QuoiLire

342 votes

  • Dans les brumes de Capelans

    Olivier Norek

    8/10 Après avoir obtenu la reconnaissance de ses paires avec ses deux premiers romans mettant en scène son héros Victor Coste, Olivier Norek s'est éloigné de son personnage favori pour des livres beaucoup plus engagés. Mais de nombreux lecteurs ont été légèrement déçus de ne pas retrouver la force de l'histoire, l'uppercut qu'il recevait à chaque fin de livre.

    Il semblerait que l'auteur ait entendu leur requête en leur offrant une nouvelle aventure du Capitaine Coste. Mais ne compter pas replonger dans la banlieue parisienne et découvrir de nouvelles magouilles, cette fois-ci vous irez de l'autre côté de l'Atlantique, au large du Canada, à Saint-Pierre-et-Miquelon où la météo est propice à créer une ambiance étouffante, cloisonnée, sorte de chambre close en plein air.

    Si la puissance du roman n'est pas au niveau des deux premiers , c'est un plaisir de retrouver le Capitaine Coste, de le voir fragiliser, douter, se chercher une nouvelle raison d'endosser l'habit de flic.

    Et puis le final est tout simplement génial, ..... mais malheureusement impossible d’en dire plus sans vous divulgâcher.

    16/06/2022 à 21:03 7

  • De bonnes raisons de mourir

    Morgan Audic

    8/10 Avec un titre comme De bonnes raisons de mourir, nous sommes pour le moins aguichés, attirés par ce roman dans lequel nous mettons beaucoup d’espoirs.

    On se dit que l'on va avoir une intrigue policière assez classique, mais l'originalité provient du lieu dans lequel se trouve le corps : le village roche de la centrale nucléaire de Tchernobyl et fermé au public. Ce n'est pas ce faux-semblant de huis-clos qui va propulser l'enquête dans une autre dimension, mais bien l'ennemi invisible des lieux : la radiation. Car contrairement à un meurtre commis dans un univers "sain", on ne fait pas ce que l'on dans cette zone avec ce qui s'y trouve. IL faut déjà trouver des enquêteurs qui acceptent (ou sont contraints) de s'y rendre, pouvoir extraire des indices de la zone et les exploiter suivant certains protocoles. Ainsi on ne peut pas autopsier un corps irradié comme un autre.

    On l'aura compris sous couvert d'une enquête policière Morgan Audic, un peu comme Olivier Norek dans Surface, souhaite nous faire découvrir un pays, ses coutumes, ses pratiques. Dans De bonnes raisons de mourir c'est avant tout de dénoncer la gestion de cet accident nucléaire qui a impacté la région et ses habitants, mais le monde dans son ensemble; tant sur le moment mais aussi et surtout de nos jours. Il est incroyable de voir le laxisme des autorités corrompues ou focalisées sur leur désir de pouvoir.

    Ce roman donne plus d'informations géo-politiques sur la Russie et l'Ukraine que la plupart des journaux et magasines d'informations de la presse écrite ou télévisuelle.

    S'il y avait un défaut dans ce roman serait la symétrie des deux équipes enquêtant sur ces morts, au risque parfois de troubler le lecteur et de le tromper dans l'identification de l'équipe. Mais cela ne devrait arriver que si vous lisez ce livre par petits bouts, avec de fréquents arrêts. Autant dire que cela ne devrait que très rarement se produire une fois que vous serez pris par l'histoire et l'ambiance du livre.

    04/09/2019 à 20:38 8

  • De la bouche des morts

    Jean-Jacques Pelletier

    8/10 Je dois avoir de la chance dans mes lectures dernièrement : après Le jour du chien de Patrick Bauwen, je suis tombé sur ce livre. Après un aussi bon livre, nous trouvons généralement le suivant un peu fade, décevant. Ici,c’est tout le contraire, Bauwen fut un échauffement et avec Pelletier on passe à la course de fond.

    L’auteur a une très bonne connaissance des organisations des services de sécurité de l »état, des guerres intestines, des fonctionnaires opportunistes plus concernés par la publicité de leur participation à une opération assurant leur promotion que la vie des civils en jeu.

    Vous comprendrez qu’il y a de l’action dans ce livre, mais pas seulement. Des personnages, certes un peu clichés mais bien charpentés, desservent une excellente intrigue d’actualité mettant en lumière d’inédites relations entre terrorisme et grand banditisme, trafic d’organes et fabrication à grande échelle de fausses momies.

    Ne vous fiez pas à la relative faible épaisseur du livre (du moins pour notre blog), les pages sont denses et l’histoire suffisamment longue pour que l’auteur puisse développer la psychologie des personnages, les rebondissements, pour un bon moment de lecture.

    10/11/2017 à 21:01 2

  • Des clous dans le coeur

    Danielle Thiéry

    8/10 Une petite découverte d'une auteure que je connaissais que de nom et accessoirement rencontré à l'Iris Noir, qui m'a fait l'honneur de me dédicacer ce livre, son œuvre qu'elle me conseilla pour la découvrir.

    Car avant d'être romancière, Danielle Thiéry fût commissaire de police, aussi est-on en droit d'attendre de sa part de ne pas sombrer dans les sempiternels clichés du roman policier et d'apporter une dose de vérité dans les procédures et le mode de fonctionnement des policiers.

    On lui excusera donc un héros fatigué et usé par des années d'enquête, passionné par son métier et la quête de vérité, sans doute pour prendre revanche sur le sort de la vie qui l'a vu priver de sa femme du jour au lendemain. Excuse d'autant facile à donner que l'histoire est très bien construite, très addictive et difficile à lâcher, avec de nombreux personnages.



    Les personnages sont d'ailleurs la force de ce roman, et aussi bien évidemment la solution. Non seulement il y a l'équipe gravitant autour de son commandant, mais une myriade de personnages secondaires viennent étoffer l'histoire; comme dans la vie. Cela  donne plus de crédibilité à l'histoire, mais permet aussi au lecteur de s'attacher à eux.

    L'écriture est parfaite, très fluide, très agréable à lire, bien rythmée.

    Bref un joli livre et une belle découverte d'auteure.

    11/04/2023 à 20:52 5

  • Duplicata

    Franco Mannara

    8/10 J'avoue que depuis le début de l'année, je n'avais pas encore rencontré un roman qui me mette une petite claque, qui m'ait captivé dans une histoire lancée sur les chapeaux de roue de la première à la dernière page. C'est chose faite avec Duplicata de Franco Mannara un thriller politico-technologico-futuriste.

    Autant vous avertir, si vous avez l'audace d'ouvrir ce livre, vous serez comme moi certainement happé par l'histoire au point de dévorer ce pavè de presque 500 pages en moins de 48 heures. Véritable roman sous amphétamine, le héro nous fait penser à un Jason Bourne, personnage pris dans l'engrenage d'un complot dont il est le principal pion. S'en suit une fuite face aux forces de l'ordre et une course à la quête de la vérité afin de le disculper des charges dont on l'accuse.

    Le contexte actuel du coronavirus qui donne certainement au Paris pestiféré une dimension particulière ou bien fait réfléchir sur sa possible origine (sans pour autant sombrer dans des théories conspirationniste).

    Autre bon point pour l'auteur est de faire intervenir des technologies nouvelles ou futuristes sans sombrer dans des détails techniques afin d'apporter véracité ou pour ancrer son roman dans la réalité. Bien au contraire, quelques mots sont lâchés (hacker, darknet, théorie des ondes) sans plus d'explication, le lecteur en comprendra la teneur pour comprendre l'orientation de l'histoire et ne sera pas freiné dans sa lecture.

    Vous l'aurez compris, l'écriture est parfaitement maîtrisée pour ce genre de page-turn. C'est fluide, prenant, sans aucune relâche avec l'alternance entre les victimes, les bandits, les politiques, ...  qui relance en permanence l'histoire avec un nouvel élément.

    Un très grand roman et un auteur à suivre.

    15/04/2020 à 20:18 4

  • En lettres de feu

    Marcus Sakey

    8/10 Nous avions laissé Nick Cooper le héros de la série des Brillants tout juste revenu des morts tel un Phénix. On serait tenté de penser que Markus Sakey va être plus tendre avec son personnage principal et le cantonner dans des tâches beaucoup plus politiques. Que nenni, parce que cela ne colle pas avec le caractère du personnage ni à celle de l'auteur qui veut un grand final pour sa série. Le lecteur est donc rapidement replongé dans l'histoire et embarqué dans une nouvelle aventure qui va filer à 100 à l'heure une fois de plus. Quand bien même la fluidité de l'écriture n'est pas totalement présente, la narration trouve rapidement son rythme qui ne baissera pas avant la 4ème de couverture.

    Si le tome 2 annonçait les prémices d'une guerre civile, le tome 3 sombre pleinement dedans

    Mais l'action et la science-fiction ne sont pas les uniques composantes de cet excellent thriller : l'auteur amène le lecteur à s'interroger sur la différence, sur le pouvoir, les rouages de la politique, l'égo-centrisme et les risques des découvertes scientifiques. mais je vous rassure ces interrogations n'entraînent pas de longues digressions philosophiques mais interpellent le lecteur dans le contexte terroriste actuel.

    Une très bonne série, mélange de thriller, science-fiction, anticipation, espionnage, aux lectures multiples niveaux qui ravira j'en suis sûr nombre d'entre vous.
    (quoilire.wordpress.com/2017/06/05/markus-sakey-le-brillants-n3-en-lettres-de-feu/)

    05/06/2017 à 20:40 4

  • Entre deux mondes

    Olivier Norek

    8/10 Voici donc la nouvelle aventure que nous offre le romancier policier français le plus intéressant du moment.

    Les habitués ne retrouveront pas dans ce roman Victor Coste, le héro des trois premiers livres d'Olivier Norek (Code 93, Territoires, Surtensions), et encore moins la région parisienne dans laquelle l'auteur a évolué professionnellement. Pour cette aventure, direction la Libye puis la jungle calaisienne et l'univers sans pitié des migrants. Vous aurez le droit à deux inspecteurs pour le prix d'un, un français fraîchement muté dans cette circonscription, un autre étranger en tant que migrant. Confrontation des univers, confrontation à une réalité kafkaïenne de la gestion de migrants.

    Même si ce roman est moins fort, moins impactant, moins décapant que ses prédécesseurs, comme à son habitude Olivier Norek dénonce (pousse un coup de gueule) des injustices, des anomalies administratives. Il a le mérite de dévoiler des aspects, souvent sombres, de ce monde que peu de monde connaît, que beaucoup refuse de voir;mais toujours sans parti pris, simplement en énonçant des faits, rien que des faits.

    Claque et dépaysement assurés.

    A son habitude, Olivier Norek amène non seulement une histoire mais avant tout des personnages bien construits, qui s'interrogent beaucoup sur leur condition et les situations auxquelles ils sont confrontés. L'écriture est toujours aussi efficace, fluide, impeccable; le livre ne restera pas longtemps entre les mains des lecteur tant l'auteur sait vous tenir en haleine et relancer régulièrement l'histoire.

    Si bien maigre est l'intrigue et sa conclusion évidente, ce roman ravira tout autant ses lecteurs habituels que ceux qui le découvriraient dans ce roman aux abords de l'étude de sociologie.

    14/10/2017 à 21:56 10

  • Fin de ronde

    Stephen King

    8/10 Avec la série des Mr Mercedes Stephen King délaisse la monde du fantastique et de l’horreur pour s’aventurer dans l’univers du roman policier. Les deux premiers tomes (Mr Mercedes et Carnets noirs) ont montré que contrairement à ce que l’on pense, le genre littéraire du roman policier et du thriller est un genre à part qui n’est pas donné à tout le monde.

    Stephen King se rattrape avec Ronde de minuit dans lequel on retrouve les points clés d’un bon roman policier (sans pour autant arriver au niveau du thriller. Côté personnages on a bien sur un policier mal en point, une assistante originale, voire légèrement déjantée, un tiers avec des talents particuliers et un méchant plutôt mentalement pervers.

    Du point de vue de la rédaction, on retrouve un Stephen King en grande forme : le style est impeccable de fluidité, où les détails sont réduits au minimum mais font à chaque fois mouche pour stimuler l’imaginaire du lecteur. L’alternance entre le point de vue de Bill Hodges et celui de Brady Hartsfield tient le lecteur en haleine.

    Mais la particularité de ce lire est que, si Stephen King s’aventure dans le roman policier, il revient à ses premières amours. En effet, les agissements de Brady Hartsfield font intervenir la télékinésie nous fait penser à son premier roman Carrie, quant au média à Cellular. Mais cette originalité, cette combinaison de genres, marche bien et plaira aux amateurs… un peu moins pour les puristes.

    Un bon roman qui clôt admirablement la série.

    22/04/2017 à 13:07 2

  • Guide de survie en milieu hostile

    Shane Kuhn

    8/10 Présenté comme une confession sous forme de guide pour jeune tueur débutant dans une entreprise spécialisée dans le concept d'introduire un jeune meurtrier comme stagiaire dans l'entreprise de la cible.

    C'est bourré d'humour, souvent au second degré, d'inventivité et d'une composition avancée des personnages.


    L'auteur venant du milieu de la télévision a réussi à structurer son roman de telles façon que les scènes d'actions donnent un petit coup de fouet en lecteur déjà bien accroché par l'histoire.


    Un roman bien original et agréable à lire.

    19/09/2022 à 19:45 3

  • Haute voltige

    Ingrid Astier

    8/10 On pourrait dire que Haute voltige n’a rien de fondamentalement original : des vols, une guerre de gangs, des trahisons et des vengeances; mais c’est sans compter sur leur mise en scène des méfaits, les moyens utilisés, les spécialités des malfaiteurs : parkour, boxe et échecs.

    La grande force de ce roman est la manière avec laquelle l’auteure arrive à projeter son lecteur dans l’aventure : des mots simples, une description courte, juste et imagée, pour transmettre l’ambiance, l’atmosphère de la vie parisienne, de l’univers des brigades policières. L’auteure pousse le vice à recourir à des éléments réels : une grande précision dans les lieux géographiques mentionnés (je peux vous confirmer que le tunnel de Saint Cloud dont il est question en début de roman est exactement comme tel), l’amorce du roman rappelant un fait divers, et fin la participation (autorisée ?) d’un personnage réel (Enki Bilal) donnent une autre dimension; une certaine authenticité au récit.

    Si au début du roman je trouvais l’écriture hachée sur laquelle on bloque et nous empêche de progresser à un rythme régulier et agréable dans l’histoire, dès le premier tiers franchi, l’écriture s’affine, se fluidifie et on peut enfin plonger dans l’aventure. Elle devient même efficace. Si le roman ne s’inscrit pas vraiment dans les pages turn, l’auteure introduit régulièrement de nouveaux éléments pour relancer l’histoire. Son aventure mêle plusieurs domaines originaux (parkour, dessin artistique, chess-boxing) dévoilés tout au long des 600 pages que forment ce livre.

    Pour supporter l’histoire, l’auteure utilise de nombreux personnages tous plus travaillés, ciselés, les uns que les autres. Si le chef mafieux peut être un peu cliché, j’ai particulièrement apprécié les personnages des flics : des hommes investis, passionnés, entêtés, mais qui ont également une vie de famille (difficile) et des relations professionnelles complexes avec leur hiérarchie.

    Un livre très plaisant à lire, à la fois classique mais original, qui me donne envie de connaître un peu plus cette auteure.

    10/12/2017 à 20:45 2

  • Hunter

    Ian Manook

    8/10 Voici un thriller qui m'a réveillé. Après quelques romans policier un peu plan-plan, ce livre est de la dynamite en barre qui fait qu'il est impossible de le lâcher avant la fin.


    Pour le prix d'un livre, vous n'aurez pas un, ni deux mais plusieurs serial killers qui sévissent dans cette petite ville américaine nichée dans la montagne, la police, le FBI, les forces d'intervention.... bref le grand jeu.


    Roy Braverman, alias Ian Manook de son vrai nom Patrick Manoukian, endosse le rôle d'auteur de thrillers noirs américains dans la lignée d'un Thomas Harris ou d'un Quentin Tarrentino tant sa prose est très cinématographique.


    Et ce n'est que le début d'une trilogie.

    03/03/2021 à 20:18 3

  • Il ne faut pas parler dans l'ascenseur

    Martin Michaud

    8/10 La collègue, qui m’a fait découvrir cet auteur et qui m’a conseillé de prendre la série des Victor Lessard dans l’ordre chronologique, avait grande difficulté à m’en parler…. pour les mêmes raisons que je vais avoir pour vous en parler. Car comment vous faire partager le goût de le lire sans en divulguer le moindre indice de l’énigme sous-jacente.

    Disons que tout comme l’héroïne au début du livre, nous sommes un peu perdus : lisons-nous une description de rêves, de la réalité, de fantasmes, serions-nous dans un livre à la David Lynch, ou bien l’héroïne est-elle victime d’altération ou a subi une modification de la mémoire; serions-nous dans un récit de Chris Carter des X-Files. Bref nous sommes dans le flou….

    Et que vient faire ce tueur que recherche Victor Lessard ?

    Bien que Martin Michaud sache donner au compte-gouttes les indices, son histoire progresse de façon régulière avec de fréquents rebondissements. On apprend à connaître cet enquêteur et son équipe, les relations qui les unissent et leur passé.

    La lecture de Il ne faut pas parler dans l’ascenseur est très agréable, fluide, et parfois comique : point de traduction ou de francisation du livre, le lecteur aura la joie de découvrir certaines expressions québécoises pur-jus.

    Donc un roman très intéressant et un auteur dont nous prendrons plaisir à lire les autres tomes de la série des Victor Lessard.

    29/03/2016 à 20:36 2

  • Instinct

    Jérôme Camut, Nathalie Hug

    8/10 Le plus difficile lorsque des écrivains se lancent dans une série aussi volumineuse que celle des Voies de l'ombre est de savoir garder son auditoire en trouvant dans chaque tome un nouvel axe au récit, de ne pas sombrer dans la répétition du premier tome.

    Cet Instinct, troisième tome de la tétralogie, est l'exemple même du livre qui déjoue tous les pièges de la série.

    Tout d 'abord les personnages principaux sont changés, sauf bien entendu le psychopathe, véritable soleil noir autour duquel gravitent tous les autres personnages. Jérôme Camut et; Nathalie Hug ont eu la bonne idée de reprendre un personnage secondaire, de le faire montée en puissance. Personnage fort, à la psychologie différente des précédents héros, qui va revoir son jugement sur Kurtz.

    Kurtz, justement, Phénix du mal, qui va revenir et montrer tous ses talents d'emprise psychologique, de son intelligence, qui ferait passer Hannibal Lecter pour un amateur.

    Hasard de l'actualité de décembre 2018, mais le final du roman semble avoir été inspiré par les mouvements de contestation dans la capitale française.

    Je ne m'étendrais pas sur les qualités de la rédaction à 4 mains de ce roman : les deux auteurs apportent chacun leurs facilités respectives qui font passer ce roman des presque 600 pages à une vitesse grand V.

    Allez, je ne perds pas le rythme, je me lance dans la lecture du dernier tome.

    22/12/2018 à 21:59 3

  • Juste une ombre

    Karine Giebel

    8/10 Karine Giebel nous offre un très grand thriller psychologique. Alors que je ne suis pas adepte de ce genre de romans, je suis littéralement tombé sous le charme de la narration, de l'intrigue, de toute l'ingéniosité du harceleur pour faire tomber sa proie.

    Pour ce qui est de l'intrigue, les amateurs d'énigmes policières trouveront l'identité du harceleur assez facilement. Cependant je les rassure car l'intérêt du livre et son suspense du livre ne tournent pas autour de ce point mais bien plus sur la montée du plan machiavélique. Nous sommes les témoins d'un jeu du chat et de la souris particulièrement pernicieux où nous suivons la dégradation mentale de la victime, ses interrogations, sa lutte désespérée.

    Et contrairement au Purgatoire des Innocents point de descriptions gores, de sévices minutieusement détaillés, l'auteure sait faire vibrer son lecteur d'une autre façon beaucoup plus intelligente.

    Je ne m'éterniserai pas sur les qualités d'écriture de Karine Giebel qui sont toujours aussi impeccables pour ce genre de romans : précis, direct, où les actions et petits rebondissements arrivent régulièrement pour tenir le lecteur en haleine.

    Un roman qui vous teindra aux tripes !

    10/10/2016 à 21:48 4

  • L'affaire Clara Miller

    Olivier Bal

    8/10 Lors de ma présentation des précédents romans d'Olivier Bal, Limbes et du Maître des limbes, j'avais comparé l'auteur à Stephen King pour son imaginaire et son pouvoir à embarquer le lecteur dans cette histoire fantastique. Je confirme cette comparaison car tout comme le maître du fantastique, il sait prendre des risques, de changer de style littéraire en passant au thriller policier, mais toujours avec autant de talent et de réussite.

    L'auteur n'abandonne pas totalement les mondes fantastique et onirique, puisqu'en privé, un des héros principaux, star de rock planétaire,  s'adonne à la drogue. Il est alors question de vampires, drôles, mondes virtuels fantasmé, de rêves et cauchemars.

    Une fois encore il nous amène une histoire bien ficelée, bien construite, aux nombreux rebondissement. S'il est un point négatif à ce roman sont les clichés du star système, du rocker cocaïnomane, et des paparazzis pourchassant la star. Mais ce défaut est compensé par l'humour et les clins d’œil de l'auteur aux affaires réelles comme un certain Harvey Weinstein, et par la complexité des personnes. On découvre au fur et à mesure des pages la multitude des facettes de leur personnalité et de leur passé.

    Cependant ne vous attendez pas à un roman policier où vous mènerez en parallèle l'enquête à la recherche du meurtrier, ici vous oscillez entre le passé et le présent, la période du rocker et des paparazzis, et celui des ses enfants, sans bien comprendre comment on est passé d'une situation à l'autre. Telle est votre fil rouge dont vous devrez trouver le point de jonction.

    Un beau roman qui vous accompagnera aussi bien pendant les derniers moments de confinement qu'au bord de la mer.

    01/06/2020 à 20:56 6

  • L'Affaire Léon Sadorski

    Romain Slocombe

    8/10 Lire L’affaire Léon Sardorski n’est pas à proprement parler lire un thriller. Romain Slocombe dresse plutôt une analyse du rôle de la police parisienne pendant l’occupation allemande. Mais, alors qu’il pourrait tomber dans la facilité de présenter un flic acquis à la cause allemande, l’auteur nous relate la biographie d’un policier qui, bien que participant à l’effort de la traque juive, se retrouve malgré lui de l’autre coté. On aurait presque pitié pour lui si l’on ne connaissait pas déjà ses résultats au service des RG.

    La force de ce livre est de nous présenter cette authentique biographie, étayée, renseignée, de rappeler les années noires de la France sous couvert d’un roman noir. L’écriture est bien ciselée, le rythme agréable, ni trop rapide, ni trop lent. L’auteur saupoudre son roman de quelques périodes d’action pour donner du nerf à son récit. Le style de l’auteur et les sujets contés par celui-ci ont évolué depuis sa tétralogie La Crucifixion en jaune et ont atteint une certaine maturité fort agréable.

    Un roman à lire qui mérite amplement le Goncourt 2016.

    25/10/2016 à 21:07 7

  • L'Aigle de Sang

    Marc Voltenauer

    8/10 Cet Aigle de sang est sans conteste le meilleur des trois romans de Marc Voltenauer.
    Tout d'abord, l'auteur a eu la bonne idée de rompre avec le modèle de ces deux premiers romans. D'une part il n'a pas laissé son héros affronter une nouvelle énigme dans Gryon au risque de faire passer le petit village comme le village le plus malfamé de la Suisse; et d'autre part, son héros Andreas Auer va devoir enquêter, non pas sur un meurtre, mais sur lui et ses origines. Sur ce second point, j'ai trouvé quelques analogies avec Rouge armé de Maxime Gillio.
    Mais je rassure tout de suite les amateurs de romans policier, la vie de la petite île Gotland va être bouleversée et des meurtres vont jalonner la recherche d'identité du héros. Bien que n'étant pas dans son pays d'office, l'inspecteur suisse sera autorisé à assister à celle-ci en Suède. Je ne vais pas plus loin dans le résumé du livre au risque de vous dévoiler celui-ci, mais passées les cent premières pages, le rythme va s'accélérer crescendo au point que vous aurez du mal à lâcher le livre pour le sprint final des cent dernières pages.
    Un autre élément important dans ce livre est la Suède et son histoire. On sent que l'auteur apprécie connaît bien ce pays, ses coutumes et sa cuisine, car il parsème l'histoire de détails sur ce pays; par rapport au pays du Muveran, c'est à la fois dépaysant, rafraîchissant et instructif.
    On pourrait alors penser que c'est le roman policier parfait, mais il y a bien quelques imperfections (qui je suis sûr seront gommés dans le quatrième roman). Ainsi de nombreuses répétitions tant sur la recherche de parentalité d'Andreas que sur les différents rites du clan auraient pu être évitées. Mais ce qui m'a le plus gêné, ayant du mal à mémoriser les patronymes (et encore plus les patronymes suédois), c'est la multitude des personnages que brasse ce roman. Et histoire de me rendre la tâche encore plus dure, certains de ces personnages vont avoir des noms d'emprunt. Donc si vous êtes comme moi, n'hésitez pas à vous munir d'un petit papier et d'un crayon pour dresser un organigramme.
    Et puis il y a quelques figures de style qui m'ont surpris dans ce troisième livre de Marc Voltenauer que je n'avais pas notée lors de ses précédents romans. Afin de coller au mieux au pays dans lequel se déroule l'histoire, l'auteur a volontairement employé le tutoiement tout au long des discussions, même pour des personnages officiels venant interroger des témoins ou des suspects alors qu'ils ne se connaissent pas. Mais dans ce cas, cette adaptation stylistique est rompue lors de l'emploi de la numération helvético-belge (septante, nonante).
    Je dois avouer que je pinaille sur de menus détails car la lecture de L'aigle de sang est d'une grande fluidité, très agréable; et chose que je souligne rarement, la couverture est particulièrement réussi et attractive.
    Au final, c'est certainement le meilleur roman de Marc Voltenauer qui nous fait découvrir un peu plus son héros et la Suède.

    20/03/2019 à 21:21 1

  • L'Étoile jaune de l'inspecteur Sadorski

    Romain Slocombe

    8/10 Romain Slocombe est en train de se forger une très forte réputation d'écrivain français de romans noirs.

    Certes le contexte historique dans lequel se positionne le roman est difficile, Paris en pleine seconde guerre mondiale, mais ce second tome est encore plus dérageant. L'auteur nous entraîne en pleine politique anti-juifs, la mise en place des étoiles jaunes, et de l'organisation de la rafle du vel'd'hiv. Alors on est loin de la pesanteur des bas fond d'une ville, mais le lecteur qui comme moi n'a pas connu cette période, va se prendre un véritable claque en découvrant l'étendue et le jusqu'au-boutisme de l'administration française dans le suivi des directives anti-sémites du IIIè Reich et de sa propagande.

    On a beau en avoir eu connaissance lors de nos cours d'histoire, on est glacé devant le zèle dont font preuve certains policiers ou les tortures auxquelles ils recourent.

    La puissance du roman provient également du personnage principal Léon Sadorski : parfois violent, enquêteur méticuleux, complexe, ambivalent, à aucun moment nous n'arrivons à déterminer son penchant vis-à-vis des mesures anti-juifs : d'un côté il recueille la fille de ses voisins arrêtés, et de l'autre il participe activement aux arrestations de la rafle. Seule la dernière phrase du roman lève cette ambiguïté planant sur les deux premiers tomes.

    Je vous recommande donc vivement ce livre, et tout particulièrement la version audio où Antoine Tomé donne littéralement vie au roman.

    07/08/2018 à 21:30 4

  • L'Heure des fous

    Nicolas Lebel

    8/10 Voici le premier roman de Nicolas Lebel de sa série du Capitaine Mehrlicht, série que je parcours de manière totalement désordonnée puisque j'ai commencé avec le dernier tome Dans la brume écarlate avant de lire celui du milieu Sans pitié ni remords. Autant vous dire que vous pouvez les lire dans n'importe quelle ordre, je n'ai pas constaté de spoiler, cependant pour suivre l'évolution des personnages, il est préférable d'aborder la série dans l'ordre.

    Dans L'heure des fous, Nicolas Lebel plante ses personnages haut en couleur, tous avec leur personnalité bien trempée, les particularités, les forces mais surtout leurs défauts. J'apprécie particulièrement le personnage principal du Capitaine Mehrlicht qui part ses réflexions à la Audiart, sa culture et son irascibilité le rend à la fois attachant et détestable.

    L'histoire est très originale qui fait que résoudre l'énigme plus vite que les enquêteurs est très difficile voire impossible. Cela devrait mettre au défi les lecteurs enquêteurs. Je ne sais pas d'ailleurs si le lien historique est totalement inventé ou inspiré de faits réels, l'auteur ne donne pas de détails sur ce point dans les remerciements.

    Enfin, nul besoin de préciser que Nicolas Lebel maîtrise tous les techniques d'un bon écrivain de roman policier : une écriture fluide, des petits cliffhangers en fin de chapitre pour maintenir son lecteur en haleine, de l'humour. Par contre, avoir déjà cette maîtrise pour ce premier roman, c'est exceptionnel et annonciateur de ses futurs succès et prix littéraires.

    Bref, un roman très agréable à lire qui donne envie de connaître les autres épisodes de la série Mehrlicht.

    27/07/2023 à 07:48 4

  • L'Inspecteur Sadorski libère Paris

    Romain Slocombe

    8/10 Que dire sur Romain Slocombe que je n'aurais déjà dit avec ces quatre précédents roman de la saga Léon Sadorski ?

    Une fois encore ce roman noir est d'une précision absolue, parfaitement aiguisée. L'auteur nous embarque cette fois-ci dans la libération de Paris et l'on se demande comment cet inspecteur ayant travaillé pour les occupants va s'en sortir.

    Alors certes ce roman est un peu plus dur que les précédents, qu'il reflète une part sombre de l'histoire en dénonçant les résistants de dernière minutes, mais nous sommes totalement happés par ses qualités narratives et nous voilà nous aussi tout excités à l'idée que les américains vont enfin entrer dans Paris.

    06/12/2021 à 20:59 5