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Le Manuscrit inachevé
8/10 Engage le jeu que je le gagne... Élaboré au sein du laboratoire mental de Franck Thilliez, ce Manuscrit inachevé prend le par(t)i, ludique, d'emmener le lecteur sur des versants d'horreur et d'effroi, le mettant à l'épreuve, aussi bien mentalement, que psychologiquement...
Une nouvelle expérience littéraire, associant plaisir (du lecteur), et douleur (des personnages), une partie d'échecs sado-masochiste jusque dans son épilogue...
Un hommage à Sir Arthur Conan Doyle, un vrai livre interactif, comme ceux dont vous êtes le héros, dans lequel vous choisissez entre la lumière et les ténèbres, le romanesque ou le cartésien...
Et où Franck Thilliez en impose le plus, c'est dans sa capacité à mener la partie à son terme, en dépit du flot d'événements qui balisent son histoire, et qui auraient tendance à nous en faire perdre le fil ; or, pas du tout, les coups s'enchaînent, et le rythme ne souffre d'aucun temps mort... Contrairement à Franz Schubert, Franck Thilliez nous joue là sa symphonie la plus aboutie depuis longtemps...13/05/2018 à 20:48 8
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Soeurs
8/10 Un retour aux Sœurs, comme un retour aux sources... La première affaire du jeune Servaz, comme la résonance d'une époque révolue pour lui, le flic bourru et technophobe, toujours plus à l'étroit dans ce monde d'aujourd'hui...
On pense à " Garde à vue", de Claude Miller, pour le face-à-face tendu entre Servaz et Erik Lang, et l'ambiance rétro qui en émane...
Le personnage de l'écrivain, auteur de romans policiers, impliqué au cœur de l'affaire, apporte à l'intrigue une dimension ludique, presque comique, et parfois introspective, quand il permet à Minier d'agrémenter son histoire de saynètes cocasses, et de railler gentiment les clichés et les poncifs, accumulés au fil des critiques faites à l'emporte-pièce...
Tout comme il évoque les rapports auteur / fan, et les liaisons dangereuses qui peuvent parfois en découler...
Tout comme il orchestre, in fine, la mise en abyme de sa propre œuvre, et en profite pour se mettre en scène, avec son lecteur, dans une sorte de jeu de miroir...08/05/2018 à 10:38 8
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À mains nues
7/10 Pourquoi à mains nues ? Parce que Paola Barbato ne prend pas de gants pour nous plonger au cœur de la mêlée, et nous en mettre plein la gueule... Le plus glaçant dans cette histoire, ce n'est pas tant l'explicite, que l'implicite, le hors champ, la violence suggérée... C'est l'irrationnelité de la situation dans laquelle se retrouve plongé Davide/Batiza, c'est le dressage imposé par ce père de substitution, ce syndrome de Stockholm presque partagé... Une fois encore, les personnages de Barbato sont tour à tour victimes et coupables, dans cette posture du survivant, sur le fil d'une morale mal dégrossie...
Son talon d'Achille, c'est ce rythme induit par un schéma narratif longtemps binaire ( phase de combat/phase de repos), qui le rend rébarbatif et redondant...
Pas loin de jeter l'éponge, j'ai dû me faire violence pour rester sur le ring; bien m'en a pris, car la lecture des 40 dernières pages, avec sa succession d'uppercuts, m'a fait baisser la garde, et laissé sonner pour le compte...
Plutôt qu'un gros K. O. technique, une détonante victoire aux poings...01/05/2018 à 23:42 10
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La Disparition de Stéphanie Mailer
4/10 Joël Dicker tente de nous refaire le coup de l'affaire Québert, mais cette fois, la mayonnaise ne prend pas, ne prend plus, c'est même une énorme faute de goût...
Je ne peux pas dire que je me sois totalement ennuyé, mais entre des scènes dignes d'une mauvaise sitcom, des rebondissements d'un opportunisme discutable, des dialogues affligeants de niaiserie, on frôle tellement le grotesque et la caricature, qu'on va au bout de l'expérience en s'interrogeant sur le pourquoi d'un tel engouement autour de cet auteur, et de ses romans...22/04/2018 à 19:53 9
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Toutes blessent, la dernière tue
8/10 Jusqu'à quel point la maltraitance physique et/ou psychologique est-elle supportable ?
Jusqu'à quel niveau de douleur peut-on s'oublier, pour résister ?
La capacité de résilience est au cœur du nouveau thriller "coups" de poing de Karine Giebel, qui gravit un nouvel échelon dans le dévoiement de la nature humaine ...
Ici, comme souvent avec Giebel, pas de violence suggérée, mais une violence exposée, voire surexposée... Format XXL, les tortures subies par la jeune Tama posent la question de la pertinence de certaines scènes, à laquelle répond l'auteure, en toute fin de roman...
Si toutes blessent, et la dernière tue, durant ma lecture, certaines se sont, parfois, étirées inutilement ; le péché mignon de Karine Giebel, cette prolixité adverbiale, est (re)venu parasité la progression d'une intrigue qui aurait mérité davantage de sécheresse...
J'ai néanmoins retrouvé avec bonheur l'auteure qui m'avait scotchée avec " Meurtres pour rédemption", son ardeur, sa frénésie, qui manquait dans ses derniers romans, et qui lui permet de jouer de tout son savoir-faire et de toute son habileté scénaristique pour nous tenir en haleine, sur plus de 700 pages...
Elle sait rallumer la lumière, en sondant les recoins les plus sombres du genre humain, pour mettre en valeur ces individus que l'on s'évertue à dissimuler...
12/04/2018 à 15:50 8
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Sauf
7/10 Sur les ruines d'un passé consumé, Hervé Commère pousse son personnage principal vers l'acceptation d'une destinée tronquée, à la découverte de ses racines...
Tout de suite, on est cueillis par l'estampille Commère, comme on pourrait parler d'un label, ou d'une AOC : auteur obligeamment charitable...
Avec l'intime en abscisse, et l'affect en (dés)ordonnée, Hervé Commère envisage un nouvel algorithme humaniste : quand le point d'origine est faussé, peut-on s'imaginer que la trajectoire de nos existences soit réellement la bonne, l'unique ?
Un récit profondément altruiste, hédoniste, une histoire de famille qui invite les grands gamins que nous sommes à lever le camp, affronter nos tempêtes ( intérieures), pour se détacher de ce que nous avons été, devenir un individu à part entière, et rejoindre la rive du monde des adultes... Sain et SAUF...
05/04/2018 à 20:09 10
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Roma
6/10 Après les réussites Barbato, Carrisi et Dazieri, la Botte trébuche, avec ce thriller austère, aux allures de masterclass pour profilers émérites... Alléchante 4ème de couverture, qui ne tient pas ses engagements... Une atmosphère humide, dans lequel le lecteur patauge, la faute à une intrigue un poil trop didactique, un manque évident d'interaction entre le groupe d'enquêteurs et le tueur, une politique d'évitement, frustrante sur la longueur...
Sous ce ciel de plomb, viennent percer ça et là quelques éclaircies, comme le profil atypique de ses personnages, dont celui de ce superflic malgré lui, en état de désespérance annoncé, au sacerdoce douloureux...
Peut-être la raison qui me poussera à donner sa chance au prochain Mirko Zilahy...02/04/2018 à 12:45 5
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Passager 23
5/10 Les intrigues de Sébastian Fitzek sont comme ces palaces flottants qui servent de décor à sa dernière histoire : plus c'est énorme, plus ça doit être efficace...
En ce qui le concerne, la mécanique du cliffhanger importe plus que le style ou la plausibilité de son récit, et il faut lui reconnaître cette incroyable capacité à inventer des rebondissements qui nous submergent, parfois au-delà de toute vraisemblance...
Mais en lisant Passager 23, j'ai une fois encore l'impression d'être un passager clandestin à bord de son histoire...
Chez lui, la traversée se fait à marée basse ; une lecture laborieuse, basée sur ce postulat qu'il faut sans cesse époustoufler le lecteur, quitte, une fois encore, à sacrifier l'épaisseur des personnages, ou une véritable progression dramatique, et dont le plaisir, du moins me concernant, est absent, car noyé sous ces improbables twists successifs...
Alors oui, on tourne les pages consciencieusement, oui, il m'arrive d'être surpris par quelques " trouvailles", mais passé la salle des machines, le séjour s'éternise, et le voyage perd de son intérêt...
Finalement, une fois encore, je reste à quai...
27/03/2018 à 08:46 12
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La Voix secrète
7/10 Dans la catégorie polar historique, Michael Mention fait entendre sa voix, et nous prouve que son talent sait s'affranchir, comme à chaque fois, des codes du genre... Sans renier son style si caractéristique, il relate les faits au passé recomposé, ressuscitant les odeurs, les sons et les couleurs d'une époque séditieuse et tourmentée... On traverse cette parenthèse historique comme son personnage principal, anti-héros patenté : l'esprit embrumé par l'effervescence de son intrigue, flatté d'un intérêt sincère qui ne se prolongera malheureusement pas au-delà des dernières pages...
22/03/2018 à 16:35 8
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Boréal
7/10 C'est l'horreur boréale qui se lève sur la nouvelle histoire de Sonja Delzongle... Un récit comme un iceberg, dont la partie immergée, qui ne se livre qu'au compte-gouttes, se révèle d'une redoutable efficacité, souvent à contre-courant de ce à quoi le lecteur peut s'attendre, même si le volet britannique de l'intrigue peut apparaître comme superfétatoire...
Des personnages sous ( hautes ) pressions, une sorte de Dix petits nègres au Groenland, un aréopage de caractères bien trempés confronté à l'indicible...
Ce polar polaire résonne des références à John Carpenter et se décline comme un roman de la survivance, où la bestialité des pratiques ataviques nous renvoie en pleine face (nord) la cruauté et l'égocentrisme de notre monde moderne, quand se répondent rituels contre nature et agressions contre Nature ...
L'auteure nous livre alors des pages d'une atrocité glaciale en décrivant le calvaire de ses protagonistes, et dénonçant le côté obscur de l'humain, illustrant ainsi la phrase de Hobbes " L'homme est un loup pour l'homme" ...21/03/2018 à 10:08 6
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Irrévocable
6/10 Un prologue à la Mission Impossible, et l'on se dit qu'on est partis pour un thriller d'action survitaminé, mené à un rythme effréné... Malheureusement, la suite des réjouissances n'est pas du calibre de cette entame punchy ; une intrigue suffisamment retorse pour accaparer toute notre attention, mais trop de moments d'intériorisation et des secousses temporelles qui cassent l'emballement narratif... Je me suis trop souvent retrouvé à faire le grand écart, frustré par une espèce d'ascenseur émotionnel, généré par l'alternance préjudiciable de pics de tension formidablement anxiogènes et palpitants, et des séquences introspectives atones...
En définitive, un thriller d'action où le cérébral prend un peu trop le pas sur le mouvement...17/03/2018 à 17:08 5
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Dark Net
7/10 Un joyeux foutoir réjouissant, comme souvent avec les éditions Super 8... Un vrai choix éditorial, une littérature de genre(s), avec le risque de ne pas plaire à tout le monde... Ici, un peu de Constantine, un peu de Sos Fantômes, pas mal de Matrix, des personnages incarnés, et une histoire en roue libre, sans beaucoup de rapport avec le pitch de la quatrième de couv'... Ça parle de religion, d'êtres malfaisants, ça sonne très comics, et ça fonctionne plutôt pas mal, car l'enchaînement des événements ne nous laisse pas le temps de gamberger... S'affiche, en creux, une critique de notre société connectée, et de cette dépendance à ces écrans, qui régissent nos vies ; Internet, comme le réceptacle de nos déviances les plus folles, personnage à part entière, portail numérique vers l'aliénation des masses, plate-forme protéiforme tissant sa toile, et nous captant dans ses réseaux...
11/03/2018 à 19:53 4
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T'en souviens-tu, mon Anaïs ?
7/10 Petites parenthèses apéritives, ces nouvelles de Michel Bussi permettent à l'auteur de démontrer que l'art de la chute dépend de l'élan qu'il met à convaincre le lecteur que ce n'est pas tant le chemin, que la mise en place d'une ambiance, d'un contexte, qui garantit le succès de son histoire, indépendamment de la longueur de celle-ci... Pétillante nostalgie, ou mordante ironie, point besoin d'hémoglobine pour tapisser les pages de ses récits, et démontrer un talent de conteur intarissable...
01/03/2018 à 22:23 4
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Ce pays qu'on assassine
7/10 Comme souvent, avec Gilles Vincent, le militantisme affirmé de l'auteur se manifeste dans les combats que s'en vont livrer ses héroïnes...
J'ai pensé à ces films policiers des années 80, genre " Le Professionnel" ou " I comme Icare", ceux où le héros, en butte à sa hiérarchie, et aux pouvoirs en place, finit par rentrer dans le rang, de gré ou de force...
Quand la raison d'Etat devient bâillon judiciaire, ses personnages n'ont d'autre choix que de courber l'échine, et plutôt que de sombrer dans une résignation qui colle à l'époque, Gilles Vincent laisse filtrer quelques promesses de meilleur, à l'horizon des prochaines échéances...27/02/2018 à 23:46 6
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Retour à Duncan's Creek
7/10 Comme Nicolas Zeimet, lancé sur l'autoroute des souvenirs, choisissez l'itinéraire bis, celui des chemins de traverse et des impasses de jeunesse...
Au carrefour des ambitions déçues et des amitiés tronquées, empruntez la voie rapide des regrets, sans trop vous y attarder, et tournez en rond, sans vous appitoyer sur vous-mêmes... Continuez toujours tout droit, pour arriver au terminus des désillusions...
J'étais prêt à prendre la place du mort pour assister à cet émouvant adieu à la jeunesse perdue, et pourtant, je suis resté sur le bord de la route une bonne partie du trajet... La faute à une alternance temporelle, qui dilue le rythme, les moments présents étant clairement en dessous des épisodes passées..
Des longueurs donc, malgré quelques bons moments, mais surtout le sentiment que, n'ayant pas lu " Seuls les vautours" avant, il me manque quelque chose, un contexte, un environnement, une vue d'ensemble des événements antérieurs à cette histoire, pour réellement m'attacher à cette chronique adulescente du temps qui passe...
Peut-être que sa plus belle réussite finalement, ait été de me donner envie de rattraper, moi aussi, le temps perdu, comme ses personnages, en me plongeant dans "Seuls les vautours"...23/02/2018 à 19:12 4
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L'Homme craie
9/10 Une bande de pré ados, des meurtres, un passé amer qui se dilue dans un présent acide...
Un récit qui sentait bon la copie, mais que le talent, et la prose, de C.J Tudor commuent en un tableau brillant sur la sortie de l'enfance, et la perte d'une certaine candeur...
Rien ne se craie, tout se transforme : l'expérience délicate du passage à l'âge adulte, les responsabilités qui en résultent , les choix que l'on fait, ou pas, cette effervescence métaphysique qui nous fait grandir, tout ça est formidablement retranscrit, et sonne terriblement vrai avec les maux d'une histoire au suspense pantelant...11/02/2018 à 23:00 11
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Juste après la vague
8/10 On ne peut reprocher à Sandrine Collette d'être fidèle à elle-même, et ce, contre vents et raz-de-marée... Placés dans des situations toujours plus intolérables, ses personnages sont contraints d'abdiquer toute forme d'humanité, pour régresser vers une sorte d'animalité primitive et ancestrale. ..
Un credo : survivre , obsédés par un duel intérieur permanent, entre conserver figure humaine, et l'envie de céder à ses plus bas instincts... Ici, les protagonistes sont physiquement sommés de faire ce choix, puisqu'engagés dans un processus irréversible... Plus que jamais, ses personnages restent fiers et durs au mal ; naufragés malgré eux, ils entament une traversée d'un désert des Tartares liquide, à partir de laquelle l'attente et l'immobilisme sont tout aussi prégnants... En somme, une version maritime du Petit Poucet, un conte théologique, où la foi en l'autre peut déplacer des océans ; Sandrine Collette surfe sur la vague d'un talent indéniable, dont l'écume n'est pas prête de retomber...06/02/2018 à 17:51 12
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7 / 13
8/10 Ce qui distingue une histoire moyenne, voire ratée, d'une bonne, voire très bonne histoire, c'est, en ce qui me concerne, et pour une très grande partie, l'attachement que l'on porte aux personnages, l'empathie que l'on éprouve, à travers les épreuves qu'il(s) traverse(nt), la possibilité de les voir grandir, et évoluer, un peu comme dans ces feuilletons cathodiques qui prennent le temps de donner du relief et de la consistance à ceux-ci...
Une connexion qui ne peut s'établir que sur le long terme, par le biais de ces épopées au long cours, de celles qui mettent régulièrement en scène les mêmes protagonistes, quand chacun des épisodes dessine de façon plus intime encore le profil du héros...
La série des aventures du couple Magne / Heslin, née de la plume de Jacques Saussey, et dont 7/13 est le dernier avatar, fait partie de ces séries qui se bonifient avec le temps...
Après le virage amorcé dans " La Pieuvre", Jacques Saussey bat l'enfer tant qu'il est chaud, en déroulant les répercussions post-traumatiques des événements du dernier opus, qui s'inscrivent ici en filigrane d'une intrigue plus roublarde qu'elle n'en a l'air..
Un air de jazz venu d'outre-Atlantique, comme une oraison funeste, trait d'union " Entre deux mondes", quand l'auteur lorgne gentiment du côté du dernier Norek...
L'enquête dans l'enquête, au sujet d'un fait historique méconnu, et sujet à caution, termine de rendre ce 7/13 particulièrement séduisant...
02/02/2018 à 09:10 8
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Fantazmë
7/10 La figure de proue du nouvel ouvrage de Nico Tackian n'est-il pas davantage le démon intérieur qui ronge le commandant Khan, plutôt que cet insaisissable spectre, après lequel lui et son groupe passent leur temps à courir ?? C'est toute la problématique de ce Fantazmë, à savoir que le combat que mène Tomar contre lui-même, contre ce qu'il est, ou ce qu'il risque de devenir, cette tentative pour échapper à ce géniteur omniprésent, s'avère, au final, beaucoup plus intéressant que la quête du mystérieux redresseur de torts... Le côté investigation du roman n'est, in fine, qu'une toile de fond sur laquelle dérivent les ombres venant s'accrocher aux basques du personnage principal de Tackian...
26/01/2018 à 20:53 7
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Couleurs de l'incendie
7/10 Qu'il a été long à ranimer le brasier d'enthousiasme, entretenu par ma lecture d'"Au revoir là-haut"...Passées les quelques flammèches et autres escarbilles d'une ouverture de roman longue comme une phrase du petit Paul Péricourt, l'effet conjugué du talent inégalable de conteur de Pierre Lemaitre et de la mécanique toute Monte Christienne de la revanche prise par Madeleine va finir par mettre le feu aux poudres... C'est alors que l'on va assister, à grands renforts de feux et de contre-feux, à la chronique débridée d'une résurrection bourgeoise, à la veille de l'incendie belliqueux qui va ravager l'Europe... Il a néanmoins manqué à cette belle composition historique quelque chose de la fougue et de la folie du volume précédent; moins baroque, plus sage, d'une résonance très forte avec l'actualité récente ( fraude fiscale, crise économique, trafic d'influence...), en dépit d'une symétrie trop prononcée avec son volet précédent, et inextricablement mêlé au bouillonnement politique de l'époque, Lemaitre signe, malgré tout, une œuvre flamboyante, et prouve que sa réussite dans le genre n'est pas qu'un feu de paille...
22/01/2018 à 22:42 15