498 votes
-
Les Malvenus
7/10 En bref, un roman noir au cœur d'un village en pleine Première Guerre mondiale. Des personnages travaillés, une intrigue captivante et une ambiance très particulière pour un premier roman prometteur !
Audrey Brière nous propose donc un roman entre huis clos et polar historique. Si vous aimez les atmosphères pesantes des petits villages où les secrets sont bien gardés, vous apprécierez Haut-de-Coeur et ses habitants. L'auteure installe tout de suite son intrigue avec de nombreux détails qui ne peuvent que happer un amateur de polar.
Malgré tout, j'ai eu un peu de mal à entrer dans le récit : beaucoup de personnages sont introduits dès le départ et leurs relations semblent assez complexes. En effet, ce petit village reculé réunit tout les petits orphelins qui ont été recueillis dans un couvent au fil des décennies : tout le monde se connaît depuis l'enfance, des liens se sont créés, d'autres se sont rompus... À nous de démêler tout ça au fil des pages !
Néanmoins, je dois admettre que Audrey Brière réussit parfaitement à développer ses personnages principaux. Ils restent énigmatiques, mais ont une vraie profondeur grâce à des failles qui les rendent humains et des secrets bien gardés.
L'environnement n'est clairement pas propice à la joie et à la bonne humeur, en pleine guerre et dans une période de restriction. Ce contexte historique aurait pu être un peu plus abouti, mais l'auteure a préféré rester dans ce confinement oppressant et parfois malsain.
Ce roman a toutes les qualités d'un très bon polar malgré quelques petits défauts au niveau de la construction, notamment dans certaines transitions. L'auteure nous a avoué lors d'une rencontre que l'on retrouvera le personnage principal Matthias Lavau, qui a encore bien des choses à révéler !09/05/2023 à 09:41 6
-
L'Île des souvenirs
7/10 En bref, un thriller psychologique aux multiples points de vue qui se dévoile petit à petit. Chrystel Duchamp se renouvelle à chaque nouveau roman pour surprendre et jouer avec son lecteur.
Il y a forcément un Chrystel Duchamp qui saura vous convaincre tant ses romans sont différents, que ce soit dans la forme ou dans le fond. Ici, l'auteure nous propose une enquête relatée sous forme chronologique, mais avec différents points de vue : de la victime à l'enquêteur, en passant par des témoins. Et malgré toutes ces informations, elle garde quelques révélations sous le coude qui ne pourront que vous surprendre !
Les thèmes abordés sont très intéressants et on ressent très vite le travail de recherche entrepris, notamment grâce à quelques passages plutôt théoriques mais pertinents. Si les sujets de la psychologie et de la mémoire ne sont pas votre tasse de thé, cela vous paraîtra peut-être un peu lourd, mais j'ai beaucoup aimé en apprendre autant sur les nombreuses expérimentations et découvertes scientifiques au fil des décennies.
Je préfère vous laisser découvrir l'intrigue en détail par vous-même si ça vous tente, car je pense qu'il faut vraiment plonger dedans sans savoir où l'on va : le dénouement n'en est que plus bluffant. Sachez juste que Chrystel Duchamp est machiavélique et qu'elle adore jouer avec ses lecteurs !09/05/2023 à 09:31 4
-
Néréides
7/10 En bref, un thriller surprenant par les thèmes choisis. Christophe Royer montre qu'il n'est pas nécessaire d'en faire trop pour maîtriser une intrigue et happer son lecteur.
Dans ce roman, on retrouve Nathalie Lesage, découverte dans "Lésions intimes" en 2019 puis dans "Une arête dans la gorge" en 2021. Si vous la suivez depuis le départ, vous la retrouverez avec plaisir dans ce nouveau tome qui l'emmène encore dans une enquête hors norme, mais vous pouvez également tout à fait la découvrir ici puisque l'intrigue est indépendante malgré des personnages que l'on a déjà pu croiser antérieurement.
Christophe Royer nous livre ici un récit très mystérieux et nous embarque dans un univers original. Les thèmes principaux sont plutôt classiques (disparition, séquestration, etc.) mais l'auteur réussit à doser correctement les éléments pour que son histoire ne déborde pas d'éléments d'horreur pure et de violence gratuite. J'avais déjà pu le remarquer dans "Lésions intimes" et je suis ravie de voir qu'il reste dans cette optique de thriller "soft", sans démesure.
L'auteur nous offre également une visite virtuelle d'Albi, une ville que j'ai pu découvrir de mes propres yeux et qui est réellement mise à l'honneur dans ce roman, notamment sa cathédrale Sainte-Cécile que je vous conseille de "googliser" pour vous imprégner de son ambiance particulière.
L'intrigue est bien menée, ponctuée par des révélations surprenantes et des partis pris osés. L'action et la tension montent crescendo jusqu'au dénouement qui nous dévoile un décor épatant. Quelques passages m'ont paru un peu faciles, permettant à l'enquête d'avancer rapidement, mais le suspense est tellement présent que ça ne gâche rien.27/04/2023 à 10:31 3
-
Quand la neige danse
8/10 En bref, un thriller efficace. Sonja Delzongle utilise des thèmes bien connus du genre, mais apporte sa touche d'originalité qui permet de passer un très bon moment de lecture !
L'auteure place son héroïne récurrente dans un décor qui nous est beaucoup plus familier que lors du premier tome : retour à Chicago, en plein hiver et où, finalement, Hanah Baxter n'aura qu'une petite place dans l'intrigue. On la retrouve au départ dans sa vie personnelle quelque temps après son retour du Kenya, mais l'appel d'une connaissance va la remettre en selle.
Quand la neige danse aborde la disparition d'enfants, thème maintes et maintes fois abordé dans les polars, mais qui fonctionne toujours avec moi. D'autant plus que Sonja Delzongle réussit à construire une intrigue loin des clichés auxquels on pourrait s'attendre grâce à un point de vue assez original : elle choisit en effet de mettre en avant un père célibataire, nous montrant ainsi que la culpabilité parentale n'est pas uniquement féminine.
On retrouve également d'autres sujets très intéressants dans la suite de son récit, avec une certaine maîtrise sur les infos qu'elle nous apporte qui suscite un réel intérêt de la part du lecteur.
L'auteure nous offre en réalité un vrai panel de personnalités éclectiques et crédibles, avec leurs réussites, mais surtout leurs failles et les fêlures du passé qui ne demandent qu'à éclater au grand jour. C'est une intrigue comme je les aime, dans une petite ville où tout le monde se suspecte les uns les autres et où le suspense est à son comble jusqu'au dénouement.27/04/2023 à 10:26 4
-
Entre fauves
8/10 En bref, un roman choral percutant sur le thème de la condition animale. Colin Niel réussit à ne pas rendre son récit manichéen : un tour de force remarquable !
La narration alterne entre quatre protagonistes aux destins diamétralement opposés : un garde-chasse des Pyrénées, une jeune femme aisée adepte de la chasse, un jeune Namibien et un lion solitaire. L'auteur nous propose différents points de vue qui vont se regrouper autour d'un thème fort : la chasse et, plus précisément, les trophées de chasse.
Il ne faut pas être trop sensible sur ce sujet puisque les chapitres concernant Appoline sont assez explicites : j'ai eu personnellement beaucoup de mal à passer outre mon aversion envers ce genre de personnes qui considère les animaux comme de simples objets à "gagner" et cette dissonance cognitive affligeante qui met en parallèle la beauté des animaux et le plaisir de les tuer...
Néanmoins, Colin Niel nous propose des pistes de réflexion qui vont au-delà, pour nous montrer que la proie n'est pas toujours celle que l'on croit et que l'on n'est jamais à l'abri de revenir sur ses propres convictions ou ses propres choix de vie.
C'est finalement assez compliqué à appréhender quand on est sûr que nos décisions sont les bonnes, que ce soit pour nous ou pour la vie animale en général, mais je pense qu'il est très intéressant de pouvoir se remettre en question individuellement lors d'une lecture fictionnelle. C'est un réel talent de la part de l'auteur de savoir toucher son lectorat de cette façon.
D'autres sujets annexes sont également développés, notamment l'impact des réseaux sociaux.27/04/2023 à 10:19 5
-
Inexorable
7/10 En bref, un roman noir percutant sur la famille et l'injustice... Un quasi-coup de cœur malgré un dénouement qui ne m'a pas convaincu.
Si vous connaissez un peu les romans de Claire Favan, vous savez que ses thèmes de prédilection sont notamment la famille et l'aide à l'enfance. Celui-ci ne fait pas exception puisque Milo va connaître, dès son plus jeune âge, des expériences difficiles. Incarcération du père, haine et ressentiments de la mère, quelle belle ambiance pour évoluer et grandir sereinement, n'est-ce pas ?
Claire Favan montre ici les conséquences psychologiques que peuvent provoquer ces événements sur un jeune enfant, mais, plus important et plus révoltant encore, le cruel manque de considération, de professionnalisme de l'équipe éducative face à des problèmes de comportement. C'est un profond sentiment d'injustice qui m'a pris dès le départ et qui m'a tenu sur les 3/4 du roman tant certaines réactions m'ont semblé cruellement arbitraire et parfois abusive, sous couvert d'une "mauvaise réputation".
Le coup de cœur pointait le bout de son nez, notamment, car l'auteure a su rythmer son récit et introduire un certain suspense grâce à une enquête policière. Malheureusement, le dénouement n'a pas réussi à être à la hauteur pour moi... J'ai trouvé qu'il était totalement à l'opposé du message du roman et de sa préface (par le fils de l'auteure, sur la différence et la discrimination) : j'ai eu l'impression que, finalement, on donnait raison aux personnes qui jugent sans chercher à comprendre, que l'on justifie ce "délit de faciès"... C'est une déception face à l'importance du sujet et à l'impuissance d'un enfant à gérer ses émotions, le désœuvrement d'une mère.27/04/2023 à 10:09 3
-
Il reste la poussière
9/10 En bref, un roman noir aux confins de la Patagonie du XIXe siècle. Des sujets forts, de la tension psychologique et une ambiance oppressante.
Sandrine Collette n'a plus rien à prouver quant à son talent à écrire des romans noirs, souvent très noirs même. Ce titre ne déroge pas à la règle avec un décor et une ambiance pesants à souhait. L'auteure nous embarque en Patagonie, aux côtés des gauchos, ces fermiers qui gèrent leurs troupeaux sur leurs chevaux, sur une terre aride et désolée.
La précarité de l'époque ainsi que les difficultés des conditions de vie sont parfaitement retranscrites : la pauvreté, l'aridité des sols et la dureté du travail dépeintes à chaque page nous font ressentir une certaine pesanteur dans la lecture, nous imprègnent profondément.
De plus, l'auteure aborde le sujet des relations familiales et notamment de la rivalité fraternelle. Encore une fois, le thème est maîtrisé grâce à l'alternance des points de vue de chaque personnage ainsi qu'à des événements qui vont faire basculer l'entente déjà fragile de la fratrie.
L'évolution de l'intrigue est très intéressante, notamment dans la deuxième partie dans laquelle un élément perturbateur va remettre en question tout l'équilibre : les tensions vont s'accentuer, la méfiance va s'installer et la violence sous-jacente finalement exploser.27/04/2023 à 09:51 3
-
Fin de ronde
9/10 En bref, une trilogie à la sauce King que j'ai pris plaisir à découvrir !
Je suis ravie d'avoir pu lire et terminer cette trilogie dans un temps relativement raisonnable (j'ai lu le tome 1 en avril 2021) afin d'oublier le moins de détails possibles et de garder cet attachement aux personnages qui est un des points forts de ces histoires.
Je garde un avis un peu plus mitigé pour le tome 2 "Carnets noirs", clairement un tome de transition et qui n'est pas forcément indispensable à mon sens... (mon avis est à retrouver dans les slides suivantes)
"Fin de ronde" reprend donc l'histoire de base que l'on découvre dans "Mr Mercedes", avec l'équipe au complet. J'ai beaucoup aimé retrouver tous ces personnages qui se complètent et s'entraident dans une ambiance chaleureuse malgré les événements et les problèmes de chacun.
Un tome donc qui conclut parfaitement cette saga, même si le dénouement n'est pas celui que j'espérais... Pour continuer à suivre les protagonistes, rendez-vous dans "L'outsider" et la nouvelle "Si ça saigne".
27/04/2023 à 09:41 2
-
Glaise
9/10 En bref, un roman rural noir, sans grande lueur d'espoir... Franck Bouysse montre encore une fois son talent à dépeindre des scènes de vie dans tout ce qu'elles ont de plus sombre et de plus cru.
Le créneau de l'auteur, c'est le roman noir, assurément. Avec Glaise, Franck Bouysse nous montre la précarité, la rudesse et la violence des conditions de vie des paysans au début du XXe siècle, tout en gardant une certaine poésie dans sa plume avec de nombreux passages métaphoriques ou tout simplement descriptif. L'auteur n'épargne cependant ni ses personnages ni ses lecteurs avec certaines scènes crues et violentes (violences conjugales, viols, maltraitance animale, etc.).
Si on ne peut que s'attendrir de la relation presque paternelle entre Joseph et Léonard, Villette est une abomination totale et, malgré certaines circonstances qui pourraient expliquer son caractère, il est très compliqué de passer outre ses actions odieuses.
Le meilleur développement psychologique est fait sur les femmes de ce roman : elles ont toutes une évolution intéressante dans leur comportement, face aux différents changements apportés par la guerre, aux responsabilités du foyer qui leur retombaient sur les épaules.
Juste un point sur l'histoire globale : il faut être prêt(e) à devoir interpréter les éléments que l'auteur nous donne et à rester sur sa faim en lisant le dénouement. L'ambiance lourde et pesante est présente tout au long du roman, mais elle s'accentue jusqu'aux derniers chapitres où tout s'enchaîne pour les protagonistes et où certaines révélations surprenantes explosent.13/03/2023 à 11:17 3
-
Douve
8/10 En bref, un huis clos au cœur d'un village isolé. Victor Guilbert maîtrise parfaitement son ambiance et crée un personnage récurrent au lourd passé : un polar brillant !
Ce roman a eu un assez beau succès à sa sortie et je comprends désormais pourquoi : entre roman d'atmosphère, quête identitaire et polar rural, l'auteur nous livre une histoire qui reste en mémoire longtemps.
Que ce soit Douve, ce village isolé de tout et de tous, voie sans issue, ses habitants peu avenants ou le passé obscur du personnage principal : tout est là pour que le lecteur plonge dans ce récit captivant.
Victor Guilbert arrive parfaitement à nous décrire Douve comme un protagoniste à part entière : ses années glorieuses, puis sa déchéance ainsi que ses réminiscences dans les mémoires de chacun... Le mystère est opaque, presque poisseux, à l'image des forêts qui entoure le village et qui semblent vouloir tout engloutir pour enfin oublier.
Si vous recherchez un polar pur et dur, passez votre chemin, vous ne trouverez sans doute pas votre compte dans l'enquête pour meurtre qui nous amène ici, mais qui n'est finalement qu'un prétexte pour Hugo de revenir sur ses origines, et essayer de comprendre les rouages de ses souvenirs qui l'obsèdent.
Le suspense est à son comble du début à la fin, notamment grâce à une mise en abîme parfaitement ancrée dans l'intrigue globale. Les révélations sont nombreuses et surprenantes, même si les derniers chapitres sont un peu trop condensés pour moi : j'aurai pu me contenter de quelques rebondissements en moins pour qu'une certaine crédibilité soit respectée au maximum.13/03/2023 à 11:11 3
-
La Villa rouge
7/10 En bref, un thriller rythmé par des temporalités différentes et un mystère autour d'une villa maudite. Une bonne lecture malgré quelques défauts typiques des U.S.A. avec de l'action et des rebondissements crescendo...
Le roman est découpé en plusieurs parties, correspondant à une époque différente. Si l'alternance des temporalités est devenue très classique dans les thrillers maintenant, c'est particulièrement intéressant de pouvoir suivre chaque époque de façon distincte ici pour ne pas tout mélanger. En effet, on tourne autour des mêmes protagonistes et, surtout, autour de la villa rouge, maudite depuis des générations.
J'ai eu un peu de mal au départ, car le travail de développement des personnages est bizarrement amené... La première partie paraît très manichéenne avec le méchant et les gentils flics, mais l'on se rend bien compte que quelque chose cloche. Finalement, le duo d'auteurs redresse habilement la barre en apportant des nuances dans l'évolution de l'intrigue.
Cette malédiction qui plane autour de ce manoir m'a beaucoup plu, j'ai aimé découvrir petit à petit tous les liens entre secrets de famille, amitiés adolescentes et problèmes psychologiques. Rien de bien nouveau puisqu'on tourne autour du sujet de l'hérédité du mal, maintes fois utilisé, mais l'ensemble est captivant avec une dose de suspense qui tient le lecteur en haleine.
J'ai seulement un petit bémol sur le dénouement, mais c'est tout à fait personnel : cette avalanche de révélations et de retournements de situation me semblent un peu too much, une sorte de mode hollywoodienne qui ne fonctionne pas vraiment avec moi.13/03/2023 à 11:01 2
-
Du Bruit dans la nuit
8/10 En bref, un thriller efficace à l'ambiance qui frôle le surnaturel... Linwood Barclay se surpasse dans cette intrigue aux révélations multiples !
Je n'ai pas forcément de très bons souvenirs avec mes lectures de l'auteur : certaines ont été bonnes, sans plus, ce genre de thrillers qu'on lit vit et que l'on oublie tout aussi rapidement... J'ai donc été agréablement surprise par ce titre dans lequel il s'est surpassé ! Un vrai page-turner avec des ingrédients captivants.
L'auteur crée, dès le départ, une ambiance assez oppressante avec le stress post-traumatique de son héros et des événements qui vont petit à petit nous faire sombrer dans un univers un peu paranormal. Et c'est là que tient tout le mystère : qui est derrière ces bruits dans la nuit ? Les fantômes peuvent-ils vraiment resurgir du passé ?
Paul, le personnage principal, est tellement perturbé qu'il en devient attachant : sa descente aux enfers est bien retranscrite, on ressent réellement son mal-être grandissant, sa paranoïa qui se développe et cette détresse qu'il n'arrive pas à exprimer à son entourage.
Le brio de cette histoire tient cependant essentiellement sur la dernière partie, où les révélations fracassantes s'enchaînent et où le lecteur est balancé dans une vague d'action et d'aveux surprenants ! J'ai été scotché par ce dénouement épatant auquel je ne m'attendais absolument pas. Une réelle bonne surprise qui me donne envie de creuser un peu plus dans la bibliographie de Linwood Barclay pour trouver ces petites pépites que je ne connais pas encore.13/03/2023 à 10:54 2
-
La Faussaire
7/10 En bref, un premier roman plutôt bien maîtrisé, inspiré de faits réels. Cependant, les personnages me sont restés antipathiques et quelques questions sont en suspens...
J'aime beaucoup les romans inspirés de faits divers, cela permet de découvrir des affaires, sous un prisme différent de celui de la presse. Ici, Patricia Delahaie aborde les relations de manipulation, le caractère de pervers narcissique. Le parti-pris le plus surprenant étant de mettre en position de force la femme, en positon de victime l'homme. Certes, les chiffres des violences conjugales (physiques comme psychologiques) sont accablants pour le sexe masculin, mais il est aussi important de rappeler que certaines femmes peuvent être coupables.
Néanmoins, certains détails n'ont pas réussi à me convaincre. Tout d'abord, je n'ai malheureusement pas pu m'attacher aux personnages décrits, que ce soit à Paul, malgré sa personnalité, ni à Camille ou même à Céleste, sa fille. Il est compliqué de juger une relation d'emprise lorsqu'on n'y est pas soi-même confronté, mais le comportement du médecin exemplaire qui va aussi loin pour une femme qu'il a croisé sur le bord de la route me laisse perplexe...
Malgré tout, Patricia Delahaie contrôle le rythme de l'histoire grâce à des transitions temporelles multiples, ainsi qu'à de nombreux points de vue sur les rapports du couple adultère. J'aurai apprécié que l'auteure exploite à fond son sujet, notamment concernant le personnage de Céleste, qui paraît déconnecté de la réalité tout au long du roman sans que l'on ait réellement d'explications. Certains aspects psychologiques sont mis de côté, me laissant sur ma faim.13/03/2023 à 10:42 3
-
Sur un arbre perché
6/10 En bref, un thriller lancé sur les chapeaux de roue... Quite à subir quelques surenchères et perdre en crédibilité. Cependant, Gérard Saryan aborde des thèmes très intéressants sur les relations familiales.
J'ai beaucoup aimé les premiers chapitres, sur la disparition du petit Dimitri et, surtout, sur la culpabilité et la pression mises sur les épaules d'Alice, la belle-mère. C'est assez rare que les intrigues sur les kidnappings soient portées par un beau-parent : c'est un point de vue pourtant très intéressant, notamment lorsqu'on aborde la place de la personne dans le noyau de la famille, avec des responsabilités de parent à part entière, tout en gardant ce sentiment de "pièce rapportée" qui ne s'intègre jamais vraiment...
Malheureusement, Gérard Saryan a choisi d'écrire un thriller d'action, qui va à mille à l'heure : un point qui n'aura pas réussi à me convaincre, d'autant plus quand le personnage qui mène l'enquête n'a aucune compétence ni aucune autorité judiciaire, mais arrive tout de même à trouver des indices et à entrer dans des univers inaccessibles a priori. C'est ce qui m'a fait décroché de l'intrigue, le manque de crédibilité a totalement détruit le sentiment d'empathie que j'avais commencé à nouer envers Alice.
D'autant plus que l'auteur multiplie les lieux et les points de vue, mêlant plusieurs enquêtes avec kidnappeur en série qui me plaisait beaucoup, mais qui n'a pas été exploité à son maximum... Je pense qu'il aurait fallu se concentrer sur une intrigue à la fois, ou alors créer un "vrai" polar avec une enquête mise en avant et traitée en totalité.
Cette première rencontre avec Gérard Saryan n'est pas forcément aussi plaisante que je l'attendais, j'espère pouvoir me faire un deuxième avis dans le futur.13/03/2023 à 10:35 1
-
Le Bureau des affaires occultes
5/10 En bref, un polar historique étayé, laissant malheureusement les intrigues de côté... Ce premier tome n'est qu'une introduction aux promesses du résumé.
Le lecteur plonge dans une enquête ancrée dans un contexte historique lourd (la monarchie de Juillet) avec un travail de recherche maîtrisé et très appréciable. J'ai d'ailleurs été agréablement surprise par les nombreuses références de l'auteur, notamment au niveau scientifique, avec les recherches de Joseph Pelletier ou encore celles de Mesmer.
Malheureusement, j'ai assez vite déchanté en voyant que ce contexte historique prenait beaucoup plus de place que l'enquête et les intrigues du départ. J'aime les polars historiques, mais surtout les polars donc je cherche quand même de l'investigation.
Les deux petites histoires qui se mêlent dont celle qui permet d'en apprendre plus sur le personnage principal récurrent, Valentin Verne, ne sont finalement que peu exploitées, car le lecteur doit attendre le dernier quart du roman pour enfin avoir des réponses et entrapercevoir le potentiel promis. Et c'est seulement à ce moment-là que le titre prend son sens, que l'histoire démarre réellement. Une première partie qui pose les bases, mais qui ne suffit pas à apprécier sa lecture car le sentiment d'inachevé est vraiment trop fort.
Si vous voulez tenter cette lecture : ayez les deux tomes en votre possession, car certaines révélations finales de ce premier opus vous donneront envie d'en savoir plus rapidement. C'est d'ailleurs le paradoxe : ai-je vraiment envie de lire la suite alors que je me suis ennuyée sur les 3/4 de celui-ci ?!05/02/2023 à 11:12 4
-
À vif
9/10 En bref, un thriller à l'intrigue plutôt classique dans son déroulement, mais René Manzor mise tout sur ses personnages et les faux-semblants... J'en ressors bouche bée !
Je découvre l'auteur avec ce titre et ce ne sera certainement pas le dernier tellement j'ai été emportée dans cette histoire ! René Manzor a une plume très fluide et rythmée, c'est souvent le cas des auteurs qui sont également réalisateurs à l'écran et cela se ressent immédiatement.
Pour les lecteurs qui ont l'habitude des thrillers avec tueur en série et/ou avec disparition d'enfants, l'intrigue paraîtra sans doute basique dans son déroulement... Selon moi, cette histoire est vraiment portée par les deux personnages principaux, notamment par Novak, à la personnalité atypique. Le cliché du mec brisé par son métier n'est pas évité, mais ce n'est que le point de départ d'un développement psychologique très intéressant et qui va être déterminant dans le dénouement.
L'auteur s'amuse avec le lecteur, n'hésitant pas à le perdre dans les fausses pistes et dans les faux-semblants de chacun, jusqu'au final qui m'a totalement bluffé ! Certains indices peuvent mettre la puce à l'oreille, mais vous n'êtes sûrement pas prêts à découvrir ce que René Manzor vous prépare.05/02/2023 à 11:08 7
-
Les Fêlures
7/10 En bref, un roman noir aux multiples facettes, où l'énigme de départ n'est que la conséquence de vies gâchées... Des thèmes forts, du suspense jusqu'à la moitié du récit, mais une fin qui traîne un peu en longueur.
Barbara Abel s'attaque à des sujets difficiles dans ce roman : suicide, relations toxiques, familles dysfonctionnelles... Il est également question de culpabilité, de remords et d'amour filial et passionnel, un savant mélange psychologique que l'auteure manie avec brio. Un roman que tout le monde n'appréhendera pas de la même façon selon son propre vécue, mais qui s'avère être une énigme prenante, à la limite du crime parfait, où la patience du lecteur est mise à rude épreuve.
Entre les différents points de vue et les nombreux flash-back, les révélations sont nombreuses et toujours surprenantes. L'auteure nous fait bien comprendre que les apparences sont trompeuses, et qu'elle n'a pas fini de nous mener en bateau jusqu'à la révélation finale.
Là où le bât blesse, c'est que j'ai eu beaucoup de mal à m'attacher aux personnages, ce qui leur a porté préjudice tout au long de ma lecture puisque l'empathie manquait réellement... Mis à part peut-être Martin à certains moments, aucun n'a réussi à m'émouvoir.
La première moitié du roman m'a vraiment happé, puis j'ai ressenti quelques longueurs, une impression de tourner en rond dans la partie du présent. Heureusement que les retours dans le passé apportent le rythme et alimente notre curiosité tout au long du récit. Néanmoins, je reste sceptique sur le dernier chapitre, loin d'être indispensable selon moi.05/02/2023 à 11:05 3
-
Un Pied au paradis
7/10 En bref, un roman graphique à l'intrigue typique des romans américains où l'ambiance est bien retranscrite malgré des dessins parfois rudimentaires...
Le roman graphique n'est pas mon genre de prédilection, je suis assez novice dans les termes spécifiques du genre... Je ne vais donc pas trop m'attarder là-dessus, seulement pour parler des traits du dessinateur qui ne m'ont pas forcément plu plus que ça, je les ai trouvé un peu grossiers, notamment pour les personnages. Cependant, on ressent tout de même l'ambiance générale du Midwest dans les années 50 : la vie rurale, la précarité des fermiers, les croyances et la religion. Les couleurs sont très vives, dans les tons verts et jaunes pour la journée et violets pour les scènes obscures, ce qui permet de bien se situer.
Je n'ai pas lu l'œuvre originale de Ron Rash donc je ne pourrai pas comparer, mais j'ai beaucoup apprécié cette version, avec une construction qui tient vraiment du roman, différentes parties correspondant aux points de vue des personnages, des phrases de narration intercalées entre les bandes pour étoffer l'histoire et apporter un développement supplémentaire aux protagonistes.
L'intrigue en elle-même m'a beaucoup plu également, mêlant une histoire de mœurs banale et des faits historiques tels que l'essor des compagnies d'électricité et l'expropriation de centaines d'habitants. D'autres thèmes sont également abordés, de façons un peu moins précises comme la guerre de Corée ou encore les liens familiaux et l'exode rural.
Je suis seulement un peu frustrée du final, qui laisse quelques questions en suspens... Volonté de Michele Foletti ou de Ron Rash dans son roman ?05/02/2023 à 10:58
-
Un oeil bleu pâle
5/10 En bref, un polar historique intéressant, à l'ambiance particulière, mais les longueurs et les digressions de l'auteur plombent la lecture...
Le récit est dominé par le personnage principal, Gus Landor, inspecteur à la retraite, et entrecoupé de quelques échanges épistolaires avec un élève officier qu'il va découvrir lors de son enquête : Edgar Allan Poe.
A de nombreuses reprises, le narrateur s'adresse directement au lecteur, je sais que ça ne plaît pas à tout le monde et ça m'a moi-même dérangé au départ.
L'intrigue se passe en huis clos, dans le camp militaire de West Point, aux Etats-Unis, ce qui est assez rare pour l'époque victorienne. Cependant, on ressent tout de même une atmosphère sombre, presque gothique avec ses scènes nocturnes et des allusions aux satanisme à cause du procédé du meurtrier.
Si l'on découvre très rapidement la première victime, le récit m'a tout de même semblé très long à certains passages, notamment à cause de digressions sans grand rapport avec l'enquête et qui n'intéresseront pas forcément le lecteur... D'autant plus qu'ensuite, l'élève Poe arrive et nous abreuve de ses discours poétiques et de ses envolées lyriques.
J'ai trouvé que le rythme de la lecture s'en ressentait vraiment et qu'il était parfois compliqué de retrouver le fil des indices à travers le bla-bla des deux personnages.
Néanmoins, les 100 dernières pages se concentrent réellement sur l'histoire de base et l'intérêt revient immédiatement. J'ai été assez surprise par ce dénouement et certaines révélations, cependant, je pense que l'effet aurait été décuplé si l'auteur était allé droit au but, avec peut-être 200 pages de moins...05/02/2023 à 10:54 1
-
La Saignée
5/10 En bref, une petite déception pour ce nouveau roman d'un des grands-maîtres du thriller français... Une intrigue qui ne m'enchantait pas de base, des personnages antipathiques et un dénouement que j'avais deviné ; seule la plume addictive m'a fait tenir bon !
J'ai adoré les thrillers de l'auteur que j'ai pu lire et je partais donc assez confiante dans celui-ci malgré une thématique qui ne m'intéresse pas particulièrement : le darknet. Néanmoins, je sais que l'écriture ainsi que la construction des romans de Cédric Sire m'emportent systématiquement.
C'est d'ailleurs le seul point fort pour moi dans cette lecture, ce petit détail qui fait que mon appréciation n'est pas aussi mauvaise que ce qu'elle aurait pu être : la facilité à tourner les pages.
Parce que, à part ça, rien n'a su me convaincre... Ni les personnages imbuvables à souhait et aux mœurs plus que douteuses, ni l'enquête en elle-même que j'ai trouvé beaucoup trop évidente, sans parler de la violence gratuite qu'elle soit physique ou psychologique.
En effet, dans les 100 premières pages, des suppositions tournaient déjà dans ma tête. J'ai eu beau espérer tout le long que ce ne soit finalement pas ça et croiser les doigts pour que l'auteur arrive à me surprendre en beauté, j'avais quasiment tout deviné, la dernière révélation choc ne remonte pas vraiment le niveau.
Si je dois retirer quelque chose de cette lecture, c'est bien la conclusion qu'il ne faut jamais donner une confiance aveugle à un auteur.
05/02/2023 à 10:51 2