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Miss Bengalore
9/10 Xavier Dorison revisite la Ferme des animaux d'Orwell de fort belle manière, une histoire de dictature au sein d'un château abandonné des humains, au milieu d'un forêt.
Le tout-puissant Silvio, un énorme taureau, domine les animaux de la ferme (moutons, canards, poules, lapins...) en s'appuyant sur des chiens policiers et miliciens, tout en frelatant les valeurs d'un république prétendument menacée par des loups. Tout ce monde animal vit sous la coupe du tyran jusqu'à ce qu'un rat venu de l'extérieur, conte l'histoire d'un homme qui a renversé un empire par son action non-violente (la référence à Gandhi est explicite). Les animaux soumis, à commencer par la chatte Miss Bengalore, comprennent alors qu'il est peut-être possible de changer les choses...
Ce premier tome d'une tétralogie dont le dernier tome ne devrait plus tarder à sortir est à la fois très prenant, crédible et fait un écho sidérant au monde dans lequel on vit, tout en rappelant des heures sombres de l'humanité. L'angle choisi par Dorison est discutable, sujet à débats (pour faire simple, seule l'action non-violente permettrait de se débarrasser d'une dictature) mais ses arguments sont intéressants.
Les dessins de Delep sont magnifiques et ne sont pas sans rappeler ceux de Juanjo Gardino dans la série Blacksad.
Le tome se termine sur une pluie de marguerites qui fait enrager le tyran... à qui personne n'ose s'opposer frontalement...03/03/2025 à 10:23 4
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Le Cheval sans tête
8/10 J'avais lu ce livre enfant et sans me souvenir précisément de l'intrigue, je savais que ce livre m'avait marqué. C'est donc avec un brin d'émotion que je l'ai réouvert une trentaine d'années plus tard. Nous sommes dans l'après-guerre, dans une ville de la grande banlieue parisienne. Une bande de gamins, tous pauvres, jouent avec un cheval monté sur trois roues et qui a la particularité de ne pas avoir de tête. Ils dévalent les rues de la ville à toute vitesse, jusqu'à ce que des types louches s'intéressent de très près à leur cheval... La menace qui plane sur les gamins est patente et je comprends mieux pourquoi j'avais été si marqué par ce livre, tant les malfrats sont inquiétants, à commencer par le très louche Roublot, vendeur de camelots sur le marché, et malmènent les enfants. L'ensemble est très réussi.
Le Cheval sans tête est devenu un classique de la littérature jeunesse, maintes fois réédité depuis sa sortie, il y a 70 ans. A découvrir, ou redécouvrir...03/03/2025 à 10:07 2
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Les Lettres
6/10 Un texte très court où Landier, un écrivain, doit remettre des lettres d'amour à son ex-compagne, qui le quitte. Au cours d'un dîner, il explique qu'il avait en tête un roman basé justement sur une telle correspondance... Une nouvelle qui vaut pour sa chute, ultime pied-de-nez de Landier.
03/03/2025 à 09:56 1
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Je suis leur silence
8/10 Eva Rojas, docteur en psychiatrie, est dans le cabinet de son... psy. Elle lui raconte sa semaine rocambolesque, à la rescousse d'une ex-patiente, pour une histoire de testament au sein d'une riche famille de vignerons près de Barcelone.
Le ton est dynamique, le personnage central très attachante, de l'humour... Les dessins collent bien à cette héroïne décalée que je reverrais bien dans une autre histoire, notamment pour connaître plus précisément l'histoire de sa mère...
Une belle surprise que je n'aurais probablement pas lu sans le prix PP. 8.5/10.01/03/2025 à 10:15 7
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La Route
9/10 Un roman en noir et blanc. Noir de cendres, blanc de neige presque grisâtre. Blanc comme la pureté du cœur du père et de son fils (des "gentils"), noir comme le monde post-apocalyptique dans lequel ils tentent de survivre. Pas ou peu d'espoir. Une route comme une langue desséchée. Des corps meurtris par le manque de tout. Des esprits qui vacillent. Des âmes errantes, au Purgatoire. Une absence de ponctuation comme une absence de repères. Perdus. Dans le grand nulle part. Des flash-backs. De rares respirations. L'amour en fil rouge. Un très grand roman.
26/02/2025 à 12:13 9
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Epitaphe pour Ric Hochet
9/10 Ric Hochet est traqué, sur des petites routes de campagne par un temps pluvieux. Par qui, pourquoi ? Nous ne le savons pas. Un virage, un tracteur comme obstacle et la Porsche jaune mythique de Ric plonge dans le fossé. Quelques temps plus tard un homme se réveille dans un hôpital, le visage entièrement bandé. Amnésie complète. Mais un gendarme le soupçonne d'être Walter Wolzak, un dangereux criminel qui, avec son frère, terrorise la région...
Un opus de grande qualité avec un grand classique de la littérature policière, l'amnésie, mais traité de manière remarquable. Une aventure hyper prenante, un jeu de manipulation habilement déployé et des scènes d'action réussies. Un clin d'œil au dieu Janus appréciable. 8.5/10.
Un excellent tome pour découvrir la série.25/02/2025 à 09:56 1
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N'éteins pas la lumière
8/10 Une femme traquée par un psychopathe qui veut la pousser au suicide, un Servaz pas au mieux de sa forme, le monde de l'aérospatial, l'ombre (lointaine) d'Hirtmann, de l'opéra, un étrange SDF... De nombreux ingrédients pour une intrigue qui tient la route mais qui souffre de quelques longueurs pour ce roman qui s'étale sur 700 pages au format poche.
J'ai été un peu perdu au début du roman car la lecture du tome précédent, Le Cercle, remontait à 2015 : pourquoi Servaz est dans une sorte d'hospice pour flics qui ont vrillé ? C'est quoi cette histoire de coeur de Marianne envoyée depuis une forêt en Pologne ? J'ai dû rater un épisode... En fait et si j'ai bien compris, ce 3e opus se déroule environ trois ans après le Cercle sans que l'on sache précisément ce qu'il s'est passé durant ce laps de temps. Bref, l'intrigue ne repose pas sur cette étrange "ouverture" puisque l'on suit Christine Steinmeyer, animatrice vedette d'une radio régionale et fille d'une ex-star de la télé. Elle reçoit une lettre anonyme puis un appel anonyme à la radio l'accusant d'avoir laissé mourir une femme... S'ensuit des évènements plus cruels les uns que les autres pour Christine qui s'enfonce dans le désespoir...
Une intrigue très dense, pas mal de chemins empruntés, il faut être attentif pour apprécier sa lecture sans se perdre. Pour ma part j'ai apprécié ce roman malgré un creux en milieu de roman. L'auteur nous balade habilement pour que l'on accuse un tel ou un tel mais finalement je n'ai pas été surpris par la véritable identité de la personne qui se cache derrière tout cela car je l'avais (un peu) anticipé notamment au moment du journal intime (passages très prenants d'ailleurs).
N'éteins pas la lumière est un solide thriller à l'intrigue exigeante, captivante mais qui souffre de quelques longueurs.23/02/2025 à 10:39 3
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Coup de chaleur pour face d'ange
7/10 Libye, automne 1969. Le pays vient de connaître le renversement de la monarchie. Les réserves de pétrole du pays aiguisent les appétits et la Libye devient un enjeu de la Guerre froide. Mais il ne s'agit pas ici de l'habituel duel URSS/Etats-Unis mais bien de la guerre que se mènent Chinois et Soviétiques quant au leadership du bloc communiste. Face d'Ange et son inséparable acolyte Bassowich, tous deux agents de la CIA, s'y rendent pour rencontrer Vassili Semianov, soviétique le plus puissant du Moyen-Orient et du Proche-Orient et qui veut, à l'aide des agents de la CIA, contrecarrer les plans des autorités chinoises. Une alliance de circonstance qui ne va pas durer bien longtemps, Semianov étant assassiné sous les yeux de Gunther et Bassowich, immédiatement accusés du meurtre...
Un opus intéressant par son côté historique notamment (la naissance de la Libye de Khadafi et les enjeux liés à la Guerre froide). L'écriture n'est pas désagréable, pas mal d'actions et de suspense, bref un agréable moment de lecture.22/02/2025 à 09:18 2
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Limoges à sang pour sang
3/10 Une galerie d'art, une horrible mise en scène et un copycat de Jack l'éventreur en guise de pitch alléchant. Un angle original avec un flic prêtre qui enquête et pour le côté immersif un récit à la première personne. Miam ?
Las, le roman n'est pas du tout à la hauteur. Entre les remarques antiféministes (dont s'amuse l'auteur), les leçons de grammaire et de syntaxe (déformation professionnelle ?) et l'abus du passé simple, on n'accroche pas du tout à l'écriture. Des personnages peu crédibles, à l'image du "héros", pas du tout attachant. Et si ça ne suffisait pas : des dialogues qui sonnent faux comme j'en ai rarement vu ! Bon, bon... l'intrigue alors ? Maigre comme du papier à cigarettes. Arf... le décor ? Limoges est sous-exploitée et ce n'est pas l'aller-retour à Tulle en Corrèze, sur un chapitre seulement, qui y changera grand-chose...
Bref, une grosse déception, ce roman est d'un rare ennui.19/02/2025 à 21:04 2
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Le Mystère de la main rouge
8/10 Après avoir découvert le jeune journaliste Gabriel Joly dans Le Loup des cordeliers, nous le suivons cette fois-ci dans une aventure à cheval sur les mois de juillet-août 1789.
Si le 1er opus avait fait la part belle à l'Histoire (pour mon plus grand plaisir), Henri Loevenbruck ne l'a cette fois-ci pas autant mise en avant. Mais ce n'est pas pour autant une histoire au rabais que nous livre l'auteur multicartes, sur les traces ici d'une mystérieuse société secrète, la Main Rouge, qui emprunte aux rites ancestraux du zoroastrisme. On traverse la France, au gré des péripéties de la (pas si) muette Lorette, direction la Corse, en passant par Antibes (la scène de l'aqueduc est à déconseiller aux claustrophobes !). On en apprend plus sur ses origines, on assiste à une bataille navale épique avec Récif aux manettes, bref on ne s'ennuie pas dans ce récit d'aventures. L'auteur a en outre glissé de temps en temps des illustrations (qui ne sont pas sourcées, c'est dommage) et nous gratifie d'une bibliographie indicative en fin d'ouvrage (mais rien, paradoxalement, sur le zoroastrisme). Le fond de l'intrigue n'est pas sans rappeler des faits bien plus récents quant à davantage de justice et d'égalité (et ce n'est très probablement pas fortuit de la part de l'auteur)...
Une belle réussite (une de plus de l'auteur) pour ce 2e opus des enquêtes de Gabriel Joly et nul doute que je en vais poursuivre la lecture.19/02/2025 à 13:40 3
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Bienvenue chez vous
8/10 Les thrillers horrifiques sont trop rares dans le paysage littéraire français. Alex Sol relève le gant et de fort belle manière.
Dans Bienvenue chez vous, on suit une gentille petite famille, un couple avec deux enfants, à laquelle on prend le temps de s'attacher... On suit les premiers pas, difficiles, des enfants (Thiphaine et son petit frère Nathan) à l'école, notamment en raison d'un racisme ordinaire qu'ils subissent, difficile aussi l'adaptation de Mathilde, leur mère, qui travaille à l'école.
Et puis il y a cette maison, leur nouvelle maison, qu'ils ont fait construire à partir de containers. Déjà, le chantier a été marqué par des retards, des disparitions...
Jour après jour, semaine après semaine, on voit comment l'étau se referme sur Simon et Mathilde, on souffre pour le petit Nathan, en proie à un appétit grandissant qui finit par devenir inextinguible. On découvre horrifié ce que cela le pousse à faire (la scène du chiot Oréo... brrrrrr)... La tension est quasi permanente et va même en s'accroissant à mesure que l'on s'approche du "pourquoi".
Je n'en dirais pas plus histoire de ne pas divulgâcher mais je conseille ce titre à tous les amateurs/trices de films d'horreur (d'ailleurs je verrais bien ce film adapté à l'écran). Mention spéciale à la brillante lecture (livre audio), que dis-je l'interprétation d'Olivia Nicosia.
A découvrir. 8,5/10.16/02/2025 à 17:11 6
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Le Bonhomme de neige
7/10 Récit à la première personne qui raconte une histoire vécue par un enfant : la fascination et la peur qu'exerce sur celui-ci la vue d'un bonhomme de neige. Pas tous les bonhommes de neige, non, juste celui-ci. L'enfant avait-il compris, inconsciemment, que celui n'était pas un "simple" bonhomme de neige ?
Une très courte nouvelle à la chute fort appréciable.01/02/2025 à 09:23
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Le Garçon venu de loin
8/10 Le 50 rue Saint-Exupéry est l'adresse d'un immeuble où vivent Zoé et ses amis. Bientôt deux nouveaux habitants vont rejoindre le 50 : Zeinah et son fils Alaa. Ils viennent de Syrie et ont fui la guerre et les bombardements. Beaucoup d'habitants du 50 sont prêts à accueillir ces réfugiés les bras ouverts mais deux hommes qui ne vivent pas dans l'immeuble mènent une campagne de dénigrement à leur encontre : "Non à la venue d'une famille de migrants dans votre immeuble. Il est encore temps de vous y opposer !". Cette opposition rencontre certains échos favorables comme chez Mme Rossignol, professeure de chant : "Ces gens sont tellement différents de nous [...] je pense avant tout à la tranquillité de l'immeuble". Heureusement la mobilisation de Zoé et ses amis (dons de mobilier, accueil déguisés en super-héros, exposition qui raconte le parcours de chacun des habitants du 50...) finira par payer.
Un texte humaniste à destination des jeunes lecteurs (à partir de 8 ans), terriblement d'actualité, nécessaire et au ton juste.
"C'est de la folie de haïr toutes les roses, parce qu'une épine vous a piqué..." comme le chante Alaa, reprenant un passage du Petit Prince de Saint-Exupéry...29/01/2025 à 09:35 3
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Nosferatu - tome 1
3/10 Idée de base séduisante : celle d'une réinterprétation du mythe de Nosferatu dans un cadre manga. Disons-le tout de suite : c'est un flop lamentable.
Tout d'abord, l'intrigue semble patauger dans une série de clichés déjà vus dans de nombreuses œuvres du genre. C'est lent, avec peu de moments réellement captivants ou de rebondissements qui donnent envie de poursuivre la lecture, c'est inutilement gore (les scènes de torture dans la tour et celle où la très jeune héritière subit un viol atroce avec un instrument de torture pour "lui écarter le vagin"), l'histoire est bancale, peu enthousiasmante. L’atmosphère gothique du récit n’est pas exploitée à sa juste valeur, et le manga échoue à instaurer une véritable tension. S'y ajoute enfin un dessin certes sombre et qui convient au thème mais parfois difficilement "lisible" notamment dans les scènes de combat (comme celle entre le chien "mutant" et l'héroïne). Quand ce tome 1 se clôt sur de futurs affrontements entre Nosferatus, on se dit qu'il est temps d'arrêter les frais.
Bref, ce premier tome de Nosferatu version manga est une déception. Il manque de profondeur, d’originalité et d’émotion. Si l’univers semblait posséder un potentiel intéressant, il n’est pas exploité de manière satisfaisante, laissant un goût amer après sa lecture. J'avais emprunté les 4 tomes de la série à ma médiathèque, je vais tous les rendre en n'ayant lu que le premier...27/01/2025 à 20:57 2
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Skin
5/10 Même si je serai moins dur dans ma note que fred69, je le rejoins sur l'évident décalage entre les deux premiers très bons/excellents romans de la série, ayant pour cadre Londres et les deux suivants, se déroulant à Bristol. Mo Hayder avait délaissé pendant 7 ans (entre le tome 2 et le tome 3) Jack Caffery et c'est comme si pendant ce temps-là elle avait oublié tout ce qui faisait la richesse de ses intrigues et de son personnage torturé. Le fait d'abandonner la quête du frère, d'introduire un autre personnage central torturé (la plongeuse Flea Marley), de s'intéresser (de façon peu convaincante à mes yeux) à la légende du Tokoloshe, le tout de façon brouillonne... rend l'ensemble peu intéressant à suivre. Et comme fred69 je ne comprends pas l'intérêt du Marcheur… Que retenir alors de Skin, sinon une énième fiction de tueur en série à l'esprit particulièrement tordu ? Ben pas grand-chose en fait, à part peut-être l'intrigue secondaire qui concerne le frère de Fléa dont cette dernière essaye tant bien que mal d'effacer les traces meurtrières dont il est coupable... jusqu'à ce que cela se retourne méchamment contre elle.
La série compte 7 tomes, j'hésite désormais à poursuivre...19/01/2025 à 19:08 1
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Les Chaussures italiennes
10/10 Avant de débarquer sur Polars Pourpres fin 2012, mon auteur de polars préféré était Henning Mankell. Douze ans et des centaines de titres lus plus tard, force est de constater que c’est toujours le cas et ce n’est pas ce titre (non-polar), Les Chaussures italiennes, qui me fera changer d’avis.
Fredrik Welin vit seul et isolé sur l’île familiale en mer Baltique. Ancien chirurgien, il cultive sa solitude avec un quotidien immuable, fait de baignade nu dans un trou de glace, de balade avec son chien et de rares échanges avec Jansson, le facteur hypocondriaque de l’archipel.
Ces habitudes vont être totalement chamboulées par l’arrivée d’Harriet, son amour de jeunesse qu’il a lâchement abandonné à l’occasion d’un départ aux Etats-Unis, sans jamais plus lui donner de nouvelles…
L’auteur aborde ici des sujets profonds, de façon subtile et poignante : la vieillesse, l’isolement, la réconciliation, la mémoire, la quête (maladroite) de rédemption… Mankell possède un talent rare pour capter les subtilités de l’âme humaine : ses personnages sont profondément humains, avec leurs failles, à l’image de Fredrik, homme complexe et attachant, dont les erreurs passées et les épreuves présentes dessinent un portrait empreint de fragilité et de résilience. Le choix du récit à la première personne renforce la proximité du lecteur avec ce vieil homme. La lenteur avec laquelle les événements se déroulent permettent au lecteur de prendre le temps de comprendre l’évolution des personnages et de réfléchir sur la manière dont leur vie se tisse à travers leurs choix et leurs renoncements. Enfin, le cadre isolé de l’île de Fredrik, à la fois apaisant et oppressant, sert de métaphore parfaite pour ses états d’âme, le tout dans une ambiance particulièrement mélancolique.
Henning Mankell nous livre avec Les Chaussures italiennes un roman délicat, touchant, profondément émouvant et introspectif, d’un rare maîtrise narrative. Un ouvrage poignant à recommander à celles et ceux qui recherchent une lecture à la fois méditative et pleine de résonances profondes.18/01/2025 à 09:47 10
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Le Mystère de la Sombre Zone
7/10 En voilà un drôle de roman !
Un manoir dans les Ardennes, en plein hiver, où doit se tenir un tournoi d’échecs avec à la clé pour le vainqueur, la fortune colossale d’Igor Zakharovitch Podorovieff alias IZP, diamantaire d’origine russe, milliardaire et immense joueur d’échecs. Le principe : devoir rejouer à l’identique la partie gagnée par IZP en 1938 ou, à défaut, vaincre le Russe.
La mise en place est longue (la première partie ne se joue qu’à la page 154), Pierre Siniac prenant le temps de poser le décor et les bases de l’intrigue, notamment le personnage de François Dézessarts, promoteur immobilier véreux et grand favori du tournoi. Ce dernier est poursuivi par son ex-femme, désireuse de le tuer en raison de la mort de leur fille de 4 ans, Gwenaëlle, à la suite d’un accident de voiture provoquée par Dézessarts. Un Dézessarts gagné par la maladie et qui a besoin de gagner le tournoi afin de mettre ses deux fils à l’abri du besoin.
La mise en place est longue et après la mort d’un des joueurs, la résolution de l’énigme tarde à venir, comme si Siniac s’amusait à jouer la montre à l’image de cet enquêteur douteux envoyé par IZP, Hieronimus Anarchasis qui, s’il peut faire penser à Hercule Poirot, n’apporte pas grand-chose à l’histoire.
Mais que retenir de l’histoire ? Déjà, un hommage appuyé mais un brin taquin aux romans à énigme, aux whodunit, avec des références directes ou non à Agatha Christie (Dix Petits Nègres en premier lieu), au Maigret de Simenon, à Edgar Allan Poe (Double assassinat dans la Rue Morgue) et même à Derrick (!), sans oublier bien sûr Le Mystère de la Chambre jaune de Gaston Leroux. Un huis-clos dans un manoir isolé par la neige, un meurtre en chambre close… des ingrédients classiques pour une résolution qui l’est moins, face à laquelle on oscille entre le « pourquoi pas ? » et le « n’importe quoi ! ».
Même si je n’ai pas tout apprécié dans ce roman (trop de longueurs et une résolution qui laisse dubitatif), je suis certain de garder en tête ce drôle de roman, notamment l’ambiance pesante au sein de ce manoir, entouré de neige au fin fond des Ardennes…17/01/2025 à 07:37 4
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Requiem pour une idole
7/10 Retour à du classique avec ce tome 16 qui n’est pas sans rappeler « Suspense à la télévision » (tome 7) avec le thème du cinéma/de la télévision abordé. Au menu de ce tome 16, un prix citron décerné à un professeur Hermelin furax, des enlèvements et séquestrations, des incursions au musée Grévin, de jolis clins d’œil au monde du cinéma français de l’époque (à Brigitte Bardot via sa statue de cire, à Michel Constantin et Rufus qui ont prêté leurs traits aux deux gangsters kidnappeurs…) et le retour du père de Ric.
Un tome emballant, une fin un brin inattendue, du bon Ric Hochet.13/01/2025 à 07:27 2
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Le Diable sur les épaules
7/10 J’ai adoré le prologue de ce roman, suivre l’histoire de Charles Purseau, piètre professeur d’histoire pourtant agrégé, malmené par ses élèves du lycée national de Toulouse à la fin du XIXe siècle et jusqu’à la Première Guerre mondiale, notamment par le plus effronté de tous, Martial de la Boissière qui sera le héros du livre. D’une simple partie d’échecs va naître une relation forte entre l’élève rebelle et le professeur à la très grande intelligence.
Des années plus tard, début octobre 1923, le professeur Purseau vient de mourir dans un village isolé du sud du Tarn où il a fini avec sa fille, institutrice et ancienne amie de Martial. Deux mois plus tard, un certain Louis Bascoul, vieux valet de ferme, meurt de façon atroce dans le village. Camille fait venir Martial, devenu un détective émérite au sein du cercle Cardan…
Une entrée en matière magistrale qui n’a hélas pas tenu le rythme. Un rythme lent, presque cotonneux par moments à l’image de ce coin de France glacial en cet hiver 1924. L’époque est bien retranscrite, c’est un polar historique bien construit, à l’intrigue ingénieuse même si l’on devine assez vite qui est derrière les meurtres qui s’enchaînent.
En bref, Le Diable sur les épaules est un premier polar historique à l’ambiance et à l’intrigue réussies mais qui pêche par quelques longueurs.12/01/2025 à 19:20 1
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Les Caves du Majestic
9/10 L’épouse d’un riche Américain vient d’être retrouvée morte dans une armoire des sous-sols du Majestic, un hôtel parisien. On découvre que la victime n’est autre que l’ancienne compagne de Prosper Donge, chef de la cafeteria du Majestic. Soucieux de ne pas faire de vague, notamment vis-à-vis de l’ambassade américaine et trop content de trouver un coupable apporté sur un plateau (après un 2e meurtre, celui du portier de l’hôtel), le juge Bonneau fait arrêter Donge. Mais Maigret trouve cette résolution trop facile… Comme souvent les réponses aux questions que le lecteur (et le commissaire) se pose se trouvent dans le passé des protagonistes. Un passé qui entraînera Maigret jusqu’à Cannes.
Du grand Simenon, du grand Maigret, peut-être un de mes préférés jusqu’ici. Maigret s’expose (il prendra un méchant coup de poing au visage, sans broncher), sûr de son fait, il en donnera aussi (mais à un autre), nous entraînera avec lui à Cannes en plein carnaval avant de retourner à Paris résoudre l’affaire. Le ton est tantôt grave, tantôt drôle (les répétitifs « qu’est-ce qui dit ? »), l’intrigue très bien ficelée et toujours cette façon unique et magistrale qu’à l’auteur de croquer la société de son temps.
Du grand art.10/01/2025 à 18:16 8