qui vont rendre encore plus opaque la vérité sur cette affaire.

    Thierry Jonquet, véritable maître du polar de l’hexagone, met en scène une intrigue des plus sombres. Dans un style maîtrisé, l’auteur écrit la vie ordinaire des protagonistes (on a même droit à 2 ou 3 chapitres sur le meurtrier) qui rend cette histoire si juste et profonde tout en égrainant les éléments qui permettront (Il faudra quand même attendre les dernières pages) de comprendre le mobile de cette ténébreuse et étouffante affaire criminelle.

    17/11/2018 à 11:28 9

  • Étoiles cannibales

    Claude Amoz

    8/10 Claude Amoz dans ce roman social noir nous dépeint la misère du centre des sans-abris de Viâtre, citée imaginaire près du Rhône. Ce Foyer rempli d’êtres blessés, aussi dangereux pour eux-mêmes que pour les autres, aussi acharnés à détruire qu’à se détruire. A l’image des trous noirs, ils sont des étoiles qui dévorent la matière : des étoiles cannibales.

    Jonas, un sans-abris, ne vit pas au Foyer. Il préfère coucher près du parapet, au bord du fleuve. C’est là que Gégène a été tué, brûlé. Assommé par la Baleine rose, un sirop calmant parfumé à la framboise mélangé dans une bouteille de vin blanc – abrutissement garanti, Jonas n’a rien vu, rien entendu. Un matin, Jonas se réveille, un chien à trois pattes attaché près de sa planque. Il découvre que sa propriétaire, qui a séjourné quelques temps au Foyer, est morte : suicide. Les bruits courent au Foyer : on s’en prend aux sans-abris, c’est sûr ! Et le Foyer semble être au centre de l’affaire, surtout que la fille qui s’est « suicidée », futée quand elle n’était pas défoncée, prétendait que les charités du Foyer cachaient des trafics louches.
    Qui pourraient en vouloir à ces âmes blessées ? Le directeur, les éducateurs, des bénévoles… ? Aidé par Habiba, la maternelle cuisinière du Foyer, Odile, l’amoureuse malheureuse vétérinaire de Viâtre, Jonas va essayer, comme il le peut avec ce qui lui reste de cerveau non rongé par l’alcool, de démêler les fils de ce mystère.

    Evitant de tomber facilement dans le pathos, l’auteure française plonge le lecteur dans un roman rempli d’humanisme, de sensibilité et d’une vibrante réalité de cette frontière entre riches et pauvres. « Il n’y a pas forcément besoin de faire des milliers de kilomètres pour la découvrir. Ceux qui ont de quoi vivre, ceux qui n’ont rien. Et la différence ne tient pas à l’argent. Il s’agit d’amour, d’abord et avant tout. Ceux qui ont été aimés comme un enfant doit l’être, ceux qui ne l’ont pas été. » Et ce livre est rempli d’amour.

    14/11/2018 à 19:37 5

  • Debout les Morts

    Fred Vargas

    8/10 La belle et séduisante cantatrice Sophia Siméonidis constate un matin qu’un arbre a été planté dans son jardin pendant la nuit. Elle demande à un homme qui vient chercher un nouveau logement, Marc, quel est ce type d’arbre. Marc, historien spécialiste du Moyen-Age, lui indique qu’il s’agit d’un hêtre. Sophia demande à Marc de vérifier que rien d’illégal ou de compromettant ne se trouve caché sous l’arbre. Aidé par ses colocataires, d’autres potes qui se trouvent également dans la merde, Lucien, historien de la Première Guerre mondiale, Mathias, spécialiste de la Préhistoire et Vandoosler, un ancien flic pourri, Marc creuse et ne découvre rien.
    Le temps passe, permettant aux nouveaux voisins de se connaître et de s’apprécier le temps de soirées en compagnie de Juliette, la patronne du bar restaurant Le Tonneau. Un jour, Sophia disparaît. Son mari, indiffèrent aux événements, ne s’inquiète pas. Sophia a reçu une carte postale d’un ancien amant et fan qu’il est parti rejoindre à Lyon. Mais Alexandra, la nièce de la cantatrice, vient chez sa tante, comme cela avait été convenu depuis plusieurs mois, suite à la séparation d’avec son mari. La disparition de sa tante l’inquiète. Elle ne l’aurait pas laissé à la porte sans la prévenir.

    St Marc, St Luc et St Mathieu, comme aime à les appeler Vandossler, prennent à cœur cette disparition. Ils vont mener l’enquête à leur manière. C’est drôle, cocasse et prenant.
    Une des premières œuvres de la talentueuse Fred Vargas qui, on le sent, a pris autant de plaisir à écrire Debout les morts, que nous, à le lire.

    13/11/2018 à 14:00 7

  • Le Syndrome Copernic

    Henri Loevenbruck

    8/10 Le syndrome Copernic est un syndrome récurrent chez nombre de patients atteints de paranoïa ou de schizophrénie paranoïde : la certitude de posséder une vérité capitale, essentielle, qui les place au-dessus du commun des mortels, mais à laquelle le monde entier refuse de croire.
    Vigo Ravel, diagnostiqué comme atteint de schizophrénie, semble posséder ce syndrome : il est persuadé d’avoir la capacité d’entendre les pensées des autres. En plus, ce pouvoir lui a permis d’échapper à l’attentat perpétré contre la Tour de la Défense, où il se rendait ce 8 août, à 8 heures précises, en visite chez son psychiatre.
    Vigo Ravel souhaite rechercher s’il est vraiment schizophrène. D’autant que tous les éléments semblent lui montrer qu’il n’est pas malade ou alors, au contraire, véritablement paranoïaque : le cabinet Mater et le Dr Guillaume au dernier étage de la Défense n’existent pas. Ses parents sont injoignables et semblent ne pas se dénommer Ravel. Leur appartement a été dévalisé. Vigo pense être poursuivis et traqués par des inconnus.
    Ravel doit alors savoir et connaître qui il est réellement et s’il est véritablement schizophrène à tendance paranoïaque.

    Tous les ingrédients d’un thriller captivant sont réunis : la compassion pour un anti-héro attachant, la belle princesse /amoureuse inaccessible, une intrigue originale, un suspens et un rythme puissant, le complot de l’Etat, …
    Mais Le Syndrome de Copernic aurait pu n’être qu’un simple page turner que l’on dévore pendant un bronzage sur les plages abandonnées.
    Ce qui fait pour moi que le Syndrome Copernic est un livre original et dépasse ceux des auteurs aux millions de ventes, c’est qu’il va au-delà de la recherche de la vérité, qu’il propose plus qu’une quête aux réponses sur la vie de Vigo Ravel.

    A l’instar de son « parrain littéraire » Bernard Weber, Henri Loevenbruck propose avec le Syndrome Copernic une réflexion sur le devenir de l’individu et sur la capacité de l’homo sapiens à s’auto- détruire ou bien à changer pour assurer son existence.

    12/11/2018 à 10:06 3

  • On achève bien les chevaux

    Horace McCoy

    10/10 Le juge vient de demander à Robert Syberten de se lever pour que lui soit prononcé le verdict pour le meurtre de Gloria Bettie. Pendant que le juge lui rappelle les chefs d’inculpation et lui signifie la sentence, Robert se remémore sa rencontre avec Gloria. En revenant des studios Paramount, cet apprenti réalisateur prend en stop cette jeune figurante. Tous les deux, dans l’attente qu’Hollywood leur sourit enfin, se portent candidats pour se lancer dans le marathon de danse afin de remporter le concours doté d’une coquette somme de 1 000 $. Même s’ils ne le gagnent pas, au moins seront-ils à l’abri et nourris. De plus, ils y voient un moyen de se faire repérer par un tas de producteurs et de metteurs en scène qui fréquentent ces marathons.

    Mais le marathon apparaît vite comme un spectacle business s’étirant sur plusieurs semaines au rythme d’éliminations des candidats. Tout est organisé comme une mise en scène pour divertir le public qui y assiste en masse. Il s’avère être une vraie épreuve âpre, dur et sans pitié pour les participants.
    Très vite, Gloria se sent épuisée et n’en peut plus de cette danse qui n’en finit plus. Elle révèle sa vraie personnalité, elle qui regrette « que les gens accordent tant d’attention à la vie et si peu à la mort. Voulez-vous me dire pourquoi tous ces savants à grosse tête n’arrêtent pas de se décarcasser pour essayer de prolonger la vie au lieu de chercher des moyens agréables pour la finir ? Il doit bien y avoir dans le monde une tripotée de gens comme moi, qui ont envie de mourir, mais qui n’en ont pas le courage. »

    N’étant absolument pas amateur de danse et exécrant au possible l’industrie du spectacle (et autres émissions télé-réalités actuelles), j’appréhendais la lecture de ce livre. Mais ces thèmes ne sont que secondaires. L’écriture fluide, composée principalement de dialogues et de réflexions du personnage principal, offre une lecture facile et critique de la société actuelle (n’oublions pas qu’il a été écrit en 1936) et du business spectacle en général. Un classique et chef d’œuvre du roman noir.

    03/11/2018 à 10:43 8

  • La différence

    Charles Willeford

    9/10 Johnny Shaw est en fuite. Il vient d’abattre Oxyd Reardon, un des fils du grand propriétaire du Texas. Il voulait la propriété que son père, un des ouvriers des Reardon, avait acheté en toute légalité. Mais même au far west, c’est pas la loi du plus fort qui fait foi. Alors Johnny Shaw a abattu Oxyd Reardon en toute légitime défense. Enfin, il lui a tiré une balle dans la nuque et puis une balle dans le ventre pour faire croire à la légitime défense. Mais bon, ça fait pas une grosse différence. Johnny Shaw est caché par une connaissance de son père : le maréchal ferrant de Twenty-Miles, Jake Dover. Ce dernier lui rappelle que la fuite n’est pas obligatoirement la meilleure des solutions et qu’il doit affronter l’adversité. Aussi, M. Dover qui s’avère être Blackie Clark le tueur à gage et hors-la-loi le plus recherché du Texas, lui apprend à se servir le plus efficacement d’un pistolet. Et Johnny Shaw va se servir de cet apprentissage pour venger impunément le vol de ses terres.

    Magnifique western à la sauce « willefordienne », La Différence nous fait passer un magnifique moment de lecture, tant pour la personnalité épique de Johnny Shaw que pour le magnifique style de l’auteur américain. Découvrez l’œuvre de Charles Willeford. A déguster sans modération.

    02/11/2018 à 11:42 5

  • Les Roubignoles du destin

    Jean-Bernard Pouy

    8/10 Le titre Les roubignoles du destin, nom de la première des douze nouvelles composant ce recueil, résume assez bien ces histoires : la vie peut être drôle, poétique, revancharde, cynique, romantique, belle, noire, mystique, vache, tragique, …

    Jean-Bernard Pouy possède une magnifique plume. Il écrit la vie dans son style inimitable : acéré, brute mais toujours bien maîtrisé et relevé. On aime ou pas ses livres mais on ne peut ignorer cet auteur unique dans l’univers du polar français.

    02/11/2018 à 11:39 8

  • La machine du pavillon 11

    Charles Willeford

    8/10 La machine du Pavillon 11 est un recueil de nouvelles du trop méconnu et talentueux auteur américain Charles Willeford. Dans ce livre, le Californien nous conte l’histoire de Jake C Blake que l’on découvrira morceaux par morceaux le temps des 3 premières des 6 nouvelles que comptent La machine du pavillon 11. Une belle entrée en matière dans l’univers noir et cynique de Charles Willeford pour ceux qui veulent le découvrir. Une confirmation du talent de l’Américain pour les autres.

    La machine du pavillon 11 : Jake C Blake, interné dans un hôpital psychiatrique de Los Angeles, raconte ses journées au sein de cet établissement. Il ne se rappelle pas les causes de son internement. D’ailleurs, il ne se rappelle pas de grand-chose. Jake nous raconte ses jours et ses nuits rythmés par ses réunions des groupes de thérapie du Pavillon 14, ses copains d’infortune, et notamment Ruben, le surveillant qui ne ferme pas la porte de sa cellule, Dave, un patient hanté par le Démon, ou Tommy atteint d’énurésie. Craignant que Jake simule son état, le Dr Fellerman va proposer une thérapie de choc : un passage au Pavillon 11 avec sa machine impitoyable.

    Incidents choisis : Informé de la tentative de suicide de Jake C Blake, un producteur de cinéma délaisse son autobiographie le temps de livrer à son homme de main comment il a rencontré ce réalisateur aussi talentueux qu’hors norme. Mais Hollywood n’aime pas

    Journal de Jake : A une période indéterminée, on découvre le début du journal intime de Jake lors de sa mutation au Tibet en tant que soldat dans les Marines. Est-ce vrai ou une invention de Jake dans sa cellule au sein de l’hôpital psychiatrique ?

    Les autres nouvelles sont aussi bien originales qu’empruntent d’humour noire.

    Lettre aux Alcooliques Anonymes : Georges écrit une lettre au Président des Alcooliques Anonymes dénonçant la situation où il est obligé de rester alcoolique. Dans cette période de prospérité économique, le fait de devenir sobre mettrait au chômage son assistante sociale.

    Exactement comme à la télé : Un suspect est interrogé par les services de police pour le meurtre d’une femme. Lui s’est formé un rôle d’indic exactement comme à la télé.

    L’électromancien : M. Waxmann découvre sur l’île de Bequia aux Antilles un art qui peut être soit drôle pour le commun des hommes soit terrifiant pour ceux qui seraient superstitieux : l’électromancie, soit l’art divinatoire par un coq. M. Waxmann va l’apprendre à ses dépends.

    01/11/2018 à 08:57 3

  • Profondeurs

    Henning Mankell

    8/10 Automne 1914, la Suède n’est pas entrée dans le conflit mondial. Mais sa neutralité ne fait pas d’elle un Etat qui néglige la guerre. La Marine suédoise souhaite renforcer ses côtes en actualisant toutes les mesures des routes maritimes.
    Le capitaine Lars Tobiasson-Svartman, hydrographe, se voit confier cette mission. Cet homme est reconnu comme un maître dans la mesure des profondeurs maritime. Il laisse sa femme à Stockholm, et part avec un équipage sonder les fonds des côtes suédoises pour voir si les nouveaux navires de guerre pourraient naviguer sur des nouvelles routes et ainsi déjouer les éventuelles attaques des Russes ou des Allemands. Lors d’une expédition, il découvre une petite île qu’il rejoint seul en petit bâteau. Il constate que vit ici, une femme, une jeune veuve dont il tombe amoureux. Pour la rejoindre après la fin de sa mission, l’hydrographe usera de mensonges auprès de sa femme et de l’Armée suédoise.

    Lars Tobiasson-Svartman adore sonder la mer et calculer la distance entre la surface et les fonds de la mer. Il voit dans sa mission un moyen de mesurer ce qui le sépare de l’existence à la déchéance, de la vie à la mort : un moyen de savoir et de connaître qui il est. Tellement habité par cette distance, Lars Tobiasson-Svartman creusera par ses secrets un abîme, un fossé entre ceux qu’il aime et lui. Se creusera une distance infranchissable. Des profondeurs dont personne ne reviendra indemne.

    Profondeurs est catalogué comme un roman « classique » de Henning Mankell, cet écrivain suédois, mondialement connu pour sa série de polars mettant en scène le capitaine Kurt Wallander. Pourtant Profondeurs doit être perçu comme un roman sombre, voire noir, à l’instar de ceux de Georges Simenon, que l’écrivain belge aurait pu facilement écrire. Ce roman, en racontant la déchéance de Lars Tobiasson-Svartman, est puissamment dérangeant et glaçant.

    20/10/2018 à 10:07 4

  • L'Homme qui regardait passer les trains

    Georges Simenon

    9/10 Kees Popinga marche dans les rues enneigées de Groningue pour vérifier que le ravitaillement de l’Océan III se déroule correctement. Or la citerne de mazout n’est pas venue et les autres provisions n’ont pas été davantage livrées. Aussi consciencieux en tant que fondé de pouvoir qu’il peut être un mari fidèle et un père aimant, Kees Popinga arpente les rues à la recherche de son patron, Julius de Coster en Zoon. Il le trouve au Petit-Saint-Georges, lieu de débauche où Kees Popinga, en bon Hollandais, s’interdit de mettre les pieds. Il rentre malgré tout dans ce débit d’alcool et son patron, ivre, lui avoue qu’il a organisé toute une escroquerie en vue d’entretenir sa maîtresse, Pamela, une danseuse d’Amsterdam. Une mauvaise spéculation sur les sucres l’a complétement ruiné. Aussi, il avoue à Kees qu’il va organiser sa disparition en simulant son suicide dans le canal et refaire sa vie ailleurs.
    Le lendemain matin, loin de ses habitudes de sa vie réglée comme un métronome, Kees Popinga reste alité, et repense aux propos de son patron. Lui qui ne se serait pas permis de penser qu’un endroit au monde pût être plus doux que son foyer, avec sa femme « Maman », et ses deux enfants, qui rougit de honte quand il entend passer un train, réfléchit et envisage d’aller rencontrer la maîtresse de Julius de Coster, cette Pamela, à Amsterdam, histoire de passer du bon temps, lui aussi.

    Simenon n’est jamais aussi talentueux que quand il raconte la descente aux enfers d’un homme normal qui, à la suite d’un événement particulier, découvre que la simplicité de sa vie n’était pas ce à quoi il aspirait. Mais ici Simenon va plus loin que dans les autres livres ayant le même thème : il prend le temps de développer son personnage et les situations qu’il vit. La lettre de Kees Popinga à la presse où il raconte sa vie et qui il est réellement est un passage éprouvant. On ressent un homme qui a besoin de montrer sa vérité, et ce qu’il devait être comme homme, comme mari, comme père. Une vie qu’il s’est inventée. L’homme qui regardait passer le train est pour moi un livre majeur dans l’oeuvre du Belge

    07/10/2018 à 13:46 2

  • Les Cow-Boys

    Marcus Malte

    7/10 Dans une bourgade du Mississippi, le shérif Dan et son adjoint Marty reçoivent des appels alertant d’un type qui se balade en ville avec un lézard de deux mètres de long. Dans cette bourgade qui est vouée à la tranquillité, le shérif va vérifier ce qu’il en est. Il rencontrera des personnages et des situations des plus loufoques (une aveugle qui apprend à tirer à la Winchester, un forniqueur de lamas, …) avant de (véritablement) tomber sur ce type qui se promène avec sa grosse bestiole.

    Le temps d’une nouvelle, Marcus Malte nous dépeint le Mississippi avec ses gens et ses mystères et où les états d’âme d’un cow-boy sensible côtoient les actions d’un autre cow-boy dur à cuire.

    03/10/2018 à 14:50 4

  • Le cri de la fiancée

    Anthony Pastor

    7/10 Julien Ravel, jeune diplômé en médecine, revient passer quelques jours au chalet familiale. Seul, il se remémore son enfance passée dans la montagne quand il entend un cri glacial. Ce dernier provient du chalet voisin, celui des Anthonioz. Après plusieurs appels sans réponse, Julien rentre dans la demeure. Prudemment, il avance dans cette demeure froide, mortellement silencieuse. Il y trouve Franchon, son ami d’enfance, assis au sol, une hâche à la main. Il lui avoue que les cris qui s’éloignent proviennent de sa fiancée.
    S’ensuit un face à face psychologique subliment croqué en noir et blanc par Pastor qui s’achèvera là où les traces de sang s’arrêteront.

    03/10/2018 à 14:48 1

  • Le Corbeau

    Romain Slocombe

    7/10 Pierre Besombes est thanatopracteur, il embaume tous les défunts. Tous sauf celui de sa femme qui s’est suicidée. Depuis sa mort, il prend la vie avec détachement. Il parle aux corps en langues étrangères ou mortes, elles aussi, glisse des objets insolites dans les cercueils à l’insu des familles. Mais toujours une bouteille de scotch à portée de verre. La vie est devenue pour lui une plaisanterie. Alors quand il reçoit une lettre anonyme lui proposant de jouer, il trouve cela amusant. Surtout si c’est au jeu de l’oie. Il a un vieux jeu chez lui. Les lettres suivantes lui annoncent les coups de dés : « qui ira au nombre 31, où il y a un puits, paiera le prix convenu jusqu’à ce qu’un autre, faisant le même point… » …
    Le jeu de l'oie ou la loi du jeu : qu’il soit convenu ou pas, il y a toujours un prix à payer ! Pierre Besombes va l’apprendre et d’autres après lui.

    A l'idée originale, Le Corbeau est une agréable nouvelle signée Romain Slocombe dans laquelle on découvre que le corbeau se transforme en oie et ça fait froid dans le dos.

    02/10/2018 à 18:11 4

  • La Mule du coach

    Dominique Sylvain

    6/10 Alexis est coach personnel : motivation de rugbymen, de jeunes en recherche d’emploi. Voie qu’il a choisi après avoir été radié par l’Ordre des médecins. Fini sa belle vie et le métier qu’il adorait. Et le jour où son ex frappe à la porte, à moitié morte, il reprend du service et lui ouvre le ventre pour en extraire les trente capsules de coke qui la tuaient. Héloïse, sauvée, indique à Alexis qu’elle s’est trouvée à faire la mule pour l’Organisation à Bogota. Imbriqué malgré lui dans cette affaire, Alexis doit connaître qui a pu trahir son ex afin de la blanchir et de la sortir de cette mafia colombienne.

    Dominique Sylvain nous plonge dans cette histoire d’embrouilles à la sauce narcotico-mafieuse. L’histoire aurait pu être intéressante si elle n’avait pas été gâchée par une fin aussi facile, absurde voire illogique.

    01/10/2018 à 11:22 3