El Marco Modérateur

3584 votes

  • Le Spectre de l'Antarctique

    Maza, Richard D. Nolane

    8/10 Retour en Antarctique après « l’épisode » du Débarquement raté en Normandie avec toujours ces magnifiques combats aériens ou contre des sous-marins. Himmler semble vouloir étendre sa mainmise. Un bon tempo de bout en bout, jusqu’à la découverte finale, pour les Alliés, que la base qu’ils comptaient attaquer en Antarctique servait peut-être de diversion au profit d’une station secrète.

    18/05/2021 à 18:57 1

  • Alinoë

    Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme

    8/10 Parce qu’Aaricia, Thorgal et leur jeune fils Jolan vivent sur une île, Thorgal doit quitter ses deux êtres aimés le temps d’acheter quelques matières premières. Jolan s’ennuie et Aaricia découvre un bracelet à son poignet. Quand elle lui en demande la provenance, l’enfant répond que c’est un dénommé Alinoë qui le lui a donné. Aaricia découvre que ce jeune garçon aux cheveux verts et au regard si particulier existe réellement, qu’il peut se montrer violent, et qu’il est né de l’imagination de Jolan… tout en étant bien réel. En l’absence de l’homme fort du foyer, Aaricia et Jolan vont devoir affronter ce sinistre individu. Une BD très tendue, originale dans la litanie des précédents opus grâce à un pitch fort (cette entité née de l’imagination du bambin qui a le pouvoir de concrétiser les rêves), et avec une ambiance plutôt angoissante et bien exploitée, même si je regrette que le final soit un peu expédié et que la résolution du « problème » soit trop facilement devinable.

    18/05/2021 à 18:33 2

  • L'Article 637

    Jules Lermina

    5/10 Le narrateur ainsi que le détective Maurice Parent sont invités chez les Liévin pour dîner, le 25 décembre. C’est aussi le dixième anniversaire de la mort de M. Liévin, l’époux et le père de deux filles. On n’a retrouvé de la victime qu’une jambe, tronçonnée et découverte dans la Seine. C’est alors que Maurice Parent cite cet article 637 qui prescrit les crimes au bout d’une décennie. C’est aussitôt après qu’il incrimine M. Marion, ami et subordonné de la victime.
    La nouvelle est vertigineuse de concision, au point que, lorsqu’on prend conscience de cette brièveté, on se doute que l’auteur va devoir exploiter un ressort ultra expéditif, et alors, on en finit presque par comprendre comment va se faire piéger le criminel, comme dans un bon épisode de Columbo. Bref, l’idée est astucieuse et le texte plutôt réussi, mais à vouloir trop jouer la vélocité, je trouve que l’auteur a en grande partie manqué sa cible, en nous ôtant tout suspense, toute tension, toute réflexion, bref, en désamorçant une grande, voire une immense partie de l’intérêt de la lecture.

    17/05/2021 à 17:49 1

  • Le Camping de la mort

    Thibault Vermot

    8/10 Quatre adolescents – Thibald, Sacha, Juliette et Thomas – ont décidé d’aller faire du camping dans la forêt. Le hic, c’est qu’ils vont être obligés d’emmener avec eux Aymeric, le frère de Juliette. Aymeric est un gamin à part : bourru, désagréable, doué d’une mémoire eidétique, c’est également un passionné de dessin, et il est même persuadé de pouvoir influer sur la réalité avec ses ébauches. Affabulation ? Cette nuit prouvera que ce gosse détestable avait probablement raison…

    Ce roman de la collection Hanté, écrit par Thibault Vermot, séduit d’entrée de jeu. On y retrouve les ingrédients traditionnels, avec cette petite confrérie de camarades qui s’exilent volontairement dans les bois et qui vont être confrontés à des phénomènes insolites et anxiogènes. L’auteur ne s’en cache d’ailleurs pas : il a puisé autant l’idée de départ que l’ambiance dans des lectures et films célèbres, notamment Le Corps, la nouvelle de Stephen King extraite de Différentes saisons et qui a été adaptée au cinéma en 1986 sous le titre Stand by Me. Le suspense monte crescendo, notamment avec la découverte progressive de l’incroyable don d’Aymeric, capable de provoquer des apparitions et autres événements paranormaux à la seule force de son imagination et de ses crayons. L’anxiété devient alors croissante, les péripéties se multiplient, et le lecteur bascule, au même rythme que nos cinq protagonistes, dans un univers où les repères cartésiens s’effacent. On trouve, sous la plume de Thibault Vermot, de nombreux passages à forte tension, où la peur s’impose d’elle-même, sans grands effets téléphonés ni pyrotechnies littéraires superflues, avec d’autant plus de « crédibilité » que nos adolescents sont parfaitement croqués, notamment dans des dialogues réussis qui claquent avec vraisemblance. Quant au final, il apporte son lot de sueurs froides, les dernières lignes plantant l’ultime clou d’un récit au-dessus duquel plane l’ombre du Gobemouche, une créature sortie de l’esprit enfiévré d’Aymeric.

    Encore un très bon opus de cette collection qui mérite donc amplement qu’on la découvre, que l’on soit jeune ou plus âgé, puisqu’elle invoque les peurs reptiliennes de tout être humain.

    17/05/2021 à 07:57 1

  • Mange tes pâtes !

    Mikaël Ollivier

    7/10 A sept ans et demi, Emma vient d’assister à l’enterrement de son grand-père, ce qui l’amène à se poser bien des questions, notamment sur la mort. Elle va en venir à discuter à plusieurs reprises avec son père et sa mère pour essayer de comprendre la raison de la mort physiologique ainsi que la religion jusqu’à saisir cette notion… à sa manière.
    Un gentil petit opus, court comme le réclame cette collection de chez Thierry Magnier, et qui offre des réflexions à la hauteur des jeunes lecteurs auxquels il s’adresse, avec tact et humanité, sans pour autant simplifier ni bêtifier. Le ton, assez sérieux, s’y montre également amusant, notamment dans la raison du choix du titre qui s’illustre à deux reprises dans le texte, ce qui fait que ce livre plaira certainement à nos gamins, en les divertissant et en les faisant réfléchir.

    16/05/2021 à 18:42 1

  • Une Fête mortelle

    R. L. Stine

    7/10 Luc Hargrove a comme ami Cory Duckworth, un gamin à qui la chance sourit en permanence. Luc rêve de participer à une série d’épreuves sportives dans un camp d’entraînement mais la poisse semble s’acharner sur lui, à l’inverse de Cory qui excelle dans tous les domaines. Un jour, Luc reçoit un porte-bonheur dans un paquet anonyme, une patte de vautour. Si le talisman semble efficace dans un premier temps, ce sont ensuite des cauchemars et des hallucinations qui l’assaillent. C’est ce thème de la chance et de la malchance qui m’a poussé à lire cet opus de la série « Chair de poule », et j’ai eu le plaisir – attendu – de retrouver les ingrédients habituels de l’écrivain R. L. Stine : scénario qui intrigue, chapitres véloces, écriture sèche et expéditive, et une ambiance et un suspense de bonne tenue. Des rebondissements, chance et poisse alternant au gré du récit, tant pour Luc que pour Cory, avec un twist final bien trouvé. Dans la mesure où les lecteurs – jeunes, nécessairement – auxquels se destine cet opus ne sauront qu’à l’ultime page les finalités de ces grigris, il y a fort à parier que ceux qui étaient déjà fans de cet écrivain passeront un très bon moment d’une lecture addictive, et les autres découvriront une collection fort prenante.

    13/05/2021 à 17:08

  • Disaster Day

    Maza, Richard D. Nolane

    7/10 C’est presque avec un discours de Goebbels que débute ce tome. Un graphisme toujours aussi léché, avec des combats aériens de toute beauté, où s’intercalent des élément réels (comme l’opération Fortitude et le Débarquement en Normandie, ici uchronique), pour un opus qui, paradoxalement, propose un peu trop d’action (phénoménale, par ailleurs) par rapport aux enjeux précédents et à ceux de la série en général. Néanmoins, avec les orages (dantesques) et l’idée de baptiser les armes nouvelles de « Wunderwaffen », à savoir des « armes miracle » apparaissant à la toute fin de cette BD, mon intérêt, pourtant intact, n’en est que davantage relancé.

    12/05/2021 à 16:47

  • L'Affaire Diego Abrio

    Jean-Christophe Tixier

    9/10 Diego Abrio a vingt-deux ans. Quelques années auparavant, il avait été condamné pour avoir tué Mona Goverts dans un accident de voiture alors qu’il conduisait sous l’emprise de l’alcool et du cannabis. Mais une nouvelle loi est passée (celle dite du « relâchement »), permettant une libération anticipée à des prisonniers à partir du moment où ils auront obtenu suffisamment de suffrages sur une application officielle du Ministère de la Justice appelée « Guilty ». Une remise de peine purement philanthropique ? Non, parce que les individus relâchés seront munis d’un bracelet électronique qui signalera leur position tous les jours à dix-neuf heures et pourront devenir la proie de lyncheurs. Qu’adviendra-t-il de Diego ?

    A la lecture de ce résumé, impossible de ne pas penser au Running Man de Stephen King, sorti en 1982 et porté à l’écran. Mais simplifier ce roman Guilty serait bien méconnaître Jean-Christophe Tixier, l’auteur de très bons ouvrages pour la jeunesse comme Sept ans plus tard, Foulée d’enfer ou Un Dossard pour l’enfer pour ne citer qu’eux. A ce pitch, l’écrivain insuffle de puissantes respirations où se mêlent tant et tant d’émotions contraires. Il rompt la linéarité du récit en y incluant des flashbacks, des plans de géolocalisation, des extraits de l’interrogatoire de Diego, des échanges de messages de personnes déversant parfois leur haine animale et irraisonnée, ou encore des passages de Radio Fréquence Plus. En outre, le scénario n’est pas un prétexte à de l’action saturée d’hémoglobine ou de testostérone : s’il y a des moments d’action et de suspense – très bien écrits, d’ailleurs, Jean-Christophe Tixier se focalise davantage sur des questions humaines, presque vitales, comme le poids de la culpabilité, la reconstruction morale d’un être qui a commis un acte irréparable par inadvertance, la furie des hordes vengeresses lorsque la foule devient une entité nécessairement bienpensante, ou ce que doit être la loi. Diego croisera toutes sortes de protagonistes, ceux qui veulent lui faire payer à tout prix un crime qui ne leur est que lointain, les membres de la famille de Mona, d’anciens camarades prêts à lui venir en aide, mais également les Partisans d’une Justice Equitable qui proposent, de manière pour ainsi dire clandestine, de placer ces « relâchés » dans une prison alternative afin qu’ils y effectuent le reste de leur peine et échappent à leurs traqueurs. Dans ce livre, tout sonne juste, des psychologies aux dialogues, en passant par les situations et les dérives d’une société devenue arbitraire et inique.

    Un brûlot dont on ne peut que saluer l’écriture passionnante, le sujet audacieux et son traitement qui ne l’est pas moins. Un excellent roman, ambitieux et diablement efficace, que l’on souhaite bien évidemment ne pas être prémonitoire. L’épilogue annonce un autre opus de la série en octobre 2021 : on le recommande d’ores et déjà chaudement.

    12/05/2021 à 07:08 2

  • L'Enfant des étoiles

    Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme

    6/10 Trois nouvelles au programme de ce septième opus de la série. D’abord, « Le Drakkar perdu », où des marins, pris dans un cataclysme marin, en viennent à penser à un sacrifice humain pour apaiser les dieux, et qui permet de connaître les premiers jours du héros Thorgal. Ensuite, « Le Métal qui n’existait pas » : un nain, Tjahzi, doit trouver pour son maître un métal encore inconnu, ce qui le mènera à rencontrer le jeune Thorgal, avec la référence finale à Aaricia, celle qui deviendra sa promise, venant clore ce récit. Enfin, « Le Talisman », qui permettra de connaître les origines de Thorgal, avec un flash-back lointain, dans les étoiles, au cours duquel il va voir des membres de sa famille. Un sympathique bouquet d’histoires, tantôt fantasy et féériques, tantôt foncièrement SF. Pas indispensables dans l’absolu, certes, mais qui permettent de connaître les origines de notre héros, tout en posant, dans le même temps, des questions dont les réponses apparaîtront au fil des tomes suivants, j’imagine.

    10/05/2021 à 17:22 2

  • La Chute de Brek Zarith

    Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme

    6/10 Le terrible Shardar, pourtant d’allure débonnaire et anodine, règne sur Brek Zarith (double scène au début avec les deux chutes dans le vide), et c’est Jolan, le fils d’Aaricia et de Thorgal, qui va être exploité par ce tyran tandis que les bateaux vikings s’approchent des côtes du royaume. Mission infiltration puis exfiltration des captifs pour Thorgal, avec une longue plongée dans une grotte et un souterrain où l’attendent de nouveaux adversaires et épreuves. Rien de transcendant, mais toujours une bonne dynamique et une fin, pourtant apaisée, qui ménage néanmoins un habile suspense sur la suite des événements de cette série.

    06/05/2021 à 20:26 3

  • Pièces détachées

    Phoebe Morgan

    8/10 Corinne et Dominique Hawes ont presque tout pour être heureux. Couple uni, il leur manque néanmoins la pierre angulaire pour parfaire leur existence : un enfant. Trois FIV, mais rien ne se produit. C’est alors que Corinne commence à recevoir, en pièces détachées, des éléments qui constituaient la maison de poupée qu’elle adorait lorsqu’elle était gamine. Dans le même temps, sa sœur, Ashley, reçoit des coups de fil anonymes sans qu’aucune voix ne se manifeste à l’autre bout de la ligne. Serait-ce dû aux hypothétiques liaisons de son homme, James ? Progressivement, un sombre piège va se refermer sur les deux femmes.

    Ce Pièces détachées est le premier ouvrage de Phoebe Morgan à être traduit en France. Le lecteur savoure, dès les premiers chapitres, la construction du roman, qui alterne les points de vue de Corinne et d’Ashley, et où finit par percer la voix d’une gamine, inconnue, narrant sa propre histoire et ses tourments dans des confessions écrites en caractères italiques. Les personnages sont tous bien campés, notamment Corinne, travaillant dans une galerie d’art et n’ayant que de faibles moyens, encore endeuillée par la mort de son père il y a presque un an et meurtrie par les échecs successifs des FIV, ainsi qu’Ashley, mère de trois enfants et dont les revenus de son époux permettent à sa famille un train de vie fort confortable, même si elle est minée par la hantise que James puisse avoir une ou plusieurs maîtresses. Phoebe Morgan instaure progressivement une ambiance lourde et angoissante, puisque des éléments plus inquiétants que de simples morceaux de la maison de poupée vont être portés à l’attention de Corinne, comme un cadavre de lapin sur la voiture ou la sépulture de son père souillée d’un adjectif injurieux. Ici, point de grandes scènes pyrotechniques, de fusillades, de passages mémorables ou cinématographiés, seulement l’habile charpente d’un roman à suspense brillamment construit, avec beaucoup de tact et de crédibilité, qui n’est pas sans rappeler les ouvrages d’illustres écrivains comme Mary Higgins Clark. Au final, même si le déroulé de l’intrigue ainsi que le mobile du tourmenteur sont assez classiques, on n’en demeure pas moins pris par l’efficacité du récit, le talent narratif de Phoebe Morgan, et son final, ouvert et anxiogène, qui détonne dans le paysage de ce type de littérature.

    Un livre présentant un suspense de haute volée, à la structure irréprochable et sans le moindre temps mort : pas étonnant que B.A. Paris l’ait adoré.

    06/05/2021 à 07:04 2

  • Santa Muerte

    Gabino Iglesias

    7/10 Fernando, dit « Nando », est un dealer travaillant pour Guillermo. Mais un jour, il est enlevé par des inconnus qui le conduisent à un endroit où se trouve Nestor, un ami de Fernando. Nestor a déjà été férocement torturé, et c’est à son exécution, animale, auquel le kidnappé est obligé d’assister. Les bourreaux ont un message clair : que Guillermo cède sa place de leader local du trafic de drogue au profit de ces membres de la Salvatrucha. Fernando n’a rien d’un héros intrépide ni d’un vengeur au courage démesuré, aussi va-t-il hésiter à prendre les armes pour punir l’assassinat de son copain. Et si la Santa Muerte pouvait lui accorder une forme de salut en échange de quelques prières ?

    Premier ouvrage de Gabino Iglesias, ce court roman (environ cent quatre-vingts pages) saisit d’entrée de jeu par son ton : noir, brutal, mais non dénué de touches d’un humour à froid salvateur. Ecrit à la première personne, on découvre Fernando, petit intermédiaire qui assiste à la mise à mort d’un camarade avant de devoir se faire le porteur d’une menace à l’attention de son patron. Un pitch certes classique, mais qui s’oriente assez vite vers une intrigue folle où se mêle santeria, une touche de vaudou et des règlements de comptes musclés, sans compter la présence de nombreux personnages croustillants et épicés. On trouve ainsi un sicaire russe qui dissimule ses réelles activités derrière la couverture de simple pépiniériste, un autre assassin qui a tout de la diva et prend un réel plaisir à abattre ses cibles, sans compter Indio, le principal méchant du récit, d’où émanent de puissantes ondes méphistophéliques. Gabino Iglesias nous sert une recette sacrément relevée, passant au blender des individus très cinématographiques, au point que nombre de critiques ont noté le fait que ce roman pourrait être adapté par Quentin Tarantino. Cependant, au-delà de l’alignement de ces protagonistes typiquement badass, il y a quelques temps morts et autres passages pas nécessaires tandis que l’intrigue pure passe au second plan de ce chapelet de personnages tordus et marquants, sans compter un épilogue trop abrupt et, avec le recul, une sous-exploitation de cette idée de la Santa Muerte, pourtant alléchante et atypique.

    Un livre pimenté et distractif, original dans le propos et sanglant à souhait, dont on regrette pourtant le manque de chair et, finalement, son côté certes délassant mais guère mémorable.

    04/05/2021 à 07:08 3

  • Dragon Head tome 5

    Minetaro Mochizuki

    6/10 Le manga commence avec cette scène d’hélicoptère déjà bien amorcée dans l’opus précédent. Un ouvrage bien loin du chaos des tomes antérieurs, avec Ako en première ligne de l’histoire et qui va se rendre dans la ferme isolée d’une femme âgée. Des pans du passé apparaissent, avec notamment quelques scènes d’un tsunami dantesque. Un tome donc un cran en dessous des autres, un peu plus mou et bavard, mais qui prend de la vitesse sur le final, avec la découverte d’un jeune homme au crâne couturé ; un début d’explication au titre de la série ?

    02/05/2021 à 08:13 1

  • Charisma tome 3

    Taisei Nishizaki, Fuyuki Shindo, Tsutomu Yashioji

    8/10 Le séminaire se poursuit, Reiko est approchée par l’une des adeptes les plus ferventes du Messie, Mayama, tandis que ce dernier surveille ses potentiels futurs séides avec des caméras, mais avec une attention toute particulière pour Reiko qu’il assimile, physiquement et psychiquement, à sa défunte mère. Le gourou va même manœuvrer pour faire en sorte que le couple de Reiko implose. L’apparition finale d’un personnage nommé Takeishi, là pour lutter contre les dérives sectaires, apportera, je l’espère, un quatrième et dernier tome très intéressant, au moins autant que les précédents.

    01/05/2021 à 08:28 1

  • Syndrome 1866 tome 3

    Naoyuki Ochiai

    8/10 Hikaru assassinée de sa main armée et Risa comme témoin puis complice, la situation devient aussitôt épineuse pour Miroku… qui assassine aussitôt Risa. Il cherche à camoufler ses traces tandis que la police commence à enquêter. La noirceur ainsi que la nervosité augmentent, d’autant que la police vient justement d’essayer de joindre Miroku… mais pourquoi ? Notre apprenti tueur en vient à se demander s’il ne perd pas progressivement la raison et succombe à la paranoïa. Un opus différent des deux précédents, davantage tendu, et l’on en vient – presque – à éprouver une forme d’empathie pour cet homme alors qu’il est tout de même un meurtrier. Vraiment bon.

    30/04/2021 à 21:27 1

  • Akumetsu tome 4

    Yoshiaki Tabata, Yûki Yogo

    6/10 Un opus de nouveau saturé de bruit et de fureur, et la croisade justicière d’Akumetsu commence à être plébiscitée par les témoins qui scandent à présent son nom. C’est bourrin, rassasié de testostérone, avec quelques clins d’œil humoristiques et autres références à la culture japonaise, avec autant de coups de griffe sur la cupidité de certains individus qu’il n’y a d’incendies, bastons, courses-poursuites et autres fusillades dans cet opus. Akumetsu, quelque part entre le badass de service, le superhéros et le messie vengeur, capable de poser un ultimatum au premier ministre lui-même, s’impose une fois de plus dans ce manga décontracté et divertissant, même si ce dernier est objectivement superflu et, disons-le carrément, hautement dispensable.

    30/04/2021 à 10:01 1

  • Les Abattus

    Noëlle Renaude

    9/10 Le narrateur n’a pas eu une vie paisible. Une enfance difficile, un père qui s’est éclipsé, un frère gangster, un beau-père puis une demi-sœur, après quoi les événements se déchaînent tout autour de lui : les voisins du dessus sont égorgés, son frère cadet s’illustre dans un braquage avec trente millions de francs à la clef, des malfrats en Peugeot 504 qui lui tournent autour… Une série de coïncidences malheureuses ? Est-il la victime de ces enchaînements meurtriers ? Leur auteur, peut-être ?

    Noëlle Renaude s’est illustrée en tant que dramaturge dans le théâtre avant de livrer ce premier roman en 2020. Dès les premières pages, on comprend que le style de l’écrivaine est unique : des phrases longues, sans le moindre discours direct ni tirets cadratins, une frénésie de virgules qui hachent les phrases, un discours indirect volontairement chaotique. Si le lecteur est, de prime abord, décontenancé, il trouvera bien rapidement une véritable énergie derrière ce récit sciemment déconstruit, érigé en trois parties (respectivement « Les vivants », « Les morts » et « Les fantômes), où l’on suit, chronologiquement, la ligne de vie de notre « héros ». Un individu lambda, dont la singularité tient dans les êtres fracassés qu’il va côtoyer et les drames qui vont soit l’entourer soit le percuter. L’univers de Noëlle Renaude n’est pas sans rappeler l’œuvre de Georges Simenon, avec des personnages croqués à pleines dents, dépeints au vitriol, et dont les interactions sont souvent croustillantes. On se plaît à suivre la route du narrateur, entre amours éconduites, destinée fade, métiers exercés sans passion, tandis que tout autour de lui, se mettent à tomber les morts. Il faudra une crémation pour que les cendres parlent et que la vérité éclate enfin. Une sacrée prouesse de la part de l’écrivaine, où le trente-troisième chapitre livre les clefs de l’intrigue, revenant avec intelligence sur les faits antérieurs, et contraignant – avec joie – le lecteur à se repasser l’ensemble de l’histoire.

    Un ouvrage particulièrement réussi, noir et serré, où la désorganisation apparente des mots souligne la trajectoire brisée des existences qu’elle décrit.

    28/04/2021 à 07:44 7

  • Pour un instant d'éternité

    Gilles Legardinier

    8/10 Alors que s’ouvre l’Exposition universelle de Paris, Vincent Cavel et ses camarades ont un emploi bien particulier : créer chez de riches clients des passages secrets afin qu’y soient dissimulés leurs trésors et secrets. Le travail ne manque pas, mais une menace se précise : on cherche à tuer les compagnons de Vincent, par empoisonnement, en les écrasant ou en les poignardant. Qui cherche ainsi à annihiler ces hommes, et pourquoi ? La réponse se trouve sous terre, et à des siècles de là…

    Gilles Legardinier, à qui l’on doit des polars (L’Exil des anges, Nous étions les hommes ou Le Premier miracle), mais aussi des ouvrages feel-good(Demain j’arrête !, Complètement cramé !, ou J’ai encore menti !), signe ici un pur roman d’aventures. Se déroulant lors du dix-neuvième siècle finissant, l’auteur livre un très réussi hommage à Jules Verne et consorts. Partant d’un pitch très intéressant (les passages secrets, qu’ils soient utilisés comme des coffres-forts ou des chambres de panique), Gilles Legardinier happe l’attention du lecteur du début à la fin. Les clefs du succès ? Des chapitres courts et souvent finis par un cliffhanger habile, des personnages très humains et qui attirent l’empathie, et une belle plongée historique et géographique. Le style, épuré, permet une lecture agréable et déliée, et les protagonistes, plus particulièrement la bande de Vincent, n’est composée que d’individus sympathiques. Nous avons Vincent et son frère cadet, Pierre, ainsi qu’Eustasio, le peintre qui vit une idylle avec une comtesse italienne, le menuisier Konrad et Henri, dit « Le Clou », qui sert principalement de messager. Le cadre de l’Exposition universelle est adroitement exploité, nous permettant de nous imprégner de cette ambiance si particulière, sans jamais que la balade ne soit pesante ou trop érudite. Nos héros vont devoir affronter un ennemi bien retors après avoir envisagé diverses hypothèses quant aux raisons pour lesquelles on leur en veut. Esotérisme, expéditions dans les souterrains parisiens, alchimie, illusionnisme (avec cette figure presque paternelle qu’a constitué le grand Houdini pour Vincent), Templiers, souvenirs des Croisades, etc. : un bel éventail de sujets passionnants qui ravira les lecteurs.

    Même si la teneur du grand secret, révélée dans les ultimes pages, pourra éventuellement décevoir, on se régale d’un bout à l’autre de ce récit, épique et humain, d’autant que la bibliographie finale, les explications de Gilles Legardinier quant à la genèse de ce livre, et les faits réels cités éclairent l’ensemble d’un éclat particulier. Un opus entraînant et de grande qualité.

    26/04/2021 à 07:57 4

  • Le Coma des Mortels

    Maxime Chattam

    7/10 … ou comment le pauvre Pierre, visiblement frappé à la fois par la crise du trentenaire ainsi qu’une étrange malédiction qui massacre, les uns après les autres, ses proches, en vient à nous narrer ses malheurs. Une histoire vraiment singulière, où je n’ai pas retrouvé le style habituel de Maxime Chattam (ce qui est bien évidemment voulu), et qui, dans un premier temps, m’a très agréablement surpris : que l’auteur cherche ainsi, même momentanément, une nouvelle voix (voire une nouvelle voie) littéraire, ne peut être que louée. Pas mal d’humour, notamment dans certaines réparties qui claquent, d’autres bien absurdes (dans l’appel téléphonique à double sens avec le pizzaiolo, par exemple), et dans les situations (dans le zoo, évidemment). Dans le même temps, pas mal d’ingéniosité et d’inventivité dans les « activités » des divers protagonistes (je ne saurais expliquer pourquoi, je trouve du Boris Vian chez Antoine avec sa spécialité de retrouver les propriétaires d’objets perdus, ou chez Pierre avec ses déboires amoureux et ses « pêches téléphoniques »). Parallèlement, j’avais deviné son « code » disséminé dans son récit (mais je n’ai pas essayé de le décrypter au fur et à mesure histoire de me conserver la surprise finale), beaucoup trop flagrant à mon avis. De même, l’histoire est sympa à lire mais ne révolutionne pas fondamentalement les codes du genre. Autant j’avais adoré son « Que ta volonté soit faite », autant cet opus m’a semblé un petit cran en dessous du point de vue de l’inventivité comme de la narration. Et puis, au final, quand je vais dans une brasserie, ce n’est pas trop pour déguster de la gastronomie moléculaire, de même que je ne vais pas choisir une traditionnelle blanquette de veau si je me rends dans un grand restaurant : tout ça pour dire que j’apprécie Maxime Chattam quand il verse dans le thriller hollywoodien, mais en définitive moins quand il s’écarte du sillon qu’il a su (avec le talent qu’on lui reconnaît) tracer.

    24/04/2021 à 08:06 6

  • Souhaits dangereux

    R. L. Stine

    6/10 La jeune Sam Piaf (« Byrd », dans la version originale) est victime de harcèlement de la part de Judith Woodstock, aussi Sam finit-elle par souhaiter bien du mal à sa tortionnaire. Et lorsqu’elle tombe, bien par hasard, sur Clarissa, « la femme Cristal », qui lui propose d’exaucer trois de ses vœux, on se doute que la situation va vite déraper. De R. L. Stine, on connaît les gimmicks : écriture simple et accessible, chapitres, courts, cliffhangers à la fin de (presque) chacun d’entre eux, et un scénario apte à créer de gentillettes sueurs froides aux têtes blondes à qui il destine ses écrits. Ici, le pitch est assez élémentaire, avec des souhaits à exaucer qui vont se retourner contre la demandeuse. L’auteur sait néanmoins tirer profit de sa créativité pour imaginer des retournements de situation à propos de ces vœux et créer quelques sympathiques rebondissements ainsi qu’une ambiance agréablement anxiogène pour Sam qui finit par hésiter quant à ses demandes et à leur formulation. Un opus qui ne comptera certainement pas parmi mes préférés, mais qui tient plaisamment la route et offre un bon moment de lecture distractive. En revanche, le final, où l’on s’attend au coutumier twist de l’écrivain, est ici assez téléphoné et prévisible, même si je ne doute pas que les jeunes lecteurs le trouveront malgré tout réussi et, pour ainsi dire, nécessaire, comme on honore convenablement une sorte de commande, ici littéraire.

    23/04/2021 à 08:26 2