Dany33

535 votes

  • Duelle

    Barbara Abel

    9/10 Première publication en 2006, réédité en 2017 … une pépite !
    Un bonheur de retrouver un thriller noir, très noir, bâti sur le même principe que « l’innocence des bourreaux » car oui, même les gens ordinaires ont leurs secrets … Une famille gangrenée comme le dit l’auteure : « une histoire de mensonges, de jalousie, de rivalité, de non-dits, d’hypocrisies et d’apparences trompeuses ». C’est aussi une histoire sur la gémellité et comme souvent chez Barbara Abel, sur fond d’instinct maternel. 413 pages à Bruxelles qui démarrent comme une téléréalité, menées tambour battant, pour terminer comme une saga familiale !

    26/07/2017 à 17:49 6

  • Et le mal viendra

    Jérôme Camut, Nathalie Hug

    10/10 «… est-il légitime de recourir à la violence pour que cesse la violence ?
    Ou plutôt, n’est-il pas de notre devoir de le faire ? »

    Un thriller à large spectre … tout autant philosophique que sociétal, à la fois tome 2 et préquel, saga familiale et road movie et qui pose LA question : peut-on/doit-on avoir recours à la violence, même extrême, en cas d’urgence absolue, pour provoquer la prise de conscience et l’action ?
    Deux hommes se sont « affrontés » à la sortie du Bataclan en novembre 2015 et leurs destins ont basculé. Morgan a ensuite croisé le regard d’un gorille dominant et il est lui-même devenu Silverback, le défenseur des opprimés, entraînant à sa suite ses enfants. Quant à Julian, c’est la voie de la légalité qui l’a guidé dans la traque de Morgan et de son armée.
    Que vous ayez lu ou non Isla Nova, vous serez emporté par l’intrigue qui mêle notre quotidien et celui des pays du sud, à la fiction … d’ailleurs, est-ce bien la fiction ou une simple anticipation de ce qui nous guette à très brève échéance ?
    Eminemment actuel, le sujet de l’avenir de l’humanité nous prend aux tripes et de façon bien efficace. Nous avons en plus du désastre écologique, des terribles conflits de l’eau (passés, présents ou à venir) à confronter notre vie actuelle à la très prochaine existence sous contrôle intégral de l’IA, l’intelligence artificielle.
    Notons à ce sujet, la parution simultanée du thriller de Bernard Minier qui nous alerte lui aussi avec M, le bord de l’abîme, sur les dangers d’un détournement de ces « petites boîtes magiques » qui nous accompagnent de plus en plus, sur le « tout connecté ». Le danger est bien présent !
    Secouée je suis après ce thriller capable de réveiller bien des consciences, qui fait écho à mes convictions écologiques quand la réalité donne malheureusement raison à la fiction, tant la vraisemblance et la précision interpellent le lecteur.
    La construction atypique de l’intrigue, si elle déroute dans ses premiers chapitres, devient peu à peu une évidence, pour ce thriller complémentaire d’Islanova paru en 2017 (à lire avant ou après, mais à lire de toute façon). Trois périodes (2015-2016, 2025 et 2028), indissociables et éclairantes. LA question reste entière mais au moins est-elle posée dans une actualité où la jeunesse en perte d’espoir s’oppose aux générations qui n’ont rien fait par avidité, en lui demandant d’agir utilement …enfin !

    09/12/2020 à 09:50 3

  • Et les vivants autour

    Barbara Abel

    9/10 Deux générations, trois couples …
    Dans la famille Mercier, je demande les parents, catholiques convaincus : un mâle dominant chef d’entreprise irrespectueux et une épouse soumise, véritable réserve de vengeance en devenir.
    Je demande maintenant l’aînée, Charlotte tente avec son mari de maintenir une petite entreprise en perdition, à la recherche d’une solution financière. Elle a quelques frustrations à gérer.
    Enfin, dans le couple de la benjamine nous avons le malheur, la souffrance à laquelle il est proposé de mettre fin en abrégeant un coma … c’était sans compter sur l’ultime alternative à gérer, qui déchirera les restes d’une complicité familiale bien légère en fait !
    Nous avons toutes et tous des choix à faire tout au long de la vie … des petits choix sans trop de conséquences et d’autres beaucoup plus définitifs …

    Au fil de ce roman à très haut potentiel de suspense, si certains sont ignobles sans excuses possible, d’autres personnages méritent que l’on tienne compte de leurs circonstances atténuantes, car ils en ont. L’empathie du lecteur sera d’autant plus sollicitée que, comme dans tous ses romans, Barbara Abel met en scène des personnes « ordinaires », un peu moins ordinaires cette fois que dans ses précédents romans, avec cette question récurrente sous sa plume : qu’aurais-je fait à sa place ?, et son lot de surprises jusqu’à la toute dernière page !
    J’ai beaucoup aimé endosser les émotions que nous procure l’auteure, intimes s’il en est, dérangeantes souvent, pudiques toujours. Du grand art pour un pur moment de bonheur pour le lecteur … et non pas pour les personnages élégamment malmenés.

    30/03/2020 à 09:54 6

  • Grossir le ciel

    Franck Bouysse

    7/10 Etrange roman que cette chronique campagnarde à la manière de celle qu’aurait pu écrire Giono s’il avait vécu dans les Cévennes. La dure réalité du monde « agriculteur » attaché aux bêtes plus qu’aux hommes et qui mijote pratiquement en vase clos quoiqu’en plein air. La vie de Gus va être bousculée alors que la télévision rend hommage à l’abbé Pierre qui vient de mourir. Ces presque 240 pages toutes épurées, dans un style précis, nous déroulent les états d’âme de ce solitaire qui, se complaisant dans sa routine rassurante, va découvrir ses origines … trop tard.

    06/11/2016 à 17:41 6

  • J'attraperai ta mort

    Hervé Commère

    8/10 Le plus dangereux avec cet auteur c’est que ses loubards sont sympas … ou presque, les méchants ont de bonnes raisons de l’être même si leurs manières sont disproportionnées et dans ce roman, telle la jument verte voit défiler des générations dans la ferme où elle est accrochée, la petite maison d’Etretat voit défiler les propriétaires et en a beaucoup à raconter au travers de ses trois narrateurs successifs. Ce roman, trop court, est le premier d’Hervé Commère et mérite le détour. On y retrouve le rythme de ses autres romans et son attachement à la Normandie … il pourrait être le cousin de Michel Bussi. Du coup il m’en reste un à lire avant d’avoir bouclé l’intégrale, j’y vais de ce pas !

    24/08/2015 à 14:31 6

  • La Piste aux étoiles

    Nicolas Lebel

    8/10 Je connais bien Mehrlicht depuis plusieurs années, je demande régulièrement des nouvelles de sa santé à Nicolas Lebel et je viens de faire connaissance avec Luc Mandoline. Je m’attendais à du morbide, du glauque, du froid puisqu’il est embaumeur. J’ai tout de même été surprise par le résultat !
    L’auteur s’emploie à faire vivre le personnage de la série que French Pulp a eu la bonne idée de reprendre. Fort de son expérience dans la Légion Etrangère, le héros est approché par Interpol pour répondre favorablement à une offre qu’il avait refusée au nom de l’éthique. En contrepartie il lui est assuré qu’il pourra honorer la promesse faite à son frère d’arme en fâcheuse posture. Le voici embarqué en Turquie, puisque la France a interdit la plastination(1) et les expositions qui ont recours à cette technique. Embarqué donc par un artiste macabre Madsen, nostalgique de l’émission de télévision, disciple de Gunther von Hagens, secondé par une armée de trafiquants qui « rendent service » et ainsi justifient leurs gains … Le lecteur retrouvera le Nicolas Lebel prompt a dégainer des situations improbables et alerter sur des scandales malheureusement bien quotidiens avec une petite romance en prime pour les âmes sensibles.
    Une pause salutaire pour reprendre le souffle entre deux thrillers intenses.
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    (1) Plastination : technique de conservation des corps …

    10/12/2019 à 10:26 6

  • Le Dernier Lapon

    Olivier Truc

    8/10 Ce n’est pas un polar nordique comme ceux de Olsen, Nesbo ou encore Läckberg. Non il s’agit d’un polar « lapon » qui se situe bien plus au nord. Rien à voir avec ce que j’ai lu jusqu’à maintenant : l’auteur nous entraîne chez les derniers ressortissants d’une culture bien malmenée par les « prospecteurs » aux méthodes inavouables et leurs très puissants patrons. La nature hostile y est un personnage à part entière, tout comme la corruption.
    A part ça les ingrédients habituels y sont : le duo de flics (de la brigade des rennes) avec la petite nouvelle et le vieux briscard chargé d’un secret qu’on ne découvrira qu’au dernier chapitre, les collègues ambitieux et prêts à tout pour monter dans la hiérarchie, les amours cachées et la pédophilie, sans oublier l’alcool car à cette latitude, il faut supporter la tempête … une intrigue exotique donc et bien menée que j’ai pris plaisir à lire et une Laponie à découvrir.

    01/07/2015 à 14:06 6

  • Le Jour du chien

    Patrick Bauwen

    8/10 Lecteurs, laissez vos hypothèses, même les plus réalistes et rationnelles, au vestiaire : cet auteur vous manipule avec brio jusqu’au bout de son intrigue « à tiroirs ».
    Patrick Bauwen a quitté les USA et cette fois l’action se passe à Paris. Une attaque sanglante dans le métro fait replonger le très séduisant Docteur Kovak dans les affres du deuil, non abouti, de Djeen. Une histoire d’intégration, d’amitié, de bienveillante complicité avec des anciens compagnons de délinquance de banlieue : c’est tout ça ce thriller et plus encore !
    Le rythme est soutenu, les personnages attachants ou repoussants, leurs liens contre nature ou contre raison. En prime l’auteur vous offre une visite glauque des catacombes, une autre de Montmartre et quelques conseils d’hygiène de vie … Très plaisant et prenant !

    05/05/2017 à 08:08 6

  • Les Oubliés de Dieu

    Ludovic Lancien

    9/10 La tératologie est la science des anomalies de l'organisation anatomique, congénitale et héréditaire, des êtres vivants
    L'acromégalie : est un trouble hormonal qui provoque une augmentation anormale de la taille des pieds et des mains et une déformation du visage, y compris à l'âge adulte
    Ludovic Lancien nous propose une intrigue dérangeante par son sujet, mais addictive par son style et ses personnages et surprenante par ses retournements de situation. Nous sommes plongés dans l’horreur de la déviance.

    Une étrange découverte que ce roman, à la fois malsain, envoûtant, tant la situation est singulière. Un médecin, Richard Mievel, est assassiné mais très vite le lecteur se questionne : victime ou coupable ou encore les deux à la fois ? Il a pêché par ce qu’il a enduré dans sa jeunesse, devenu passionné par le comportement de ses compagnons d’infortune, dont la vie est altérée par des anomalies génétiques. Cependant, après sa disparition, les morts continuent à s’accumuler. Richard a laissé un cahier « Gnadentod », un recueil crypté, bourré références. Aux détours de cette intrigue, nous voici confrontés aux dures réalités des victimes de maladies orphelines, des difficultés de leur prise en charge.
    Alors ce médecin, victime expiatoire ? Pour le savoir ou tenter d’approcher la vérité, le capitaine Gabriel, par ailleurs en grande détresse personnelle, va devoir replonger dans ses souvenirs, ses amitiés de jeunesse, qui témoignent d’une certaine perversité par la pratique du « tourisme noir ». Il ne s’agit pas d’une nouvelle destination exotique mais des raffinements morbides dont nous découvrirons les subtilités. Tentant direz-vous ? Je vous laisse la responsabilité de ce jugement !
    Au-delà de cette intrigue, il y a une réflexion sur la différence, celle que l’on voit et celle que l’on vit … les limites et les outrances de l’exercice du vivre ensemble. J’ai apprécié ces interrogations subliminales.
    L’auteur signe avec ce thriller, plus profond qu’une simple traque, vrai polar d’investigation, un deuxième roman très prometteur. Un très bon moment de lecture, aux confins de l’horreur …

    30/11/2020 à 10:00 6

  • Little Bird

    Craig Johnson

    8/10 Il s’agit d’un roman très touchant ou devrais-je dire un western moderne, avec ADN et empreintes. De nos jours un sérail killer se révèle être le vengeur d’une jeune cheyenne déficiente mentale, victime de l’alcoolisme fœtal et d’un viol. De quelle communauté est issu ce tueur ? Le shérif va devoir aller au-devant de la communauté cheyenne et va se confronter à sa culture, à ses esprits. Ce roman m’a fait penser au roman d’Olivier Truc «Le dernier lapon », avec le même respect des croyances et du mode de vie de l’autre. Au cours de son long voyage qu’il partage pour partie avec son ami Henry (Ours Debout), l’amitié et l’amour seront mis à rude épreuve. Tous seront suspectés … L’auteur est imprégné de sa région de résidence et très documenté en armes à feu ! Si le principal personnage veut prendre sa retraite, gageons que les circonstances ne l’y autoriseront pas pour notre plus grand bonheur de lecteur.

    30/01/2016 à 19:07 6

  • Lontano

    Jean-Christophe Grangé

    7/10 Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas pris un tel plaisir à lire du Grangé, je trouvais les fins baclées et les intrigues moins intéressantes qu’à ses débuts. Là je suis réconciliée.
    Autour du patriarche Grégoire, barbouze de son état et accessoirement exploiteur version Françafrique, c’est toute la famille Morvan qui va être l’objet d’une vengeance sordide. L’assassin mettra ainsi en lumière des pratiques occultes et des manipulations génétiques et le récit connaîtra de multiples rebondissements jusqu’à la dernière page où l’on peut même s’attendre à une suite. Des sujets qu’il a traités par le passé (« le vol des cigognes », « les rivières pourpres » ou plus récemment « la forêt des mânes ») dans un environnement récurent (le 36 qui n’a pas encore déménagé), tous les ingrédients y sont pour un bon moment de lecture.

    24/09/2015 à 14:16 6

  • Meurtres pour rédemption

    Karine Giebel

    10/10 On m’avait dit que c’était son meilleur roman … je n’ai pas été déçue. C’est au-delà de la violence rencontrée dans « le purgatoire des innocents » qui n’était pas non plus un roman de fillettes …
    Plusieurs volets dans ce récit :
    L’univers carcéral et ses « contrats », les affaires cachées de la République, ça c’est pour les faits. La vengeance, l’amour, la haine, la cruauté gratuite et la rédemption, ça c’est pour les sentiments.
    Un style efficace au service de l’atmosphère pesante et angoissante de l’intrigue dont on découvre les clés en toute fin du roman après s’être fait balader à merveille … tout comme j’aime. Beaucoup de sang, de coups tordus, de psychopathes et on ne sait plus qui sont les bons et qui sont les méchants (sauf Justine) car ils sont tous aussi pervers et fêlés les un(e)s que les autres. Mais qu’aurait-on fait à leur place ?
    Je vois bien ce roman adapté au cinéma … Vite … au prochain !

    01/07/2015 à 16:57 6

  • Mourir ne suffit pas

    Danielle Thiéry, Marc Welinski

    8/10 Que peuvent donc avoir en commun un homme de télévision, philosophe et manager et une ancienne commissaire divisionnaire ? L’envie de nous raconter une histoire bien ficelée et instructive. La rencontre de ces deux auteurs s’est faite chez leur éditeur et ma foi, le résultat est efficace. La fiction du philosophe confrontée à la réalité de la femme de terrain, offrent un suspense prenant et impliquant, instructif !
    Instructif car le lecteur est plongé au cœur d’une prise d’otages et va voir se dérouler toute la procédure, toutes les tentatives d’y mettre fin, parasitées par les médias qui visent l’audience. Instructif aussi car il va s’immerger dans les méandres de la réflexion de la psychologue et de son interlocutrice …
    Julia psychologue, anime une émission radio nocturne où elle dialogue avec des égarés. Elle reçoit l’appel d’une femme qui s’est cachée lors de ce qui se révèle être un acte de terrorisme … du moins toutes les apparences militent pour cette interprétation et dès lors la grosse artillerie des forces d’interventions spécialisées est déployée, mettant en présence des approches différentes. Des options, des conceptions, des théories vont alors s’affronter, toutes légitimes, argumentées et le lecteur prendra tantôt position pour la manière forte, tantôt pour la négociation. Quelle place doivent prendre les médias lors de telles crises ? Les citoyens doivent-ils tout savoir en direct au risque de faire échouer les tentatives de sauvetage ? Cette question récurrente nous interpelle tous.
    De nombreux retournements, des révélations inattendues, vont faire croître l’angoisse à la manière des suspenses psychologiques hollywoodiens jusqu’à un épilogue surprenant. Le réalisme est au rendez-vous, provoquant l’empathie avec les personnages, les seconds rôles n’étant pas en reste.
    J’ai beaucoup aimé ce thriller, j’en ai discuté avec Danielle Thiery qui m’a confirmé la rigueur appliquée à l’intrigue. Je n’en doutais pas, c’est la marque de fabrique de celle qui par ailleurs a publié en 2011 BRI : histoire d’une unité d’élite, un document où déjà le lecteur pouvait découvrir les dessous des interventions ultimes.
    https://collectifpolar.wordpress.com/2019/03/27/bri-histoire-dune-unite-delite-de-danielle-thiery/
    Visuel aussi, peut-être ce roman aura-t-il un jour une seconde vie en images ? Je nous le souhaite à tous !

    03/10/2021 à 09:51 3

  • Ne prononcez jamais leurs noms

    Jacques Saussey

    9/10 Les héros que nous avons laissés à la fin de « la pieuvre » ont séparé leurs destinées, du moins le croient-ils quand une explosion emporte les passagers d’un train Irun-Paris, en plein retour de vacances d’hiver. Par hasard Daniel, nouvellement muté à Hendaye et sous le coup d’une mesure disciplinaire, se trouve mêlé à la traque de l’auteur de l’attentat … à moins qu’il ne s’agisse d’un accident fortuit ou encore d’un assassinat ou d’un meurtre. Le voilà enlevé et Lisa traverse le pays pour lui venir en aide avec le fidèle Henri. Voilà pour les faits. Le décor quant à lui se situe au pays Basque avec son passé de luttes, légitimes ou non là n’est pas le sujet mais le traitement de « l’histoire », en rappelant au lecteur les deux volets de Marin Ledun, éclaire sa lecture. Point de syndrome de Stockholm mais de la violence, de l’hémoglobine et une intrigue bien ficelée aux rebondissements multiples. Un vrai thriller comme on les aime, avec sa galerie de seconds rôles bien campés. Juré pour ma part, je ne prononce jamais leurs noms !

    29/01/2017 à 16:15 6

  • Pire que le mal

    Sylvain Forge

    9/10 Ce thriller écologique donne froid dans le dos et laisse à penser que l’on ne nous dit pas tout ! Ca effectivement, on le savait et nous ne sommes sans doute qu’au tout début d’une longue liste de scandales sanitaires. C’est bien de cela qu’il s’agit : au nom de la finance, des populations soumises aux poisons phytosanitaires sont spoliées de leurs ressources et gravement atteintes dans leur intégrité physique.
    Ce thriller c’est aussi l’histoire de Benjamin : médecin psychiatre un peu terne, va apprendre qu’il y a suspicion de meurtre sur la personne de son frère déclaré « noyé » en Inde. En décidant de prendre la route pour trouver la vérité, son personnage va prendre de l’ampleur et être confronté à un monde de barbouzes à la solde de l’industrie agro-alimentaire et tenter de retrouver la mémoire de son frère. L’actualité récente y est très présente tout comme l’histoire du siècle dernier, ce qui rend le lecteur captif jusqu’à la dernière page.
    J’avais lu « la ligne des rats » il y a 10 mois et cette « nouvelle » version est beaucoup plus aboutie. C’est bien la première fois que je relis un roman et bien je n’ai pas du tout été déçue, j’ai retrouvé l’intrigue générale et les personnages ont évolué, certains ont changé de nom … un surprenant travail de réécriture qui confirme le talent de Sylvain Forge, un style efficace qui apporte du rythme à l’intrigue et une enquête d’investigation très documentée comme en témoignent les sources bibliographiques citées en annexe. Si vous avez lu la version originale, lisez « Pire que le mal », vous y trouverez un thriller relooké et qui a gagné en humanité et en horreur. Une confirmation donc pour l’auteur nantais ! Quant à moi je me demande si je ne vais pas arrêter les noix de cajou …

    10/03/2017 à 15:16 6

  • Prendre un enfant par la main

    François-Xavier Dillard

    9/10 mer. La famille, quatre ans après le drame reste inconsolable, s’abîmant dans l’alcool et le jeu pour le père, la névrose pour la mère, la culpabilité pour le jeune frère.
    Jusqu’à ce que Gabrielle apparaisse dans leur voisinage, même âge et ressemblance troublante avec la disparue. Sarah va faire un transfert mais Gabrielle n’est pas la jeune fille parfaite qu’elle aurait souhaitée …les relations entre voisins vont se détériorer et les « fausses pistes » quant au sort de Gabrielle vont égarer le lecteur. Le lecteur tout perspicace qu’il est, va être sûr d’avoir la clef bien avant la fin du roman … Que nenni, c’est sans compter sur le talent de conteur de François-Xavier Dillard, qui a plus d’une fausse piste dans la manche !
    De bons personnages avec cette famille meurtrie, Marie la voisine encombrante, et Gabrielle et ses deux mères, certes dans un contexte qui ne connait pas la crise mais cependant pas exempt de risques. Tout y est pour provoquer l’empathie.
    Très bon roman psychologique que je recommande, où la famille tient le rôle principal comme dans les précédents thrillers de François-Xavier Dillard et où le contexte nous fait dire que ça peut arriver près de chez nous ! Restons vigilant à la souffrance qui nous entoure pour venir en aide, prévenir les désastres et soyons prêts à prendre un enfant par la main.
    En relisant la bibliographie de l’auteur, je me rends compte que je n’ai pas lu le millésime 2018 … je vais donc l’écouter puisqu’il me dit « Réveille-toi ! » …

    18/10/2020 à 16:26 6

  • Rêver

    Franck Thilliez

    9/10 Cette nuit j’ai rêvé de « rêver » … on ne sort pas indemne de cette expérience ! Le dernier Thilliez, toujours un événement, à la hauteur de nos espérances, nous entraîne aux côté d’Abigaël avec qui nous trouvons immanquablement des ressemblances. Une construction originale puisque l’ordre chronologique de l’intrigue cède le pas au hasard façon Thilliez, c'est-à-dire que l’auteur a décidé de nous perdre entre rêve et réalités mais attention … rêves à tiroirs sinon tout serait trop simple. Même si les habitués de cet auteur ont des doutes dès le premier tiers du roman, les lecteurs se disent « non, il ne va pas oser ? » et bien si … le lecteur secoué sort de la centrifugeuse en sachant le fond psychique et psychologique est scientifiquement crédible et en se demandant si un jour il peut sombrer à son tour dans la narcolepsie … au-delà de cette maladie dont l’héroïne souffre à s’en pourrir la vie, la traque au pervers est aussi malheureusement tout à fait plausible, tout comme les trafics de drogue. Presque tout y est donc, dans une région que je connais bien pour y être née et que l’auteur décrit avec réalisme et bienveillance.
    Un one-shot, Lucie et Sharko sont au repos cette année,à la hauteur de « Vertige » et avec quelques réminiscences de « L’anneau de Moebius », qui peut se lire sans avoir lu l’intégrale de l’auteur.
    Un an de travail pour ces 600 pages que l’on lit trop vite, mais comment ne pas être happé par ce style percutant et « diablement » efficace. C’est sûr Monsieur Thilliez, nous serons au rendez-vous l’année prochaine.

    30/05/2016 à 14:43 6

  • Sadorski et l'ange du péché

    Romain Slocombe

    9/10 Qui est-il vraiment ce Léon Sadorski ? Un être méprisable assurément et chaque fois que le lecteur est heureux de le voir essayer de s’amender, comment dire … ça dérape !
    Ses relations avec les femmes, quelles qu’elles soient … la sienne, celles des autres, les juives et celles qui ne le sont pas, les jeunes et les moins jeunes, sont tout simplement inexcusables.
    Son attitude avec les juifs, dans le contexte, connait peu d’excuses aussi mais l’époque nourrit l’ambigüité.
    Les plus crédules ne peuvent cependant pas ignorer les exactions perpétrées au nom de la pureté de la race aryenne.
    Tout est humiliations et exactions … mais attention ça n’est pas l’exclusivité de Léon Sadorski.
    C’est le « jeu » de tous ceux qui détiennent une autorité et entretiennent un lien de domination avec de plus faibles qu’eux, renforcé quand ils sont minables car c’est le seul moyen pour eux d’exister, alors dans le contexte des années 42-43 en France occupée, dans l’ex-capitale tout prend une importante vitale.
    C’est le « jeu » de ceux qui choisissent la collaboration et l’enrichissement personnel à la résistance et la solidarité.
    C’est le « jeu » de ceux qui font « semblant » et de ceux qui font « comme si ».
    Rien ne plaide donc en la faveur de Sado dans ce troisième et dernier volet de ses aventures malsaines et l’auteur distille le venin au fil des pages avec un suspense mêlé aux références historiques, politiques, littéraires, cinématographiques … une ambiance réaliste et un récit qui en apprend aux plus documentés sur l’époque. La précision des référence peut sembler parfois superflue mais avec le recul rien n’est gratuit.
    Déroutante la façon dont Romain Slocombe mêle les intrigues au point où le lecteur ne sait plus qui sont les héros principaux, l’intrigue majeure, les détails superflus. Cependant il lit, dévore, tourne les pages avec ardeur, surpris et envouté qu’il est par ce style incomparable, en espérant que les méchants seront punis … et qu’ils souffrent aussi !
    Une écriture cinématographique qui image à merveille les situations les plus atroces.
    Enfin pour compléter, le lecteur ne peut échapper à la réflexion sur la xénophobie et au sort réservé aux migrants qu’ils soient économiques ou politiques ainsi qu’aux risques encourus d’une société qui épouserait les extrémismes en la matière.
    J’ajoute que j’ai lu ce troisième volet sans avoir lu les deux premiers et que même si ça n’est sans doute pas le plus académique pour approcher la psychologie des personnages, ça n’est pas franchement un handicap.
    Un noir plus que noir et dérangeant, qui laisse sans voix !

    03/10/2018 à 16:03 6

  • Selfies

    Jussi Adler-Olsen

    8/10 Un conseil : ne lisez pas la 4ème de couverture à mon sens qui spolie la découverte progressive par le lecteur …
    Il s’agit là du 7ème opus de la série du Département V et il est très utile d’avoir lu les 6 premiers pour goûter pleinement les personnages. Certes, l’intrigue principale est indépendante de la vie du groupe de Carl, mais dans cet épisode précisément, peut-être plus que dans les autres, il faut au préalable aimer ces personnages pour éprouver l’empathie nécessaire, notamment avec Rose … pauvre Rose ! Assad est toujours aussi secret, Gordon aussi amoureux, Carl gère difficilement sa vie privée, privée de Mona surtout … pour le plus grand bonheur du lecteur.
    Une enquête actuelle sur un probable tueur en série va permettre au Département V d’exhumer un de ses « cold case » et de s’infiltrer dans les affaires de la « crim » de Copenhague sans y être invité. Carl a par ailleurs fort à faire avec une équipe de télévision qui cherche de l’image et du sensationnel … pour qui connaît un peu Carl on va dire que ça ne va pas se faire dans la bonne humeur. Il y aura moult coups, hémoglobine et quelques conseils en bricolage d’armes de guerre !
    Un très bon épisode et comme toujours l’auteur nous tient en haleine jusqu’au bout de ces 600 pages et nous, les accros, en demandons la suite au plus tôt !
    Si ce roman comporte un défaut, c’est le poids de sa version papier, incompatible avec l’itinérance !

    25/03/2017 à 11:49 6

  • Serre-moi fort

    Claire Favan

    9/10 Le premier roman que j’ai lu de cette auteure c’était l’année dernière « miettes de sang » et j’avais mis quelques heures à émerger une fois le livre refermé. « Serre-moi fort » est encore plus puissant et surprend au fil des pages. Que dire sans spolier … des familles détruites par la disparition d’une enfant, des flics confrontés à des crimes sans cadavres ni mobiles, des personnages à la fois victimes et bourreaux … Bref Claire Favan est la fille naturelle de Franck Thilliez et de Karine Giébel, la nièce de Barbara Abel et la cousine de Maud Mayeras …
    « Serre-moi fort » est une plongée noire dans une atmosphère glauque et exotique du fait que cela se passe aux USA avec des pratiques de partage de la souffrance très anglo-saxonnes.
    Claire Favan au-delà de l’écriture exerce une activité professionnelle, gageons qu’elle trouve dans ce hobby un exutoire à ses folles journées pour notre plus grand plaisir ! Très fort, très bien rythmé, très bien écrit … que du bon pour le lecteur et du nettement moins bon pour ses personnages.

    15/02/2016 à 17:49 6