El Marco Modérateur

3494 votes

  • Le Premier Cavalier de l'Apocalypse

    John Case

    9/10 Un thriller de haute volée, bien mené et qui fait froid dans le dos !

    26/04/2009 à 18:34

  • L'Abattoir dans la dune

    Maxime Gillio

    8/10 Le cadavre d'une femme est découvert dans les dunes dunkerquoises. Chargés de l'enquête, les policiers Dacié et Marquet craignent qu'il s'agisse de la proie d'un assassin récidiviste car d'autres victimes sont bientôt découvertes, violées et mutilées. Ils font alors appel à Fradier, un profileur dont le savoir peut permettre l'arrestation du coupable. Mais le temps continue de passer, et aucun lien n'apparaît entre les personnes tuées…

    Très difficile d'en dire plus sans risquer de dévoiler des éléments fondamentaux de l'intrigue car, si cette dernière peut sembler de prime abord très classique, il ne faut pas s'y fier. Après Bienvenue à Dunkerque, Maxime Gillio nous gratifie d'un remarquable thriller. Les personnages sont tous très bien dépeints, le récit construit avec précision, et l'ensemble d'une redoutable crédibilité. Ici, il n'y a pas de courses-poursuites tonitruantes, de fusillades rocambolesques ni d'événements tirés par les cheveux : il s'agit d'un roman plausible sur tous les plans, offrant dans son dernier tiers un grand nombre de surprises et de renversements de situation, apportant l'explication quant aux mystérieux flash-back ponctuant le récit.

    L'abattoir dans la dune est donc un excellent thriller, sachant alterner noirceur et humour, suspense et émotions, tension et dérision, parfaitement maîtrisé et plaçant Maxime Gillio parmi les auteurs français prometteurs.

    26/04/2009 à 18:32

  • Les Enfants du rasoir

    Joe R. Lansdale

    5/10 Becky et Monty décident de prendre quelques vacances au bord d'un lac, leur couple battant de l'aile depuis que la jeune femme a été victime d'un viol. Mais si le responsable s'est suicidé en prison en se pendant, un de ses anciens acolytes, Brian, un adolescent au comportement monstrueux et atterré par la disparition de son ami, est fermement décidé à faire payer à Becky sa part de responsabilité. D'autant que cette dernière commence à vivre des cauchemars étranges qui s'apparentent fortement à des visions prémonitoires…

    Auteur principalement de romans noirs et de thrillers, Joe R. Lansdale s'essaie ici au thriller fantastique, dans une veine que ne renierait pas Stephen King. Le roman est court et enlevé, le style concis et vif, et l'ensemble se lit rapidement sans que le lecteur n'ait le temps de décrocher. Malheureusement, Joe R. Lansdale tombe souvent dans la facilité, avec une certaine complaisance dans les descriptions crues, du sexe à la violence. Par ailleurs, malgré d'indubitables qualités, le lecteur ne trouvera que peu de rebondissements et de surprises, en dépit d'une linéarité du récit brisée par les flash-back et l'alternance de points de vue. De même, l'emploi de l'élément fantastique est sous-exploité pour n'être que saupoudré, d'où cette impression tenace de manque ou d'inachèvement.

    Au final, Les enfants du rasoir est un thriller correct, sans plus, qui se lira rapidement mais s'oubliera à la même vitesse.

    21/04/2009 à 10:14 2

  • Trois cercueils se refermeront

    John Dickson Carr

    10/10 Par une froide soirée d'hiver à Londres, un homme entre dans un pub et lâche des menaces de mort sibyllines où il est question de cercueils qui se refermeront. C'est tout d'abord Grimaud qui meurt dans une pièce fermée alors qu'un inconnu venait de se ruer à l'intérieur, puis c'est un autre homme qui est retrouvé assassiné d'un coup de pistolet dans une impasse sans que le criminel n'ait laissé de traces dans la neige. Comment ces crimes ont-ils pu se réaliser ? Il faudra tout le flegme et l'esprit cartésien de Gideon Fell pour expliquer ces homicides, quitte à rouvrir des plaies ouvertes il y a bien longtemps en Roumanie.

    Auteur ayant développé et magnifié le thème du meurtre en chambre close et comptant comme successeurs célèbres des écrivains comme Paul Halter, John Dickson Carr nous a offert avec Trois cercueils se refermeront l'un de ses chefs-d'œuvre. Les intrigues sont parfaitement imaginées et maîtrisées, le récit habilement mené, avec quelques notes d'humour salvatrices au milieu d'une ambiance pesante et maléfique. Par ailleurs, les crimes analysés laisseront perplexes le lecteur par leur aspect irréalisable, et leur résolution est un remarquable moment d'ingéniosité car si logique, mais en même temps impensable. Le lecteur se trouvera donc bluffé par les explications de Gideon Fell alors que le texte aura multiplié les fausses pistes ainsi que les indices.

    Assurément, Trois cercueils se refermeront est un prodige littéraire : virtuose, prenant et marquant. Les ultimes rebondissements achèvent de parfaire cet ouvrage écrit il y a plus de soixante-dix ans et qui reste un joyau en la matière.

    17/04/2009 à 10:48 1

  • Dreamcatcher

    Stephen King

    5/10 Bien des longueurs, sans compter certains passages franchement inutiles, pour un livre assez fade qui reste une erreur de parcours pour Stephen King.

    12/04/2009 à 10:09

  • La peau sur les os

    Stephen King

    8/10 Un roman à l'histoire forte et originale, au traitement efficace et qui marque les esprits !

    12/04/2009 à 10:06

  • Mainmorte

    Michel Steiner

    8/10 C'est un bien macabre jeu de pistes qui commence à Paris : des cadavres d'huissiers sont retrouvés, accommodés comme des plats cuisinés. Le tueur se met en contact avec Sandrin, un journaliste, et lui envoie des énigmes étranges, presque irrationnelles. Sandrin est alors mis en relation avec Krems, un joueur de poker invétéré, érudit en psychanalyse, qui semble être le seul à pouvoir résoudre les devinettes de l'assassin. Ce sera pour eux comme pour les policiers qui avaient décidé d'associer Sandrin et Krems à l'enquête une traque jalonnée par les dépouilles d'autres huissiers et des charades encore plus complexes.

    Michel Steiner nous offre avec Mainmorte un roman à suspense de qualité. Le style est enlevé, concis, procédant par ellipses. L'écriture est savoureuse, proposant de nombreuses formules et citations qui ont l'envergure de mots d'auteur. Les nombreuses incursions dans le domaine de la psychologie et de la psychiatrie sont certes complexes mais savamment orchestrées par l'auteur, docteur en ces matières. Les personnages – plus particulièrement Krems – sont délicieux, atypiques et attachants, proches de ceux dépeints par exemple par Fred Vargas. En outre, l'intrigue est très prenante, et même si la chute et les raisons du tueur sont devinables, elle n'en demeure pas moins saisissante d'originalité.

    Mainmorte est donc un ouvrage très intéressant et mémorable.

    12/04/2009 à 10:04

  • Route pour l'enfer

    Craig Holden

    9/10 Le jeune Joe Curtis, ancien soldat mécanicien ayant servi lors de la Guerre du Golfe, fait du stop sur une route des Etats-Unis lorsqu'il est embarqué par Rick et Kari, un couple bien étrange. Rick propose alors à Joe de gagner rapidement de l'argent en échange de lui prêter main-forte pour récupérer des fonds détenus par un homme dont il ignore tout. Joe accepte, et c'est le début d'une longue descente aux enfers : l'homme en question est abattu par Rick, ce dernier ne tardant pas à faire endosser la responsabilité du crime à Joe. Et derrière tout ça, une secte isolationniste et férue d'armes à feu dirigée par un gourou cruel tisse lentement la toile de son piège.

    Craig Holden a signé avec Route pour l'enfer un thriller prenant et très réussi. Les personnages sont tous exceptionnels, et leurs doutes et tourments parfaitement dépeints. Le ton est juste, évitant les poncifs habituels sur les mouvements sectaires et violents, crédibilisant l'ensemble de l'intrigue. Par ailleurs, l'auteur a soigné le déroulement de l'histoire, maintenant la tension malgré la longueur de l'ouvrage. Et l'ensemble se lit avec un réel bonheur, et ce jusqu'aux dernières pages, assez imprévues.

    Pour conclure, Route pour l'enfer dispose de bien des atouts pour devenir un classique du genre. A découvrir et à redécouvrir !

    03/04/2009 à 18:00

  • Avis de tempête

    Serge Brussolo

    8/10 Dans un état d'Amérique du Sud, le dictateur s'apprête à être renversé. Son fidèle tortionnaire, Ancho Arcano, surnommé le Boucher, part dans un yacht blindé avec à son bord l'or détourné pendant des années de tyrannie. Un orage terrible survient et le bateau disparaît.
    Plusieurs années plus tard, Oswald Caine, écrivain de romans sans âme, se décide à retrouver ce trésor et écrire un livre profond et puissant sur sa quête pour lui permettre de s'assumer à ses yeux ainsi qu'à ceux des critiques littéraires comme un véritable auteur. Aidé dans sa tâche par une jeune femme aventurière, Oswald Caine rejoint ce pays livré à la vindicte de la population pour retrouver ce butin au-dessus duquel plane encore l'ombre malfaisante du Boucher.

    Le très prolifique Serge Brussolo s'invite une nouvelle fois dans le domaine du thriller, et Avis de tempête ne déroge pas à la règle de ses précédents ouvrages. La langue de l'auteur est très travaillée, le scénario bien imaginé, et l'histoire narrée avec un talent indéniable. Quelque part entre L'épave et Bunker, cette chasse au trésor permet de peindre une galerie de personnages viciés et inquiétants, et offre également de subtiles réflexions quant au métier d'écrivain, à la fièvre de l'or et à la politique. L'aspect fantastique a été ici délaissé pour exploiter de la meilleure manière le côté réaliste de l'intrigue, ce qui pourrait décevoir les fans de Serge Brussolo s'attendant à un nouvel ouvrage où l'imaginaire de l'auteur se déploierait à plein rendement. Malgré une fin qui aurait peut-être mérité quelques rebondissements supplémentaires, Avis de tempête n'en constitue pas moins un thriller bien mené et intéressant.

    29/03/2009 à 18:39 2

  • la Maison au Bord du Lac

    James Patterson

    6/10 Quelques temps après les événements relatés dans Souffle le vent, l’agent du FBI Brennan et la vétérinaire O’Neill tentent de récupérer la garde légale des six enfants oiseaux, les êtres génétiquement modifiés et dotés de pouvoirs surhumains. Mais le docteur Kane, l’infâme instigateur de ces expériences de laboratoire, est bien décidé à éliminer ces adolescents afin de ne pas ébruiter son projet « Résurrection ».

    Suite directe de Souffle le vent, ce second opus doit de préférence être lu après avoir pris connaissance du premier roman, même si la situation est rapidement rappelée au début.
    Thriller ouvertement fantastique, La maison au bord du lac ne parvient jamais totalement à convaincre. Certes, l'action est rondement menée, mais les personnages sont sans grande épaisseur, avec des gentils très gentils et des méchants très méchants. Le récit ne réserve que bien peu de rebondissements, et enchaîne les stéréotypes. L’écriture et l’intrigue sont intéressantes mais certains événements sont très téléphonés, et l’ensemble, quoiqu’original et correctement mené, ne satisfait jamais totalement.

    La maison au bord du lac est donc un ouvrage correct, à réserver en priorité aux amateurs de surnaturel et de personnages aux pouvoirs paranormaux, ainsi qu’à un lectorat jeune qui pourra apprécier les aventures de ces adolescents ailés.

    22/03/2009 à 13:18

  • Les Anges de la nuit

    John Connolly

    9/10 Partenaire du détective privé Charlie Parker, Louis et son compagnon Angel sont confrontés à une menace imprévue et terrifiante : l'organisation de tueurs à laquelle appartenait Louis, les Faucheurs, semble décidée à le faire disparaître. Pour contrer ce risque, à l'épicentre duquel semble se trouver le père d'une de ses anciennes victimes, Louis accepte de renouer avec la violence pour éliminer ce mystérieux commanditaire. Mais c'est sans compter sur les trahisons et la réapparition d'un tueur à gages effrayant, Bliss, qui a bien des comptes à régler avec Louis.

    Personnage secondaire des romans de John Connolly, Louis apparaît ici comme le principal protagoniste, ce qui permet au lecteur d'en découvrir bien plus sur ce tueur atypique, au travers de la genèse de sa violence et de son passé parmi les Faucheurs. La langue de l'auteur est toujours aussi exceptionnelle et typique : des descriptions patientes, des personnages qui ne sont jamais ébauchés mais toujours creusés, un sens du visuel indéniable, et des dialogues qui font mouche. Même si l'intrigue ne réserve en soi que peu de surprises, l'intérêt est ailleurs : John Connolly offre à ses fans un nouvel opus nerveux, alternant les extraordinaires scènes de chasse à l'homme et les flash-back saisissants quant au trauma originel de Louis.

    Les anges de la nuit est donc assurément une nouvelle réussite de John Connolly, et qui offre une porte d'entrée alternative vers son univers littéraire si abouti.

    15/03/2009 à 22:11 2

  • Le Rectificateur

    Jeffery Deaver

    8/10 Dans les années 1930, Paul Schumann est un tueur à gages qui sévit à New York. Il est « le rectificateur » puisqu’il agit pour corriger ce qu’il appelle « les erreurs de Dieu ». Son futur contrat l’emmène dans Berlin où vont se dérouler les Jeux Olympiques, avec comme employeur non pas la mafia mais le gouvernement des Etats-Unis. Sa cible : Reinhard Ernst, huile du parti nazi qui semble développer un plan de réarmement massif du pays. Mais, comme va vite l’apprendre Paul Schumann, cette exécution programmée ne va pas se dérouler aussi simplement que prévu…

    Auteur de thrillers à succès, Jeffery Deaver s’essaie cette fois-ci au roman d’espionnage, et c’est une réussite. Les personnages sont très bien interprétés, l’écriture est fluide et très agréable, et l’intrigue de grande qualité, ménageant avec ingéniosité trahisons et rebondissements. L’ambiance de la capitale allemande en cette veille de Seconde Guerre Mondiale est subtile et brillante. Par ailleurs, même si le roman est assez long, il n’y a pas de temps mort, notamment grâce à l’alternance des points de vue des protagonistes qui rythme intelligemment le récit.

    Le Rectificateur est donc un opus brillant, dans le fond comme dans la forme. Une lecture à conseiller vivement, et pas seulement aux fans du créateur du personnage récurrent Lincoln Rhyme !

    10/03/2009 à 18:42

  • L'Héritage des Templiers

    Steve Berry

    8/10 A Copenhague, l'ancien agent du département de la justice américaine Cotton Malone et son amie Stéphanie Nelle entrent en possession de documents relatifs à un trésor qu'auraient légué les Templiers, un ordre monastique datant du douzième siècle. Parallèlement, une troupe de descendants de ces Templiers est prête à tout pour récupérer ces étranges informations, leur permettant ainsi de redorer leur blason et de faire renaître à la face du monde leur caste. L'aventure va alors tous les mener à Rennes-le-Château où les attendent des secrets propres à bouleverser l'Eglise.

    Après Le troisième secret, Steve Berry poursuit son œuvre littéraire consacrée à des énigmes religieuses, et ce nouvel opus est une nouvelle réussite. L'auteur est un excellent conteur, sachant alterner les descriptions merveilleuses des lieux visités, la peinture des émotions de ses personnages ainsi que les scènes d'action tonitruantes. Par ailleurs, même si la thèse défendue par Steve Berry peut paraître contestable ou blasphématoire, il faut cependant porter à son crédit l'extraordinaire travail de préparation et de documentation qui a été nécessaire à l'élaboration de ce roman. Et le lecteur tirera très probablement un très grand plaisir à lire ce thriller, bâti comme un bon film d'action à l'américaine, et sachant enchâsser le récit de nombreux détails historiques pertinents.

    D'autres aventures de Cotton Malone sont d'ailleurs déjà disponibles : il s'agit de L'énigme Alexandrie et La conspiration du temple.

    04/03/2009 à 13:03 2

  • Un simple génie

    David Baldacci

    6/10 Sean King est engagé par une société afin d'enquêter sur la mort plus que suspecte de l'un de ses scientifiques au sein d'une entreprise. Cette dernière, surprotégée, abrite en son sein des expériences ultrasecrètes ayant trait à des technologies de pointe. Bientôt rejoint par sa fidèle collègue Michelle, Sean King devra avancer à pas comptés dans un univers de corruption et de magouilles, où les codes secrets côtoient des enjeux interdits.

    Treizième ouvrage de David Baldacci, Un simple génie réunit la plupart des ingrédients du bon thriller. L'intrigue est bien bâtie, les personnages suffisamment charismatiques et les scènes d'action tonitruantes vers la fin du récit. Les quatre-vingt-quatorze chapitres du livre sont très courts et s'enchaînent avec plaisir, captant l'attention du lecteur sans jamais la lâcher. Cependant, il est dommage de retrouver de nombreux poncifs – notamment concernant les caractères et attitudes des protagonistes –, un récit souvent pauvre et un dénouement qui peut décevoir puisqu'il n'offre pas le regain d'adrénaline ou la surprise tant escomptée.

    Un simple génie est donc un thriller de facture correcte, prouvant le savoir-faire de David Baldacci, mais manquant d'un soupçon d'âme et de nervosité pour le rendre définitivement convaincant.

    24/02/2009 à 18:32

  • Epitaphe

    James Siegel

    8/10 L'ex-détective privé William Riskin apprend par hasard la mort de son ancien collègue Jean Goldblum, rescapé du camp d'extermination de Mauthausen. Quand il fouille dans les affaires de Jean, Riskin découvre qu'il n'avait pas tout à fait raccroché et que, selon ses propres dires, il était sur l'affaire la plus importante de sa vie. En souvenir du bon vieux temps et pour comprendre le décès de son ancien camarade, et malgré ses soixante-dix et quelques années, Riskin va poursuivre l'enquête commencée par Goldblum, ce qui l'amènera à déterrer un passé nauséabond qui n'épargnera personne.

    Second ouvrage de James Siegel traduit en français après Dérapages, Epitaphe est un thriller original et brillant. Le personnage central, William Riskin, est touchant en vieil homme rongé par l'âge et une existence peu glorieuse, et également un enquêteur intelligent et perspicace. L'intrigue bâtie par James Siegel est originale et réaliste, offrant des rebondissements surprenants, et ce jusque dans les ultimes pages du roman. L'écriture de l'auteur est alerte et savoureuse, offrant de délicieux instants d'humour noir et en même temps d'une grande férocité quant à l'amitié, la vieillesse et la culpabilité.

    Au final, Epitaphe est un thriller court et dense, émouvant et marquant, et qui place sans mal James Siegel parmi les auteurs à suivre de très près.

    21/02/2009 à 11:35

  • Out

    Natsuo Kirino

    9/10 Au Japon, Yayoi, Masako, Kuniko et Yoshié travaillent comme ouvrières dans une usine de préparation de plateau-repas. Elles sont amies et leurs maris respectifs sont tous violents ou infidèles. Un jour, Yayoi étrangle son époux et demande de l'aide à ses camarades. Par amitié tout autant que pour l'argent, elles vont accepter de faire disparaître le cadavre de la victime en le découpant. Ce sera le premier jalon d'une longue descente pour ce quatuor féminin, surtout quand un dénommé Sataké, ancien sbire hanté par le souvenir du supplice qu'il a jadis fait subir à une femme, se retrouve bien malgré lui mêlé à cette affaire.

    Premier roman de Matsuo Kirino, Out impose d'emblée son auteur comme un écrivain à suivre de près. Les personnages sont très denses, détaillés, et Matsuo Kirino n'hésite pas à se plonger dans les âmes de ses protagonistes pendant de longs moments pour les rendre encore plus réels. L'écriture est élégante, le scénario très bien bâti, et l'intrigue se révèle bien plus diabolique que ne le laisse paraître le résumé de la quatrième de couverture. D'ailleurs, il convient de prévenir les lecteurs que certains passages sont très difficiles par leur cruauté et leur réalisme. Et l'on referme ce livre le souffle court, frappé par son pessimisme et sa férocité, malgré des longueurs parfois inutiles et quelques excès de violence.

    Au final, un thriller âpre et poignant, d'une noirceur absolue, proche des écrits de Mo Hayder et qui donnera envie de lire le deuxième opus de l'auteur, Monstrueux.

    15/02/2009 à 11:37

  • Amères désillusions

    Jérôme Bucy

    8/10 Jeremy Davenport est un jeune étudiant américain qui souhaite faire la connaissance de son grand-père, Kurt Steiner, qu'il n'a jamais connu. Mais à son arrivée en Allemagne, il apprend que le vieil homme est mort. Intrigué par ce décès, Jeremy essaie d'en apprendre plus à son sujet et découvre que Steiner était lié à trois autres associés qui avaient rapidement fait fortune par le passé. Alors que les morts violentes se succèdent, Jeremy est amené à côtoyer des secrets bien étranges. Quel est ce fameux "phare des chimères" ? Quel est le lien avec ces courses de chevaux qui réussissaient tant aux quatre Allemands ? Avec le trafic de tableaux ? Avec ces enfants victimes de malformations ?

    Avec Amères désillusions, Jérôme Bucy a signé un ouvrage très réussi. L'écriture est de grande qualité et offre une galerie de personnages nombreux et intéressants. L'auteur fait voyager le lecteur – Italie, Allemagne, Indonésie –, ce qui offre de nets regains d'intérêt. Par ailleurs, l'intrigue est beaucoup plus complexe que ne le laisse augurer le résumé de la quatrième de couverture, avec un grand nombre de fausses pistes, et ce jusqu'à l'épilogue, très bien amené et inattendu. Il est cependant dommage que certains éléments scientifiques de l'histoire ne soient pas très convaincants, ce qui nuit à la crédibilité du livre.

    Amères désillusions est un donc roman à suspense de grande qualité, et inscrivant d'emblée Jérôme Bucy parmi les jeunes auteurs français à suivre de près, avec ses autres romans tels que Jérusalem interdite ou La chambre d'ambre.

    04/02/2009 à 15:31

  • Le Chant des sirènes

    Val McDermid

    9/10 A Bradfield, commune anglaise, un tueur en série sévit en massacrant des homosexuels à l’aide d’engins de torture inouïs. Son surnom est vite donné par la presse : le Bricoleur. Toute la police se met sur ses traces, notamment Carol Jordan, inspectrice de la criminelle, ainsi qu’un profileur, Tony Hill, dont les théories peuvent permettre l’arrestation du coupable. Ce sera le début d’une traque qui les marquera à jamais.

    Avec ce premier opus mettant en scène Carol Jordan et Tony Hill, Val McDermid signe un thriller brillant. L’écriture est très élégante, et les chapitres alternent avec ingéniosité entre les points de vue des enquêteurs et les écrits laissés par l’assassin. Les personnages sont convaincants, du premier au dernier rang. Par ailleurs, la touche de psychologie utilisée par Val McDermid pour les rendre crédibles et humains est indéniable. Cette enquête offre son lot de rebondissements jusqu’à l’affrontement final, très marquant. Il est d’ailleurs à noter que certaines scènes de torture pourront gêner des lecteurs impressionnables. Le récit emprunte des voies exploitées dans d’illustres thrillers passés comme Dragon Rouge tout en assumant pleinement cet héritage, et ravira donc les amateurs du genre.

    Au final, Le chant des sirènes est un très bon thriller, une magnifique ouverture pour la suite des investigations menées par Jordan et Hill, La fureur dans le sang et La souffrance des autres.

    27/01/2009 à 20:24

  • Pauvres z'héros

    Pierre Pelot

    8/10 En Moselle, la jeune Sylvette a été choisie pour encadrer des enfants, orphelins pour la plupart. Au cours d'une excursion, Joël, un trisomique de six ans, manque à l'appel. Où a-t-il bien pu passer ?
    Parallèlement, dans le village, Nanase et Darou, deux hommes aux cœurs blessés, se sont depuis longtemps liés d'amitié. De petites combines en larcins sans envergure, ils forment un improbable duo de marginaux sur qui le sort semble s'acharner.
    A la croisée de ces existences va se nouer une série de drames dont personne ne soupçonne encore l'ampleur.

    Auteur prolifique, Pierre Pelot signe avec Pauvres z'héros un nouveau roman glacial et crépusculaire dans le nord-est de la France où il demeure. Comme à son habitude, l'écriture est léchée, très descriptive et s'attarde avec délice sur les paysages ainsi que sur les sentiments et tourments de ses personnages. Ces derniers sont d'ailleurs tous remarquables, du protagoniste principal jusqu'au dernier couteau, offrant une galerie de portraits particulièrement savoureuse. Le ton y est cynique et sordide, certaines exactions étant décrites de façon très crue, ce qui pourra choquer la sensibilité de certains lecteurs sans atteindre les sommets de brutalité de La forêt muette. Les multiples dénouements sont à cet égard représentatifs de l'ensemble du livre : cruels et désenchantés, contant le monde rural décrit par Pierre Pelot sans tenter de l'enjoliver, hanté de destins atypiques et brutaux.

    Un roman noir, très noir, qui a également trouvé une déclinaison en bande dessinée : Pauvres zhéros.

    19/01/2009 à 18:24 1

  • Le Mur du silence

    Håkan Nesser

    7/10 Dans une Suède écrasée par un été de plomb, des appels anonymes signalent la disparition de deux enfants membres de la Vie Pure, une secte dont le but est de purger les âmes et les corps de toute souillure. Le commissaire Van Veeteren est appelé en renfort pour enquêter. On ne tarde d’ailleurs pas à retrouver un premier cadavre. Pour Van Veeteren, ce sera le début d’une traque dont il ne mesure pas encore toutes les conséquences.

    Ce thriller scandinave, l’un des premiers à être traduits, est une belle réussite de Håkan Nesser. Le récit est intéressant, la langue agréable à lire, et l’humour qu’utilise l’auteur est délicieux. Les divers protagonistes sont très humains, perdus dans leurs contrariétés et leurs aléas sentimentaux. Il s’agit avant tout d’un opus axé sur la psychologie de ses personnages et la façon dont certains détails finiront par être primordiaux pour la résolution de l’histoire ; ici, pas de scènes gores ou spectaculaires, tout se déroule dans le feutré. Par ailleurs, l’intrigue, très correcte, offre son lot de rebondissements pour s’orienter vers une voie imprévue dans le dernier tiers du roman. L’ensemble, sans révolutionner le genre, se lit avec beaucoup de plaisir et offrira au lecteur de très agréables moments de détente.

    11/01/2009 à 20:15