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Le Cabinet du Dr Leng
Lincoln Child, Douglas Preston
8/10 Parce qu’elle tient à sauver sa sœur aînée Mary ainsi que son frère Joe, Constance Greene est parvenue à voyager dans le temps jusqu’à atterrir à New York le 27 novembre 1880. Sa cible n’est autre que le terrible psychiatre Enoch Leng qui, sous couvert de traitements de ses malades, cherche un moyen d’accéder à l’immortalité grâce à des expériences diaboliques au cours desquelles meurent ses cobayes. Pendant ce temps, Pendergast est fermement décidé à aider sa pupille, quitte à risquer sa propre vie.
Ce vingt-et-unième tome de la série consacrée à Pendergast est un pur bonbon offert au fan de l’enquêteur du FBI. Les deux auteurs, Douglas Preston et Lincoln Child ont tramé une histoire prenante d’un bout à l’autre, où le rythme cadencé du récit se mêle avec brio à l’érudition. Constance Greene y est habilement mise en avant, et le lecteur profite d’une remarquable immersion dans le cadre new-yorkais des années 1880, avec pléthore d’indications historiques qui constituent en soi un véritable délice. D’ailleurs, quels que soient les domaines abordés par les écrivains, de la numismatique (cf. la quête de Gaspard Ferenc) aux objets amérindiens (les calumets de la paix et autres calendriers lakotas), tout est un festival de culture, et l’on aime à se perdre dans ces chemins qui ne sont pourtant que de traverse. Dans le même temps, l’inspecteur Coldmoon et le lieutenant D’Agosta, bien connus des fans de la série, vont être confrontés à deux enquêtes distinctes qui vont finir par se recouper et les mener bien loin du territoire américain – et cette investigation, visiblement incomplète – pourrait bien trouver une suite dans le vingt-deuxième tome, Angel of Vengeance, pas encore paru à ce jour en France. Et puisque l’on parle d’affaire incomplète, la fin de cet ouvrage-ci détient un cliffhanger de toute beauté, une pépite qui ravira les aficionados de la bibliographie de Douglas Preston et de Lincoln Child. Un instant aussi brûlant que glaçant, qui énonce les ultimes mots de ce roman (« A suivre… ») comme une injonction.
Un thriller de haute volée, comme nombre de ceux mettant en scène Aloysius Pendergast, avec des personnages secondaires qui n’ont que rarement été autant mis sur le devant de la scène.25/03/2025 à 06:54 2
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Echappe-toi du donjon
8/10 Tu incarnes Alex et, avec l’aide de tes amis Bérénice, Karim, Yun et Romain, tu poursuis ton combat contre la secte Odal. Toujours en quête de moyens pour aider l’enchanteur Merlin, voilà que vous pénétrez dans la pyramide du Louvre… et que vous basculez tous les cinq dans une faille temporelle qui vous expédie à l’époque du chevalier Arthur. Parviendrez-vous à résoudre les énigmes imposées ?
Fabien Clavel nous revient, pour notre plus grand plaisir, avec ce nouvel opus de la série Unlock ! Les Escape Geeks. Pour les aficionados comme pour celles et ceux qui entameraient cette collection avec ce titre, le principe est simple : une série d’exercices, mettant à rude épreuve le sens de l’observation, la logique et l’esprit de résolution. Il est possible de demander de l’aide à chacun de vos quatre camarades (chacun ayant ses spécificités et ses aptitudes propres), une action particulière (prudente ou rapide) ou encore l’utilisation d’un objet. Ici, le niveau de difficulté est intelligemment pensé, ni trop facile ni trop complexe, et la quantité de devinettes proposées laisse augurer un long temps de lecture autant que de réflexion. Les salles et éléments à explorer (la bibliothèque, la salle avec les épées, un pan de mur, un ancien vitrail, des labyrinthes, l’atelier de Merlin, etc.) sont en outre suffisamment nombreux et les problèmes divers et séduisants. Un parcours hétéroclite et attrayant !
Encore un très bon livre-jeu signé par Fabien Clavel.24/03/2025 à 06:47 1
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Bons baisers de Prusse
Matias Istolainen, Benjamin Jurdic
6/10 Nuitamment, un commando mené par une jeune femme, Suzanne, pénètre dans un château afin d’ouvrir un coffre mais le commando est tombé dans un piège…
Un opus agréable, au ton volontairement distractif, qui emprunte autant à l’espionnage (effectivement, les quelques gadgets sont un clin d’œil appuyé, ainsi que la scène où le tavernier passe dans le fût façon générique à la James Bond) en passant par le western (la scène de la poursuite en diligence), avec quelques touches d’humour. C’est rythmé, pas inintéressant, mais l’ensemble ressemble selon moi à un puzzle constitué de pièces déjà vues bien trop fréquemment.23/03/2025 à 19:50 1
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Troubles fêtes
8/10 En Seine-Saint-Denis, non loin de Pantin, on s’apprête à fêter le nouvel an. Prise d’une terrible angoisse à l’idée d’être volée au centre commercial, Violette Grignon, soixante-sept ans, retraitée, se munit d’un revolver. Quand Johnny Butel, un de ses voisins, lui dérobe son caddie, c’est un geste presque inconsidéré qui lui fait appuyer sur la queue de détente de son arme. Le jeune homme est grièvement blessé, et ça n’est que le début d’un terrible engrenage.
Patrick. S Vast signe son dernier roman chez l’éditeur Taurnada, et c’est avec très grand plaisir que l’on retrouve cet auteur accompli à qui l’on doit des ouvrages très maîtrisés comme La Veuve de Béthune, Boulogne stress, Duo fatal ou encore Terres profondes pour ne citer qu’eux. Le lecteur renoue avec ce qui constitue la patte si caractéristique de l’écrivain : un récit concis, des descriptions minimalistes, des chapitres dynamiques, et surtout une construction scénaristique qui plonge les protagonistes vers de sombres précipices. Les personnages sont une fois de plus nombreux et variés, de Violette Grignon qui va être confrontée par la suite au chantage, au capitaine Rapez, de Ryan Benloufi dit « le Baron » – un sinistre caïd local – à Ali – une petite frappe qui a bien des raisons d’en vouloir à ce dernier, en passant par les membres de la famille Butel et Mehmet, un bistrotier dont la femme est volage quand son époux a le dos tourné. Patrick. S Vast met en place avec sérénité et professionnalisme les rouages de sa mécanique, et on assiste à cette chute des dominos avec un plaisir à peine coupable. L’ensemble s’avère crédible et finement mené, et la scène finale, avec une accusation directe quand s’ouvrent les portes d’un ascenseur, clôt avec efficacité ce roman.
Patrick. S Vast livre donc un opus aussi réussi que les précédents. Sur son blog, il annonce d’ailleurs qu’un autre est en cours d’écriture : on ne peut que s’en réjouir.21/03/2025 à 06:41 1
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Panique générale
8/10 « Vingt-huit ans que je croupis dans ce trou à rats. Aujourd’hui, on m’annonce que si je me triture la tête pour me remémorer mes mésaventures, et que j’en tire un récit, je gagnerai mon bon de sortie » : voilà le dilemme qui ronge Freddy Otash. Il finit par craquer : « Me voilà prêt à ressusciter et renaître. Ma folle odyssée dans le cirque de mes souvenirs commence MAINTENANT. » Il va tout dire, tout raconter. Envoyez les watts.
Le célébrissime James Ellroy, à qui on doit des ouvrages majeurs et intemporels comme Brown’s Requiem, Un Tueur sur la route, L.A. Confidential ou Ma Part d’ombre pour ne citer qu’eux poursuit l’œuvre consacrée à Freddy Otash après Extorsion. Entré au LAPD en 1945, passé aux Mœurs à Hollywood, il est par la suite devenu un flic défroqué avant de se convertir : lié au journal à scandale Confidential, il va user d’une malveillance incroyable pour dégommer de la star et de la starlette. Rock Hudson et son homosexualité, John Wayne drag-queen, James Dean perclus de démons intimes, Natalie Wood et ses relations troubles avec le réalisateur de La Fureur de vivre Nicholas Ray, Marlon Brando en train de pratiquer des fellations, Orson Welles qui aurait tué le Dahlia noir pendant que Rita Hayworth lui tenait les jambes : tout est bon pour obtenir de puissants tirages. Il est prêt à tout sauf s’acoquiner avec des communistes. Accro au bourbon et aux médocs, fumant davantage qu’une cheminée, c’est un personnage atypique, et de prime abord très déplaisant : indicateur, maître chanteur, il connaît tout sur tout le monde, et les ragots infâmes qu’il propage ne le salissent pas. Sexe, politique, rumeurs scabreuses sur les plateaux de tournage de films, accointances avec le KKK, les groupuscules néonazis, tout y passe et ça dépote sévère. On retrouve avec délectation la prose si particulière de James Ellroy (les mots que Sophie Aslanides, la traductrice, adresse à Jean-Paul Gratias en fin d’ouvrage exprime le style si particulier de l’auteur) ainsi que son univers si singulier peuplé de canailles et de vermines, de proxénètes et de divas hollywoodiennes, de relations ambivalentes et de tentatives avortées de rédemption, au gré d’un récit parfois foutraque et dispersé. Néanmoins, le scénario se restructure par la suite avec des affaires criminelles qui proposent une ossature plus solide et perceptible, avec notamment l’agression de Joan Hubbard Horvath – la veuve d’un homme qu’Otash avait abattu bien des années auparavant – et la traque du dénommé Chessman. C’est également le portrait de la société à la fois frivole, fragile et décomplexée des Etats-Unis dans les années 50, si sûre d’elle et de se situer au cœur d’un âge d’or alors qu’elle est en réalité dévorée par ses turpitudes.
James Ellroy signe ici un livre complexe, touffu et parfois dérangeant, à la tonalité éminemment noire. C’est l’American way of life passé au vitriol, avec toutefois une forme de nostalgie pour cette époque si complexe – quelques années avant l’assassinat si ignoble de la propre mère de l’auteur.20/03/2025 à 06:49 4
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Shibuya Hell tome 1
7/10 Hajime Tsukiyoda, jeune cinéphile et cinéaste amateur, parcourt le quartier tokyoïte de Shibuya avec Chitose, caméscope en main, quand il découvre une tête à moitié arrachée… et un poisson rouge géant. Les animaux flottent littéralement dans les airs et s’en prennent aux passants, ce qui débouche sur un massacre.
Un pitch étonnant et un graphisme très soigné, où les traditionnelles créatures monstrueuses et autres zombis sont remplacés par ces énormes poissons, et le mystère s’amplifie avec ce mur gigantesque qui enserre le quartier comme un immense bocal. Il est encore trop tôt pour savoir ce que vaut cette série à mes yeux mais ce premier tome étonne et le rythme est dynamique.19/03/2025 à 18:51
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Signal 100 tome 2
Shigure Kondo, Arata Miyatsuki
7/10 Pour essayer de gagner le bonus, les élèves obéissent à leur cruel meneur, Wada, et désignent une victime sacrificielle… mais rien ne se produit. Le visionnage de la scène dans la salle d’audiovisuel révèle la présence d’un complice parmi les élèves. Le rythme reste cadencé, accrocheur, les énigmes côtoient le pur jeu de carnage, et ce deuxième opus conserve à mes yeux l’allant du précédent. Les règles se complexifient mais l’ensemble reste largement compréhensible et suivable.
19/03/2025 à 18:49 1
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Les Monstres
9/10 Une incroyable réussite pour ce roman que je ne découvre que bien tard. Ou comment Rosemarie ainsi que Jung et Eine en viennent à quitter le repaire où l’énigmatique Aleph les avait séquestrés, découvrant ainsi de leurs propres yeux ce monde des humains qui, jusqu’alors, ne leur avait été décrit que par Aleph ainsi que par les rares livres mis à leur disposition. La plume de Maud Mayeras est exceptionnelle de noirceur et, malgré le caractère hautement sordide de cette histoire (il y est tout de même question de détention d’individus, de viols et d’incestes), l’écrivaine parvient à ne jamais sombrer dans le voyeurisme, l’outrance ou la mise en lumière de ces actes déjà extrêmement glauques. Ce que j’ai beaucoup apprécié, c’est cette espèce de mythologie qui a graduellement imprégné les reclus, leur vision faussée de l’extérieur, et cette déformation de la réalité qui va les poursuivre même une fois qu’ils seront libres, continuant de croire en ce démon humain qui les a emprisonnés, outragés, mises enceintes et relégués au rang de matrices, de pondeuses, d’esclaves souterrains. Cela fait nécessairement écho à de – malheureusement – nombreux faits réels, et Maud Mayeras s’est emparé de ce sujet avec beaucoup de tact sans pour autant gommer l’horreur des événements et du processus de dégradation des détenus. Les derniers chapitres sont vertigineux du point de vue psychologique comme de noirceur. Une pure détonation littéraire, ce roman.
17/03/2025 à 20:31 6
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Échos dans le temps
5/10 … ou comment Jeanne, malade au dernier degré d’une encéphalite spongiforme qui ne lui laisse guère espérer mieux que quelques mois à vivre, en vient à porter secours au mystérieux Kort, déboulé d’on ne sait où dans le causse Méjean. Ce dernier est en fait un individu envoyé du futur pour traquer et neutraliser des individus qui se sont enfuis de l’avenir via une faille temporelle qu’ils ont créée. Une traque s’engage alors qui mènera Jeanne et Kort, rapidement sensibles l’un à l’autre, jusqu’en Inde puis au Bhoutan.
Un scénario qui rappelle immanquablement « Terminator » (et je ne parle même pas des quelques rebondissements finaux qui ne font qu’accroître cette ressemblance flagrante), le tout au gré d’un très court roman de 180 pages. Une écriture agréable, un rythme cadencé, pas le moindre temps mort, des messages échangés entre les fuyards qui viennent habilement engendrer des entractes dans le récit, mais je suis néanmoins resté sur ma faim : autant l’œuvre de Pierre Bordage m’attire, autant cet opus a un goût d’inachevé. Trop court, survolant son propos plus qu’il ne le creuse, usant de ficelles et d’éléments déjà lus ou vus des centaines de fois, l’ensemble s’apparente à une nouvelle inutilement rallongée ou à un roman demeuré à l’état embryonnaire. Bref, rien de bien original, et la concision de l’ensemble vient malheureusement souligner ce pâle constat. Vraiment dommage.16/03/2025 à 19:45 2
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Digital Nation
6/10 Troisième et dernier tome de cette série, avec un début sur l’île de Xanadu entraperçue à la fin de l’opus précédent. Un clin d’œil appuyé à « Blueberry » avec les personnages apparaissant dans les hologrammes. Une fin un peu abrupte à mon goût mais une conclusion globalement à la hauteur de mes attentes.
16/03/2025 à 06:01 2
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Le Retour d'Effie Kolb
7/10 Virginie (plus exactement dans les Appalaches) où « quelque chose va arriver », Russie, France, Angleterre, Géorgie : cinq histoires fort divertissantes (la quatrième est un peu succincte à mon goût) où l’on trouve des sorcières, des revenants, de la démonologie, etc. C’est agréablement survitaminé et ça donne un cocktail réjouissant.
16/03/2025 à 05:59 1
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Islandia
Jean-Luc Istin, Zivorad Radivojevic
8/10 Kirsten Konig sort de trente ans de cryogénie et on la charge aussitôt d’aller sur la planète Islandia pour établir un contact avec les autochtones. Les premiers échanges sont chaleureux et l’état-major décide de lancer la colonisation. Mais quand la colonie 2 ne donne plus la moindre nouvelle après ce qui ressemble à une altercation, on envoie de nouveau Kirsten sur place avec un contingent pour comprendre ce qui s’est passé.
Une esthétique séduisante, prenant parfois des accents dignes de Star Wars ou d’Avatar, qui mêle machination, aliens, pyrokinésie – impossible de ne pas penser à « Carrie » en voyant la gamine mettre le feu autour d’elle. Un épisode de pure SF de toute beauté : ça n’est habituellement pas ma came, mais là, très objectivement, j'ai vraiment beaucoup aimé.14/03/2025 à 20:08 2
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Le chien debout
6/10 Quand Fernand revient au village de la Guerre d’Algérie, il n’a en tête que Fernande, et voilà qu’on lui apprend au bar qu’elle est morte et qu’on lui impute cet assassinat.
Le côté anthropomorphe des personnages est intéressant et plutôt bien exploité, d’autant que l’intrigue bascule dans le dernier tiers vers une histoire qui les met directement en lumière. Si l’intrigue paraît somme toute classique et les traits d’humour assez inoffensifs, je n’ai pas vu venir la résolution (où Canardo cite même la planche et la case où ça a précédemment eu lieu), plutôt jouissive. Bref, ça ne casse pas trois pattes à un canard (désolé…) mais ça se laisse lire, au moins pour son côté graphiquement atypique.14/03/2025 à 20:07 3
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Maigret à l'école
8/10 Plutôt convaincu de l’innocence de l’instituteur Joseph Gastin du meurtre de la vieille bique qu’était Léonie Birard, Maigret décide d’aller passer quelques jours à Saint-André-sur-Mer, non loin de La Rochelle. Sur place, il découvre vite l’ambiance si particulière d’un petit village, de la province : les rumeurs y vont vite, l’alcool coule à flot, la méchanceté et les médisances pleuvent. Joseph n’est pas du coin, on voit d’un assez mauvais œil cet individu qui n’aime guère la religion, et un témoignage l’accable. Mais notre commissaire saura tirer le vrai du faux, avec calme et habileté.
J’ai encore une fois adoré me plonger dans la bibliographie – abondante – de Georges Simenon, et cet opus, court et dense, ne déroge pas à la règle de mes petits plaisirs littéraires. Une écriture sèche et acide, une atmosphère léchée, des personnages trouble, et toujours cette facilité de la part de l’écrivain pour la satire d’un monde plat, restreint et sclérosé, où tout le monde est le cousin d’un autre, où les calomnies et autres diffamations sont nombreuses. Certes, Maigret n’est pas particulièrement convaincu par l’innocence de Gastin, mais il ne fait pas du fait qu’il est un horsain la cause première de sa prétendue culpabilité aux yeux des autres habitants du hameau puisqu’il reconnaît volontiers : « Ces trois-là, Gastin, sa femme et leur fils, appartenaient à une race tellement différente que le commissaire comprenait la méfiance des paysans », sans même parler des descriptions peu flatteuses qu’il fait de ce couple au physique abâtardi. En outre, le fait que le professeur a été obligé de muter après un adultère de son épouse n’aide pas à en faire un citoyen apprécié des autochtones. Tout s’y déroule sur un filet de voix, entre découvertes de péchés locaux et autres vilénies toxiques, et où les témoignages de deux enfants seront déterminants. L'ensemble brille par son tact et son évidente force de percussion sociale. A noter que l’adaptation avec Bruno Crémer est assez différente, tant dans le début où c’est le fils qui appelle Maigret à l’aide avec un courrier, le rôle plus fort du docteur, ou encore le couple Gastin davantage photogénique et agréable.13/03/2025 à 05:53 4
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Rejoins-nous dans l'Armée du 12 Octobre !
8/10 Dans l’arrière-pays niçois, Loki observe ce qu’il va bientôt dévaster. Dans le même temps, Mil tente de préserver ce qui peut encore l’être de la canicule et du manque flagrant d’eau. Sa sœur, Alix, a disparu pour rejoindre le camp des 12-10, des écoterroristes extrémistes. Les incendies naissent un peu partout. La violence est aux portes de leur monde, mais n’est-ce pas également le nôtre ?
Une nouvelle particulièrement efficace, chargée jusqu’à la gueule de poudre, et parcourue d’individus pour qui il faut « détruire pour alerter ». Des références directes avec la série « W3 » et s’achevant sur une annonce concernant un autre opus de Jérôme Camut et Nathalie Hug, à savoir « Islanova ». « Islanova ? C’est l’espoir, le renouveau, la révolution ! Si ta frangine s’y trouve, alors ne réfléchis pas et vas-y ! Rejoins ceux qui vont changer le monde ! », est-il écrit à la toute fin de ce texte sans temps mort et qui offre une très belle articulation entre plusieurs ouvrages du duo d’écrivains. A lire absolument pour les aficionados du binôme d’auteurs ; quant aux autres, je leur en recommande tout aussi chaudement la lecture, comme un point d’entrée alléchant pour le reste de leur bibliographie.12/03/2025 à 18:47 2
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Faims
9/10 Kadpidi, vingt-mille habitants. Un cirque, le « Humanus Circus » y arrive, avec sa petite dizaine de forains. Mais les numéros circassiens ne correspondent pas aux poncifs du genre : les forains proposent des tickets gratuits aux citadins pour les convier à assister à des shows particuliers, avec des moments de violence et de sexe suggéré. Et les premiers morts se mettent à tomber en ville.
Patrick Senécal, j’adore, clairement, et j’ai retrouvé ici son univers si particulier : un vocabulaire simple, une syntaxe tout aussi élémentaire, et une plongée graduelle dans une sorte d’univers parallèle où les déviances de l’être humain sont mises en relief. Ici, comme d’habitude, l’auteur n’y va pas de main morte : sexe, pornographie, pédophilie, cruauté, mais aussi adultère et suspicion de trahison dans le couple. Finalement, Francus, le medium du cirque, s’apparente à un tentateur, un artificier plaçant le détonateur, mettant chaque individu face à ses travers, ses appétits inassouvis, ses contradictions et ses failles. Au gré du récit de près de six cents pages, sans chercher l’effet pyrotechnique ou les scènes dantesques, il fait basculer le lecteur dans les limbes puis en enfer, sans pour autant atteindre le niveau de férocité atteint dans « Hell.com » ou dans « Les 7 jours du talion ». Un récit fort, où, une fois de plus, je suis étonné (et ravi) par la façon dont Patrick Senécal nous fait dégringoler dans une géhenne progressive, jusqu’au meurtre, jusqu’à la folie, jusqu’au coup de sang fatal, et jusqu’à l’implosion d’un monde que l’on pensait finalement si pacifique, vertueux et normal. Un grand moment de littérature, avec un final à plusieurs tiroirs, hautement symbolique avec l’animal et sa proie, et le véritable épilogue, tout en crédibilité et en fureur contenue. « Le crâne envahi d’un long cri silencieux », est-il écrit dans l’ultime phrase, et ça aura également été valable pour moi, même si l’écrivain est loin d’avoir placé le curseur aussi loin que dans les opus précités.11/03/2025 à 05:48 3
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La Nuit du 3 août
8/10 L’aventure se poursuit à Greenfalls, revenant sur les événements antérieurs (l’explosion et l’avalanche). L’ambiance nocturne, enneigée, en noir et blanc lorsqu’il s’agit de recomposer le passé, le passage avec le Ku Klux Klan dans la mine, et le regain d’action sur le final concourent à faire de ce septième tome un grand moment de bande dessinée.
10/03/2025 à 18:32 2
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À feu et à sang
Manuel Garcia, Duane Swierczynski
7/10 Raymond Garrison doit délaisser momentanément sa famille pour ramener vivant d’Afghanistan un dénommé Apanewicz. Mais à peine parachuté sur zone, il est littéralement détruit par un missile. Sa dépouille est récupérée au sol par les ravisseurs… mais Ray n’est pas mort. Grâce au projet « Rising Spirit », il est devenu une machine de guerre (grâce aux « nanites ») dans laquelle on a implanté de faux souvenirs de diverses familles qu’il n’a de toute façon jamais eues. Des traits nécessairement très comics (colorés, sanglants, enfiévrés, mais pas toujours à mon goût), et on voyage pas mal, de l’Afghanistan au Nevada, en passant par le Nouveau-Mexique. Pas mal d’action, bien évidemment, et même si je ne suis pas un fanatique des superhéros, celui-ci m’a fait passer un agréable moment de décontraction, même si j’ai eu du mal à me passionner pour ce personnage en quête de sa propre identité, parcouru de nanomachines avides de protéines et dont la mémoire est effacée à la fin de chaque mission. Deux autres personnages féminins importants apparaissent : Melissa, alias « Pulse », aux puissantes capacités électromagnétiques, et Kara, une ancienne infirmière militaire.
09/03/2025 à 18:17 2
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Aldoran
7/10 Shannon, fille de Keirn, finit par pénétrer dans l’étrange, colossal et solitaire Tyrom qui surprend l’intruse. Le début d’une solide amitié qui prend une tournure inattendue quand l’ermite crée un arc de lumière (de l’élémentalisme ?) tandis que le père de la gamine est assassiné.
Un premier tome graphiquement très séduisant, coloré et empreint de la même magie si présente dans cette BD. Une belle quête de vengeance contre le roi Gérald qui est responsable de la mort du papa de Shannon. Je vais tâcher de continuer cette série, au moins pour quelques autres tomes.09/03/2025 à 14:12 2
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Les Amphores de Pompéi
6/10 Un éclairage intéressant et assez instructif sur la viniculture au temps de l’Antiquité, mais j’ai moyennement apprécié les graphismes. Quelques autres éléments – le Vésuve, les combats de gladiateurs, le viol d’Ursina – viennent se greffer à l’histoire, mais je n’ai pas totalement été convaincu.
08/03/2025 à 10:26 1