Les Saintes reliques

(The Warsaw Protocol)

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  • 2/10 Cotton Malone, reconverti en libraire spécialisé dans les ouvrages de luxe, se trouve à Bruges lorsque trois hommes armés s’emparent d’une relique, des gouttes du sang du Christ. Recouvrant rapidement ses réflexes, il se lance à la poursuite des voleurs mais fait chou blanc. Néanmoins, il met ainsi le doigt dans un engrenage puisqu’on lui demande de se lancer dans une quête où il est autant question des « Arma Christi » (les instruments de la Passion) que de la Pologne et de l’équilibre géopolitique du monde entier.
    De Steve Berry, j’avais déjà lu autrefois « Le Troisième secret » que j’avais bien apprécié, alors longtemps après, je me suis procuré un autre ouvrage de l’auteur, et… quelle déception. D’abord, le titre français est hautement trompeur (l’original étant « Le Protocole de Varsovie », nettement plus fidèle au contenu). Parce que (ça n’est rien divulguer, cet élément apparaît dès une centaine de pages), en réalité, ces reliques ne sont qu’un prétexte à peine exploité, et l’idée est la suivante : des hommes détiennent des documents soi-disant compromettants sur le passé du Président polonais, alors ils vont faire une vente aux enchères de ces documents en demandant aux nations intéressées de réunir ces précieuses reliques. Vous suivez ? Moi pas. Là, déjà, je commençais à caler tellement c’était tiré par les cheveux. Mais on continue. En réalité, il est question d’une méga batterie de missiles que le Président est à même d’installer sur le territoire de son pays mais la géopolitique étant ce qu’elle est, de nombreux pays sont prêts à faire pression sur cet homme et ainsi faire rentrer le territoire polonais dans leur camp. Bon, autant l’avouer, j’ai décroché à mesure que les pages défilaient. Cotton Malone est polyglotte, dispose d’une mémoire absolue, est capable de tomber dans de l’eau glacée et d’en ressortir, frétillant comme pas permis et de lâcher des punchlines, en plus de conduire aussi bien un bateau qu’une voiture : une sorte de medley de James Bond, d’Indiana Jones et de Robert Langdon, mais sans âme, sans brio, sans véritable panache, comme on mixe divers ingrédients pour n’obtenir qu’un brouet. L’auteur a réuni une très solide documentation qu’il explicite en fin d’ouvrage mais certains passages sont longuets à en tomber en léthargie, barbants, inutiles et mal insérés. Le personnage de Warner Fox, parodie de Donald Trump (qui est lui-même une parodie), est vaguement amusant voire inquiétant, mais l’ensemble de ce thriller est une accumulation de clichés, de scènes grotesques et de longueurs monumentales. Des tueurs qui vont se casser la tête à placer ces fameux documents au « niveau X » d’une ancienne mine de sel, un Président polonais qui prend les armes lui-même pour empêcher le pire, une vente aux enchères menée par des baltringues qui se font dézinguer comme des ballons à la foire, une Sainte Lance que Cotton Malone dérobe comme un mouflet chipant un Carambar, etc. A mes yeux, ce qui se fait de pire dans le domaine : du grand n’importe quoi certes assis sur un solide socle documentaire, mais mené à l’aveuglette, parfois d’un rare effet soporifique, et auquel je n’ai jamais cru.

    03/07/2025 à 20:12 El Marco (3664 votes, 7.2/10 de moyenne) 3