3484 votes
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Nous ne t'oublierons jamais
5/10 Quatrième et dernier tome de la série. Nos héros plongent dans le complexe souterrain où Yann était resté séquestré et victime d’expérimentations, et tombent sur une sorte de calamar robotique géant. Quelques passages marquants, comme la découverte du puits aux cadavres ou la fuite des animaux. Malheureusement, pour ce qui est du fond, comme déjà dit pour les précédents tomes, c’est assez mou et convenu : même la teneur de la catastrophe déclenchée dans le cadre des recherches chez Gen-O-Matic n’est pas particulièrement originale ni mémorable. Et que dire du titre qui téléphone méchamment le final de la BD. Bref, c’est globalement gentillet et résolument optimiste, mais sans véritable émotion même si ce tome s’avère plus musclé et étoffé que les précédents.
30/04/2022 à 16:55 1
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Jukurpa
4/10 Une équipe chargée de s’occuper de balises météo en mer a la surprise de voir une femme au milieu des flots. Pendant ce temps, Mlle Baker se rend sur une plateforme où sont cryogénisés des détenus… sauf qu’il ne s’agit pas de miss Baker, la vraie étant celle trouvée en mer. L’opération aura permis de délivrer Naoko Sonoda, une prisonnière. Le graphisme a pris un sacré coup de vieux (normal, la BD date de 1995) et l’ensemble présente un bon mix aventure-action-science-fiction, mais c’est justement là que ça pose problème à mes yeux : hovercraft, évasion, baston sur la plage, un dragon géant, des yakuzas, une station orbitale, des robots façon « Starship Troopers », des explosions, des poursuites en hélicoptère, etc. Une surabondance de sujets et de péripéties qui tuent le scénario, ce dernier n’étant plus qu’un prétexte pour aligner ces scènes d’action sans grande âme. Je vais m'arrêter là, je pense.
27/04/2022 à 18:55 2
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Mémoire vive
Jean-David Morvan, Sylvain Savoia
5/10 Dans un futur proche, le Brésil et les Etats-Unis sont entrés en guerre. Arrouan, surnommé « Nomad », joue pour les Américains avec la possibilité de s’infiltrer psychiquement et de récolter des secrets chez l’adversaire. Mais pris dans une hallucination, il s’enfuit. On se balade pas mal dans cette BD, du Brésil aux Etats-Unis, du Niger à la Suisse, sous la mer comme sur terre ainsi que dans le désert tandis qu’Arrouan rejoint les Touaregs. Pas mal, mais trois écueils : j’ai trouvé ce premier tome beaucoup trop long et dilué (138 planches tout de même…), le graphisme a méchamment vieilli, et je n’ai vraiment pas aimé ce mélange (ou plus exactement, cette succession) de genres (guerre, puis un peu de SF, puis de l’aventure, etc.). Pas ma tasse de thé, alors je passe mon tour.
27/04/2022 à 17:18 2
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Le Bateau-Sabre
7/10 Jolan s’est acquitté de sa mission auprès de Manthor, et le mage lui apprend que des guerriers ne vénérant qu’un seul dieu (des chrétiens, quoi) sont en train de l’emporter sur les hommes du nord. Pendant ce temps, Thorgal et ses compagnons d’aventure se frottent à des écumeurs, le peuple des steppes blanches, avant d’arriver sur un port où se déroule un marché aux esclaves. Encore un opus hardi, malgré des éléments trop gros (le cache-cache avec l’orque, le fait que Thorgal soit capable de prendre une caisse au fond de la mer, nécessairement glacée, et de la remonter comme si de rien n’était, malgré le froid et la masse), et ça demeure divertissant.
26/04/2022 à 20:36 2
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Alice in Borderland tome 7
6/10 Les tensions, jeux de pouvoir et autres déductions pour comprendre ce qui s’est passé précédemment ne font que s’amplifier dans ce palace devenu un véritable huis clos infernal. Mais, si le côté graphique fort réussi autant que le scénario, solide et cohérent, sont objectivement louables, je finis par me lasser de cette interminable intrigue tandis que les premiers opus se présentaient comme des one-shots bien plus véloce et addictifs à mes yeux. J’espère que les tomes suivants insuffleront un coup de fouet pour cette série fort prometteuse qui commence, selon moi, à s’essouffler.
26/04/2022 à 20:36 2
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Le piège afghan
Jean-Claude Bartoll, Renaud Garreta
5/10 Où l’on retrouve notre héroïne quelque parte entre le Pakistan et l’Afghanistan. Les mains attachées dans le dos, elle parvient à bousiller un premier barbu avant de s’enfuir… Cela démarre fort du point de vue de la crédibilité. Elle leur fausse ensuite compagnie sur le dos d’un cheval, se retrouve nez à nez avec un hélicoptère (merci Rambo III !), saute d’un balcon d’une hauteur dantesque pour désarmer un barbu borgne (ouais, « barbu » tout court, ça faisait trop tiède…), pète des tronches à tour de bras, s’infiltre dans une grotte, est tout de même mise K.-O. (incroyable : elle a dû se prendre un avion à réaction dans la nuque…), se fait sauver alors qu’elle va être décapitée (même quand elle n'y est pour rien, cette nana supersonique a du talent). Bref, ça défouraille à tire-larigot sans gros scrupule quant à la vraisemblance, mais quelques éléments informatifs dans le scénario viennent relever cette sauce trop épicée et un peu WTF. Je continue au moins encore un peu cette série parce que, même si je la critique, elle a ce je ne sais quoi de distractif et que j’en ai encore quelques autres tomes sous la main.
26/04/2022 à 20:34 2
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Missiles pour Islamabad
Jean-Claude Bartoll, Renaud Garreta
3/10 Najah est de retour, et ça prend décidément la tournure des Martine ; ici, elle n’est pas à la plage, mais à Monaco avec un opus digne d’une resucée des « OSS ». Elle est ici tour à tour monte-en-l’air (pendant un grand prix de Formule 1, normal, on est à Monaco…) hackeuse (scènes pompées sur « Mission : Impossible »), échappe aux pales géantes d’un ventilateur dont on se demande encore ce qu’il fout là, va au casino (Monaco, quoi…), se retrouve sur un yacht, côtoie des golfeurs, fait de l’hélico, court plus vite que des balles, fait de l’escalade, flingue des soldats pakistanais… J’ai dû en oublier en route, mais ça donne déjà une idée de ce personnage lisse comme une fesse de goret, aseptisée façon bol d’eau de Javel, sans la moindre aspérité ni profondeur psychologique. Et je n’évoque même pas la trame scénaristique qui tient du cocktail insignifiant d’idées pataudes, de bribes déjà lues ou vues milles fois, et d’une rare ineptie. A défaut d’être une héroïne à mes yeux, je me demande ce que les auteurs se sont injectés dans les veines pour pondre ce supplice.
26/04/2022 à 20:33 2
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Le Sabre et le lotus
Jean-François Di Giorgio, Cristina Mormile
8/10 Un jeune homme disparaît près du lit d’une rivière. Takeo fait une fois de plus la démonstration de son habileté en se débarrassant de plusieurs ninjas pour ensuite aider la jeune femme qui a vu son promis disparaître à le retrouver. Un graphisme toujours aussi remarquable, quelques passages gentiment coquins, quelques moments d’action particulièrement réussis (notamment la seconde confrontation avec les ninjas). Autant le tome précédent m’avait un peu déçu, autant celui-là me réconcilie sans mal avec cette belle série !
25/04/2022 à 17:58 2
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Ririko
Jean-François Di Giorgio, Cristina Mormille
6/10 Des ninjas agressent une famille et l’assassinent après avoir volé une statuette. Blessé par des brigands, Takeo fait la connaissance de la jeune et belle Ririko, une sabreuse émérite. Ensemble, ils vont en quelque sorte enquêter sur la mort de ces deux personnes – Yukan et Asagoro – et comprendre ce que recèle cette mystérieuse statuette. Un tome assez classique, avec un tournoi auquel participe un redoutable Zango, mais rien de bien précis ni de très original ne viendra marquer ma mémoire concernant ce dixième opus de la série même s’il demeure très agréable à lire, mis à part ce serment final émis depuis un ponton et qui résonne comme la promesse d’un beau combat à venir.
24/04/2022 à 20:19 2
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Ogomo
Jean-François Di Giorgio, Frédéric Genêt
7/10 Voilà nos deux frères, Takeo et Akio, séquestrés dans le donjon d’Ogomo. Un flash-back permet de comprendre l’origine des sceaux gravés dans leur dos ainsi que ce qui est arrivé à leurs parents. Une escouade de moines va venir jouer un rôle important pour nos héros, d’autant qu’ils vont se rendre compte qu’ils affrontent de simples humains et non de prétendus démons. Un tome plein de bruit et de fureur, s’achevant sur un combat – bon, pas très en adéquation avec le code de l’honneur des samouraïs, mais peu importe vu la dangerosité de l’adversaire, une mise à mort et l’arrivée d’un protagoniste assez mystérieux et efficace.
24/04/2022 à 20:18 2
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Frères de sang
Jean-François Di Giorgio, Frédéric Genêt
8/10 Je retrouve avec plaisir Takeo et cette série si distractive avec cet opus qui commence de manière véloce : un fuyard qui s’égare dans un lieu qui semble maudit, un plancher musical, une sorte de tatouage empoisonné, Sayuri qui parvient à s’évader… Un opus bien plus énergique que le précédent pour une saga qui, à mes yeux, reprend des couleurs et me redonne envie de me procurer la suite.
23/04/2022 à 17:42 2
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Citrinitas, l'oeuvre au jaune
8/10 1888, à Londres : le tueur en série Jack l’Eventreur terrorise les foules. Pendant ce temps, Asiamar découvre l’origine extraterrestre de la création de cet ordre d’alchimistes auquel il appartient. Pour une raison obscure, il lui est ordonné d’aller assassiner le prédateur londonien… qui est en réalité une femme. Incapable de tuer cette Vénus Blavatsky dont il est tombé amoureux, Asiamar est exfiltré par ses camarades de l’asile psychiatrique de Bedlam pour qu’il retourne terminer sa mission.
Une conclusion aussi audacieuse que les opus précédents : une relecture osée et réussie de l’histoire de Jack l’Eventreur, de l’occultisme (les corbeaux dirigés par Vénus, ses motivations pour tuer ces prostituées, l’immortalité des alchimistes que l’on retrouve ensuite au cœur de la Seconde Guerre mondiale), sans compter des éléments proches d’Assassin’s Creed, de la fantasy, des Avengers et de la SF. Un final certes ouvert et plutôt optimiste, mais que j’aurais plutôt vu comme moins rose et rayonnant afin de coller à l’esprit, explosif, inattendu et iconoclaste de cette série. Mais malgré ce bémol, pour ce tome comme pour les autres, c’est du tout bon !23/04/2022 à 17:40 1
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Chasseurs d'aurore
7/10 Un très joli conte, chouettement écrit par Samantha Bailly et magnifiquement illustré par Munashichi. Une histoire très agréable, plutôt longue pour un conte mais belle et entraînante, sur le spleen, le dépassement de soi, avec de la magie et des créatures. Hautement recommandable pour les jeunes et tout à fait tentable pour les adultes.
18/04/2022 à 10:38 1
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La Conjuration des masques
8/10 « Une véritable calamité ! ». Paris est secoué par une série de meurtres qui semblent viser des énarques que l’on retrouve égorgés et nus, un masque de type vénitien sur le bas-ventre. Mise sur l’enquête, Clémence Malvoisin, policière à la brigade criminelle et directrice de la section décentralisée de l’Est parisien, ainsi que son équipe, se rend compte que ces fameux masques, la signature du tueur en série, sont inspirés de l’œuvre de Paolo Debenetti, un obscur peintre du XVIe siècle. La moisson de cadavres n’est pas terminée et l’assassin n’a pas encore livré la réelle nature de sa croisade.
Jean-Marie Palach signait cet opus en 2012, son premier ouvrage d’ailleurs, et l’on se régale d’un bout à l’autre. D’une écriture épurée qui n’empêche nullement de beaux moments de littérature, l’auteur s’illustre avec cette intrigue de prime abord classique mais qui réserve néanmoins de beaux rebondissements. Clémence, en enquêtrice hésitant quant à la suite de sa carrière, compose un personnage fort sympathique, d’autant qu’elle est entourée de seconds bien campés et dont l’humour vient nuancer la noirceur de l’intrigue. On retiendra également le personnage de Langlade, commandant vieille France, vivant dans un immense appartement avec sa mère sur l’Île Saint-Louis, et qui fréquente des sites pédophiles sur son propre ordinateur professionnel. L’histoire nous mènera aussi à Venise et à Bruxelles au gré d’une traque bien menée, sans la moindre surenchère d’hémoglobine ni pyrotechnique. Si le scénario paraît un peu trop facile au cours des deux premiers tiers, le dernier lâchera quelques astucieux rebondissements, notamment sur l’un des crimes et, surtout, quant au mobile du criminel. Jean-Marie Palach se paie ainsi le luxe d’un beau twist, se nourrissant d’un passé certes fictionnel mais joliment trouvé, offrant un sorte d’histoire-miroir dont l’écho tonnera quatre siècles plus tard.
Un roman bien plus original que ce que son amorce ne le laissait présager, habile et ne versant jamais dans l’excès ni le déploiement stérile d’effets outranciers. On ne peut donc que chaudement remercier Jean-Marie Palach pour sa retenue et, dans le même temps, tout aussi chaudement conseiller la lecture de ce livre policier.16/04/2022 à 08:14 4
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Le Trou bleu tome 2
7/10 Une esthétique et un scénario dans la droite ligne du précédent tome de cette série de mangas. Où l’on retrouve notre héroïne et ses camarades face aux dinosaures après ce voyage temporel et géographique hallucinant, mais l’accumulation de péripéties et autres confrontations avec les animaux préhistoriques, à défait d’amoindrir une quelconque crédibilité qui de toute façon n’existe pas, finit un peu par lasser, d’autan que le grand nombre de pages (près de 300, un poil plus que le précédent qui était déjà bien copieux) contrarie toute concision. Je regrette également la fin un peu naïve, trop ingénue, ce qui ne m’empêche pas de bouder mon plaisir global.
15/04/2022 à 08:33 1
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Alice in Borderland tome 6
7/10 Toujours beaucoup de tension au sein de cet hôtel, pour un tome servi par un graphisme à la fois léché et épuré. Toujours un très bon niveau de suspense et d’action, continuant d’entretenir la cohérence de la série et quelques chouettes trouvailles (comme ce lance-flamme maison réalisé à partir d’un pistolet à eau ou le passé de Kuina), pour ce tome qui se conclut autour de l’identité de la « sorcière ». Je préfère infiniment le format one-shot des précédents opus mais celui-ci demeure très prenant et efficace.
15/04/2022 à 08:33 1
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Le Tableau disparu
8/10 Le robot Zed et Tom Beffroy viennent d’hériter d’une nouvelle affaire : on a subtilisé un tableau au domicile de Jade Weiler, une jeune et richissime collectionneuse. Parce que cela peut permettre de doper la notoriété de Zircon, l’entreprise qui a créé cet androïde surpuissant et doué d’immenses capacités d’analyse, ils se mettent à traquer dans un premier temps le faussaire qui a peint une contrefaçon pour remplacer cette toile de Matisse…
Après Menaces sur le concert, on retrouve donc Zed dans cette nouvelle enquête qui est au moins aussi réussie que la précédente. Christian Grenier a eu le flair ainsi que l’intelligence de créer un héros fort sympathique et marquant, en la personne – mécanique et numérique – de ce robot, aimable colosse monté sur pneumatique, doué pour les raisonnements, capable d’exploiter les immenses ressources disponibles sur Internet, exprimant ses conjectures en leur attribuant des pourcentages de chances, et découvrant graduellement les sentiments qui animent les êtres humains. L’histoire commence fort bien, avec un traitement original, ou comment Zed va profiter d’éléments informatiques pour comprendre quand cet énigmatique falsificateur a pu substituer un faux Matisse au vrai, avant que les événements ne conduisent nos enquêteurs jusqu’en Thaïlande. Pas le moindre temps mort dans cet opus survitaminé, bien écrit et judicieusement adapté au jeune lectorat auquel il se destine.
Une nouvelle réussite de la part de Christian Grenier, qui impose ainsi cette machine parmi les meilleurs limiers de la littérature jeunesse, avec esprit et humour. D’ailleurs, les dernières lignes interpellent avec justesse sur le sort des produits dupliqués, mais soyons rassurés : pour le moment, on ne voit vraiment pas qui pourrait remplacer ce cher Zed dans nos cœurs.15/04/2022 à 08:22
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Le Musée des tortures
8/10 La poisse intégrale. Lors d’une excursion scolaire dans Carcassonne, Léo est obligé de faire équipe avec les pires cassos de la classe, à savoir les jumelles Lisa et Laura Deviche, son ancien meilleur ami Adrien, et Kiara, une gitane aussi asociale que scolairement douée. Le jeu de piste fait qu’ils vont rencontrer une étrange femme qui leur propose la visite de son musée des tortures. Et voilà nos cinq élèves pris au piège !
Ce roman figurant dans la collection « Hanté » de Casterman séduit dès les premières pages. Rachel Corenblit signe un opus à la trame certes classique, mais agrafe l’attention du lecteur de la première à la dernière page. On y retrouve les ingrédients attendus dans ce type d’ouvrage, avec des adolescents bien tranchés, formant un groupe hétéroclite, et affrontant un péril inattendu, les conduisant progressivement à la solidarité et à une forme d’amitié. Léo, en aimable petite racaille, qui croit être revenue de tout et s’autorise à porter des jugements à l’emporte-pièce sur tout un chacun, fait ici figure de protagoniste principal, ce qui n’empêche nullement les autres jeunes de jouer leur part dans le déroulement de l’histoire. La sorcière – parce qu’il y sera question d’occultisme et de magie noire – compose un personnage sombre et particulièrement prompt aux enchantements pyrotechniques, avec une idée bien précise du rôle que doivent jouer ses proies dans le plan qu’elle a prévu pour elles. D’ailleurs, là où le récit se distingue, c’est dans la forme, peut-être davantage que dans le fond : le style est certes adapté au lectorat auquel il s’adresse, mais certains passages, mettant en scène des outils de torture, des corps suppliciés, ainsi que des éléments assez répugnants, sont très visuels et ne manqueront pas de faire grimacer quelques liseurs. Le final trouve parfaitement sa place, avec une morale déclinée sans la moindre lourdeur, tout en évitant le cliché du happy end béat.
Un très bon roman, une fois de plus, pour cette collection, soulignant à la fois l’hétérogénéité de celle-ci dans la diversité des intrigues qu’elle présente autant que la qualité qui la caractérise.14/04/2022 à 08:19 1
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Blood & Sugar
9/10 Juin 1781. Sur les docks de Deptford, on retrouve le cadavre pendu de Tad Harcher, ardent défenseur de la cause abolitionniste. Son corps a été martyrisé et marqué au fer rouge, comme du bétail, comme un esclave. Sa sœur va alors trouver Harry Corsham, vétéran de la Guerre d’indépendance des Etats-Unis et versé en politique. Corsham va tenter de comprendre ce qui a mené Tad à sa perte, quitte à remonter vers d’atroces pans du passé.
Ce premier ouvrage de Laura Shepherd-Robinson saisit dès les premiers instants. Sombre, âpre, tourmentée, son écriture fait amplement écho aux tragédies que l’écrivaine va brosser. Ayant réuni un abondant socle de documentation, l’auteure nous fait basculer sans le moindre mal dans cette Angleterre de la fin du XVIIIe siècle, largement acquise à la cause de l’esclavagisme, même si des remous antagonistes à la traite négrière se font entendre. Dans le même temps, elle nous décrit avec brio la crasse, la corruption, les trafics, la prostitution et les vicissitudes de Deptford qui s’opposent avec d’autant plus d’éclat à Greenwich et à ses oligarques. L’intrigue est un pur bijou : si l’histoire autour de ce navire « L’Ange noir » et ses trois cents trois esclaves sacrifiés est fictive, elle s’inspire directement du massacre du Zong. C’est épouvanté, même si l’on connaissait déjà l’asservissement d’êtres humains et leur statut de simple marchandise, que l’on replonge dans cette époque dégagée de la plus élémentaire des empathies pour ces malheureux. Mais Laura Shepherd-Robinson va au-delà de cela, puisque son histoire réserve encore bien des rebondissements, et son récit va se montrer bien moins attendu que prévu, voire dédaléen, puisque chacun des personnages dépeints dans son roman possède sa part d’ombre et de potentiels motifs de s’en prendre à Tad, d’autant que d’autres homicides, particulièrement ignobles, vont jalonner l’investigation de Corsham. Les ignominies, lâchetés et autres vengeances afflueront, des sévices sexuels à la pédophilie en passant par l’homophobie. Corsham, en enquêteur improvisé, blessé à la jambe de la bataille de Saratoga, s’y révèlera fort pugnace, parfois accompagné du fantôme de Tad qui l’a aimé et continue de lui parler.
Quoi de plus adéquat, pour parler du commerce du bois d’ébène – expression soi-disant bienséante pour désigner la traite négrière – qu’un roman noir ? Laura Shepherd-Robinson s’impose en un seul ouvrage par la férocité de sa plume et la complexité de son intrigue, servant avec brio son aspect policier comme le devoir de mémoire qui l’accompagne.13/04/2022 à 08:04 8
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Dead Tube tome 14
Touta Kitakawa, Mikoto Yamaguchi
7/10 Le créateur originel du « Dead Tube » explique ses (malsaines) motivations et d’où lui est venue sa perversion ; lui qui souhaitait être filmé pendant qu’il allait être massacré va en être pour ses frais et devoir mourir sans être honoré par un film dont il aurait été la victime. Loin des dérapages gores et sexuels d’autres tomes, celui-ci présente même une scène assez poignante entre Tomo et Hanae. La page du « Dead Tube » et de ses atrocités pixellisées semble se tourner mais la réouverture d’un club d’études cinématographiques et la création d’un « Dead Tube Neo » pourrait bien rebattre les cartes. Le tome 14, ou l’art de relancer une série avec un agréable virage scénaristique, avec les dernières planches qui replongent le lecteur dans le sexe et la violence.
10/04/2022 à 08:38 1