3639 votes
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Bite The Bullet
7/10 La Fiat 500 de Lemmy et de son coach de pingpong Malone tombe en panne quand se pointe le shérif de la ville voisine, Flatstone. Puisqu’un malheur n’arrive jamais seul, l’uniforme coffre les deux voyageurs pour stationnement illégal. Finalement installés au Valhalla Hotel, ils découvrent qu’une communauté allemande s’est installée dans les parages… et ils ne sont pas au bout de leurs surprises.
Graphisme intéressant, scénario barré et intrigant, personnages croustillants (cf. le personnage à tête de cochon ou le guitariste qui dézingue ses adversaires en écoutant du Motörhead), humour déjanté : un premier tome pas toujours très fin et d’autant plus jouissif.25/05/2025 à 19:40 2
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L'homme qui entendait les prières des enfants morts
Miguel De Lalor Imbiriba, Stephen Desberg
6/10 Luis Meirelles Monteiro : à trente-cinq ans, le jeune magnat Jean Ravelle vient de mettre un terme aux sinistres agissements de ce trafiquant de drogue, et ça ne sera pas la dernière de ses cibles. Parce que Ravelle a une mission en tête : rendre une justice expéditive.
Un premier tome calibré pour satisfaire les amateurs de sensations fortes autant que des stéréotypes, avec un protagoniste jeune, beau, bagarreur et doué dans tout ce qu’il touche, un peu à la Largo Winch (je pense également au complot financier qui prend sacrément la main sur l’intrigue). Rien de transcendant, donc, mais une esthétique hollywoodienne, un rythme cadencé, et suffisamment d’action pour ne pas s’ennuyer – et ça n’est déjà pas si mal.23/05/2025 à 18:23 1
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Chaud Beffroi
Christophe Arleston, Serge Carrère
7/10 Tonton Loco « passait quelques jours à Lille chez son vieux copain cuisinier, Clément Marot » quand il vole au secours d’une jeune inconnue blessé poursuivie par des tueurs et venue toquer à la porte du restaurant. Dans la bagarre, il fracture les cervicales de l’un d’entre eux et le tue. Gros souci : la victime est un policier.
Un neuvième tome aussi bien mené que les précédents, riche en humour (pas mal, le coup du nazillon qui compte les bergers allemands pour s’endormir), en action et en poursuites (cf. la scène de la cavale de l’assassin grimé en clown ou celle sur les toits, par exemple), et même si l’intrigue n’est pas forcément la plus fameuse du lot, elle demeure plutôt solide.23/05/2025 à 18:22 2
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Le Montespan
8/10 … ou l’histoire, à la fois tragique, comique, poignante et burlesque, de Louis-Henri de Pardaillan, marquis de Montespan, cocu sublime du XVIIe siècle. Après un duel, il fait la connaissance de la magnifique et incendiaire Françoise de Rochechouart de Mortemart, dite Mlle de Tonnay-Charente. Un amour immédiat, presque un coup de foudre, des sentiments charnels passionnés également, deux enfants, et… le drame. Françoise est remarquée par Louis XIV et finit par devenir sa maîtresse. Mais le mari trompé ne compte pas en rester là et s’en va affronter, à sa façon, le Roi Soleil, en usant d’un humour, d’une bravoure et surtout d’une constance à vouloir récupérer sa chère et tendre.
De Jean Teulé, j’avais déjà lu « Entrez dans la danse », et j’ai retrouvé avec bonheur son sens de la narration : une solide documentation et une connaissance non moins solide de ce fait divers, mais sans emprunter la voie du récit purement historique : l’écrivain y injecte son esprit, sa drôlerie, sa causticité, et c’est un pur régal. Les dialogues sont bien poivrés (- « C’est une belle pomme, sire, mais elle est gâtée dedans. – Vraiment ? Je vérifierai par moi-même en allant dedans »), ou encore quelques scènes bien tordantes, comme le Montespan demandant à son concierge de s’habiller comme son épouse et de prendre des mines pour la singer, toujours le Montespan se masturbant dans la chambre de Marie-Thérèse d’Autriche – il refuse de la prendre parce qu’il la trouve finalement trop laide – avant d’éjaculer dans un bénitier dont le monarque va ensuite se servir de l’eau pour se bénir, etc. Néanmoins, au-delà de ces cocasseries parfois très lestes, Jean Teulé préserve des moments plutôt poignants, comme son protagoniste organisant des funérailles pour l’amour qu’il vouait à sa femme, le mépris que lui voue son fils Louis-Antoine (dont le caractère absolument infâme va aller crescendo), et finalement, les tortures sentimentales de cet homme, pathétique et rebelle, qui n’a jamais cesser d’affectionner sa Françoise, jusque sur son lit de mort. Une lecture acide également de l’écrivain quant aux us et coutumes de l’époque, de souverains gangrénés par leur fatuité et leurs vices physiques souvent liés à la consanguinité (cf. Louis XIV et son minuscule pénis, les enfants que Françoise aura avec le Roi, Charles II d’Espagne et ses multiples handicaps, etc.). Bref, c’est tout à la fois génial et vrai, corrosif et objectif, historique et créatif, hilarant et émouvant (la scène finale avec les reliques de Françoise avec les animaux, de la bouffonnerie doublée d’une symbolique déchirante), sombre et surexposé : la patte et la plume de Jean Teulé, ou l’art d’appréhender l’Histoire de façon divertissante sans délaisser l’aspect instructif.22/05/2025 à 05:49 4
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Saint-Elme, tome 1 - La vache brûlée
Serge Lehman, Frederik Peeters
8/10 Une esthétique très particulière avec des teintes hypnotique pour cette incursion dans ce village de Saint-Elme. Un homme qui défouraille sur ses acolytes auprès d’une gamine dans une cabane, un projet de parc d’attraction, un inconnu lunetté qui débarque du bac, des grenouilles envahissantes, une vache immolée qui prend la tangente, la famille Sax qui règne sur le patelin : un univers foutraque, presque parallèle, où les pistes, nombreuses, s’amoncèlent, et à ce stade de la série, on n’a vraiment pas toutes les réponses. Ça débute de façon détonante, je vais tâcher de continuer.
21/05/2025 à 18:43 4
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Pumpkin Night tome 6
Masaya Hokazono, Taniguchi Seima
6/10 La tueuse à tête de citrouille fait rapidement parler d’elle avec un fusil à pompe : après quelques planches étonnamment sages, retour à la violence sur cette portion de route. Elle s’érige d’ailleurs en justicière tandis que l’un des protagonistes aboutit à un énigmatique manoir. A l’instar de ce combat contre les yakuzas, un sixième tome violent, pour lequel la finesse n’est pas un objectif, mais qui apporte néanmoins des infos intéressantes sur le passé de la meurtrière et sur l’identité de l’individu qui lui a permis de revenir en quelque sorte à la vie.
21/05/2025 à 18:42 1
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Les Moines de Bourgogne
Eric Corbeyran, Brice Goepfert
7/10 Après l’Antiquité, place à « l’automne 1090, du côté de l’abbaye de Cluny » puis « l’hiver 1120, dans la plaine de la Saône, en Bourgogne » où un bébé est abandonné et confié aux moines. L’orphelin va grandir et être amené à côtoyer le sujet viticole, reconnaissant au passage : « J’ai l’impression que la Nature me murmure ses secrets ». Un sujet plutôt intéressant et original et, même si je ne suis pas un fan absolu de cette série, ça se laisse lire, d’autant que le sort réservé à Simon surprend.
20/05/2025 à 19:36 1
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Le Bras du chapitre
6/10 Retour dans l’Hexagone pour notre héroïne. Si le trait et les propos demeurent très attachants, j’ai préféré le premier tome de ce diptyque, plus exotique et original. Un portrait de femme intéressant (face au désir des hommes, comme pilote d’avion, emprisonnée pour port d’un pantalon, mariée, endeuillée) : pas désagréable du tout mais pas spécialement novateur ni très prenant.
20/05/2025 à 19:35 1
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Tarzan, l'homme-singe tome 1
Eric Corbeyran, Roy Allan Martinez
7/10 Printemps 1888 : une mutinerie débouche sur le débarquement forcé d’un couple – John Clayton, comte de Greystoke et Alice – sur une plage. Les adultes finiront tués par un singe et leur bébé sera recueilli – et même adopté – par ces primates. Le début d’une éducation très particulière et l’avènement d’un guerrier mi-homme mi-animal : Tarzan.
Une belle lecture de l’œuvre d’Edgar Rice Burroughs, portée par un agréable souffle gentiment suranné, et ce premier tome se conclut sur notre protagoniste, gisant ensanglanté et sévèrement blessé sur une plage. Très distrayant.19/05/2025 à 16:42 2
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Ingénieur-conseil
8/10 Point Pleasant, 1967 : un pont cède alors qu’il y avait un embouteillage dessus. Le jeune Jack Irons parvient à s’en sortir et on le retrouve de nos jours, à l’Île du Prince-Edouard, au Canada : il est devenu ingénieur, spécialiste des ponts, et c’est justement l’un d’entre eux qui vient d’être détruit, entraînant deux morts…
Un pitch singulier et un scénario également original, servi par un graphisme classique mais efficace., Jack Irons compose un personnage atypique : très professionnel, « diagnostiqué dyssocial », assez froid. Le dénouement est intéressant et conclut adroitement ce premier tome de la série.18/05/2025 à 19:54 3
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Pas de cette façon
4/10 Rachel Blackwood, Ranger du Texas, doit enquêter sur une série de crimes particuliers : des corps de femmes – un puis trois – ont été abandonnés dans des gisements de pétrole. Elle se met alors sur la piste d’un tueur en série persuadé d’être un purificateur.
On retrouve ici du Blake Pierce pur jus dans le fond comme dans la forme, même si ici, dans les deux cas, c’est bien maladroit. L’écriture est caduque, les coquilles et autres approximations dans la traduction affluent, le binôme de Rachel, Ethan Morgan, tient du faire-valoir sans épaisseur et même si l’identité de l’assassin peut surprendre, son mobile est assez banal et on a presque l’impression qu’au moment de réunifier le puzzle, l’IA en charge du scénario a oublié quelques pièces au passage. Bref, on est vraiment un cran en-dessous des autres productions de cet auteur : autant dire que ça ne vole pas bien haut. Vraiment décevant.17/05/2025 à 07:52 1
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Quelque part avant l'enfer
8/10 Un matin presque banal pour Anna après avoir lâché son fils, Nathan, à l’école, quand le véhicule qu’elle conduit est percuté par un semi-remorque. Expérience de mort imminente, coma, réveil. Mais la vie lui réserve de curieuses hallucinations : une musique, un nombre qui revient en boucle, un étrange personnage qui lui délivre un étrange message. Anna n’a-t-elle pas emporté quelque chose depuis l’enfer où elle a fait un court séjour ?
Je retrouve avec plaisir la plume de Niko Tackian. Un premier chapitre avec la découverte d’un cadavre, le second avec l’accident, et je ne parle même pas de la préface dithyrambique de Franck Thilliez : d’entrée de jeu, on est dans le bain, et un très bon bain. Mécanique parfaitement huilée, phénomènes paranormaux en équilibre avec Anna qui perd le sien, d’équilibre, une folie et une paranoïa croissante, jusqu’à un final que je n’avais pas vu venir et que j’ai beaucoup apprécié, justement parce qu’il est d’un registre un peu différent de celui auquel je m’attendais (mais chut…). Anna est une protagoniste intéressante : son mari, Alain, dentiste, l’avait trompée avec une jeune escort-girl, sa mère s’était pendue, et ce qui lui arrive au cours du roman (entre échanges avec les « expérienceurs », ce motif martelé de la spirale, le passé qui ne l’est pas tant que ça, etc.) concourt à créer à la fois un personnage agréable à suivre et pour lequel on éprouve une réelle empathie. Les autres individus, de Zed, le policier, à Roody, le neuropsychiatre, sont également bien trouvés et travaillés sans être surchargés ni répondant à des clichés. Bref, un thriller parfaitement pensé et maîtrisé, sans le moindre temps mort, et qui, en plus de proposer une belle variation sur le thème des EMI, se paie le luxe d’avoir une âme.15/05/2025 à 05:48 3
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Trauma
Riccardo Crosa, Vincent Delmas
7/10 Ian Mallory a tout pour être heureux : il vit en plein amour et sa femme Servane est enceinte. Quand un motard lui tire dessus quand il est dans son véhicule, la balle tue la jeune femme, le plonge dans le coma, et reste logée dans son crâne. On le retrouve cinq ans plus tard, écrivain, il doit aider sa belle-fille qui a tué un homme, et ça n’est que plus tard qu’il se rend compte qu’il ressent ses émotions avec retard…
Un premier tome qui pose le décor autant que les personnages, avec un pacte quasi final qui permet de véritablement lancer la série. L’histoire est originale, le graphisme réussi, j’attends de voir les opus suivants pour savoir si les promesses seront ou non tenues, mais ça démarre bien, de façon alléchante.14/05/2025 à 19:28 1
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Suicide Island tome 2
6/10 Après un court flashback sur le suicide d’une jeune femme, retour sur l’île où l’on voit la communauté s’organiser autour de la pêche et du deuil. Un long épisode de chasse dont l’esprit et le graphisme me rappellent certains moments de la série « Genesis » du même auteur. Sympathique mais pas palpitant du tout, même si la révélation du surnom réel de l’île vient éclairer le final d’une lumière bienvenue.
14/05/2025 à 19:25 1
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Siegfried
7/10 Un début de toute beauté dans cette tempête de neige, sans le moindre dialogue ni description. La suite, entre décors glacés et créatures de pure fantasy, passages fantasmagoriques et paysages magiques, est réussi, même si ça n’est clairement pas mon type de sujet préféré.
14/05/2025 à 17:22 1
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Troupe 52
9/10 Ils sont six sur cette île : cinq scouts (Ephraïm, Kent, Newton, Max et Shelley) ainsi que leur chef, Tim Riggs, pour quelques jours en pleine nature. Mais l’arrivée d’un inconnu va venir semer le trouble : squelettique, affamé comme pas permis, il va bientôt décéder, emportant avec lui ce groupe de malheureux qui vont devenir les proies de la paranoïa, de la folie, de la faim, et d’une expérience qui les dépassera.
Ma première incursion dans l’œuvre de Craig Davidson, et ça ne sera certainement pas la dernière. Un ouvrage fort, puissant, surpuissant, oscillant entre « Sa Majesté des mouches », Stephen King (joli passage dans les remerciements de l’auteur au sujet de « Carrie » et de la technique assumé d’insertions d’articles de journaux) et autres slashers cinématographiques. J’ai été aussitôt happé par l’histoire, le rythme, le mystère et les atrocités (on navigue entre le « gentillet » et l’énucléation d’une écrevisse et le sauvage, avec des ados qui font fouiller dans la tripaille de l’un de leur pote mort afin de retrouver des bougies d’allumage). Des passages bien craspecs, trashs, mais qui, étonnamment, arrivent sans que ça ne choque vraiment, dans la mesure où l’écrivain fait graduellement monter la tension, le sordide et l’horreur. J’ai adoré la psychologie de ces gamins qui n’en sont pas réduits à de simples stéréotypes ambulants ainsi que les insertions de témoignages, d’observations scientifiques sur les cobayes, les entretiens et même une publicité pour ce satané produit. Une ambiance monstrueusement addictive, entre « The Thing » et « Alien » (impossible de ne pas penser à cette saloperie de « chestburster » pour un véritable régal littéraire. Alors je lui mets 9, ce qui est peut-être un peu beaucoup (alors que je regrette quelques longueurs sur le final et le fait que l’on apprenne un peu trop tôt ce qui va venir bousiller ces gosses), mais en docimologie, il y a indéniablement un élément qui n’est pas pris en compte : le côté coup de cœur. Car voilà bien un roman qui me marquera trèèèès longtemps, tant pour son pitch que pour l’intelligence de son traitement narratif et émotionnel.14/05/2025 à 05:50 2
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Le Mangeur d'âmes
8/10 Des enfants qui disparaissent. Des adultes qui s’entretuent de façon monstrueuse et, dans le même temps, des traces de jouissance sur eux lors de ces actes d’autodestruction. Un gamin qui prétend que tout ça est lié à la légende du « Mangeur d’âmes ». Deux limiers pour comprendre cette affaire insensée : la policière Elisabeth Guardiano et le gendarme Franck De Rolan. Et une investigation au bout de laquelle se cachent de nombreuses et atroces surprises.
Mon premier Alexis Laipsker, et ça ne sera certainement pas mon dernier. Un roman mené à toute allure, du début à la fin, et sans le moindre temps mort. Une écriture plutôt simple mais d’une belle efficacité, servant à merveille ce récit endiablé, et quelques touches d’humour – notamment dans les dialogues entre les deux limiers – qui viennent contrebalancer certains passages durs voire barbares, avec des moments très durs, en particulier vers le dernier tiers lorsque l’on apprend la teneur de ce que subissent les enfants. Alexis Laipsker, en expert du poker – j’ai d’ailleurs bien aimé les quelques références à cette activité qui jalonnent l’histoire – mène son intrigue en habile bluffeur, ménageant le suspense avec intelligence et offrant des rebondissements très adroits. Un pur page-turner, imprenable, haletant, avec un sacré rebondissement final que je n’avais pas vu venir. Après, certains éléments sont peut-être trop capillotractés (cf. l’origine de cette colère divine tombée du ciel, un peu trop hollywoodienne à mon goût), mais il n’empêche, je n’ai pas boudé mon plaisir et suis obligé de reconnaître que ce thriller m’a happé. Une sacrée réussite à mes yeux.12/05/2025 à 18:33 4
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Guess What tome 1
6/10 Encore une fois, un héros affublé d’un masque à gaz et jouant de la batte vient d’intervenir et de sauver des opprimés. A Hasgar, cette situation porte les édiles à convoquer une guerrière, Nozuki Tokigaya, afin d’éliminer celui que l’on surnomme « Guess What ».
Un graphisme réussi qui m’a un peu rappelé le travail de Tsutomu Takahashi, mais un scénario pas totalement convaincant selon moi : le rythme est là, c’est certain, mais l’ensemble peine à mes yeux à se singulariser des autres récits dystopiques et autres histoires mettant en scène un superhéros dans un monde futuriste.10/05/2025 à 18:04 1
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Les Liens du sang
6/10 Escale à New York où d’entrée de jeu, notre héros est appréhendé par la police. Des moments improbables (se jeter du haut d’un pont justement quand passe en dessous un bateau et pépère se raccroche aux voiles et aux cordes ? Sérieusement ?), une intrigue correcte, et quelques moments bien dynamiques (comme l’assaut donné par la police à la demeure ou la fusillade près du port), mais l’ensemble s’avère à mes yeux trop classique et je ne le garderai guère longtemps en mémoire.
09/05/2025 à 16:43
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Le Pendu de Saint-Pholien
9/10 C’est presque par jeu et curiosité que le commissaire Jules Maigret se met à suivre un inconnu au comportement suspect, lui subtilise sa valise pour placer à la place un bagage sosie… et est le témoin de son suicide dans une chambre d’hôtel, une balle dans la bouche. Parce que la victime est sans identité, Maigret se met à s’intéresser à un homme venu reconnaître le cadavre à la morgue, et va remonter à un passé datant d’une décennie, à la rencontre involontaire de ceux qui s’étaient surnommés les « Compagnons de l’Apocalypse ». Encore un excellent ouvrage signé Georges Simenon, et encore un excellent opus de la série consacrée à Maigret. Peut-être est-ce parce qu’il a, une fois n’est pas coutume, peu adapté à la télévision, toujours est-il que cette histoire m’était inconnue, et je me suis régalé. Commençant avec un postulat intriguant, l’ouvrage ne marque aucun temps mort au cours de cette enquête complexe et sacrément bien construite, les engrenages s’emboîtant à merveille. Ce n’est que peu dire que Maigret va passer par des émotions variées et parfois inédites : il se montre d’abord joueur avant de ressentir des remords pour cet inconnu qui s’est probablement suicidé un peu à cause de son tour de passe-passe, on essaie de le noyer dans la Marne, on lui tire dessus, il tient un silence de cinquante-deux minutes face à des hommes dont l’un d’entre eux est probablement un indicateur, et il rédige même une lettre à son fidèle Lucas, résumant son investigation, au cas où on le tuerait. Mais le plus sidérant à mes yeux, c’est l’âge du livre : il date de 1931 ! Et quand on le lit, on se rend compte qu’il était en avance de plusieurs décennies sur ce qui se fait actuellement. En voyant les derniers chapitres où se dévoile la résolution, impossible de ne pas penser à la flopée de téléfilms du style « Meurtres à… » où il est quasiment systématiquement question d’un passé ancien qui ressurgit. Ici, des scénaristes auraient pu s’en mal se servir de ce substrat littéraire très fort, dense et humain pour coudre une intrigue qui aurait séduit nombre de téléspectateurs ! Une gageure ! Et je ne parle même pas de la fin où Maigret, un tantinet saoul après « six imitations d’absinthe », confie sa sidération face à cette affaire au terme de laquelle il va faire preuve d’un humanisme rare et remarquable. Bref, un roman probablement moins connu que d’autres du même auteur, mais qui mérite amplement le détour et figure, selon moi, parmi les meilleurs !
09/05/2025 à 05:47 3