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Sadorski et l'ange du péché
8/10 Après la chasse, les arrestations de juifs et la participation à la rafle du Vel-d'hiv, on pouvait se demander jusqu'où l'inspecteur Léon Sadorski. Il termine en apothéose (si j'ose dire) en prenant part à la déportation des juifs, en commanditant ou en commettant des assassinats pour assurer ses arrières, tout en continuant ses précédentes malversations d'extorsion de fond ou de récupération des biens.
Mais le pire ne vient pas forcément de ce personnage infâme, le pire est l'attitude de la société pendant cette période ou comme l'anecdote des courses à Longchamp qui reprirent une heure à peine après un bombardement alors que les corps et blessés n'ont pas tous été évacués du site.
Il faut savoir qu'en fin de livre, l'auteur donne toutes les références documentaires qui lui ont permis de retracer l'histoire de cet inspecteur et des personnes qui ont eu le malheur de croiser son chemin. C'est un travail digne d'un historien, un travail monumental qui rend d'autant plus horrible le livre. C'est donc à la fois un roman extrêmement noire, mais surtout qu'il faudrait lire pour le devoir de mémoire. Lire cette série m'a rappelé un roman étudié en français en classe de quatrième qui m'avait mis en véritable claque en me faisant découvrir l'horreur de la Shoah et des camps d'extermination.
Même si Romain Slocombe cherche l'exactitude en donnant l'ensemble des dates, lieux, qualités des personnes, du fait des nombreuses histoires en parallèle, le roman est d'une grande fluidité et de se lire à une vitesse folle malgré ses plus de 700 pages.04/01/2019 à 20:52 7
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Juste après la vague
6/10 Fidèle à elle-même, Sandrine Collette amène le suspense dans des endroits où on s'y attend le moins. Après les vignes (Des nœuds d'acier) et la montagne (Six fourmis blanches), elle nous pose sur la mer.
Tout commence avec un choix cornélien que doit faire un père : délaisser une partie de ses enfants pour embarquer sur une barque afin de sauver une partie de sa famille de la montée de la mer et la submersion inévitable de l'île qu'ils habitaient, en espérant pouvoir revenir chercher ceux qu'il laisse derrière lui.
Derrière ce roman, Sandrine Collette rend hommage, ou reprend les codes, de classiques comme Sa majesté des mouches de Willima Golding concernant la survie des enfants laissés sur l'île, ou le roman de Raioaoa Tavae Si loin du monde, racontant la dérive d'un polynésien pendant 118 jours. Pour les uns comme pour les autres, c'est une nouvelle vie qui s'ouvre à eux : aller vers de nouvelles terres, ou bien prendre des responsabilités, des décisions.
Et puis, sous couvert d'un roman à suspense, Sandrine Collette passe un message écologique fort. Le réchauffement climatique impacte des populations entières, les forçant à migrer, fuir leurs terres, parfois en urgence.
Alors si ce roman n'est pas à proprement parlé un thriller avec beaucoup d'actions ou de courses poursuite, il n'en est pas moins intéressant par son originalité, sa sensibilité et les questions qu'il soulève.
Enfin, j'ai découvert ce livre au travers de sa version audio : une diction parfaite, une personnalisation de la voix pour chaque personnage, même pour les plus jeunes. On regrettera simplement un léger manque de vitalité.29/12/2018 à 22:02 5
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Rémanence
4/10 Parfois il est bon de savoir s'arrêter dans une série.
Rémanence est le tome de trop dans la série des Voies de l'ombre. Tout comme le personnage du tueur psychopathe Kurtz, le suspense et l'inventivité du récit des trois premiers tomes ne sont plus que l'ombre d'eux mêmes. Le quatrième tome n'était pas sur la même voie que les trois premiers.
Il faut dire qu'après avoir épuisé, usé voire tué tous les principaux personnages, pour écrire un opus à la série, il ne restait guère plus que les deux enfants objets de pression dans le premier tome. Malheureusement, l'absence de Kurtz, ou plutôt, il n'en reste que les graines semées lors du kidnapping des enfants, ne permet de faire une histoire originale. Nous lisons une histoire de jeune sombrant de plus en plus dans la délinquance puis la violence.
En soit le livre se serait suffit en le sortant du contexte de Kurtz, en développant la psychologie et le passé des personnages. Cela aurait permis de réduire la longueur du récit et de ne pas restreinte l'action à quelques dizaines de pages.
Une histoire à lire pour parfaire le tour de la série, mais qui n'est pas une obligation; un livre à réserver aux fans de Jérôme Camut & Nathalie Hug.29/12/2018 à 21:10 6
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Instinct
8/10 Le plus difficile lorsque des écrivains se lancent dans une série aussi volumineuse que celle des Voies de l'ombre est de savoir garder son auditoire en trouvant dans chaque tome un nouvel axe au récit, de ne pas sombrer dans la répétition du premier tome.
Cet Instinct, troisième tome de la tétralogie, est l'exemple même du livre qui déjoue tous les pièges de la série.
Tout d 'abord les personnages principaux sont changés, sauf bien entendu le psychopathe, véritable soleil noir autour duquel gravitent tous les autres personnages. Jérôme Camut et; Nathalie Hug ont eu la bonne idée de reprendre un personnage secondaire, de le faire montée en puissance. Personnage fort, à la psychologie différente des précédents héros, qui va revoir son jugement sur Kurtz.
Kurtz, justement, Phénix du mal, qui va revenir et montrer tous ses talents d'emprise psychologique, de son intelligence, qui ferait passer Hannibal Lecter pour un amateur.
Hasard de l'actualité de décembre 2018, mais le final du roman semble avoir été inspiré par les mouvements de contestation dans la capitale française.
Je ne m'étendrais pas sur les qualités de la rédaction à 4 mains de ce roman : les deux auteurs apportent chacun leurs facilités respectives qui font passer ce roman des presque 600 pages à une vitesse grand V.
Allez, je ne perds pas le rythme, je me lance dans la lecture du dernier tome.22/12/2018 à 21:59 3
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Stigmate
6/10 Ce second tome est beaucoup plus axé sur la psychologie de Kurtz, cette machine de méchanceté et du taylorisme du crime. Les auteurs nous dévoilent la méthodologie et la montée en puissante de Kurtz, machiavélique, intelligent et insaisissable. On est donc loin du rythme et de l'intensité du premier tome, sans pour autant avoir un livre plan plan.
Autre grosse différence avec le premier tome est le retournement des rôles, le chasseur devient chassé. Mais comme dit le dicton, on n'apprend pas à un vieux singe à faire des grimaces, et ce vieux renard à plus d'un tour dans son sac pour retourner la situation.
Sans doute pas le meilleur livre de la tétralogie (même si je n'ai pas encore lu les deux derniers tomes), mais il constitue la pierre angulaire du récit et est le tome autour duquel l'histoire va prendre un nouveau virage.12/12/2018 à 19:47 2
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Prédation
8/10 Le pitch de ce livre est tout simplement génial : les malfaiteurs n'agissent plus directement, mais kidnappent des personnes et un parent pour les obliger à faire des crimes.
Mais la qualité de ce livre ne réside pas uniquement dans cette idée : les personnages sont bien structurés, complexes, que l'on découvre au fur et à mesure; même si l'inspecteur principal est un peu cliché (sa femme l'a quitté, un poil violent et porté sur la bouteille de scotch). Mais bien sûr c'est avant tout la psychologie des personnes kidnappées qui importe et est délicatement abordée pour ne pas devenir ennuyeuse ou pesante.
Une fois le livre commencé, il est très difficile de le refermer, les auteurs alternant récits des policiers, kidnappés acteur et kidnappés de pression, ou du malfaiteur en chef et des origines de cette idée "commerciale". L'écriture est parfaite, tout en fluidité, relances de fin de chapitre propres aux page-turners.
Le seul point négatif serait la fin un peu évidente du fait que ce livre est le premier tome d'une série de quatre. On se doute bien que le méchant de l'histoire va passer entre les maille du filet des policiers.
Enfin, je rassure les lecteurs un peu sensibles, il n'y a guère plus de scènes gore que celles décrites en quatrième de couverture.
C'est donc avec une grande joie que je me lance de ce pas dans la lecture du deuxième tome Stigmate.29/11/2018 à 20:37 4
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Phobia
Ouvrage collectif
8/10 Un commentaire court pour de nombreuses nouvelles courtes.
Une fois encore, ce genre de petit livre nous permet de découvrir des auteurs que nous ne connaissions pas ou que nous n'aurions jamais lu.
Une mention toute spéciale pour le texte d'Ian Manook aux relents de Tontons flingueurs avec la verve d'Audiart : un pur délice.
En plus c'est pour la bonne œuvre.
22/11/2018 à 21:27 2
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Inexorable
9/10 Je ne comprends pas pourquoi la presse ne parle pas de ce roman?
A l'image du héros de son roman Claire Favan est mise à l'écart, à l'écart de la presse qui ne voit pas dans son dernier roman l'émergence d'une nouvelle grande romancière. Car avec Inexorable, Claire Favan passe un cap.
En s'affranchissant du genre policier, tout du moins dans la première partie du livre, elle montre ses qualités de romancière.
On sent que l'auteure a mis dans ce roman beaucoup du sien, il y a beaucoup plus de sensibilité. Inexorable est beaucoup plus intimiste que les précédents romans de Claire Favan, la sensibilité des personnages est communiquée au lecteur, la psychologie de ses personnages est affinée, tout en subtilité, complexité et évolutivité.
Son fils ayant subi une forme d'exclusion, on la sent particulièrement concernée par le sujet et donc investie dans ce roman. Claire Favan ne se contente pas de nous contenter une histoire mais également fait passer un message.
De plus, l'écriture est d'une parfaite fluidité. Happé par le roman, le lecteur aura du mal à le lâcher, comme moi où après 2 petits jours la dernière page était tournée.11/11/2018 à 21:19 4
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La Disparition de Stéphanie Mailer
3/10 Un point important à préciser, ce nouveau roman de Joël Dicker n'est pas un thriller, ce livre serait à classer dans les romans policiers... voire dans la catégorie des romans "tout court"... et pas dans le rayons des bons romans.
Car si j'avais été séduit par La vérité sur l'affaire Harry Quebert, autant je suis déçu par La disparition de Stéphanie Mailer.
D'une part parce que tant dans la couverture du livre, que dans l'organisation de l'histoire, à sa lecture on a une sensation de déjà-lu, déjà-vu.
D'autre part par ce que l'auteur pour ajouter des pages à son livre multiplie les chapitres flashback de plusieurs pages pour ce qui avait dit à la fin du chapitre ne quelques phrases, ajoute toujours plus de personnages, tous plus caricaturaux les uns que les autres, avec des histoires secondaires qui n'apportent rien à l'histoire principale, au point où parfois je me demandais qui était qui et de qui on parlait par moment. D'ailleurs il semblerait que tant l'auteur que l'éditeur se soient également égarés sur le sujet à la première impression du roman, en se trompant de nom du coupable. Bref du Dostoïevski en moins bien.
Enfin, parce que l'enquête est tout simplement nulle. On a l'impression de voir le Sheriff Rosco de Sheriff fait moi peur enquêter, sans aucune logique et faisant preuve d'un grand manque de professionalisme. L'enquête avance par des découvertes fortuites, des indices tombés du ciel, sans aucune possibilité au lecteur de découvrir le coupable.
Le seul point fort du roman est que pour le prix vous mettrez du temps à lire ces plus de 600 pages tant l'histoire se tire en longueur, et donc vous aurez au cela pour votre argent.08/11/2018 à 21:35 8
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Le Douzième Chapitre
5/10 J'ai toujours le désir d'écrire un roman policier mais je n'a jamais eu l'idée de départ pour me lancer dans cette grande aventure? Et puis il y a quelques mois, j'ai eu cette idée d'un lecteur qui lit par hasard un livre et découvre sur papier son histoire, son autre vie où il a commis un meurtre. Et là, au détour d'une librairie, je découvre le douzième livre de Jérôme Loubry qui reprend quasiment cette idée. Curieux de voir jusqu'où l'auteur avait poussé cette idée de départ, je me suis lancé dans la lecture de ce roman.
Ce que l'on remarque à la lecture des premières pages, c'est la très belle plume de Jérôme Loubry : à la fois claire, limpide, elle coule comme l'eau dans un petit ru en pleine nature. Cette qualité rédactionnelle transporte immédiatement le lecteur dans l'ambiance alternativement des années 1980 et 2010.
Comme les héros du roman, on découvre alors l'origine de .
Ce roman est avant tout un roman de personnages, de leur relation, de leur évolution psychologique, de leurs premières amours adolescentes; qui forgeront les futurs adultes. Si les enfants sont attachants, leurs versions adultes sont un peu moins fouillés, voire limite caricaturaux.
Un roman agréable à lire qui ravira la plupart des lecteurs mais sans grande surprise pour les amateurs du genre.
Attention, la suite divulgue une partie conséquente du roman, ne pas lire la suite si vous n'avez pas lu le livre.
Ma déception vis-à-vis de ce livre provient essentiellement des fortes similarités avec Soeurs de Bernard Minier que j'avais découvert en début de cette année. Malheureusement, Jérôme Loubry n'a pas les qualités de conteur et de "trompeur" de Bernard Minier, dès la description du cadavre trouvé sur la plage, nous devinons la conclusion du livre. Dommage, car le livre avait bien commencé.04/11/2018 à 21:38 3
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Le Signal
9/10 Que dire de ce gros roman de 750 pages, bien denses, de Maxime Chattam ?
Avant de savoir si Maxime Chattam est à la hauteur de Stephen King, il est important de dire que Le signal est un très bon roman d'horreur / fantastique. On peut même dire qu'il va rapidement trouver sa place dans la bibliothèque des amateurs du genre comme un classique. Il reprend tous les codes du genre et, par hommage à ses paires (pères), met en scène des symboles d'autres livres ou films du genre : le clown avec son ballon rouge, le club de copains avec la fille "extra-ordinaire" façon Stranger Things ou Goonies, ....
Mais, il y a encore une petite marche avant que Maxime Chattam n'arrive au firmament de Stephen King. Le maître est le seul avec peu de mots, des phrases simples, à décrire une atmosphère, à susciter son lecteur un sentiment ou à mettre en scène des personnages structurés dont la psychologie évolue au fil des pages.Chez Maxime Chattam il y a encore des paragraphes avec des phases alambiquées, des tournures complexes, et des personnages clichés comme le chef de police borné, ou le joueur de football limité et agressif.
On remarquera une mise en page toute particulièrement du livre : les tranches sont noires ainsi que le bord des pages sur un centimètre. Serait-ce pour rappeler un grimoire, ou ben pour montrer les limites de l'emprise du livre un peu comme l'influence du mal jusqu'à la ravine.
Enfin, le roman n'est pas exempt d'humour, l'auteur pratiquant même l'auto-dérision. En effet, le père est un auteur de pièce de théâtre en manque d'inspiration cherchant une seconde vie professionnelle loin de la pression de New, et la mère, star de la télé, voulant revenir à ses premières amours d'animatrice radio. Doit-on y voir une projection du couple Maxime Chattam - Faustine Bollaert (sa femme) ?
En conclusion, un roman sorti au bon moment car il est préférable de le lire dans le noir.30/10/2018 à 21:02 8
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Gomorra
3/10 Un point indéniable qu'il faut concéder à ce livre est la richesse documentaire sur cette mafia napolitaine. C'est un véritable travail d'investigation que seuls quelques journalistes ont le courage de mener à bien. Alors qu'il aurait pu en faire un roman contant l'histoire de cette pègre pour en dénoncer l'emprise sur la vie économique et politique napolitaine, l'auteur dénonce non seulement le système mais également ses acteurs, en donnant leurs noms, leurs méthodes, les services corrompus...
En ce n'est pas un roman mais un documentaire, une encyclopédie sur la camorra. Et s'en est le principal défaut, la lecture de ce livre est difficile, voire impossible dans un contexte de loisirs. Elle peut être lassante face la quantité des détails, comme les 4 pages sur les surnoms des principaux mafieux; ou bien déroutante puisque l'on saute d'un sujet à l'autre sans qu'aucun fil rouge guide le lecteur tout au long des 400 pages. C'est sans compter les nombreuses répétitions qui eurent raison de ma ténacité à aller au bout de ce livre.30/10/2018 à 18:33 2
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Lumière noire
8/10 La trame de départ de ce livre est originale et très accrocheuse : une ancienne kidnappée pour devenir esclave sexuelle, a soif de vengeance mais va à nouveau se être séquestrée.
La bonne idée du roman est de ne pas répéter les sévices de ces captivités. Du fait des analogies des kidnappings et du mimétisme du second kidnappeur, et de l'imbrication et de l’alternance des chapitres de chacune de ces périodes, les moments de captivité sont exposés pour l'une et l'on devine leur répétitivité pour l'autre. Il y a quelques passages difficiles à lire mais qui ne choqueront pas les amateurs du genre ou habitués à lire des auteurs comme Patrick Sénécal.
L'écriture est maîtrisée, à la fois fluide et bien que l'enquête avance lentement, elle ne suscite pas de lassitude chez le lecteur. Du fait du genre du livre, les personnages sont particulièrement bien architecturés, structurés, fouillés, complexes et bien évidemment leur psychologie dévoilée au fil des pages.
Mais j'avoue avoir eu une petite déception en fin de livre. Je ne sais pas pourquoi, en ce moment, je trouve que les auteurs n'ont pas une vision assez noire de l'histoire qu'il nous conte, qu'ils restent un peu trop consensuel avec leur lectorat. C'est le cas de Lisa Gardner en dévoilant le kidnappeur.
Attention, ce qui va suivre dévoile la fin du livre, donc ne le lisez pas si vous ne voulez pas ;-)
Par exemple, en place de la fille de son premier ravisseur dont l'auteur ne donne aucun indice sur son existence, il aurait été beaucoup plus tordu que ce soit la propre mère de Flora afin de garder sa fille proche d'elle, de la protéger de sa tendance à chasser les kidnappeurs.
Donc, un très bon thriller psychologique qui aurait mérité une meilleure fin.19/10/2018 à 21:26 3
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L'Unité Alphabet
8/10 Attention, amateurs des romans de Jussi Adler-Olsen, ce nouveau roman ne fait pas partie de la série du Département V. Il est même loin de l'univers pour lequel les français ont connu cet auteur car il ne s'agit pas d'un roman policier, mais d'un thriller historique nous plongeant successivement dans la fin de la seconde guerre mondiale puis dans les années 70 au moment des Jeux Olympiques de Munich.
Bien que le style ne soit pas le même, les amateurs comme moi de romans policier auront grand plaisir à lire ce livre. Les talents de l'écrivain rendent non seulement ce roman agréable à lire, mais surtout très haletant, plein de suspense. De petits rebondissements jalonnent l'histoire pour la relancer ou lui donner une nouvelle orientation pour ne pas sombrer dans la répétition.
La grande force de ce roman est au travers de cette histoire à suspense de dévoiler un univers bien méconnu de la seconde guerre mondiale : les hôpitaux psychiatriques où de nombreux déserteurs tentaient de trouver un moyen de fuir le combat en simulant des troubles psychiatriques. Le fait de positionner ce roman dans deux époques passées nous change également des thrillers plus contemporains. L'auteur nous plonge dans l’ambiance de ces périodes, d'une même ville aux opposés de sa vie : de sa mort durant la guerre, à son explosion de vie pendant les J.O.
A son habitude, ou bien devrions-nous plutôt dire dès son premier roman, Jussi Adler-Olsen montrait déjà de grandes qualité rédactionnelles : une grande fluidité dans l'écriture, des personnages fouillés, une technique de trun-page parfaitement maîtrisée et une rigueur historique ou dans le domaine exploré.
Quelques petits points négatifs viennent cependant gâcher la qualité de ce livre : entre le patronyme officiel, le nom d'emprunt, le surnom et le nom de fuite, il est parfois difficile de savoir de quel personnage l'auteur parle. Et puis, la "résurrection" d'un des personnages est trop fortuite et romanesque, et nuit à l'aspect authentique du reste du roman.
Un roman à un suspense à plus d'un titre dépaysant.07/10/2018 à 20:33 6
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Gwendy et la Boîte à boutons
6/10 Ce roman court que l'on pourrait presque dénommer nouvelle est une petite fraîcheur, une bouffe d'oxygène qu'il faut prendre entre deux gros pavés.
Point d'horreur, un peu de science-fiction, l'imaginaire de Stephen King est tout juste esquissé. Toute la beauté de ce livre est dans la psychologie des personnes. J'avais lourde, toute porte sur la question du pouvoir donné aux gens et la force qu'il faut avoir pour savoir qu'en faire. Publié en 2017, écrit au moment des élections américaines, on peut y voir un parabole avec la vie politique américaine.
Je ne m'étendrais pas sur les qualités rédactionnelles toujours aussi parfaite, même si roman ait été écrit à quatre mains avec Richard Chizmar; les pages filent au point que le roman ne restera pas longtemps entre vos mains.
Le gros point négatif de ce livre est son prix, presque deux fois plus cher qu'un autre roman du même auteur.01/10/2018 à 20:17 1
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Helena
5/10 Suite à la lecture d'Helena de Jérémy Fel, mon ressenti est quelque peu mitigé.
D'un côté je suis face à un livre qui dépeint de manière forte une société américaine comme le faisait à une certaine époque la série télévisée Desperate Hoursewives. D'un côté, une femme célibataire qui élève ses trois enfants conçus des pères différents; de l'autre une jeune fille douée pour le golf qui doit aller s'entraîner chez une tante. Et bien sûr les destins de ces deux familles vont se croiser, de manière horrifique.
D'un autre côté, tout est caricatural dans cette histoire. Les personnages sont de pour clichés américains : la mère est obnubilée par la participation de sa famille au concours de mini-Miss, les pensées de la jeune fille sont plus adressées à son petit copain qui vient de la tromper qu'en sa préparation. Le meurtrier adore se badigeonner du sang de ses victimes ou de farfouiller dans les entrailles de celles-ci. Le flic est aveugle devant des preuves flagrantes d'un gros dysfonctionnement dans une maison.
Cependant, la grosse force de ce livre est la psychologie des personnages. C'est d'ailleurs l'élément majeur du roman qui lui confère son caractère de roman psychologique. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il s'agirait d'un thriller psychologique car malheureusement la tension n'est tenue que sur quelques pages au sein de ce gros pavé.
Ce qui est bien dommage car l'écriture de Jérémy Fel est un exemple de fluidité, de rythme. Le lecteur rentre immédiatement dans l'histoire, mais risque de décrocher s'il est coutumier des pages-turners ou thrillers avec plus de peps.
Bref, un roman en demi-teinte qui ravira sans aucun doute les amateurs du genre.24/09/2018 à 20:29 2
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Il y aura des morts
5/10 L'idée de départ du roman est tout simplement génial : un jour une inconnue vientvous dire que vous allez mourir avant de partir sans plus d'explication, et le lendemain vous êtes attaqué à la machette. Puis c'est le début de l'horreur, d'une chasse à l'homme dont vous êtes la cible. Le roman commence avec un rythme effréné, nous fait immanquablement pensé au film The Game de David Fincher, sans pour autant le parodier. Il va d'ailleurs rapidement s'en éloigner avec les premiers morts. Car oui, le livre porte bien son nom Il y a des morts dans Il y aura des morts.
La bonne surprise du roman est le cross-over de l'histoire avec un autre roman de Patrick Sénécal. Cela est fait intelligemment et rappelle de bons souvenirs pour les fans de cet auteur.
Malheureusement de nombreux défauts apparaissent dans ce roman.
L'auteur insère en plein milieu d'une phrase une immense parenthèse afin de partager les pensées de son héros principal. Le problème est que la plupart du temps on perd le sens de la phrase principal, nous obligeant à la relire une seconde fois, et de se relancer dans l'histoire.
Mais le plus pénible est la cumul des détails, des noms de routes, rues, espaces, parcourus par le héros. On est étourdi par cette déferlante de mots. La répétition des courses-poursuites lassent au fur et à mesure. Est-ce volontaire de l'auteur pour que le lecteur partage cet élément avec le personnage ? Si tel est le cas, ce n'est pas agréable et pas vraiment utile au récit.
Enfin, la fin est non seulement décevante mais également idiote. Qui avec cette richesse passerait par cette méthode alambiquée au lieu d'acquérir ce qu'elle soit (oui ce n'est pas très clair dans cette critique, mais je voulais pas dévoiler la fin du livre).23/09/2018 à 19:58 3
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Je t'aime
9/10 Des 22 livres que j'ai lus cet été, c'est le thriller de Barbara Abel Je t'aime que j'ai préféré.
Sans dévoiler plus d'informations que ne donne la quatrième couverture, le contenu du livre tourne autour de l'amour et de la vengeance, sentiments contradictoires mais qui vont être complémentaires dans ce livre. On peut alors penser que ce roman va être un thriller psychologique lourd, long, ennuyeux. Les premières pages pourraient faire penser à un roman niaiseux comme diraient nos amis québecois, mais petit à petit Barbara Abel développe la psychologie de ses personnages, ils prennent de l'ampleur, de la complexité et l'on se rend compte que le roman va être tout en nuances.
La grande force de ce livre est de projeter le lecteur dans le roman. Il va alternativement vivre les aventures des différentes familles. J'avais l'impression d'être à côté des personnages, de partager leurs joies, leurs pleurs, de suivre les hauts et les bas de moral, leurs réflexions. J'étais un nouveau membre de famille, à chaque retournement de situation, pour la moindre progression dans l'enquête, l'histoire me prenait aux tripes.
Mais attention, si Je t'aime est un thriller psychologique, ce n'est pas uniquement un roman psychologique. La seconde partie du roman va plonger le lecteur dans une sorte de course contre la montre, ses nerfs seront mis à dure épreuve comme pour les personnages du roman. Cette seconde partie est d'autant plus prenante qu'elle est crédible : pas de grands moyens comme dans un roman d'espionnage, pas de poursuite comme dans un roman noir des bas-fonds de la société. Ici ce sont des familles lambda dont la vie est altérée, mise en jeu, conditionnée par celles des autres.
L'écriture est d'une efficacité redoutable : fluide, incisive, addictive car l'histoire est perpétuellement relancée.
La seule petite critique que j'aurais à formuler est que, malgré une fin terrible, je trouve l'auteure un peu trop gentille avec ses héros. Elle aurait pu être plus diabolique, plus noire, plus méchante, rendre ses personnages plus pernicieux.
Bref Barbara Abel maîtrise à la perfection le thriller psychologique qui séduire même ceux qui ne sont pas amateurs du genre. J'aime je t'aime.09/09/2018 à 20:32 5
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Reflex
2/10 Je ne sais pas quoi dire pour ne pas être trop méchant suite à la tentative de lecture (plus exactement d'écoute) de ce livre.
Arrivé au quart de ce livre, je ne comprends toujours pas l'histoire, l'enquête car il n'y en a pas vraiment. On subit des pages (des minutes) de laïus sur la violence faite aux enfants, leur manipulation psychologique, dont celles faites dans le passé à l'héroïne du roman, sans comprendre le lien avec l'enquête de laquelle elle a été écartée.
De plus, la voix de la lectrice est à l'image du roman, guère entraînante. Donc abandon.
Cherchant à savoir si cela venait de moi, j'ai cherché des critiques d'autres blogueurs : il semblerait que les 100 dernières pages soient à l'opposé des 400 premières (autant dire qu'il faut de la persistance) avec de nombreux rebondissements, quelque peu excessifs; mais qui ne compensent pas les manquements du reste du livre.03/09/2018 à 21:06 5
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Les Jumeaux de Piolenc
8/10 Si Sandrine Destombes n'est pas à son coup d'essai, son sixième livre Les jumeaux de Piolenc est une révélation pour le grand public amateur de romans policier grâce à l'obtention du prix VSD RTL 2018 du Meilleur Thriller Français, tout comme cela le fût pour moi.
Mais je dois dire que malgré une certaine réticence à me laisser séduire par les prix littéraires, celui-ci est amplement mérité. Tous les éléments pour un succès littéraire, mais également pour le plaisir du lecteur averti de romans policier, sont présents.
Tout d'abord, est-ce du à la récente résurgence de l'affaire Grégory, mais le lecteur se trouve rapidement projeté dans ces affaires de disparition d'enfants. L'analogie avec la réalité, mais également réalité géographique, facilitent cette projection. En effet, si vous êtes curieux, vous découvrirez que Piolenc existe réellement dans le sud de la France, près d'Orange.
Mais bien sûr cela ne suffit pas pour en faire un livre de qualité. C'est avant tout la composition des personnages qui prévaut dans ce roman. Du fait de l'étalement de l'affaire sur plusieurs décennies, l'originalité est de pouvoir confronter deux polices, l'ancienne ayant intervenu sur la première affaire, la nouvelle et ses techniques plus modernes, aux antipodes de la précédente, sur le nouveau cas de disparitions. On peut ainsi voir le désœuvrement, l'impuissance voire la résignation dans l'ancien chef de police (à présent en retraite); alors qu'en même temps, le nouvel inspecteur se jette corps et âme dans l'enquête en y voyant un moyen de progresser professionnellement mais aussi de rompre avec le passé.
Le père est également un personnage fort, psychologiquement affecté par la disparition de ses enfants 30 ans auparavant, puis de sa femme suite à cette affaire, qui voit le cauchemar recommencé, les interrogatoires revenir.
Mais paradoxalement, ce sont les enfants bien que disparus qui sont les plus présents dans cette histoire.
Heureusement, pour les amateurs de romans policier, la qualité de ce roman ne se limite pas aux personnages. Vous pouvez donc y trouver une bonne 'intrigue dont il est possible de trouver la solution, de suivre l'enquête et ses multiples rebondissements qui relancent régulièrement l'histoire et accrochent en permanence le lecteur.
Et puis l'écriture est proche de la perfection : fluide, claire, plaisante; elle nous fait passer un agréable moment.02/09/2018 à 21:38 8