LeJugeW

1778 votes

  • Fool's Paradise tome 1

    Misao, Ninjyamu

    9/10 Depuis le début du confinement j'ai lu une pelletée de mangas grâce aux nombreuses offres des éditeurs manga français. Des lectures souvent intéressantes, parfois moins et puis... quelques pépites ! Fool's Paradise en fait clairement partie.
    Ce manga est machiavélique ! Si le dessin est "classique" (comprendre "ne se différencie pas fondamentalement de la production moyenne"), l'intrigue est en revanche... particulièrement tordue. Sans en vouloir en dévoiler trop, je dirais que l'auteur amène une réflexion très intéressante sur l’idolâtrie (d'une jeune chanteuse/danseuse ici), le besoin d'échappatoire en tant de crise, la manipulation des foules, la question de la peine de mort pour les mineurs... et puis dans les dernières pages, claque monumentale quand on prend conscience de l'ampleur de la manipulation et des conséquences potentielles (l'assassinat d'un premier ministre ressemblant à Shinzo Abe, par exemple...).
    Bref, grosse claque que ce manga, hâte de découvrir ce que nous réserve la suite !

    27/04/2020 à 19:41 2

  • Fool's Paradise tome 2

    Misao, Ninjyamu

    9/10 Découvert pendant le premier confinement, ce manga m'avait fait forte impression. Plus de deux ans après, je me suis acheté l'intégralité de la série, soit 4 tomes. J'ai relu le tome 1 pour me rafraîchir la mémoire (et cette relecture m'a confirmé tout le bien que j'en pensais) et j'ai enchaîné avec ce tome 2. La manipulation par Sela Hiiragi se poursuit à l'échelle du pays. Beaucoup de péripéties dans ce tome sans que l'on sache néanmoins quelles sont les réelles intentions de la super idole... Il n'empêche, la folie collective qui l'entoure fait peur et le lecteur poursuit son questionnement sur l'adoration et ses potentielles conséquences...

    07/08/2022 à 11:06 2

  • Gentil, Faty !

    Frédéric H. Fajardie

    9/10 Très très bon roman noir aux allures de thriller, avec au menu un vieux flic atteint du crabe, un jeune flic qui doute de sa vocation, des jeunes femmes massacrées et un tueur en série franchement effrayant (ce dernier fait la force de ce livre). Tous les indices sont là pour qu'on devine qui est derrière ces meurtres atroces, mais je l'ai compris que tardivement. Je n'ai qu'un regret, que le livre soit si court (137 pages), j'en voulais plus !!!

    27/08/2015 à 13:31 5

  • Glacé

    Bernard Minier

    9/10 J'attendais beaucoup de ce Glacé dont j'avais lu et entendu des choses très positives. Et je n'ai pas été déçu, au contraire !
    Aucun ennui durant les 700 et quelques pages de lecture, un réel plaisir de me replonger à chaque fois dans ce décor pyrénéen un rien oppressant, de retrouver des personnages très attachants comme Servaz, Espérandieu ou encore Ziegler.
    L'entrée dans le roman (le cadavre d'un cheval décapité retrouvé accroché à une falaise au-dessus d'une centrale hydroélectrique perdue dans la montagne) est très originale et la suite de l'intrigue est à la hauteur, avec des rebondissements, des surprises, de la tension, de l'action, des flashbacks... tous les ingrédients sont réunis pour que la sauce prenne et elle prend magistralement.
    Dire que c'est un premier roman ! Bravo M. Minier !

    12/02/2014 à 10:42 6

  • Grasse carcasse

    Manu Larcenet

    9/10 Enorme, dans tous les sens du terme, sombre, intrigant, inclassable, ce premier tome, par son propos et son dessin, est un grosse claque.
    J'ai hâte d'en savoir plus sur ce Polza Mancini !

    02/03/2015 à 22:11 1

  • Grossir le ciel

    Franck Bouysse

    9/10 Grossir le ciel fait partie des livres dont on parle beaucoup depuis sa sortie. Lauréat de plusieurs prix (Prix Calibre 47, Prix Michel Lebrun 2015), ce roman est précédé d'une solide réputation. Connaissant l'écriture de Franck Bouysse (il s'agissait ici de son 3e roman lu pour ma part), je m'attendais donc à "du lourd".
    Grossir le ciel est un roman qui vous prend la main, qui vous dit "viens, viens voir là haut dans la montagne", qui vous fait asseoir à la lisière du bois, dans un paysage blanc près d'une ferme. Et vous regardez. Vous voyez alors au fil des pages un roman en noir et blanc mais avec une infinité de nuances de gris.
    Et lorsque tout est fini, il ne vous reste plus qu'à lever la tête et grossir le ciel...

    11/11/2015 à 18:58 14

  • Hiver

    Mons Kallentoft

    9/10 Ce premier roman de Mons Kallentoft est assurément une réussite.
    Cette plongée dans un Linköping glacial se fait en apnée et on s'attache à ce pauvre "Bengt le ballon" que l'on plaint sincèrement mais aussi à l'enquêtrice Malin Fors, accro à la Tequila et à la vie familiale assez chaotique.
    La société suédoise est dépeinte avec réalisme et semble loin de l'image "parfaite" que l'on nous montre régulièrement à la télévision.

    Un 9/10 bien mérité.

    17/10/2012 à 22:33 4

  • Homme sans chien

    Håkan Nesser

    9/10 Au bout d'une heure d'écoute (livre audio), j'ai eu envie d'arrêter. La faute à une 4e de couv' bavarde qui promettait un roman gorgé de suspense, un huis clos dans le froid suédois et tout un tas de choses qui mettent 200 pages à arriver (sur 450 environ) etc... J'ai cherché sur Internet des critiques pour savoir s'il était pertinent de continuer : d'après de nombreux avis (notamment sur Babelio, rendons à César ce qui lui appartient), la réponse était oui. J'ai donc poursuivi, sans aucun enthousiasme. Et bien m'en a pris car ce roman est excellent. Hakan Nesser analyse très finement les rapports au sein d'une famille bien sous tout rapport mais qui cache de sombres secrets. L'auteur nous fait tellement bien connaître les personnages (connaissance qui explique les lenteurs du début) qu'on arrive à penser tel qu'ils le feraient. La lenteur du récit fait qu'on ne voit pas forcément venir les coups tordus (empruntant certains chemins sordides) de la deuxième partie du roman quand apparaît l'inspecteur Barbarotti. L'enquête ne commence d'ailleurs pas avant plus de 200 pages. J'ajoute que la lecture (l'interprétation devrais-je dire) de Jacques Frantz est remarquable de justesse.
    En somme du polar scandinave dans la plus pure tradition dans sa forme avec une touche d'humour second degré non négligeable. Les amoureux du genre apprécieront certainement, les fans de thriller à cent à l'heure lâcheront rapidement le livre.

    09/04/2016 à 18:45 4

  • Hyronimus

    Patrick Cothias, André Juillard

    9/10 Hyronimus est le diminutif de Hiéronimus, nom latin de Jérôme. Frère Jérôme. Un physique enrobé et une allure bonhomme qui cachent un fanatisme religieux terrible et un maniement du sabre redoutable, appris sur un archipel très lointain. Lorsqu'il soumet des prétendues sorcières à la question (alors même que le roi Henri IV avait demandé leur libération), on peut redouter le pire pour les "pêcheresses". Et lorsque Thibaud de Bruantfou fait appel à lui pour mettre la main sur l'Epervier, on se doute que l'homme au masque rouge va avoir fort à faire... Ajouté à cela les derniers jours d'Henri IV, une tension extraordinaire qui règne durant tout l'album (la vieille aveugle qui prophétise sans cesse n'y est pas pour rien...), des scènes dures (décapitations, ce que subit la jeune Ariane de Troïl...), un enchaînement des faits dantesques (ah, la page 47 ! cette simultanéité saisissante des destins ! un bijou !)...
    J'ai pris une grosse claque à la lecture de ce 4e tome, Cothias et Juillard ont mis la barre très haut, hâte d'ouvrir le 5e tome !

    09/01/2022 à 18:26 1

  • J'ai épousé une ombre

    William Irish

    9/10 Helen Georgesson est une jeune fille abandonnée, enceinte, par son compagnon. Avec seulement 17 cents en poche et des billets de train, elle quitte New York pour San Francisco, la ville dont elle est originaire. Lors du voyage, elle fait la rencontre d'un jeune couple, Patricia et Hugh Hazzard. Elle sympathise avec Patricia, enceinte comme elle. Le couple amoureux se rend à Caufield en Californie. L'occasion pour Patricia de se présenter à sa belle-famille, qui ne l'a jamais vu.
    Elle ne la verra jamais... le train déraille, un accident terrible. Le couple meurt, Helen survit, tout comme son enfant qui vient de naître. Et l'incroyable se produit : la famille Hazzard prend Helen pour Patricia ; une fois remise Helen se rend à Caufield...
    Tiraillée entre cette nouvelle vie apaisée et confortable et l'envie de tout dire, Helen va passer par mille émotions et le lecteur avec. Une tension insoutenable pour Helen que le lecteur prend en pitié et tremble pour elle à chaque rebondissement (dont des lettres anonymes qui risquent de tout détruire...), rebondissements qui vont s'avérer nombreux jusqu'à la fin...
    Un suspense psychologique redoutable au service d'une intrigue géniale et très habilement bâtie. Un classique du roman noir, plusieurs fois adapté au cinéma.
    A découvrir ou redécouvrir !

    04/11/2021 à 12:49 4

  • J'attraperai ta mort

    Hervé Commère

    9/10 J'ai adoré ce premier roman qui, quoique court, est très riche grâce au choix de l'auteur d'utiliser plusieurs personnages principaux qui parlent à la première personne, grâce à l'intrigue qui s'étale sur une douzaine d'années et en différents lieux et surtout grâce à une construction géniale. Excellent !

    08/11/2014 à 11:23 5

  • J'irai cracher sur vos tombes

    Boris Vian

    9/10 J'ai lu ce livre une première fois il y a près de quinze ans et je me souviens encore de mes sensations de lecture, du choc provoqué par ce roman. Je l'ai relu quelques années plus tard, avec ce même sentiment d'avoir entre les mains un roman d'une noirceur insondable.
    Un très très grand roman.

    11/08/2016 à 10:15 5

  • J'irai tuer pour vous

    Henri Loevenbruck

    9/10 De Lorient au Liban, en passant par la Bolivie, Henri Loevenbruck retrace le destin d'un agent « externe » de la DGSE, Marc Masson. C'est passionnant, instructif, le roman nous replonge dans l'histoire française du milieu des années 80 qui fait écho à l'époque que nous connaissons (attentats, terrorisme, prise d'otages...). Il détaille les missions, non au service d'une cause mais au service du peuple français (en tout cas pour le héros !). Les intrigues politiques sont largement détaillées (l'époque Mitterrand, Chirac, Pasqua... les élections législatives de 1986 etc...). On imagine au passage le travail colossal de documentation de l'auteur pour reconstituer avec tant de minutie cette époque et les arcanes des services secrets français.
    On retrouve par ailleurs l'idée des carnets, un peu à la manière de ce que faisait déjà l'auteur dans Les Cathédrales du vide ou encore Le Mystère Fulcanelli par exemple. Cela permet ici d'être au plus près des pensées du héros.
    Seul petit défaut à mes yeux, un texte un peu trop long.
    En tout cas un texte mémorable et qui renouvelle le genre « espionnage », raconté avec justesse (livre audio) par Benjamin Jungers.
    Une grande réussite, assurément.

    05/01/2022 à 12:47 12

  • Je ne vous aime pas

    Eric Cherrière

    9/10 J’ai adoré ce thriller où aucune violence n’est épargnée au lecteur, mais l’auteur le fait dans une écriture très réussie et il est vraiment dur de lâcher ce premier roman d’une qualité rarissime.
    Le tueur est un psychopathe comme on en fait rarement mais Eric Cherrière a eu en plus la brillante idée de ne pas limiter au seul tueur cet aspect psychopathe. Certains « gentils » ont des penchants pervers à vous glacer le sang !
    Une vraie réussite que ce premier roman et comme on dit « vivement le prochain » !

    07/09/2013 à 19:12 4

  • Je tue il...

    Didier Daeninckx

    9/10 Basé sur des histoires vraies (dont une vécue par l’auteur), Je tue il… est à la fois un roman noir avec du suspense et un texte sur une partie de l’histoire de la Nouvelle-Calédonie, celle de l’après-guerre. C’est instructif, bien écrit et les rebondissements en fin d’ouvrage poussent le lecteur à vouloir à tout prix connaître le fin mot de l’histoire. A la fin du roman, l'auteur en explique la genèse. Et un article de JB Pouy conclue avec beaucoup d'humour l'ouvrage.
    J’aime décidément beaucoup ce que fait Didier Daeninckx.

    26/07/2014 à 13:19 3

  • Je tue les enfants français dans les jardins

    Marie Neuser

    9/10 Excellent roman noir à l'atmosphère étouffante, dans lequel on suit une jeune agrégée d'italien vivre l'enfer dans son collège difficile.
    La tension est omniprésente et va crescendo. On sent que ça va péter, on sait que ça va péter, les seules questions étant : quand et comment ?
    L'auteur, dont les points communs avec son héroïne sont troublants, porte un regard acide mais très juste sur l'école d'aujourd'hui, entre le jeune enseignant plein de rêves dans la tête après des études très difficiles et la réalité, où les désillusions s'enchaînent à mesure que l'on enterre chaque jour un peu plus l'estime de soi.
    Un livre qui parlera probablement plus aux enseignants mais qui présente l'intérêt pour les autres de les immerger totalement dans le quotidien de ces femmes et hommes partant tous les matins au front d'une guerre perdue d'avance face à des élèves toujours plus violents, insolents, méchants, une direction qui ne veut pas ouvrir grand les yeux et une bien-pensance obscène qui trouvera mille excuses à tout cela en pointant du doigt la société si dure et impitoyable, seule responsable du délabrement moral et intellectuel d'élèves dont la préoccupation principale est d'être sapé avec de la marque pour être vu et respecté par les autres (dixit l'auteur).

    Un livre qui sent le souffre tant par l'état des lieux plus qu'alarmant (à la limite du désespoir) de notre école républicaine que par les conclusions du livre. La question qui reste en suspens au-delà du roman, car il ne s'agit "que" d'un roman est : l'allumette sera t-elle grattée un jour ?
    Si oui, quand et par qui ?

    17/06/2013 à 22:37 5

  • Jean Jaurès - Non à la guerre

    Didier Daeninckx

    9/10 C'est à travers son fils, Louis Jaurès, que Didier Daeninckx a choisi d'aborder la figure illustre de Jean Jaurès, ici sous l'angle du pacifiste.
    2 juin 1918. Louis Jaurès est au front. Suite à une explosion allemande, le voilà dans un cratère d'obus en compagnie d'un autre jeune soldat, du nom de Gaston Lallemand. Ils vont passer quelques heures, au fond de ce trou, au sein duquel ils vont mettre la main sur une sacoche remplie de lettres de poilus. Entre souvenirs du fils Jaurès, échanges avec Gaston et lecture de lettres de poilus, Didier Daeninckx retrace à la fois l'engagement pacifiste de Jean Jaurès mais aussi le quotidien des soldats dans les tranchées, ce qui rend plus pertinent encore le combat de Jaurès pour la paix. Un triste destin va finalement unir le père et le fils...
    C'est remarquablement écrit (mais peut-être un peu ardu pour des jeunes lecteurs), très documenté et cela donne envie de se plonger ou replonger dans la vie d'un de ses hommes que la République, par sa panthéonisation en 1924, a reconnu et dont elle a validé la justesse de ses combats. Et puis, comme écrit sur la 4e de couv' : "Dans tous ses livres, Didier Daeninckx se fait l'écho des luttes sociales, des révoltes contre les injustices. Prêter cette voix à Jaurès [...] sonnait comme un évidence. A un siècle de distance, ces deux rebelles se rejoignent dans un émouvant plaidoyer contre l'inanité de la guerre, pour la paix". Je n'aurais pas dit mieux... un texte qui résonne ô combien en ces sombres heures durant lesquelles résonnent à nouveau le canon et la mitraille sur le sol européen...

    20/03/2022 à 10:15

  • Jeudi Noir

    Michaël Mention

    9/10 J'ai adoré.
    Le style de Michaël Mention se marie particulièrement bien avec l'histoire. On s'y croit, on y est, dans l'étouffante moiteur de Séville, on est tendus, on guette avec fébrilité le "moment Schumacher", on se prend à croire que l'issue du match peut changer...
    Quel pari dingue quand même de la part de l'auteur de s'attaquer à ce monument qu'est France-RFA 82 !
    Mais le pari est plus que réussi, Jeudi Noir est un petit bijou.
    Je rejoins Fredo lorsqu'il parle de génie car il y en a dans ce récit génial.
    Il est grand temps que Michaël Mention soit enfin reconnu à sa juste valeur, celle d'un des meilleurs écrivains français de sa génération.

    10/04/2015 à 19:54 5

  • Komodo

    David Vann

    9/10 Depuis le coup de foudre "Sukkwan Island" et la claque terrible que fut "Désolations", David Vann est parmi mes auteurs préférés. Non que ses textes soient particulièrement "feel good" ! Bien au contraire, il creuse profondément les relations intra-familiales, et cela donne souvent des textes torturés, difficiles, noirs, mais après tout si l'on est adepte du genre comme moi, la lecture se passe "à merveille".
    C'est encore le cas avec Komodo, un drôle de titre qui nous emmène de l'île de Komodo en Indonésie à San Francisco. Au départ, une simple invitation à venir faire une partie de plongée dans un cadre paradisiaque de la part d'un frère à sa petite sœur et sa mère. Oui mais sur place, évidemment, rien n'est paradisiaque, sauf les beautés maritimes. Car entre la très mauvaise entente entre le frère et ses supérieurs, la partie low cost de l'hébergement et de la nourriture et surtout, surtout, le terrible ressentiment de Tracy vis-à-vis de son grand frère Roy, tout cela donne une ambiance bien pourrie, malaisante au possible. Les plongées sont comme des respirations au cœur d'une myriade de couleurs et d'espères magnifiques mais là encore rien ne peut se passer comme prévu...
    J'ai beaucoup aimé ce roman. Il m'a cependant fallu passer un cap, celui où l'on comprend pourquoi Tracy se comporte d'une manière aussi détestable. L'aigreur permanente qui l'habite pourra sans nul doute lasser plus d'un lecteur mais j'enjoins celui-ci à persévérer pour pouvoir apprécier, en fin d'ouvrage, le relief que David Vann donne à son histoire.
    Bref, je suis déjà trop long mais, décidément, cet auteur a un truc à part et ce roman en est encore la preuve éclatante.

    16/02/2023 à 18:41 6

  • L'Accusé

    John Grisham

    9/10 Une fois n'est pas coutume John Grisham s'attaque à une histoire vraie. Plus d'un an de travail, de recherches, de rencontres, de déplacements, d'interviews etc... pour reconstituer cette incroyable erreur judiciaire, et pourtant banale tant elle est courante aux Etats-Unis. Alliant ses qualités d'auteur de polars et une plume parfois journalistique, il a bâti un roman qui emprunte par moments les voies du documentaire. Cela peut dérouter (ce fut mon cas, au départ), et on peut aussi se perdre dans la foultitude de personnages, mais il y a les faits, implacables, hallucinants, incroyables qui nous ramènent sans cesse à l'interrogation : comment tout cela est-il possible ?
    Et Grisham d'en apporter la réponse : l'erreur est humaine certes, mais l'orgueil, la méchanceté, la cruauté, la haute estime de soi, la fainéantise aussi, bref lorsque tous ces défauts propres à l'homme entrent en jeu dans le jugement d'une affaire de meurtre, il ne peut rien en sortir de bon. La victime est Ron Williamson, ex-star local de baseball, alcoolique, à la mauvaise réputation, et qui a tout du coupable parfait. Sauf que les preuves manquent et les accusations franchement farfelues nous font sourire sauf que... Ron Williamson va être condamné à mort et attendre plusieurs années dans le couloir de la mort (cette partie-là du roman est très réussie).
    Douze ans de vie volés, un homme brisé, qui mourra quelques années seulement après sa sortie de prison.
    Un gâchis immense mais qui n'est pas, comme le souligne à plusieurs reprises John Grisham, une exception dans un pays pourtant si procédurier, mais qui peut se tromper dans les grandes largeurs et envoyer des centaines d'hommes et de femmes innocent(e)s à la chaise électrique/à l'injection létale.
    Glaçant, ce récit demeure comme un vibrant plaidoyer contre la peine de mort.
    Encore une superbe réussite pour cet auteur, dont j'apprécie décidément à la fois son travail minutieux et exigeant et dont je partage nombre de ses combats.
    Bravo monsieur Grisham !
    N.B. : Livre écouté, avec une interprétation de José Heuzé une nouvelle fois impeccable !

    08/02/2018 à 09:46 5