El Marco Modérateur

3330 votes

  • Le Cycle de l'air 1

    Hub

    8/10 Début du cycle de l’air avec ce cinquième tome. No héros cherchent à gagner la vallée des mille-vents-célestes. Kibyou, la fille de dame Mayudama, est malade : mutique, refusant de s’alimenter. Dans le même temps apparaît un samouraï colossal et vêtu d’une sorte d’exosquelette après un combat éprouvant contre un mage. Un opus détonant, restant dans la droite ligne des précédents, à savoir efficace et original, mais un événement pour le moins inattendu étourdit dans le final, même si je ne doute pas qu’il sera « corrigé » par la suite.

    05/12/2021 à 20:02 1

  • Le Cycle de la terre 2

    Hub

    8/10 Désormais accompagnés de la guerrière manchote Setzuka Bashimon, nos protagonistes prennent le chemin des bibliothèques interdites de Zanzhin. Dans l’un des manuscrits, ils apprennent qu’un ordre a, par le passé, mené de sinistres expériences médicales afin d’atteindre la résurrection. Un opus sombre et tendu, qui nous mène jusqu’au « grenier aux morts ». La fin du cycle de la terre, avec une belle bataille pour protéger le fortin, avec un sacrifice de la part de l’un des héros afin de sauver ses camarades. Toujours aussi distrayant et efficace.

    04/12/2021 à 17:11 1

  • Nuisible tome 2

    Masaya Hokazono, Yu Satomi

    8/10 Ryôichi Takasago a été attaquée par la belle mais terrifiante Kikuko Munakata, après quoi il continue d’être la proie de terribles cauchemars. Kikuko tue accidentellement la mère du lycéen, et elle prend une véritable emprise sur lui, tant physiquement que psychologiquement. L’intervention d’Akihiko Kuzumi se voulait déterminante, elle ne le sera pas, mais ça débouche sur une révélation sur les liens entre le lycéen et la créature ainsi que sur une terrifiante expérimentation. L’horreur monte d’un cran, sans pour autant tomber dans le gore ni l’inconvenant : entomophobes, s’abstenir ! Un opus ensorcelant et bien mené, même si l’intrigue reste objectivement à ce stade plutôt simple mais terriblement efficace.

    02/12/2021 à 18:36 1

  • Rendors-toi, tout va bien

    Agnès Laurent

    9/10 Guillaume et Christelle Dumont. Deux enfants. Il est comptable dans une entreprise de pêche à Sète, elle femme au foyer. Un jeune couple sans histoire. Cependant, un vendredi soir, à la fin du mois de juin, tout bascule. Sur l’autoroute A31, Christelle a un accident de voiture. Elle est seule dans le véhicule. Que faisait-elle si loin de chez elle ? Retour en arrière. Le matin même, Guillaume est appréhendé par les gendarmes. Lentement, l’indicible s’écrit.

    Il s’agit là du premier roman d’Agnès Laurent, mais l’on peine à le croire tant il est maîtrisé. Tout commence comme un fait divers, d’une banalité affligeante, mais sous le vernis de la platitude, couve une situation tragique. En reprenant le cours de la chronologie au matin de l’accident, le lecteur en apprend davantage sur cette famille Dumont. Un bonheur sans nuage ? Une joie réciproque ? Un éden domestique ? Pas si sûr… Graduellement, par lents paliers, en alternant les points de vue, on se rend compte qu’au-delà des apparences, quelque chose cloche. Le bistrotier où Guillaume a l’habitude de prendre son café avant de se rendre au travail, l’autostoppeur rencontré par Christelle dans sa fugue, le voisinage du couple, un simple conducteur, Christelle dans sa Renault 21, Guillaume aux prises avec les gendarmes qui veulent le pousser à avouer un énigmatique crime dont il ignore tout : l’éclairage est pluriel, les éclats de vie nombreux, et il faudra un peu moins de deux cents pages avant que la luminosité n’en devienne scialytique et le puzzle complet. L’écrivaine, journaliste à L’Express, est spécialiste des faits divers et de société, et ce livre montre clairement sa connaissance de ce type de cas criminels. L’écriture est haletante, épuisée, presque suffoquée, avec des phrases sans effets, un vocabulaire élémentaire, une ponctuation réduite à sa plus simple expression. Tout se situe à la hauteur des individus dépeints, et c’est avec une crédibilité puissante, presque sidérante, que l’on passe de l’autre côté du miroir. Vers la déchéance. Vers la folie. Le point de bascule est remarquable de vraisemblance, il ne faut à Agnès Laurent que quelques mots, délibérément ordinaires, délibérément toxiques, pour que l’on chavire dans l’aliénation, le sordide, et, paradoxalement, l’humain dans ce qu’il y a de plus primitif. Car, si quelques éléments sous-entendaient un dysfonctionnement – évitons de les révéler ici, ils viendraient désamorcer la découverte explosive de la catastrophe, nul ne pouvait s’attendre à quelque chose d’aussi dur, d’aussi cru. Et c’est la gorge nouée et les tripes vrillées que l’on achève ce roman, noir comme jamais, dont les deux derniers mots – une épitaphe – viennent éclairer cette horreur d’une lueur mordante.

    Certains auteurs en font parfois trop pour décrire l’innommable, avec force effusions d’abominations peintes avec naturalisme et pléthore de détails. Agnès Laurent choisit une voie singulièrement différente : élémentaire, fluide, plausible, sans voyeurisme ni jugement moral. A coup sûr, un ouvrage remarquable, hanté par des ténèbres que l’on n’est pas près d’oublier.

    02/12/2021 à 07:07 6

  • Les Secrets d'Orient

    Jean-Luc Istin, Jacques Lamontagne

    8/10 Taran, le disciple de Gwenc’hlan, plonge dans une grotte à la recherche des assassins de Ronan, et tombe sur un charnier d’une trentaine de corps, certains seulement paralysés. Taran et Gwenc’hlan découvrent alors un curieux enfant, habillé d’une peau de loup. Leur quête les mène à une forteresse inquiétante où les attend un individu qui leur rappelle la divinité gauloise Cernunnos ainsi que de terribles cannibales. Un incendie dantesque vient clore cet opus, nous menant vers le dernier de la série où toutes les réponses nous sont promises. Une BD forte et sombre, en espérant que la suivante sera du même acabit.

    01/12/2021 à 17:51 1

  • L'Ange aux ailes de lumière épisode 1/2

    Harry Bozino, Carlos Magno

    6/10 Jatred et Valika, deux agents, sont envoyés sur la planète Vaeroya, comptant 23 millions d’habitants. Sur place, une ambiance médiévale, ces colons ayant depuis longtemps oublié leurs origines ainsi que relégué les nouvelles technologies au rang d’hérésie, d’où l’accueil frisquet réservé à nos deux jeunes gens. Pire, la population est sous le joug d’une dictature noyautée par le fanatisme religieux. Ils sont sur le point d’assister à l’exécution de Sirane, une jeune femme enceinte qualifiée de « pécheresse », et comme ils ne peuvent supporter cette horreur, ils interviennent et la soustraient autant au bourreau qu’à la foule. Son tort ? S’être accouplé à ce qu’elle appelle un « ange ».
    Une agréable lecture, mêlant l’univers de la SF façon Star Wars à des esthétiques plus fantasy, notamment pour les créatures (je pense notamment à l’immense bestiole du désert ainsi qu’aux milliers d’insectes que charrie ce monstre). Un graphisme très réussi, riche en couleurs et policé juste ce qu’il faut, même si l’intrigue ne constitue pas un summum du genre, surtout pour moi qui ne suis que moyennement attiré par ce type d’histoire. Néanmoins, c’est distrayant et ça donne surtout enfin de connaître la suite et fin dans le tome 2.

    29/11/2021 à 18:39 2

  • Fais de beaux rêves...

    Philip Le Roy

    7/10 Joachim Cantor n’est pas un ado comme les autres. Il a quatorze ans, ses parents sont décédés dans des circonstances obscures, il a été adopté par une famille cagnoise, les Russo, et il a de gros problèmes psychologiques. Plus exactement, il a des amis imaginaires (notamment Wata et Théo), des hallucinations, et ce n’est pas son psy, même sous hypnose, qui parvient à lui trouver des solutions. Il rencontre Aline Hollande, une gamine aussi fracturée que lui, quand la situation se complexifie : des voix provenant des murs, sa mère se matérialisant dans les rideaux de sa chambre, des bruits de raclements, des odeurs de pourriture… Et si ses parents, depuis l’au-delà, lui réclamaient quelque chose ?

    De Philip Le Roy, on connaît autant ses ouvrages destinés aux adultes (entre autres Pour adultes seulement, Le Dernier Testament, Evana 4) que ceux adressés aux jeunes (comme son excellente série consacrée à la Brigade des fous). On retrouve l’univers si particulier de l’écrivain, avec des personnages méchamment fissurés, toujours sur le fil du rasoir, en équilibre instable entre la normalité et la folie. Joachim comme Aline composent ainsi un duo d’adolescents particulièrement réussis, aux enfances respectives saccagées, côtoyant des collégiens se comportant parfois comme les membres d’une meute immonde, et devant survivre dans un monde dans lequel ils n’ont jamais demandé de naître. Dans le même temps, les phénomènes inexpliqués qui assaillent Joachim tiennent sacrément la route : des manifestations occultes, rappelant les ambiances délicieusement anxiogènes de Dans la maison ou 1, 2, 3, nous irons au bois. Les références cinématographiques, littéraires et musicales de l’auteur, nombreuses, égaient l’atmosphère, préservant d’agréables oasis dans cette histoire trouble et touffue. De même, les dialogues entre Joachim et Aline, voire les réflexions de Wata, claquent comme des coups de trique, criants de vérité et apportant de belles bouffées d’humour dans un récit très sombre. Cependant, Philip Le Roy surprend, voire déroute, avec un choix scénaristique. La folie de notre protagoniste passe la main à une histoire assez différente, basculant vers une histoire où il est question de judaïsme, d’une secte et de pouvoirs hallucinants détenus par un objet sacré. Certes, cette option est inattendue, mais on a parfois l’impression qu’elle ne colle pas totalement avec l’entame du roman. La greffe prend, les sensations fortes ne manquent pas par la suite, mais il est probable que certains jeunes lecteurs ne goûteront pas nécessairement cette brusque bifurcation.

    Un opus qui démontre, une fois de plus, l’étendue du talent de Philip Le Roy dont on attend toujours avec la même impatience les sorties de ses ouvrages, et qui, ici, a opté pour un récit pour le moins surprenant avec ce détournement au beau milieu de son roman.

    29/11/2021 à 07:06 2

  • Opération Offshore

    Jean-Claude Bartoll, Renaud Garreta

    3/10 Retour de Najah Cruz, en réalité Isabel Mendoza, quelque part à la frontière entre le Cabinda et le Congo, et je retrouve les mêmes défauts que dans le précédent tome : une tueuse qui échappe on ne sait pas comment à des rafales d’arme automatique lourde, fait ensuite des katas dans la forêt en récitant du Sun Tzu, sauve in extremis les rescapés d’un crash sans même défriser son brushing, se déguise en nonne et pète des faces, se sort encore une fois de situations impossibles… Même vaporisée par une explosion sur une plateforme pétrolière, elle se retrouve à la flotte au milieu des flammes et trouve le moyen de secourir quelqu’un. C’est bien simple : à ce niveau-là, Rambo et Jason Bourne, ce sont deux gentils écoliers au nez humide à côté. Et je ne parle pas des allers-retours incessants sur le globe, parfois sans grand intérêt, de l’intrigue démoulée d’un film avec Steven Seagal et de poncifs alignés comme les grains d’un chapelet. J’ai encore quelques autres tomes à portée de main, alors je vais continuer encore un peu, mais cet opus en est presque navrant.

    27/11/2021 à 17:39 2

  • Le Mystère du cimetière

    Howard Phillips Lovecraft

    1/10 ... ou l'étrange disparition du pasteur Dobson, descendu dans la tombe de Joseph Burns que l'on vient tout juste d'enterrer, afin d'honorer son ultime requête : laisser tomber une boule en un point "A". Mais cette disparition, même mystérieuse, ne fait que s'amplifier avec l'apparition d'un dénommé Bell venu demander une rançon à la fille du disparu.
    J'ai beau adorer l'oeuvre du sieur Lovecraft, là, j'ai été très négativement étonné. Une histoire beaucoup trop courte, et inutilement découpée en douze chapitres que ne font que souligner cette concision qui prend des allures de pastiche. Car c'est là que le bât blesse : tout ça m'a paru complètement invraisemblable. Un modus operandi pour l'enlèvement capillotracté à un point que ça en devient grotesque (ça ne doit pas être tous les jours que la volonté d'un homme soit que l'on dépose dans sa tombe une boule en un point marqué "A"...). Cette histoire partait déjà fort mal... Et que dire du fait que l'enquêteur trouve justement la bonne boutique et au bon moment où les conspirateurs échangent librement à propos de cette histoire ? De Bell qui laisse tomber les clefs de la geôle et que récupère le reclus ? Que la cellule de ce dernier est "magnifiquement éclairée" (un captif, qui plus est à qui on en veut, on le laisse dans le noir, non ?) ? Que Dobson parvient à faire un double avec la cire des bougies (Bell ne s'est donc pas demandé si Dobson n'avait pas profité de sa bévue ?) ? Que Dobson passe "le jour suivant à limer des clés pour les adapter à la serrure", mais avec quoi les a-t-il limées ? Avec les ongles de ses orteils ? Et que dire de l'absence (même pas partielle, non, totale !) de mobile, ou d'explication à ce sujet des frangins quant à ce stratagème si alambiqué ? Et puis Dobson, pour en revenir à lui, puisqu'il était si haï, personne n'était au courant de cette inimitié si agressive ? Personne non plus n'avait pensé à fouiller cette fichue tombe puisque Dobson y était entré sans en sortir ? Et que dire du final à l'eau de rose, si téléphonée que ça en devient pathétique ?
    Non, là, désolé, ça n'est pas parce que j'apprécie beaucoup un écrivain qu'à titre personnel, je vais en être réduit à applaudir un texte qui, lu, dure une petite dizaine de minutes, et, factuellement, ne compte même pas mille cinq cents mots, et qui, surtout, aligne autant de non-sens et d'absurdités. A mon avis, à oublier au plus vite.

    26/11/2021 à 20:06 1

  • Dans l'oeil du cauchemar

    Carlos Puerta, Pierre Veys

    8/10 Le navire « Stornoway » est toujours de l’autre côté de la brèche : de curieux phénomènes astronomiques, une île inconnue, une végétation inédite, des insectes aberrants, etc. Nos héros expéditionnaires sont aux prises avec des créatures du même genre que celle qui avait agressé Adamson à Londres : une belle bataille en l’occurrence, digne d’anciens films de SF, et toujours magnifiquement soulignée par cette esthétique presque photographique. Le rythme est plus rapide que dans le précédent opus et se clôt sur des questions quant à ce que peut bien être la bestiole qui a attaqué Adamson et dont on vient de retrouver une patte.

    26/11/2021 à 17:40 1

  • Dead Tube tome 5

    Touta Kitakawa, Mikoto Yamaguchi

    6/10 Les trois femmes se retrouvent prises au piège avec le guerrier du dimanche, qui avoue un sacré penchant pour le sexe, tandis que les quatre hommes sont à l’extérieur, de nuit, dans la forêt. Mais la tuerie va se poursuivre également dans le chalet qui semblait pourtant être une place forte. Pas mal de rebondissements et, même si l’ensemble n’est pas spécialement original, il est sympa à lire et divertissant, notamment avec ce final qui, pour le coup, est vraiment inattendu. En revanche, les scènes de sexe, mais peut-être est-ce un jalon de ce type de manga, sont inutiles.

    25/11/2021 à 19:36 1

  • Hacking, braquage et rébellion

    Robert Muchamore

    8/10 Robin Hood est un ado de douze ans. Petit mais sportif, il pratique avec le même talent l’informatique que le tir à l’arc. La ville, Locksley, où il habite avec son père, Ardagh, et son demi-frère, John, est tombé sous la coupe de mafieux, avec à leur tête Guy Gisborne. Ce dernier a été, en des temps reculés, l’un des meilleurs amis d’Ardagh et de Marjorie Kovacevic, tous les trois ayant fondé un empire commercial avant que le père de Robin ne se désintéresse de ces considérations capitalistes. Mais voilà que les événements se mettent à s’acharner sur la famille Hood : une tentative de fraude aux bulletins de notes qui tourne court pour Robin, des mots déplacés d’Ardagh à propos de Gisborne qui le conduisent en prison, et une fuite du collégien dans la forêt de Sherwood auprès d’autres opprimés. Le début d’une rébellion ?

    Inutile de présenter Robert Muchamore : on lui doit, entre autres, les célébrissimes série CHERUB et Henderson’s Boys. Voilà qu’il entreprend une nouvelle saga (quatre tomes ont déjà paru outre-Manche), débutant avec ce Hacking, braquage et rébellion. Les fans de l’auteur seront assurément séduits : les personnages sont habilement campés, d’autant que la forêt de Sherwood recèle de nombreux protagonistes croustillants et que l’on aura indéniablement plaisir à suivre. L’action est également bien présente, entre courses-poursuites, braquages informatiques de distributeurs de billets, combats à l’arc et autres échauffourées bien senties. C’est aussi l’occasion pour Robert Muchamore, sous couvert de littérature destinée à la jeunesse, de décocher quelques piques bien senties et jamais inutiles quant au mercantilisme, la fidélité aux siens, le sens de la famille, le militantisme, sans oublier des notes d’un humour salvateur, notamment dans les dialogues entre adolescents et certaines scènes (Guy Gisborne reçoit tout de même l’un des traits de Robin dans les testicules).

    Voilà une entame très réussie pour cette nouvelle série. Il fallait tout le toupet, mais surtout tout le talent de Robert Muchamore pour reprendre le héros légendaire anglais ainsi que son univers et les transposer dans un contexte contemporain. Lorsqu’en outre, l’essai est réussi, on ne peut qu’applaudir vivement tout en piaffant d’impatience à propos du deuxième tome, Piracy, Paintballs & Zebras.

    25/11/2021 à 07:07 4

  • Dead Tube tome 4

    Touta Kitakawa, Mikoto Yamaguchi

    6/10 Nos onze protagonistes commencent à amasser des armes sur cette île de Rock River pour affronter leur adversaire, dans un huis clos typique des ambiances de slashers. Et ça tombe bien, parce que Crazy Lascar, ce psychopathe vêtu comme un raton laveur, attaque presque d’entrée de jeu alors que deux des aventuriers tournaient une sextape. Une ambiance oscillant entre du Agatha Christie (avec les tentatives pour savoir si l’assassin ne serait pas l’un des jeunes gens) et « Scary Movie », avec à peine un peu de sexe. Cela ne réinvente pas le genre, mais ça demeure plaisant à lire.

    24/11/2021 à 17:04 1

  • Nuisible tome 1

    Masaya Hokazono, Yu Satomi

    7/10 Ryôichi Takasago se voit dans une barque, au-dessus du corps flottant d’une jeune et belle femme… qui se transforme en monstre carnivore… et se réveille en plein cours. Ce lycéen fait ce rêve récurrent depuis une dizaine de jours. Mais tout s’emballe : un chien assailli par des fourmis tandis que ces dernières semblent se propager en ville, une lycéenne, Kikuko Munakata, qui ressemble à s’y méprendre à celle que Ryôichi a vue dans ses songes, un camionneur tué par des bestioles dans son bahut, cette mystérieuse lycéenne capable de humer les phéromones, etc. Un graphisme épuré qui joue sur les nuances, des traits simples mais profonds, une ambiance délétère qui se pose lentement mais habilement, et une étrange Kikuko, monstrueuse au sens premier du terme, qui révèle vite ses dons de tueuse. Pour le moment, un tome qui intrigue et allèche, en espérant que les deux suivants seront du même acabit mais proposeront également quelques rebondissements au niveau du scénario.

    22/11/2021 à 17:47

  • Les Disparus de Cornouaille

    Jean-Luc Istin, Jacques Lamontagne

    7/10 La famille de Ronan le forgeron disparaît au cours d’une nuit d’orage, et le corps du pater familias est retrouvé, la cage thoracique béante, ouverte à la serpe. Gwenc’hlan et son fidèle Taran mènent l’enquête, et apprennent que d’autres disparitions ont eu lieu dernièrement dans la région. Les Saxons sont d’abord soupçonnés avant qu’une créature monstrueuse ne soit suspectée. L’ombre du « Nom de la rose » réapparaît avec cette forte connivence maître – élève, avec une ambiance assez lourde, opaque et anxiogène, tandis que l’on suit l’investigation de Gwenc’hlan qui pense à des démons kidnappant des humains. Une esthétique très réussie, un fort suspense : déjà hâte d’attaquer les opus suivants, les deux derniers de la série.

    21/11/2021 à 18:35 1

  • Le Bateau de Thésée tome 1

    Toshiya Higashimoto

    8/10 Ce tome commence avec l’explication du paradoxe qui donne son titre à l’ouvrage (en gros, un objet, ici le bateau de Thésée, est-il encore neuf si ses divers éléments constitutifs ont tous été remplacés les uns après les autres ?). Le jeune Shin Tamura est en couple avec Yuki qui attend leur premier enfant. Shin a tout pour être heureux, sauf qu’il est le fils d’un meurtrier. Jadis, ce dernier a été jugé coupable d’un empoisonnement massif dans le village d’Oto Usu ayant touché trente-neuf personnes et provoqué la mort de vingt-et-une d’entre elles. Miné dans son enfance par cette tragédie, Shin a aujourd’hui la douleur de perdre Yuki, décédée après avoir accouché. Alors qu’il espère pouvoir garder son enfant, Shin veut s’assurer que son paternel n’est finalement pas innocent. Il se rend au village maudit où un étrange brouillard. En en sortant, il porte aide à une jeune femme qui s’avère être sa sœur et rencontre au commissariat… son propre père. En effet : Shin a fait un bond en arrière dans le temps. Il va alors tenter de modifier les événements passés, notamment en sauvant ces premières personnes victimes d’empoisonnements sur lesquelles enquêtait son père avant la tragédie. Un premier tome fort prenant, avec un graphisme intéressant et une intrigue, même si elle repose sur une idée déjà vue ou déjà lue, bien réinterprétée et efficace. D’ailleurs, ce tome se termine de façon intrigante avec cette pièce d’identité découverte par le père de Shin et qui porte, comme année finale de validité, 2020. Un suspense et une intelligence que j’espère retrouver dans les tomes ultérieurs.

    18/11/2021 à 18:25 1

  • La Sacrifiée du Vercors

    François Médéline

    9/10 10 septembre 1944. Georges Duroy, « officier traitant et commissaire de police près le délégué général à l’épuration », se rend dans le Vercors, sous une chaleur accablante, afin de récupérer Sarah Ehrlich, accusée d’intelligence avec l’ennemi nazi. C’est aussi ce jour-là que l’on découvre le corps de la jeune Marie Valette. Tondue, violée, assassinée. Parce que l’acte est ignoble, Duroy décide d’enquêter, avec la journaliste américaine Judith Ashton à ses côtés. Il semblerait, ici comme ailleurs, que nul n’en ait vraiment fini avec la guerre.

    François Médéline signe ici un roman d’une rare noirceur. Court (quelque cent-quatre-vingts pages), il n’en est pas moins d’une rare densité humaine. Le style de l’auteur de Tuer Jupiter saisit aussitôt : phrases sombres, écriture poétique, stylé haché. Le lecteur ne pourra se réjouir que de cette plume enténébrée, faisant écho à une intrigue à la fois sulfureuse et désenchantée. Georges Duroy, en enquêteur, séduit sur-le-champ : patient, soumis au vertige, sensible au charme sauvage de la reporter, il doit ménager les consciences locales et, tout à la fois, châtier les collabos tout en évitant les lynchages injustes. Marie Valette est d’ailleurs une victime bien symbolique : en ces temps troublés, où la légitime envie de revanche sur l’occupant côtoie une violence animale et, parfois, le besoin de se recoudre une virginité, on n’apprendra que dans les ultimes pages les raisons qui ont entraîné son supplice. Solidement documenté, ce roman de François Médéline – dont on apprend dans les explications de l’auteur qu’il est inspiré par la propre histoire de sa famille – est un pur bijou qui trouve son intérêt encore davantage dans la peinture des psychologies et de l’ambiance délétère de l’époque que dans l’intrigue, finalement assez simple. Et c’est d’ailleurs toute la maestria de l’écrivain de pouvoir proposer un récit d’une telle force autour d’un scénario au dénouement si aisément devinable. On se souviendra longtemps, très longtemps même, de cette histoire se mêlant à celle qui s’écrit avec une majuscule, où déambulent des protagonistes torturés par les contradictions de cette période traversée de conflits politiques, des boucs émissaires si évidents (ici, les Italiens et la famille Fucilla ainsi que Marie Valette), avec une scène de quasi exécution publique qui marquera durablement les esprits.

    18/11/2021 à 06:03 5

  • Ascension tome 2

    Shinichi Sakamoto

    8/10 Buntarô fait la rencontre de Keito Hara, fan de grimpe solo et à vue, sans assurance et visiblement encore plus féru d’escalade extrême que lui. Les rumeurs disent que Buntarô a autrefois poussé un camarade au suicide. Un sauvetage et le club a de gros soucis administratifs avant qu’une épreuve nouvelle n’apparaisse : le Mont Akadake à 2899 mètres d’altitude. Une esthétique toujours aussi sublime, de la profondeur dans la psychologie par rapport à cette discipline solitaire. Ce tome est un petit bonheur.

    17/11/2021 à 18:31 1

  • Ascension tome 1

    Shinichi Sakamoto

    8/10 Au lycée Yokosuka Kita voit arriver un nouvel élève : Buntarô Mori. Il semble se moquer de tout, voire être apathique. Sur le toit de l’établissement, il fait la connaissance de Miyamoto, fan d’escalade, et réussit même un bel exploit en escaladant seul et sans assistance l’immeuble. Le début d’une vocation ? Le Mont Takatori, juste à côté, va permettre à Buntarô de s’investir pleinement dans sa nouvelle passion. Un graphisme mature et très réussi pour un scénario original. Je me suis laissé prendre par le suspense autant que par la psychologie, avec notamment cette épreuve sur un mur d’escalade pleine de tension. Je sens que je vais continuer cette série.

    16/11/2021 à 20:13 1

  • L'Escalier du Diable

    Dean Koontz

    8/10 Jane Hawk, ancienne inspectrice au FBI, dont le mari s’est soi-disant suicidé, lutte encore contre les Arcadiens afin de mettre un terme à leur cabale et sauver Travis, son fils. Deux jumeaux écrivains, Sanjay et Tanuja, s’apprêtent à devenir les proies des comploteurs tandis que Jane s’intéresse à Simon Hendrickson dont le demi-frère, Booth, est lié aux Arcadiens. Il faudra à la jeune femme déployer des trésors de pugnacité, quitte à plonger dans « L’Escalier du diable » et y découvrir de sinistres rituels.

    Après Dark Web et La Chambre des murmures, voici donc le troisième ouvrage de la série consacrée à Jane Hawk. Même si c’est conseillé afin de ne rien perdre du sel des enchaînements et de la chronologie des faits, cet opus peut tout à fait se lire indépendamment des précédents. On (re)trouve donc le personnage de Jane, femme résolue à combattre ces conspirateurs ayant décidé de contrôler le monde via les nanotechnologies, soumettant certains individus figurant sur la « liste Hamlet » en raison de leurs idées et attitudes. Dean Koontz, principalement connu pour ses romans fantastiques et d’horreur, s’oriente ici davantage vers le thriller, même si la présence de ces nanotechnologies et autres instruments d’hypnose et de conditionnement viennent brouiller la ligne de démarcation entre ces deux étiquettes. Le rythme imposé par l’auteur est ici échevelé, presque infernal, avec de très courts chapitres (parfois inférieurs à une page), permettant une alternance entre les points de vue des divers protagonistes. Jane Hawk impressionne par son charisme, sa foi en la recherche de la vérité, son abnégation, et cette passionnée de piano autant que virtuose dans la pratique de cet instrument, séduit du début à la fin de l’histoire. Le récit entremêle habilement complotisme, nouvelles technologies, contrôle des individus via des envoûtements purement scientifiques, et l’on se plaît à côtoyer quelques personnages bien sentis, comme la mère Hendrickson, véritable gourou machiavélique, ou Cornell Jasperson, collapsologue millionnaire s’étant fait bâtir un bunker dans la perspective d’un effondrement civilisationnel. Ce que Jane et ses camarades découvriront au fond d’une grotte, en bas de cet escalier du diable qui prête son sobriquet à ce livre, offrira autant de moments de pure angoisse qu’une forme de tremplin saturé de suspense vers le tome suivant, La Porte interdite.

    Un thriller hollywoodien dans la plus pure tradition, et au sens positif du terme, avec fusillades, courses-poursuites, grosses cylindrées et scénario idéal pour se divertir. Dean Koontz a concocté un très habile cocktail, frappé et délicieux, à consommer sans modération. Erudit, l’auteur n’en oublie pas quelques jolies références littéraires (de L'Orange mécanique d’Anthony Burgess à la série consacrée à Nero Wolfe de Rex Stout en passant par Le Tour d'écrou de Henry James).

    16/11/2021 à 07:09 2