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Le Mangeur d'or
9/10 On fait appel à Jonas Crow, croque-mort, afin de s’occuper des funérailles de Joe Cusco à Anoki City. Le hic, c’est que Cusco n’est pas encore mort et que Crow va devoir trimballer le cadavre à venir sur 50 miles, et l’intéressé se suicide au curare après avoir avalé une belle quantité d’or… Autant dire que l’explosion de violence n’est guère loin.
Un premier tome excellent, âpre et bien ficelé, avec un héros sacrément emblématique au passé sulfureux (a-t-il réellement commis ces 36 meurtres ?) qui distribue les coups autant que les balles de calibre .44. Beaucoup d’action et de noirceur tant en ville qu’au cours du voyage (ah, ce satané pont de liane). Bref, une perle que je ne découvre que bien tard, et qui exploite bien les codes du western tout en en dynamitant d’autres. Un régal.04/04/2025 à 16:05 3
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La nuit n'est jamais complète
8/10 « Ruta n° 33 » : c’est sur cet axe routier que Jimmy et sa fille, Arielle, font connaissance avec Juan, Florencio et Victor. Des sortes d’exilés, en plein désert, dans un pays qui semble quelque part en Amérique du Sud (un indice, le nom d’une bière, permet de savoir que ça peut être l’Argentine, confirmé dans le final). Et les éléments, suspects, presque paranormaux, s’enchaînent : un policier qui leur barre la route en raison d’une prétendue faille gigantesque, un monstre qui rôde dans les parages (un puma ?), une mine désaffectée, des actes de violence, des blessures inexplicables. Le pire est encore à venir.
De Niko Tackian, je ne connais que son « Avalanche hôtel », que j’avais bien aimé, et j’ai retrouvé ici son style : des chapitres très courts (61 pour un peu moins de 250 pages), une écriture simple qui n’empêche nullement la profondeur psychologique des personnages, un récit joliment kaléidoscopique, des découvertes macabres dans bon nombre des fins de chapitres, et un côté surnaturel, presque horrifique light, qui monte en puissance. D’un bout à l’autre, je me suis régalé de ce récit, sombre, qui interpelle, qui interroge, avec des protagonistes bien sentis (de Juan, la brute épaisse, à Jimmy, le père de l’adolescente déjà presque femme, encore mortifié par le décès de sa femme ravagée par un cancer, et poursuivi par une voix qui l’appelle constamment « coco »). Le mystère ne cesse de croître, habilement, graduellement, par petites touches presque impressionnistes, jusqu’au final qui rebat les cartes et oblige à une relecture de tout ce qui a jalonné le récit. Fort, vraiment très fort et, sans rien divulguer ici pour ne pas gâcher le plaisir et d’éventuelles surprises pour d’autres lecteurs, toutes les pièces du puzzle s’emboîtent, de ce fameux numéro 33 au personnage velu découvert dans la mine en passant même par cette faille, et tout le toutim. Niko Tackian s’est commué en adroit prestidigitateur, qui nous exhibe des éléments de son tour avant nous faire passer de l’autre côté du miroir, en quelque sorte, pour observer ces mêmes fragments sous un autre angle de vue, d’un flanc différent du prisme. Et c’est là d’ailleurs mon seul – léger – reproche à ce roman, pourtant bien bon : quand on a vu « L’Echelle de Jacob », « Le Sixième Sens », ou lu d’autres ouvrages du même acabit ou régis par le même principe, on n’est pas forcément chamboulé plus que cela. Certes, tout se tient parfaitement, c’est solide, c’est futé, c’est intelligent, c’est tout ce que l’on veut de positif, mais, au final, ça n’empêche pas d’être un chouia « facile » : c’est d’ailleurs ce sentiment qui a fini par me gagner au fur et à mesure de ma lecture, finissant par me douter que quelque chose de ce style allait se produire, et étouffant une partie de ce « prestige » final. Il n’empêche, dans ce genre précis, c’est un délice.03/04/2025 à 05:47 2
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La Disparition de Chandra Levy
8/10 La jeune Chandra Levy quitte sa famille et obtient un poste de stagiaire au Bureau fédéral des prisons : elle s’y manifeste par son intelligence et son professionnalisme. Mais le 1er mai 2001, elle disparaît aussi brutalement qu’énigmatiquement. Une rumeur se met à enfler avant de trouver un fondement solide : elle a eu une relation avec le député Gary Condit. L’homme politique aurait-il été le commanditaire de son enlèvement ? La découverte du corps de la jeune femme un an plus tard relancera les débats.
Hélène Coutard signe ici un autre très bon ouvrage de la collection True crime chez 10-18. Ce fait divers qui a passionné l’Amérique a trouvé un retentissement particulier en raison de plusieurs facteurs : la jeunesse de la victime, le caractère adultérin de sa relation avec Gary Condit, les zones d’ombre et les révélations vécues comme autant de rebondissements, et un puissant battage médiatique lié aux circonstances. L’écrivaine, également journaliste, met en relief le contexte historique avec l’affaire Clinton-Lewinsky ou encore les attentats du 11 septembre. Dès lors, les médias ont réussi à transformer ce cas de disparition puis d’homicide en une sorte de série télévisée pour accrocher l’attention voire les sombres appétits des spectateurs. Au-delà de son traitement, cette affaire aura mis en lumière les errements des forces de police – des battues aux ordres mal interprétés, des prélèvements d’ADN problématiques, des preuves détruites par accident comme avec l’ordinateur de la victime – autant que l’addiction forcenée d’un public en mal de voyeurisme. Le travail de documentation réalisé par Hélène Coutard est très solide, son style soigné, et la brièveté de son ouvrage – à peine plus de deux-cents pages – n’éteint en rien la solidité de son œuvre exemplaire. Ce livre constitue également une radioscopie de la société américaine, avec ses travers moraux, comme le démontrent les exemples que sont ces « 90-days wonders », à savoir « les merveilles de quatre-vingt-dix jours » que sont les jeunes femmes dont l’attrait sexuel ne dépasse guère cette limite.
Un autre très bon ouvrage dans cette collection qui ne cesse de nous ravir.01/04/2025 à 06:49
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Le Diable 2.0
8/10 C’est le vol qui permet à Ethan Thomas d’obtenir un Pass très recherché ; à la clef, un séjour d’une semaine pour lui et les membres de sa famille dans un appartement équipé par LabTech d’une intelligence artificielle nommée « M.I.A. ». Si les premiers moments s’avèrent divertissants, M.I.A. manifeste des signes croissants d’ingérence, et ses injonctions concernant l’alimentation et l’hygiène de vie deviennent vite très oppressantes…
Aurélie C. Moulin débarque dans la collection Hanté de Casterman avec ce livre, et le résultat est réussi. L’autrice, au gré d’un récit concis et bien mené, tisse la toile d’une ambiance qui va graduellement tourner au cauchemar : une famille prise en otage dans un appartement au sixième étage d’une tour, avec une intelligence artificielle en guise de geôlière. Les mots sont précis, le décor bien planté, l’histoire a de quoi faire frissonner et les péripéties finales, qui font dans un premier temps penser à un twist pour le moins classique voire éculé, dissimulent en réalité un rebondissement approprié et très efficace.
Aurélie C. Moulin a donc construit un ouvrage de qualité, au suspense solide, et qui a en outre le grand mérite d’interroger les lecteurs – jeunes et moins jeunes – sur la pertinence des individus déléguant volontairement une partie de leurs libertés à des entités risquant d’échapper à l’emprise de leurs inventeurs.31/03/2025 à 06:40 1
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La Part des ombres
Emmanuel Herzet, Piotr Kowalski
7/10 Après un court flashback en 1939, retour au présent : on en apprend plus sur la fameuse « Branche Lincoln », ses origines historiques, sa constitution et ses rôles. Des analepses intéressantes qui viennent casser la traditionnelle lecture chronologique, des épisodes efficaces se déroulant pendant la Seconde Guerre mondiale, des dessins classiques mais prenants et quelques scènes de baston typiquement hollywoodiennes. Toujours rien de transcendant mais ça n’en demeure pas moins réussi.
30/03/2025 à 17:36 1
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Le Serment d'Hypocrite
4/10 Suite et fin de ce diptyque, aussi peu inspirée et inspirante que le précédent tome (rien que le titre, vraiment banal et bancal, met dans le ton). La fin en queue de poisson laisse supposer que la série n’a pas été achevée, ce qui ne me tire pas des larmes.
30/03/2025 à 13:56 1
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Coka
Fabrice Jarzaguet, Jean-David Morvan
4/10 Il faut attendre la quinzième planche pour savoir que nous sommes dans un monde scindé entre les gens sains et ceux dont on a pronostiqué une maladie à venir, obligés de vivre reclus dans ce que l'on appelle « les cours des miracles ». Un graphisme pas particulièrement agréable, un pitch pas fabuleux non plus, et des dialogues inutilement grossiers ou argotiques. J’ai eu du mal à rentrer dans ce premier tome, que je n’ai trouvé ni très inspiré ni très inspirant.
30/03/2025 à 13:55 1
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Le Club des cinq et le trésor de l'île
5/10 Et s’il restait, quelque part, quelque chose d’Alban IV de Kernach ? Justement, son galion vient d’être arraché par la mer et son épave repose à présent sur la plage. Le coffret pourrait bien contenir une carte fort utile…
Un premier tome très court et plutôt agréable, sans plus, mais desservi par une esthétique un peu trop surannée (voulant rendre hommage à l’histoire originelle, j’imagine) et une intrigue pour le moins simpliste. Oubliable.28/03/2025 à 18:03 1
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Terre promise
6/10 Une lecture réussie quoiqu’un peu scolaire à mon goût de la célèbre mutinerie du Bounty. Ce premier tome s’achève avec la découverte de l’île de Pitcairn le 15 janvier 1790. Plutôt agréable.
28/03/2025 à 18:02 1
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De bonnes raisons de mourir
9/10 Un homme, épinglé en haut d’un immeuble à Pripiat, dans la zone d’exclusion de Tchernobyl. Deux policiers vont enquêter en parallèle : Melnyk, un individu droit aux allures de bûcheron et Rybalko, métis, engagé par le père de la victime – un ancien ministre de l’énergie. Ce crime fait douloureusement écho à l’explosion de la centrale atomique autant qu’à un double homicide perpétré lors de ce tragique accident, lorsque deux femmes furent retrouvées assassinées. Et dans l’ombre, un tueur qui a une puissante revanche à prendre.
Epoustouflé, voilà ce que j’ai été. J’ai découvert bien tard ce roman de Morgan Audic et je me suis ré-ga-lé. Une documentation sérieuse et remarquable quant à Tchernobyl, les radiations, la taxidermie, les fonctionnements de l’URSS déjà au crépuscule de ce qu’elle fut, les tensions entre la Russie et l’Ukraine dans le Donbass (ignoble résonance avec l’actualité), etc. Un ouvrage qui propose également une excellente intrigue policière, avec un suspense exceptionnel, d’un bout à l’autre, se payant en outre le luxe de dispenser quelques rebondissements jusque dans la dernière vingtaine de pages. Une écriture redoutable d’efficacité, ménageant autant l’action que la psychologie et le cadre historique et politique. Là où Morgan Audic fait aussi très fort, c’est avec les deux limiers qu’il a construits, notamment Rybalko : métis, surnommé péjorativement « Pouchkine », il a été gravement irradié lors de l’explosion lorsqu’il était enfant, sa fille est une handicapée auditive « par sa faute », et il apprend de son médecin qu’il n’en a plus que pour quelques mois, aussi accepte-t-il la mission de représailles offertes par cet (ancien) oligarque. Et même les personnages secondaires, comme Novak et Ninel sont soignés. Un livre surpuissant, un auteur qui maîtrise son récit en longueur, en largeur et en profondeur (tellement ingénieux que même pour la scène qu’il a empruntée à « Seven », il lui insuffle une dimension et un panache qui en font presque oublier l’originelle). Pour conclure, une magnifique découverte en ce qui me concerne. Espérons que Morgan Audic nous gratifiera à l’avenir d’autres livres de cet acabit !27/03/2025 à 05:58 7
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Antinéa
7/10 Deuxième tome de la série qui commence par la déclaration de l’évadé (avec cette histoire de tentacules meurtriers) que personne ne croit. La tension mondiale croît quand les légats des grandes religions annoncent une proche apocalypse (dans 150 jours). Le graphisme est toujours aussi réussi, les « Saulifuges » [sic] font de sacrés dégâts dans le désert, et il y a de belles trouvailles scénaristiques (cf. les cent masques).
26/03/2025 à 16:49
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Si-Naï
7/10 Une attaque dans le désert, une arrestation en Australie, un mystérieux miroir au Japon, une bague découvert dans les souterrains d’une prison au nord de Jérusalem, un sacrifice au Népal, un tabernacle dans un bunker en Angleterre, et beaucoup de sang : une entame musclée et détonante où cinq religions sont concernées. Le graphisme est magnifique, le décor semble planté pour la suite tandis que des menaces naissent un peu partout dans le monde, que des cataclysmes arrivent et que Jésus lui-même apparaît au pape pour signifier l’arrivée d’Abaddon. Seules les dernières planches de ce premier tome me laissent sceptique.
26/03/2025 à 16:47
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Le Goût de la viande
9/10 Comme nombre de ses malheureux camarades, Hyacinthe Kergoulé est propulsé dans l’horreur de la Première Guerre mondiale. La mort, les blessures ignobles, les canonnades, la fin d’une forme d’humanité. Ce qui va le marquer, c’est ce goût si particulier de la viande, celle de ses compagnons d’armes qu’il va littéralement gober lors d’un épisode accidentel et qui va profondément, et durablement, fracasser sa psyché. Il tuera un homme dans une étrange pulsion, mangera des rats et du vomi – y compris le sien, perdra un bras, avant de revenir à la vie civile. Mais il y a des démons qui restent chevillés à l’âme.
Je découvre la plume de Gildas Guyot avec ce roman d’une rare noirceur. Dès les premières pages, dès les premières lignes, le lecteur est enseveli, au même titre que le protagoniste, dans ce magma de chairs mortes, assemblées, presque fusionnées, avec cet épisode traumatisant qui va transformer Hyacinthe. Un récit à la première personne, sans la moindre concession, parfois jalonné de quelques touches d’un humour noir, dont le style, la beauté des mots, la puissance évocatrice, m’ont percuté. C’est beau, magnifique, et en même temps d’une insondable cruauté, à ne pas mettre entre toutes les mains. On suit après le parcours de Hyacinthe, revenir chez lui, découvrir l’amour, le mariage, la parenté, exercer le métier de charpentier de marine puis de constructeur de cercueils, avant bien d’autres événements aussi sombres que ne le laissait augurer le prologue. A ce titre, le presque épilogue – où l’on apprend que tout ce roman était la confession – évidemment fictive, de Hyacinthe, écrite dans trois petits carnets et retrouvée par sa fille Héloïse revenue des Etats-Unis, est le point d’orgue de cet opus enkysté de ténèbres et d’une rare toxicité. Après, à titre très personnel, j’aurais imaginé un autre déroulé, voire carrément un ton différent, où Hyacinthe se serait avéré encore actif dans sa propre déchéance : par exemple, les pages consacrées à sa collaboration avec les Allemands sont certes fortes et cimentent la rupture avec Rosalie, son épouse, mais je m’étais imaginé un protagoniste davantage salaud plutôt que servile, plus barbare que seulement de connivence. Néanmoins, il n’en reste pas moins que ce livre est un pur brûlot, âpre et acide, et qui tient à la fois de la littérature noire et blanche, même si, dans les deux cas, c’est du noir de chez noir.26/03/2025 à 05:49 1
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Le Cabinet du Dr Leng
Lincoln Child, Douglas Preston
8/10 Parce qu’elle tient à sauver sa sœur aînée Mary ainsi que son frère Joe, Constance Greene est parvenue à voyager dans le temps jusqu’à atterrir à New York le 27 novembre 1880. Sa cible n’est autre que le terrible psychiatre Enoch Leng qui, sous couvert de traitements de ses malades, cherche un moyen d’accéder à l’immortalité grâce à des expériences diaboliques au cours desquelles meurent ses cobayes. Pendant ce temps, Pendergast est fermement décidé à aider sa pupille, quitte à risquer sa propre vie.
Ce vingt-et-unième tome de la série consacrée à Pendergast est un pur bonbon offert au fan de l’enquêteur du FBI. Les deux auteurs, Douglas Preston et Lincoln Child ont tramé une histoire prenante d’un bout à l’autre, où le rythme cadencé du récit se mêle avec brio à l’érudition. Constance Greene y est habilement mise en avant, et le lecteur profite d’une remarquable immersion dans le cadre new-yorkais des années 1880, avec pléthore d’indications historiques qui constituent en soi un véritable délice. D’ailleurs, quels que soient les domaines abordés par les écrivains, de la numismatique (cf. la quête de Gaspard Ferenc) aux objets amérindiens (les calumets de la paix et autres calendriers lakotas), tout est un festival de culture, et l’on aime à se perdre dans ces chemins qui ne sont pourtant que de traverse. Dans le même temps, l’inspecteur Coldmoon et le lieutenant D’Agosta, bien connus des fans de la série, vont être confrontés à deux enquêtes distinctes qui vont finir par se recouper et les mener bien loin du territoire américain – et cette investigation, visiblement incomplète – pourrait bien trouver une suite dans le vingt-deuxième tome, Angel of Vengeance, pas encore paru à ce jour en France. Et puisque l’on parle d’affaire incomplète, la fin de cet ouvrage-ci détient un cliffhanger de toute beauté, une pépite qui ravira les aficionados de la bibliographie de Douglas Preston et de Lincoln Child. Un instant aussi brûlant que glaçant, qui énonce les ultimes mots de ce roman (« A suivre… ») comme une injonction.
Un thriller de haute volée, comme nombre de ceux mettant en scène Aloysius Pendergast, avec des personnages secondaires qui n’ont que rarement été autant mis sur le devant de la scène.25/03/2025 à 06:54 2
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Echappe-toi du donjon
8/10 Tu incarnes Alex et, avec l’aide de tes amis Bérénice, Karim, Yun et Romain, tu poursuis ton combat contre la secte Odal. Toujours en quête de moyens pour aider l’enchanteur Merlin, voilà que vous pénétrez dans la pyramide du Louvre… et que vous basculez tous les cinq dans une faille temporelle qui vous expédie à l’époque du chevalier Arthur. Parviendrez-vous à résoudre les énigmes imposées ?
Fabien Clavel nous revient, pour notre plus grand plaisir, avec ce nouvel opus de la série Unlock ! Les Escape Geeks. Pour les aficionados comme pour celles et ceux qui entameraient cette collection avec ce titre, le principe est simple : une série d’exercices, mettant à rude épreuve le sens de l’observation, la logique et l’esprit de résolution. Il est possible de demander de l’aide à chacun de vos quatre camarades (chacun ayant ses spécificités et ses aptitudes propres), une action particulière (prudente ou rapide) ou encore l’utilisation d’un objet. Ici, le niveau de difficulté est intelligemment pensé, ni trop facile ni trop complexe, et la quantité de devinettes proposées laisse augurer un long temps de lecture autant que de réflexion. Les salles et éléments à explorer (la bibliothèque, la salle avec les épées, un pan de mur, un ancien vitrail, des labyrinthes, l’atelier de Merlin, etc.) sont en outre suffisamment nombreux et les problèmes divers et séduisants. Un parcours hétéroclite et attrayant !
Encore un très bon livre-jeu signé par Fabien Clavel.24/03/2025 à 06:47 2
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Bons baisers de Prusse
Matias Istolainen, Benjamin Jurdic
6/10 Nuitamment, un commando mené par une jeune femme, Suzanne, pénètre dans un château afin d’ouvrir un coffre mais le commando est tombé dans un piège…
Un opus agréable, au ton volontairement distractif, qui emprunte autant à l’espionnage (effectivement, les quelques gadgets sont un clin d’œil appuyé, ainsi que la scène où le tavernier passe dans le fût façon générique à la James Bond) en passant par le western (la scène de la poursuite en diligence), avec quelques touches d’humour. C’est rythmé, pas inintéressant, mais l’ensemble ressemble selon moi à un puzzle constitué de pièces déjà vues bien trop fréquemment.23/03/2025 à 19:50 2
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Troubles fêtes
8/10 En Seine-Saint-Denis, non loin de Pantin, on s’apprête à fêter le nouvel an. Prise d’une terrible angoisse à l’idée d’être volée au centre commercial, Violette Grignon, soixante-sept ans, retraitée, se munit d’un revolver. Quand Johnny Butel, un de ses voisins, lui dérobe son caddie, c’est un geste presque inconsidéré qui lui fait appuyer sur la queue de détente de son arme. Le jeune homme est grièvement blessé, et ça n’est que le début d’un terrible engrenage.
Patrick. S Vast signe son dernier roman chez l’éditeur Taurnada, et c’est avec très grand plaisir que l’on retrouve cet auteur accompli à qui l’on doit des ouvrages très maîtrisés comme La Veuve de Béthune, Boulogne stress, Duo fatal ou encore Terres profondes pour ne citer qu’eux. Le lecteur renoue avec ce qui constitue la patte si caractéristique de l’écrivain : un récit concis, des descriptions minimalistes, des chapitres dynamiques, et surtout une construction scénaristique qui plonge les protagonistes vers de sombres précipices. Les personnages sont une fois de plus nombreux et variés, de Violette Grignon qui va être confrontée par la suite au chantage, au capitaine Rapez, de Ryan Benloufi dit « le Baron » – un sinistre caïd local – à Ali – une petite frappe qui a bien des raisons d’en vouloir à ce dernier, en passant par les membres de la famille Butel et Mehmet, un bistrotier dont la femme est volage quand son époux a le dos tourné. Patrick. S Vast met en place avec sérénité et professionnalisme les rouages de sa mécanique, et on assiste à cette chute des dominos avec un plaisir à peine coupable. L’ensemble s’avère crédible et finement mené, et la scène finale, avec une accusation directe quand s’ouvrent les portes d’un ascenseur, clôt avec efficacité ce roman.
Patrick. S Vast livre donc un opus aussi réussi que les précédents. Sur son blog, il annonce d’ailleurs qu’un autre est en cours d’écriture : on ne peut que s’en réjouir.21/03/2025 à 06:41 2
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Panique générale
8/10 « Vingt-huit ans que je croupis dans ce trou à rats. Aujourd’hui, on m’annonce que si je me triture la tête pour me remémorer mes mésaventures, et que j’en tire un récit, je gagnerai mon bon de sortie » : voilà le dilemme qui ronge Freddy Otash. Il finit par craquer : « Me voilà prêt à ressusciter et renaître. Ma folle odyssée dans le cirque de mes souvenirs commence MAINTENANT. » Il va tout dire, tout raconter. Envoyez les watts.
Le célébrissime James Ellroy, à qui on doit des ouvrages majeurs et intemporels comme Brown’s Requiem, Un Tueur sur la route, L.A. Confidential ou Ma Part d’ombre pour ne citer qu’eux poursuit l’œuvre consacrée à Freddy Otash après Extorsion. Entré au LAPD en 1945, passé aux Mœurs à Hollywood, il est par la suite devenu un flic défroqué avant de se convertir : lié au journal à scandale Confidential, il va user d’une malveillance incroyable pour dégommer de la star et de la starlette. Rock Hudson et son homosexualité, John Wayne drag-queen, James Dean perclus de démons intimes, Natalie Wood et ses relations troubles avec le réalisateur de La Fureur de vivre Nicholas Ray, Marlon Brando en train de pratiquer des fellations, Orson Welles qui aurait tué le Dahlia noir pendant que Rita Hayworth lui tenait les jambes : tout est bon pour obtenir de puissants tirages. Il est prêt à tout sauf s’acoquiner avec des communistes. Accro au bourbon et aux médocs, fumant davantage qu’une cheminée, c’est un personnage atypique, et de prime abord très déplaisant : indicateur, maître chanteur, il connaît tout sur tout le monde, et les ragots infâmes qu’il propage ne le salissent pas. Sexe, politique, rumeurs scabreuses sur les plateaux de tournage de films, accointances avec le KKK, les groupuscules néonazis, tout y passe et ça dépote sévère. On retrouve avec délectation la prose si particulière de James Ellroy (les mots que Sophie Aslanides, la traductrice, adresse à Jean-Paul Gratias en fin d’ouvrage exprime le style si particulier de l’auteur) ainsi que son univers si singulier peuplé de canailles et de vermines, de proxénètes et de divas hollywoodiennes, de relations ambivalentes et de tentatives avortées de rédemption, au gré d’un récit parfois foutraque et dispersé. Néanmoins, le scénario se restructure par la suite avec des affaires criminelles qui proposent une ossature plus solide et perceptible, avec notamment l’agression de Joan Hubbard Horvath – la veuve d’un homme qu’Otash avait abattu bien des années auparavant – et la traque du dénommé Chessman. C’est également le portrait de la société à la fois frivole, fragile et décomplexée des Etats-Unis dans les années 50, si sûre d’elle et de se situer au cœur d’un âge d’or alors qu’elle est en réalité dévorée par ses turpitudes.
James Ellroy signe ici un livre complexe, touffu et parfois dérangeant, à la tonalité éminemment noire. C’est l’American way of life passé au vitriol, avec toutefois une forme de nostalgie pour cette époque si complexe – quelques années avant l’assassinat si ignoble de la propre mère de l’auteur.20/03/2025 à 06:49 5
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Shibuya Hell tome 1
7/10 Hajime Tsukiyoda, jeune cinéphile et cinéaste amateur, parcourt le quartier tokyoïte de Shibuya avec Chitose, caméscope en main, quand il découvre une tête à moitié arrachée… et un poisson rouge géant. Les animaux flottent littéralement dans les airs et s’en prennent aux passants, ce qui débouche sur un massacre.
Un pitch étonnant et un graphisme très soigné, où les traditionnelles créatures monstrueuses et autres zombis sont remplacés par ces énormes poissons, et le mystère s’amplifie avec ce mur gigantesque qui enserre le quartier comme un immense bocal. Il est encore trop tôt pour savoir ce que vaut cette série à mes yeux mais ce premier tome étonne et le rythme est dynamique.19/03/2025 à 18:51 1
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Signal 100 tome 2
Shigure Kondo, Arata Miyatsuki
7/10 Pour essayer de gagner le bonus, les élèves obéissent à leur cruel meneur, Wada, et désignent une victime sacrificielle… mais rien ne se produit. Le visionnage de la scène dans la salle d’audiovisuel révèle la présence d’un complice parmi les élèves. Le rythme reste cadencé, accrocheur, les énigmes côtoient le pur jeu de carnage, et ce deuxième opus conserve à mes yeux l’allant du précédent. Les règles se complexifient mais l’ensemble reste largement compréhensible et suivable.
19/03/2025 à 18:49 2