Mephisto

193 votes

  • Mausolée

    Antoine Tracqui

    8/10 Imaginez que Jules Verne ait décidé d'avoir un enfant avec Tom Clancy (je sais, ce n'est pas évident à se représenter ! ), et vous aurez une petite (mais vraiment toute petite) idée de ce qu'est ce Mausolée. On y croise des androïdes aux incroyables capacités (plus humain que les humains), on y assiste en quasi direct à des catastrophes dignes d'un blockbuster à Hollywood (au choix... 2012, Le Jour où la Terre s'arrêta, En Pleine Tempête, tous les Die Hard), on y suffoque sous des tonnes d'eaux, on file dans les airs dans d'improbables engins volants... Plus de 900 pages sans aucun répit. Une performance, d'autant que Mausolée diffère complètement de son prédécesseur, l'excellent Point Zéro qui se déroulait dans l'hémisphère sud.

    23/03/2015 à 21:50 5

  • Pandemia

    Franck Thilliez

    8/10 L'auteur a su ménager un coup de théâtre qui pourrait vous donner envie de l'étrangler (les amateurs de la série d'heroïc-fantasy Game of Thrones comprendront). Nul n'est irremplaçable, nul n'est indispensable ! Infecté, j'ai plongé dans l'histoire qui prolonge efficacement Angor (pour lequel j'ai un faible) mais j'avoue que j'ai un peu décroché - mithridatisé peut-être - lorsque l'intrigue se resserre dans le dernier tiers sur le Deus ex Machina de ce complot géant, L'Homme en Noir. Un "méchant" qui lorsqu'il commence à s'incarner en chair et en os m'a paru un peut trop théâtral, poseur, dans sa manière d'agir et de s'exprimer. Au final, un thriller touffu, ponctué de scènes et d'images qui vous hantent longtemps (notamment un charnier d'animaux en Pologne), qui mélange habilement la réalité scientifique (cf la grippe aviaire, la crise de la vache folle, la dissémination d'Ebola en Afrique...) avec la (presque) fiction. Et si tout cela nous arrivait. Et si tout cela était déjà arrivé ?

    22/06/2015 à 21:43 5

  • Sauvez-moi

    Jacques Expert

    9/10 Neuvième roman pour Jacques Expert, et son inspiration ne tarit pas. Sur une histoire apriori "sans histoire", l'ancien journaliste de faits divers tisse un passionnant puzzle qui jusqu’au bout vous surprendra. Pourtant, quand on commence ce livre, on croit tout savoir, mais le piège se met en place et on finit par tourner les pages sans s'en rendre compte, pris par la cadence, et une implacable mécanique.

    29/06/2018 à 17:17 5

  • Une Colonne de feu

    Ken Follett

    8/10 L'auteur gallois des Piliers de la Terre et d'Un monde sans fin (plus d'une trentaines de livres publiés depuis ses débuts dans les années 70), ancien journaliste, entame une nouvelle saga historique sur fond de fanatisme religieux. C'est foisonnant, documenté (à chaque fois, il s'entoure d'historiens et d'assistants pour vérifier le moindre détail), passionnant. On se laisse vite emporter par les destins contrariés de ses nombreux personnages, naviguant entre la France, l'Angleterre, les Pays Bas et même jusqu'aux lointaines Caraïbes pour une romance improbable dont Ken Follet a le secret. Une fresque époustouflante où s’agite toute une humanité fragile.

    05/09/2017 à 13:53 5

  • De bonnes raisons de mourir

    Morgan Audic

    6/10 ... Tout ce qui concerne la vie en Ukraine sonne véridique mais pas dans le sens journalistique, presque vécu, et c'est un plaisir de se plonger dans le début de ce roman plutôt original quant à sa géographie (Franck Thilliez s'y était intéressé avec l'intrigue d'Atomka en 2012). Par leur côté très cinématographique, les meurtres du ou des tueurs en série à l'oeuvre dans ce 2ème livre de Morgan Audic (Trop de morts au pays des merveilles) m'ont paru très tarabiscotés, particulièrement élaborés, mais j'avoue que quelques mois après la fin de ma lecture, j'ai complètement oublié l'intérêt qu'avait l'assassin a signé son passage avec des oiseaux empaillés....

    27/01/2020 à 15:47 4

  • Dompteur d'anges

    Claire Favan

    8/10 Comme d'habitude avec Claire Favan, il ne faut surtout pas à se fier à la première impression de familiarité de ses intrigues. Si le chemin de départ paraît bien balisé, méfiez-vous ! Avec elle, tout est permis. Vraiment tout. Dans un style hyper économe, sans artifice, l'auteure nous entraîne dans l'incroyable vengeance mise au point par Max, mais là encore ce n'est pas la véritable histoire, mais plutôt ses conséquences... Claire fixe l'attention du lecteur, puis l'entraîne vers quelque chose de tout à fait inattendu.

    07/03/2017 à 03:14 4

  • Kaboul Express

    Cédric Bannel

    8/10 Difficile de lâcher ce roman tant il se lit de façon fluide. On veut savoir... Tout simplement. Qui est ce Zwak ? Pourquoi cette vengeance ? Qui pourra l'arrêter ? Comment l'identifier ? Comment le retrouver ? Ce 3ème roman de Cédric Bannel ne faiblit jamais. L'écriture est sans fioritures, pas de frime, juste l'envie de raconter une histoire avec ces personnages, leurs forces, leurs faiblesses. Pour moi, un petit chef-d'oeuvre d'efficacité.

    26/06/2017 à 17:48 4

  • L'Apothicaire

    Henri Loevenbruck

    8/10 Je me suis régalé à la lecture de ce thriller moyen-âgeux. On y sent la jubiltation de l'auteur qui, après avoir mûri pendant sept ans ce projet, en a passé deux à l'écrire, prenant le temps de se rendre à moto pour suivre le tortueux périple d'Andreas de Saint-Loup. Un vrai plaisir pour le lecteur, d'autant qu'Henri Loevenbruck s'échine à ne pas cherche l'efficacité à tout-prix et laisse son histoire prendre parfois d'étranges détours, des méandres bienvenus, qui donnent à L'Apothicaire un côté jubilatoire et chahuteur.

    18/10/2011 à 21:45 4

  • L'Île du serment

    Peter May

    7/10 Peter May ne cherche pas l'efficacité du polar qu'il applique d'habitude à ses romans (cf., sa série chinoise, et sa série écossaise...), mais s'amuse plutôt à susciter un sentiment de trouble chez le lecteur. Comme si l'on était dans un état d'entre-deux, mi-éveillé, mi-endormi... Exactement comme son héros, Sime, tiraillé entre ce qu'il croit être la réalité et ce qu'il pense être une réminiscence de la vie de l'un de ses ancêtres venu d'Ecosse. On flotte... Parfois, on décroche. Et puis, on se raccroche. "L'Île du Serment" se détache de tous les autres romans de May par la construction de son récit (Présent/Passé) mais aussi par son intrigue un peu comateuse, qui sert surtout de prétexte à de magnifiques descriptions et à raconter la vie en huis-clos de ces îliens, oubliés sur ce bout de terre méconnu. Mon conseil, débuter par "L'Île des Chasseurs", 1er volet de la trilogie écossaise, puis lire le 2ème, et le 3ème et ensuite se laisser tenter par "L'Île du serment."

    23/01/2017 à 17:38 4

  • La Soif

    Jo Nesbo

    8/10 Tortueux, compliqué comme souvent chez Jo Nesbo, et en même temps assez passionnant pour que vous vous retrouviez à tourner les pages sans prendre de pause, et malgré des invraisemblances et des outrances incroyables. Nesbo, c'est comme ça ! Pendant votre lecture, outré, il vous arrivera de vous dire : "Mais c'est n'importe quoi !" Et pourtant, difficile de lâcher La Soif. Nesbo a le don pour écrire des scènes, notamment la finale, qui vous allume des panneaux solaires dans les yeux et vous les imprime pour longtemps sans même que vous ayez besoin de voir le film. Dernier point, je demande vraiment si tout cela est bien légal : un ancien flic devenu prof qui enquête à la tête d'un petit groupe de mercenaires sous couvert de la police ? Allez, on va dire qu'on s'en fout. :-)

    16/01/2018 à 09:54 4

  • Le Bal des ardentes

    Ghislain Gilberti

    7/10 Pour ce troisième roman publié (Le Festin du Serpent, Le Bal des Ténèbres...), Ghislain Gilberti modifie de nouveau de braquet et opte pour un récit assez clinique, presque chirurgical, dans lequel le rythme, la cadence est donné par les personnages. De façon quasi inexorable. Alors que ce polar, toujours aussi étonnamment documenté (on se demande comment l'auteur arrive à ingurgiter et restituer de façon digeste autant de données spécifiques comme celles sur la fabrication des bombes), change de localisation, et bascule de Marseille à la banlieue parisienne, il prend une dimension cauchemardesque, évoquant une atmosphère délétère entre Los Angeles 1997 ou à la série Walking Dead, et arrive à rendre crédible un incroyable assaut des forces de l'ordre en plein milieu des cités, morceau de bravoure de ce "Bal des Ardentes."

    27/06/2015 à 01:34 4

  • Le Joker

    John Burdett

    2/10 Un grand bordel ! Et Dieu (ou Bouddha) sait à quel point j'ai adoré les bouquins de Burdett qui arrivait à décrire comme nul autre l'ambiance de la capitale thaïlandaise avec son flic métis, et toutes les subtilités quasi incompréhensibles aux occidentaux de la culture khmère, mais là... Stop ! C'est comme si l'auteur avait fumé autant d'huile de cannabis que son personnage, ou abusé du LSD. Par bribes, on arrive plus ou moins à suivre l'intrigue mais on s'en fout. Comme si la magie n'opérait plus. C'est long, c'est chiant, c'est fastidieux. A fuir ! Ou alors pour lecteur vraiment perché à tendance masochiste.

    31/10/2017 à 16:48 4

  • Les Anges de New York

    R. J. Ellory

    8/10 Sur une trame assez classique, relevé d'un emprunt au départ un peu artificiel à la série Les Soprano (le dialogue du héros avec un personne tierce, en l'occurence une psychothérapeute / une psychanaliste dans la série télé), l'auteur se concentre essentiellement sur son protagoniste principal, un flic fracassé, sans illusion, hanté par les péchés supposés de son père... Le récit prend son temps, ne cherche pas à épater, mais accroche son lecteur par petites touches précises. Précis comme un journaliste, Ellory sait à merveille capter ses petits moments qui font la différence : le sourire d'une petite fille dans un ascenseur, les allers-retours infructeux de ses enquêteurs pour recueillir des indices, les interrogatoires avec leurs points de bascules. Pas d'esbrouffe, mais un polar torturé qui ressemble au mea-culpa d'un pécheur suivi de son éclatante rédemption.

    27/12/2011 à 23:58 4

  • Les Cicatrices

    Claire Favan

    7/10 oujours aussi implacable et effrayant. Economie de mots, de descriptions, l'écriture de Claire Favan va à l'essentiel, un peu trop parfois. On (c'est à dire moi ;-) !) aimerait qu'elle prenne parfois son temps pour donner plus de relief à ses personnages mais sa grande force, c'est le pouvoir de son imagination. Rien n'est inenvisageable dans ses livres, et si cette fois, j'ai un peu senti venir le truc aux deux tiers du roman, on reste souvent soufflé par son culot, sa noirceur et surtout ses personnages féminins qui osent vraiment tout. Des huit thrillers ou polars publiés par cette auteure française, Les Cicatrices n'est peut-être pas mon préféré (le plus dingue étant, à mon avis, Dompteur d'anges, paru en 2017), mais cela reste très au-dessus de la plupart de ce que j'ai lu récemment. Du noir qui ne fait pas semblant et vous tabasse jusqu'au bout.

    21/05/2020 à 05:56 4

  • Pourvu que ça brûle

    Caryl Férey

    7/10 C'est parfois cocasse, comme le récit de ses déboires amoureux en Nouvelle Zélande, alpagué par des Maoris faisant le double ou le triple de sa taille alors qu'il entreprend d'aborder une jeune femme dont il est tombé amoureux fou dans un bar. Mais pas forcément très libre... C'est aussi émouvant quand il fait le récit de ses pérégrinations en Argentine ou au Chili, et fait la rencontre des indiens Mapuche dont il a digéré, intégré le combat pour la reconnaissance dans l'un de ses derniers romans ("Mapuche"). Et c'est parfois un peu gnangnan, mais cela va de pair avec les élans presque naïfs de l'auteur, quand il raconte son émotion à Cannes lors de la projection de "Zulu", ou qu'il s'emporte contre les notaires de son adolescence, un en particulier, qui lui volaient des points pendant les matchs de tennis. Au final, la lecture de "Pourvu que ça brûle" s'avère beaucoup moins ardente que celle de ses romans, mais cela n'est pas forcément un mal de préférer les histoires imaginées par un écrivain, à sa vie.

    18/01/2017 à 18:38 4

  • Un coeur sombre

    R. J. Ellory

    7/10 Ce n'est peut-être pas le plus ambitieux des romans d'Ellory mais on y retrouve ce qui fait sa patte, un homme, un vrai, face à son destin. L'écriture est soignée, très classique. Si les passages en italique, censés donner l'état d'esprit du protagoniste principal, n'apportent pas grand chose, l'histoire se tient jusqu'au dénouement final, que l'on pressent fatal. Comme dans tous bons romans noirs. Un univers très daté. On s'attendrait presque à voir surgir Elliot Ness... Mais on se laisse volontiers embobiner par l'écrivain à la barbichette et à la chevelure flamboyante.

    08/06/2017 à 19:03 4

  • Un jour, tu paieras

    Pétronille Rostagnat

    6/10 Un thriller assez court (260 pages) dont, en gros, les deux premiers tiers se laissent avaler sans effort. L'écriture est fluide (beaucoup de dialogues), pas de fioritures, les personnages plutôt bien campés, et Pétronille sait doser ses effets pour faire basculer son lecteur d'un point de vue à l'autre sans l'égarer. Alors... Alors, quoi ? Un dernier tiers qui ne tient pas vraiment la route, tellement téléphoné ou plutôt tarabiscoté qu'on finit par survoler l'histoire et se désintéresser des ultimes rebondissements. Comme si cela n’avait plus d’importance, et tout s’empilait jusqu’à ce que : pschiiiit. Dommage, car je confesse sans mentir que je m'étais laissé guidé en douceur et que j'espérais sinon une fin en apothéose, au moins une intrigue bien bouclée. Un mois après l’avoir fini, j’ai refait trois petits tours sur les premiers et derniers chapitres par acquis de conscience, mais non… Ca coince. Par contre, le début est toujours aussi (sur) prenant. En résumé, une auteure à suivre, mais encore un peu tendre.

    17/05/2020 à 19:07 4

  • Après la chute

    Dennis Lehane

    3/10 Vous connaissez ce jeu "Marabout... Bout de ficelle... Selle de cheval..." ? Et bien, c'est un peu l'impression que donne ce roman de Dennis Lehane. Comme si, il avait décidé de partir à l'aventure sans plan, sans trop savoir où ce livre allait déboucher. Etonnant, de la part de l'auteur si pointilleux et émouvant de Gone, Baby, Gone ou encore Mystic River, etc. Résultat, le lecteur fan de Lehane s'attend, espère qu'à un moment donné, le roman va réussir à réunir toutes ces pistes et trouver un sens. Las... Hélas... Tout s'achève dans un gloubi-boulga incompréhensible. Comme si Dennis Lehane avait décidé de faire du Douglas Kennedy, en beaucoup moins bien. Dommage, dommage, dommage. Un roman à éviter, sauf pour les curieux et fans hardcore de Lehane. Lisez plutôt TOUS les autres, avec un gros faible pour Un Pays à l'aube, et lls Vivent la Nuit.

    27/02/2018 à 13:01 3

  • Bangkok 8

    John Burdett

    9/10 Avec Sonchaï Jitpleecheep, fils d'un GI et d'une fille de bar thaïe, policier métis oscillant entre l'Orient et l'Occident, John Burdett a inventé un personnage capable de tenir la dragée haute à Hyeronimus Bosch (cf Michael Connelly). De l'humour aussi (cf Robert Crais), et un contexte (Bangkok) rarement décrit dans des romans... On sent les rues de la capitale thaïe, les odeurs, les bruits... Un bouquin que j'ai adoré à sa sortie... M

    27/07/2011 à 17:19 3

  • Citoyens clandestins

    DOA

    7/10 Dense, méthodique, cette fiction a le goût du réel. C'est parfois ardu, mais le sens du détail, de la nuance rend ce thriller de DOA * vraiment passionnant . Il se lit comme un document sur la montée de l'islamisme radicale en France, et paraît aujourd'hui prémonitoire des attentats qui ont secoué la France début 2015. Ce ne pas tant l'histoire que les personnages, leurs doutes, leurs problèmes d'identité, de fidélité (à la France, à leur honneur...) qui rend "Citoyens Ordinaires" troublant de vérité. Lu après "Pukthtu Primo" (son dernier roman), ce thriller de DOA paru en 2007 en grand format chez Série Noire m'a fait plus penser à Don Winslow et sa "Griffe du Chien" qu'à Tom Clancy ou Robert Ludlum. Avec la nette impression de ne pas lire idiot.

    10/08/2015 à 13:44 3