El Marco Modérateur

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  • Le Passager du Polarlys

    Georges Simenon

    7/10 Le capitaine Petersen, à bord de son « Polarlys », un bateau dit « mixte » (pouvant transporter des voyageurs comme des marchandises), va connaître une équipée comme il n’en a jamais vue : un corps que l’on croît jetée à l’eau, un policier qui le rejoint dans un canot en toute discrétion, un passé remontant à Montparnasse quand une jeune femme, Marie Baron, est décédée d’une overdose, une jeune femme attirante, Katia Storm, qui échauffe le sang des mâles, et celui plus particulièrement du jeune Cornélius Vriens, le second de Petersen… Car c’est bien à bord du bateau que tout va se jouer et se démêler…
    Un ouvrage qui surprend dans l’immense bibliographie du non moins immense Georges Simenon, puisque, s’il l’on met de côté la langue et l’ambiance, on a davantage affaire à un bon vieux whodunit à l’anglaise. Peu de passagers, donc peu de coupables possibles, donc un suspense qui n’est pas si brûlant que cela, mais ça n’est indéniablement pas le propos de l’auteur : on vit véritablement à bord de ce navire, avec ses odeurs, ses balancements, sa hiérarchie, etc. Dans le même temps, l’écriture de l’écrivain ne surprendra pas ses fans : minimaliste mais adéquate, parfois tranchante dans les descriptions (a)morales et psychologiques. A mes yeux, une agréable surprise que ce Cluedo en milieu marin, loin d’être un polar lisse, où Petersen cherche « le rapport avec Sternberg, qui était mort, avec le petit corps nu de Marie Baron trouvé dans un atelier de la rue Delambre, le rapport avec l’assassin », même si ça ne restera pas mon ouvrage préféré de cet auteur.

    23/09/2025 à 05:55 2

  • Polonium 210

    Martin Eden, Andrea Mutti

    1/10 Simon Gourevitch provoque la colère du chef du Kremlin en annonçant qu’il va « utiliser la moitié de [sa] fortune pour fomenter un coup d’Etat en Russie » : c’est le point de départ d’un carrousel qui emporte les services secrets, la politique, et bien entendu, le Polonium 210 qui donne son nom à ce tome.
    Un opus assez faiblard qui multiplie les passages pornos trash (ça n’est pas que je sois spécialement prude, mais quand c’est du cul pur qui n’ajoute strictement rien, je n’en vois strictement pas l’intérêt), au gré d’une intrigue qui s’inspire ouvertement de l’affaire Alexandre Litvinenko (la photo ultraconnue de l’opposant sur son lit d’hôpital est reprise à plusieurs moments) – donc sans la moindre originalité ni inventivité. Il y a presque autant de bavardages que de scènes de fellation – ce qui n’est pas peu dire. Bref, j’ai trouvé ça vulgaire, presque dégueulasse, soporifique et de très mauvais goût, en plus d’exhumer le cadavre d’Alexandre Litvinenko pour mieux s’en servir et proposer cette soupe imbuvable. Ignoble.

    20/09/2025 à 07:45 1

  • Celle qui en savait trop

    Linwood Barclay

    7/10 Keisha Ceylon a un don de médium : en tant que « chercheuse d’âmes perdues », c’est-à-dire médium, elle vient au secours de familles éplorées qui ont perdu l’un des leurs. C’est du moins ce qu’elle parvient à leur faire croire : en réalité, c’est une gentille escroc, et son dernier coup, monté grâce à la participation du fils soi-disant disparu, Justin Taggart, en est un bel exemple. Aussi, quand Ellie Wendell disparaît à son tour, Keisha se propose d’aider le mari et la fille enceinte de celle-ci, elle croit avoir dégoté de nouveaux pigeons. Sauf que sous le plumage de la palombe, se trouve peut-être le pennage de l’oiseau de proie.
    Linwood Barclay, j’adore. Je n’ai pas lu beaucoup de ses ouvrages mais ceux que j’ai eu la chance de consulter ont été de petits bonheurs. Ici, dès le début, je me suis régalé, notamment grâce aux nombreux rebondissements qui éclatent dès le premier tiers du bouquin, tordant habilement le cou des codes du genre et proposant une lecture cadencée, d’autant plus que le style enlevé s’y prête parfaitement et que le livre est plutôt lapidaire. Pas mal d’humour, des personnages parfois stéréotypés mais qui collent bien à ce que l’on attend de ce type de littérature, des twists bien amenés et des engrenages subtilement construits. En revanche, je suis assez déçu par les deux derniers chapitres (l’avant-dernier, en réalité) : un peu trop capillotracté, pas assez vraisemblable selon moi, et si l’ensemble de l’ouvrage est cynique et bien huilé, ces quelques pages trop inconcevables et presque attendues viennent presque contredire tout ce que l’auteur avait construit précédemment. Bref, un roman à suspense original, adroitement construit et rapidement lu, mais dont le final m’a un dépité. Je serai néanmoins au rendez-vous d’autres livres de Linwood Barclay. Je ne verrai pas de sitôt une aiguille à tricoter ou des jantes de voitures de la même manière.

    17/09/2025 à 05:51 1

  • Le Fantôme de l'auditorium

    R. L. Stine

    8/10 Mary Rogers et son ami Patrick Milton vont jouer dans une pièce de théâtre de fin d’année, mais le lieu où elle sera jouée – un auditorium – jouit d’une sinistre réputation : depuis soixante-douze ans, l’endroit serait le jouet d’une malédiction depuis la disparition d’un enfant de leur âge. En outre, les sabotages s’accumulent, les messages menaçants également : et si un véritable fantôme était à l’œuvre ?

    Un ouvrage « Chair de poule » franchement réussi R. L. Stine maîtrise clairement son récit comme les ingrédients qui le constituent. L’ensemble est sans temps mort, les rebondissements sont nombreux – entre la présence de cet énigmatique gardien et celle de la professeure en passant par ce prétendu spectre – et il y a là largement de quoi satisfaire l’attention du jeune lectorat qui est visé. En outre, comme l’a souligné mamboo, le suspense est total jusqu’au final, et c’est littéralement le dernier mot – plus exactement le prénom cité – qui vient en définitive lever le voile sur l’identité de l’instigateur. Une belle réussite.

    16/09/2025 à 05:55 2

  • Le Jour des cendres

    Jean-Christophe Grangé

    8/10 « Samuel Wending a été tué dans la chapelle et je le démontrerai », pense Ivana Bogdanovitch, policière infiltrée au sein d’une communauté anabaptiste alsacienne, tandis que son collègue et mentor, le commandant Pierre Niémans, officie à l’extérieur de l’isolat. L’effondrement de la chapelle a tué la victime mais il semblerait que les apparences ne soient pas aussi claires que ça. Avec, au bout d’un long chemin de sang et de cendres, la révélation d’une sinistre pratique.
    J’ai retrouvé avec un immense plaisir Jean-Christophe Grangé dans ce roman plutôt court et très intéressant, où l’on retrouve immédiatement la patte et l’univers de l’écrivain : phrases sèches et travaillées, tirets quadratins exploités comme une ponctuation qui claque, personnages parcourus de lézardes, intrigue sordide, etc. J’avais vu le téléfilm mais je ne suis pas d’accord avec celles et ceux qui ont vu dans cet ouvrage une simple novellisation : il y a au contraire un rythme, un effort d’écriture, des psychologies creusées bien supérieures à ce que l’on sous-entend habituellement par la qualification de « novellisation » au sens péjoratif du terme. Des chapitres nombreux (76) et lapidaires, un suspense qui va crescendo, et pas mal de révélations détonantes dans la dernière vingtaine de pages (du labo à la justification des meurtres, de la révélation biblique des peintures à la découverte de l’identité du criminel). OK, qui a vu le téléfilm (moi y compris, évidemment) ne sera pas surpris outre mesure, de même que l’auteur réexploite un sujet qu’il avait déjà traité par le passé, mais ici, tout se tient et fait froid dans le dos, avec un véritable socle de documentation (l’écrivain est très à son aise dans les domaines de la religion et des arts, par exemple : je resterai longtemps marqué par le cliché qu’il évoque et que je ne connaissais pas, « Tomoko Uemura in Her Bath »), pour cette histoire forte et ramassée qui s’avère, au final, sacrément atroce. Et en plus, la fin tient la route. Un très bon moment de lecture pour moi.

    15/09/2025 à 05:52 1

  • Un jour dans la vie d'Eduardo Chavez

    Paolo Bisi, Cédric Rassat

    7/10 Los Angeles, 9 août 1969 : deux individus découvrent un massacre dans une villa, avant que la bonne ne prévienne la police. Progressivement, on découvre Charles Manson et sa « famille », avec les écarts sexuels, les relations avec certaines personnalités – ici, Steve McQueen –, etc.
    Un premier tome à l’esthétique plutôt sage et qui pose le décor ainsi que les personnages, où l’on s’étonne presque de la sérénité qu’affichent les proches du gourou tandis qu’ils bousillent au couteau leurs victimes. Une série intéressante – les auteurs indiquent qu’il y a du véridique comme du fictif – que je poursuivrai avec plaisir.

    14/09/2025 à 08:44 1

  • Colombie

    Luc Brahy, Eric Corbeyran, Vanessa Postec

    6/10 Paris, 2012 : Agnès Desroches, aromatologue, a l’impression de stagner dans l’entreprise qui l’emploie. Quand on lui propose de rejoindre Ethic Café, elle accepte. On la retrouve l’année suivante en Colombie pour créer des cafés uniques.
    Un premier tome original qui panache pas mal d’éléments (culture du café, oiseaux jacus étrangement décédés, manipulations financières, Antonio Alvarez qui cogne Agnès, incendie criminel) … Et c’est justement ce patchwork trop hétéroclite qui m’a un peu déçu, à moins que les épisodes suivants ne proposent une belle réunification. Mais au moins, le sujet est intéressant même si son traitement, à ce stade, me semble manquer de saveur.

    14/09/2025 à 08:42 1

  • Le sabre de Bin-Laden

    César, Martin Eden

    4/10 Trois mois après les attentats du 11 septembre, un conseiller du Président demande à Malko de mener l’enquête sur un Américain qui a participé à cette attaque et qui compte bien remettre le couvert. Il s’agit de John Turner qui avait travaillé pendant trente ans pour la CIA et aussi fait ses armes avec Ben Laden pendant la guerre contre la Russie.
    Une intrigue plutôt honnête sans pour autant renverser le genre, qui a cependant le mauvais goût de multiplier inutilement les scènes de sexe, sans compter son lot de passages hautement invraisemblables (l’attentat déjoué dans l’avion, l’homme bardé d’explosifs dans la dernière planche qui explose à moins de deux mètres du héros sans faire plus de dégâts qu’un gros pétard). Bref, pas folichon, tout ça.

    13/09/2025 à 20:16 1

  • Wendigo

    Fred Duval, Corentin Rouge

    7/10 « Ceux des arbres ont commis l’irréparable » en invoquant le Wendigo. Même le monstre serpent appelé par le peuple de l’eau n’est pas parvenu à avoir le dessus sur cette créature, et la bestiole aquatique s’en est prise à Thorgal et aux siens, blessant et empoisonnant Aaricia au passage. La prophétie voulant que le Wendigo sera tué par une flèche va-t-elle se concrétiser ?
    Un opus bien mené, offrant une relecture du mythe du Wendigo : ça n’a donc foncièrement rien de très atypique, avec une ambiance très amérindienne, des moments dignes de « Prey » et de chouettes moments d’action, mais davantage d’originalité et de concision n’aurait rien eu pour me déplaire.

    12/09/2025 à 16:03 1

  • Le manoir des sortilèges

    Serge Brussolo

    8/10 Le chevalier Thibault d’Estriviers vient de mourir lors d’un tournoi. Son écuyer, Gilles, doit désormais servir le champion, un mystérieux cavalier nommé Foulques de Braz. Mais cet homme que l’on surnomme "l'ogre de Bretagne » a été victime d’une malédiction qui le rend fou durant certaines nuits au point de dévorer des enfants. Avec l’aide de Tara, une jeune Egyptienne, ce trio hétéroclite va devoir retrouver une sorcière qui aurait laissé un grimoire susceptible de guérir Foulques de Braz.
    On est dans du Brussolo pur et dur. Une imagination remarquable, échevelée, servie par une plume aiguisée au gré de ce récit se déroulant dans un Moyen Âge particulièrement sombre. L’auteur multiplie les références mythologiques (de la tunique de Nessus à la Toison d’or), tout en alignant les péripéties démentielles dont lui seul a le secret : des moutons féroces dont la laine servirait à habiller un colosse caché sous le manoir, des pièges dans la bibliothèque, une armure qui a conservé en elle le souvenir des exploits et méfaits de son porteur, des livres enduits de phosphore à ne lire que sous l’eau, un message secret que l’on ne peut reconstituer qu’en retissant la pelote laissée par la nécromancienne, etc. J’ai vraiment pris mon pied avec ce roman de 2014 même si, comme assez souvent avec Serge Brussolo, il a tendance à se laisser déborder par sa propre imagination, partir dans des délires littéraires qui nuisent un peu à la concision de son opus (ici, quelques dizaines de pages vers le final m’ont semblé superflues). Mais je ne boude absolument pas mon plaisir !

    11/09/2025 à 20:12 2

  • La cavale de Jaxie Clackton

    Tim Winton

    9/10 Jaxie Clackton fuit. L’adolescent n’a emporté que le minimum vital ainsi que des armes pour mettre le maximum de distance avec Monkton. La raison ? Il a retrouvé son père écrasé sous son véhicule – probablement à cause d’un cric mal fixé – et il craint qu’on ne l’accuse de ce meurtre maquillé. Après avoir survécu à la nature aride, il finit par tomber sur la cabane de Fintan MacGillis, un ancien prêtre. Une rencontre imprévue et une cohabitation d’abord difficile : Jaxie trouvera-t-il la rédemption auprès de ce compagnon d’infortune ?

    Ce roman de Tim Winton surprend autant qu’il séduit. Le lecteur ne peut que se réjouir de faire la connaissance de cet adolescent si atypique. Avec ce récit à la première personne, on comprend rapidement que ce pauvre gosse a salement dérouillé : une mère trop tôt disparue, un père alcoolique et violent (les circonstances durant lesquelles il est devenu borgne sont mémorables), et un village paumé où tout le monde le croira coupable de l’accident stupide qui a eu raison de son géniteur. Et c’est après un pénible périple qu’il parviendra chez Fintan, ce pauvre bougre, ancien prêtre, défroqué pour des raisons obscures, avec lequel il tissera progressivement une relation de confiance, d’amitié, voire de filiation de substitution. Tim Winton nous emmène dans le bush stérile, sans approvisionnement d’eau ni d’électricité, au gré d’un vocabulaire âpre, parfaitement adapté à la psyché de notre protagoniste si meurtri, et aux rares dialogues présentant la spécificité de n’être précédés d’aucun tiret cadratin. Le final, très marquant et brutal, avec ces voisins inattendus qui vont réorienter l’histoire dans une direction violente, marque l’épilogue d’un ouvrage fort et puissant, sombre et vorace.

    « Parce que maintenant, je sais qui je suis. Et la paix est en chemin. Y a intérêt, bordel », est-il écrit : un livre où intervient une quête de rédemption qui essaie de restructurer une enfance dysfonctionnelle et poignante. Une œuvre aussi noire que lumineuse.

    08/09/2025 à 06:55 5

  • Art nouveau

    Yannick Corboz, Wilfrid Lupano

    7/10 Vienne, 1900 : deux hommes, débauchés et cyniques, font le pari de pouvoir « créer de toutes pièces un ennemi de la société à partir d’un être innocent » en se fondant sur leur expérience de l’art, et ils jettent pour cela leur dévolu sur Victor, un jeune gars turbulent et naïf dont le père est violent et très autoritaire. Le goût du luxe et du sexe le mènera progressivement vers la violence.
    Des dessins très réussis pour souligner ce scénario habile et crédible, ou comment des cruels marionnettistes manœuvrent un individu lambda pour le faire céder aux appels de plus en plus pressants de la facilité, du vice et du crime. Une course poursuite inachevée vient clore ce premier tome prenant, je vais tâcher de mettre la main sur la suite.

    07/09/2025 à 15:37 1

  • Treize contre un

    Jean Van Hamme, William Vance

    7/10 Le Président ne demande rien de moi à XIII que d’identifier numéro I tandis que la Mangouste est parvenue à s’évader du quartier de haute sécurité du pénitencier de Bluebanks. L’identité de numéro I aura d’ailleurs de quoi surprendre – tant mieux – et le récit est joliment ficelé, avec quelques belles scènes d’action, une évasion spectaculaire – absolument pas crédible mais ça passe néanmoins dans ce genre de récits –, un naufrage, et une confrontation qui augure une tension soutenue pour les prochains tomes. Vraiment chouette de redécouvrir cette célèbre série.

    07/09/2025 à 07:44 1

  • Extinction

    Douglas Preston

    7/10 A plus de trois milles mètres d’altitude, dans les montagnes du Colorado, s’est construite la réserve privée d’Erebus. Ce territoire y est marqué par une avancée scientifique majeure : des animaux préhistoriques pacifiques y ont été ramenés à la vie par la magie des progrès génétiques. Mark et Olivia Gunnerson y sont attaqués en pleine nuit, ne laissant dans leur sillage qu’une énorme quantité de sang et beaucoup d’interrogations. Parce que le disparu est le fils d’un milliardaire et que les enjeux locaux sont immenses, le CBI – l’antenne du FBI dans cet Etat – mandate l’inspectrice Frances Cash pour mener l’enquête aux côtés du shérif Colcord. Rien ne les a préparés à ce qu’ils vont découvrir.

    Douglas Preston, éminemment connu pour avoir signé avec son complice Lincoln Child la série consacrée à Pendergast, signe ici un thriller d’une belle efficacité. Dès les premiers chapitres, l’écrivain entraîne le lecteur sur des terres sombres, baignées de mystères variés, avec un talent indéniable pour divertir, émouvoir, effrayer et instruire. Tous les personnages – assez nombreux – sont habilement déclinés et, malgré quelques poncifs inhérents à ce type de littérature – on pense notamment à cet acteur de cinéma ou à ce magnat des nouvelles technologies tellement grossier –, les divers protagonistes sont suffisamment étayés pour retenir l’attention. Dans le même temps, l’auteur nous convie à une véritable expédition dans ce territoire escarpé, dédié au tourisme et permettant de côtoyer des bêtes préhistoriques tandis que les questions pleuvent. Qui s’en est pris au jeune couple ? Pourquoi ? Y a-t-il un complot à l’œuvre ? Que cache réellement Erebus ? L’ensemble de cet ouvrage se lit avec une facilité étourdissante et même si quelques longueurs inutiles viennent diluer l’intérêt qu’on peut lui porter, ce Jurassic Park constitue un beau récit. Douglas Preston se permet quelques clins d’œil malicieux à ses propres œuvres littéraires et sa longue postface éclaire la genèse de son livre d’une lueur scientifique et historique bienvenue.

    Un authentique thriller hollywoodien – au sens positif du terme – qui offre une lecture à la fois distrayante et pédagogique.

    03/09/2025 à 19:34 4

  • La Maison de la pieuvre

    Serge Brussolo

    8/10 Norman est le fils de tarés, Lester et Wilma, qui règnent en maîtres sur une bourgade où ils ont imposé leurs lois drastiques : refus du progrès, appariement avec la nature, sacrifices de sang pour instaurer un équilibre avec les péchés commis par leur communauté. Sauf que Norman a fini par prendre peur et a taillé la route pour rejoindre Los Angeles et laisser derrière lui ces deux fléaux. Mais ces derniers n’en ont pas fini avec lui, quitte à réclamer par la suite Johan, leur petit-fils.
    Entrer dans un ouvrage de Brussolo, c’est accepter de pénétrer une sorte d’univers parallèle complètement barré, aux codes littéraires éclatés, toujours sur le fil du rasoir, et ce roman ne déroge pas à la règle. En à peine plus de deux cents pages, on y retrouve la recette de cet écrivain que j’adore : personnages déments, explosivité de l’écriture, noria de rebondissements. C’est très compréhensible que certains lecteurs restent hermétiques à ce cocktail, mais moi, j’ai apprécié. En s’y penchant de plus près, on pourrait même retrouver des éléments déjà en germe ailleurs, et ici, c’est surtout la dynamique du récit qui saute aux yeux : on a parfois en quelques paragraphes ce que l’on aurait pu trouver dans plusieurs chapitres. Du condensé, en somme. Au programme, donc, et en vrac : une chasse au trésor dans cette « maison de la pieuvre », une mystérieuse suiveuse rousse, un acolyte amateur de boxe et de MMA, une femme actrice reconvertie dans le porno, des souterrains garnis de pièges mortels, un testament particulièrement surprenant, etc. Impossible à résumer : on est dans du Brussolo pur jus, c’est-à-dire halluciné, audacieux, et surtout sacrément divertissant, malgré un final, qui, comme très souvent, tire un peu en longueur.

    02/09/2025 à 19:30 3

  • Jouer avec le feu

    Sophie Rigal-Goulard

    8/10 Louisa-Misuki et son frère Paul-Hayato – surnommés respectivement Lou-Mi et PH – accompagnent leur père et sa compagne à Vareille-les-Maures, dans le Var, pour les vacances. Sur place, la beauté des paysages et la canicule cohabitent avec le traditionnel péril estival : les incendies. Lou-Mi fait la connaissance de Brunilde, une ado de son âge qui milite pour la défense des forêts et se bat contre un projet immobilier d’envergure. Qui est d’ailleurs à l’origine des récents brasiers qui tendent à se multiplier ?

    Sophie Rigal-Goulard invite son lectorat sur un territoire qu’elle connaît bien : la Provence, et plus précisément le Var. Ce roman destiné à la jeunesse se distingue par le talent de son écriture, la profondeur de ses personnages et la qualité de son intrigue. Lou-Mi constitue une protagoniste aussitôt sympathique, en conflit avec l’image que lui renvoie son corps, sujette à des crises d’asthme et meurtrie par le récent divorce de ses parents. Parallèlement, Brunilde est une adolescente particulièrement attachante, entièrement dévouée à sa cause militante écologique à tel point qu’on l’a surnommée « la Greta des forêts » et secrètement amoureuse du jeune sapeur-pompier Steven. Le suspense est consistant, l’inconnu qui rôde autour de l’emplacement du projet immobilier « Les Terrasses du soleil » est inquiétant à souhait, et Sophie Rigal-Goulard nous gratifie d’un dénouement intelligent, parce qu’efficace et surtout particulièrement vraisemblable.

    Un polar jeunesse de très grande qualité, avec une intrigue solide et des personnages convaincants. Le message écologique délivré à l’occasion n’a rien d’accessoire, surtout en cette période estivale qui risque, comme les précédentes, d’être marquée par de féroces incendies.

    02/09/2025 à 07:42

  • Aiguille

    Thomas Du Caju, Jean-Claude Van Rijckeghem

    5/10 Trois mois avant d’hésiter à avaler une pilule létale, on retrouve une jeune femme, Paulette Kincaid, suffisamment gonflée et solide pour forcer l’entrée d’un hôpital pour y emmener une femme sur le point d’accoucher. Repérée, elle est enrôlée pour des opérations sa sabotage. Celle que l’on va surnommer « Aiguille » va devoir suivre un entraînement martial.
    De beaux graphismes et un bon rythme, mais j’ai trouvé que le récit manquait de réalisme et finissait par ressembler à toutes les histoires liées à la Résistance. Du coup, celle-ci ne sort à mes yeux vraiment pas du lot.

    30/08/2025 à 18:28

  • Claudas des Terres Désertes

    Alexe, Jean-Luc Istin

    6/10 Alors que son château est assiégé, Ban de Benoïc ne s’en remet pas à la religion mais à Merlin qui ne viendra pas. Ban mourra enlisé et noyé, son fils unique qu’il aura eu avec Hélène sera recueilli par la Damme du lac. Débute alors un apprentissage pour celui que l’on nomme encore Galaad et que l’on appellera par la suite Lancelot.
    Une relecture agréable du mythe de la Table ronde : le récit est assez classique, le graphisme également, et même si je ne boude pas mon plaisir, je ne pense pas être au rendez-vous des tomes suivants, justement parce que cette série commence à mes yeux de manière un peu trop attendue.

    28/08/2025 à 18:32

  • Apparitions

    Leo, Rodolphe

    6/10 Au matin, les participants d’un safari découvrent de larges empreintes qui pourraient appartenir à un gorille et que celui-ci aurait dévoré l’un des membres de la tribu autochtone : c’est juste avant qu’ils ne tombent sur un animal tout droit sorti de la préhistoire.
    Un graphisme qui a vieilli (normal, d’un côté, ça date de 2001), avec un début qui intrigue (le coup de la soucoupe volante qui aurait incendié une autruche géante) et capte l’attention malgré de nettes longueurs à mon avis. Sympa, en somme.

    28/08/2025 à 18:31

  • Le Loup Gris

    Senad Mavric, Jean-Pierre Pécau

    5/10 Prusse-Orientale, 1947 : six chars soviétiques T-44 sont massacrés par un engin de guerre. Une survivante va indiquer qu’il s’agit d’un « loup gris », ce qui est impossible, puisque ce tank qu’on surnomme « la souris » n’existe officiellement pas. Dès lors, il va falloir tout mettre en œuvre pour le traquer et le détruire en exploitant un « Tortoise », un char d’origine anglaise.
    Une traque dans un cadre dystopique, mais qui perd justement un peu de son impact à mes yeux en raison justement de son manque d’historicité, puisque ce char n’a jamais été d’active. En outre, le final est, selon moi, précipité et décevant.

    27/08/2025 à 19:12 1