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Le Temps des Tourments
7/10 Le roi est mort, vive le roi...
C'est une saga pour laquelle j'ai beaucoup d'affection, que celle mettant en scène le personnage de Charlie Parker...
Tant pour ses personnages récurrents, dont l'humour est aussi inoxydable que leur résistance aux coups durs, que pour son auteur, qui a su créer un univers si particulier et si addictif, qu'il parvient encore, et toujours, en compagnie de son héros, à nous cueillir, au gré de ses aventures si particulières, teintées d'onirisme...
Et ce nouvel opus de remplir son office, à savoir la poursuite de l'entreprise de démolition de Charlie Parker, et sa quête métaphysique, avec cette fois, la chasse donnée à un groupe de survivalistes, comme il nous a déjà été donné d'en voir lors des précédentes éditions...
Même si l'on peut regretter qu'à cette occasion, l'histoire ronronne un peu, comme s'il fallait le temps à Parker de poursuivre sa convalescence...
Un Charlie Parker un peu ( trop) en retrait, et un final un peu vite emballé font que ce Temps des tourments ne me tourmentera pas longtemps...17/10/2018 à 17:28 4
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L'Egarée
8/10 Sous la plume de Donato Carrisi, cet " Égarée" nous promène en terrain connu, et pourtant, l'auteur transalpin à une fois de plus le mérite de nous dérouter, encore et encore... Il entretient le mythe du Chuchoteur, et nous trimbale durant toute son histoire, tant et si bien qu'il vous arrivera de douter de vous-même, arrivé au terme du récit...
08/10/2018 à 22:29 6
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Mamie Luger
9/10 Mamie Luger déballe la sulfateuse pour nous raconter un siècle d'existence...
Du haut de ses vieilles guibolles, mille vies vous contemplent, et Benoît Philippon de forcer notre sympathie, avec le concours d'anecdotes tour à tour savoureuses, émouvantes et poignantes, à l'égard de cette senior-killeuse aux circonstances souvent atténuantes...
Avec ce style qu'on lui (re)connaît, l'auteur tient à distance ces sévères sévices conjugaux, aidé en cela par la goguenardise et les sarcasmes de son ébouriffant personnage principal...
Féminité en bandoulière, à grandes rafales de féminisme, son héroïne flingue le machisme ambiant...
Prisonnière, bien avant sa garde à vue, de son statut de femme, elle convoque, au peloton d'exécution, toutes ces figures masculines de la violence domestique, et pas un ne manque à la pelle...
Touchant et captivant, ce " Mamie Luger" nous désarme par son sans faute...
06/10/2018 à 18:11 12
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Le Neuvième Naufragé
6/10 Le Roy se prête au jeu du whodunit, et rebat les cartes dans cette partie de poker menteur...
Malgré quelques avaries en cours de route, illogismes et autres contradictions, et des personnages qui manquent singulièrement de bon sens, il maintient son navire à flot presque jusqu'à bon port, où les bons sentiments et l'inévitable obligation de réunir toutes les pièces du puzzle lui font perdre pied...02/10/2018 à 08:04 1
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Empire des chimères
8/10 Dans un brassage d'étonnant, entre urbanisme, jeu de rôle, mondialisation et ruralité, Antoine Chainas, en général d'Empire, scénarise l'affrontement de deux blocs, le merveilleux et le cartésien, l'enchanteur et le libéralisme, l'illusoire et le noir, Walt Disney et Twin Peaks...
En ouvrant ce livre, vous acceptez de lâcher la bride à un imaginaire exalté, de vous perdre dans le dédale kafkaïen des mondes parallèles, de ne pas toujours chercher à percer le sens des mots de l'auteur, ni de vous offusquer des nombreuses digressions qui peuvent freiner le rythme, voire le rompre, mais plutôt, de vous laisser porter par cette écriture noble, pleine d'emphase et empreinte de poésie, qui déroule le quotidien tourmenté d'une bourgade de province, soumise à des événements dramatiques et/ou fantasmagoriques...
On peut adhérer, ou pas, au style, mais on ne peut rester indifférent, ni blasé devant l'ambition de cette arborescence scénaristique qui caractérise cette boîte de Pandore, et qui trouve le moyen d'amalgamer Richard Kelly, Rod Serling, Claude Chabrol et Lost, sous une même bannière...
30/09/2018 à 19:10 4
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Mange tes morts
7/10 Au menu du jour, une histoire bien en chair, une intrigue suffisamment relevée pour tenir en haleine, des rebondissements épicés, qui savent mettre de la saveur dans tout ça, mais un personnage principal qui ne fait pas recette...
Trop de similitudes flagrantes avec un certain Dexter Morgan, ou certains personnages de Paul Cleave, que l'auteur a le mérite de remercier à la fin du livre, gâtent la réussite pleine et entière de ce premier opus...
Une enquête à consommer avec modération, finalement pas complètement à mon goût...20/09/2018 à 20:43 7
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Hunter
9/10 C'est Le bon, la brute et le truand façon Tarantino, des personnages de western spaghetti à la sauce piquante, une brochette d'individus posés sur le grill de situations toujours à la limite...
C'est une révérence à la littérature de genre, c'est une écriture format 16/9, calibrée et organique, c'est stupre et retournements ( de situation), c'est parfois trop, c'est parfois gros, mais ce n'est jamais trop gros, un humour qui flirte avec les frontières du politiquement correct et de l'absurde, mais surtout, en ce qui me concerne, une putain de réussite...
Quand c'est bon, c'est bon, une note exceptionnelle pour un bouquin sans demi-mesure...18/09/2018 à 23:42 9
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Seules les bêtes
9/10 Une histoire de gens qui caussent... Il y a ceux qui caussent pour deux, ceux qui ne caussent plus, ceux qui caussent pour rien dire, ceux qui caussent trop... Colin Niel causse en lieu et place de tous ces gens-là, dans son roman choral, et le fait plutôt très bien...
Il se glisse dans la peau, et la tête, d'une multitude de personnages, différents en genre et en ombres : de faux méchant(e)s en vrais gentil(hommes) , tous et toutes victimes d'illusions déçues, il donne à lire des parcelles d'une vérité que tout le monde croit détenir, mais qui vous file, à chaque coup, entre les doigts... Une vérité sur nous-mêmes et notre époque, promptes à juger et condamner sur des apparences souvent trompeuses, une vérité si Énorme qu'elle aboutira à cette version dramatique de l'amour est dans le presque...09/09/2018 à 20:42 11
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Possession
7/10 Ce n'est finalement pas tant dans le gore, et l'ultra spectaculaire, que dans la coulisse, ou le développement d'intentions différentes de celles que l'on prête généralement à ce genre, qu'il faut chercher l'intérêt de cette histoire...
Que ce soit l'idée maligne, sans mauvais jeu de mots, qui consiste à introduire, en guise de paravent critique, ce " blog de la survivante", pour désamorcer les reproches qui ne manqueront pas d'être faits à propos de la véracité réelle, ou avérée, du cas de possession...
Ou bien celle de l'auteur, s'évertuant à brocarder le concept de reality show, qui vient dénaturer la réalité profonde de ce qui arrive à la famille, dans la manière qu'il a de réinterprèter les évènements pour les rendre spectaculaires, et alors, de fausser la donne...
Finalement, c'est dans l'incertitude qui domine, celle de ne pas savoir si tout est vrai, ou joué, si il y a possession ou manipulation, que se niche tout l'enjeu d'un roman, qui vous emmène là où on ne l'attend pas...05/09/2018 à 22:25 8
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Charybde et Scylla
8/10 Petite excursion réussie dans le domaine de la science-fiction pour Franck Thilliez, où son sens du suspense et son goût pour les faux-semblants se marient pour le mieux, afin de nous faire réfléchir sur la condition de ces êtres de papier, indissociables de la réussite de leurs auteurs...
30/08/2018 à 10:48 5
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Le Mal en Elle
8/10 Comme l'interdit et le sulfureux collent aux basques de la belle Prisca, il y a quelque chose de magnétique et d'impénétrable qui nous pousse à vouloir connaître le fin mot de cette histoire d'amante maudite...
Si le mal est en elle, le bien, voire le très bien, est en Mathieu Biasotto, avec cette intrigue renversante et souverainement troussée ...
La façon qu'il a de construire son récit masque jusqu'à la fin l'effroyable diablerie qui se joue, et accélère notre rythme cardiaque de manière perfide...
J'aime ce jeu du chat et de la souris, qu'il instaure au fil des pages, entre ses personnages, mais aussi avec son lecteur, qui doute de la voix à emprunter...
J'ai hâte d'explorer très prochainement encore un peu plus son univers, proche à mon goût de la galaxie d'une autre étoile du thriller, Karine Giebel...29/08/2018 à 20:03 5
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Venge-Moi
9/10 De cette première rencontre avec la plume de Patrick Cauvin, orienté par l'avis d'Ironheart, j'en ressors ébouriffé, euphorique et ravi...
Une sensibilité, une manière de raconter la vie qui, paradoxalement, et parce qu'il nous parle des choix difficiles auxquelles l'existence nous confronte, nous émeut et nous stimule à la fois, de savoir que nous ne sommes pas seuls à douter, nous rassure quant à nos imperfections, nous apaise quant à nos indécisions...
Un texte écrit simplement, avec des mots justes et forts, qui donne toute sa valeur au potentiel de l'écrit et au talent de celui qui sait en tirer sa quintessence, ou quand éloquence rime avec élégance...
Au fond, Patrick Cauvin nous parle de la difficulté d'être nous-mêmes, faillibles et terriblement humains...22/08/2018 à 20:29 10
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Hôtel du Grand Cerf
6/10 Vertigo Kulbertus, un blaze à faire tourner les têtes... Manque de bol, un physique plus proche du bibendum que de Bieber, et la fibre pantagruélique plus que patriotique... Personnage principal du roman de Franz Bartelt, ce policier, à la verve rabelaisienne, se révèle rapidement déconcertant, et à force de baffrer à longueur de pages, donne l'envie de le biffer... Original, cocasse de prime abord, très vite, ses méthodes d'investigation déroutent non seulement les habitants du petit village de Reugny, mais agacent aussi l'humble lecteur que je suis, hermétique aux digressions anatomiques ou gastronomiques, dubitatif devant cet énergumène assez horripilant, qui nous rejoue la Grande Bouffe à la sauce Chabrol, sans que l'on saisisse toujours le pourquoi du comment...
Et si le découragement en vient à pointer le bout de son nez, c'est, me concernant, le personnage de Kulbertus le principal responsable...
Paradoxalement, et bien peuplé qu'il est, l'Hôtel du Grand Cerf, tout comme le roman qui porte son nom, mérite néanmoins que l'on s'y arrête, pour son intrigue qui finit par sortir du bois, et ses seconds couteaux plus affûtés, au sens propre comme au figuré, que Mr Vertigo...
20/08/2018 à 17:33 4
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Sa Majesté des Ombres
8/10 On ne peut que trouver "stupéfiant" l'aboutissement du dernier Ghislain Gilberti, qui pousse le thriller dans ses derniers retranchements, lui donnant une dimension sérielle digne des plus grosses productions de la petite lucarne, à la seule force de ses mo(r)ts...
Une première partie qui se heurte aux limites du genre feuilletonesque : puisqu'il s'agit d'une épopée, d'une trilogie, il est presque malhonnête de juger ce recueil seul, car comme toute série, chaque épisode se mesure à à l'aune de l'ensemble, pour ce qu'il représente, et la façon dont il sert l'unité... C'est pourquoi il faut alors juger différemment, et faire fi des défauts inhérents à ce type de projet, comme la mise en place, beaucoup plus ambitieuse de cette intrigue, qui retarde forcément l'envol, pour se focaliser sur les tenants et les aboutissants d'une entrée en matière comme celle-ci... Des personnages tous plus borderline les uns que les autres, que Gilberti parvient à rendre crédibles néanmoins, sans verser dans l'outrance; un méta-univers policier, dans lequel la masse d'informations ne noie à aucun moment le lecteur, mais s'avère, plutôt, une bouée efficace pour nager avec les requins et le menu fretin qui peuplent ces fonds-là...
En un mot, une fresque grandiose, dont les cent dernières pages posent les problématiques futures et donnent peut-être la véritable raison d'être de cette incroyable immersion dans le monde des ombres...12/08/2018 à 12:12 10
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Hortense
6/10 Expert brouille la frontière entre détresse et folie, avec ce portrait d'une mère éplorée, dont on peut se demander si elle fabule ou si sa douleur est réelle...
Les livres que j'ai lu de cet auteur ne m'ayant pas particulièrement transporté, j'avoue que j'ai eu quelque réticence à accorder ma confiance à ces paroles d'Expert, mais je dois reconnaître, sur ce coup-là, sa réussite en ce qui concerne le réalisme apporté à la psychologie des principaux protagonistes...
Même si je peux déplorer les quelques longueurs rédhibitoires, petit péché mignon de l'auteur, qui privent le roman d'un rythme et d'une tension plus fortes... D'autant plus que j'avais anticipé le coup de théâtre final dès les premiers pages... Néanmoins, une lecture pas désagréable, ni transcendante...31/07/2018 à 20:44 6
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Là où vivent les loups
9/10 Au milieu d'un troupeau de joyeux drilles et de tristes sires, Laurent Guillaume choisit comme mâle (pré)dominant un anti-héros gouailleur et misanthrope, que le caractère outrancier nous rend presque immédiatement attachant, un peu comme l'imbuvable Merlicht, né sous la plume de Nicolas Lebel... Dans les moments de la vie quotidienne, comme dans les scènes d'investigation, Laurent Guillaume trouve le mot juste, et nous narre, avec bonheur et humour, les mésaventures de ce drôle de spécimen...
Plus que l'air régénérant des sommets alpins, c'est par la plume caustique et goguenarde de l'auteur, qui propose ici une alternative convaincante aux polars urbains, gavés de super-flics infaillibles, que passe ce courant de sympathie, qui vous rafraîchira tout du long de votre lecture...28/07/2018 à 19:26 10
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Quelque part avant l'enfer
7/10 Tackian entretient le doute et l'angoisse tout le long de ce thriller indécis pour livrer, au bout du tunnel, sa révélation infernale...
Adepte des aventures de Tomar Khan, et friand de celles d'Alex Hugo, j'ai voulu voir comment tout avait commencé pour Nico Tackian... Avec son premier roman, on reste en territoire connu : des personnages attachants, une intrigue, alléchante et qui flirte avec le fantastique... Néanmoins, ici, l'expérience montre quelques limites : des incohérences dans le déroulement de l'action, et surtout, une résolution de l'intrigue comme sortie du néant, qui intervient spectaculairement, et de façon assez artificielle, après un tâtonnement qui aura duré quelques 300 pages...28/07/2018 à 19:25 5
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Les Fantômes de Manhattan
9/10 Il y a deux histoires dans l'histoire que nous raconte RJ Ellory : celle, collective, de l'envers du rêve Américain, et celle, individuelle, de l'envers d'un rêve de vie fantasmée...
Les personnages de cette ghost story se débattent dans une existence biaisée par la vision de leur rapport à l'autre, ectoplasmes solitaires recherchant la complétude, affranchis des convenances, éprouvant le spectre de toutes les émotions terrestres,et douloureusement seuls... Un portrait de femme d'une grande acuité, sensible et touchant, une quête empathique effrénée, un questionnement à propos de ce qui nous (re)lie les uns aux autres...
Et même si plane sur le manuscrit servant de fil rouge à cette intrigue, des réminiscences de quelques-uns de ses précédents romans, notamment Vendetta, RJ Ellory lui donne une telle force de conviction, un tel engouement, une telle épaisseur, qu'il confère presque à lui seul sa qualité au livre, et donne, au final, un poids indéniable au dénouement, incroyable, ressuscitant ceux de ses meilleurs œuvres...28/07/2018 à 19:24 7
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Réveille-toi !
8/10 François-Xavier Dillard construit son récit comme un électrochoc, alternant séquences oniriques, à haute tension, et phases d'observation, toutes en descriptions et analyses, en un crescendo dramatique absolument captivant...
Ça se rapproche un peu de ce qu'ont pu faire Camut et Hug, quelque part entre les Voies de l'ombre et W3, l'ambition de marier les genres, d'établir un pont entre des thématiques aussi variées que la science-fiction, la psychanalyse, le fantastique ...
Même si, comme à son habitude, il s'évertue à déshabiller de leurs oripeaux traumatiques chacun de ses personnages, pour mieux les incarner, et dresser un portrait de famille(s) hantées par ces monstres domestiques, d'une effroyable humanité ...28/07/2018 à 19:23 5
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Dernier été pour Lisa
8/10 Quand on fait le choix de lire un roman de Valentin Musso, c'est souvent pour la promesse d'un auteur capable de se renouveler d'un livre à l'autre, d'aborder différents genres, avec souvent la même réussite...
Sur une trame très "Joël Dickerienne", il répond aux exigences du cahier des charges, tout en parvenant à insuffler à ses personnages ce supplément d'âme, cette prégnance charnelle, qui tire son roman de l'ennui et du redondant...
À partir d'une intrigue somme toute commune, sa manière de nous raconter des histoires prend le dessus, et le chemin qu'il dessine, plus tortueux qu'il n'y paraît de prime abord, nous mène imperceptiblement vers une espèce de crépuscule émotionnel, fin de règne de l'amitié perdue, passerelle ténue et cathartique, liant l'adolescence à l'âge adulte...28/07/2018 à 19:22 6